Écho du Témoignage:Luc 7

De mipe
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J.N. Darby

Pour le moment, je ne fais pas de remarque sur le chapitre 6[1]. Seulement nous pouvons noter que le Seigneur rassemble distinctement autour de Lui-même, à part de la nation, et qu’Il s’adresse à Ses disciples en tant qu’ainsi séparés — comme à ceux qui sont déjà appelés à posséder le royaume. Mais dans le chapitre 7, le Seigneur est présenté dans un caractère beaucoup plus grand, et Il est révélé plus pleinement que comme Celui qui accomplit la promesse. Il est parfaitement une personne divine, et, en conséquence, Il dépasse le judaïsme et même la vie humaine, dans ce monde. Cependant les Juifs sont reconnus par le Gentil que bénit le Seigneur : et c’était juste. Le Seigneur faisait de même. C’était là l’humilité et la soumission aux voies de Dieu, que la connaissance de Dieu, la véritable foi, produit toujours. Remarquez encore ici un principe qui se montre tout le long des évangiles, savoir, que toutes les fois que Christ était manifesté comme Dieu, c’était impossible qu’Il se renfermât dans Sa relation avec les Juifs. Dieu présent dans Sa propre nature, comme amour, ne saurait être limité à la relation spéciale qu’Il a avec une nation à laquelle Il a fait des promesses, quoiqu’Il puisse les accomplir fidèlement, et sûrement Il le fera, selon qu’Il l’a promis.

Ce point de vue est amplement et spécialement présenté en Jean, où à la vérité, cependant, le principe va plus loin, et par suite, revêt un autre caractère. Là, les Juifs sont considérés, déjà dans le premier chapitre, comme réprouvés, et traités comme tels, quoique dans tout le cours de l’évangile ils soient encore l’objet des voies de Dieu. « Il vint chez soi, et les siens ne l’ont point reçu ». Le monde, aussi, est considéré comme aveugle : « Le monde ne l’a pas connu ». C’était ce phénomène connu seulement en sens moral, la lumière luisant dans les ténèbres. L’effet de cela est que le Seigneur se montre sous un double aspect dans cet évangile — premièrement, comme Dieu, comme lumière dans le monde, et à ce titre, quand Il force la conscience de faire attention à Lui, manifestant la terrible vérité que les hommes aiment mieux les ténèbres que la lumière, qu’ils ne veulent pas de Dieu tel qu’Il est. Cela se voit particulièrement et d’une manière formelle dans le chapitre huitième, où la parole de Christ est rejetée comme Son œuvre l’est dans le neuvième. Mais il en résulte un changement de sujet dans l’évangile après les trois premiers chapitres qui servent de préface. Le premier, Christ dans Sa nature — Christ incarné — Christ dans l’œuvre de la bénédiction sur la terre — Christ (comme aussi Jean-Baptiste) appelant et rassemblant sur la terre ; ce qui va, par Ses serviteurs, jusqu’à Sa présence milléniale ici-bas : toutes choses dans lesquelles, remarquez-le, il n’y a rien du caractère ou de l’office céleste de Christ, comme c’est toujours le cas dans les écrits de Jean. Le second chapitre nous donne le royaume millénial ; le troisième ce qui est indispensable pour le royaume et les choses célestes ; Jean y fait ressortir aussi pleinement la personne, et la gloire de Christ en grâce. Ensuite, Jésus étant repoussé de la Judée, le chapitre quatre fait entrevoir le nouvel ordre de choses d’après la nature de Dieu et l’amour du Père. Là-dessus, jusqu’à la fin du septième, Christ est successivement présenté — dans Son caractère divin de Fils de Dieu qui vivifie — dans l’incarnation, et comme le Fils de l’homme qui vient mourir — comme Celui qui donne l’Esprit, la fête des tabernacles, figure du repos terrestre, ne pouvant pas encore être observée par Lui. Puis, Sa parole étant rejetée dans le huitième, Il donne la vue dans le neuvième, et cela introduit la grâce effective : tout rejeté qu’Il est, Il aura Ses brebis. Ce qui nous est révélé ici, ce n’est pas simplement Dieu qui est lumière dans les ténèbres, mais c’est le Père envoyant le Fils en grâce. Jean observe toujours cette distinction. Lorsqu’il est parlé de la grâce, c’est le Père et le Fils, le Père envoyant le Fils. Tandis que s’il s’agit simplement de lumière, c’est Dieu. Mais cette expression de Père et de Fils a trait à la grâce révélée et effective, et non à l’amour de Dieu dans sa nature et son caractère. Dans les passages où il est question de ce dernier point, c’est encore Dieu qui est le terme employé : « Dieu a tant aimé le monde ».

Je pourrai une autre fois, si cela vous convient et si le Seigneur le veut, suivre plus en détail cet évangile et son caractère, mais ce que je viens de dire me ramène à la vérité générale que Christ, en tant que révélant Dieu, dépasse nécessairement les limites d’Israël. La femme syrophénicienne en est un bien frappant et magnifique exemple. Là, le Seigneur semble se tenir en arrière et se renfermer en Israël : « Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël ». « Il ne convient pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux chiens ». « Oui, Seigneur », reprend la pauvre femme, « cependant les chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres ». Christ pouvait-Il dire : Dieu n’est pas aussi bon que vous supposez ? Il n’a pas de miette pour les misérables, qui même regardent à Lui, par grâce ? C’était impossible : c’eût été nier, et non révéler, Dieu ; et sur-le-champ il est fait à cette femme selon sa foi. Remarquez encore ici comme la foi est humble, et comme elle se soumet à la volonté souveraine de Dieu ! Elle se reconnaît un chien, et elle reconnaît le privilège d’Israël, en tant que nation, d’être près de Dieu. Mais sa foi perce, avec le sentiment d’un besoin, à travers la difficulté, jusqu’à Celui qui révélait Dieu en amour ; et la bonté divine, qui lui avait enseigné à se fier à elle, répond, ne pouvait que répondre, à cette foi confiante.

Maintenant, dans le septième chapitre de Luc, le Seigneur prend pleinement la position divine. Il est reconnu par le Gentil comme Celui qui peut disposer de tout, ainsi qu’il donnait lui-même des ordres à ses soldats ; et le Seigneur reconnaît la foi de cet homme : « Je n’ai pas trouvé, même en Israël, une si grande foi ». Dans le fait rapporté après celui-là, Il va plus loin dans la manifestation de la puissance et de la bonté divines. « Et le Seigneur la voyant, fut ému de compassion envers elle ». Ce fut là Sa première pensée ; et d’abord Il parle à la pauvre veuve qui pleure sur son fils, et c’était aussi agir comme Dieu, quoique sympathisant comme homme à son affliction. Mais la puissance divine était là aussi ; et un mot de Christ rappela à la vie d’une manière consciente le jeune homme qu’on allait ensevelir. Mais la puissance la plus pleine, la divine puissance n’effaçait pas la bonté, elle ne saurait l’effacer. Dieu use de la puissance, mais Il est amour. Il le donna à sa mère.

Cela parvint aux oreilles de Jean. Les morts mêmes étaient ressuscités, et il restait, lui, en prison. Il envoie demander si le Messie promis est venu. Il croit à la parole de Celui dont il a entendu dire de telles choses, mais il a besoin de savoir s’Il est celui qui devait venir. Jean doit croire en Christ, et Christ n’a pas à recevoir témoignage de la part des hommes. Mais Il est le Messie promis qui devait venir ; et Jean doit Le recevoir, comme les autres, sur le témoignage qu’Il donnait de Lui-même, comme réparant tous les maux que le péché et Satan avaient amenés dans le monde, et comme s’occupant en grâce des pauvres. Mais cela était plus que la promesse, quoique ce fût un témoignage à Celui qui était promis : cela démontrait la présence de Celui qui était amour et avait tout pouvoir. Mais parce qu’Il manifestait Dieu, Il était le rejeté ; et bienheureux était quiconque ne serait pas scandalisé en Lui. S’Il était venu dans les limites de la promesse, ainsi que l’homme l’attendait, ce n’aurait pas été dans la grâce de la puissance divine descendue en amour pour tous les besoins. Mais parce que c’est de cette manière qu’Il est venu, quoique Son bras ne fût pas raccourci, « Il était le méprisé et le rejeté des hommes ». Cependant, lorsque les messagers de Jean s’en furent allés, le Seigneur rend témoignage au captif d’Hérode. Il était le messager de Jéhovah envoyé devant Sa face pour préparer Son chemin. Mais c’était réellement Jéhovah qui était venu. Toutefois, celui qui leur avait chanté des complaintes, et celui qui leur avait joué de la flûte étaient également rejetés par cette génération : une seule classe recevait le Seigneur, les pauvres pécheurs humiliés qui avaient reconnu et confessé leur état. Ceux-là justifiaient avec intelligence les voies de Dieu soit en Jean soit en Christ. Mais tout cela allait beaucoup plus loin qu’un Messie, et c’est Dieu qu’ils avaient moralement rencontré. Ils reconnaissaient qu’ils avaient besoin de repentance, qu’ils avaient mérité la cognée, et combien la grâce leur convenait. Ce n’était pas simplement le Messie qu’ils recevaient. Peut-être, dans quelques cas des plus intéressants, ce caractère de Jésus ne les occupe-t-il pas beaucoup, quoiqu’ils puissent L’avoir reçu comme tel. Ils avaient besoin d’une grâce compatissante, et ils l’avaient trouvée. Ils reconnaissaient la justice de Dieu dans leur condamnation et leur appel à la repentance ; ils connaissaient Sa bonté souveraine de s’occuper ainsi de vils pécheurs et de les recevoir : ils justifiaient Dieu.

Ceux qui étaient dans leur propre justice, estimaient que la voie de Jean et celle de la grâce divine étaient également déplacées. La repentance allait très bien pour les autres ; quant à eux, ils étaient les héritiers du royaume. Or, c’est là ce qui caractérise l’évangile de Luc. Le Messie promis était là sans doute : mais Il y était en grâce envers les hommes, les amenant au sentiment profond de leur état moral : et c’est Dieu qu’ils rencontraient. Jean préparait la voie de Dieu, tel qu’Il était en vérité ; Christ révélait pleinement Dieu Lui-même dans Sa personne et dans Ses voies ; Il était Dieu manifesté en chair, faisant en grâce face à la douleur, à la puissance de Satan, à la mort, au péché. Ceux qui avaient le sentiment de ces choses, trouvaient Dieu dans une grâce parfaite, en Christ ; Dieu, l’ami, non pas simplement du boiteux, de l’aveugle et du sourd, mais, chose plus merveilleuse encore, des publicains et des pécheurs. Oh ! comme ils justifiaient de bon cœur Dieu, dans Ses voies, ainsi qu’ils L’avaient justifié sincèrement et justement dans ce qui les avait menés là, dans le témoignage lugubre de Jean, qui, venant dans la voie de la justice, était allé tout seul dans le désert (car il n’y avait point de juste, non, pas un seul) et qui, réclamant de bon fruit, n’avait trouvé que ce avec quoi des pécheurs peuvent venir par grâce — la confession qu’ils avaient porté de mauvais fruit.

Mais c’est là ce qui donnait l’intelligence. La conscience, reconnaissant l’état dans lequel se trouve celui qui l’a, trouve dans la manifestation de Dieu Lui-même en grâce tout ce dont elle a besoin, et ce qui a pour le cœur un attrait infini. C’est par le moyen de la conscience et non par celui de l’intelligence, que s’acquiert la connaissance de Dieu. Celui qui a la conviction de ses péchés est l’enfant de la sagesse ; il se connaît lui-même — connaissance la plus difficile de toutes à acquérir. Et Dieu dans Sa grâce, répond parfaitement à son état. Mais une pareille manifestation de Dieu ne convient point au pharisien. Le bien et le mal, il les connaît, et il peut juger de la voie de Dieu en grâce ; mais il n’en entre pas le plus petit rayon dans son âme. Pourtant Dieu ne peut être révélé que de cette manière à l’homme qui est pécheur, si ce ne doit pas être en jugement éternel ; et même révélé de cette manière, Il n’est point connu, car Il est amour. C’est-à-dire qu’il n’y a là absolument aucune connaissance de Dieu. L’intelligence ne connaît jamais la grâce ; la propre justice n’en sent pas le besoin. C’est ici qui se trouve l’enfant de la sagesse : l’histoire de la pauvre femme et du pharisien nous en offre un exemple. La pauvre pécheresse était l’enfant de la sagesse. Elle jugeait ses péchés avec Dieu : elle L’avait trouvé en grâce pour ses péchés. Elle n’avait pas la connaissance du pardon, mais elle avait goûté l’amour et il avait gagné sa confiance, la confiance sincère, donnée de Dieu, d’un cœur humilié. C’était là l’œuvre de Christ dans le monde. Au commencement, Satan avait entraîné l’homme au mal et à la convoitise, en le portant d’abord à se défier de Dieu. Pourquoi Dieu avait-Il interdit ce seul arbre ? L’homme serait comme Lui, s’il en mangeait. La confiance en Dieu s’en était allée, et alors la convoitise vint. Tout en venant certes pour ôter le péché, notre précieux Rédempteur avait néanmoins pour but dans Sa vie, en tant qu’elle manifestait Dieu, de regagner la confiance du cœur de l’homme par l’amour parfait — la grâce au milieu du péché — s’abaissant au plus bas afin de l’apporter partout où se trouvait un besoin : Il voulait regagner l’homme à Dieu par ses besoins et ses douleurs, et même par ses péchés, là, où, par l’effet de la grâce, s’en trouvait le véritable sentiment, afin qu’il pût se confier en Dieu, parce qu’Il était Dieu en amour, quand il ne pouvait se confier en aucun autre, et ainsi, Le connaître comme Dieu, dans la plus complète révélation de Lui-même — devenu enfant de la sagesse, ayant la vérité dans le cœur et connaissant Dieu. Telle était cette pauvre pécheresse : ayant un juste sentiment de ses péchés, mais sentant que les choses étaient ainsi, se sentant elle-même telle et ayant le sentiment qu’il y avait quelqu’un à qui elle pouvait se fier. Si Jésus eût été moins que Dieu, elle ne l’eût pu ; elle n’aurait pas eu le droit de le faire, et l’eût-elle fait, ç’aurait été sans aucun profit : son besoin n’eût pas été satisfait. Ce que Dieu était, avait atteint son cœur ; elle eût été incapable de l’expliquer, mais cela avait répondu à son état. Combien tout cela est délicieux, et combien toutefois humiliant pour l’homme ! Dans le pharisien, nous trouvons une intelligence nette — l’intelligence du bien et du mal dans tout ce qui est du domaine de la conscience naturelle : mais pour tout ce qui était en Christ, pour tout ce qui était en Dieu manifesté en grâce, il n’en avait pas la moindre idée, il n’y voyait aucune beauté. Ses yeux étaient aveugles quant à Dieu : à son estime, Jésus n’était pas prophète, pour ne rien dire du Messie promis. Ceci, le Seigneur fit voir qu’Il l’était, en révélant ce qu’il y avait dans le cœur du pharisien et lui rappelant l’état dans lequel il était ; là-dessus, Il le quitte, lui et les raisonneurs qui l’entouraient. Son cœur était avec la pécheresse, la femme au cœur humilié. Ses péchés, Il l’avait déclaré à tous, étaient pardonnés ; mais à présent Il se tourne vers elle pour manifester toute la grâce de Dieu, et donner le repos à son cœur fatigué — « Tes péchés te sont pardonnés ». Nulle idée de rien cacher, rien qui puisse gâter la droiture de son âme, en adoucissant les choses avec elle, tout en reconnaissant tout ce que la grâce avait opéré (elle aimait beaucoup), et tout en se tenant près d’elle, avec celle qui est sans force. Lorsqu’Il signale ses péchés, elle n’aurait pas voulu qu’Il ne l’eût pas fait. Nous ne le voulons jamais quand la grâce est réellement à l’œuvre. « Tes péchés » — mais Il les signale comme Dieu, ce qu’Il pouvait faire, et faire avec justice, par l’œuvre qu’Il allait accomplir — « Tes péchés te sont pardonnés ». Les arguties de l’homme n’interrompent point Son œuvre de grâce : « Va-t-en en paix ; ta foi t’a sauvée ». Quelles paroles d’un divin Rédempteur ! Les péchés pardonnés, la foi en l’amour divin reconnue, et le salut déclaré être obtenu par son moyen : la paix, la paix parfaite, la paix donnée par Dieu même, devenue le partage de cette femme ! Elle ne s’était pas fiée en vain au cœur de Dieu. Il s’était révélé Lui-même pour qu’elle s’y confiât. La grâce était plus grande que le péché quoiqu’elle n’en admette aucun. Elle opérait la conviction, la confession, la confiance ; mais elle donnait le pardon, le salut, la paix : car Dieu était là, Dieu qui avait restauré l’âme, et plus encore, par la révélation de Lui-même.

Outre ce cas individuel si profondément intéressant, il me semble instructif de voir comment dans cet évangile, tout en étant clairement manifesté comme le Messie promis, le Sauveur poursuit, par la manière dont Il est manifesté, Sa divine manifestation en grâce. Ici ce n’est pas suivi, comme en Matthieu qui parle des voies avec Israël, des malheurs à Chorazin et à Bethsaïda, quoique même là cela se termine en grâce, mais bien de la manifestation de Dieu en grâce et du tableau d’une pauvre pécheresse devenue l’enfant de la sagesse, comme l’avaient enseignée le besoin de son âme et la grâce de Dieu qui y voulait subvenir.

Notre chapitre nous donne donc le Dieu des Gentils, le Dieu qui délivre et ressuscite de la mort, le Dieu qui rencontre le pécheur en grâce lorsque tout péché est connu, et le renvoie en paix de la part de Lui-même. Il est bon d’avoir à faire avec un Dieu pareil !



  1. Voyez pour les chapitres 4 et 5, page 132 du volume 3.