Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes/Partie 4

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Psaumes 25-28

Dans le psaume 25, nous trouvons, pour la première fois, une confession directe de péché. Cette confession, ajoutée au contenu du psaume 26, la déclaration et la conscience de l’intégrité du cœur, forme la base subjective de toutes les expériences que nous trouvons dans ce livre ; le contenu des deux psaumes suivants en forme la base objective. Jéhovah est la lumière et le salut ; malgré les souffrances actuelles de la part des iniques, le cœur se confie en Lui (27 ; 28). Mais plus on étudie les Psaumes, plus on découvre qu’ils s’appliquent presque tous directement aux Juifs, c’est-à-dire aux hommes justes et pieux du résidu, dont les pensées sont en rapport avec sa position et exprimées d’avance ici, par l’Esprit de Christ, dans la bouche du prophète. Nombre de passages, dans les Psaumes, peuvent être appliqués à Christ Lui-même ; mais on ne saurait les Lui appliquer tous. Cela prouve deux choses que j’ai déjà fait remarquer : d’abord, que la possibilité d’appliquer ces passages à Christ n’implique pas qu’ils soient des prophéties qui Le concernent exclusivement, ni que tous les psaumes s’appliquent à Lui ; ensuite, le danger réel qu’il y aurait à envisager les Psaumes comme étant l’expression de la piété chrétienne. Sans doute, ils fournissent souvent une instruction bénie, touchant la confiance en Dieu ; mais celui qui emprunterait la forme de sa piété aux psaumes dans leur ensemble, celui-là fausserait le christianisme.

Passons maintenant aux détails. Au milieu des difficultés qui l’entourent, l’âme s’élève vers Jéhovah ; c’est là le vrai moyen de les surmonter et de rester en paix. Un cœur vrai n’a pas d’autre refuge ; tout autre l’en détournerait. Au milieu de l’épreuve, il dit : Mon Dieu ; par Christ, il peut le dire maintenant et se confier en Dieu : « Que je ne sois pas confus, que mes ennemis ne triomphent pas à mon sujet ! ». Tel est, dans les difficultés, le premier désir de la foi. Mais la foi vraie ne peut pas seulement s’occuper de soi ; elle est unie, par grâce, à la bonté de Dieu, sentie dans ce désir même et unie, par conséquent, avec tous ceux qui s’attendent à Jéhovah. Elle souhaite que les méchants (ceux qui sont infidèles sans cause, qui aiment l’iniquité, non pas ceux qui tombent dans le péché) soient couverts de confusion. Comme principe général, ce désir n’est pas contraire au christianisme. Le chrétien ne peut pas souhaiter que ses ennemis individuels soient jugés ; mais il désire que le mal soit ôté et que les ennemis du bien soient confus. Il aime et désire la justice ; il souhaite que les oppresseurs des justes, des pauvres, des humbles, soient renversés et confus. Dans ces circonstances personnelles, le chrétien peut désirer le résultat de la confusion des méchants, sans toutefois souhaiter le malheur de ses ennemis individuellement. Sa confiance en Jéhovah l’empêche de faire la moindre démarche pour punir ses ennemis ; mais il remet sa cause au Seigneur et la laisse entre Ses mains, attendant d’être délivré par Lui.

Il y a encore un autre trait distinctif du saint dont le cœur se tourne repentant vers le Seigneur. Il cherche les voies de Dieu, Ses sentiers, afin d’être conduit et enseigné dans Sa vérité. Tel est le caractère particulier du bien dans une âme droite ; elle ne cherche pas seulement un sentier droit, mais c’est le sentier du Seigneur qu’elle cherche. L’esprit du saint se retourne vers Dieu, il pense à Lui et à Son caractère, il a la conscience d’être Son serviteur et de Lui appartenir. Or, tout cela fait qu’on prend plaisir aux voies de Dieu, qu’on les recherche et qu’on y marche. Toutefois, ce psaume nous représente quelqu’un (les Juifs) qui se retourne vers Dieu, non pas une personne nouvellement convertie. Israël (et le saint aussi) se souvient de ses fautes ; mais il dit à Jéhovah : « Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, mais souviens-toi de moi selon ta miséricorde ». Il Le prie de se souvenir de lui seulement de cette manière ; car il sait que Jéhovah est plein de compassion, et c’est pour la gloire de Son nom qu’il peut ainsi faire appel à Sa miséricorde. Cette demande ne montre pas la connaissance du pardon, mais la confiance dans la grâce. Ce n’est pas ici une conscience nettoyée, quoique cela découle de la réponse de Dieu ; mais c’est une manière de s’approcher de Dieu qui Lui est agréable. Nous en trouvons un exemple dans l’évangile. La femme pécheresse s’approcha comme telle de Jésus, et elle s’en alla en paix.

Le Seigneur est fidèle à Sa bonté, à Son caractère propre, élevé au-dessus du mal, et cette fidélité (une rançon ayant été trouvée, capable de maintenir la justice[1]) le fait agir pour une vraie bénédiction du pécheur qui s’approche ainsi de Lui. Il est dit même de Joseph : « C’était un homme juste et qui ne voulait pas la diffamer ». Quant à l’homme, il a sans doute encore d’autres motifs ; mais pour autant qu’il doit agir comme Dieu, le principe dont je parle trouve son application.

Le Seigneur est bon et droit. Il est bon envers nous, Il aime la droiture et Il aime à la voir ; aussi veut-Il l’enseigner, dans Sa grâce, à ceux qui s’en sont écartés. C’est une grande douceur pour eux que de pouvoir compter là-dessus. Remarquez qu’il n’est pas dit ici sa voie ; cela, au verset 4, exprimait l’état de cœur du saint, tandis que les mots du verset 9 expriment la confiance du saint dans le cœur de Jéhovah. II ne s’agit pas proprement de ce qu’est cette voie ; il va sans dire qu’elle est bonne ; mais c’est le Seigneur qui l’enseignera. Son amour actif s’occupera de Ses saints pour leur bien. Toutefois, lorsque le caractère du saint qui se retourne vers Dieu est décrit, il est aussi dit quelle est cette voie : « Il fera marcher les humbles dans la justice », le sentier qui exprime la pensée de Dieu, « Il enseignera sa voie aux humbles ».

Mais à un autre point de vue, on peut signaler, dans ce psaume, une marche progressive. Il se divise en trois parties : v. 1-7, 8-14 et 15-22. Dans la première, l’âme persécutée et éprouvée, jugeant ses péchés précédents, mais confiante en Dieu et regardant à Lui, invoque Son secours au milieu des difficultés qu’elle ressent vis-à-vis de la puissance du mal. Dans la seconde partie, cet appel à Dieu amène l’âme à parler de Lui, en déclarant ce qu’Il est dans Ses voies. Dans la troisième, l’âme regarde personnellement à Dieu, comme étant assurée de Son intérêt pour elle, et invoque le regard de Dieu sur elle et sur ses ennemis, tout en Lui demandant pardon, mais confiante en sa propre intégrité, dont elle a la conscience. Enfin, elle étend sa prière en faveur de tout Israël.

Mais on peut aussi remarquer une marche progressive dans les détails, quant à l’état de l’âme en parlant de Dieu. D’abord, Sa bonté et Sa droiture font qu’Il enseigne aux pécheurs la droiture de cœur. Ils avaient suivi leur propre voie, ils avaient oublié celle de Dieu. Mais le Seigneur, dans Sa bonté et Sa compassion, ne veut pas les laisser sans direction : leur triste état attire Sa miséricorde. Le Seigneur aime le chemin de la justice et Il ne peut bénir ailleurs ; aussi enseigne-t-Il la voie aux pécheurs. Mais reconnaître le péché et connaître la bonté du Seigneur a pour effet l’humilité, la dépendance, l’absence d’égoïsme et d’orgueil, considéré, par les païens, comme source de la vertu. Alors Dieu conduit dans le discernement et enseigne Sa voie. Non seulement la voie est enseignée à celui qui s’en est écarté ; mais dès qu’il y a de l’humilité et de la soumission à Dieu, Il conduit dans l’intelligence de Ses voies. Il forme ceux qui Le craignent à discerner, par Ses instructions, ce qu’est la voie de Dieu. C’est là une conformité intérieure et morale avec Dieu, qui s’applique à discerner et à juger les circonstances. Cette conformité morale et ce discernement sont fort précieux.

Mais le verset 12 va plus loin ; il nous montre quelqu’un craignant Dieu, marchant dans la conscience de Sa présence, de sa propre responsabilité vis-à-vis de Dieu, et s’en référant à Lui dans une entière dépendance de cœur. Il y a ici plus que le discernement moral, il y a la connaissance de la voie choisie par Dieu.

L’homme qui est guidé dans le discernement saura ce qui est juste ; il le fera et évitera le mal. Mais l’homme d’Issacar avait la connaissance des temps. Il y avait une voie choisie, par Dieu, au milieu du mal qui régnait, et celui qui craignait Jéhovah serait enseigné dans cette voie-là ; il trouverait le sentier qui menait à une entière bénédiction. C’est là un grand privilège, duquel ni les ténèbres, ni la confusion qui nous entourent ne sauraient nous priver. Il s’agit de la voie choisie, par Jéhovah, au milieu de ces ténèbres, d’un sentier particulier d’alliance pour ceux qui Le craignent (v. 14).

Il existe certainement aussi, pour le chrétien, un tel sentier au milieu de la confusion où se trouve actuellement l’Église de Dieu. Le secret[2] de Jéhovah, car Il a un secret pour ceux qui l’écoutent, est pour ceux qui Le craignent, Ses amis, auxquels Il donne à connaître Ses pensées. C’est remarquable que Marie les connût mieux que Marthe ; elle oignit d’avance le Seigneur pour Sa sépulture, elle avait la pensée du Seigneur quant aux événements qui se préparaient. La Parole est toujours un préservatif contre de fausses prétentions de posséder la pensée du Seigneur ; mais il n’en est pas moins vrai que le secret de l’Éternel est pour ceux qui Le craignent. Quoique toutes choses semblent concourir contre Sa promesse assurée, ceux-ci découvrent cependant d’avance, par la foi, comment elle se prépare, et ils en voient enfin la réalisation lorsque les voies de Dieu se sont accomplies. C’est là une grande bénédiction, et on y puise, pendant la route[3], une tranquillité et une paix qu’aucune autre chose ne pourrait procurer, car on possède la pensée de Dieu. Ici se termine la seconde partie du psaume.

En traversant le mal, l’âme ne se confie qu’en Dieu et en Son amour fidèle : « Mes yeux regardent constamment à l’Éternel, car Il dégage mes pieds du filet ». — Le Seigneur, voilà le secret de tout. On regarde en haut et l’on se confie en Dieu, qui est au-dessus de tout le mal. La connaissance du secret de Dieu n’est ni de l’insensibilité au mal présent, même lorsque ce mal nous affecte, ni de la froideur à l’égard de l’intérêt que Dieu prend à nous (non seulement à la justice, quoiqu’Il soit toujours juste, mais à nous-mêmes). Le secret de Dieu, au moyen de Sa crainte, fait naître cette intimité et cette confiance : « Tourne-toi vers moi, et aie pitié de moi, car je suis seul et affligé ». Le cœur est vrai avec Dieu ; mais cela suppose l’intégrité, comme dans ce psaume, et comme elle est, en Christ, dans ceux qui sont vrais de cœur, quoiqu’ils confessent être, en eux-mêmes, les plus grands pécheurs, et que dans leur chair il n’habite aucun bien.

Le cœur peut raconter à Dieu toute l’hostilité de Ses ennemis et laisser cela entre Ses mains. Ayant mis sa confiance en Dieu, il s’attend à ne pas être confus. Christ seul a dû, pour nous, éprouver le contraire ; mais une âme droite ne sera jamais confuse. Toutefois, le cœur, malgré cette intimité avec Dieu et cette confiance en Lui, n’oublie pas Son peuple, ici Israël, pour nous l’Église (v. 22) ; c’est une conséquence nécessaire de cette intimité.

Je suis entré dans quelques détails touchant les sentiments moraux dépeints dans ce psaume ; il ne faut pas oublier que tous ces sentiments se fondent sur la présence, dans le cœur, d’une profonde connaissance de ce que Jéhovah est pour lui, que la pensée de Jéhovah est prédominante et la source de chaque sentiment.

Le psaume 26 est plutôt, comme je l’ai déjà dit, l’expression d’une conscience intègre qu’une confession de péché ; mais ici, comme dans le psaume précédent, tout est rapporté à Jéhovah ; de ce qu’Il est et de l’attachement de l’âme à Lui, découle le principe de séparation d’avec les pécheurs et la joie finale dans Son assemblée, lorsqu’il y aura délivrance complète des hommes de sang. L’esprit du psaume 26 est cette intégrité qui, par ses propres affections, son attachement à Jéhovah et sa confiance en Lui, vis-à-vis de la puissance du mal, a gardé l’âme séparée des pécheurs. Or, pour le moment, et par rapport aux saints, les méchants sont toujours les plus puissants, parce qu’ils peuvent agir, sans conscience et sans frein, selon leur propre volonté. L’âme[4], en présence de Jéhovah, Lui demande de ne point l’enlever avec les pécheurs (v. 9) lorsqu’Il viendra dans Sa puissance. Elle compte là-dessus, par la foi. Telle est l’expression du sentier et des désirs d’une conscience intègre en présence du mal.

Le psaume 27 nous montre le cœur confiant en Jéhovah, mais exercé devant Lui, en présence des manifestations extérieures du mal. Qu’y a-t-il de plus effrayant que l’angoisse d’esprit ? La confiance, en songeant aux ennemis, et l’exercice du cœur, en regardant à Dieu, offrent, ainsi réunis, quoique étranges au premier abord, un grand enseignement. La confiance n’est pas de l’indifférence ni de l’insensibilité ; mais de vrais exercices de cœur avec Dieu, même accompagnés de crainte, se témoignent par de la confiance et de la hardiesse en présence de l’action hostile du mal. L’homme s’attendrait à la crainte devant l’ennemi et à la confiance devant Dieu ; tandis que la grâce, agissant par de vrais exercices de cœur avec Dieu, inspire de la confiance vis-à-vis de l’ennemi. Il existe réellement une puissance de mal ; le cœur bien enseigné la sent (d’une manière plus ou moins spirituelle) dans ses sources intérieures et sa réalité, mais il la sent avec Dieu ; il est alors en paix même au milieu du conflit et touchant son issue. Ainsi, Christ, dans l’exercice de Son âme devant Dieu, suait des gouttes de sang ; mais Il était parfaitement calme en présence de Ses ennemis ; bien plus, à Sa vue, ils tombèrent de frayeur. Cela est plein d’instruction par rapport aux difficultés et aux angoisses de la vie chrétienne. Lorsque le cœur, ayant conscience de la puissance du mal, est exercé, à son égard, avec Dieu et devant Dieu, le mal même, quelle qu’en soit la puissance, est impuissant, si l’exercice du cœur a été complet. « Voici votre heure, dit Christ, et la puissance des ténèbres ». Mais Il avait senti tout cela avec Dieu, et, de fait, Il prit la coupe de la main du Père, non point de celle de Ses ennemis ; car, quant à Christ, les hommes n’avaient aucun pouvoir sur Lui.

Le psaume 27 nous montre l’exercice du cœur opéré, en l’homme, selon l’esprit de Christ. Jéhovah est, par la foi, la lumière du saint ; Il l’éclaire tout alentour. Quoique les ténèbres soient là en puissance, il n’existe pas, pour l’esprit, de puissance des ténèbres ; elle règne au milieu des ennemis ; mais la lumière de Dieu[5] est dans le cœur qui marche ainsi dans la lumière. Quelle grande consolation ! Mais le Seigneur est plus que cela. Il est la délivrance même[6]. Pour Christ, à la vérité, Dieu ne pouvait pas être la délivrance, avant que la coupe ne fût bue ; mais l’âme rachetée sait qu’Il est sa délivrance au milieu de l’épreuve. La même révélation de Jéhovah qui donne la lumière, nous procure, dans cette lumière, l’assurance d’être délivrés ; je ne dis pas qu’elle fasse voir nécessairement la délivrance, car le moyen en peut être caché, mais elle nous rend sûrs de la délivrance. Puisque Jéhovah est là, en lumière, Il délivrera. Pour nous, c’est le Père, et quand il s’agit du gouvernement, c’est le Seigneur. Mais dès qu’il est question de Dieu Lui-même, évidemment il n’y a rien à craindre. Dans ce psaume, cette assurance en Jéhovah est célébrée en pensant aux méchants qui n’ont pas de conscience pour les retenir, et à la guerre, où la volonté des hommes ne connaît pas de frein. Si le Seigneur est là, Il a pourvu à tout.

N’oublions pas toutefois qu’il y a un principe ou un état d’âme important lié à cette assurance et qui en est la base : c’est d’avoir un œil simple, de ne regarder qu’à Jéhovah ; un seul désir, d’être avec Lui, en Sa présence, pour L’adorer, contempler Sa beauté ravissante et apprendre là Sa volonté et Sa pensée. Mais cela, comme je l’ai dit, est lié d’autre part avec la confiance en Sa bonté. L’âme, sans défense, sait que le Seigneur la cachera, au jour du mal, dans l’asile de Sa tente. Là, qui la troublerait ou l’atteindrait ? Quel amour nous trouvons en Dieu ! Quel intérêt Il porte à ceux qu’Il aime ! L’âme habite avec Lui, et elle habite en sûreté. Il ne s’agit pas ici d’une délivrance apparente, mais de l’asile de Sa tente. C’est merveilleux de voir comment le Seigneur agit quand le mal est dans sa force et que toute ressource semble épuisée. L’âme n’en cherche pas ; elle se confie doucement et tranquillement en Dieu, assurée de sa sécurité en Lui.

Le verset 6 anticipe la délivrance et les louanges chantées dans la tente de l’Éternel, non plus un asile alors, mais le lieu béni où les chants de louange retentiront publiquement. Dans les versets suivants, nous avons les exercices de l’âme avec Dieu, tandis qu’elle s’attend à Lui pour être secourue. Le Seigneur avait dit : « Recherchez ma face », et Il ne pouvait pas la cacher. L’âme entrevoit la possibilité de la colère divine ; elle implore miséricorde et compte sur la grâce. Cela est bien important, car l’on s’attendrait à ce que l’âme pût se confier en Dieu, pourvu qu’Il n’eût rien contre elle. Il n’en est pas ainsi : le cœur peut reconnaître qu’il devrait s’attendre à la colère, et néanmoins se confier en la grâce. Il a connu un Seigneur secourable et s’attend à n’être pas abandonné d’un Dieu sauveur. Cette confiance est complète, plus complète encore que celle qui se fonde sur les liens les plus étroits de la parenté. Telle est, en effet, la confiance de celui qui connaît le Seigneur. Elle s’arrange seule avec Dieu, cherche à être enseignée dans Son chemin et conduite dans un sentier droit, parce que ses ennemis épient le moment où elle quitterait la bonne voie. L’oppression des ennemis était grande ; telle elle sera aussi pour les saints. Il existe une volonté de mal, des témoins de mensonge, des adversaires qui respirent la violence. La bonté du Seigneur, à l’exception de tout moyen humain, la bonté du Seigneur dans Son gouvernement, telle est la ressource du cœur. En voici le résultat : « Attends-toi à l’Éternel », c’est Lui qui fortifie le cœur, « oui, attends-toi à l’Éternel ». Voilà le secret de la force, au temps de l’adversité ; alors il n’y a rien à craindre. Nous, chrétiens, nous avons, pendant notre marche, appris, comme enfants, à connaître l’amour du Père et les soins de Christ, le bon Berger ; mais le principe de notre confiance dans le Seigneur est le même. Il est remarquable comment toute idée d’une autre délivrance que celle du Seigneur est absente de ce psaume. C’est là ce qui maintient l’intégrité, car le Seigneur ne peut secourir autrement qu’en maintenant la droiture de cœur. Au milieu de la fourberie de ses adversaires, l’âme ne connaît d’autre refuge que la face de Jéhovah. Avec Lui, tout est en ordre ; de même aussi, dans le cœur, tout est vérité et intégrité. Les ennemis ne concernent plus que Jéhovah ; tel est le secret de notre sécurité et de notre tranquillité dans l’épreuve. Donc, Sa grâce étant là, nous pouvons compter sur le Seigneur en tout temps. Si nous nous sommes égarés, avouons-le-Lui ; c’est un exercice vrai de l’âme en Sa présence. Il agit alors entre elle et Lui suivant la vérité. Mais la grâce, l’asile de Sa tente et la délivrance qui en découle, sont la position de l’âme.

Quoique Jéhovah soit le sujet principal du psaume 28, comme de tous ceux-ci, il y a cependant ici un point spécial en ce qui concerne le juste : son cri à Jéhovah, sa supplication. En criant à Lui, le cœur entre en liaison avec le Seigneur. Ce cri indique que le Seigneur s’intéresse à nous et que cet intérêt est notre point de départ ; il indique aussi que nous reconnaissons que nous dépendons de Lui. Ainsi, le cri et la supplication sont importants ; ils indiquent l’état de l’âme. Nous pouvons désirer quelque chose du Seigneur, avoir foi en Sa bonté ; mais crier à Lui nous unit à Lui d’une manière ouverte, même devant autrui. Dans ce psaume, l’âme est au comble de la détresse, la fosse est béante devant elle ; mais le principe est toujours vrai, même lorsque nous intercédons pour d’autres. Ici, la foi se montre en criant à Dieu, lorsque, à vue humaine, tout espoir est impossible. Cette liaison avec le Seigneur est clairement indiquée ici, en étant le moyen de ne pas être entraîné dans le jugement avec les iniques. Au psaume 26, c’était l’intégrité du saint dans ses voies qui était sa sauvegarde ; ici, c’est la liaison avec le Seigneur, indiquée par le cri de l’âme vers Lui, qui est la sauvegarde du croyant. Et quoique ce soit sur la méchanceté des pécheurs que se fonde l’attente de leur jugement, toutefois il est déclaré que leur mépris de l’Éternel est la cause de leur destruction. Le juste s’est confié en Lui et a été secouru. Mais dans la délivrance que Dieu nous accorde, il y a plus, bien plus que le seul fait d’être délivré. C’est Lui qui nous a délivrés. Le cœur était attaché à Lui, regardait à Lui, L’adorait, Le croyait, et Il ne nous a pas trompés. Que cela est vrai, et combien cela attache, tout de nouveau, le cœur à Lui : « Béni soit l’Éternel, car il entend la voix de mes supplications — c’est en Lui que mon cœur se confie, et je suis secouru. Aussi, mon cœur est dans l’allégresse et je Le loue par mon cantique ». S’attendre ainsi à Jéhovah, avec confiance, c’est entrer réellement dans Son caractère et s’y conformer en l’estimant, en l’honorant et en y prenant ses délices ; c’est apprécier le Seigneur ; or, quiconque apprécie une chose moralement excellente, y est conforme d’une manière dépendante. J’ai un ami, noble, fidèle et dévoué ; je me trouve dans des circonstances où tout s’oppose à la possibilité ou même à la probabilité qu’il me vienne en aide ; cependant, je suis sûr de son secours, je compte avec affection sur ce qu’il est. Évidemment, mon appréciation n’a pas changé. Je le considère comme supérieur à toutes les circonstances, dirigé par sa seule bonté. C’est là-dessus que je compte, c’est cela que j’apprécie. Quelles que soient les circonstances, mon cœur suit le sien, quoique dans la dépendance, et son cœur est avec le mien. Lorsqu’il a agi, je me réjouis en lui, je me réjouis de la juste appréciation que j’avais faite de mon ami ; je le connaissais bien, il ne m’a pas déçu, et je me réjouis en sa bonté, à laquelle je m’attendais, envers et contre tout. Il m’a prouvé son intérêt en s’occupant de moi. De même, lorsque Dieu délivre le chrétien, comme lorsqu’Il délivrera le résidu juif dont parle ce psaume, il peut dire : « Celui-ci est notre Dieu, nous nous sommes attendus à Lui ». C’est bien la même pensée que nous voyons chez Job, à travers sa coupable irritation. Il compte sur Dieu, il sait ce que Dieu serait et ferait pour lui, s’il pouvait Le trouver.

Le psaume 28 nous montre donc un homme dont le cœur s’est confié en celui de Dieu, qui L’a trouvé et se réjouit en Lui, qui a réellement honoré Dieu, quoique seulement par son attente, par sa confiance inébranlable. Il se contente de savoir ce qu’est son ami, il se contente de son amour. Il se réjouit de sa délivrance, car il a souffert, il a été opprimé dans sa faiblesse ; mais il se réjouit, en même temps, de son libérateur. Il possède un ami qui lui a formé le cœur d’après sa propre excellence, et qui l’a formé pour se confier en elle.

Tout cela se trouve aussi dans le chrétien, mais d’une manière plus calme, parce qu’il est mieux instruit dans les choses célestes, qu’il connaît mieux Dieu, qu’il a moins d’anxiété touchant les choses terrestres et qu’il regarde à celles qu’on ne voit pas. Mais le principe reste le même.



  1. Grâce à laquelle la justice divine est sauvegardée.
  2. Version anglaise.
  3. C’est-à-dire dans le sentier de Dieu.
  4. Anglais : la conscience.
  5. De la part de Dieu.
  6. Délivrance actuelle.