Écho du Témoignage:Méditations sur des sujets intéressants

De mipe
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À quoi doit viser le ministère

Ce but et la fin de Dieu doivent être les nôtres. Avec nous, les moyens ne doivent jamais remplacer la fin. Quelle force et quelle puissance dans ces paroles : « Je suis né pour cela, et c’est pour cela que je suis venu au monde, afin de rendre témoignage à la vérité » ! Paul dit qu’il travaille à présenter tout homme parfait en Christ. Quel but que celui-là !

À mon avis, la responsabilité vis-à-vis de la vérité concernant l’Église, loin d’avoir été affaiblie par l’œuvre admirable d’évangélisation qui a miséricordieusement surgi dans ces derniers temps, s’est plutôt considérablement accrue. Le but que poursuit un homme empreint tous ses actes d’un certain caractère. Un but d’une nature basse ne saurait jamais élever, mais un but élevé a puissance pour retirer d’une très basse position ; et s’il est divin, il en sera comme du sentier du juste, et deviendra plus positif et plus clair à mesure qu’il sera poursuivi davantage. Aucun ministre de l’évangile ne doit se contenter pour un croyant quelconque d’une condition inférieure à ce qui est propre à satisfaire le cœur de Christ, non seulement eu égard à l’enfance d’une telle âme, mais à sa fertile maturité. « Pais mes brebis », voilà ce qu’exige une sincère affection pour Christ ; mais si l’organisation qu’Il a donnée pour maintenant à l’Église, et Sa gloire future en elle, sont dédaignées ou désapprises, les secrets les plus précieux de Son amour ne sont-ils pas, par cela même, supprimés ou méconnus ? Celui qui, dans son ministère envers les saints du Seigneur, se propose la fin et le but que Dieu a en vue pour eux, et ne se propose rien de moins que cela, tout en ayant de plus en plus le sentiment de la responsabilité du service, sait aussi qu’il n’a besoin que de dispenser honnêtement et fidèlement ce qui lui a été confié, et que les besoins seront abondamment satisfaits.

La vérité est tellement tombée par les rues en ces jours-ci que chacun doit tenir à être apprécié pour la vérité, et non pas simplement pour la justesse d’une position. La vérité étant pleinement révélée par notre Seigneur Jésus Christ, il n’y en aura pas une autre révélation ; et si on en présente quelque partie sous un faux jour, il en résultera une évangélisation imparfaite, car l’évangile consiste en ce que « la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ ». Sommes-nous assez attentifs à la responsabilité sous laquelle nous sommes de veiller à ce que la vérité de Dieu, tue si longtemps, mais maintenant pleinement déclarée par notre Seigneur Jésus Christ, ne souffre pas des tentatives que nous faisons pour l’exposer dans sa plénitude et sa grandeur ? Comme les actes et les intentions de notre Seigneur sont tristement dénaturés dans les publications religieuses du jour les plus répandues ! Aussi n’hésité-je pas à dire que si quelqu’un ne voit pas comment il est appelé à défendre Christ en ce temps-ci, je vois peu d’utilité à obtenir qu’il approuve ma position. S’il s’agissait de justifier Dieu, nous devrions nous retirer sur-le-champ d’une œuvre pour laquelle nous sommes tout à fait incompétents ; mais le Seigneur Jésus L’a justifié en déclarant la vérité, et ce à quoi nous sommes appelés, c’est uniquement à donner notre pleine et entière adhésion à ce qu’Il a fait. Si « l’Esprit de vérité » travaille dans une âme, elle sera exercée au sujet de la vérité ; et dans l’enseignement des âmes, combien il importe d’être assuré qu’elles apprennent la vérité, que, par là, l’Esprit les conduit en elle.

Il n’y a que la vérité complète qui puisse nous préserver d’abandonner notre vraie position ; plus nous la connaissons pleinement, et mieux aussi notre position nous est connue ; car la vérité n’est autre chose que la pensée et le jugement de Celui auquel nous sommes d’autant plus liés que nous Le connaissons mieux, puisque nous trouvons ainsi combien Il est absolument pour notre bénédiction. Plus une ligne de vérités se propage, plus il est nécessaire qu’on insiste sur toutes les autres, ou bien cette symétrie morale qui appartient au corps de Christ sur la terre en souffrira. Que le Seigneur nous garde dans l’amour de la vérité — manifestation de Lui-même ! Il ne m’aime que bien peu, celui qui ne tiendrait pas à en savoir le plus possible à mon sujet, ou bien il faut que je sois un être bien indigne.

Quel privilège que Dieu nous admette à répandre les semences de la vérité dans le cœur des siens ; et combien nous devrions nous réjouir de chaque progrès que fait une âme dans l’intelligence de la vérité de notre Dieu.

« C’est le Dieu qui est notre Dieu pour toujours et à perpétuité ; il nous accompagnera jusqu’à la mort ».

Le bonheur d’adorer le vrai Dieu

Si nous sommes dans le secret du cœur fidèles à notre Dieu, c’est une chose merveilleuse de voir combien Il permet que nous suivions souvent nos propres voies, afin que nous en découvrions la folie sans perdre notre confiance en Lui. David est l’homme selon le cœur de Dieu, parce que Dieu fut toujours son Dieu. Il tomba dans bien des erreurs et commit bien des fautes, mais dans toutes ses extrémités, Dieu fut toujours sa ressource. Si j’ai un faux dieu, je n’ai aucune ressource réelle ; c’est pourquoi, aussi longtemps que l’âme est véritablement zélée pour la vérité de Dieu et la maintient, bien qu’il puisse lui arriver souvent de vaciller dans la vie pratique, pourtant elle reviendra toujours à Lui, comme l’aiguille aimantée en revient toujours au pôle : elle ne se représente point sous un faux jour la nature de Dieu, et le cœur retourne à Lui de ses propres égarements.

Pierre peut faillir, mais sa foi en Dieu ne faillira point ; et, par elle, il est restauré. Si c’est un véritable Christ que l’âme possède, quelques nombreuses que puissent être ses vacillations, c’est , néanmoins, qu’à la fin, elle doit graviter. Et voilà pourquoi il est si nécessaire qu’on se fasse une juste idée, qu’on ait une juste intelligence de Christ. Si nous ne l’avons pas, nous sommes comme les disciples quand ils étaient sur la mer, et que Christ était sur la terre. Si nous possédons cette vraie intelligence, bien que peut-être nous soyons incrédules comme eux, nous avons, en tout cas, l’assurance qu’Il est dans la nacelle avec nous. C’est pendant que nous courons dans la lice que nous découvrons les nombreux obstacles que notre nature oppose à nos progrès ; et à mesure que nous les découvrons, si nous sommes réellement désireux de ne point nous ralentir dans notre course, nous prions pour les surmonter et en être débarrassés. Mais pour cela, il faut que l’œil soit fixé sur le but. S’il en est ainsi, plus notre course sera rapide, plus, peut-être, sera grand notre écart, parce que nous serons exposés d’autant plus aux embarras occasionnés par notre activité naturelle, qui entrave constamment l’Esprit. Nous connaissons la fable du soleil et du vent. Le vent peut avoir pour effet de nous faire envelopper de nos manteaux, mais lorsque le soleil brille, nous les mettons vite de côté. Il en est de même de toute entrave morale, de tout fardeau naturel. L’œil sur Christ rend toujours témoignage de notre position, et donne le seul véritable moyen de sortir de toute voie fausse.

L’âme qui regarde à ses difficultés les surmonte rarement. C’est en fixant nos regards en haut, ou plutôt en y tenant notre cœur, que nous remportons la victoire ; et c’est une chose étonnante comme les mêmes difficultés nous apparaissent dans des proportions bien différentes, dans un temps et dans un autre, simplement parce que le cœur est avec le Seigneur (et quand nous sommes avec Lui, nous avons sur nous l’armure), ou qu’il est occupé de ses épreuves. Nos ennemis sont toujours moralement diminués par notre puissance pour leur faire face. Si nous avons de la puissance et que nous le sentions, nous allons à leur rencontre avec calme et confiance. Dans votre enfance, un oiseau peut-être vous a rempli de frayeur ; et pourquoi n’en avez-vous pas peur maintenant ? Parce que vous sentez que vous avez immensément plus de puissance que lui. Ce qu’il nous faut, c’est le sentiment de la puissance, et il ne s’obtient qu’en nous tenant près du Seigneur. Nous tenir près de Lui, c’est le tout. « Fortifie-toi dans le Seigneur et dans la puissance de sa force ». « Celui qui me mange vivra par moi ». Ne désespérez jamais ! Si vous ne voyez pas où vous manquez, vous ne saurez pas où vaincre. Nous manquons dans notre point faible ; mais c’est où il y a faiblesse que la force de Christ est nécessaire. Par conséquent, nos diverses épreuves sont bien appropriées pour faire ressortir notre faiblesse, afin que nous puissions être revêtus de la force de Christ, de sorte que même nos fautes travaillent ensemble pour notre bien.

Si nous ne pouvons pas vaincre où nous sommes, nous ne saurons vaincre nulle part.

Il n’y a pas de crainte que nous ne puissions surmonter, à moins que nous ne soyons dans une position fausse ; et alors, la victoire consisterait à en sortir.

Notre œuvre nous éprouve

Ce doit avoir été pour le nazaréen un exercice d’âme fort pénible, lorsqu’il avait souillé son nazaréat, de tout recommencer de nouveau. N’importe combien ses cheveux étaient longs et beaux, il fallait les raser.

Il en est de même pour nous aujourd’hui. Si nous avons fait l’œuvre du Seigneur d’une façon mélangée, il faut que tout parte ; le Seigneur sauvera les âmes sincères, mais il faut que le vaisseau soit mis en pièces.

Je crois que souvent, là où l’on a vu beaucoup de bénédiction apparente, il y a eu à l’œuvre une mauvaise influence secrète, et que Satan a déçu les âmes et les a empêchées de voir ce qui souillait toute l’œuvre, au moyen de l’état apparent qui annonçait, semblait-il, progrès et bénédiction. Parfois, en effet, l’ennemi s’abstient d’une opposition générale, afin de mûrir, sous le manteau du progrès spirituel, un plus fatal obstacle à la vérité, qu’il ne ferait par une hostilité ouverte. Lorsque le cas est tel, le vrai moyen d’amener réellement la bénédiction, c’est de « recommencer ». Plus d’un reconnaîtra combien il y a du mal en lui-même, qui ne voudra pas reconnaître que son œuvre se soit ressentie de ses fautes ; et c’est une chose remarquable que nos fautes doivent sûrement transpirer dans notre œuvre ; c’est-à-dire que notre œuvre sera pour nous une source de souffrance ou d’affliction dans le point même où nous avons manqué dans le service, en conséquence de notre faiblesse à insister auprès des âmes sur la ligne de vérité qui aurait prémuni contre la chute. Qu’une congrégation de saints soit instruite seulement dans ce qui tient aux sentiments, aux affections ou à la beauté morale des croyants, et, tôt ou tard, leur docteur aura à souffrir sûrement lui-même, de leur part, de ce manque de conscience qu’il aura négligé. Sa faiblesse ou son péché se trahiront en eux. Dieu n’exauce pas la prière : « Je te prie, qu’Ismaël vive devant toi » ! Une pareille prière ne faisait que montrer combien Abraham était en ce temps éloigné de Dieu. Il nous faut prendre garde de ne pas donner des encouragements à une âme avant que la foi soit en œuvre en elle ; car si nous le faisons, nous ruinons l’âme pour la foi.

« Persévérer dans les bonnes œuvres » est merveilleusement efficace ; et être fidèle dans les petites choses garantit qu’on sera fidèle dans les grandes. Si dans toutes les occasions, petites ou grandes, nous savons être fidèles, nous glorifierons toujours le Seigneur et Sa grâce, et nous ajouterons à notre repos et à notre joie en Lui.

La véritable action de la Parole

Nous savons qu’il est possible de prendre plaisir à écouter les paroles de l’Éternel comme une chanson agréable, et néanmoins de ne pas vouloir les suivre ; car le cœur va après la convoitise. Tous, je pense, nous savons en quelque mesure ce que c’est, et il nous faut être aussi soigneux d’adopter la vérité que nous entendons, que d’en jouir ; c’est-à-dire, qu’il faut que nous ayons conscience d’être soumis à ses droits sur nous. C’est là proprement la recevoir dans « un cœur honnête et sincère ». La vérité comprise et reçue nous touche le plus là où nous en avons le plus besoin, ainsi que, dans une chambre, la chaleur ira toujours à la partie la plus humide ; et par conséquent, si j’ai reçu la vérité, il faut que je la sente agir sur mon âme en ce en quoi je suis le plus en défaut, et où naturellement son action m’est le moins agréable. Si je laisse la Parole éprouver ma partie faible, alors je reçois instruction, quoiqu’il soit possible que je ne sois pas très heureux pendant que la chose se fait ; mais le bonheur qui en résulte est d’un ordre différent et plus élevé. Il nous faut bien prendre garde de ne pas nous contenter de l’exposition exacte de la vérité de Dieu, indépendamment de ce qu’elle demande de nous-mêmes, car on peut fort bien en voir la beauté, et être pénétré d’admiration pour elle, tout en manquant complètement à se l’approprier.

La Parole de Dieu est « l’épée de l’Esprit ». La foi est le bouclier qui vous protège contre votre adversaire ; mais être protégé contre ses assauts, ce n’est point l’avoir subjugué. La foi peut me protéger contre mes ennemis, mais elle ne m’en débarrassera point.

Quant à cela, rien que la Parole de Dieu ne saurait le faire, et il faut que je puisse appliquer la Parole convenable à sa vraie place. Non seulement le Seigneur Jésus se protégea (Sa foi Le protégeait toujours), mais Il confondit et mit en fuite le malin par la Parole de Dieu.

Accoutumez-vous à éprouver toutes choses par la Parole de Dieu ; mettez à cette épreuve toute action et tout jugement, et vous trouverez qu’il se fait bien des choses qui manquent de la sanction de l’Écriture, et, d’un autre côté, qu’un grand nombre que l’on déclare faire pour Dieu, se poursuivent d’une façon non scripturaire. C’est ici un temps où l’on retient le nom des vérités, mais où leur portée véritable, leur sens réel, est souvent corrompu ou ignoré. Qu’est-ce, par exemple, qu’un chrétien ? La définition que l’on donne ordinairement de ce terme approche-t-elle d’une manière quelconque de sa définition scripturaire ? La Parole est la pierre de touche, aussi bien que l’épée ; mais si elle nous éprouve et nous sonde, elle nous ranime aussi et nous fortifie.

Tenir la ligne

Il n’y a rien d’aussi difficile que de tenir la ligne — toutefois si nous en sortons, il nous arrive comme à un train de chemin de fer — tout est en danger et en confusion. La ligne de l’un peut ne pas être celle de l’autre. Chacun a à fournir une carrière qui est ouverte devant lui selon son individualité particulière, et ce qui serait convenable pour quelqu’un ne le serait pas pour un autre ; mais avec la Parole de Dieu dans nos mains, si nous la lisons par l’Esprit de Dieu, il est facile de dire quand quelqu’un est hors de la ligne. Je remarque, lorsqu’il en est ainsi, que l’âme est souvent comme Pierre en Jean 21, très active au travail de « pêcher » et « nue » aussi ! Il y a beaucoup de précipitation et d’agitation, et un constant désir de se justifier : — mais si on est sur la ligne, tout va sans effort dans le calme et la tranquillité.

Rien ne nous gardera sur la ligne, si ce n’est la présence d’un Christ ressuscité marchant avec nous dans un monde qui L’a rejeté. Je crains que nous ne sachions beaucoup mieux ce que c’est que marcher en cherchant à être utile, que marcher dans la conscience de l’influence qu’ajoute la présence de Christ. Nous pouvons savoir si quelqu’un est sous l’empire de Sa présence, parce qu’une telle personne manifeste involontairement les intérêts qui sont chers au Seigneur. Si je suis sous l’influence de quelqu’un que je révère, j’adopte et manifeste imperceptiblement, et toutefois d’une manière bien nette, le sujet principal de ses pensées et de ses voies. Si je ne le faisais pas, on pourrait dire avec vérité que je ne le révère pas et que sa présence n’a pas sur moi d’influence particulière. L’influence qu’exerce la présence personnelle est d’une nature si particulière, qu’aucun art ne saurait produire quelque chose qui lui ressemble. Si la personne est absente, ni mémoire, ni effort d’esprit, ne saurait rappeler cette influence ; mais du moment que la personne reparaît, toute l’influence revient. Nous pouvons bien rappeler les paroles d’un ami absent, mais non l’intérêt particulier que nous inspirait sa présence. Maintenant — comme les disciples qui allaient à Emmaüs — vous pouvez bien sentir votre cœur brûler au-dedans de vous, pendant que les Écritures vous sont ouvertes, mais la reconnaissance de la présence de Christ aura un effet qui dépassera infiniment ce que peut produire la plus admirable explication de l’Écriture. Ils retournèrent à cette même heure de la nuit vers leurs frères à Jérusalem. Tel fut le fruit de l’énergie qu’ils recueillirent du fait béni qu’ils reconnurent la présence du Seigneur. Je déplore pour moi-même de mieux connaître la joie que goûte le cœur à voir le Seigneur lui ouvrir l’Écriture, que celle qui provient du bonheur de Le reconnaître actuellement, Lui, le Seigneur ressuscité, par rapport à toutes les choses d’ici-bas.

Christ ou ses dons ?

Le kikajon attire les affections de Jonas ; mais sa disparition révèle toute l’insoumission que sa présence avait voilée ou supprimée pour un moment. Si nos cœurs sont plus occupés des dons de Dieu que de Dieu Lui-même, nous trouverons, tôt ou tard, que les dons nous ont cachés à nous-mêmes, et que nous n’avons pas cru (la croissance est le développement de la nature de Christ en détail) comme nous l’aurions fait si le Seigneur eût été la ressource de nos cœurs. Satan accusait Job de penser davantage aux dons qu’à Dieu, et quoique Job fût tourné vers Dieu, il eut toutefois à découvrir son propre néant dans la présence de Dieu ; non pas pour être plus misérable, mais pour que sa dépendance de Dieu fût établie d’une manière plus absolue, et qu’il fût indépendant de lui-même et de toutes choses excepté Dieu. Quand les dons disparaissent, vous découvrez si c’est sur Dieu ou sur les dons que votre cœur est arrêté. Le premier ne saurait disparaître ; et si je Le connais, comme Le connaissaient Abraham ou Marie, je puis, quoique tout dépouillé, avoir confiance en Dieu pour rendre les Isaac ou ressusciter les Lazare.

Je rencontre souvent des âmes qui ont appris la grâce de Dieu, marchent dans la pleine paix de leur acceptation et même Le servent avec dévouement, mais dont les affections sont très peu concentrées en Lui. La meilleure preuve que je L’aime, que mon cœur est arrêté sur Lui, c’est que j’aime comme Lui. Le cœur qui a appris la grâce de Dieu en notre Seigneur Jésus Christ, apprend pour la première fois qu’il peut et doit se confier pleinement en un homme véritable, et que, s’il le faisait, il serait constamment heureux et n’aurait jamais de déception ; mais, en général, c’est lentement et de différentes manières qu’il a à l’apprendre. Rien ne convient si parfaitement au cœur de l’homme, et n’est aussi propre à le satisfaire, comme cette sympathie et cette amitié. Rarement il y atteint en quelque perfection parmi les hommes : il peut et doit y arriver avec le Seigneur ; mais pour cela, le cœur a besoin d’apprendre d’une manière ou d’une autre que cela ne se trouve pleinement nulle part ailleurs. Quelquefois, il nous est permis d’en trouver une ressemblance dans la nature humaine, si seulement on l’emploie comme une image de ce que Dieu est ; c’est-à-dire que le cœur apprend par les affections humaines, qui lui tiennent de si près, la variété et l’activité de l’amour de Dieu. Envisagée à ce point de vue, l’amitié humaine est pour moi ce que son chariot est pour l’enfant qui apprend à marcher ; mais si, d’un autre côté, je me nourris tellement de l’amitié humaine que je sois en quelque mesure indépendant de la sympathie et de l’affection de Dieu, il est de toute évidence que le kikajon même qu’Il peut m’avoir envoyé est un obstacle à ma pleine bénédiction, et il faut qu’Il l’ôte. Néanmoins, tout ce temps-là (quoique j’aie remplacé l’affection du Seigneur par une affection inférieure), je me suis tellement accoutumé aux délices de l’amitié même d’un ordre inférieur, et Il sait cela, qu’il faut que mon cœur recherche l’affection la plus élevée, c’est-à-dire Dieu Lui-même — celle qui était « vraiment veuve » espérait en Dieu. Il y a dans l’humanité une lacune qui ne saurait jamais être remplie, une souffrance que ni temps ni soins ne sauraient adoucir. Le Seigneur sait parfaitement ce qu’est la souffrance humaine ; Il ne rencontra jamais que souffrance dans le cœur de l’homme, car la joie vient de Dieu ; et le dessein de Son amour qui surpasse toute intelligence est d’abattre notre nature pour nous remplir de la plénitude de Dieu. Il regardera à votre douleur ; où exprima-t-Il autant de sentiment que pour Marie quand Il se dirigeait vers le tombeau de Lazare ? Ce dont nous devrions être profondément affligés, c’est de voir combien nous dépendons d’autres choses à côté de Dieu. C’est réellement en cela que consiste le seul obstacle à notre plein soulagement.

L’effet de l’association

En toute association, et il en est d’autant plus ainsi que l’association est plus intime, la tendance de la nature humaine est plutôt de descendre moralement que de monter ; de là grand dommage, grande perte pour celui qui s’allie avec quelqu’un qui lui est moralement ou spirituellement inférieur. De pareilles associations ne peuvent exister longtemps sans affecter l’élément le plus élevé ou le plus bas ; et la raison de la tendance du plus élevé à s’abaisser — c’est qu’il y a en nous un mal sympathique à quelque mal que ce soit avec lequel nous sommes mis en contact, et que ce contact doit avoir lieu du moment qu’il y a communications sur le pied de l’égalité. Par pied d’égalité, je veux dire où je puis largement me confondre en m’accommodant à un état de choses au-dessous de ce que je pourrais approuver avec mes lumières. Quand cette inégalité existe relativement aux choses de Dieu — une association pareille est, de tous les cas, celui que nous devrions le plus supplier le Seigneur de nous épargner, car indépendamment du sacrifice de la vérité, il faut que les idées de l’ordre le plus élevé et les sentiments sur le sujet le plus précieux demeurent non partagés ; et la conséquence en est invariablement ou bien que les deux parties déclinent graduellement, ou que l’une d’elles se relève et sent tous les jours davantage que rien n’est approprié et ne répond chez l’autre à l’activité et aux aspirations les plus nobles de l’âme. Nous devrions nous bien pénétrer de cela relativement à tous les genres d’association, qu’il s’agisse d’association spirituelle, ou de l’ordre naturel, car conjurer des inégalités pareilles n’est point faire preuve d’élévation d’esprit ; c’est parfaitement le contraire : plus je connais le Seigneur ou Sa vérité, moins je dois m’occuper de moi, mais je dois être d’autant plus jaloux de Sa gloire.

Mais lors même qu’on chercherait toujours à les conjurer, il n’est que trop vrai que ces inégalités existent et qu’on s’y engage constamment ; bien plus — je remarque que souvent le Seigneur nous permet de faire des choses et de contracter des alliances qui manifestent le véritable état de notre âme, ou du moins répondent à une ligne non encore soumise en nous. Un homme d’une spiritualité de sentiments élevé ne trouvera pas beaucoup d’intérêt dans quelqu’un dont les sentiments sont d’une nature inférieure. Si j’y en trouve, quoi que je puisse penser ou imaginer de mon état à cet égard, ma compagnie révèle mes dispositions véritables, et parce que je ne me juge pas moi-même en raison de mes goûts réels, le Seigneur permet que je m’unisse à ce qui indique véritablement mes prédilections, et par là amène la discipline qui m’est nécessaire. Le Seigneur avait dû voir Pierre portant l’épée, et cependant Il ne le reprit jamais pour cela, jusqu’à ce qu’il eût commis un acte manifeste, et Pierre aurait pu alléguer qu’Il lui avait dit de la prendre ; mais il était nécessaire pour Pierre que son acte propre montrât combien il était peu en communion avec l’esprit de son Maître. C’est bien humiliant que l’état de nos âmes soit tellement bas qu’il faille que le Seigneur en agisse ainsi avec nous. Mais c’est peut-être la seule manière de nous convaincre de la subtilité de nos cœurs.

Lorsqu’on a contracté irrévocablement une association inégale (car il ne nous est pas toujours possible, ou même permis, de revenir sur une fausse démarche), la position, lors même qu’elle ne soit pas effectivement mauvaise, est toujours dangereuse, et l’unique moyen d’éviter une chute, à laquelle il y aura tendance constamment, c’est de s’appuyer sur le Seigneur, et de rechercher Sa force pour conserver, d’une manière inébranlable, la mesure de lumière que nous avons reçue. La lumière est très généreuse et expressive, et toujours prête à communiquer sa vertu pour aider quiconque se trouve dans les ténèbres. Si je possède la lumière et que je marche dans la lumière, je connaîtrai la manière douce, insinuante, et pourtant directe et efficace, dont la lumière aborde les ténèbres ; mais si je revêts les ténèbres afin de ménager les ténèbres, il n’y a pas de doute que ma lumière se changera en fatales ténèbres. Rien de plus difficile que de conserver, vis-à-vis d’un chrétien qui vous est inférieur en lumière et en connaissance de la grâce du Seigneur (bien que peut-être au-dessus de vous quant à la pratique), cette puissance de témoignage à la vérité qui ferait sentir à sa conscience que votre présence agissait sur lui, et que, d’un autre côté, vous ne lâchez pas la vérité de Dieu afin d’être en communion avec quelqu’un qui est au-dessous d’elle. C’est une chose bien propre à atteindre profondément notre cœur (mais ne reculons pas devant cette pensée) que souvent la lumière soit absorbée par nous-mêmes, pour ainsi dire ; et lorsqu’il en est ainsi, il n’y a ni émanation, ni témoignage de sa puissance. « Si donc tout ton corps est éclairé, n’ayant aucune partie ténébreuse, il sera tout éclairé, comme quand la lampe t’éclaire de son éclat ». Je comprends par ce passage que si je suis moi-même parfaitement sous l’influence de la lumière (c’est-à-dire, si la lumière a pris possession de moi), alors les autres la verront comme on voit l’éclat d’une lampe. Ce qui explique comment nous manquons constamment à faire rayonner la lumière avec puissance, c’est qu’il n’en est pas ainsi de nous. N’étant pas nous-mêmes sous son influence, elle ne rayonne pas de nous comme la brillante lumière d’une lampe. Je puis ajouter, comme conclusion en terminant, que l’élément inférieur cède à l’élément supérieur, si ce dernier demeure fidèle à lui-même, quoique l’action de celui qui est dans les ténèbres doive être nécessairement accompagnée de plus ou moins de peine et de difficulté ; mais l’élément inférieur corrompt le supérieur, du moment que ce dernier s’abaisse jusqu’à la communion avec lui. Puissions-nous chercher à marcher avec le Seigneur dans Son élévation, et ne pas l’obliger, pour nous faire rentrer dans l’ordre, à descendre à notre niveau.

Le service le plus élevé ; ce qu’il requiert

Je remarque que certains chrétiens, lorsqu’ils abandonnent une partie de la lumière qu’ils ont reçue, tombent, en proportion, dans le formalisme et l’esprit légal. On a recours à l’activité charnelle pour compenser la perte d’une marche spirituelle conséquente. Ceux qui allaient à la bataille donnaient de cinq cents, un, aux sacrificateurs ; et ceux qui n’y allaient point (ceux, ne puis-je pas dire, qui n’avaient pas été exercés spirituellement), donnaient de cinquante, un, aux Lévites (Nomb. 31). Ils donnaient plus et recevaient moins. L’exercice spirituel nous met en état d’user, en sacrificateurs pour Dieu, des dépouilles gagnées dans le combat ; tandis que la même portion du butin attribuée à celui qui était resté à la maison (l’âme non exercée), ne le conduisait jamais au-delà du service de Lévite.

Le genre de service le plus élevé est compris dans ces paroles : « M’aimes-tu ? — Pais mes brebis ». Quand nous aimons quelqu’un, c’est merveilleux comme nous découvrons vite et parfaitement ce qui peut lui plaire, et combien il nous est agréable de lui faire plaisir ; mais nous n’atteignons ce résultat qu’en étudiant son cœur et ses goûts. Nous n’imposons pas nos propres préférences à celui à qui nous avons le désir de plaire, ou, si nous le faisons, nous montrons clairement par là que nous sommes plus occupés de nos goûts que des siens ; et on peut voir que nous cherchons (peut-être sans intention, mais pourtant dans tous nos actes, car les actes d’un homme révèlent son cœur) à produire une impression, c’est-à-dire à être reconnus comme faisant et accordant des faveurs, plutôt que comme ayant réellement le désir de nous consacrer ainsi à rendre service et causer de la satisfaction à celui qui nous intéresse tant. Ainsi, si je ne sais pas quel est le désir du Seigneur, de fait, quelle est Sa pensée ? Je ne saurais jamais y répondre de manière à le réjouir ; mais plus je Le connaîtrai, plus aussi je L’étudierai dans le but de faire ce que l’amour inspire.

Si on a suivi de près l’activité des hommes religieux de cette époque, on sentira combien il est difficile de soumettre le service simplement à cette épreuve : « Procède-t-il de l’amour pour Christ, et mon amour s’exprime-t-il en harmonie avec le caractère de Sa pensée au moment actuel ? ». Cette pierre de touche m’oblige à me placer à un point de vue, et à adopter une manière d’agir, complètement différents de ceux de tous les grands ouvriers populaires du jour. Je me trouverai d’un côté, tandis qu’ils seront de l’autre ; mais ma consolation sera que j’exerce mon cœur dans son amour pour mon Seigneur et Maître. Le but avoué que l’on poursuit en ce jour, c’est le bien et la bénédiction de l’homme, et non point que le souverain Pasteur des brebis obtienne du cœur de Ses serviteurs un témoignage d’amour et d’obéissance. Sans doute, la véritable bénédiction de l’homme ne peut jamais procéder que de Christ ; et je puis alléguer que, si c’est elle que je cherche, je dois prouver par là mon amour pour le Seigneur. Dans un sens, cela est vrai ; mais mon tort, c’est de faire d’un résultat mon but, au lieu d’avoir pour but la source même de toutes les parties du résultat, savoir le cœur de Jésus.

Rien ne saurait former le saint si ce n’est Christ, et la foi en Lui tel qu’Il est. Quiconque ne fait pas de cela son affaire capitale, doit devenir latitudinaire, et on verra que ce sont les hommes simplement qu’il cherche et non pas Christ. Un seul homme fidèle à Christ et vaillant pour Lui, fera plus de bien réel qu’un million de latitudinaires, même dévoués. Voici la grande pierre de touche en cette affaire : « Cela s’accorde-t-il avec la pensée de Celui que j’aime ? ». Je ne me mets pas en peine de la pensée d’aucun autre. Si je puis répondre à celle-là, je suis heureux, et je suis utile.

Suis-je jamais peiné de mon peu d’utilité ? Certainement je le suis. Mais si je demande quel est mon chemin ? Dois-je chercher à satisfaire mes propres sentiments en travaillant ; ou bien, faire exactement ce que Christ peut déterminer pour moi ? Est-ce que j’accomplis avec efficace et comme Il le désirerait le peu qu’Il met à ma portée ? Et s’il faut que je réponde honteusement « Non », comment puis-je attendre qu’Il m’introduise dans une sphère où je pourrais me voir plus utile, mais où Il ne serait pas la fin que je poursuivrais ? Je crois que c’est selon la mesure dans laquelle Christ est en nous, que nous servirons d’une manière agréable au Seigneur. Je ne saurais dire où ni comment, mais la veuve qui mit deux pites, surpassa tous les autres. C’est le motif et non point l’acte qui détermine la condition. Dans un sens, le Seigneur n’a pas pour nous d’occupation plus élevée que celle de Le servir. Que cet honneur est grand ! Mais, dans un certain sens, Il n’a jamais besoin d’un serviteur ; c’est-à-dire qu’Il peut aisément se pourvoir de serviteurs pour les choses générales ; mais Il a très peu de serviteurs de confiance : quant à des serviteurs de ce caractère, Il en cherche, et avant d’être tels, il faut qu’ils soient élevés dans Sa pensée. C’est là, je crois, l’occupation la plus haute que notre nature est portée à peu apprécier, ainsi que le firent peut-être Moïse au pays de Madian, Josué dans sa retraite, ou Paul en Arabie. L’œuvre et le service sont aujourd’hui de grands pièges. Le vase de parfum est trop souvent donné au peuple au lieu de l’être à Christ.

Qu’est-ce qu’un « père » (1 Jean 2, 13) ? Quelqu’un qui connaît « Celui qui est dès le commencement » — Christ. C’est là le point le plus haut, le plus grand à atteindre. Que notre but soit d’apprendre Christ afin qu’Il puisse nous employer comme Il voudra. Alors notre service aura véritablement un caractère sacerdotal, sera très agréable à Christ et L’honorera le plus.

Prendre une position, ou être affermi

Un sujet intéressant, c’est de rechercher comment une âme est affermie. Je crois qu’il y a ce que j’appellerais un affermissement général et aussi un affermissement particulier. Romains 1, 11 montre clairement que Paul comptait que son ministère serait tellement en aide aux saints qu’ils seraient affermis. C’est là ce que j’appellerais être affermi d’une manière générale ; mais je ne doute point qu’il n’existe un affermissement particulier par rapport à chaque vérité spéciale reçue.

Nous pouvons observer que beaucoup de jeunes chrétiens passent par une période plus ou moins longue de vacillation, d’hésitation, et que cette indécision ne provient pas tant de l’incrédulité à la vérité, que de l’incertitude à l’égard de la question comment nous devrions agir, quand l’épreuve arrive ; car ce sont les tentations dans le sens général du mot qui mettent à l’épreuve la foi et la puissance de la vérité sur nos âmes. Si nous résistons à l’assaut comme Samson résista au jeune lion, nous sommes affermis d’autant, et nous prenons une position ; c’est notre impuissance à résister ainsi qui est, j’en suis convaincu, la raison secrète pour laquelle il y en a si peu qui soient réellement capables de prendre une position. Pierre est exhorté à fortifier ses frères quand il sera lui-même converti. Prendre une position serait ce que j’appellerais être affermi d’une manière générale ; et tel est le sens de 1 Pierre 5, 10, où il s’agit des souffrances provenant de la persécution, et dont l’âme devait sortir, non seulement affermie contre la souffrance, mais aussi dans un sens plus général et plus étendu : « Lorsque vous aurez souffert un peu de temps, vous rendra lui-même accomplis (proprement vous mettra ensemble), vous fortifiera, etc. ».

Mais il me semble que le mot « affermir » est plus fréquemment employé par rapport à quelque vérité, quelque pratique, ou quelque épreuve particulière contre laquelle vous pouvez vous élever, et qui, lorsque vous êtes au clair à son sujet dans la puissance de l’intelligence de l’Esprit, vous communique une force qui vous met en état de demeurer ferme. Il est possible que cette question vous ait troublé ; mais à présent que vous êtes convaincu, et, par conséquent, affermi, vous recevrez de la force de la vérité ou de l’épreuve qui vous remplissait d’agitation et d’incertitude quand c’était une question indécise. Et ce n’est pas cela seulement, mais le fait même que vous êtes affermi sur un sujet particulier communique nécessairement à votre caractère de la fermeté et de la fixité. Son effet n’est en aucune manière limité à la vérité ou à la vue exacte de la question, ou à l’intention de l’épreuve qui y a donné lieu ; mais cet affermissement sur un point particulier communique à tout le caractère une décision dont le mot « affermir » suggère particulièrement l’idée.

Vous verrez même de vieux chrétiens dans un état de confusion et d’incertitude, parce qu’ils sont troublés par quelque question de doctrine ou de pratique qui a surgi, ou par quelque épreuve ; et jusqu’à ce qu’ils soient au clair là-dessus, leurs cœurs ne sont pas « affermis ».

Il y a, comme je l’ai dit, un affermissement dans la vérité, comme elle fut reçue au commencement, dont l’apôtre parle en Romains 16, 25 : « Or, à Celui qui est puissant pour vous affermir selon mon évangile » ; mais dans tous les autres passages, quoique l’effet dût être de produire l’affermissement général, sa nécessité, néanmoins, provenait de quelque cause spéciale. Pierre devait évidemment affermir sur le point particulier dans lequel il avait failli lui-même. En 1 Pierre 5, 10, c’étaient la souffrance et le poids de la persécution qui rendaient nécessaire l’affermissement et le produisaient. Chez les saints de Thessalonique, c’était aussi en rapport avec le trouble et l’agitation auxquels la persécution donnait naissance, et les questions qui s’étaient élevées relativement au jour du Seigneur.

Le moyen le plus béni pour apprendre, c’est d’abord d’être affermi sur son titre, si je puis m’exprimer de la sorte, car jusque-là on ne saurait prendre de position ; et après cela, d’aborder toujours toute question, tout ce qui peut être de nature à troubler, avec la détermination d’être affermi à ce sujet : car il ne saurait y avoir ni force, ni bien-être, ni témoignage, jusqu’à ce que vous soyez capable de prendre une position sur la difficulté qui vous occupe pour le moment.

Être occupé de la Parole de Dieu, ou de ses expériences

Nous pouvons observer que quelques-uns sont plus occupés de la Parole de Dieu, et d’autres des expériences qu’ils font de Lui et de Sa présence.

Sans vouloir déprécier le moins du monde la dernière manière d’agir, je dirais que la première est plus sûre. En effet, quand l’âme perd le sentiment de la présence de Dieu, comme cela arrive souvent, elle tombe dans les ténèbres et dans l’accablement ; tandis que si elle est tenue devant le Seigneur par Sa Parole, elle a toujours la conscience de Son appui.

« Il a mis sa parole au-dessus de tout son nom » (vers. angl.). Si la Parole occupait véritablement mon âme, elle m’introduirait toujours dans le sentier des sympathies de Christ, et ainsi Il me serait révélé Lui-même. La Parole me conduit à Son côté, et alors je monte du désert appuyé sur mon bien-aimé. Je puis avoir des sentiments très sincères, mais les sentiments ne sont pas l’essentiel pour le combat ou l’accroissement, quoique ils soient les conséquences du progrès et de la victoire. On ne saurait se reposer sur eux au-delà du présent, et un changement dans les circonstances les affecterait aussitôt.

La foi, elle-même, n’est pas une épée, bien qu’elle soit un bouclier, et nous trouvons, en conséquence, que la foi sans l’épée, pour la défendre, ne sera pas suffisante pour soutenir l’âme dans l’épreuve. Mes sentiments peuvent être parfaitement vrais et honorer le Seigneur, mais ils appartiennent plutôt à la salle du festin qu’au soldat ou à quelqu’un qui a besoin d’avoir des pieds semblables à ceux des biches, afin de pouvoir marcher sur les lieux élevés. Quelquefois, nous cherchons la joie de la salle du festin sans voir que, non seulement nous avons tout titre pour y entrer, ce que la robe de noces exprime, mais que nous sommes revêtus de toutes les armes de Dieu de manière à ne pas être repoussés ni délogés. Je dois voir que j’ai été rendu convenable pour l’hôte ; je dois porter le costume auquel il a pourvu pour moi, savoir, l’intelligence joyeuse de la manière dont Il m’accepte : « rendus agréables dans le bien-aimé » ; mais si je me trouve en pays ennemi (comme c’est le cas pendant que nous sommes laissés ici-bas), il faut aussi que je voie que l’ennemi de l’hôte sera impuissant dans ses attaques contre moi. Quoique en pays ennemi, l’armée d’occupation peut festoyer avec le général ; mais ce n’est pas une raison pour qu’on ne monte pas bien la garde ; au contraire, en de pareilles circonstances, il faut que la garde soit d’autant plus attentive et vigilante, de peur qu’il n’y ait quelque surprise. En d’autres termes, quoique je sois préparé à jouir de mon Seigneur dans une condition digne de Lui-même, je dois aussi être pourvu et armé contre toutes les attaques par lesquelles Satan essaierait de troubler mon bonheur ; et cela ne peut se faire que par la Parole qui, en habitant richement en nous, produira à la fin dans nos cœurs une douce mélodie.

L’étude de l’Écriture, qui est réellement fortifiante, est celle qui ne s’occupe pas d’idées abstraites, mais bien d’une personne. L’énonciation d’un précepte ou d’une idée par une personne, qui en est elle-même le témoin, non seulement fortifie la conviction, mais communique de la force pour la retenir.

L’âme adopte progressivement la vérité en puissance, non pas tant en vertu de la force de raisonnement et de l’autorité avec lesquelles elle a été présentée, que par suite de la manière dont la personne qui la lui a présentée l’a imprimée sur elle. Vous ne pouvez demeurer (mentalement et moralement) avec un plus grand que vous sans contracter sa ressemblance.

Souvent, une glace qui a recouvert un certain temps une gravure présentera l’esquisse du tableau pendant un jour ou deux, après quoi l’image s’effacera, la ressemblance dépendant uniquement de l’association avec l’original, qui devrait être toujours gardée. C’est là une faible image de ce que produirait sur nous l’association avec la personne dans l’étude de la Parole.