Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes

De mipe
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Psaumes 1-11

Mon but, dans les pages qu’on va lire, n’est pas d’interpréter les Psaumes, ce qui a été essayé autre part, mais d’en tirer quelque instruction spirituelle et quelque édification pour l’âme. Les Psaumes jettent une lumière toute particulière sur le gouvernement de Dieu et sur la sympathie de l’Esprit de Christ pour Son peuple. Ces deux choses ont d’abord les Juifs pour objet et pour centre de leur action ; mais tout en admettant la grande différence qui existe entre la position des Juifs et la nôtre, entre la relation d’un peuple avec Jéhovah, et celle d’enfants avec leur Père, il n’en est pas moins vrai que les voies de Dieu en gouvernement s’appliquent aussi à nous chrétiens. Comme point de vue pour envisager le chrétien, le gouvernement de Dieu, quoique au second plan (l’autre point de vue, plus élevé, est céleste), n’en est pas moins important et d’un haut intérêt. C’est d’ici qu’on découvre tous les soins de la tendresse divine de Celui qui a même compté le nombre des cheveux de notre tête ; c’est ici que l’on apprend à connaître avec quelle sérieuse vigilance il faut marcher devant Dieu qui jamais ne s’écarte de Ses saintes voies, dont on ne se moque point impunément, dont les yeux sont continuellement sur les justes, quoique Sa grâce agisse en toutes choses pour rendre notre marche parfaite devant Lui. Le gouvernement de Dieu appliqué à la marche du chrétien est surtout exposé dans les épîtres de Pierre (voir 1 Pier. 1, 17 ; 3, 10-15, et le contenu de toute l’épître). Dans la seconde épître, le gouvernement de Dieu se poursuit jusqu’à la fin de toutes choses. La première épître présente surtout le gouvernement des justes ; la seconde, le jugement des méchants. Ce jugement est aussi mentionné dans la première comme mettant fin à la puissance du mal et introduisant la délivrance finale des justes. Pierre était l’apôtre de la circoncision, et c’est le gouvernement de Dieu qu’il a surtout en vue dans son enseignement.

1. Ce gouvernement sur la terre est clairement indiqué dans le psaume premier, ainsi que le caractère de ceux qui jouissent de la bénédiction de ce gouvernement.

Ce sont eux qui se tiennent séparés de la voie du méchant, qui se plaisent en la loi de Jéhovah et y méditent. La soumission à Christ, dans les conseils de Dieu dépositaire du gouvernement au terme de cette époque d’épreuve, tel est le sujet du psaume 2. Voici, en peu de mots, ce que nous trouvons dans le premier de ces deux psaumes qui sont la base de tous les autres : nulle participation au conseil des iniques, à la voie des pécheurs, ni au siège des moqueurs ; quoiqu’en connexion avec la responsabilité humaine dans la marche, on est préservé du mal. Les iniques forment des plans, suivent leur volonté, voient les choses à leur façon et agissent en conséquence ; ce n’est point là qu’est le juste. Le pécheur va son propre chemin où il trouve ses délices ; le juste ne marche point avec lui. Les moqueurs, à leur aise, injurient l’Éternel ; le juste ne siégera pas avec eux. Mais le jugement arrive, et les pécheurs ne pourront subsister dans l’assemblée des justes introduits alors dans le repos par la gloire de Dieu.

2. Le psaume 2 annonce le triomphe terrestre de Christ et Sa royauté en Sion, lorsque les Gentils Lui seront donnés en héritage. Ces événements ne sont pas encore accomplis. Le gouvernement de Dieu ne met pas les fidèles à l’abri de la souffrance, ainsi que cela aura lieu alors ; mais il fait tourner la souffrance en bénédiction spirituelle et retient encore Sa colère. Glorieuse récompense de nos légères afflictions ! Dans ces afflictions mêmes, nous reconnaissons notre Père. Nous nous adressons au Père, qui, sans égard aux personnes, juge selon l’œuvre de chacun, et nous passons le temps de notre séjour terrestre avec crainte, sachant que nous sommes rachetés. Dans ce psaume, les rois sont exhortés à se soumettre avant que le jugement n’arrive sur la terre. Mais ce jugement est à venir, et nous sommes encore à une école de patience, pendant laquelle les Psaumes nous donnent de précieux enseignements.

3. Examinons le contenu des premiers psaumes qui suivent. Les ennemis se multiplient ; mais le premier mot de la foi est : Seigneur ; l’âme trouve là sa sûreté, et de cette haute retraite, elle contemple ses ennemis. La foi se confie en Jéhovah. Si le mot Seigneur retentit dans mon cœur en présence de l’ennemi, tout va bien. Il s’occupe de ma cause et je suis en paix. Il est ma gloire, mon bouclier et ma retraite. Remarquons bien qu’il ne s’agit point ici d’un état d’indifférence quant à ce qui est bien ou mal, ni même d’une confiance indolente. Le désir et la dépendance sont actifs, c’est un lien entre l’âme et Jéhovah. J’ai crié et Il m’a exaucé ; point de doute à ce sujet ; c’est la confiance que si nous demandons quelque chose selon Sa volonté, Il nous exauce ; nous recevons ce que nous avons demandé. Si nous sommes sincères, nous ne désirons rien qui soit contraire à Sa volonté ; mais, au milieu de l’épreuve et des difficultés, quelle chose immense que la certitude d’être exaucé, d’être secouru par le bras de Dieu, dans ce qui est selon Sa volonté ! Source de paix et de repos. Je me suis couché, je me suis endormi, je me suis réveillé, car le Seigneur me soutient. Que c’est grand et simple à la fois ! Cher lecteur, pouvez-vous dire cela ? L’épreuve trouve-t-elle votre cœur confiant en Dieu, comme en un père ; et quand elle redouble d’intensité, votre esprit est-il tranquille, votre sommeil est-il doux, votre coucher et votre réveil sont-ils paisibles, parce que vous savez que Dieu est, et qu’Il dispose de toutes choses ? Dieu se trouve-t-Il ainsi placé entre vous et le sujet de votre affliction ? Alors que peut-il vous arriver ? Qu’importe le nombre de vos ennemis, si Dieu est là ? L’Assyrien s’est enfui avant de pouvoir exécuter une seule de ses menaces ; ces menaces mêmes témoignent de sa mauvaise conscience et de sa peur. Insensés que nous sommes de mesurer toujours les difficultés et les épreuves d’après nos propres forces et non d’après celles de Dieu, Lui qui est toujours pour nous, si nous Lui appartenons ! Aux villes de Canaan, que leur servaient leurs murailles élevées, si ces murailles s’écroulaient au son d’une trompette ? Pierre eût-il marché plus facilement sur une mer calme que sur une mer en tourmente ? Notre sagesse est de savoir que nous sommes incapables de rien faire sans Jésus et, qu’avec Lui, nous pouvons tout ce qui est conforme à Sa volonté. Le secret pour demeurer en paix consiste à être occupé de Jésus pour l’amour de Lui ; et quand l’affliction surviendra, quoique nous n’y soyons pas insensibles, nous y trouverons Jésus et Sa tendre affection, et nous serons plus que vainqueurs.

Le psaume 4 nous présente un autre principe, non moins important : l’effet d’une bonne conscience lorsque nous crions à Dieu, en détresse ; non point d’une conscience justifiée du péché, mais d’une bonne conscience en pratique, qui se confie en Dieu. Si notre cœur ne nous condamne pas, dit l’apôtre, alors nous avons confiance en Dieu.

Écoute-moi lorsque je crie, ô Dieu de ma justice. Il n’est pas dit : Justifie-moi, mais : Écoute-moi. L’âme est angoissée, mais elle connaît la délivrance ; elle a déjà fait l’expérience de la bonté et de la fidélité de Dieu. Il est, Lui seul, la source de sa gloire et de son honneur. Combien c’était vrai de Christ ! L’homme s’en moque et a recherché la vanité. Mais il n’en reste pas moins vrai que Celui qui ne peut manquer à Sa parole a mis à part, dans Son conseil, les justes pour Son héritage. Ils sont tiens, a dit Christ. Nous sommes un peuple qui Lui appartient en propre. Cette vérité, nous n’en doutons pas ; mais en marchant dans la sainteté, elle nous est présente, elle est vivante pour nos âmes, nous voyons Dieu comme face à face et nous sommes certains qu’Il nous écoutera. Nous n’avons pas perdu le sentiment de ce qu’Il est pour nous dans telle ou telle circonstance ; notre âme n’est pas obscurcie. Or, rien ne se perd si facilement de vue que la dépendance de Dieu et la confiance pratique en Lui. Une bonne conscience avec le sentiment de la dépendance donne courage et fortifie, Certainement Dieu nous écoute lorsque, pleins de remords, nous crions à Lui ; c’est autre chose. Mais une bonne conscience donne assurance au jour de l’affliction, parce que notre esprit entrevoit Dieu ; nous L’apercevons au-delà de l’épreuve et nous fixons nos regards sur Lui. « Parlez en votre cœur et gardez le silence, sacrifiez des sacrifices de justice et confiez-vous en l’Éternel ».

Bien des gens disent : « Qui nous fera voir le bonheur ? ». Ils désespèrent d’en trouver. Mais dans toutes les circonstances de la vie, la lumière de Sa face est le seul vrai bonheur. La faveur de Dieu vaut mieux que la vie, en outre elle assure le bonheur. La puissance du mal n’a pas le dessus sur la puissance de Dieu. Lui-même en dispose, le détourne, le change en bénédiction, l’annule, comme bon Lui semble. La foi trouve cela dans la lumière de Sa face et l’âme surmonte l’épreuve pour se réjouir en Dieu. Il y a là plus de joie que dans les bénédictions temporelles incertaines et précaires ; puis la lumière de Sa face dans le malheur, c’est Lui-même, c’est pour mon âme l’assurance qu’Il est de mon côté. Aussi « moi je me couche et je m’endors », mon sommeil n’est point mêlé d’inquiétude, car quoiqu’il m’arrive, Dieu seul prend soin de moi.

Le psaume 5 fournit l’occasion de dire maintenant, pour n’y plus y venir, quelques mots sur l’appel au jugement de Dieu souvent mentionné dans ce livre. Toutes les fois qu’il se trouve en présence de son ennemi, l’opprimé se tourne vers Jéhovah et l’appelle à son secours. Il se fonde sur la justice de Dieu et sur le caractère de Son gouvernement qui ne sauraient tolérer le mal. Jéhovah exterminera l’homme fourbe et violent ; rien n’est plus juste. Le chrétien sent que Dieu ne doit pas laisser cours au triomphe du mal ; lorsqu’il réfléchit au gouvernement de Dieu, il se réjouit d’avance du jugement qui ôtera le mal ; non pas qu’il pense à la ruine du méchant, mais à la justice[1] et à son résultat. La vengeance appartient bien à Dieu, mais ce n’est point là qu’Il se plaît. La part du Juif étant sur la terre (« car les humbles hériteront la terre et se réjouiront dans une abondance de paix »), il désire, pour son propre repos, la destruction de l’homme fourbe et violent. Différente est la part du chrétien. Il laisse l’homme violent ici-bas et s’en va dans le ciel. Sa marche personnelle est en harmonie avec l’époque de grâce où il vit et qu’il quittera pour entrer dans la gloire. Même au temps du millénium pendant lequel Dieu exercera Son gouvernement pour retrancher le méchant, la grâce encore sera la place distinctive du chrétien. Le fleuve d’eau découle de la cité ; les feuilles de l’arbre de la vie duquel il savoure les fruits, sont pour la guérison des nations. Pour le moment, la place du chrétien n’est que grâce et patience. Il fait le bien, endure des outrages, souffre patiemment et sait que cela est agréable à Dieu. Il désirerait que le mal cédât devant la puissance du bien ; il sait que ce mal sera jugé, que le jugement dévorera les adversaires et, en les considérant comme tels, il peut se réjouir de voir leur puissance anéantie : juste jugement dont son âme reconnaît la nécessité ; mais, placé sur le terrain plus élevé de la grâce, le chrétien n’y cherche point sa délivrance.

Telle a été la position de Christ. C’est Lui qui exécutera le jugement auquel Son esprit fait appel dans ces psaumes. Mais au temps de Sa marche terrestre, pendant laquelle Il a été notre modèle, Christ n’a point appelé le jugement sur Ses ennemis ; « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font », telle fut Sa prière au milieu de leurs violences, et dans le jugement Il n’a point ouvert Sa bouche.

Le psaume 5 présente donc le jugement comme conséquence du gouvernement de Dieu quant à ce monde, gouvernement basé sur le caractère immuable de Jéhovah, et il attend ce jugement d’où découleront le bonheur et la joie du peuple de Dieu. Mais notre bonheur à nous est dans les cieux où il n’y a plus besoin de délivrance. Nous quittons cette terre.

Ainsi tout en désirant faire ressortir la vérité et la justesse de ce psaume, je ne le présente en aucune façon comme l’expérience d’un chrétien, sauf que notre cri de détresse s’adresse aussi uniquement à Dieu — nous pouvons ajouter : à notre Père.

Les psaumes 6 et 7 ont à peu près le même caractère que le précédent, ils appellent aussi le jugement. Mais le sixième se place sur un tout autre terrain que le cinquième et, à certains égards, il peut être présenté comme un exemple d’expérience chrétienne. Quand l’âme est en angoisse, le mouvement naturel de la foi est de recourir à Dieu comme à la source de sa consolation et de son espérance. La grâce immense que Dieu déploie en étant pour nous, le sentiment que rien n’égale Son amour, la confiance qui découle de la soumission : toutes ces choses attirent notre cœur vers Lui. Aussi n’est-il pas pour l’âme confiante, de temps plus doux que celui de l’épreuve. Cela suppose une volonté brisée, un cœur soumis et une pleine connaissance de l’amour de Dieu. Dans le cas contraire, l’épreuve, par le moyen de la grâce, opère la soumission, puis elle est retirée ; si elle continue, l’âme trouve son bonheur dans la sainte et parfaite volonté de Dieu et dans le fruit qu’elle y recueille. Mais il est un cas où l’épreuve, quoique tout aussi salutaire et pleine de grâce, trouve l’âme moins disposée à se confier en Dieu. C’est lorsque nous sommes éprouvés à cause de notre conduite. Il est difficile de voir l’amour de Dieu dans l’épreuve que nous subissons par suite d’un péché ; il est difficile de ne pas être désolés en sentant que cette épreuve, fruit du péché, est une juste punition et qu’ainsi nous n’avons pas le droit de croire qu’elle puisse s’allier avec l’amour de Dieu. À qui nous adresser, si ce n’est à Lui ? Mais comment chercher secours auprès de Celui que nous avons offensé ? Telle est l’angoissante difficulté d’une âme qui, se sentant elle-même la cause de son épreuve, sait qu’elle n’a pas le droit d’en réclamer la délivrance. En proie au désespoir, elle est près de succomber. C’est en une occasion semblable que le Seigneur intercéda pour Pierre, de peur que sa foi, sa confiance en Christ venant à être ébranlée, son amour et son espérance en la faveur divine faiblissant, il ne tombât, sous le poids du remords et du désespoir, entre les mains de Satan. Pierre, il est vrai, ne subissait alors aucun châtiment, mais le danger était le même. La foi empêche le désespoir, mais elle n’ôte point le sentiment du péché et de la justice du châtiment ; elle se confie en Dieu, en Son amour, en Sa bonté et, à travers la souffrance, elle voit la miséricorde. Le sentiment du péché devient plus profond, la peur des conséquences diminue, et le cœur, humilié, se confie en Dieu malgré tous les obstacles ; mais il sent que le châtiment est mérité, et même, jusqu’à un certain degré, en souffre peut-être encore. Voilà l’état dont le psaume 6 nous fournit un exemple. Nous y trouvons le cri de détresse au fort de l’épreuve, le recours à la grâce, la prière à Dieu de ne pas châtier dans Sa colère, et la confiance devant la pensée que la colère serait une juste conséquence du péché. Tout en reconnaissant la justice du châtiment, la foi s’appuie sur la grâce et dit : « Jusqu’à quand ? ». Il est impossible que Dieu abandonne à toujours ceux qui se confient en Lui ; la lumière se fera. Il y a une relation avec Dieu, et la foi compte sur cette relation. C’est donc avec certitude de délivrance que le cœur peut exposer sa détresse à un Dieu dont il connaît les compassions. Cette certitude est exprimée dans les trois derniers versets. On remarquera aussi, à propos de ce psaume que, dans le gouvernement de Dieu appliqué à cette terre, la mort est envisagée comme un retranchement ; c’était le cas pour les Juifs ainsi qu’on peut le voir dans l’histoire d’Ézéchias et même dans celle de Job. À certains égards, c’est aussi le cas pour le chrétien ; il y a des péchés à la mort, et la mort peut être employée comme moyen de discipline (voir 1 Cor. 11) ; elle peut aussi être différée (voir les épîtres de Jacques et de Jean). Quant à notre psaume, il n’entrevoit rien au-delà de la mort, si ce n’est les ténèbres ; le gouvernement de Dieu ne s’en occupe pas non plus. Lorsque le croyant est en paix, il considère la discipline, même justement sévère, comme un signe certain de la faveur divine. Son horreur du péché est alors plus réelle, parce qu’il redoute le péché même, non point ses conséquences. Peut-être les dards enflammés du méchant l’atteindront-ils, peut-être qu’enfin la terreur le menacera ; mais au travers de toutes ces choses, il voit la compassion et la fidélité de Dieu ; Christ intercédant pour lui, sa foi demeure ferme. C’est là cependant un terrible état ; mais le cœur s’attache à Dieu et peut dire : « Jusqu’à quand ? ».

Le psaume 7 contient un violent appel à la vengeance, sur la justice de l’opprimé et sur la certitude du jugement de Dieu. Ainsi l’assemblée des peuples reconnaîtra Jéhovah et L’entourera. Fort de sa justice, l’affligé appelle ici la colère de Dieu sur les iniques sans douter qu’elle les atteigne. Quelque juste et vrai que soit le contenu de ce psaume, il est impossible d’y voir l’expérience d’un chrétien, sauf en ce qui concerne le sentiment de justice devant Dieu et la confiance en Lui.

Le psaume 7 est donc l’expression de ceux qui, en butte à la haine des méchants, cherchent la délivrance, et non point de ceux qui souffrent avec Christ afin d’être glorifiés avec Lui.

Le psaume 8 célèbre le gouvernement millénial de Jéhovah et la gloire du Fils de l’homme, en rapport avec le peuple juif qui la proclame.

Je passe sur les psaumes 9 et 10, dont le premier célèbre le jugement des ennemis d’Israël, et le second raconte la méchanceté de leurs oppresseurs. Ces deux psaumes expriment l’assurance que Dieu voit l’oppression et n’oublie pas les humbles ; puis, lors de la délivrance, ils célèbrent la fidélité de Jéhovah. Le monde est jugé avec justice et Jéhovah se révèle par Son jugement. Il suffit d’attirer l’attention sérieuse du lecteur sur le jugement du monde, mentionné dans ces psaumes, et sur la scène principale de ce jugement dans le pays d’Israël. En toute occasion cependant, l’âme humble peut traverser l’oppression et l’épreuve dans la tranquille certitude que Dieu la voit et que sa cause est entre les mains de Dieu. Subît-elle même une épreuve par sa propre faute, humiliée elle peut encore compter sur Dieu.

Passons maintenant au psaume 11 et examinons quels sont les sentiments de ceux qui, souffrant sous l’oppression qui précède la délivrance, ont encore à posséder leurs âmes par leur patience. Une chose, en premier lieu, ressort distinctement de ce psaume (chose toujours vraie, quoique moins évidente qu’elle ne le sera alors), c’est l’impossibilité de compter sur l’homme et d’en espérer le moindre secours, l’instabilité de tout ce qui est terrestre, la ruine complète amenée par le mal. Quand les fondements sont renversés, que fera le juste ? Pour la foi, tout cela est vrai depuis que Christ a été rejeté ; mais jusqu’à présent et tant que dure Sa patience, la main de Dieu refrène le pouvoir du mal et il y a encore des âmes amenées à Christ. Les choses auxquelles ce psaume fait allusion, ne seront pleinement manifestées qu’au temps où le méchant dominera sur la terre avant que Dieu se lève pour le jugement et pour délivrer les humbles.

Des cas particuliers d’épreuve nous placent souvent, dans notre sphère restreinte, au milieu de circonstances analogues. Seulement n’oublions pas que nous avons affaire à un Père qui nous discipline pour notre bien, pour notre profit céleste et éternel, avec le même amour par lequel Il n’a point épargné Son propre Fils mais L’a livré pour nous.

La question posée dans ce psaume est celle-ci : « Quand les fondements sont renversés, que fera le juste ? ». À quoi aura-t-il recours comme assez divinement stable pour s’y appuyer ? Car le bien n’est nulle part et les méchants, n’étant arrêtés par aucun scrupule de conscience, usent de fraude pour détruire les justes. Il y a un moment où le Seigneur avertit de fuir, où il est tout à fait inutile soit d’agir, soit d’attendre avec patience. Mais tel n’est pas le cas ici, et cela n’arrivera que lorsque Dieu aura tout abandonné, pour un temps, entre les mains des méchants. La peur et l’incrédulité pousseraient à fuir, comme l’oiseau, en un lieu de la terre sûr et tranquille. La foi regarde plus haut : « C’est en Jéhovah que je me réfugie ». Se réfugier en Dieu qui est au-dessus de tout, qui connaît tout, auquel rien n’échappe, toujours fidèle, qui prend même soin de la vie d’un passereau, qui enfin dispose de tout quoi que l’homme propose, se réfugier en Dieu, notre Père, c’est la ressource et la paix du juste. Le propre de cette confiance illimitée est de rendre notre marche parfaite et de nous tranquilliser en tout temps ; car, dès que les circonstances extérieures ne dominent plus nos sentiments, l’âme se laisse conduire par la volonté de Dieu ; elle l’accomplit avec courage et avec tranquillité, sachant que le résultat est entre les mains du Seigneur. Toutefois, là ne se borne pas l’enseignement du psaume 11. Sur la terre, tout est bouleversement, confusion ; point de sécurité pour le juste. Mais Jéhovah est dans le palais de Sa sainteté, Son trône est dans les cieux ; Ses yeux considèrent, Ses paupières sondent les fils des hommes ; Il ne dort ni ne sommeille ; aussi les justes peuvent-ils Lui remettre leur cause sans souci. Nous trouvons ici une exposition des voies de Dieu au temps de l’affliction. Jéhovah sonde les justes. Lorsque les paupières de Celui qui voit toutes choses au point de vue de Sa sainteté, sondent les fils des hommes, Il a un but spécial quant aux justes. Il les éprouve et Il les crible. Cela est de toute importance. L’action de Dieu à l’égard des justes a pour but d’accomplir tout ce que Sa grâce s’est proposé en eux, de manifester Son caractère, de juger et de les faire juger tout ce qui ne s’accorde pas avec ce caractère divin, de leur faire comprendre ainsi ce qu’Il est Lui-même et de les y conformer moralement ; à la fois soumettant leur volonté et mettant en activité leurs affections par le sentiment de Sa fidélité et de Son amour. Briser la volonté est un moyen puissant d’ouvrir l’intelligence.

C’est de Son palais et de Son trône que Dieu gouverne ainsi. Dans le palais, tout le monde parle de Sa gloire. C’est là que l’homme s’approche de Lui ; là se révèle Son caractère, Sa nature, afin que, conformément à cette nature, l’homme entre en rapport et s’associe avec Lui. Du haut de Son trône, Il dispose toutes choses afin de nous accommoder à la gloire et à la sainteté du palais. La chair ne se plie pas volontiers à ces exigences ; mais cela prouve combien l’action de Dieu est nécessaire et profitable. Il sonde les fils des hommes, aucun de leurs faits et gestes ne Lui échappe, toutes choses sont découvertes aux yeux de Celui auquel nous avons affaire, et Il en juge. Mais surtout Il sonde les justes, et cela en contraste avec Sa haine des méchants sur lesquels Il déversera Sa colère. Lorsque Dieu sonde les justes, il s’agit avant tout de Sa nature et de Sa gloire qu’Il n’abandonne pas. Quoique Sa face considère les justes et quelque plaisir que Son amour prenne en eux, Il ne saurait se renier Lui-même ; c’est à Lui qu’Il veut les rendre conformes, et dans Son gouvernement se révèle Sa nature. Dieu s’est servi d’Israël pour démontrer à toute la terre qu’Il déteste le mal ; et plus ce peuple était près de Lui, moins Il pouvait tolérer en lui l’injustice : « Toi seul, je t’ai connu d’entre toutes les familles de la terre, c’est pourquoi je te punirai à cause de tes iniquités ». Aujourd’hui encore, malgré toute Sa grâce, on ne se moque pas de Dieu impunément. L’homme recueillera ce qu’il aura semé. Une foule de passages démontrent ce principe dans son application à Israël, et ce principe subsiste encore (Rom. 2, 6, etc.). Ce sont, nous l’avons dit, les épîtres de Pierre qui surtout révèlent ce gouvernement de Dieu, la première, quant aux justes, la seconde, quant aux méchants. En sondant et en éprouvant les justes, Dieu maintient Son caractère au milieu de ceux qui sont près de Lui. Mais Il les sonde aussi pour leur profit, et prouve ainsi, d’une manière précieuse, tout le soin qu’Il prend d’eux. « Dieu ne détourne pas ses yeux de dessus les justes », dit Élihu. Il est possible que nous soyons sous le poids de l’épreuve, si cela est nécessaire, et nous devons nous estimer bienheureux lorsque nous sommes en butte à diverses épreuves (épître de Jacques), sachant qu’elles produisent la patience. Or, en voici le résultat : « Que la patience ait une œuvre parfaite, afin que vous soyez parfaits et accomplis dans toute la volonté de Dieu ». Nous devons nous glorifier dans les tribulations (Rom. 5) ; elles produisent la patience, et notre espérance n’en devient que plus brillante, l’amour de Dieu étant répandu dans nos cœurs — cette vraie clé de tout ce qui arrive.

L’amour de Dieu agissant comme discipline, nous fait conclure deux choses exprimées en Hébreux 12. La première, c’est qu’il ne faut pas mépriser la discipline nécessaire assurément, puisqu’elle provient de l’amour de Dieu ; la seconde, c’est que, pour la même raison, il ne faut pas perdre courage.

Le livre de Job nous apprend que Dieu a deux buts différents lorsqu’Il éprouve les saints. L’un est de leur faire connaître leurs transgressions, leurs fautes positives ; l’autre, de les détourner de leurs projets et d’empêcher leur orgueil (Job 33, 16, 17 ; 36, 7-9). Ce livre nous fournit une instruction toute divine des voies de Dieu quand Il sonde les justes. Il nous enseigne aussi cette autre vérité, importante pour les âmes exercées qui, trop souvent, s’arrêtent à des causes secondaires, savoir : que la discipline provient de Dieu, que Lui seul l’exerce. L’origine de tous les maux de Job n’était point l’accusation de Satan, mais bien ces paroles de Dieu : « As-tu fait attention à mon serviteur Job ? ». Dieu avait fait attention à lui et savait que l’épreuve était nécessaire. Il est vrai que l’instrument de cette épreuve était pervers, c’étaient aussi des désastres causés par Satan ; mais Dieu avait fait attention à Son serviteur, Il avait sondé le juste et mesuré d’avance l’étendue de l’affliction. Aussi, est-ce Lui qui arrêta Sa tempête au jour du vent d’orient ; et lorsqu’Il eut achevé Son œuvre (œuvre que Satan n’aurait jamais pu accomplir) et qu’Il eut amené Job à se connaître lui-même, alors Il le bénit abondamment.

Dieu nous humilie et nous éprouve afin que nous connaissions ce qu’il y a dans nos cœurs. Il nous fait vivre de foi avant de nous enrichir. Quand l’épreuve rencontre en nous la vérité et la puissance de la vie divine, elle nous développe et nous fait mûrir dans le sentiment de la grâce, elle détache notre esprit du monde pour le rapprocher de Dieu et le rendre intime avec Dieu. Quand l’épreuve rencontre la chair, celle-ci se révolte et décèle sa propre volonté ; mais cet état rendu sensible à la conscience, elle le juge devant Dieu et, en définitive, l’épreuve elle-même réussit à détruire la volonté. Assurément ce n’est pas l’épreuve en elle-même qui peut conférer la grâce ; mais dirigée par la main de Dieu, l’épreuve peut briser la volonté et mettre au jour un mal caché et inconnu, de manière que la vie nouvelle peut grandir et se fortifier.

Alors Dieu prend une plus large place dans le cœur, l’intelligence de Ses voies se développe, la dépendance et l’humilité augmentent, la vanité de ce monde devient plus évidente et sensible ; en apprenant à se connaître, on se méfie de la chair et de soi-même. Le chrétien se vide ainsi de lui-même, pour se remplir de Dieu ; les choses éternelles et véritables, les choses divines ont une plus grande part dans l’âme ; et tout ce qui est faux, mis au jour par la lumière, est aussitôt rejeté. Nos relations avec Dieu prennent plus de consistance et de sérieux, nous vivons plus constamment au milieu des scènes éternelles dans lesquelles Il a introduit nos âmes. Regardant alors en arrière, nous découvrons l’amour qui nous a conduits jusque-là et, pleins de reconnaissance, nous bénissons Dieu pour chaque épreuve. Il n’y a que l’épreuve pour nettoyer de tout alliage, pour nous affermir dans une espérance glorieuse et pure, et pour accroître notre intelligence de Dieu, étant, en proportion, dépouillés de nous-mêmes.

Psaumes 12-17

Évidemment, le psaume 12 a été écrit sous le poids de l’injustice et de la violence et sous le sentiment de l’isolement ; la puissance humaine, tous ceux qui s’y confient, font la guerre à l’âme. Un cas pareil est rare assurément ; il n’est pas impossible, et les chrétiens individuellement peuvent être isolés et abattus. Le verset 5 annonce les jugements de Jéhovah qui mettront fin à l’oppression. Ces jugements ont souvent lieu encore comme conséquence du gouvernement de Dieu ; mais ils ne constituent pas l’espérance directe et particulière du chrétien, qui sait au contraire que sa place est de faire le bien, de souffrir patiemment, et qu’ainsi il est agréable à Dieu. Son repos est autre part, là où Dieu est pleinement glorifié. Il en est de nous comme de Christ qui fit le bien, endura l’affliction ici-bas et ne fut pas délivré ; inutile d’ajouter combien cela était agréable à Dieu. Il convenait que Christ souffrît et c’est notre profit, de sorte que nous pouvons aussi nous glorifier dans les tribulations à cause de leur fruit bien autrement précieux que le repos de cette terre et qui mûrit pour nous dans le ciel, parce qu’ainsi nous sommes rendus capables de jouir de Dieu plus intimement. Si donc nous souffrons pour la justice et si nous souffrons pour l’amour de Christ, nous sommes bienheureux. L’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur nous. Du reste, si nous attendons patiemment, Dieu nous délivre même aujourd’hui en mainte circonstance particulière. Dans tous les cas, et c’est ici l’idée principale, les paroles de Jéhovah sont des paroles pures ; elles jugent tout ce qui est en l’homme, mais on peut se confier en leur véracité. Tout ce que Sa bouche a proféré, Jéhovah le maintiendra en sainteté et Il l’exécutera en puissance. Notre sagesse est de nous tenir à la Parole de Dieu envers et contre tout. Les épreuves extérieures ne sont que des moyens pour purifier et pour éprouver le cœur quant à la foi ; la Parole est la pierre de touche à l’aide de laquelle l’âme éprouve toutes choses, la mesure intime de son état devant Dieu et le terrain solide sur lequel repose sa confiance. Lorsque le cœur est éprouvé par la Parole ou par les circonstances, c’est afin de le dégager de toutes les choses qui l’empêcheraient de se reposer sur chacune des paroles de Dieu et de se les approprier. Elles seules sont notre vie.

Le psaume 13 exprime le travail d’une âme sous le poids des épreuves mentionnées au psaume 10. Ces épreuves ne nous concernent pas directement, toutefois le chrétien peut se trouver angoissé par le triomphe apparent et momentané du mal ; et alors il peut ainsi crier à Dieu de ne pas le délaisser comme s’Il ne prenait aucun soin de lui. Il y a une différence entre la position de Christ et celle du résidu juif : extérieurement, Christ a été abandonné entre les mains des méchants, tandis que le résidu juif en général sera épargné et délivré ; quelques-uns d’entre eux, il est vrai, succomberont devant leurs ennemie et jouiront d’une meilleure résurrection. Mais en parlant de ce psaume, j’ai surtout en vue l’enseignement moral qu’il renferme. Au milieu d’ennemis sans cœur et sans conscience, même en apparence oubliée de Dieu, l’âme se confie en Sa miséricorde, compte sur Sa bonté, sur Sa fidélité, et se réjouit de la délivrance avant d’être délivrée par la puissance de Dieu. Ainsi, en priant Dieu, nous le remercions avant d’être exaucés, sachant dans nos cœurs, par la foi, qu’Il nous a entendus et qu’Il nous a répondu, quoique Sa réponse ne soit pas encore manifeste. Cette assurance, vraie preuve de la foi, procure une paix indicible au milieu de l’affliction. Nous ignorons comment Dieu nous délivrera, mais nous savons que nous serons délivrés ; Il dispose de tous les moyens. C’est en Dieu Lui-même que nous plaçons notre confiance, et, en regardant à Lui, le cœur reçoit une réponse sur laquelle il peut compter. Diverses circonstances et la Parole aussi éprouvent le cœur ; la confiance et la délivrance divine réjouissent l’esprit. Nous savons, même avant d’être secourus, que Dieu est pour nous. Il est bien naturel d’écouter son propre cœur, quoique rien ne fatigue et n’angoisse plus, mais la foi n’agit pas ainsi. La tristesse mène à la mort. L’âme, même en se soumettant, se replie sur elle-même, mais un regard à Dieu la remplit de lumière. La conscience que c’est l’ennemi qui travaille contre nous, dispose notre âme à la confiance : pensée solennelle et terrible ; mais, avec Dieu, c’est un motif pour être assuré de la délivrance.

Le psaume 14 est un exemple frappant d’une méthode fréquemment employée dans l’Écriture : plusieurs portions de la Bible s’appliquant littéralement aux Juifs dans les derniers jours et aux événements de cette époque, renferment à la fois de grands principes moraux, des vérités importantes en tous temps et qui seront publiquement manifestées aux derniers jours par le jugement de Dieu. L’apôtre cite ce psaume pour montrer aux Juifs comment, dans leurs propres écritures, Dieu Lui-même juge leur état, prouvant ainsi la nécessité d’une justice qui ne fût pas d’eux. Je n’ai que peu de chose à ajouter. Nous pouvons nous attendre à des difficultés provenant de l’absence de toute crainte de Dieu en ceux auxquels nous avons affaire ; il semble impossible à celui qui craint Dieu, qu’un pareil état puisse exister, qu’il n’y ait dans le cœur aucune componction, aucune chose qui le retienne d’un acte de méchanceté délibérée ; cependant cela arrive quelquefois quand on s’y attendait le moins. Mais le Seigneur voit tout, voilà notre confiance.

Il attendra peut-être, Il patientera avec le mal, du moins avec ceux qui le font, Il nous exercera de cette manière, mais rien ne Lui sera caché. Puis Dieu Lui-même est au milieu de la race juste ; cette présence au milieu d’eux, les justes la connaissent par la foi seule et leurs ennemis en ressentent l’influence ; voilà ce que Rahab apercevait parmi les Cananéens (Jos. 2, 9), et l’apôtre y fait allusion dans Philippiens 1, 28. Ce sentiment de frayeur qu’éprouvent tous ceux qui s’opposent à la vérité, peut être caché sous le mépris ou sous des actes de violence ; mais à coup sûr, la foi qui se confie en Dieu produit toujours un sentiment de frayeur chez les méchants, même lorsqu’ils triomphent. Les Juifs, après avoir crucifié Christ, craignaient encore que Sa disparition de la tombe ne leur devînt funeste. Mais pour être ainsi soutenu dans l’épreuve, il faut que le fidèle ait le sentiment de la présence de Dieu.

Le psaume 15 est une preuve évidente que ces psaumes s’appliquent directement aux Juifs dans les derniers jours. Toutefois, les saints ne doivent pas perdre de vue l’existence actuelle du gouvernement de Dieu. Ce gouvernement est exposé dans les épîtres de Pierre : dans la première en faveur des justes, dans la seconde comme jugeant les impies (1 Pier. 3, 10-15 applique aux chrétiens les principes selon lesquels Dieu agissait envers les Juifs comme peuple, principes qu’Il mettra surtout en action dans les derniers jours, mais qui nous concernent aussi pendant le temps de notre séjour terrestre). Ainsi le psaume 15, quoique essentiellement juif, nous enseigne des principes à suivre ; le verset 4, par exemple, parle d’une chose qui est en tout temps agréable à Dieu.

Ayant fait ces remarques, je passe au psaume 16 qui s’applique directement à Christ et contient, en même temps, une douce instruction pour nos âmes. C’est ici Christ prenant la place d’un homme et indiquant le sentier de la vie qui L’amènerait en la présence de Jéhovah où il y a un rassasiement de joie ; ce sentier Le conduisait à travers la mort puisqu’Il venait pour nous, mais Il se confiait en Dieu. Malgré le sens prophétique de ce psaume, le sentier de Christ est en même temps un exemple pour nous ; le bon Berger a précédé Ses brebis. Le psaume 16 établit un principe essentiel : la confiance en Dieu même dans la mort, une humble obéissance et, par conséquent, Jéhovah Lui-même étant la portion de l’homme, l’exclusion de tout ce qui serait contraire à cette vérité. Cette confiance et cette obéissance ne perdent pas Dieu de vue un seul instant. Tel est le grand principe de la vie divine, de cette vie divine arrivant sur la scène du péché et de la mort. Sans doute, nous devons parler de communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ dans ce sentier de la vie, mais ce sont les grands principes moraux, l’état subjectif de l’âme, qui nous sont représentés ici, et cela dans la personne même de Christ ; c’est, remarquez-le, Sa perfection comme homme devant Dieu et vis-à-vis de Dieu. Il ne s’agit pas de la perfection divine, de Dieu manifesté à l’homme, mais de Christ, homme dépendant de Dieu ; il ne s’agit pas même de Son propre sacrifice que nous devons imiter (1 Jean 3, 16), mais de Sa place d’homme dans la perfection, de Sa perfection devant Dieu, motif de tous Ses actes. Par conséquent, ces paroles de Christ : « Ma bonté ne va pas jusqu’à toi », s’appliquent aussi à nous-mêmes. Affirmer qu’effectivement notre bonté ne va pas jusqu’à Dieu, paraît absurde ; mais ces mots appliqués à Christ homme, absolument parfait, indiquent la nature de cette bonté et établissent un principe qui nous met à notre place. Cette bonté étant la perfection de l’homme devant Dieu, manifestée en Christ qui en est l’exemple sur la terre, met en évidence la place bénie du chrétien, quoique au milieu de la faiblesse et de luttes intérieures inconnues à Christ qui n’avait pas de péché ; malgré cette différence, la place de Christ est l’expression absolue de la nôtre devant Dieu ; cela est pleinement révélé à la fin de l’évangile de Jean, surtout dans le chapitre 17.

L’épître de Jean aussi, qui d’abord présente Christ comme la manifestation sur la terre de la vie éternelle qui était auprès du Père, sa manifestation dans une personne que leurs mains avaient touchée, enseigne que c’est ce qui est vrai dans les chrétiens, de même qu’en Christ (1 Jean 2, 8), et montre que la justice et l’amour sont le caractère de cette vie, et que, par la présence du Saint Esprit, nous demeurons en Dieu et Dieu demeure en nous. Nous possédons cette vie éternelle descendue du ciel et touchant laquelle il est dit qu’elle est dans le Fils seul ; celui qui a le Fils a aussi la vie. Voilà en effet pour nous la véritable importance de cette vie éternelle. Les Psaumes assurément ne peuvent pas la présenter comme l’épître de Jean, et cependant nous voyons ici Christ prenant Sa place parmi les excellents de la terre. L’apôtre Jean laisse entendre que nous serons avec Christ dans le ciel, mais il ne s’occupe pas de la vie éternelle dans la gloire auprès de Dieu. C’est Paul qui l’expose de cette manière, aussi bien n’avait-il vu Christ que dans la gloire. Jean présente la vie en elle-même et manifestée sur la terre ; la vie est la lumière des hommes.

Nous avons vu plus haut que le psaume 16 ne développe pas sous toutes ses faces la vie de Christ sur cette terre ; mais celle qu’il présente n’en devient que plus distincte et plus bénie pour nous. Christ, traversant ce monde, était la manifestation de Dieu Lui-même (des traits divins de Son caractère, non point de Son titre et de Sa nature divine) ; amour, sainteté, justice parfaite, Il révélait véritablement tout le caractère de Dieu. Quelle bénédiction ! Notre devoir est de L’imiter (voir Éph. 4, 32 ; 5, 1-2 ; Col. 3, 10). Mais le psaume 16 n’envisage pas Christ de cette manière ; il Le présente comme l’homme dépendant et soumis ; il Le présente aussi comme prenant Sa place parmi le résidu d’Israël en contraste avec l’idolâtrie de ce peuple. Laissant de côté ce dernier point, je désire fixer nos pensées sur le caractère de la vie de Christ.

Cette expression : « Ma bonté ne va pas jusqu’à toi », ne pourrait convenir à la divine manifestation de la bonté sur cette terre. Mais prenant, en tout point, la place d’un homme ici-bas, le Seigneur nous montre la position véritable d’un homme vivant pour Dieu, non pas dans son innocence, moins encore certes dans le péché, mais parfaitement saint et juste dans un monde de péché, connaissant le bien et le mal, tenté, mais séparé du péché et des pécheurs ; non pas élevé au-dessus des cieux, mais destiné à l’être par les désirs de sa nature et par sa marche vers ce but ; dépendant, obéissant, se tenant devant Dieu comme humainement responsable et se réjouissant d’avance du bonheur céleste comme bonheur de l’homme dans la présence de Dieu et avec Dieu, place bénie pour Lui et que nous partagerons avec Christ, ayant Sa nature. Christ, ainsi envisagé, c’est l’homme confiant en Dieu, trouvant son plaisir et sa joie en Dieu, vivant de foi et, sous ce rapport, séparé de Lui, non pas Dieu manifesté en chair, quoique cela fût également vrai à un autre point de vue. Ainsi, en tant que sanctifiés par la vérité, notre place sur la terre est au-dessus de celle du résidu juif ; en outre, nous sommes unis à Christ par le moyen du Saint Esprit. Cette place dont je parle, le Seigneur la prend lorsqu’Il dit au jeune homme : « Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements ». Quant aux pratiques extérieures, le jeune homme avait peu de chose à se reprocher ; mais il fallait plus que cela pour caractériser la vie divine dans sa marche vers le bonheur céleste au milieu d’un monde de péché, il fallait pouvoir dire avec Abraham, avec David et les saints prophètes : « Le Seigneur est ma portion ». Alors, ayant le Seigneur Lui-même pour maître de son cœur, le jeune homme aurait pu donner ses biens aux pauvres pour suivre Jésus. Mais il paraît que le Seigneur n’était point sa portion ; peut-être, par la grâce, l’est-Il devenu plus tard.

L’état qui est décrit dans ce psaume, c’est l’état de l’homme considéré comme distinct de Dieu (il ne s’agit pas ici naturellement d’une séparation morale, je ne parle pas non plus de l’union de la nature divine et de la nature humaine en Christ), mais participant de la nature divine (il n’en pouvait être autrement), ayant Dieu pour objet, mettant en Lui sa confiance, n’obéissant qu’à Lui, dépendant de Dieu en toute chose, et parfait dans sa foi en Lui. Cet état ne pouvait se réaliser que dans un être qui participât personnellement de la nature divine — Dieu Lui-même en l’homme — tel que Christ, ou médiatement tels que ceux qui sont nés de Dieu. Mais, nous l’avons déjà remarqué, Christ n’est pas considéré ici sous ce point de vue, et il ne s’agit pas non plus du croyant comme étant uni à Christ. La divinité en Lui est présentée non point dans la manifestation de Dieu en Lui, mais plutôt dans son effet : la perfection absolue de Christ comme être humain. Sa marche est celle d’un homme moralement en présence de Dieu. Christ dépend de Jéhovah quant à Sa résurrection, et Il dit : « Tu n’abandonneras pas mon âme au séjour des morts », quoiqu’Il ait pu dire également : « Détruisez ce temple, et dans trois jours je le rebâtirai ». Homme parfait, Christ pouvait dire à Dieu : « Père, je remets mon esprit entre tes mains » ; ainsi Pierre disait aux Juifs : « Celui que vous avez crucifié, Dieu l’a fait Seigneur et Christ », tandis que Thomas avait dit à Jésus : « Mon Seigneur et mon Dieu ». Pierre, en effet, considère toujours Christ comme l’homme rejeté, comme le Messie exalté par Dieu ; il n’annonce pas le Fils de Dieu comme Paul l’annonça tout d’abord dans les synagogues, quoique, par une révélation divine, Pierre ait été le premier à le confesser comme tel. Christ est donc notre modèle parfait ; Il nous montre ce qu’est l’homme parfait. Un principe essentiel qui caractérise en premier lieu le psaume 16, c’est l’entier abandon de Christ entre les mains de Dieu, sa confiance en Lui. Il ne se défend pas Lui-même, ne compte pas sur soi, mais s’en rapporte à Dieu : « Garde-moi, ô Dieu ! car je me réfugie en toi ». Cela est d’une immense importance. Christ, comme Dieu, aurait pu prendre soin de Lui-même ; mais n’étant pas venu dans ce but, comment pouvait-Il le faire ? Christ était venu en amour pour souffrir, pour obéir, pour sauver ainsi par grâce, mais pour glorifier Dieu. Moralement parlant, cette position prise, Il ne pouvait la quitter. Si l’on parle de Sa puissance, nul doute que Christ aurait pu se délivrer Lui-même ; et quant à Sa position de Fils de Dieu, s’Il avait demandé douze légions d’anges, Il les aurait eues. Mais alors, c’est Lui qui l’affirme, Christ n’aurait point rempli les conseils révélés de Dieu.

Cette obéissance et cette dépendance étaient volontaires mais parfaites, la seule chose convenable dans la position qu’Il avait prise. — Sa foi était parfaite. C’est Lui qui, par Son exemple, a enseigné et accompli la vraie foi, l’abandon de soi, la dépendance, la confiance ; ajoutons que la Parole de Dieu seule gouvernait tous Ses actes ; Il la suivait exclusivement. Cette Parole était aussi Son arme, comme Il l’a prouvé en présence de Satan dans le désert. Christ étant la parole et la vérité en personne, tout ce qu’Il disait exprimait ce qu’Il était (Jean 8, 25) ; mais il n’en est pas moins vrai que Christ obéissait, comme homme, à l’autorité des Écritures et se laissait conduire par elles ; c’est ainsi qu’Il dit : « Garde-moi, ô Dieu, car je me réfugie en toi ».

Un second principe renfermé en partie dans ce qui précède, c’est l’entière soumission à la volonté de Dieu (dans ce psaume, il s’agit de Jéhovah, Dieu révélé aux Juifs ; pour nous, il s’agit du Père et du Fils, d’un seul Dieu, le Père, et d’un seul Seigneur, Jésus Christ) : « Tu as dit à Jéhovah : Tu es mon Seigneur ». Remarquez ces mots : Tu as dit, c’est Christ qui l’a dit ; Christ était bien Jéhovah, mais dans Sa marche ici-bas, Il n’a point pris cette place. Quoique Dieu, et n’estimant pas que ce fût une usurpation d’être égal à Dieu, Il avait pris la forme d’un serviteur et avait l’apparence d’un homme. Prise volontairement, gardée parfaitement dans la mort et à travers la mort, Sa place fut dans l’humiliation. Cet acte volontaire était divin et prouvait Son titre divin ; les créatures n’ont pas de place à prendre, mais à garder, quoique lorsqu’elles n’étaient pas gardées par Dieu, elles n’aient jamais agi de la sorte. La place qui a été donnée à Christ comme homme, mais qu’Il a méritée, est la gloire (Jean 17) ; Il s’abaisse Lui-même et est élevé au-dessus des cieux. Il avait dit à Jéhovah : « Tu es mon Seigneur », ce qui signifie : Je suis ton serviteur. Sans cesser d’être Dieu, Il avait pris en dehors de Dieu une place dont Il ne pouvait remplir les conditions qu’en étant Dieu ; dans cette place, Il devait satisfaire Dieu comme homme, glorifier Dieu en un monde pécheur et apostat, ayant ce monde, la puissance de Satan, en dernier lieu même la colère de Dieu contre Lui, afin d’accomplir la gloire de Dieu en justice. C’est ainsi qu’Il dit : « Ma bonté ne va pas jusqu’à toi » — aussi haut que toi. Christ devait remplir la place de l’homme dans la condition dans laquelle la gloire de Dieu s’y trouvait intéressée. Homme parfait, quand Il se trouvait dans ce caractère, Il était seul dans Sa perfection : personne pour Le secourir ou même pour compatir avec Lui. Sa confiance devait être en Dieu dans la vie et à travers la mort, que dis-je ? même sous le poids de la colère divine ; mais c’était là le sentier de la vie que Dieu Lui avait fait connaître (v. 11). De plus, il existait sur la terre des objets de la grâce divine auxquels Christ s’était associé. Il n’en parle pas ici comme ayant été choisis par Lui (c’est le cas dans l’évangile de Jean lorsqu’Il dit à Ses disciples : « ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis », quoique là aussi pour un service), ni comme étant choisis par la grâce de Dieu, mais comme agréables à Dieu dans leur marche, manifestés moralement comme les saints, les excellents de la terre qui suivent le sentier où Il doit entrer Lui-même. Cela est plein d’intérêt ; il s’agit encore ici de la place morale de Christ homme, trouvant Son bonheur dans ce qui plaît à Dieu, comme il convenait à un être parfait ; Moïse, type de Christ, est présenté de la même manière en Hébreux 11, 24-26. Christ prend ici Sa place parmi les saints, ceux qui étaient réellement mis à part pour Dieu. Il la prit de fait dans l’humiliation et l’obéissance lorsqu’Il alla se faire baptiser du baptême de Jean avec ceux que l’Esprit de Dieu poussait à s’humilier de leurs péchés. Dans le premier acte de la vie divine, l’acte de donner son cœur à Dieu en confessant ses péchés, Celui qui ne connaissait pas de péché se joignit à ceux qui se déclaraient pécheurs ; car cet aveu de leur part, effet de la vie divine, les consacrait à Dieu, et ils étaient véritablement les saints de la terre. Quelle douceur, quelle consolation dans le désert d’y voir Christ nous précédant, victorieux de toutes les tentations qui s’y rencontrent, comme on le voit aussitôt après son baptême, liant l’homme fort au moyen de la vie qu’Il possédait et qui était victorieuse sur toute la puissance de l’ennemi ! Évidemment, quoique toutes ces choses procédassent de la vie divine, fruit de la grâce, il ne s’agissait point là de Dieu se manifestant soi-même, d’une bonté qui allât dans son caractère propre jusqu’à Dieu, puisque Christ s’associait à ceux qui confessaient le péché. Ajoutons que Dieu comme tel ne pouvait pas subir la mort, quoique seul l’amour parfait, seul un être qui fût Dieu, ait pu mourir comme Christ mourut, ait pu se livrer soi-même et ainsi donner à Son Père un motif de l’aimer pour Son propre mérite. Christ, homme, agissait à la place de l’homme, devant Dieu, comme les hommes auraient dû le faire ; mais pour agir ainsi parfaitement et volontairement dans Son amour pour le Père, Il devait être Lui-même divin. Qu’une personne divine ait agi de cette manière est d’une valeur au-delà de toute expression. Voilà, outre beaucoup d’autres choses, ce que le Sauveur a fait pour nous, Lui homme à notre place en perfection, les délices de Dieu, et suivant ce que cette place devait être au milieu d’un monde pécheur, en quoi précisément Il glorifiait Dieu. Il est très important pour l’instruction et l’assurance de nos âmes de voir ainsi Christ objet des délices de Dieu. Ce sentier de Christ, ni le regard de l’aigle, ni aucune pensée de l’homme ne l’aurait découvert, si Lui, l’homme parfait, n’y avait marché. Ce sentier de la vie, nous l’avons en un être vivant qui doit être l’objet de notre amour. Assurément, la Parole écrite nous fournit en détail les éléments de cette vie, mais en même temps, quelque nombreux que soient les préceptes bénis qui dirigent notre marche, elle nous fait connaître cette vie par celle de Christ Lui-même, en sorte que nous la comprenons selon que nous sommes spirituellement capables de saisir le motif et la nature de la vie de Christ présentée dans les évangiles ou d’autres portions de l’Écriture. Même un de ces préceptes nous avertit de marcher d’une manière digne du Seigneur afin de Lui plaire en toutes choses ; or pour cela, il faut évidemment avoir une pleine connaissance de ce qu’Il est.

Telle que je l’ai décrite, la vie divine, parfaite en soi, mais connaissant le bien et le mal, démontrée au milieu du péché et « en nous renouvelés dans la connaissance selon l’image de Celui qui nous a créés », se manifeste par la séparation complète d’avec le mal et surtout en confessant Jéhovah comme mobile et source de la vie. Lui seul est Dieu, tout autre est absolument rejeté (v. 4). La fidélité envers Jéhovah caractérise la vie de Christ sur la terre ; la fidélité envers Christ caractérise la nôtre ; Christ est tout et en tous. Jéhovah est non seulement le Seigneur auquel Il obéit, mais aussi la portion de Son héritage. Christ n’a pas cherché autre chose ; plus encore que les sacrificateurs d’autrefois, car Son cœur et Ses affections étaient engagés, Christ possédait en Jéhovah Son héritage et la portion de Son breuvage, la coupe qu’Il devait boire ici-bas, c’est-à-dire, Sa joie dans l’espérance, Sa provision pour la route. Voici, je le suppose, la différence entre l’héritage et la coupe : l’héritage est la part définitive et permanente de l’âme, tandis que la coupe représente ce qui préoccupe ou doit préoccuper les sentiments et l’esprit de l’homme le long du chemin. Les méchants auront à boire la coupe de la colère ; le Seigneur but cette coupe sur la croix. Ma coupe déborde — la bénédiction dont elle est pleine en dépasse la mesure ; nous disons de même : C’est une coupe amère. Il s’agit non seulement des circonstances de la vie, à moins que nos âmes ne se laissent influencer par elles, mais surtout aussi du sentiment qui nous domine dans ces circonstances. Au psaume 23 par exemple, les circonstances sont toutes affligeantes, mais l’Éternel étant le berger, la coupe est comble de joie et de bénédiction. Ainsi pour Christ ; Jéhovah est Sa portion permanente et, en même temps, durant Sa marche ici-bas, le repos de Son cœur ; Jéhovah domine Ses sentiments bien plus que toute l’affliction qu’Il endure, excepté celle de la croix. Ma viande, dit-Il, est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé et d’accomplir Son œuvre. Jamais l’homme n’a pu entrer dans les pensées de Christ, pas même Ses disciples. Une seule, qui jadis se tint à Ses pieds, a été mue dans son affection pour Lui par un sentiment auquel Christ a donné une voix, mais de manière à faire ressortir le mal profond qui dominait chez les autres.

C’est qu’Il avait à se nourrir d’une viande qu’ils ne connaissaient pas. Jéhovah, la portion de Son breuvage, Lui importait bien plus que les circonstances de la vie auxquelles, en homme, Il était sensible et qui auraient pu L’oppresser, sauf sur la croix, ou même là plus que jamais, car c’était la colère de Jéhovah Lui-même qui s’appesantissait sur Son âme dans la coupe qu’Il but alors. Dans tout le reste, Jéhovah était si véritablement l’objet et le soutien de Sa vie à travers toutes choses qu’Il pouvait seulement désirer que Ses disciples fussent remplis de la même joie que Lui. Cette joie de Christ venait de Dieu seul, voilà Sa perfection. Le monde, pour Lui, n’était qu’un désert aride et sans eau, mais la faveur de Jéhovah valait mieux que la vie ; Jéhovah était Sa vie en pratique au milieu d’un monde où Il était sensible à tout, mais avec Jéhovah réalisé, entre Lui et toutes les choses de ce monde : Jéhovah et Sa faveur, la vie de Son âme. Tel le chrétien quoique peut-être isolé ou persécuté : « Réjouissez-vous dans le Seigneur, je dis : réjouissez-vous ». L’homme naturel a les circonstances de la vie entre lui et Dieu ; la foi a Dieu entre le cœur et les circonstances de la vie. Quelle différence ! Il n’y a point de paix semblable à celle que procure le refuge dans le tabernacle, loin des insultes des hommes. Mais pour traverser ainsi le monde, il faut avoir la vie divine. Il faut Jéhovah pour héritage (pour nous, c’est le Père et le Fils, Jéhovah plus précieux encore par la connaissance du Fils), Jéhovah pour la joie et pour la force de l’âme pendant cette vie (comp. psaumes 64 et 23) ; il faut aussi croire que Jéhovah assure notre héritage ; alors nous n’avons confiance ni en nous-mêmes, ni dans les circonstances favorables, ni en « une montagne à laquelle Jéhovah a donné une force stable », mais uniquement en Lui. Prends tes délices en Jéhovah, Il t’accordera les désirs de ton cœur. La foi s’appuie sur Jéhovah, sur l’amour du Père et de Jésus. Nous n’avons que faire des circonstances, sauf pour les traverser avec Dieu ; ce ne sont pas elles qui nous procureront jamais un bonheur et une paix infaillibles. Christ a réalisé cette vie divine en tous ses détails et d’une manière parfaite ; l’apôtre Paul en est un exemple admirable. Voilà, en principe, le sentier de chaque chrétien ; et une fois ou l’autre, Dieu l’exerce à y marcher. La vie de la foi se résume en ces mots : « Dieu, la portion de mon héritage et de mon breuvage, c’est Lui qui assure mon lot ». Pour nous chrétiens, cette vérité devient plus précieuse par la connaissance du Père et du Fils ; mais le principe reste le même ; c’est la vie de Christ ; on en jouit en contraste avec ce monde et à l’exclusion de toutes les choses qui pourraient devenir l’objet de la confiance ou la portion du cœur. Ce principe, exprimé dans le psaume 16 au point de vue juif, est essentiellement vrai en tous temps.

Je désire faire remarquer un trait caractéristique du psaume 16 et qui ressort surtout de la comparaison avec le psaume suivant : les circonstances extérieures, quoique ici sous-entendues, ne sont pas mentionnées une seule fois ; c’est une vie divine avec Dieu, qui ne connaît que Lui et ne voit que Lui seul ; la mort, le tombeau, le hadès existent sûrement, mais il n’en est parlé que comme occasion de mettre au jour la puissance et la fidélité de Jéhovah. Ce psaume nous dépeint l’homme vivant dans ce monde par Jéhovah, avec Jéhovah, en vue de Lui et jouissant de Lui pour toujours en dépit de la mort. Les circonstances ne sont que des circonstances, elles ne sont point le sujet du psaume ; quant à la vie divine, elle ne passe jamais, « parce que nous ne regardons pas, dit l’apôtre, les choses qui se voient, mais celles qu’on ne voit pas, car les choses qui se voient sont temporelles, mais celles qu’on ne voit pas sont éternelles » ; telle est l’expression chrétienne de cette vérité. La première partie de la phrase, que je ne cite pas, parle du résultat de cette vérité quant aux circonstances ; on la comparera mieux avec le psaume suivant. L’apôtre exprime admirablement la vie elle-même en un seul mot : « Car pour moi, vivre, c’est Christ » ; il va sans dire que mourir était un gain. Il est important de se rappeler qu’il y a une vie divine intérieure qui habite et se réjouit en Dieu, n’ayant pas affaire aux circonstances quoique capable de les traverser, mais favorisée en nous par les circonstances parce qu’elles détruisent la chair et la propre volonté, et qu’ainsi nous vivons plus complètement de la vie intérieure avec Dieu. La conséquence en est pour l’âme un sentiment profond de bénédiction : « Les cordeaux me sont échus en des lieux agréables ». Christ n’aurait pas pu dire cela de cette manière s’Il avait été roi ici-bas ; nous ne pourrions pas le dire non plus, même dans le paradis terrestre ou ayant le monde entier à notre disposition.

Cette relation vivante avec Dieu jette une telle clarté sur toutes choses, elle fait luire dans l’âme un sentiment si vif de la bénédiction divine, que rien n’en approche, sauf l’entière réalisation de cette bénédiction en la présence de Dieu. Un homme avec Dieu, jouissant de Lui dans une nature capable de cette jouissance et sachant où elle sera pleinement réalisée ; un homme tel que Christ a été dans ce monde avec Dieu, voilà la joie la plus parfaite qui puisse exister, sauf l’accomplissement éternel de tout ce qu’elle a fait connaître et goûter à l’âme. Il ne s’agit point ici de la part du Messie, mais de cette joie touchant laquelle Christ disait : « afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux ». Il va sans dire qu’Il héritera toutes choses, mais je ne pense pas qu’il s’agisse de cela en cet endroit ; ce n’était point là la joie qui Lui était proposée, pour laquelle Il souffrit sur la croix et endura la moquerie. Il y a « un héritage incorruptible, impérissable, réservé dans les cieux pour nous », on en a la conscience lorsqu’on se réjouit en Dieu. La vie trouve là ses délices ; en la présence de Dieu, il y a rassasiement de joie.

Les cordeaux échus en des lieux agréables représentent, ce me semble, la joie de Christ homme, en Dieu et dans ce qui est en la face de Dieu [comp. Col. 3, 1-3]. Ce qui suit est l’expression de cette vie envers Dieu : « Je louerai l’Éternel que j’ai pour mon conseil ». Dans la vie divine, nous avons besoin de conseil, d’instruction positive quant à la sagesse (sagesse qui soit une direction divine dans la confusion du mal au milieu de ce monde) pour être sages quant au bien, « non point comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages ; rachetant l’occasion, non point comme étant sans intelligence, mais comprenant la volonté du Seigneur » (Éph. 5, 15, 17). Jéhovah conseille ; de sorte que si quelqu’un manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à chacun libéralement et sans reproche. Voilà l’immense avantage d’être conduit directement par Dieu. Dieu est intéressé à conduire le juste dans le vrai sentier qui Lui convient à Lui-même à travers le désert où il n’y a point de route. L’innocence jouissant des bénédictions de Dieu n’avait pas besoin de route. En un monde séparé de Dieu, quel chemin trouver ? Retourner en arrière ? Impossible ; aucun pécheur n’est jamais revenu à l’innocence ; le chemin de la vie est fermé de ce côté. Comment donc une route à travers un monde sans Dieu ? C’est Dieu qui peut en frayer une en donnant une vie nouvelle et à cette vie un objet nouveau, Lui-même connu dans le ciel, en faisant une nouvelle création, en nous créant de nouveau. Or, Christ est une vie nouvelle ; en accord avec cette vie et comme homme dépendant de Dieu, Il traverse le monde et arrive à une nouvelle place donnée à l’homme. C’est Dieu qui a préparé le chemin pour l’homme revêtu de cette vie, Il l’a préparé pour Christ qui était la vie et par conséquent la lumière des hommes. Avec ce chemin, Dieu a aussi préparé les œuvres qui y conviennent, « les bonnes œuvres qu’Il a préparées d’avance afin que nous marchions en elles ». Cette dernière pensée dépasse un peu, il est vrai, la portée du psaume 16 ; il contient cependant l’idée de l’activité de la nature divine en l’homme et ne se borne nullement à la marche sainte de l’homme vivant de la vie nouvelle, devant Dieu, chose, en son lieu, aussi importante que l’autre. Moïse ne dit pas : « Montre-moi un chemin à travers le désert », mais : « ton chemin, afin que je te connaisse et que je trouve grâce devant tes yeux ». Ce que Moïse cherchait, Jéhovah le donne, c’est le conseil et les directions de Son amour. Voilà la marche de Christ, voilà comme Il conduit Ses brebis, allant devant elles ; et maintenant, nous sommes conduits par l’Esprit de Dieu, étant nous-mêmes fils de Dieu. C’est là le sentier divin de la sagesse, que l’œil de l’aigle n’a point découvert, le sentier de l’homme, mais de l’homme possédant la vie de Dieu, se dirigeant vers Dieu, vers l’héritage incorruptible, par un chemin de sainteté, le sentier de Dieu à travers ce monde. Mais Dieu donne Son conseil dans ce chemin, et pour cela il faut être dépendant de Dieu comme Christ l’était. « Tu me conduiras par ton conseil », dit le résidu juif, et nous lisons au psaume 32 : « Je te conduirai de mon regard ». Je le répète, Jéhovah est intéressé à conduire l’homme de Dieu et notre âme L’en bénit ; c’est dans ce sentier que Christ marcha. Pour nous, la Parole écrite est le moyen principal d’y marcher ; toutefois, il y a aussi l’action directe de Dieu en nous par Son Esprit ; mais il y a de plus l’intelligence divine : « Mes reins m’exhortent durant la nuit ». La vie divine est une vie intelligente ; je ne sépare point cela de la grâce divine en nous, cependant c’est autre chose qu’un conseil donné par Dieu ; nous pouvons être remplis de la connaissance de Sa volonté en toute sagesse et intelligence spirituelle (Col. 1, 9-10). « Quoi donc, de vous-mêmes, disait Jésus aux pharisiens, ne jugez-vous pas ce qui est juste ? ». Ainsi, dégagés des influences extérieures, les pensées secrètes et les mouvements intimes du cœur enseignent ce qui est conforme au sentier de Dieu dans ce monde. Un homme doué d’intelligence discerne toutes choses. Il s’agit de l’opération intérieure de la vie (en nous, c’est par la grâce), touchant les choses divines et se manifestant par la connaissance du sentier divin, de ce qui est agréable à Dieu. En Christ, cela existait d’une manière parfaite ; en nous, cela existe selon la mesure de notre spiritualité ; or, voici à quoi le chrétien doit être particulièrement attentif, c’est de ne point négliger ce qu’une vie divinement instruite lui suggère et lui fait conclure lorsqu’elle est dégagée de l’influence des circonstances extérieures. Cela peut paraître insensé, mais si l’on agit ainsi dans une humble dépendance de Dieu, il sera démontré, en fin de compte, que c’était Sa sagesse. Du reste, l’intelligence divine se distinguera toujours d’une imagination exaltée.

D’abord, l’état de l’âme duquel je parle est tout l’opposé d’une imagination exaltée, la prétention d’être guidé d’une manière spéciale ne s’accordant jamais avec l’humilité ; puis le contrôle que la Parole de Dieu exerce sur la vie divine est là pour juger toute fausse prétention. La vie divine est absolument assujettie et soumise à la Parole. Christ qui était cette vie, même la Parole et la sagesse, et précisément parce qu’Il l’était, a toujours honoré la Parole écrite comme étant les directions et l’autorité de Dieu pour l’homme. Cependant, l’exercice de la vie divine ne se résume pas tout entier dans l’acte d’être dirigé par Dieu ; elle ne regarde absolument qu’à Lui : « Je me suis toujours proposé Jéhovah devant moi », dit Christ comme homme ici-bas, aussi ne détournait-Il jamais Son œil de dessus Dieu. Nos cœurs doivent l’avouer, pour eux, c’est souvent le contraire. Quelle séparation de tout ce qui est mal, quelle jouissance morale au milieu du monde, si nous étions ainsi constamment ! Rien de comparable ici-bas à la dignité d’un homme qui marche continuellement avec ; Dieu et l’humilité empêcheront toute espèce de chute ; l’orgueil et l’égoïsme sont impossibles en la présence et dans la jouissance de Dieu ; aucune recherche de soi-même ; mais quel renoncement et quelle lucidité, quelle activité sérieuse et pleine de joie, quand le Seigneur est l’unique objet vers lequel nous tendons ! Je dis : le Seigneur, parce que rien comme Lui ne peut à la fois dominer et sanctifier le cœur ; tout cède lorsqu’il s’agit de Lui obéir ; quand le devoir et le but du cœur sont une seule et même chose, Il remplit à Lui seul tout le cœur de lumière. Voilà ce que Jacques appelle « la loi parfaite de la liberté », parfaite obéissance, et néanmoins parfait propos arrêté du cœur, comme dit Jésus : « afin que le monde connaisse que j’aime le Père, et comme le Père m’a ordonné de faire, ainsi je fais ». Nous disons comme chrétiens : Christ est tout, et celui qui L’aime garde Ses commandements. De même, Jésus se proposait toujours Jéhovah devant Lui. C’est là la perfection de l’homme comme tel ; l’assiduité et la pureté avec lesquelles nous agissons ainsi, sont la mesure vraie de notre spiritualité. Mais si Jésus s’est constamment proposé Jéhovah devant soi, assurément Jéhovah ne pouvait Lui faire défaut, et Il ne nous fera pas défaut non plus. Ayant marché de cette manière, Christ maintient les saints dans le même sentier que Lui. « Je me suis toujours proposé Jéhovah devant ma face ; Il est à ma droite, de sorte que je ne serai point ébranlé ». C’est la foi qui dit cela. Dieu peut permettre que nous souffrions pour la justice comme Christ, que nous soyons mis à mort comme Christ, mais Il ne peut laisser tomber un seul cheveu de notre tête, Il ne peut manquer de nous introduire dans la vie suivant le sentier dans lequel nous marchons. Il est ici question de la confiance en Jéhovah Lui-même, de la foi, non point de la justice en Jéhovah, sujet du psaume suivant. En marchant dans le sentier de l’homme suivant la volonté de Dieu et en ayant Dieu seul devant elle comme but sanctifiant de la vie, la foi sait que Dieu est à sa droite. Jéhovah délivrera, n’importe de quelle manière : ce sera la délivrance de Jéhovah. Quelle force cela donne en traversant un monde où tout nous est hostile et quelle puissance de sanctification ! Il n’y a pas d’autre motif que Jéhovah, pas d’autre ressource que Lui ; hors de Lui, aucune chose qui puisse répondre aux désirs du cœur, et en laquelle il veuille chercher son assurance. Aussi quoiqu’il arrivât, Christ attendait patiemment Jéhovah sans chercher d’autre délivrance ; nous devons agir de même, et voilà précisément ce qui rend notre marche parfaite : nous ne dévions ni d’un côté ni de l’autre pour éviter les endroits difficiles du sentier. Cette pensée se trouve aussi dans ce psaume : la mort était devant Christ. Comme Abraham appelé à sacrifier son fils dans lequel les promesses devaient s’accomplir, Christ, vivant sur la terre, devait renoncer à toutes les promesses qui Lui appartenaient à juste titre, et avec elles, Il devait renoncer à la vie. Son affliction à cet égard, car Il ressentait toutes choses d’une manière parfaite, est décrite dans le psaume 102 ; mais comme Abraham qui se confia en Jéhovah et, d’une manière figurée, recouvra Isaac d’entre les morts, Christ aussi, le conducteur et le consommateur de la foi, se confie parfaitement en Jéhovah, en vue de Sa propre mort (v. 8, 9, 10). Il se proposait constamment Jéhovah devant Lui, Jéhovah était à Sa droite, c’est pourquoi Son cœur se réjouissait et Sa gloire tressaillait de joie ; Sa chair reposait en assurance, car Jéhovah dans lequel Il se confiait, n’abandonnerait pas Son âme dans le hadès et ne permettrait pas que son Saint vît la corruption. « Ton saint » n’a pas ici le même sens que « les saints de la terre » ; les saints sont ceux qui sont mis à part, consacrés à Dieu ; « Ton saint » est celui qui marche pieusement, qui est agréable à Dieu, c’est Christ connu comme étant ainsi ; le même nom Lui est donné au psaume 89, 19 : « de ton saint ». Remarquons qu’il est dit : Ton saint, celui qui appartient moralement à Dieu par la perfection de Son caractère. Les chrétiens sont tels, mais pleins d’imperfections ; ils sont saints, mis à part pour Dieu, mais ils sont aussi les « élus de Dieu, saints et bien aimés », et doivent marcher comme tels, revêtant le caractère de grâce selon lequel Christ marcha ici-bas.

La première partie de Colossiens 3 montre cette vie pleinement déployée en nous ; Éphésiens 1, 4 en montre le résultat parfait. Cette confiance de l’âme pieuse en la fidélité de Jéhovah, le raisonnement de la foi qu’il ne peut en être autrement et la conscience d’être les délices de Dieu, tout cela est fort beau dans ce psaume. Il n’est pas dit : « Tu me feras ressusciter » ; mais il est impossible pour Celui en qui habite la puissance de la vie, que Jéhovah laisse dans le hadès, loin de Lui dans la mort, l’âme qui possède cette vie, et qu’Il abandonne à la corruption l’objet de Ses délices. Cette confiance et cette conclusion morales sont de toute beauté. « Il était impossible, dit Pierre, qu’il fût retenu par elle » ; cela peut se rapporter à la personne de Christ, mais sa puissance ne saurait être séparée de cette grâce[2]. La même confiance découlant de la vie en Lui se manifeste en ce qu’Il est sûr que Jéhovah Lui indiquera le sentier de la vie. C’est ici la perfection de la foi par rapport à la vie, mais cette foi est en Jéhovah. « Tu me feras connaître le sentier de la vie », peut-être à travers la mort, car si Christ devait être parfait devant Dieu, c’est là que conduisait ce sentier, mais non point pour y rester, sans quoi ce sentier n’eût pas été celui de la vie. Jéhovah ne pouvait pas Lui en indiquer d’autre. L’homme, en dépit des avertissements, avait pris le sentier de la mort, le sentier de sa propre volonté et de sa désobéissance ; mais Christ est survenu, l’homme obéissant. Il n’y avait pas de sentier pour l’homme dans le paradis, pas de sentier naturel de vie dans le désert du péché. L’homme n’avait pas la vie en lui-même ; quel sentier de la vie nouvelle et divine en l’homme pouvait-il donc y avoir pour l’homme, dans un monde de péché au milieu d’hommes déjà séparés de Dieu ? La loi, il est vrai, en avait indiqué un, mais ce sentier-là n’avait servi qu’à manifester l’état pécheur de la nature humaine ; il fit connaître le péché et l’intensité du péché. Christ qui avait la vie, aurait, sans aucun doute, pu garder ce sentier, même Il le garda parce qu’en Lui il n’y avait pas de péché ; toutefois, de cette manière, comment s’associer à nous qui sommes pécheurs ? Mais dans un sentier de foi, Il pouvait s’associer à ceux qui étaient vivifiés par la Parole, confessant leurs péchés, non point observateurs de la loi, jugeant le mal, séparés des pécheurs par la grâce qui les vivifiait et suivant non pas le sentier du monde, mais le sentier de la foi à travers le monde vers l’accomplissement définitif de la vie divine, qui n’était pas sur la terre et ne pouvait être atteint qu’en passant par la mort de la chair. Christ n’avait en soi rien à juger, rien à confesser, rien à quoi ou pour quoi Il eût dû mourir ; mais Il pouvait marcher dans le sentier saint de la foi à travers le monde, sentier dans lequel les hommes eux-mêmes, vivifiés par la grâce, devaient marcher ; mais pour eux, ce sentier saint conduisait nécessairement à travers la mort, car il existait une vie de péché. Christ aurait pu s’isoler, appeler à Son aide douze légions d’anges et monter au ciel ; mais, je le dis avec révérence, quoiqu’une telle conduite eût été juste en ce qui Le concerne, devenir homme pour agir ainsi n’aurait pas eu de sens. Non seulement Christ meurt pour nous (la vie, non pas l’expiation, est le sujet de ce psaume), mais s’étant proposé de nous accompagner, même de nous précéder, Il parcourt ce sentier à travers la mort, afin d’en détruire pour nous le pouvoir. Comme Il avait vaincu auparavant la puissance de Satan dans ce monde, de même Il la détruisit dans la mort, mais dans les deux cas, ce sentier, Il le parcourt seul ; les disciples ne pouvaient pas Le suivre aussi loin, avant qu’Il eût anéanti la puissance de Satan : « Tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras ci-après » ; ni la force de volonté, ni l’affection n’étaient suffisantes. Mais une fois mort au péché et fortifié par la force de Christ, Pierre, comme Christ, put se laisser lier et emporter par un autre là où la nature refusait d’aller. À partir du baptême de Jean, Christ se joignit à ces « saints de la terre », marcha dans le sentier de la vie, parfaitement séparé du péché, attaché à Dieu seul, faisant Sa volonté, et fut l’exemple de ce sentier de la vie en un homme ; puis étant mort au péché, Christ vit pour Dieu là où cette vie a son plein couronnement, là où le mal n’existe plus. Christ agit ainsi par la foi tout le temps de Son séjour terrestre, mais comme homme en un monde séparé de Dieu et prenant la Parole pour Son guide, vivant de chaque parole issue de la bouche de Dieu, comme aussi nous devons le faire. La résurrection a démontré la perfection d’une vie constamment en accord avec l’Esprit de sainteté. Mais maintenant, Christ vit de cette vie là où elle a sa place propre, et c’est cela qu’Il anticipe, quoique à travers la mort, dans une vie qui n’a jamais discontinué : « En ta présence il y a rassasiement de joie ». Cette présence, sans cesse l’objet de Ses délices, est maintenant Sa joie parfaite : « À ta droite (la puissance divine L’a introduit dans cette place de pouvoir et de bon plaisir, témoignant ainsi qu’Il était parfaitement agréable à Dieu) il y a des plaisirs pour toujours ».

Voilà la vie telle qu’elle est avec Dieu, la vie manifestée comme un homme dans ce monde, s’associant aux saints de la terre et marchant dans le même sentier qu’eux (ce n’est pas Christ les unissant à soi), la vie devant Dieu et regardant toujours à Lui, une vie que ni l’homme innocent, quoique sans péché, ni l’homme pécheur ne pouvaient connaître, une vie dont, en réalité, on ne devait pas vivre dans le paradis et dont on ne pouvait pas vivre comme appartenant au monde, mais une vie pour Dieu à travers le monde, se proposant toujours Jéhovah devant soi. Telle est la vie que nous devons vivre. « Je suis crucifié avec Christ ; toutefois je vis, mais non pas moi, mais Christ vit en moi ; et ce que je vis étant dans la chair, je le vis par la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi ». Christ, ce psaume le montre, vécut de la vie de la foi et ne vécut jamais que de foi ; et ce fut là Sa perfection dans ce monde : il n’y en a pas d’autre pour l’homme. C’est une vie qui n’a pour objet que Dieu Lui-même, qui n’a, chose merveilleuse, pas un seul objet dans ce monde ; car autrement ce n’est pas la foi, mais la vue ou la jouissance de la chair. L’homme innocent n’avait pas de désir, il jouissait paisiblement de la bonté de Dieu ; l’homme séparé de Dieu a beaucoup de désirs, mais tous ils détournent son cœur de Dieu et aboutissent à la mort. Moralement séparé de Dieu, il peut trouver la famine dans le pays sans que Dieu soit l’objet de son cœur. Mais la vie nouvelle qui descend d’auprès du Père, regarde avec désir vers sa source et devient en l’homme cette nature qui tend vers Dieu, qui a le Fils de Dieu pour objet, comme le dit Paul : « afin que je gagne Christ ». La vie nouvelle n’a aucune part dans ce monde, et comme vie en l’homme, elle regarde à Dieu, s’appuie sur Dieu, sans chercher d’autre soutien, obéit à Dieu et ne peut vivre que de foi. Mais c’est une vie d’homme, elle ne va pas jusqu’à Dieu. Dieu comme tel, est saint, juste, Il est amour, mais ne peut évidemment vivre de foi, Lui qui en est l’objet. Cette vie n’est pas non plus précisément la vie des anges, quoiqu’ils soient saints, obéissants et pleins d’amour ; c’est la vie de l’homme vivant entièrement pour Dieu et en vue de Dieu dans un monde qui s’est détourné de Lui, vivant ainsi par la foi ; car il ne s’agit pas ici seulement d’un service ; les anges sont des serviteurs quoique ne vivant pas moralement de cette vie, puisque la vie est descendue du ciel : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde », dit Christ. Toutefois, quant à notre place d’hommes, nous sommes du monde, par conséquent nous devons vivre de manière à ne pas en être moralement, à ce que l’objet de notre vie soit entièrement en dehors du monde, mais vivant pour Dieu, sans quoi ce serait de l’idolâtrie. Ainsi, tandis que cette vie est une vie d’homme et rien de plus, cependant elle doit être absolument pour Dieu selon la nature de Dieu ; ce en quoi elle vit, elle le vit à Dieu. Le Père vivant avait envoyé Christ, et Christ vécut (δια τον Πατερα) à cause du Père ; ainsi Il dit : « Celui qui me mangera, celui-là vivra à cause de moi ». Dieu, comme motif, est la mesure de perfection, par conséquent aussi comme jouissance, et le cœur se moule entièrement sur Lui. Cette vie de l’homme, Christ la commença et l’acheva tout entière. C’est hors de cette vie que Satan cherchait à Le faire sortir dans le désert, pour avoir une volonté à Lui, changer les pierres en pain, cesser de se confier en Dieu, éprouver si Dieu accomplirait ou non Sa promesse, et enfin pour se proposer un objet de désir : les royaumes du monde. Cette dernière chose aurait détruit la nature même de la vie de Christ, et Satan pleinement découvert est aussitôt chassé. Christ ne voulait pas quitter Sa place d’homme dans la dépendance, l’obéissance et la confiance illimitée en Jéhovah. Son sentier ici-bas était avec les excellents de la terre, parfait dans la vie qui était descendue du ciel, mais dont il fallait vivre sur la terre en regardant au ciel. Quels que soient les privilèges de notre union à Christ, il est très important que le chrétien vive dans la crainte de Dieu et dans la foi en Lui, selon la vie de Christ. Il ne s’agit pas de notre responsabilité humaine sans loi ou sous une loi comme fils d’Adam ; c’en est fait de nous sur ce terrain-là, mais de la responsabilité de la vie nouvelle de la foi, étrangère et voyageuse ici-bas, vie descendue du ciel. « Dieu nous a donné la vie éternelle et cette vie est en Son Fils ; celui qui a le Fils a la vie » ; c’est une vie dont l’homme vit en traversant ce monde, mais qui est en dehors du monde quant à son objet, une vie de foi, qui trouve en la présence de Dieu un rassasiement de joie. Une vie d’homme, quoique parfaite pour Dieu et dans sa joie en Lui, ne va pas jusqu’à Dieu. Voilà ce que fut Christ, et bien plus que cela ; voilà aussi ce que nous sommes en tant que chrétiens ; seulement, n’oublions pas que le développement de cette vie en nous n’est pas, comme dans ce psaume, en rapport avec le nom de Jéhovah, mais avec la pleine révélation du Père et du Fils. L’Être béni qui vécut ainsi comme homme sur la terre est maintenant assis comme homme à la droite de Dieu où il y a des plaisirs pour jamais ; Il est avec Celui en la présence duquel il y a rassasiement de joie. Sa chair n’a pas vu la corruption et Son âme n’a pas été abandonnée dans le séjour des morts. Pour la joie qui Lui était proposée, Il a méprisé la honte et enduré la croix, Lui le chef et le consommateur de la foi.

Le psaume 16 nous a montré la vie spirituelle intérieure de Christ, par conséquent aussi la nôtre, aboutissant à la joie ineffable de la présence de Dieu. Le psaume 17 considère cette vie au point de vue pratique ici-bas et en rapport avec les difficultés qu’elle rencontre au milieu des hommes opposés à ce qui est juste. L’âme est toujours encore dans une entière dépendance de Dieu, mais quant à son intégrité vis-à-vis de Lui, et en opposition à l’homme, elle peut faire appel à la justice. Cependant elle ne se venge point elle-même, mais comptant pleinement sur Dieu, elle profite de ses actes de justice. Ne pas se venger soi-même, montrer la patience de la vie nouvelle au milieu du mal, regarder à Dieu et tout Lui remettre — voilà le grand secret de la sagesse pratique. Cela suppose une marche intègre dans le sentier de la vie divine et ainsi la possibilité d’en appeler au jugement nécessaire de Dieu quant à cette marche, par la connaissance de ce qu’Il est et la confiance en Lui ; mais même alors, il s’agit de délivrance, non point de vengeance, pourvu seulement que les plans des iniques soient déjoués. Si nous n’avons pas marché d’une manière intègre, la confiance en Dieu est encore notre vraie place ; Il épargne et restaure en grâce, car Il est abondant en miséricorde. Mais ce point-là, quoique d’autres psaumes s’en occupent, n’est pas le sujet de celui-ci. Ici, la chose dont il est question, c’est la vie intègre à laquelle Dieu a égard et qu’Il défend contre les hommes de ce monde ; car il s’agit de Christ et des chrétiens pour autant qu’ils vivent de la vie de Christ, quoique l’application directe de ce psaume soit, comme toujours, à Christ et au résidu. Jéhovah écoute les justes et prête l’oreille à la prière qui ne part point de lèvres trompeuses. Remarquons que dans ce psaume, la vie de Christ est présentée comme rencontrant, dans le monde, l’opposition et l’hostilité des hommes du monde. Nous avons vu comment cette vie, associée aux saints de la terre, était séparée de la terre, la traversant comme étrangère, quoiqu’en habitant humainement ; mais (preuve d’une entière confiance en Dieu) la foi sait que les hommes de ce monde sont des hommes que Dieu a dans Sa main ; ils servent à éprouver le cœur et, pour ce qui nous concerne, à nous garder étrangers dans ce monde auquel nous risquons sans cesse de nous mêler. Toutefois, Dieu délivre de ces hommes-là. Pour des raisons bénies, Christ ne fut pas délivré, aussi se livrait-Il volontairement. Le cœur a le sentiment de son intégrité et compte par conséquent sur la délivrance ; mais il n’y a aucun esprit de vengeance. C’est l’Esprit de Christ Lui-même, plus élevé par conséquent que l’esprit du résidu, et bien plutôt l’esprit du chrétien. Il y a la conscience de la justice et de l’intégrité, mais une entière dépendance du Seigneur à ce sujet, non pas pour ce qui concerne la justification, il ne s’agit pas de cela ici, mais pour ce qui concerne la délivrance. « Je ne sais rien de moi-même, dit Paul, mais je ne suis pas justifié pour cela » ; « si notre cœur ne nous condamne pas, alors nous avons confiance en Dieu ». Jésus dit : « Le Père ne m’a pas laissé seul, car je fais toujours les choses qui Lui plaisent ». Il y a conscience de justice et confiance en Dieu ; le cœur en appelle à Lui à cause de la justice. Tout cela est juste, c’est une idée juste de Dieu que d’avoir la confiance qu’Il ne saurait être inconséquent avec Lui-même.

Mêler à cette pensée un désir de vengeance, c’est en déchoir. Voici d’autres traits qui caractérisent cette vie consciente de sa justice. Non seulement la marche est droite, mais aussi le cœur est éprouvé, les mouvements secrets du cœur sont seuls avec Dieu. Lorsque les reins instruisent, Dieu sonde, mais Il ne trouve rien. Absolument vrai de Christ, cela est aussi vrai du chrétien quant au propos arrêté de son cœur et pour autant qu’il ne cache rien à Dieu ; cela peut arriver même après une chute, mais alors dans une entière profonde humiliation : « Tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime ». Même chose en Job qui avait la ferme conscience de son intégrité malgré ses fautes. Les errements de la nature humaine devaient être réprimés et jugés, et il ne put le faire qu’après s’être humilié en la présence de Dieu. Dieu rend témoignage à Job qu’il s’était pendant longtemps maintenu intègre sous tous les rapports ; il agissait comme devant Dieu en toute occasion, mais sans se connaître lui-même comme il le fallait. Christ a toujours marché de cette manière, et toutes les épreuves de Son cœur ne trouvèrent jamais autre chose que de l’intégrité devant Dieu ; voilà ce qu’Il se proposait, mais Sa bouche aussi n’a point transgressé. Il était un homme parfait, comme le dit Jacques. Puis à l’égard des actions des hommes, car Il marcha comme un homme dans ce monde, fidèle à la Parole de Dieu, Il s’est gardé des sentiers de l’homme violent. Là, point d’orgueil, mais une entière dépendance de Jéhovah dans le droit sentier : « Maintiens ferme ma marche en tes sentiers, de peur que mes pas ne chancellent ». Telle fut en pratique la vie de Christ dans ce monde ; c’étaient là Sa vie et Sa marche en elles-mêmes.

Dans ce qui suit, à partir du verset 6, cette vie intègre est présentée comme s’attendant à Dieu en face de l’opposition et de l’hostilité qu’elle rencontre de la part des méchants. La bonté et l’amour de Jéhovah sont l’unique appui en présence de l’ennemi ; voilà encore la perfection. Le sentier de Christ était avec Dieu : point de concession pour plaire aux hommes et se délivrer de leurs mains, aucune plainte de ne pas avoir sa portion en ce monde, et Il voit sans envie la prospérité des hommes. La foi mise à l’épreuve reste la foi. Si nous avons confiance en Dieu et qu’Il soit notre portion, nous avons courage pour marcher dans Son sentier et ne pas trouver de satisfaction pour la nature ; mais c’est de la foi. Autrement, on cherchera à accomplir les désirs du cœur naturel, et on risquera de céder, afin d’obtenir ce que la nature demande et que le monde donne — de la balle qui brûle au feu. Mais le cœur de l’homme a besoin de quelque chose : s’il a le Seigneur, cela lui suffit ; en voilà la preuve. Nous trouvons dans ce psaume la perfection quant au cœur et quant au sentier dans ce monde. Le grand secret, c’est d’avoir le cœur rempli de Christ et de marcher ainsi selon la volonté de Dieu. Alors il n’y a plus de place pour les désirs et les actions qui harassent l’âme, et desquels l’égoïsme est toujours le centre, comme Christ est le centre du cœur qui marche dans la foi ; alors l’âme a toujours devant elle le résultat béni de « sa présence dans la justice ». Remarquez ces mots : dans la justice ; ce n’est point ici la joie absolue en Dieu dont parle le psaume 16, mais la justice qui procure la joie en la présence de Dieu à ceux qui ont souffert pour elle et à cause d’elle ici-bas, dans les sentiers de Dieu, au milieu d’un monde hostile, en renonçant à eux-mêmes. « Dieu n’est pas injuste pour oublier »« C’est une chose juste devant Dieu qu’il vous donne du repos avec nous ». Le cœur est satisfait, non pas ici précisément de ce que Dieu est, mais de ce que nous sommes. « Je me réveillerai à ta ressemblance » — « nous Lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’Il est ». Nous sommes prédestinés à être conformes à l’image de Son Fils, afin qu’Il soit le premier-né entre plusieurs frères. Prendre de saintes délices en Dieu, se proposer toujours Dieu devant soi, conduit à des délices parfaites et à une parfaite joie en Lui, lors de leur accomplissement en Sa présence. La fidélité à Dieu intérieure et extérieure, au milieu d’un monde qui nous est hostile et peut-être nous persécute, aboutit à une juste récompense de gloire et à la présence de Dieu en justice. Ces deux choses sont parfaites en Christ, et par Son moyen elles sont la portion des saints. Les versets 7-12 contiennent une application générale à ceux qui sont associés à Christ ; mais, quoique applicable au résidu, ce psaume montre la propre perfection de Christ, et ainsi celle du chrétien. Le psaume 17 s’occupe de la délivrance ici-bas, tandis qu’au 16, il s’agissait de la vie avec Dieu parfaite en sa marche, à travers la mort, vers la plénitude de joie en Lui et dans Sa présence. Ici, au contraire, il est fait appel à une juste délivrance des hommes, et c’est ce qu’il est aussi permis aux chrétiens de désirer quoiqu’ils puissent être honorés du martyre à l’exemple des souffrances en Christ ; « le Seigneur me délivrera de toute œuvre mauvaise et me conservera pour son royaume céleste », dit l’apôtre. Comme marchant dans le sentier de la justice, l’âme peut compter sur Dieu en face de toutes les machinations des hommes iniques. Celui qui marche ainsi, Dieu le délivre par Sa droite. S’il a failli, il peut avoir la confiance d’être restauré. Mais il y a un sentier de justice tracé par Christ ici-bas en un monde de péché ; Il nous a laissé les traces bénies de Ses pas et les témoignages des pensées de Son cœur, afin que nous marchions dans ce sentier et que nous en vivions.

Psaumes 18-24

Le psaume 18 est d’un profond intérêt, car il présente les souffrances de Christ comme centre de toutes les délivrances d’Israël. C’est pour ce peuple qu’Il invoque la faveur de Dieu en puissance. Aussi, pour cette raison même, ai-je peu de chose à dire touchant l’application de ce psaume aux chrétiens. Le principe général et précieux qu’il renferme, c’est l’assurance que Dieu entend le cri de détresse de l’âme qui se confie en Lui. Ici, comme en d’autres cas, Christ nous apparaît en exemple : « Cet affligé a crié, et Jéhovah l’a entendu ». Seulement il ne s’agit pas, comme au psaume 34, de la tendre compassion de Dieu envers l’affligé, mais de l’intérêt que Jéhovah prend à un Christ souffrant qui a marché dans une parfaite obéissance à la loi. Ce psaume est un chant de louange, à cause de l’exaucement, Jéhovah s’étant fait connaître comme un « rocher » et un « libérateur » ; mais, comme je l’ai fait souvent remarquer, ces premiers versets, servant d’introduction, expriment le résultat de ce qui va suivre.

« J’invoquerai Jéhovah » (v. 3), car Il est le Dieu de Son peuple, et c’est Son nom seul qui inspire la confiance. C’est Son nom qui est célébré ; mais le motif de toutes ces louanges, c’est la réponse de Dieu au cri de détresse dirigé vers Lui au milieu des ennemis et dans l’angoisse de la mort. « De son palais, Jéhovah entendit ma voix » ; ainsi le palais de Jéhovah se trouve en rapport avec la terre, avec la délivrance et le triomphe terrestre. Une autre chose encore, et du plus haut intérêt, établit ce rapport ; l’obéissance à la loi, comme objet de Sa vie, est exaucée au jour de la détresse.

L’obéissance parfaite du Messie, ici-bas, et Sa dépendance de Dieu, dans la détresse, furent cause de Sa délivrance et de Son triomphe terrestres. Les deux psaumes précédents anticipent la bénédiction céleste, quoique le dix-septième s’occupe aussi de la confusion qui en résultera pour les ennemis de Christ ; l’espérance proposée est dans le ciel, et la justice n’est pas une justice légale. Le premier de ces deux psaumes montre un cœur qui se repose en Jéhovah ; le second, un cœur juste devant Dieu, dans ce monde, et attendant la justice (17, 15).

Le psaume 18 s’occupe de l’obéissance aux statuts de Jéhovah, du cri de détresse, dans l’angoisse de la mort, puis de la délivrance et du triomphe terrestres, comme résultat de la justice légale de Christ, lorsqu’Il est entouré de Son puissant ennemi et de ceux qui Le haïssent. Remarquons bien qu’il s’agit ici de la puissance des hommes et de la mort, du cri de détresse entendu par Dieu, et non point de la main de Dieu, appesantie sur Christ souffrant pour le péché. La justice légale du Messie et Sa détresse ont pour résultat le triomphe terrestre et la suprématie de David et de sa semence. C’est l’action du gouvernement de Dieu, ayant égard à la justice sur la terre, parfaite en Christ (v. 25, 26). Mais cela, pleinement manifesté lorsque les ennemis de Christ seront foulés à Ses pieds, ne l’est pas encore maintenant, parce que Dieu prépare Ses saints pour une demeure et une joie célestes, et que, pendant toute l’épreuve du premier Adam, Il leur montre, par diverses afflictions, que leur repos n’est pas ici-bas. Néanmoins, ce psaume contient aussi des enseignements précieux pour toute âme. En souffrant à cause de la justice, on peut sûrement compter sur Dieu. De plus, nous voyons ici, d’une manière bien douce, Son intérêt et Sa sympathie, éveillant en nous des affections bénies.

Le Seigneur entend notre cri de détresse ; au fort même de l’angoisse, nous pouvons avoir confiance, et les choses qui sembleraient devoir l’exclure, sont précisément une occasion de la montrer. Ce psaume nous enseigne à invoquer le Seigneur dans l’affliction, quelle qu’en soit la cause, et ainsi, non seulement nous savons que nous serons délivrés, mais nous apprenons aussi à connaître le Seigneur, dans Sa sympathie, Sa tendresse, Son intérêt pour nous. « Je veux t’aimer, ô Jéhovah ma force » ; le cœur s’adresse à Dieu Lui-même ; puis il pense à tout ce que Dieu est pour nous : « Jéhovah, mon rocher et ma forteresse et mon libérateur, mon Dieu, ma roche où je me réfugie, mon bouclier et la corne de mon salut, ma haute retraite ». Le cœur s’élargit, en pensant à ce que Dieu a été pour lui. Tel Il est en vérité. Quoique nos délivrances puissent être différentes de celle qui est racontée dans ce psaume, toutefois nous nous trouvons souvent au milieu de difficultés et d’afflictions ; alors, en criant au Seigneur, la délivrance arrive.

Remarquons, en outre, que les actes du Seigneur envers nous, aussi bien que Son salut éternel, éveillent, en nos cœurs, de saintes affections, de la confiance, de la piété. Nous Le louons, non seulement parce qu’Il nous a sauvés pour toujours, mais encore à cause de la connaissance journalière de Son amour et de Sa tendre compassion. Il ne peut supporter de nous voir souffrir, à moins que cela ne soit nécessaire, et il y a telle épreuve qui suscite de l’amour pour Lui. « Éphraïm ne m’a-t-il pas été un enfant bien-aimé, car toutes les fois que j’ai parlé de lui, je n’ai pas manqué de m’en souvenir ? ». Alors, il est vrai, Dieu se souvenait d’Éphraïm, malgré le châtiment, tandis qu’ici l’épreuve arrive au milieu d’une marche intègre ; mais, au fond, il y a de l’intégrité dans le chrétien, aussi bien qu’en Christ ; par conséquent, il peut crier à Dieu, dans le même cas.

Toutefois, au psaume 18, c’est le cri d’un cœur saint et calme, se confiant en Dieu et abondamment récompensé pour sa fidélité ; le cœur est attiré vers Dieu.

Dans les psaumes 16, 17, 18, nous avons trouvé Christ Lui-même ; il y est parlé de Sa position personnelle, de la joie qui Lui est proposée, dans le ciel, et de Son triomphe final, sur la terre, comme avant souffert quoique légalement juste.

Les trois psaumes suivants nous montrent le résidu pieux contemplant les divers témoignages présentés à la responsabilité de l’homme. Je ferai quelques remarques sur chacun de ces psaumes. Nous avons, en premier lieu (Ps. 19), le témoignage de la création, particulièrement celui des cieux, car la terre, donnée à l’homme, a été corrompue. Remarquons qu’il est parlé ici non pas de Jéhovah, mais de Dieu, de l’espérance en Dieu comme tel. L’homme pieux voit que le témoignage parvient jusqu’au bout de la terre et que les Gentils sont l’objet du témoignage de Dieu. Voilà un point fort important que les Juifs auraient dû comprendre ; Paul qui le comprenait, par le Saint Esprit, leur citait le psaume 19 dans ce but, n’insistant pas sur ce qu’était ce témoignage, mais sur le fait qu’il parvenait jusqu’au bout de la terre. L’homme pieux peut se réjouir de ce témoignage rendu à la gloire de son Dieu ; mais il en voit aussi l’étendue, il en comprend le caractère universel, et il sait que c’est à Dieu que ce témoignage est rendu. Telle sera aussi la pensée du résidu, dans les derniers jours (Ps. 148).

En outre, l’homme pieux connaît, par expérience, l’excellence de la loi divine ; et quoique, pour Israël, cette loi fût celle que Moïse lui avait donnée, nous devons l’entendre ici comme le témoignage de la Parole de Dieu pour la conscience. Je dis « la conscience », parce que la loi n’est pas la révélation des richesses de la grâce, ou de la personne de Christ et des voies de Dieu en Lui, mais qu’elle est le témoignage de la Parole divine, pour l’homme, pour la conscience de l’homme, même dans un sens tout à fait général. Il n’est pas dit, en cet endroit : la loi de Dieu, mais : « la loi de Jéhovah », d’un Dieu connu par une alliance. Sa loi est donnée à Son peuple, à Ses serviteurs ; elle est parfaite ; elle exprime exactement la pensée de Dieu, touchant ce que l’homme devrait être devant Dieu, selon Sa volonté, maintenant que le mal est connu. Mais telle n’est point la pensée de l’homme, même lorsqu’il prend plaisir en la loi de Dieu ; c’est pourquoi l’âme est éclairée par elle. On a la conscience de cela ; car l’âme qui possède la vie, apprécie la loi de Dieu lorsque celle-ci est révélée (quoi qu’elle puisse l’avoir perdue de vue) et est sensible, d’une manière vivante, à la vérité qui en découle. Comme Parole de Dieu, cette loi a une puissance vivante pour celui qui vit ; mais lorsqu’on ne la perd pas de vue, elle éclaire et dirige. Elle est pure et donne aux yeux la lumière ; elle nous fait voir clair, lorsque nous sommes obscurs dans nos cœurs et dans notre vie spirituelle.

Le psaume 19 met cela en connexion avec l’état du cœur. Le serviteur de Dieu s’en rapporte non seulement à la loi, mais au Seigneur Lui-même ; c’est l’effet du sentiment de la présence de Dieu, dans la conscience, de la crainte du Seigneur. Dieu est introduit dans chaque circonstance, le cœur s’en rapporte à Lui et à Son jugement sur toute chose. Ce jugement est pur, aucune tâche ne saurait s’y trouver, et c’est là un principe éternel, parce qu’il dépend de la nature même de Dieu. De plus, les actes et les voies de Jéhovah, ceci est inclus dans Ses jugements annoncés aussi bien que dans Ses jugements exécutés ; Il montre par Ses châtiments, la manière dont Il juge les choses et, en général, tous Ses jugements, de quelque manière qu’Il les montre, sont justes et vrais ; mais, en outre, ils sont, pour les fidèles, plus désirables que l’or et plus doux que le miel ; chose infiniment douce et précieuse pour les saints, ils sont l’expression de la pensée de Dieu. Mais le cœur se trouve au milieu de dangers et de tendances humaines qui l’éloignent du Seigneur ; alors les jugements qu’Il porte sur toute conduite humaine, nous servent d’avertissement ; car la joie de la Parole et, pour le chrétien, la joie du ciel, n’est point suffisante : nous avons besoin de la sagesse et de la prudence capables d’indiquer, dans la confusion du mal, un sentier divin qui nous guide hors de l’atteinte du mal qui est dans ce monde. Ici même, la Parole de Dieu nous atteint. Dans l’observation de Ses jugements, il y a une grande récompense, une bénédiction réelle ici-bas, et la paix du cœur ; l’âme est heureuse avec Dieu, elle traverse, en paix, le monde, et le cœur du chrétien est ainsi entièrement libre pour servir les autres. Remarquez qu’il ne s’agit pas seulement de ce que la loi est, mais de ce que le cœur sait qu’elle est : le serviteur de Jéhovah est éclairé par elle. On y trouve ses délices, selon la nouvelle nature et la conscience d’une relation avec Dieu ; car nous sommes serviteurs de Dieu, bien que nous ayons, avec Lui, des relations plus élevées, plus intimes et plus glorieuses. Cependant cette confiance et cette proximité ont pour résultat de faire sentir combien peu l’on se connaît soi-même et quelle défiance il faut avoir de soi. « Les fautes d’erreur, qui les discernera ? » « Purifie-moi des fautes cachées ». Quoique trouvant mes délices en la Parole et l’appréciant, quand j’y pense, il se peut qu’en bien des choses, je n’aie pas jugé mon propre cœur, ou que je ne sois pas moralement capable de le sonder, de manière à le juger selon la perfection de la Parole ; car il y a des degrés dans le jugement spirituel. Mais, avec de l’intégrité et de la confiance en Dieu, on Lui demande d’être purifié des fautes cachées, et d’être gardé des fautes d’orgueil qu’on commet sans se soucier de Lui. Alors on sera sans reproche, gardé près de Dieu, loin des idoles et de la vanité. Car des péchés peu apparents et qu’on néglige, de la confiance en soi qu’on n’a pas jugée, font oublier Dieu et renier la vérité. Je ne parle pas ici de notre vérité, par la grâce, mais du chemin où conduisent ces fautes-là.

Enfin le désir vrai du cœur est indiqué au verset 14 : « Aie pour agréables, devant toi, les paroles de ma bouche et la méditation de mon cœur, ô Jéhovah ». La preuve véritable d’une vie pieuse, c’est la recherche du bien, intérieurement, en la présence de Dieu seul, la recherche du bien avec Dieu, non pas devant les hommes ou pour qu’ils en aient connaissance ; sans même parler d’hypocrisie, j’entends ici une marche avec Dieu. Finalement, nous voyons que la vraie intégrité reconnaît Dieu pour son rocher et son rédempteur, car il est impossible qu’on soit avec Lui, dans une connaissance réelle de la vie nouvelle, sans avoir le sentiment qu’on a besoin de Lui, comme rocher et comme rédempteur.

Les psaumes 20 et 21 nous font connaître le troisième témoignage présenté à la responsabilité humaine ; ce témoignage, c’est Christ. Mais il y a ici encore un autre sujet, digne de notre attention : le psaume 20 nous montre le profond intérêt du cœur à examiner l’Oint de Dieu, au milieu de Ses afflictions. Cette idée est présentée sous une forme juive, sans doute, mais le fond en est vrai pour nous aussi. C’est encore la confiance en Jéhovah, qui caractérise le sentiment de celui qui parle, car le Dieu de Jacob est présent à sa pensée ; la foi en Lui se base sur cette relation[3]. Cependant le Messie est contemplé au milieu des angoisses de Sa vie terrestre, ne marchant que dans la piété et dans la dépendance de Jéhovah. Rien ne saurait mieux présenter Christ dans Sa position d’homme sur la terre. L’Oint de Jéhovah est exaucé et délivré ; le cœur du fidèle est plongé, tout entier, dans cette pensée. Toutefois, le résidu voit plus loin que cela (Israël aurait dû le voir aussi) ; il voit l’Oint de Jéhovah exaucé par une vie à jamais glorieuse, en la pleine lumière de la face de Dieu, qui Le remplit de joie, puis étendant Sa main sur Ses ennemis, afin de les exterminer. Cependant ici encore (comme dans Jean 17, où nous voyons, en même temps, qu’Il est un avec le Père), le Messie reçoit toutes choses de Jéhovah, comme un homme, et c’est ainsi qu’Il est envisagé par les fidèles. Pierre Le présente de la même manière. Son privilège, c’est la faveur de Jéhovah ; Sa piété, la confiance en Jéhovah. Cette liaison entre Lui et Jéhovah, voilà ce qui occupe les fidèles, ainsi profondément attachés au Messie, et c’est là effectivement ce qui caractérisait Christ, nullement préoccupé de Sa propre gloire, cherchant uniquement celle de Son Père. Ainsi Jéhovah s’associe entièrement à Lui (Ps. 21, 9), comme aussi le fidèle de son côté ; et de même que le Messie est exalté par Jéhovah, en dépit de Ses ennemis, de même aussi la gloire de Jéhovah est exaltée, en faisant cela, car le résidu, intéressé à la délivrance de Christ, chante et célèbre le pouvoir de l’Éternel (v. 13). Cette liaison entre la cause du Messie et celle des fidèles qui Lui sont profondément attachés, ce rapport entre le Messie et Jéhovah, caractérisant la piété des fidèles, est plein de beauté et d’intérêt. Toutefois, pendant Sa vie, Christ n’a jamais pris ce titre, vis-à-vis de Ses disciples, parce qu’Il voulait leur enseigner plus que cela. Il était le Fils de l’homme et parlait de Son Père, comme étant Lui-même le Fils de Dieu : « Mon Père, disait-il aux Juifs, duquel vous dites qu’Il est votre Dieu ». Il possédait toutes les qualités morales de Messie, Fils de Dieu ; mais Il voulait détacher Ses disciples des relations terrestres, pour les faire participer à des relations plus élevées et célestes. Voilà la différence qu’il ne faut jamais oublier de faire, toutes les fois que nous nous occupons des Psaumes. Nous contemplons, avec un profond intérêt, les afflictions et les souffrances de Christ, mais d’un point de vue plus élevé. Ce qui nous occupe, ce n’est pas le contraste entre la place officielle de Christ et Son humiliation, mais l’amour divin et parfait, par lequel Il s’est oublié Lui-même, pour descendre sur la terre, prendre la forme d’un serviteur, la ressemblance d’un homme, et traverser toutes les épreuves de ce monde de douleurs. Dans cet amour, nous voyons Sa gloire.

La vérité est enseignée d’une manière bien plus profonde, dans le Nouveau Testament. Toutefois, la manière dont Christ nous est présenté, dans les Psaumes, comme homme dépendant de Dieu, et Sa piété, dans cette dépendance, sont très instructives pour nous qui pouvons donner à cette vérité plus de profondeur, par la révélation du Fils de Dieu. On voit, en elle, la parole de vie.

En commentant le psaume 22, nous n’avons pas à développer ici la doctrine bénie qu’il contient, en introduisant, sur une base toute nouvelle (la mort de Christ et la rédemption), la grâce qui, s’élevant au-dessus de la responsabilité humaine, a mis fin, pour toujours, à celle-ci. Nous continuerons à nous occuper des sentiments et des pensées de Christ, car la piété, décrite dans cette partie des Psaumes, est la piété de Christ Lui-même. Rien, au reste, de plus instructif, de plus sanctifiant et qui soit plus propre à donner de la profondeur à notre piété.

Nous trouvons ici la cause du cri suprême de Christ, qu’Il ne pouvait faire entendre, avant d’avoir bu, jusqu’à la lie, le calice de douleur. Il décrit toutes Ses angoisses ; elles grandissent, elles sont à leur comble. La violence et la rage l’entourent, les taureaux de Basan Le cernent, des lions dévorants et rugissants ; loin de Lui opposer un mépris orgueilleux, Il doit subir l’adversité avec l’humilité, la douceur qui Lui sont propres, et connaître la faiblesse de la nature humaine, mais non pas le péché, sauf en le portant pour nous. Il s’écoule comme de l’eau, tous Ses os se déjoignent, Son cœur se fond, comme de la cire, au-dedans de Lui, Sa vigueur est desséchée comme de la brique, Sa langue reste attachée à Son palais ; Il est dans la poussière de la mort. Mais c’est Jéhovah qui L’a fait descendre jusque-là ; et au milieu de la poussière de la mort, dans cet état même, Il regarde à la vraie source de toutes choses, aux pensées et aux décrets de Jéhovah. Agir ainsi, être sensible au caractère des ennemis, en comprenant qu’ils sont les instruments de nos souffrances, mais regarder à la sagesse, à la volonté et aux voies de Dieu, regarder à Dieu Lui-même, fidèle dans Ses relations avec nous et source réelle de toutes choses, voilà, à cet égard, la perfection. Mais outre les actes de violence qui avaient fait descendre, dans la poussière de la mort, le Seigneur débonnaire et muet comme un agneau devant celui qui le tond, outre les injures et les mauvais traitements qu’avait dû supporter Celui dont la seule présence renversa Ses ennemis, il y avait encore le caractère des hommes, au pouvoir desquels Il se trouvait, après s’être livré Lui-même. « Des chiens l’entouraient », des créatures sans cœur, sans conscience et sans honte, dont le plaisir consistait à outrager Celui qui ne leur résistait pas, et à insulter le juste. Ils étaient aussi pervers que violents, « ils regardaient, ils jouissaient de sa vue ». Exposé aux regards endurcis de ceux qui jouissaient de leur iniquité et de Son opprobre, que le Seigneur a dû souffrir de leurs lâches insultes !

Ils s’amusaient à partager entre eux Ses vêtements, ils jetaient le sort sur la robe de l’innocent. Pas un regard de pitié, pas un secours ! En cette heure d’angoisse, Il regarde à Jéhovah, Il Le supplie de se tenir près de Lui ; car s’Il manque de force, Jéhovah en a pour venir à Son aide.

Nous arrivons au moment suprême de cette heure solennelle. Au milieu des plus grandes douleurs qu’Il ait à souffrir, de la part des hommes, dépourvu de tout secours, Christ regarde à Jéhovah, le Dieu de l’alliance pour la foi d’Israël et du Messie ; mais, oh mystère des mystères ! ici même, point de délivrance, et il ne reste que l’infinie perfection de l’Être béni (il fallait que cette perfection fût alors infinie).

Là encore, Christ se trouve associé, dans ce psaume, avec Israël, quelle que soit, du reste, l’efficace de Son œuvre, par laquelle, en ce moment décisif de l’histoire divine, la question du bien et du mal a été définitivement résolue, en vue de l’éternité. Il fallait que le Dieu d’Israël abandonnât Christ, abolît l’inimitié et déchirât le voile qui Le cachait Lui-même à Israël, afin que, dans le plein résultat de l’amour divin, pour la justice, « la grâce régnât, par la justice, pour la vie éternelle, par Jésus Christ notre Seigneur », pour tous ceux qui croient, tant Juifs que Gentils, et à l’entière gloire de Dieu, dans le ciel et sur la terre.

Toutefois Christ est nécessairement présenté d’une façon différente dans les Psaumes que dans les évangiles. Ici, c’est comme Fils qu’Il parle (sauf lorsqu’Il est abandonné) : « Père, pardonne-leur », et plus tard : « Père, je remets mon esprit entre tes mains ». Là, au contraire, Il dit : « Ne te tiens pas loin de moi, ô Jéhovah » ; Il a recours au Dieu d’Israël, Son Dieu, et le résultat y correspond : le résidu est rassemblé, puis tout Israël, les nations milléniales et « le peuple qui naîtra », tous ceux enfin qui jouiront du fruit béni de l’œuvre de Christ ; mais il n’est point parlé du ciel.

Ayant signalé cette différence, importante pour comprendre les Psaumes, même lorsqu’il est fait allusion à la croix, comme dans celui-ci, je désire ajouter quelques mots sur le caractère de la foi et de la piété de Christ, témoignées par Sa confiance en Jéhovah, comme faisant Lui-même partie du peuple d’Israël ; « car c’est d’Israël, selon la chair, que le Christ est venu, qui est Dieu au-dessus de tous, béni éternellement ». Nous trouvons ici un sentiment profond de Son état extérieur d’abjection et d’isolement qui contrastent même avec ceux des fidèles, circonstance éminemment propre à produire l’irritation et le découragement, à faire oublier ce que Dieu était, si cela eût été possible pour Jésus : « Je suis un ver et non plus un homme, l’opprobre des gens et le méprisé du peuple ». Ce n’était pas tout. Le Sauveur bien-aimé, confié, en sortant du sein maternel (v. 10), à Jéhovah, Son espoir dès le ventre de Sa mère, Lui qui avait recherché la volonté de Dieu et glorifié Son nom, Il devait déclarer publiquement, en face des railleries de Ses ennemis, que Dieu L’avait abandonné. La profondeur morale d’une pareille épreuve, personne ne saurait l’exprimer que Celui-là seul qui l’a subie ; elle était proportionnée à l’amour dont Il jouissait, dans lequel Il vivait, et à Sa fidélité dans cet amour. Je parle ici d’épreuve et de piété, non pas d’expiation. Au milieu de toutes ces angoisses, le Seigneur est parfait à l’égard de Jéhovah. En premier lieu, Sa confiance est parfaite ; Il ne dit pas : Jéhovah ; car il n’y avait pas alors de relation en activité, comme avec Son Père, en Gethsémané ; mais Il dit : Mon Dieu, mon Dieu. Quels que soient Son abandon et Sa détresse, Sa foi parfaite en Dieu, Son dévouement à Lui, comme étant le seul Dieu qu’Il reconnaisse, demeurent inébranlables. Christ subjectivement, comme homme, est absolument parfait ; voilà, en second lieu, ce que nous trouvons ici. Quelles que fussent Ses souffrances, et quoiqu’Il ne se trouvât, dans Sa marche, aucune cause pour être abandonné, le témoignage que Christ rend à Dieu, le sentiment qu’Il a de la perfection de la nature et des voies de Dieu, loin de faiblir, ne fait que s’élever : « Et pourtant tu es le saint, toi qui sièges au milieu des louanges d’Israël ». Que Dieu l’abandonne, le juste ne doute pas cependant de Sa perfection en agissant ainsi. Rien ne saurait exprimer d’une manière plus complète la perfection de Christ, homme, Sa position comme tel, et comment Il avait pris la place désignée par ces mots : « Ma bonté ne va pas jusqu’à toi ». Nous ne voyons pas ici Christ contemplant les conseils de Dieu et comprenant leur accomplissement qu’Il avait Lui-même entrepris ; nous Le voyons, homme dépendant, sensible à l’épreuve qui L’atteint, mais parfait et fidèle, lorsqu’au milieu de Ses angoisses, Dieu, l’unique ressource sur laquelle Il compte et peut compter, ne répond pas à Son cri.

Nous, nous pouvons répondre à cette demande de Jésus : « Pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Nous pouvons y répondre, nous qui croyons en Lui et qui L’adorons à jamais. Mais il importe infiniment de savoir non seulement que Christ a, par Lui-même, nettoyé nos péchés, en buvant la coupe de la colère, mais aussi qu’Il a souffert personnellement, en étant abandonné de Dieu, qu’Il a senti, comme homme, quant à Lui-même, toute la douleur de cet abandon ; parce que, quoiqu’Il en ait souffert tout seul, nous sommes ainsi conduits à la joie que Christ éprouva, en entrant de nouveau, et plus que jamais, dans la lumière resplendissante de la face de Son Père ; c’était la conséquence de la rédemption qu’Il avait opérée, du plaisir que Dieu prenait nécessairement en Lui et de la grâce qu’Il trouvait devant Dieu, après l’avoir parfaitement glorifié, lorsque le péché avait introduit la confusion en toutes choses. Ainsi, tout ce que Dieu était, mis en évidence par le péché (car le péché avait mis en évidence l’amour souverain, la justice, la vérité, la grandeur jalouse de Dieu), se trouvait parfaitement révélé et glorifié. Les souffrances personnelles de Christ nous mènent, dis-je, à cette joie dans laquelle Il entra, comme homme, auprès de Son Dieu et Père, et qu’Il nous communique, en nous introduisant dans la pleine bénédiction dans laquelle Il est entré, comme homme, puisque cette joie était la conséquence d’une œuvre accomplie pour nos péchés. Dans cette œuvre, Il fut seul ; mais Il y était pour nous en même temps que pour la gloire divine ; Il nous introduit dans la bénédiction, comme étant celle dont Il jouit en conséquence de Son œuvre.

Ces remarques concernent la seconde partie du psaume 22, et je désire seulement porter notre attention sur les sentiments de Christ qui s’y trouvent exprimés. Il a été retiré « d’entre les cornes des buffles » ; le jugement de Dieu, sur le péché, a été exécuté et est passé. J’ai fait remarquer ailleurs un fait très instructif que voici : Dans les évangiles, Christ, pendant Sa vie, ne parle jamais de Dieu comme de Son Dieu, mais comme du Père ; conséquence de Sa propre relation personnelle, c’est là le nom qu’Il révéla à Ses disciples. Jamais, dans l’histoire des évangiles, Il ne se nomme directement « le Christ », bien qu’Il ait été présenté comme tel à Israël ; mais ce n’est pas là le nom et la position qu’Il prend Lui-même, vis-à-vis de Dieu et de Son Père ; c’est de cette dernière manière que nous avons à Le connaître. Lorsque les Juifs Lui disent : « Si tu es le Christ, dis-le nous ouvertement », Il répond : « Je vous l’ai déjà dit ». Mais, révélé à nous-mêmes, Il est Emmanuel, le prophète qui devait venir, le Fils de l’homme, le Fils de Dieu. En parlant avec Dieu et de Dieu, Il dit toujours : « Père » et « mon Père ». En parlant avec Ses disciples, Il se nomme « le Fils de l’homme ». Dans le psaume que nous étudions, Christ dit : « Mon Dieu, mon Dieu ». Il est homme, Dieu s’occupe de Lui en jugement, mais, quoique abandonné, homme parfait dans Sa propre relation avec Dieu, par la foi, et Il dit : « Mon Dieu ». Alors Il déclare le nom de Dieu à Ses frères et emploie ces deux titres, celui de Dieu et celui de Père. Homme, Il a subi toute l’épreuve de Dieu, par rapport à tout ce que Dieu est en justice, en vérité, en majesté et en amour. Tout ce que Dieu est, dans Sa propre perfection, Sa majesté, et dans ce qu’Il exige, Il l’est nécessairement, pour nous, quoique, selon Ses propres conseils, trouvant en nous les délices de Son amour, parce que nous sommes en Christ, mais Il l’est aussi d’une manière juste, par conséquent nécessaire et inaltérable. Ce qu’Il est, comme Dieu, Il l’est comme notre Dieu ; car Il est pour nous, par le moyen de Christ, éprouvé sur la croix, le péché ayant été mis de côté, par le sacrifice de Christ Lui-même. La perfection de Dieu, sans nuage, luit sur nous dans toute la bénédiction qui Lui est propre, de même que sur Christ, en vertu de ce qu’Il a glorifié Dieu dans la perfection même qui luit maintenant sur nous. Ce nom de Dieu, c’est-à-dire la réalité de cette relation, nous est déclaré. La nature et le nom de Dieu, pleins de grâce, ont été déclarés, sur la terre, par Christ, le Fils unique dans le sein du Père. Mais à cela, l’homme pécheur, en inimitié contre Dieu, ne pouvait avoir aucune part. La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas comprise. L’homme a vu Christ, et l’a haï ainsi que Son Père. Mais Christ, fait péché pour nous, était, comme homme, responsable devant Dieu, sous tous les rapports sous lesquels Dieu, selon Ses attributs, s’occupait du péché. Mais Il fut trouvé parfait, afin que l’amour pût s’exercer librement sans faillir à la justice. C’est pourquoi Christ dit : « J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli ! ». Car Il était cet amour — Dieu, en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même — et Il était à l’étroit, jusqu’à ce que cet amour pût se répandre selon la perfection de Dieu, en justice ; or cet amour ne pouvait se répandre ainsi, là où il y avait le péché ; cela n’eut lieu que par le moyen de la croix et de la perfection de Christ, lorsqu’Il fut fait péché pour nous.

Alors, en cela et par cela même, l’amour fut exalté et le caractère de Dieu pleinement déployé ; Son nom, le nom de Dieu qui devait être révélé, fut pleinement manifesté. Aussi Christ pouvait-Il dire : « C’est pour cela que mon Père m’aime ».

Mais cet amour du Père est un degré supérieur dans la relation de Christ avec Dieu. Christ entra, comme homme, dans la joie de l’amour de Son Père. C’était le cas lorsqu’Il était exaucé, mais Il y entra pleinement et d’une manière évidente, lors de Sa résurrection. Il fut ressuscité par la gloire de Son Père ; alors Il déclara ce nom à Ses frères. Car maintenant, le péché étant, hors de Christ, la seule place de l’homme vis-à-vis de Dieu, celui qui croit a, en Christ, la place de Christ ressuscité, dans la même relation que celle de Christ avec le Père. Vu la mort, il ne peut pas en avoir d’autre. « Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Ici, Christ emploie les deux titres de Dieu et de Père, et les applique à nous, parce que tout ce que Dieu est, Il l’est, en justice, pour Lui, homme dans la gloire, et que Christ est rentré dans la joie de la communion de Son Père. Or, en vertu de Son œuvre, accomplie pour nous, Il nous place dans la position où Il est Lui-même ; Il nous y place, comme Ses frères, participants, par grâce, à Sa faveur et à Son héritage.

Je me suis étendu, plus que je ne le voulais, quoique d’une manière pratique, sur la doctrine qui est en rapport avec le psaume 22 ; car mon but est de montrer les sentiments et les affections de Christ. La première pensée de Christ, lorsqu’Il est « retiré d’entre les cornes des buffles », est de déclarer, à Ses frères, le nom de Dieu et de Son Père ; quoique dans la gloire, Il n’a pas honte de nous appeler Ses frères. Parfait en Son amour, attaché à ces excellents de la terre, une fois entré dans la joie et dans la bénédiction, par une œuvre qui leur fournit le droit d’y entrer aussi, Il s’occupe de leur révéler ce qui les a placés dans la même position que Lui. Il les rassemble ; puis après avoir mis dans leur bouche la même louange que celle qu’Il va prononcer, Il élève Sa voix, comme homme, au milieu de l’assemblée, pour bénir et célébrer l’Éternel. Comme nous devrions suivre Sa voix, avec des cœurs débordants d’actions de grâce ! Quant à celui qui n’est pas sûr d’être accepté et agréable, et qui n’a pas la joie d’être enfant de Dieu, en vertu de la rédemption, celui-là ne peut pas chanter avec Christ. « Je te célébrerai au milieu de l’assemblée ». Qui est-ce qui chante avec Christ, sinon celui qui a appris ce chant, celui qui peut célébrer Dieu, comme ayant échappé au jugement et étant entré dans la lumière et la joie de l’acceptation ? Le chapitre 1 de l’épître aux Éphésiens (v. 3, 4) nous montre cette place que nous occupons. Ici, nous voyons les saints entonnant, avec Jésus, un cantique de louange, en rapport avec la joie même dont Il jouit. La grâce de cette position est parfaite.

Je ne parlerai pas ici des résultats ultérieurs de l’œuvre de Christ. Remarquons seulement qu’il ne s’agit que de grâce, non de jugement, bien qu’elle soit fondée là-dessus, et qu’ici rien ne dépasse les limites de la terre.

Le psaume 23 a été dicté, par l’Esprit, de manière à s’appliquer à Christ mourant, aux saints qui suivent Ses traces ou au résidu délivré. Ni les souffrances de Christ, ni celles des fidèles ne sont considérées ici comme venant de Dieu ou des hommes, mais comme des occasions de montrer la sollicitude et les soins de Jéhovah. « L’Éternel est mon berger », voilà le sujet du psaume. C’est une vie passée sous Son regard et sous Sa protection, avec l’expérience qui en résulte et l’assurance constante que procure l’amour de Jéhovah. Cette assurance que le cœur éprouve, ne provient pas de ce qu’Il donne, mais de Lui-même. « L’Éternel est mon berger, je ne manque de rien ». Sa puissance, Sa grâce, Sa bonté, Son intérêt pour le fidèle : toutes ces choses donnent une assurance immuable et constante, quelles que soient les circonstances extérieures. Puisque c’est Jéhovah Lui-même qui s’est chargé d’avoir soin de Ses fidèles, comment ceux-ci manqueraient-ils de rien ? Ni les événements qui peuvent survenir, ni les moyens qu’Il emploiera ne doivent nous préoccuper. Les soins du berger — voilà notre assurance et notre sûreté. Les conséquences naturelles de Sa sollicitude sont des pâturages herbeux auprès des eaux tranquilles, la jouissance paisible des secours assurés de Sa bonté.

Mais, en réalité, l’homme, en particulier le résidu et Christ Lui-même, sont au milieu d’épreuves, des angoisses de la mort et d’ennemis puissants. L’âme est-elle troublée et affaissée ? — Jéhovah la restaure. Dans la vallée de l’ombre de la mort, si la mort étend son voile obscur sur celui qui va descendre dans son ombre — Jéhovah est là, plus grand que la mort, pour conduire et pour soutenir. Que des ennemis puissants, inexorables, nous menacent et nous effrayent — devant Lui, la puissance n’est que faiblesse. Il dresse une table devant Ses bien-aimés, ceux-ci s’asseyent en repos et en sûreté. L’onction divine est le sceau de la puissance, lorsque tout est contre nous. Faiblesse humaine, mort, puissances spirituelles de méchanceté, tout cela n’est que l’occasion de manifester que Jéhovah, le Berger, est la sauvegarde infaillible de Son peuple.

Assurément, Christ n’était pas une brebis ; mais Il frayait le sentier que les brebis doivent suivre, et Il se confiait en Jéhovah. Il est le berger de Jéhovah pour ceux qui sont à Lui. Il nous aime, comme Jéhovah L’aima et eut soin de Lui. C’est donc l’amour fidèle de Jéhovah, à travers toutes les choses qui assaillent la nature humaine pendant qu’elle traverse le monde. Le résultat naturel et propre de cet amour est des pâturages herbeux auprès des eaux tranquilles ; mais dans l’état de ruine où est l’homme, et pendant sa marche au milieu des puissances du mal, ce résultat est une force infaillible qui soutient.

C’est pourquoi le cœur, se confiant en la stabilité de Jéhovah, compte sur l’avenir, car l’avenir est aussi certain que le passé : « Le bien et la grâce m’accompagnent tous les jours de ma vie, et mon habitation est dans la maison de l’Éternel, pour toute la durée des jours ». La confiance est placée dans le Seigneur Lui-même, c’est pourquoi les circonstances, la puissance du mal, les difficultés que rencontre ainsi l’homme mortel, ne sont que des occasions de manifester la puissance de Jéhovah, intéressée, dans sa fidélité immuable, à soutenir le fidèle, au travers de toutes ces choses.

Il est intéressant d’observer cette sollicitude de la puissance divine, immuable et certaine, au-dessus de toutes les souffrances particulières, de l’épreuve et de la mort du Seigneur. Telle est la bénédiction de l’homme fidèle, lorsque la terre n’appartient pas au Seigneur et que le pouvoir du mal, la mort et des adversaires puissants s’y opposent. Jéhovah est le sûr asile de la foi.

Psaume 24. Lorsque la terre appartient au Seigneur, « qui est-ce qui montera à la montagne de l’Éternel et qui subsistera dans le lieu de sa sainteté » ? Ici, remarquons-le, l’accès est ouvert à tous ; mais Jacob a la place d’acceptation dans la proximité de Jéhovah. Toutefois la bénédiction et l’acceptation, en grâce, de la part de Dieu qui est leur salut, sont la portion de tous ceux qui se sont purifiés pour rechercher Dieu, lequel a placé Sa bénédiction en Jacob. Ce caractère de pureté est nécessaire ; mais tous les Gentils qui le possèdent, ont accès à la sainte montagne de Jéhovah. Christ Lui-même y entre, en triomphe, comme Jéhovah (24, 7-10).

Le psaume 24 clôt la série des psaumes qui parlent de l’association de Christ avec les excellents, les saints qui sont sur la terre. Nous y avons vu Christ dans le sentier de la vie avec les saints, Christ dans le sentier de la justice, au milieu d’un monde inique, Christ souffrant, centre de toute l’histoire d’Israël et devenant, identifié avec Israël, l’objet de l’intérêt de Jéhovah ; Christ, souffrant comme témoin de la vérité, l’objet des pensées et des affections du résidu ; Christ, souffrant comme abandonné de Dieu ; Christ entrant, en personne, dans le sentier que les brebis doivent suivre, et leur manifestant ainsi les soins de Jéhovah, quoiqu’Il soit Lui-même le vrai Berger (Jean 10) ; enfin Christ, entrant, en triomphe, dans le temple, comme le Roi de gloire, l’Éternel des armées, lorsque tous reconnaissent Jacob et le Dieu de Jacob.

Quoique l’Être béni, ainsi présenté, soit un modèle pour nous, sous bien des rapports, toutefois l’action réelle et efficace, sur la piété du cœur, a lieu, en Le voyant véritablement homme, frayant le sentier, devant nos yeux, et engageant, par cette vue, toutes les affections de l’âme.

Dans les psaumes suivants, nous trouvons de nouveau les pensées et les sentiments du résidu, au milieu de ses afflictions, en rapport avec cette même position de Christ ; mais nous y puiserons une grande instruction pour nos cœurs, dans un sentier qui est toujours plein d’afflictions et essentiellement pareil à celui du résidu, aussi longtemps que le mal régnera ici-bas. En jetant un dernier coup d’œil sur les psaumes qui précèdent, nous pouvons signaler un développement progressif dans les pensées qu’ils contiennent.

Les psaumes 3 à 7 renferment des principes généraux qui indiquent que la justice ne règne pas encore par le jugement, fait mentionné d’avance dans les deux premiers psaumes. L’homme juste est au milieu des méchants, le jugement est à venir, et les conseils de Dieu, concernant le Messie, sont annoncés, non encore accomplis, au psaume 8. Les psaumes 9 et 10 renferment les événements concernant le peuple juif et son pays, dans les derniers jours. Dans les psaumes 11 à 15, nous trouvons les relations, le jugement et les principes du résidu qui regarde à Jéhovah, dans cet état de choses. Enfin les psaumes 16 à 24, ayant donné à connaître toute la position de Christ, par rapport à Israël, L’introduisant au milieu de ce peuple et indiquant le résultat de Sa présence, nous trouverons, dans les psaumes suivants, beaucoup plus de détails touchant les expériences et les exercices des saints, aux derniers jours. Ces exercices sont nécessairement fondés sur l’intervention et le sacrifice de Christ. Je n’entends point dire, pour cela, que les saints d’alors aient une idée claire du sacrifice de Christ, et que les expressions des psaumes supposent cela, ni qu’elles conviennent à une âme qui est dans la liberté. Mais de tels exercices ne peuvent avoir lieu sans l’intervention et le sacrifice de Christ ; le Saint Esprit, dans le résidu et en toute âme, travaille en vertu de ce sacrifice, et afin de le faire connaître d’une manière complète.

Psaumes 25-28

Dans le psaume 25, nous trouvons, pour la première fois, une confession directe de péché. Cette confession, ajoutée au contenu du psaume 26, la déclaration et la conscience de l’intégrité du cœur, forme la base subjective de toutes les expériences que nous trouvons dans ce livre ; le contenu des deux psaumes suivants en forme la base objective. Jéhovah est la lumière et le salut ; malgré les souffrances actuelles de la part des iniques, le cœur se confie en Lui (27 ; 28). Mais plus on étudie les Psaumes, plus on découvre qu’ils s’appliquent presque tous directement aux Juifs, c’est-à-dire aux hommes justes et pieux du résidu, dont les pensées sont en rapport avec sa position et exprimées d’avance ici, par l’Esprit de Christ, dans la bouche du prophète. Nombre de passages, dans les Psaumes, peuvent être appliqués à Christ Lui-même ; mais on ne saurait les Lui appliquer tous. Cela prouve deux choses que j’ai déjà fait remarquer : d’abord, que la possibilité d’appliquer ces passages à Christ n’implique pas qu’ils soient des prophéties qui Le concernent exclusivement, ni que tous les psaumes s’appliquent à Lui ; ensuite, le danger réel qu’il y aurait à envisager les Psaumes comme étant l’expression de la piété chrétienne. Sans doute, ils fournissent souvent une instruction bénie, touchant la confiance en Dieu ; mais celui qui emprunterait la forme de sa piété aux psaumes dans leur ensemble, celui-là fausserait le christianisme.

Passons maintenant aux détails. Au milieu des difficultés qui l’entourent, l’âme s’élève vers Jéhovah ; c’est là le vrai moyen de les surmonter et de rester en paix. Un cœur vrai n’a pas d’autre refuge ; tout autre l’en détournerait. Au milieu de l’épreuve, il dit : Mon Dieu ; par Christ, il peut le dire maintenant et se confier en Dieu : « Que je ne sois pas confus, que mes ennemis ne triomphent pas à mon sujet ! ». Tel est, dans les difficultés, le premier désir de la foi. Mais la foi vraie ne peut pas seulement s’occuper de soi ; elle est unie, par grâce, à la bonté de Dieu, sentie dans ce désir même et unie, par conséquent, avec tous ceux qui s’attendent à Jéhovah. Elle souhaite que les méchants (ceux qui sont infidèles sans cause, qui aiment l’iniquité, non pas ceux qui tombent dans le péché) soient couverts de confusion. Comme principe général, ce désir n’est pas contraire au christianisme. Le chrétien ne peut pas souhaiter que ses ennemis individuels soient jugés ; mais il désire que le mal soit ôté et que les ennemis du bien soient confus. Il aime et désire la justice ; il souhaite que les oppresseurs des justes, des pauvres, des humbles, soient renversés et confus. Dans ces circonstances personnelles, le chrétien peut désirer le résultat de la confusion des méchants, sans toutefois souhaiter le malheur de ses ennemis individuellement. Sa confiance en Jéhovah l’empêche de faire la moindre démarche pour punir ses ennemis ; mais il remet sa cause au Seigneur et la laisse entre Ses mains, attendant d’être délivré par Lui.

Il y a encore un autre trait distinctif du saint dont le cœur se tourne repentant vers le Seigneur. Il cherche les voies de Dieu, Ses sentiers, afin d’être conduit et enseigné dans Sa vérité. Tel est le caractère particulier du bien dans une âme droite ; elle ne cherche pas seulement un sentier droit, mais c’est le sentier du Seigneur qu’elle cherche. L’esprit du saint se retourne vers Dieu, il pense à Lui et à Son caractère, il a la conscience d’être Son serviteur et de Lui appartenir. Or, tout cela fait qu’on prend plaisir aux voies de Dieu, qu’on les recherche et qu’on y marche. Toutefois, ce psaume nous représente quelqu’un (les Juifs) qui se retourne vers Dieu, non pas une personne nouvellement convertie. Israël (et le saint aussi) se souvient de ses fautes ; mais il dit à Jéhovah : « Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, mais souviens-toi de moi selon ta miséricorde ». Il Le prie de se souvenir de lui seulement de cette manière ; car il sait que Jéhovah est plein de compassion, et c’est pour la gloire de Son nom qu’il peut ainsi faire appel à Sa miséricorde. Cette demande ne montre pas la connaissance du pardon, mais la confiance dans la grâce. Ce n’est pas ici une conscience nettoyée, quoique cela découle de la réponse de Dieu ; mais c’est une manière de s’approcher de Dieu qui Lui est agréable. Nous en trouvons un exemple dans l’évangile. La femme pécheresse s’approcha comme telle de Jésus, et elle s’en alla en paix.

Le Seigneur est fidèle à Sa bonté, à Son caractère propre, élevé au-dessus du mal, et cette fidélité (une rançon ayant été trouvée, capable de maintenir la justice[4]) le fait agir pour une vraie bénédiction du pécheur qui s’approche ainsi de Lui. Il est dit même de Joseph : « C’était un homme juste et qui ne voulait pas la diffamer ». Quant à l’homme, il a sans doute encore d’autres motifs ; mais pour autant qu’il doit agir comme Dieu, le principe dont je parle trouve son application.

Le Seigneur est bon et droit. Il est bon envers nous, Il aime la droiture et Il aime à la voir ; aussi veut-Il l’enseigner, dans Sa grâce, à ceux qui s’en sont écartés. C’est une grande douceur pour eux que de pouvoir compter là-dessus. Remarquez qu’il n’est pas dit ici sa voie ; cela, au verset 4, exprimait l’état de cœur du saint, tandis que les mots du verset 9 expriment la confiance du saint dans le cœur de Jéhovah. II ne s’agit pas proprement de ce qu’est cette voie ; il va sans dire qu’elle est bonne ; mais c’est le Seigneur qui l’enseignera. Son amour actif s’occupera de Ses saints pour leur bien. Toutefois, lorsque le caractère du saint qui se retourne vers Dieu est décrit, il est aussi dit quelle est cette voie : « Il fera marcher les humbles dans la justice », le sentier qui exprime la pensée de Dieu, « Il enseignera sa voie aux humbles ».

Mais à un autre point de vue, on peut signaler, dans ce psaume, une marche progressive. Il se divise en trois parties : v. 1-7, 8-14 et 15-22. Dans la première, l’âme persécutée et éprouvée, jugeant ses péchés précédents, mais confiante en Dieu et regardant à Lui, invoque Son secours au milieu des difficultés qu’elle ressent vis-à-vis de la puissance du mal. Dans la seconde partie, cet appel à Dieu amène l’âme à parler de Lui, en déclarant ce qu’Il est dans Ses voies. Dans la troisième, l’âme regarde personnellement à Dieu, comme étant assurée de Son intérêt pour elle, et invoque le regard de Dieu sur elle et sur ses ennemis, tout en Lui demandant pardon, mais confiante en sa propre intégrité, dont elle a la conscience. Enfin, elle étend sa prière en faveur de tout Israël.

Mais on peut aussi remarquer une marche progressive dans les détails, quant à l’état de l’âme en parlant de Dieu. D’abord, Sa bonté et Sa droiture font qu’Il enseigne aux pécheurs la droiture de cœur. Ils avaient suivi leur propre voie, ils avaient oublié celle de Dieu. Mais le Seigneur, dans Sa bonté et Sa compassion, ne veut pas les laisser sans direction : leur triste état attire Sa miséricorde. Le Seigneur aime le chemin de la justice et Il ne peut bénir ailleurs ; aussi enseigne-t-Il la voie aux pécheurs. Mais reconnaître le péché et connaître la bonté du Seigneur a pour effet l’humilité, la dépendance, l’absence d’égoïsme et d’orgueil, considéré, par les païens, comme source de la vertu. Alors Dieu conduit dans le discernement et enseigne Sa voie. Non seulement la voie est enseignée à celui qui s’en est écarté ; mais dès qu’il y a de l’humilité et de la soumission à Dieu, Il conduit dans l’intelligence de Ses voies. Il forme ceux qui Le craignent à discerner, par Ses instructions, ce qu’est la voie de Dieu. C’est là une conformité intérieure et morale avec Dieu, qui s’applique à discerner et à juger les circonstances. Cette conformité morale et ce discernement sont fort précieux.

Mais le verset 12 va plus loin ; il nous montre quelqu’un craignant Dieu, marchant dans la conscience de Sa présence, de sa propre responsabilité vis-à-vis de Dieu, et s’en référant à Lui dans une entière dépendance de cœur. Il y a ici plus que le discernement moral, il y a la connaissance de la voie choisie par Dieu.

L’homme qui est guidé dans le discernement saura ce qui est juste ; il le fera et évitera le mal. Mais l’homme d’Issacar avait la connaissance des temps. Il y avait une voie choisie, par Dieu, au milieu du mal qui régnait, et celui qui craignait Jéhovah serait enseigné dans cette voie-là ; il trouverait le sentier qui menait à une entière bénédiction. C’est là un grand privilège, duquel ni les ténèbres, ni la confusion qui nous entourent ne sauraient nous priver. Il s’agit de la voie choisie, par Jéhovah, au milieu de ces ténèbres, d’un sentier particulier d’alliance pour ceux qui Le craignent (v. 14).

Il existe certainement aussi, pour le chrétien, un tel sentier au milieu de la confusion où se trouve actuellement l’Église de Dieu. Le secret[5] de Jéhovah, car Il a un secret pour ceux qui l’écoutent, est pour ceux qui Le craignent, Ses amis, auxquels Il donne à connaître Ses pensées. C’est remarquable que Marie les connût mieux que Marthe ; elle oignit d’avance le Seigneur pour Sa sépulture, elle avait la pensée du Seigneur quant aux événements qui se préparaient. La Parole est toujours un préservatif contre de fausses prétentions de posséder la pensée du Seigneur ; mais il n’en est pas moins vrai que le secret de l’Éternel est pour ceux qui Le craignent. Quoique toutes choses semblent concourir contre Sa promesse assurée, ceux-ci découvrent cependant d’avance, par la foi, comment elle se prépare, et ils en voient enfin la réalisation lorsque les voies de Dieu se sont accomplies. C’est là une grande bénédiction, et on y puise, pendant la route[6], une tranquillité et une paix qu’aucune autre chose ne pourrait procurer, car on possède la pensée de Dieu. Ici se termine la seconde partie du psaume.

En traversant le mal, l’âme ne se confie qu’en Dieu et en Son amour fidèle : « Mes yeux regardent constamment à l’Éternel, car Il dégage mes pieds du filet ». — Le Seigneur, voilà le secret de tout. On regarde en haut et l’on se confie en Dieu, qui est au-dessus de tout le mal. La connaissance du secret de Dieu n’est ni de l’insensibilité au mal présent, même lorsque ce mal nous affecte, ni de la froideur à l’égard de l’intérêt que Dieu prend à nous (non seulement à la justice, quoiqu’Il soit toujours juste, mais à nous-mêmes). Le secret de Dieu, au moyen de Sa crainte, fait naître cette intimité et cette confiance : « Tourne-toi vers moi, et aie pitié de moi, car je suis seul et affligé ». Le cœur est vrai avec Dieu ; mais cela suppose l’intégrité, comme dans ce psaume, et comme elle est, en Christ, dans ceux qui sont vrais de cœur, quoiqu’ils confessent être, en eux-mêmes, les plus grands pécheurs, et que dans leur chair il n’habite aucun bien.

Le cœur peut raconter à Dieu toute l’hostilité de Ses ennemis et laisser cela entre Ses mains. Ayant mis sa confiance en Dieu, il s’attend à ne pas être confus. Christ seul a dû, pour nous, éprouver le contraire ; mais une âme droite ne sera jamais confuse. Toutefois, le cœur, malgré cette intimité avec Dieu et cette confiance en Lui, n’oublie pas Son peuple, ici Israël, pour nous l’Église (v. 22) ; c’est une conséquence nécessaire de cette intimité.

Je suis entré dans quelques détails touchant les sentiments moraux dépeints dans ce psaume ; il ne faut pas oublier que tous ces sentiments se fondent sur la présence, dans le cœur, d’une profonde connaissance de ce que Jéhovah est pour lui, que la pensée de Jéhovah est prédominante et la source de chaque sentiment.

Le psaume 26 est plutôt, comme je l’ai déjà dit, l’expression d’une conscience intègre qu’une confession de péché ; mais ici, comme dans le psaume précédent, tout est rapporté à Jéhovah ; de ce qu’Il est et de l’attachement de l’âme à Lui, découle le principe de séparation d’avec les pécheurs et la joie finale dans Son assemblée, lorsqu’il y aura délivrance complète des hommes de sang. L’esprit du psaume 26 est cette intégrité qui, par ses propres affections, son attachement à Jéhovah et sa confiance en Lui, vis-à-vis de la puissance du mal, a gardé l’âme séparée des pécheurs. Or, pour le moment, et par rapport aux saints, les méchants sont toujours les plus puissants, parce qu’ils peuvent agir, sans conscience et sans frein, selon leur propre volonté. L’âme[7], en présence de Jéhovah, Lui demande de ne point l’enlever avec les pécheurs (v. 9) lorsqu’Il viendra dans Sa puissance. Elle compte là-dessus, par la foi. Telle est l’expression du sentier et des désirs d’une conscience intègre en présence du mal.

Le psaume 27 nous montre le cœur confiant en Jéhovah, mais exercé devant Lui, en présence des manifestations extérieures du mal. Qu’y a-t-il de plus effrayant que l’angoisse d’esprit ? La confiance, en songeant aux ennemis, et l’exercice du cœur, en regardant à Dieu, offrent, ainsi réunis, quoique étranges au premier abord, un grand enseignement. La confiance n’est pas de l’indifférence ni de l’insensibilité ; mais de vrais exercices de cœur avec Dieu, même accompagnés de crainte, se témoignent par de la confiance et de la hardiesse en présence de l’action hostile du mal. L’homme s’attendrait à la crainte devant l’ennemi et à la confiance devant Dieu ; tandis que la grâce, agissant par de vrais exercices de cœur avec Dieu, inspire de la confiance vis-à-vis de l’ennemi. Il existe réellement une puissance de mal ; le cœur bien enseigné la sent (d’une manière plus ou moins spirituelle) dans ses sources intérieures et sa réalité, mais il la sent avec Dieu ; il est alors en paix même au milieu du conflit et touchant son issue. Ainsi, Christ, dans l’exercice de Son âme devant Dieu, suait des gouttes de sang ; mais Il était parfaitement calme en présence de Ses ennemis ; bien plus, à Sa vue, ils tombèrent de frayeur. Cela est plein d’instruction par rapport aux difficultés et aux angoisses de la vie chrétienne. Lorsque le cœur, ayant conscience de la puissance du mal, est exercé, à son égard, avec Dieu et devant Dieu, le mal même, quelle qu’en soit la puissance, est impuissant, si l’exercice du cœur a été complet. « Voici votre heure, dit Christ, et la puissance des ténèbres ». Mais Il avait senti tout cela avec Dieu, et, de fait, Il prit la coupe de la main du Père, non point de celle de Ses ennemis ; car, quant à Christ, les hommes n’avaient aucun pouvoir sur Lui.

Le psaume 27 nous montre l’exercice du cœur opéré, en l’homme, selon l’esprit de Christ. Jéhovah est, par la foi, la lumière du saint ; Il l’éclaire tout alentour. Quoique les ténèbres soient là en puissance, il n’existe pas, pour l’esprit, de puissance des ténèbres ; elle règne au milieu des ennemis ; mais la lumière de Dieu[8] est dans le cœur qui marche ainsi dans la lumière. Quelle grande consolation ! Mais le Seigneur est plus que cela. Il est la délivrance même[9]. Pour Christ, à la vérité, Dieu ne pouvait pas être la délivrance, avant que la coupe ne fût bue ; mais l’âme rachetée sait qu’Il est sa délivrance au milieu de l’épreuve. La même révélation de Jéhovah qui donne la lumière, nous procure, dans cette lumière, l’assurance d’être délivrés ; je ne dis pas qu’elle fasse voir nécessairement la délivrance, car le moyen en peut être caché, mais elle nous rend sûrs de la délivrance. Puisque Jéhovah est là, en lumière, Il délivrera. Pour nous, c’est le Père, et quand il s’agit du gouvernement, c’est le Seigneur. Mais dès qu’il est question de Dieu Lui-même, évidemment il n’y a rien à craindre. Dans ce psaume, cette assurance en Jéhovah est célébrée en pensant aux méchants qui n’ont pas de conscience pour les retenir, et à la guerre, où la volonté des hommes ne connaît pas de frein. Si le Seigneur est là, Il a pourvu à tout.

N’oublions pas toutefois qu’il y a un principe ou un état d’âme important lié à cette assurance et qui en est la base : c’est d’avoir un œil simple, de ne regarder qu’à Jéhovah ; un seul désir, d’être avec Lui, en Sa présence, pour L’adorer, contempler Sa beauté ravissante et apprendre là Sa volonté et Sa pensée. Mais cela, comme je l’ai dit, est lié d’autre part avec la confiance en Sa bonté. L’âme, sans défense, sait que le Seigneur la cachera, au jour du mal, dans l’asile de Sa tente. Là, qui la troublerait ou l’atteindrait ? Quel amour nous trouvons en Dieu ! Quel intérêt Il porte à ceux qu’Il aime ! L’âme habite avec Lui, et elle habite en sûreté. Il ne s’agit pas ici d’une délivrance apparente, mais de l’asile de Sa tente. C’est merveilleux de voir comment le Seigneur agit quand le mal est dans sa force et que toute ressource semble épuisée. L’âme n’en cherche pas ; elle se confie doucement et tranquillement en Dieu, assurée de sa sécurité en Lui.

Le verset 6 anticipe la délivrance et les louanges chantées dans la tente de l’Éternel, non plus un asile alors, mais le lieu béni où les chants de louange retentiront publiquement. Dans les versets suivants, nous avons les exercices de l’âme avec Dieu, tandis qu’elle s’attend à Lui pour être secourue. Le Seigneur avait dit : « Recherchez ma face », et Il ne pouvait pas la cacher. L’âme entrevoit la possibilité de la colère divine ; elle implore miséricorde et compte sur la grâce. Cela est bien important, car l’on s’attendrait à ce que l’âme pût se confier en Dieu, pourvu qu’Il n’eût rien contre elle. Il n’en est pas ainsi : le cœur peut reconnaître qu’il devrait s’attendre à la colère, et néanmoins se confier en la grâce. Il a connu un Seigneur secourable et s’attend à n’être pas abandonné d’un Dieu sauveur. Cette confiance est complète, plus complète encore que celle qui se fonde sur les liens les plus étroits de la parenté. Telle est, en effet, la confiance de celui qui connaît le Seigneur. Elle s’arrange seule avec Dieu, cherche à être enseignée dans Son chemin et conduite dans un sentier droit, parce que ses ennemis épient le moment où elle quitterait la bonne voie. L’oppression des ennemis était grande ; telle elle sera aussi pour les saints. Il existe une volonté de mal, des témoins de mensonge, des adversaires qui respirent la violence. La bonté du Seigneur, à l’exception de tout moyen humain, la bonté du Seigneur dans Son gouvernement, telle est la ressource du cœur. En voici le résultat : « Attends-toi à l’Éternel », c’est Lui qui fortifie le cœur, « oui, attends-toi à l’Éternel ». Voilà le secret de la force, au temps de l’adversité ; alors il n’y a rien à craindre. Nous, chrétiens, nous avons, pendant notre marche, appris, comme enfants, à connaître l’amour du Père et les soins de Christ, le bon Berger ; mais le principe de notre confiance dans le Seigneur est le même. Il est remarquable comment toute idée d’une autre délivrance que celle du Seigneur est absente de ce psaume. C’est là ce qui maintient l’intégrité, car le Seigneur ne peut secourir autrement qu’en maintenant la droiture de cœur. Au milieu de la fourberie de ses adversaires, l’âme ne connaît d’autre refuge que la face de Jéhovah. Avec Lui, tout est en ordre ; de même aussi, dans le cœur, tout est vérité et intégrité. Les ennemis ne concernent plus que Jéhovah ; tel est le secret de notre sécurité et de notre tranquillité dans l’épreuve. Donc, Sa grâce étant là, nous pouvons compter sur le Seigneur en tout temps. Si nous nous sommes égarés, avouons-le-Lui ; c’est un exercice vrai de l’âme en Sa présence. Il agit alors entre elle et Lui suivant la vérité. Mais la grâce, l’asile de Sa tente et la délivrance qui en découle, sont la position de l’âme.

Quoique Jéhovah soit le sujet principal du psaume 28, comme de tous ceux-ci, il y a cependant ici un point spécial en ce qui concerne le juste : son cri à Jéhovah, sa supplication. En criant à Lui, le cœur entre en liaison avec le Seigneur. Ce cri indique que le Seigneur s’intéresse à nous et que cet intérêt est notre point de départ ; il indique aussi que nous reconnaissons que nous dépendons de Lui. Ainsi, le cri et la supplication sont importants ; ils indiquent l’état de l’âme. Nous pouvons désirer quelque chose du Seigneur, avoir foi en Sa bonté ; mais crier à Lui nous unit à Lui d’une manière ouverte, même devant autrui. Dans ce psaume, l’âme est au comble de la détresse, la fosse est béante devant elle ; mais le principe est toujours vrai, même lorsque nous intercédons pour d’autres. Ici, la foi se montre en criant à Dieu, lorsque, à vue humaine, tout espoir est impossible. Cette liaison avec le Seigneur est clairement indiquée ici, en étant le moyen de ne pas être entraîné dans le jugement avec les iniques. Au psaume 26, c’était l’intégrité du saint dans ses voies qui était sa sauvegarde ; ici, c’est la liaison avec le Seigneur, indiquée par le cri de l’âme vers Lui, qui est la sauvegarde du croyant. Et quoique ce soit sur la méchanceté des pécheurs que se fonde l’attente de leur jugement, toutefois il est déclaré que leur mépris de l’Éternel est la cause de leur destruction. Le juste s’est confié en Lui et a été secouru. Mais dans la délivrance que Dieu nous accorde, il y a plus, bien plus que le seul fait d’être délivré. C’est Lui qui nous a délivrés. Le cœur était attaché à Lui, regardait à Lui, L’adorait, Le croyait, et Il ne nous a pas trompés. Que cela est vrai, et combien cela attache, tout de nouveau, le cœur à Lui : « Béni soit l’Éternel, car il entend la voix de mes supplications — c’est en Lui que mon cœur se confie, et je suis secouru. Aussi, mon cœur est dans l’allégresse et je Le loue par mon cantique ». S’attendre ainsi à Jéhovah, avec confiance, c’est entrer réellement dans Son caractère et s’y conformer en l’estimant, en l’honorant et en y prenant ses délices ; c’est apprécier le Seigneur ; or, quiconque apprécie une chose moralement excellente, y est conforme d’une manière dépendante. J’ai un ami, noble, fidèle et dévoué ; je me trouve dans des circonstances où tout s’oppose à la possibilité ou même à la probabilité qu’il me vienne en aide ; cependant, je suis sûr de son secours, je compte avec affection sur ce qu’il est. Évidemment, mon appréciation n’a pas changé. Je le considère comme supérieur à toutes les circonstances, dirigé par sa seule bonté. C’est là-dessus que je compte, c’est cela que j’apprécie. Quelles que soient les circonstances, mon cœur suit le sien, quoique dans la dépendance, et son cœur est avec le mien. Lorsqu’il a agi, je me réjouis en lui, je me réjouis de la juste appréciation que j’avais faite de mon ami ; je le connaissais bien, il ne m’a pas déçu, et je me réjouis en sa bonté, à laquelle je m’attendais, envers et contre tout. Il m’a prouvé son intérêt en s’occupant de moi. De même, lorsque Dieu délivre le chrétien, comme lorsqu’Il délivrera le résidu juif dont parle ce psaume, il peut dire : « Celui-ci est notre Dieu, nous nous sommes attendus à Lui ». C’est bien la même pensée que nous voyons chez Job, à travers sa coupable irritation. Il compte sur Dieu, il sait ce que Dieu serait et ferait pour lui, s’il pouvait Le trouver.

Le psaume 28 nous montre donc un homme dont le cœur s’est confié en celui de Dieu, qui L’a trouvé et se réjouit en Lui, qui a réellement honoré Dieu, quoique seulement par son attente, par sa confiance inébranlable. Il se contente de savoir ce qu’est son ami, il se contente de son amour. Il se réjouit de sa délivrance, car il a souffert, il a été opprimé dans sa faiblesse ; mais il se réjouit, en même temps, de son libérateur. Il possède un ami qui lui a formé le cœur d’après sa propre excellence, et qui l’a formé pour se confier en elle.

Tout cela se trouve aussi dans le chrétien, mais d’une manière plus calme, parce qu’il est mieux instruit dans les choses célestes, qu’il connaît mieux Dieu, qu’il a moins d’anxiété touchant les choses terrestres et qu’il regarde à celles qu’on ne voit pas. Mais le principe reste le même.

Psaumes 29-35

Le psaume 29, envisagé au point de vue suivant lequel nous étudions maintenant les Psaumes, ne donne pas lieu à beaucoup de remarques. Il exhorte les puissants de la terre à reconnaître Jéhovah et à Lui donner la gloire due à Son nom. Je désire seulement faire remarquer qu’il s’agit ici de l’adoration ; il s’agit de reconnaître Jéhovah dans Son temple, là où Il a placé Son nom. Ce nom a été révélé, la gloire Lui est due comme ayant été révélé ; elle est due à Son nom qui, étant la révélation de Lui-même, est aussi celle de Sa relation avec Son peuple. C’est dans Son temple qu’Il a placé Son nom, de manière à former un centre de communion et un lieu de culte. Ainsi, tandis que Sa voix proclame la majesté de ce nom, ceux qui le connaissent sont rassemblés, par ce nom même, pour une commune adoration. La gloire du nom de l’Éternel est révélée et prouvée par le contenu des derniers versets. Jéhovah est assis sur les flots ; Il dirige, selon Ses desseins, le tumulte des peuples. Il siège comme roi éternellement. Au-dessus de l’agitation des peuples, Son gouvernement est sûr et inébranlable à jamais. Mais, outre cela, l’Éternel est en rapport avec Son peuple ; Il le fortifie, Il le bénit par la paix. Le verset 10 exprime Sa toute-puissance, le verset 11 annonce ce qu’Il est pour Son peuple. Les puissants de la terre sont invités à reconnaître Jéhovah et la bénédiction est assurée à Son peuple.

La vérité contenue dans le psaume 30 est d’un profond intérêt pratique : c’est que la joie provenant de la délivrance du Seigneur (ici Jéhovah) est plus grande, plus intime que celle de la prospérité, même lorsqu’on l’attribue à Dieu. Il se peut que la délivrance se rapporte à des épreuves, suites de péchés ; ce sera certainement le cas du résidu juif ; mais la délivrance est complète, et lorsque le mal, le péché, est pleinement reconnu, la restauration et la bénédiction sont absolues dans la communion avec Dieu. Le pardon, ou la pensée du pardon dans une âme qui n’est pas guérie, peut être accompagnée de regrets. Quand l’âme est guérie, elle apprend assurément à juger le mal, à être pleine d’humilité et de grâce pour les autres ; mais si la guérison est complète, l’âme entièrement sondée n’aura pas de regrets, parce qu’elle sera exclusivement remplie de ce que Dieu est pour elle. Elle aura la chair en horreur ainsi que les principes qui l’ont conduite au mal ; mais si le mal est réellement haï, elle n’aura plus horreur d’elle-même et sera dans la paix. Il est vrai que le psaume 30 ne poursuit pas ces pensées aussi loin ; il s’occupe plutôt des circonstances extérieures et du fait que la main de Dieu s’appesantit sur l’âme à cause du péché, que du péché lui-même. Mais ces circonstances sont considérées comme exprimant la colère de Dieu ; il s’en suit que les circonstances sont considérées comme l’expression de Sa colère ou de Sa faveur, et c’est à cela que l’âme s’arrête. Elle avait été dans la prospérité, et l’avait attribuée à Dieu, mais elle fondait sur les circonstances l’assurance de son bonheur, quoiqu’elle les considérât comme lui ayant été accordées par Dieu.

En agissant ainsi et tout en reconnaissant Dieu comme Celui qui donne et qui assure la bénédiction, elle s’arrêtait à cette bénédiction et à soi-même, au lieu d’en profiter.

« À jamais je suis inébranlable. Ô Éternel ! dans ta faveur tu avais donné à ma montagne une force stable ». Quoiqu’il puisse, dans ce cas, y avoir de la piété, cela pourrait facilement dégénérer en : « C’est ici le temple de l’Éternel, le temple de l’Éternel » (Jér. 7, 4). Ce psaume suppose du reste une piété vraie. Seulement il est dit que la faveur de l’Éternel a donné une force stable, au lieu que cette faveur elle-même soit considérée comme la bénédiction.

Jéhovah cache Sa face, et tout aussitôt l’âme sent sa dépendance directe de Dieu, elle cherche Sa bénédiction immédiate. Les fautes commises attirent des châtiments et des exercices ; alors la faveur divine elle-même se fait sentir comme étant la bénédiction dont l’âme a besoin ; Jéhovah Lui-même devient la source de la joie. Dans Sa colère, on ne souffre pas seulement des circonstances par lesquelles elle s’exprime, mais du fait même que Jéhovah cache Sa face à cause du péché. L’âme est amenée, quoique par l’angoisse et la détresse, dans une relation immédiate avec Dieu. Elle est amenée à penser à soi, non point comme à un objet digne d’intérêt, centre de la bénédiction, mais comme étant pécheresse et ayant besoin de la faveur de Dieu. Ainsi est produite, par grâce, une œuvre douloureuse mais utile et importante, lorsque ce jugement de soi-même est opéré au-dedans de l’âme, de manière à produire l’intégrité spirituelle. La faveur de Jéhovah luit sur elle, on en jouit. Dès lors, cette faveur même est considérée comme la bénédiction, et la délivrance l’accompagne, lorsqu’il plaît à Dieu. On entre ainsi, avec une sainte adoration, dans la vraie nature de Dieu ; on ne Le considère plus seulement comme un Dieu qui doit servir l’homme en le bénissant. Dans cet état, l’ennemi ne triomphe plus et l’âme est guérie. Nous voyons que si Dieu montre ainsi Sa colère, ce n’est qu’afin d’instruire et de discipliner les saints pour un moment ; purifiés, ils jouissent alors plus pleinement de Lui. Littéralement, ce psaume s’applique au résidu juif, sur le bord de la tombe, puis délivré ; mais, pour eux aussi, le vrai travail d’âme est avec Dieu.

Je dirai encore quelques mots sur différents états d’âme dans lesquels les saints peuvent se trouver actuellement et dont ce psaume fournit l’occasion de parler. Il y a d’abord ce que l’on peut appeler comparativement l’innocence ; c’est l’état d’une âme convertie qui ne connaît pas la corruption et n’a pas de grands combats intérieurs. Dans ce cas-ci, on jouit de la grâce du pardon et l’âme est heureuse dans la connaissance de la bonté et de l’amour de Dieu, son Sauveur. Une telle âme, en marchant tout près de Dieu, peut arriver à se juger véritablement et acquérir une profonde connaissance de Dieu. Autrement, l’âme est superficielle, on a peu de connaissance de sa propre personne, la séparation de la chair, du monde, sous son aspect aimable, est peu mise en pratique.

Vient ensuite l’état d’une âme qui, ayant péché, a passé par des exercices plus profonds, et se trouve amenée ainsi, d’une manière humiliante, à la connaissance d’elle-même. C’est plutôt ce dernier cas que nous voyons dans le psaume 30. Alors le pardon peut être connu et c’est un repos. Mais s’il y a eu de la légèreté ou de la bassesse vis-à-vis de Dieu, on a une certaine honte du péché, et l’on manque de cette libre confiance avec Dieu qui se montre naturellement quand on jouit de Lui. Cette confiance est alors plus difficile à trouver. Mais dans ce cas, le moi n’est certainement pas mis de côté.

Un troisième état d’âme, c’est lorsque la racine du mal est réellement jugée, c’est-à-dire non seulement le mal lui-même, mais l’objet qui nous a séparés de Dieu, et que le moi est ainsi en réalité mis de côté. Alors la faveur divine est tout ce que l’âme désire, le cœur est intègre devant Dieu et, quoique humble, plein de courage vis-à-vis des hommes. Il a la conscience d’un lien entre lui et Dieu : la faveur divine, Dieu moralement en unisson avec lui, Dieu connu comme son soutien véritable et sa force. Le présent, non point le passé, est alors la place du cœur avec Dieu.

Le psaume 31 exprime une confiance absolue en Jéhovah (Dieu connu dans notre relation avec Lui) au milieu d’épreuves et d’angoisses terribles amenées par le péché, mais pendant lesquelles la foi est à l’œuvre, comptant sur le nom de Dieu qu’elle connaît et, par conséquent, sur Sa justice en le manifestant. Il n’y a point d’orgueil ; on se confie en Dieu à cause de Lui — de Son nom — mais en confessant toutes ses fautes, en reconnaissant que c’est par le péché que l’on se trouve dans l’épreuve et l’angoisse. Plutôt que l’iniquité elle-même, on confesse ici que l’épreuve pour laquelle on crie à Dieu, est due à l’iniquité. Mais l’angoisse où elle se trouve fait que l’âme s’adresse en confiance à Dieu, selon qu’Il s’est révélé Lui-même.

Le caractère particulier de ce psaume est la confiance, l’abandon de sa cause entre les mains de Dieu, parce qu’on Le connaît personnellement. Une telle connaissance du Seigneur, une foi telle que l’âme peut se confier en Lui, et tout Lui remettre, au comble de l’angoisse, c’est là un principe profond de la vraie piété, et un principe de justice, parce que l’âme ne peut ainsi regarder à Dieu que dans un état réel de justice. Le Seigneur est connu ayant fait attention à l’angoisse de l’affligé ; les souffrances ne signifiaient pas que Dieu eût abandonné celui qui souffrait ; au contraire, Dieu connaissait et suivait l’âme de l’affligé ; Son cœur la reconnaissait, Il pensait à elle au milieu de l’adversité et, malgré ses péchés, l’affligé regarde à Dieu, à travers la détresse comme étant reconnu par Lui. Il accepte la punition de son iniquité, mais dans ce sentiment de justice se confie en Jéhovah ; dans cet esprit, parfait en principe, il s’en remet entièrement à Dieu, content de savoir que tout est dans Sa main (v. 15). Aussi dit-il : « Fais briller ta face sur ton serviteur, que je ne sois pas confus, car je t’invoque » ; et il ajoute : « Combien est grande ta bonté que tu réserves pour ceux qui te craignent, dont tu uses envers ceux qui se réfugient en toi, à la face des fils des hommes ». La présence du Seigneur est un asile sûr qui rend impuissante toute la malice des hommes. L’affligé avoue bien que, dans son extrême angoisse, il avait dit un moment : Je suis rejeté par Dieu ; mais il avait montré de la foi en criant au Seigneur et le Seigneur l’avait secouru. L’Éternel garde les fidèles, de sorte que les saints peuvent L’aimer et avoir bon courage en toute circonstance. Il n’est pas dit que chaque chrétien doive traverser les angoisses décrites ici ; mais lorsqu’elles arrivent, elles donnent beaucoup d’intimité et de confiance.

Un Dieu connu et le cri résultant de la foi en ce qu’Il est, voilà le fond de ce psaume. Je ne dis pas que ce soit l’exercice le plus brillant de la foi ; on le trouvera plutôt dans l’épître aux Philippiens, expression brillante de l’expérience normale du chrétien ; ce n’est pas non plus l’exercice le plus fréquent ; mais Dieu, par Sa miséricorde infinie, a, dans Sa Parole, prévu chaque état et pourvu à chaque nécessité. L’état d’âme, décrit dans ce psaume, est une intime et profonde confiance en Dieu seul, très exercée et apprise par une détresse qui était nécessaire.

Psaume 32. Au milieu de tous les exercices de cœur qui concernent une âme renouvelée, dans ses difficultés ici-bas, il est un besoin, centre de tout, auquel le cœur et la conscience à la fois demandent une réponse ; c’est la relation de l’âme avec Dieu, lorsqu’elle pense, devant Lui, à son péché. Elle a besoin, dans l’épreuve, de confiance et de délivrance. Elle est soutenue par des promesses, et le cœur et la volonté sont soumis aux voies de Dieu. Mais au-dessus de tout, l’âme a besoin de réconciliation avec Lui, de la pleine lumière de Sa face ; quant à son propre état, elle a besoin de pardon et de savoir que son iniquité est ôtée. L’entière abolition de toute iniquité devant Dieu et Son pardon sont liés ici, d’une manière admirable, avec la purification du cœur et de l’homme intérieur, par la confession des péchés actuels. Mais l’âme commence, ainsi qu’elle le doit, avec Dieu, et trouve sa satisfaction dans les pensées de Dieu à son égard. Cela est juste. C’est seulement ainsi que le cœur est réellement purifié, que le péché est envisagé sous son vrai jour, et que Dieu a Sa place, choses sans lesquelles rien n’est en ordre. Cependant, c’est la conscience d’être pardonné qui agit d’abord sur l’âme, après que, la conviction du péché étant opérée, l’âme, en détresse, a été amenée à la confession : « Heureux l’homme dont la transgression est pardonnée ». Il a péché contre Dieu, commis des transgressions ; tout cela est parfaitement pardonné. Ce qui était péché vis-à-vis de Dieu, une chose haïssable à Ses yeux, l’est maintenant pour l’âme elle-même. Ce péché est expié, couvert ; la propitiation a été faite. L’état actuel de l’âme est indiqué d’une manière absolue. « Heureux l’homme à qui l’Éternel n’impute pas l’iniquité, et dans l’esprit duquel il n’y a point de fraude ». Maintenant le cœur tout entier est ouvert devant Dieu, et il ne s’y trouve point de fraude ; comment y en aurait-il lorsqu’il est ouvert devant Dieu et nettoyé, que le péché est effacé de devant l’Éternel ?

Quelle bénédiction que d’avoir la lumière parfaite de Dieu dans une âme sans tache, non pas innocente ! Au surplus, les rayons de cette lumière ne pourraient briller dans une âme innocente. Mais avoir la connaissance du bien et du mal, savoir ce qu’est la lumière, en contraste avec les ténèbres, et en avoir l’âme tout éclairée, quand elle est blanche comme la neige, voilà qui est infiniment précieux. Je sais bien qu’il s’agit ici plutôt d’une relation personnelle avec Dieu ; mais, pour le chrétien, elle est comprise dans le pardon du péché, dans le fait qu’il n’est point imputé. Maintenant cette relation existe par la foi ; elle n’en est pas moins réelle. Ce psaume indique aussi les voies de Dieu pour amener l’âme à la confession et après qu’elle y a été amenée. Nul repos pour l’orgueilleux qui se refuse à confesser ses fautes (quelle grâce de Dieu qu’Il nous poursuive ainsi !) ; mais Dieu dirige, d’une manière intime, l’âme réconciliée dans la communion ; Ses soins l’entourent au milieu de l’épreuve.

Ce psaume est donc l’expression d’une âme qui a la conscience d’être bénie, en étant pardonnée. Quelle douceur de sentir briller sur nous la faveur de Dieu, en ce que Son amour a agi pour nous ! Que cette faveur soit gratuite, n’est pas le plus vif sujet de notre joie, mais cela lui donne une grande profondeur, parce que c’est Dieu Lui-même qui pardonne. Puis il y a la conscience que le péché a été ôté de devant Dieu ; c’est une immense bénédiction. Qu’elle est douce, la pensée qu’aucun péché n’existe plus devant la face de Dieu ! Certes le péché n’est pas nié, ce serait de la fraude ; mais Dieu ne l’impute pas. C’est, de Sa part, un jugement déterminé, arrêté. Il ne l’impute pas. Ici, les sentiments sont moins en jeu que dans les versets précédents, mais il y a la certitude judiciaire que le péché n’est pas imputé : elle est nécessaire pour la vérité intérieure. Ceci se rattache à la confession. Il n’y a pas seulement de la droiture dans les paroles et dans la confession, mais dans l’esprit. Il y a de la vérité intérieurement. Aucun désir dans l’âme de se cacher à elle-même le mal ; elle se présente devant le pardon, avec son péché, sans chercher à l’atténuer. Elle voit le péché d’une manière vraie, et, parce qu’elle le voit, il n’est pas imputé. Or, la phrase est absolue et générale : « auquel l’Éternel n’impute pas l’iniquité ». C’est là une condition absolue de l’individu ; non seulement son iniquité, sa faute particulière est pardonnée, cela va sans dire, mais aucune iniquité quelconque ne lui est imputée. D’après le jugement de Dieu, cet homme existe devant Lui comme n’ayant pas de péché. Alors son cœur est ouvert et libre devant Dieu. Il a la conscience de cela et regarde en haut vers Lui comme n’ayant pas de péché, il sait que Dieu n’en voit pas. Par conséquent, il n’y a pas de nuage, rien à cacher. Toutefois, ceci n’a lieu que si la confession a été faite. La non-imputation absolue, c’est le jugement actuel de Dieu sur moi, la manière dont Il me voit. Point de péché entre moi et Lui. Mais pour avoir la conscience de cette précieuse vérité, il a fallu la confession. Jusque-là, Dieu appesantissait Sa main sur l’âme, afin de l’obliger à confesser son péché. Quelle grâce de Dieu, de veiller ainsi sur une âme égarée, pour la ramener à Lui ! Celui qui parle dans ce psaume, a été amené, par grâce, à reconnaître, avec droiture, devant Dieu, le péché sous son vrai jour, sans chercher à l’excuser, quelque humiliant que cela puisse être. C’était important moralement. Mais il y a plus : « Je confesserai mes transgressions » ; les actes eux-mêmes sont rappelés en mémoire, après quoi, tout est en règle : « Tu as pardonné l’iniquité ». 1 Jean 1 explique cela au point de vue chrétien. Nous ne pouvons pas non plus dire que nous n’avons pas de péché, et nous confessons nos péchés.

Il est instructif de voir ici l’absence de péché sur la conscience, unie avec l’absence de fraude dans le cœur, celui-ci étant entièrement ouvert par la conscience que le péché n’est pas imputé. Il ne peut être ouvert autrement ; mais il y est amené dans la vérité par la confession, et à la confession par la confiance. C’est seulement ainsi que le cœur est ouvert à Dieu, par le moyen de la grâce et que la vérité existe intérieurement, le pardon étant connu par la promesse, quoique nous soyons forcés à l’humiliation de notre volonté. « Il y a pardon par-devers toi, afin que tu sois craint ».

Cette révélation de Dieu porte les justes et ceux qui L’aiment à regarder à Lui au temps où Il se révèle comme le Dieu qui pardonne, au temps où on Le trouve. De même, par rapport à Christ, il est parlé en Ésaïe 49, 8, du temps de la bienveillance. Après qu’Il eut été parfait, et trouvé parfait devant Dieu, Christ fut exaucé, car Il avait été fait péché pour nous. L’apôtre cite ce passage ainsi : « Maintenant est le temps agréable, aujourd’hui est le jour du salut ». La révélation du pardon et la joie d’une relation avec Dieu, basée là-dessus, font que ceux qui L’aiment Le désirent, se réjouissent en un tel Dieu, et Le cherchent. Supposé qu’au moment même, ils n’aient pas le sentiment de péché, ils savent cependant qu’ils sont pécheurs ; Dieu leur est révélé comme un Dieu qui pardonne, Il a un caractère qui fait leurs délices et leur âme s’attache à Lui. Ils Le cherchent, non pas seulement à cause du pardon, mais comme aimant Dieu ; c’est un Dieu qui a ce caractère, qui agit selon ces voies, c’est un tel Dieu qui attire leur cœur. Or, remarquez-le, Dieu agissant de cette manière, révélé de cette manière, fait que le temps est celui où on Le trouve. Cette liaison entre l’affection du cœur et l’affection de Dieu et la puissance d’attraction qu’elle exerce, est fort belle et profonde dans les cœurs de ceux qui aiment Dieu. Il faut le sentiment de la nécessité, de la dépendance, et, en nous, le besoin de la grâce, comme telle, dans tout l’ensemble de notre relation avec Dieu. Mais, en même temps, c’est une profonde réalisation de la grâce parfaite et divine de l’amour et aussi de la bonté souveraine des voies de Dieu à cet égard ; cette réalisation est proportionnée à la piété, quand la conscience n’est pas mauvaise.

Heureux dans cette bonté, nous sentons que cette grâce nous sied et sied à Dieu ; pieux, elle nous attire à Dieu. Aussi nous sommes à l’abri, quoiqu’il advienne. En l’appliquant au résidu, ce principe est très clair. Israël a été coupable sous tous les rapports. Dieu lui offre Son pardon, comme on le voit dans ce psaume, dans Moïse et les prophètes ; c’est ainsi qu’Il se révèle ; le résidu pieux est touché de cette grâce ; les péchés sont confessés, sans doute, mais les cœurs des fidèles sont attirés vers Dieu et Le cherchent. Au débordement des grandes eaux, celles-ci ne les atteindront pas (v. 6). Dans tous les cas, l’âme qui connaît ainsi la bonté peut compter sur Dieu. Dieu Lui-même ainsi connu, est son asile. À la fin, les chants de délivrance seront sa portion.

Ensuite viennent des promesses. Nous avons à traverser un désert où il n’y a point de chemin ; mais au milieu des pièges de toute espèce, et de peur que nous ne fassions fausse route, Dieu nous guide et nous enseigne. L’œil du Seigneur est sur nous et nous dirige. Il ne nous montre pas un chemin pour nous y laisser seuls ; non, Lui-même nous surveille et nous conduit dans le chemin qui Lui agrée, qui est le résultat de Sa sagesse, un chemin divin pour nous. C’est Dieu Lui-même qui nous est présenté ici : Sa bonté, Sa direction, Son intérêt qui nous pardonne au besoin, et nous conduit sous le regard constant de Son amour. Mais cela suppose que nos cœurs sont attentifs à l’œil de Dieu. Le chemin consiste à faire attention à Lui et à suivre Son regard avec intelligence. Ainsi l’âme est enseignée intérieurement dans ce qui est agréable au Seigneur et formée d’après Lui en connaissance. Voilà ce qui est développé dans le Nouveau Testament (Phil. 1, 9-11 ; Col. 1, 9-10 ; 3, 10 ; Éph. 4, 24) ; même Moïse dit : « Si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, enseigne-moi ta voie, afin que je te connaisse et que je trouve grâce devant tes yeux ». C’est l’enseignement spirituel de la voie de Dieu, par le moyen de Sa direction, et la communion avec Lui, fondée sur Sa faveur. Aussi est-il dit de ne pas être comme le mulet qui a besoin d’être conduit extérieurement par la bride. Dieu nous conduit quelquefois ainsi, en grâce, par Sa providence ; mais, de cette manière, il n’y a point d’intelligence spirituelle, pas d’assimilation morale à Sa nature, pas d’accroissement de la jouissance de notre nouvelle nature en Lui, et partant point d’accroissement non plus de la capacité de connaître Dieu. Le résultat de ce qui précède est indiqué aux deux derniers versets dans les voies judiciaires de Dieu. Seulement, il faut bien remarquer que c’est en Jéhovah Lui-même que l’âme doit se réjouir, non pas dans les conséquences, quoique la grâce environne ceux qui se confient en l’Éternel. Dieu, Lui-même, connu par le pardon et par Sa bonté toujours accessible, comme un sûr asile de l’âme, comme celui qui la guide de Ses soins et de Son regard, c’est ce Dieu en qui l’âme, ainsi enseignée, est invitée à se réjouir. Paul dit, de la même manière : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur, je le dis encore, réjouissez-vous ». Nous nous réjouissons en Dieu, par le moyen de notre Seigneur Jésus, par lequel nous avons reçu la réconciliation. Il remplit l’âme et Il est au-dessus de tout.

Je n’ai que quelques principes à indiquer en parlant du psaume 33. Tous les psaumes, jusqu’à la fin du 39, révèlent l’état moral du résidu juif aux derniers jours, son état moral plutôt que sa condition sous l’oppression de l’ennemi ; l’idée du pardon donne au résidu une teinte plus brillante que le sentiment de sa condition extérieure, quoiqu’on le trouve aussi dans ce psaume. Le 33 continue le dernier verset du 32 ; l’idée du pardon ayant mis un nouveau cantique dans la bouche de celui qui parle, il peut, avec une confiance plus éclairée et en regardant à la parole et aux œuvres de Dieu, rechercher les principes d’après lesquels les hommes devraient agir. La terre est considérée comme étant sous le regard et la direction de l’Éternel, Son gouvernement s’exerçant sur elle. Ce point de vue, pleinement développé à la fin du psaume, s’applique aussi au côté inférieur de la vie chrétienne (voir Ps. 34, 12-16 ; 1 Pier. 3, 10). Voici quelques principes généraux : « Les œuvres de l’Éternel sont faites avec vérité ». Je puis compter qu’Il agira d’après les principes connus de Sa sainte volonté ; par conséquent Sa Parole, essentiellement vraie et juste, peut me juger maintenant ; c’est là toujours un principe important. Sans le faire publiquement et d’une manière visible, le Seigneur gouverne toutes choses ; ainsi je puis agir d’après Sa parole et être sûr des conséquences. Je puis, sans doute, souffrir pour Christ, c’est une bénédiction plus grande encore ; mais la bénédiction sera toujours le résultat d’avoir agi selon la Parole de Dieu. Depuis le verset 6, la puissance de la parole est montrée dans l’acte de la création. La terre devrait craindre l’Éternel : « car Il parla et la chose exista ». « Il met à néant les desseins des peuples, mais le conseil de l’Éternel subsiste éternellement ». Puis vient un autre principe : la bénédiction d’être le peuple choisi de Dieu, d’être Son héritage. Il s’agit d’Israël, cependant la foi doit marcher maintenant dans la force que donne ce principe : « C’est pourquoi revêtez-vous, comme les élus de Dieu, saints et bien-aimés ». Nous ne sommes pas l’héritage de Dieu, mais Ses héritiers ; toutefois la hauteur de notre position, plus élevée que celle d’Israël, ne détruit pas le principe en lui-même, quoiqu’elle lui donne une application plus profonde. Nous devons traverser le monde comme les élus de Dieu, et c’est là une position extrêmement bénie. C’est selon la prescience de Dieu, le Père ; mais nous marchons dans la conscience d’être les élus de Dieu. « Il forme les cœurs et fait que toutes choses contribuent ensemble à mon bien ». Ainsi, tandis que la force humaine n’est que néant, je puis m’attendre au Seigneur avec assurance, Son regard est sans cesse dirigé sur moi (voir Job 36, 7).

Le psaume 34 va plus loin : il s’occupe d’une manière admirable de la tristesse et de l’épreuve. Jéhovah Lui-même est le centre béni de ce psaume, comme de tous les autres. Dans les quatre premiers versets, c’est spécialement l’esprit de Christ qui parle, mais comme se mettant à la place de tous ceux qui sont éprouvés de cette manière, et cela concerne chacun qui possède cette foi, afin que chacun la possède. La force du psaume est dans ces mots : « en tous temps ». Il est aisé de louer le Seigneur, quand Il permet que tout aille à notre souhait ; mais, dans ce cas, le Seigneur n’est pas réellement loué pour ce qu’Il est. Nous voyons ici, dans l’épreuve, l’âme humble et soumise. Elle a cherché le Seigneur et L’a trouvé, un ami prêt à la secourir. Voilà ce qui lui a rendu le Seigneur intime et précieux. Le cœur du saint était éprouvé, exercé, accablé par l’injustice, mais sa volonté ne s’est point révoltée, pleine de fierté et de colère ; au contraire, il expose, avec confiance, ses affaires au Seigneur, il s’appuie sur Sa bonté et le Seigneur s’intéresse à lui. Ce n’est pas ici la haute et souveraine providence dirigeant les circonstances pour notre bénédiction extérieure, ce qui doit sans doute exciter notre reconnaissance, mais l’intérêt affectueux du Seigneur pour le cœur qu’Il a éprouvé. Or, cet intérêt est bien plus intime, bien plus profond, la liaison entre le Seigneur et nous plus douce et plus étroite. Nous ne trouvons pas ici l’orgueil de la propre volonté dans l’épreuve ou le succès, mais un cœur angoissé et humble, trouvant l’oreille et le cœur du Seigneur ouverts à sa requête. Ainsi consolé lui-même, il peut consoler les autres par la consolation avec laquelle Dieu l’a consolé : « L’Éternel m’a délivré de toutes mes frayeurs ». Bien souvent nous pouvons dire cela, même au sujet d’un malheur que nous n’attendions pas sans raison, et que Dieu a écarté ! Cette connaissance du Seigneur conduit à l’exercice de l’amour ; en encourageant les autres, tandis que le cœur en fait l’expérience et en est rempli. Cela est appliqué, par l’Esprit, au résidu, verset 5, et le résidu renouvelle l’expérience de Christ, verset 6. Au verset 7 nous trouvons la même vérité énoncée d’une manière générale. Les versets 8-10 nous montrent comment celui qui s’est confié dans le Seigneur est rendu capable, par sa propre expérience, de donner aux autres la certitude qu’ils trouveront le même secours.

L’expérience de la bonté du Seigneur est bien précieuse. Non seulement on en est assuré pour chaque épreuve, mais le Seigneur Lui-même est connu. On Le bénit, on Le loue. Le cœur demeure en Lui, il trouve sa joie et son repos dans la bonté de ce Seigneur unique, auquel nul être ne ressemble. Cette bénédiction est infinie et de nature divine comme Celui qui en est la source ; mais elle est, comme le fond même de notre cœur, plus intime que tout être humain en dehors de nous. Nous demeurons en Lui et le Seigneur est notre soutien, le repos de nos cœurs. Rien de comparable à cela. Nul ne peut être uni à nous aussi intimement que Dieu, car Il est en nous.

Mais il y a ici encore un autre principe. Ce psaume nous expose aussi la marche dans laquelle on trouve cette bénédiction (v. 7-10) : craindre Dieu, se confier en Lui et Le rechercher. Le caractère de cette crainte de Dieu est indiqué aux versets 11-16, passage cité en partie dans l’épître de Pierre. La fin du verset 16 y est omise comme non applicable maintenant, quoique le fait général du gouvernement de Dieu pour le chrétien soit applicable au temps actuel. Il importe de ne pas oublier cela. C’est parfaitement vrai, non seulement qu’on ne se moque pas de Dieu, que l’homme recueillera ce qu’il aura semé, que selon le gouvernement de Dieu, certaines conséquences sont attachées à une certaine conduite, mais encore qu’il surveille et gouverne directement Ses enfants ; Il peut les rendre malades, les faire mourir, ou les délivrer de la maladie et de la mort, par suite de la confession ou de l’intercession. « Les yeux de l’Éternel sont sur les justes, et ses oreilles tournées vers leur cri » ; « l’Éternel est près de ceux qui ont le cœur brisé et Il délivre ceux qui ont l’esprit abattu ». Puis il y a un sentier désigné par Dieu comme celui de la paix dans ce monde, non seulement comme étant en lui-même le sentier de la puissance spirituelle, mais celui de la paix et de la tranquillité ici-bas, par lequel on traverse paisiblement ce monde sous le regard de Dieu. C’est bien précieux pour nous. La grâce est un moyen de marcher ainsi, pourvu que le cœur soit autre part que dans l’oisiveté et les passions. Les pieds sont chaussés de la préparation de l’évangile de paix. Autant qu’il dépend de nous, nous vivons en paix avec tout le monde. Ce principe est vrai, même pour les hommes inconvertis. Ceux qui marchent dans cette voie, en général, ont des jours heureux, parce que telle est la conséquence du gouvernement public de Dieu. Il sied au chrétien de marcher de cette manière, mais d’autres le peuvent aussi. Ce gouvernement de Dieu est toujours vrai, comme nous le voyons en Job ; seulement le saint devrait le comprendre. Mais il reste encore un mot à dire. Ce gouvernement n’est point tel maintenant que les justes n’aient pas à souffrir pour le nom de Christ (voir 1 Pier. 3, 14-17). Mais Jéhovah veille sur eux ; pas un moineau ne tombe à terre sans la volonté de notre Père. Il nous semble étrange de lire : « Ils feront mourir quelques-uns d’entre vous, mais pas un cheveu de votre tête ne périra ». C’est que le gouvernement de Dieu maintenant n’est pas Son gouvernement public, employé à supprimer le mal, mais employé pour les justes, sous la puissance du mal et au travers de cette puissance. Quand Christ apparaîtra, alors le mal sera entièrement supprimé. En général, ceux qui vivent paisiblement vivront en paix ; mais en un monde où se trouve la puissance de Satan, les justes ont à souffrir, à supporter maintes afflictions, quoique toujours sous le regard vigilant du Seigneur, et la délivrance arrivera d’une manière ou de l’autre.

Qui eût dit que ce psaume serait littéralement accompli en Christ, lorsque Juifs et Gentils, prêtres et gouverneurs, unissant leur fureur contre Lui, semblaient n’obéir qu’à leur propre volonté et à leur haine implacable ? Pas un cheveu de notre tête qui ne soit compté. Je doute que le verset 20 de ce psaume soit exactement une prophétie, quoiqu’il ait été accompli à la lettre. Je supposerais plutôt que le passage de l’évangile de Jean se rapporte à Exode 12, 46. Au reste, en admettant que ce verset ne soit pas cité, Christ est évidemment un exemple parfait de la déclaration faite dans ce psaume, comme principe général. Les soins de Dieu ne font jamais défaut, ils se montrent dans les plus petites circonstances et en dépit de toutes les pensées humaines, quoique Dieu puisse permettre que beaucoup d’afflictions arrivent à ceux qui se confient en Lui ; ces afflictions même seront certainement une bénédiction. L’âme, apprenant ainsi les voies du Seigneur et se confiant en Lui, peut Le louer en tout temps. Dans ce sens, à la vérité, le christianisme nous fournit, à l’égard de la vie spirituelle, des expériences plus profondes. Mais il est précieux de connaître le Seigneur comme Celui qui veille ainsi sur nous, avec amour, comme un Père tendre et soigneux, en qui nous pouvons nous confier, sous le regard duquel nous pouvons marcher paisiblement dans ce monde, cherchant le bien de ceux qui nous entourent.

Le psaume 35 contient une demande directe de jugement, faite par l’Esprit de Christ dans le résidu ; j’ai peu de chose à dire à ce sujet. Christ a souffert le premier les choses dont le jugement est prononcé ici ; mais, comme nous l’avons vu, jamais Il ne demande le jugement en vue de Lui-même. Ce psaume nous montre dans quel esprit le jugement est demandé. C’est après une longue patience et une grâce infatigable, mais trouvées inutiles, et pendant lesquelles, au lieu de se venger lui-même, le résidu s’en remettait à Dieu ; c’est seulement alors qu’il demande à Dieu de le délivrer. Ceci est important à remarquer quant à l’appel au jugement (v. 12-14). Ce n’est qu’au moment d’être englouti qu’il supplie le Seigneur d’intervenir, et certes, cela aura lieu. Le pauvre ne sera pas toujours dans l’oubli ; aussi n’est-il point juste que la dureté, l’injustice, la cruauté aient le dessus, toujours et partout. Mais il est juste que les saints soient patients, et endurent tout, jusqu’à ce que le Seigneur Lui-même intervienne. Tel est, en effet, l’esprit de ce psaume ; alors ils se réjouissent dans le salut de l’Éternel. Le sentiment de la juste punition du Seigneur sur la cruauté et la méchanceté est fort juste. En outre, nous trouvons ici le caractère et les voies des méchants, ainsi que les voies pleines de grâce de celui qui les a trouvés trop forts pour lui. Les versets 26 et 27 s’appliquent spécialement à Christ, mais le psaume entier dans la bouche de tout fidèle avancé, contient le désir que le mal retombe sur celui qui le pratique. Je veux encore faire allusion à quelques passages, afin de montrer l’opération de cet esprit dont j’ai parlé plus haut et jusqu’à quel point le Seigneur l’applique au résidu. Quant à Lui, Il n’a jamais demandé ce jugement ; mais Il l’a prophétisé. Les chapitres 24, 25, 26 de 1 Samuel nous montrent l’esprit dans lequel David étant gardé, quoique faible, était même alors l’instrument particulièrement qualifié par la grâce, pour adapter la pensée de Christ, en ces psaumes, aux circonstances dans lesquelles le résidu, rejeté comme lui, se trouvera une fois, pour faire même, quand Dieu l’a voulu, la déclaration prophétique des circonstances que Christ devrait traverser, et pour fournir (honneur immense !), dans une foule de psaumes, les paroles par lesquelles Christ Lui-même pourrait s’exprimer (voir surtout le psaume 25, 11-13 et la fin du 26). C’est ainsi qu’Abigaïl le garde dans cet esprit, par la miséricorde ; mais il n’y a point de propre vengeance ; il s’en remet complètement à Dieu.

Les directions que le Seigneur donne à Ses disciples, en Matthieu 10, indiquent aussi l’esprit dans lequel le résidu doit rendre témoignage pour Lui jusqu’à Son retour (v. 13-15, comp. Ps. 35, 13). Il importe que le chrétien comprenne qu’il doit agir selon l’esprit de Christ pendant sa marche au milieu de ce monde, qui était bien différent du désir du jugement exprimé dans les Psaumes ; mais qu’il comprenne aussi que ce désir est juste et légitime à sa place, que le désir du jugement n’est point la vengeance personnelle, mais un appel adressé au Dieu juste et secourable, après une patience parfaite, sous l’oppression injuste des méchants, le cœur s’étant soumis à la volonté divine et ayant appris la leçon que Dieu voulait lui enseigner (voir psaume 92, 12, etc.). Mais le chrétien est sur un terrain tout différent.

Au point de vue que je viens d’indiquer, le psaume 35 est important. Nous voyons l’esprit du résidu exercé, devant Dieu, par l’épreuve et, intérieurement soumis, Lui demandant la délivrance telle qu’elle était promise à Israël et au résidu lui-même, sous le gouvernement divin révélé dans la loi et les prophètes.

Psaume 36

Le psaume 36 se rapportant à une très grande épreuve, est, pour cette raison même, rempli de consolation. L’épreuve consiste en ce que les voies des méchants montrent au serviteur de Dieu qu’il n’y a en eux ni conscience pour les retenir, ni crainte de Dieu pour réprimer leur malice, ni aucune chose sur laquelle on puisse compter. Content de soi-même et se plaisant à l’iniquité, le méchant cherche à exercer sa haine. Combien souvent, hélas ! le saint peut voir cela, lorsqu’il se trouve en conflit avec la puissance de l’ennemi. Il est dur de croire à cette absence totale de conscience, à cette malice préméditée ; et cependant elles existent, notre cœur le sait bien, et la Parole les désigne comme traits caractéristiques du méchant. Mais la consolation n’en est que plus grande et plus bénie, parce que l’âme s’abandonne alors entièrement à un Dieu fidèle et plein de miséricorde, qui est au-dessus de tous les plans des hommes ; ainsi nous pouvons être parfaitement tranquilles. « Éternel, ton amour est dans les cieux ». Que peut alors le méchant ? Ses desseins ne sauraient atteindre aussi haut, ni déjouer les plans et le gouvernement célestes ; comment les empêcherait-il de se réaliser en faveur de l’âme qu’il persécute ? La miséricorde est hors de l’atteinte des ennemis ; mais il existe encore en Dieu une autre qualité, Il est fidèle. La miséricorde est la source de Ses actions, elle les dispose. Mais je puis aussi compter sur Sa fidélité ; elle s’élève bien haut au-dessus de toutes les machinations des iniques. Le principe immuable du gouvernement de Dieu en miséricorde et en fidélité, la justice de Ses actes, est aussi ferme et inébranlable que les montagnes ; Ses jugements et Ses actes sont aussi profonds que l’immense abîme. Impossible à nous d’en sonder d’avance le comment et le pourquoi. L’Éternel opère au-dessus de la puissance du mal ; mais aussi hors de l’atteinte de notre compréhension mesquine, de sorte qu’Il peut faire réussir, par la malice des hommes, Ses desseins de bénédiction. « Il conserve les hommes et les bêtes ». Du moment que nous introduisons dans nos circonstances le Seigneur connu de cette manière, la malice des hommes, toute libre qu’elle soit du frein de la conscience de Dieu dans leurs cœurs, fait que nous plaçons notre confiance en Dieu, et non pas dans l’homme ; c’est là son unique effet. L’épreuve est réelle, mais la paix est parfaite. L’on se détache de l’homme étranger à Dieu, pour s’attacher à Dieu même, en se confiant à Dieu de tout son cœur. L’effet moral est immense (v. 7-8) : « Qu’il est précieux ton amour, ô Dieu ». On ne trouve plus seulement une défense contre la malice, mais on jouit de la bonté même de Celui qui en délivre. Les fils des hommes se réfugient à l’ombre des ailes de l’Éternel, parce que Son amour est précieux. Telle est la condition juste et convenable de la créature ; mais elle suppose qu’il y ait du mal à souffrir et le besoin de recourir à cette bonté de Dieu.

Mais il y a plus encore. Cette bonté qui l’a protégé et abrité, devient la portion du saint. Voilà l’effet béni de s’être remis à Dieu et complètement détaché de l’homme. Amenés à l’ombre des ailes de l’Éternel, « ils se restaurent abondamment de la graisse de ta maison, et tu les abreuves du fleuve de tes délices ». Il y a des joies et des plaisirs qui appartiennent à la maison de Dieu, à Dieu Lui-même. C’est là ce qui caractérise la joie des saints, et ne peut être notre partage que si nous sommes rendus participants de la nature divine, car celle-ci trouve nécessairement sa joie là où Dieu a la sienne. Telle est la bénédiction spéciale des saints ; Dieu nous l’accorde abondamment. Il nous donne Sa présence, Il nous donne Christ. Quelle riche bénédiction, de recevoir une nature capable de jouir des joies divines, ayant sous tous les rapports des choses divines pour objet, car nous devons en jouir sous tous les rapports. Regardant en haut, notre vocation est d’être saints et sans blâme devant Lui en amour, de jouir de Dieu et d’être Ses délices, selon la nature divine qui nous est communiquée et quant à notre relation avec Lui, d’être Ses enfants adoptés. Le lieu de notre héritage, c’est la maison de Dieu, notre demeure, et comme héritiers de Dieu, cohéritiers avec Christ, tout ce qui Lui est assujetti. Ceci forme la partie inférieure de notre joie ; mais comme nous l’avons en tant que rachetés et rendus parfaitement heureux en Christ, cette joie n’en est pas moins divine. Nous l’avons aussi en communion les uns avec les autres. Le chrétien jouit de tout cela de la manière la plus élevée, parce que Christ est devenu sa vie, dans la relation la plus élevée et la plus intime avec le Père. Ainsi donc, par la puissance du Saint Esprit, nous avons communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. Notre joie est complète. Tout cela, quoique j’en aie parlé par rapport aux chrétiens, est établi en principe, dans ce psaume ; or, en principe, cela est vrai de tous les saints ; mais non pas au même degré, « Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous ». Notre psaume continue : « C’est chez toi qu’est la source de la vie, c’est en ta lumière que nous verrons la lumière ». Jusqu’ici, il a plutôt mentionné ce que Dieu est pour nous, considéré comme notre protection, notre asile, notre ressource, en un mot. Mais nous ayant amenés à la graisse de la maison de l’Éternel et aux fleuves de Ses délices, ce psaume indique ce que Dieu est, sous le rapport de la bénédiction, considéré intrinsèquement, c’est-à-dire en Lui-même ; toutefois plutôt ce qu’Il est pour nous que en nous, ceci est, par le Saint Esprit, le privilège des chrétiens.

Ce qui est en nous est vu ici en Dieu, comme sa source. Le psaume dit : « C’est chez toi » ; tandis que le Seigneur dit, en parlant du chrétien : « Ce sera en lui ». Cependant Dieu est bien tel qu’Il est révélé et connu dans ce psaume. C’est chez Lui qu’est la source de la vie. La grande portée de cette parole n’a jamais été pleinement révélée avant la venue de Christ. En Lui était la vie. Il y avait un arbre de vie duquel l’homme n’a jamais mangé, et qui était un moyen de vivre. Au temps des patriarches, la chose principale n’est pas la vie ; mais ce que l’Éternel est pour ceux qu’Il aime et qu’Il bénit. La loi, en promettant la vie, la mettait en rapport avec les œuvres des hommes et l’arbre de la science du bien et du mal, qui devait être en même temps l’arbre de vie. La vie est un rapport vivant avec la source de la bénédiction, ou, du moins, une jouissance vivante de la faveur de Dieu ; elle n’est pas nécessairement le ciel. Aucune loi, au monde, n’était la vie ni ne pouvait la donner. Dieu la promettait à celui qui accomplirait la loi. Lui-même en est la source ; mais la loi donnée à un pécheur, sur la base de sa propre responsabilité, loin d’être un moyen de vie, ne pouvait mener qu’à la mort et à la condamnation. Elle parlait de la vie, et la désignait comme une promesse faite à l’obéissance, mais, de fait, il se trouva que la loi était pour la mort.

Les Psaumes, quoiqu’ils parlent aussi de choses célestes, mettent en évidence la liaison du cœur du résidu avec Dieu, nous font connaître ses larmes et ses supplications dans la nécessité et sentir tout ce que Dieu est pour lui. Tout cela a lieu selon l’opération de l’Esprit de Christ, quoique la délivrance temporelle soit le désir principal du résidu. La vie et la résurrection, comme l’espérance de la foi, ont aussi nécessairement leur place dans les pensées du résidu, quoique seulement en dernier lieu ; elles répondront au besoin de ceux qui devront passer par la mort. Mais nous ne trouvons point ici la vie et l’incorruptibilité mises en lumière par l’évangile, la vie dans un homme, le Fils de Dieu, comme Esprit vivifiant, la vie en nous, parce qu’Il devient notre vie. Toutefois, comme l’Esprit de Christ parle dans les Psaumes, Lui qui avait la vie était sûr du sentier de la vie en ce monde, et ce sentier conduisant par la mort, selon le but pour lequel Il venait dans le monde, Il était sûr aussi de la résurrection, c’est-à-dire que Son âme ne serait pas laissée dans le hadès et que Sa chair ne verrait pas la corruption, mais cela dans la dépendance de Dieu, comme étant homme. Ainsi aussi, lorsque le cœur du saint est séparé de l’homme comme entièrement étranger même à la crainte de Dieu, non seulement il cherche la protection et la bonté de Dieu, mais il voit que c’est chez Dieu qu’est la source de la vie (v. 9).

Nous savons que la mort est vaincue, son pouvoir annulé (Κατηργουμενη). Nous savons que la vie éternelle qui était auprès du Père, est descendue du ciel, qu’elle nous est communiquée, que Christ est notre vie, qu’ayant le Fils nous avons aussi la vie, que nous sommes vivifiés selon l’excellente grandeur de Sa puissance, selon l’opération de la puissance de Sa force dans laquelle Il a ressuscité Christ d’entre les morts et L’a fait asseoir à Sa droite dans les lieux célestes ; de sorte que la vie pour nous et en nous, Christ étant notre vie, est le triomphe final sur la mort et atteint les lieux célestes. Voilà ce que l’évangile a révélé. Jean annonce la vie descendue et manifestée en Christ sur la terre, puis communiquée à nous. Paul montre la vie dans la plénitude de son résultat céleste, suivant les conseils de Dieu en gloire. Évidemment, les Psaumes ne parlent pas de tout cela ; il ne pouvait en être question avant la résurrection de Christ ; il n’aurait pas même pu y avoir de justice dans cette vie ainsi représentée. Qui est-ce qui avait droit aux lieux célestes avant que Christ n’y fût entré ? En qui la vie pouvait-elle être manifestée en gloire, avant que la Tête n’y fût entrée de cette manière ? Toutefois, le principe, la source de la vie est vue et révélée dans ce psaume.

Les Psaumes ne sont pas la loi, quoique la loi y soit reconnue. Mais ils expriment l’opération de l’Esprit de Christ et de vie en ceux qui sont sous la loi ou en Christ Lui-même, et en ceux aussi qui ont à confesser qu’ils sont pécheurs sous la loi, et qui par conséquent ne peuvent espérer d’avoir la vie par son moyen, mais dont les yeux se dirigent sur la miséricorde, le pardon, la grâce, sinon sur le ciel, sauf dans le sentiment de la joie de la présence de Dieu, lorsque la vie est exprimée de la manière la plus complète, comme au psaume 16. Ainsi le résidu et ceux qui parlent dans ce psaume voient la source de la vie, lorsque tout est mort et condamnation sous la loi. Ils ne peuvent pas dire : « la vie a été manifestée et nous l’avons vue », encore moins : « notre vie est cachée avec Christ en Dieu » ; mais ils peuvent dire, ils sont enseignés à dire : « c’est chez toi qu’est la source de la vie ».

Aussi s’abreuvent-ils du fleuve de Ses délices. Car cette vie, où serait-elle satisfaite ? Les besoins du cœur animé par elle, même à son insu, où pourraient-ils être contentés, sinon à ce fleuve des délices de la maison de Dieu ? Nous qui sommes venus à Christ et avons bu de l’eau qu’Il donne, nous avons en nous-mêmes une source d’eau découlant jusque dans la vie éternelle ; et même, par l’Esprit, des fleuves découlent de nous, ils découlent de la conscience intime de notre bénédiction ; mais ceci, c’est la puissance de vie dans l’Esprit. Cependant, il est également précieux de savoir que la nature de cette vie est divine. J’ai fait remarquer autre part que ce qui est présenté dans les Colossiens comme la vie et la nature, est appliqué, dans les Éphésiens, au Saint Esprit. Ici, dans ce psaume, nous voyons que c’est Dieu qui est la source de la vie. Quelle bénédiction de savoir que la source est Dieu Lui-même ! Le Père a la vie en soi ; cela est vrai de Christ comme homme ; ainsi nous qui avons le Fils, nous avons la vie.

Dieu étant la source de la vie, nos cœurs doivent s’appliquer à sentir et à connaître ce qu’est la vie, quelle joie divine elle est, et que, puisque nous possédons une vie divine, elle est capable de se réjouir. Sa nature est de se réjouir en ce qui est divin. En effet, elle ne peut jouir d’autre chose, sauf de la bonté et de la vérité qui en sont l’expression ; elle trouve sa joie dans ces fleuves intarissables découlant de l’amour divin et dans lesquels nous nous abreuvons de la bénédiction qui est en la nature de Dieu, possédant une nature qui, étant spirituellement la même que celle de Dieu, doit et peut en jouir selon la perfection de cette nature elle-même. Nous nous réjouissons en Dieu. Mais il y a encore autre chose : « En ta lumière nous voyons la lumière ». Dieu n’est pas seulement une source, mais aussi une lumière qui luit. De même qu’Il a la vie en Lui-même, et qu’Il en est la source, de même aussi Il est la lumière, et Il la produit, Il la communique. En Christ aussi était la vie, et la vie était la lumière des hommes. Enfin, quant à nous, Christ est notre vie et nous sommes lumière dans le Seigneur.

Ici, dans ce psaume, on cherche la lumière plutôt comme consolation au milieu des ténèbres de l’épreuve, lorsque l’homme, sous la puissance de Satan, est manifesté comme étant réellement l’obscurité la plus complète ; mais cela fait découvrir ce que Dieu est Lui-même (v. 9). En principe et d’une manière abstraite, rien, dans les Psaumes, ne nous fait autant approcher de ce qui a été accompli en Christ. Seulement ici, la lumière est vue en Jéhovah comme sa source et Celui en qui elle se manifeste. Cela même lui donne sa perfection divine. « C’est en toi qu’est la source de la vie, c’est en ta lumière que nous voyons la lumière ». Confiance, au milieu des ténèbres et de l’angoisse, que Jéhovah en grâce, est une source de vie, et que dans Sa lumière on voit la lumière. En Christ nous trouvons, de toute manière, des vérités plus profondes, car, lorsque la lumière des hommes, non pas simplement comme délivrance extérieure, mais brillant dans l’obscurité morale de ce monde, l’obscurité resta, et ne comprit pas la lumière. Aussi longtemps qu’Il fut dans le monde, Christ était la lumière du monde. Les hommes préférèrent les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

La fin du psaume revient de nouveau à l’espérance de la délivrance par le gouvernement de Dieu et à l’assurance qu’elle arrivera. La connaissance de Jéhovah et la droiture de cœur caractérisent ici les justes, tandis que les méchants se distinguent par leur orgueil et leur malice. La foi du juste les voit d’avance terrassés (v. 12).

Psaumes 37-40

Le psaume 37 est en rapport évident avec la manifestation du gouvernement direct de Dieu dans ce monde, telle qu’elle aura lieu quand les débonnaires hériteront la terre, et que les méchants seront retranchés. Nous avons déjà vu que les épîtres de Pierre contiennent tout particulièrement l’application de ce gouvernement de Dieu à la condition chrétienne, pour autant qu’il la concerne. Nous trouvons aussi, au commencement de Matthieu 5, mais avec un caractère beaucoup plus évangélique, quoique sans aller au-delà du royaume des cieux, l’application de ce gouvernement en forme de promesse. Ce psaume contient des exhortations intéressantes et instructives quant à l’esprit dans lequel le croyant doit marcher et quant au caractère de sa confiance en Dieu, au milieu du mal qui l’entoure. Car quoique le temps de la manifestation directe du gouvernement de Dieu ne soit pas arrivé et que, sans aucun doute, à la veille d’être détruite, la puissance du mal grandira plus que jamais, toutefois maintenant déjà le mal existe et c’est le temps de la patience. Jusqu’à ce que Christ arrive, nous sommes, en principe, dans les mauvais jours ; la patience et le règne de Jésus Christ sont dans nos cœurs ; mais Son règne en gloire est à venir. Toutes ces exhortations sont fondées sur la certitude que Jéhovah est au-dessus de tout le mal, qu’Il aime la justice, qu’Il n’oublie pas les justes, ceux qui se confient en Lui, et qu’en fin de compte, c’est la voie de Jéhovah qui prospérera. En attendant, la foi est exercée et toute propre volonté jugée qui nuirait au caractère spirituel et empêcherait la confiance dans le Seigneur qui conviennent au saint. La première exhortation est d’être paisible. « Ne t’irrite pas ». Elle concerne la disposition d’esprit en général. Lorsque la propre volonté se mêle à l’amour de la justice, lorsqu’on désire la justice en partie à cause de la crainte qu’inspire la puissance du mal et pour satisfaire à son intérêt personnel, on est enclin à s’irriter, en voyant les méchants réussir. C’est là, au fond, le même esprit d’incrédulité que celui des méchants ; quoiqu’avec d’autres désirs, c’est de l’incrédulité et de l’égoïsme. La colère de l’homme n’opère pas la justice de Dieu. Nous ne devons pas nous irriter, c’est de la méfiance ; ni être envieux, c’est de l’égoïsme. Voici maintenant l’instruction positive touchant l’esprit dans lequel nous devons marcher, la ressource contre la puissance du mal : « Confie-toi en l’Éternel et pratique le bien, fais de l’Éternel tes délices et il t’accordera les désirs de ton cœur ». De saints désirs qui ont Dieu pour objet seront satisfaits ; on rencontrera peut-être l’opposition, la honte, la calomnie : « Remets ta voie à l’Éternel et repose-toi sur lui ». C’est Lui qui a toujours, comme on dit, le dernier mot, pourvu que nous ayons la foi d’attendre. Il accomplira les désirs du cœur juste, et en rendra évidente la justice. Mais la confiance véritable consiste à attendre patiemment le secours de l’Éternel. Que les circonstances la harcèlent, la tourmentent, l’âme attend patiemment qu’il plaise à l’Éternel d’intervenir.

Que les méchants prospèrent, l’Éternel a Son heure déterminée qui vient toujours à propos et met tout en ordre. Soit qu’Il nous châtie pour notre avantage, soit qu’Il patiente avec les méchants et fasse mûrir Ses desseins, c’est pour en faire sortir d’autant mieux Sa gloire, notre joie éternelle. Ainsi point de colère, point d’irritation, ni d’inquiétude ; car en laissant agir notre propre volonté pour combattre le mal, nous ne ferions qu’y tomber nous-mêmes ; telle n’est point la patience et la foi des saints. Les méchants seront retranchés et les saints ne doivent pas être de ce nombre. Ceux qui s’attendent à l’Éternel hériteront la terre, de même aussi les humbles et ceux qui sont bénis de Dieu. Tout cela, sans doute, concerne les Juifs ; mais, nous l’avons vu, le gouvernement de Dieu s’exerce encore, quoique sans être manifesté publiquement ; et quand l’âme s’est attendue à Lui patiemment, elle trouve sa bénédiction même ici-bas.

La dernière partie du psaume déclare soigneusement que ce gouvernement de la terre sera manifesté publiquement en rapport avec les Juifs ; et quoiqu’il agisse plus secrètement pendant le temps de la grâce céleste, son existence n’en est pas moins réelle. Il y a ici quelques passages que je voudrais faire remarquer : « Les pas de l’homme de bien sont affermis de par l’Éternel ». C’est une grande et précieuse bénédiction de penser qu’en ce désert, où il n’y a point de route au milieu de la confusion et de l’iniquité, notre Père dirige chacun de nos pas. De jeunes chrétiens, pleins d’un zèle confiant, peuvent bien ne pas apprécier la juste valeur de ce passage ; mais combien d’expériences ne feront-ils pas ? Pour qui a vu le monde, qui en connaît les pièges, qui a fait l’expérience de ce labyrinthe d’iniquité, pour celui-là, il est infiniment précieux de savoir que Dieu dirige ses pas. Le jeune chrétien, lui aussi, est dirigé, par la grâce, s’il s’attend au Seigneur, quoiqu’il n’en comprenne que plus tard le privilège immense et ne saisisse point encore la sagesse et la miséricorde de Dieu. Mais cela n’est pas tout. Lorsqu’on est ainsi dirigé, le sentier est droit et divin ; il n’y en a pas d’autre et le cœur y marche ; car le chrétien est conduit par l’Esprit de Dieu, son cœur est dans les voies de Dieu, comme dit Moïse : « Montre-moi ton chemin (non pas un chemin), afin que je te connaisse ». Si je connais les voies d’une personne, je connais aussi la personne. Dieu conduit par Son Esprit qui agit sur l’homme intérieur et en lui, et la Parole sanctifie. Alors Il prend Son plaisir à la voie du saint, Il se délecte en voyant les pas d’un homme sur le sentier divin qui traverse ce monde d’iniquité. Christ a suivi ce sentier d’une manière parfaite, et Dieu y a pris Ses délices. Autant que nous suivons Christ, notre voie fait aussi les délices de Dieu, elle est selon Son cœur.

Remarquons bien qu’il n’y a pas d’autre chemin que Christ. Adam n’avait pas besoin d’un chemin, il devait rester où il était, en jouissant de la bonté de Dieu. Dans un monde de péché, il n’y a point de chemin ; tout y est péché, confusion. Mais Christ Lui-même manifesta, selon Dieu, en ce monde, la vie divine et le sentier de cette vie à travers le monde auquel elle n’appartenait pas. Ces choses, toutes nouvelles, sont manifestées, en partie, dans chaque saint pendant sa marche de foi ici-bas ; mais elles le furent en Christ d’une manière parfaite et elles existaient en Lui. Tel est notre sentier. Nous avons à suivre les pas de Christ, Il est le chemin qui mène au Père et c’est vers Lui que nous allons. Privilège immense de savoir que nos pas sont dirigés par le Seigneur, que nous sommes ainsi gardés du mal et qu’Il prend plaisir à notre voie. Quel chemin au milieu de ce monde pervers ! Comme nous devons soigneusement nous y tenir, sans dévier d’un côté ni de l’autre ! Colossiens 3 et Éphésiens 4 et 5 renferment les préceptes bénis qui s’y rapportent.

Remarquons encore une autre grâce : Dieu veille sur le saint ; s’il tombe, c’est-à-dire dans l’épreuve (voir 2 Cor. 4, 9, etc.), il n’est pas entièrement abattu, car l’Éternel le soutient par la main. Il peut entrer dans les vues de Dieu, dans le gouvernement de Dieu à son égard, que le saint soit abattu, qu’il tombe, mais c’est la main de l’Éternel qui est là, elle ne l’abandonne pas, elle le soutient. Le vase peut être brisé ou déshonoré par les hommes, mais ceux-ci ne sont que des instruments, la puissance est à Dieu. Il y a une raison morale pour les voies de Dieu. Il aime la justice ; outre cela, nous avons l’assurance de Son amour souverain, il aime Ses saints, ils sont gardés éternellement.

Puis, en rapport avec les voies de cette justice, nous trouvons ici quelques-uns des traits qui distinguent le juste : « Sa bouche exprime la sagesse », c’est-à-dire la pensée de Dieu, « et sa langue parle selon sa justice », c’est-à-dire selon la droiture des voies divines, au point de vue de Dieu, selon la manière dont Dieu juge du bien ou du mal ; « la loi de Dieu est dans son cœur, ses pas ne sont pas chancelants ».

Nous devons donc nous attendre à l’Éternel et garder Sa voie. La fin des justes et de ceux qui sont droits de cœur, c’est la paix. En pratique, cette vérité concerne aussi le chrétien. Il peut être aussi châtié pour des fautes particulières, car les voies de Dieu sont, à travers la grâce, justes et immuables ; mais s’il marche ici-bas d’un cœur droit, durant les jours de sa vie, elle se terminera, non seulement en gloire dans l’autre monde, mais en paix dans celui-ci. Craindre Dieu et marcher en Sa présence sont un grand moyen d’avoir la paix. Je ne parle pas de la paix, acquise pour la conscience d’un pécheur, par le sang précieux de Christ, mais de la paix qui remplit le cœur lorsqu’on Lui remet toutes choses.

Enfin, le Seigneur est le rempart des justes, au temps de la détresse (v. 40). Il les secourt et les délivre de leurs ennemis, parce qu’ils se réfugient en Lui. Cela est toujours vrai.

Le psaume 38 nous présente un état d’âme particulier. La relation du cœur avec Dieu est connue et appréciée, même avec confiance : « C’est à toi, Éternel, que je m’attends ; toi, tu me répondras, Seigneur mon Dieu ». Toutefois l’âme est au comble de l’affliction et de la détresse qu’elle envisage comme un châtiment de Dieu. Souffrante, elle crie miséricorde. Au milieu de l’angoisse et de la maladie, abandonnée de ses amis, dans un état semblable à celui de Job, l’âme regarde à Jéhovah. Le cœur attribue au péché cette immense affliction, mais tout d’abord il se tourne vers l’Éternel et fixe son regard sur Lui. Voilà ce qui montre de la foi et un esprit juste. À cet égard, l’ordre des pensées qui se suivent ici est remarquable. Le jugement de Jéhovah, le péché qui en est la cause, la misère personnelle, l’abandon des amis, les attaques et les complots des adversaires, puis, résultant de tout cela, la confiance du cœur en celui qui le frappe. Enfin, le fond du cœur se découvre, c’est l’espoir en Jéhovah, la conscience de Lui appartenir si intimement que le triomphe des adversaires de la foi est impossible, mais le sentiment de la nécessité de Son intervention, parce que la pauvre âme pécheresse n’a aucune force en elle-même. Tout cela conduit à l’expression d’une vraie intégrité de cœur. Non seulement le péché est reconnu comme étant la cause du jugement, mais il est aussi confessé ; on se juge soi-même devant un Dieu en qui l’on se confie, et alors on est libre de Lui demander Son secours. L’âme, en jugeant son péché, et s’en dégageant de cette façon, par la grâce, peut séparer, pour ainsi dire, ses ennemis du jugement de Dieu. Alors, les envisageant seulement dans leur propre malice, leur hostilité contre le serviteur de Jéhovah et leur haine de ce qui est juste, elle peut, à ce point de vue, demander à Jéhovah de la débarrasser de ses adversaires. Car le croyant, quoique ayant gravement péché et subi le juste châtiment qui lui était dû, poursuivait cependant le bien, dans sa marche ici-bas ; et quoique l’Éternel se servît de la malice des méchants comme d’une verge, ce n’étaient certes pas les péchés du saint qui attiraient leur haine, mais bien au contraire ses rapports avec celui qu’il reconnaissait pour son Dieu. Néanmoins, le jugement était juste. Telle sera l’histoire véritable du résidu lorsque, sous les coups terribles du châtiment de l’Éternel, il se tournera ardemment vers la justice. Mais aussi quelle instruction pour nous-mêmes, lorsque nous subissons un châtiment mérité par quelque péché ! Celui qui est mentionné dans ce psaume se rapporte, peut-être, à un cas particulièrement grave.

Qu’il est précieux pour nous, lorsque nous sommes sous la discipline, de savoir vers qui diriger nos regards. Il peut y avoir le sentiment d’une punition, de la colère méritée de Dieu ; mais si le cœur regarde à l’amour fidèle du Seigneur en rapport avec nous, nous crierons à Lui, pour être délivrés de l’ardeur de Sa colère.

Il y a un gouvernement de Dieu en rapport avec Sa nature ; et quoique Ses châtiments ne détruisent ni notre foi ni la connaissance de notre relation avec Lui (avec le Père), ni la certitude qu’il ne saurait y avoir de péché imputé au croyant, toutefois l’âme qui se sent sous le poids du gouvernement de Dieu ne se tranquillise pas avec ces pensées. Elles sont, à coup sûr, d’une immense importance, elles sont la base de notre confiance, elles soutiennent et dirigent l’âme d’une manière très réelle ; mais elles ne sont pas l’objet direct des pensées. L’âme a plutôt devant elle la sainte nature de Dieu à laquelle nous participons et ce qu’Il est nécessairement par rapport au péché. Le gouvernement de Dieu est selon cette nature, qui a été, il est vrai, glorifiée par l’œuvre de la rédemption, quant à l’imputation du péché ; mais quoique l’âme ne mette pas en doute la rédemption, elle a néanmoins, avec raison, le sentiment que Dieu, suivant Sa propre nature et comme Seigneur dans Son gouvernement, voit le péché avec colère. C’est parce que nous avons une nature qui connaît Dieu, une conscience réveillée, que nous sentons cela à l’égard de nous-mêmes, de nos propres péchés, et la bonté de Dieu rend encore plus terrible le jugement que nous portons sur nous-mêmes. Ce n’est pas qu’il y ait de désespoir, de doute quant à la justification ; mais l’âme ne se cache pas derrière la connaissance de sa justification, pour échapper au sentiment qu’elle éprouve de l’horreur du péché aux yeux de Dieu. C’est parce qu’elle connaît le Seigneur que l’âme Le supplie d’arrêter la colère méritée par son péché, c’est parce qu’elle Le connaît, qu’elle s’attend à Celui qui l’a châtiée justement. Dans l’épreuve, on regarde à la main et aux pensées de celui qui l’inflige ; l’on interprète les voies de Dieu, parce que tout vient de Sa main, et l’on cherche quelle est Sa pensée. Par conséquent, la relation avec Dieu étant présente à la conscience, le cœur saisit la valeur et la puissance de l’épreuve plutôt comme moyen de purification que seulement comme exercice de la colère divine. Il peut dire : « Seigneur, tout mon désir est devant toi et mon gémissement ne t’est point caché ». Cette manière d’introduire le Seigneur dans les châtiments qu’Il inflige, de L’introduire conformément à Son amour et à Sa relation avec nous, est de toute beauté. Il devient ainsi, pour le cœur, la clef de ses propres voies. Alors, comme nous le voyons à la fin du psaume, le cœur reprend son équilibre ; il a la conscience que Dieu est pour lui, sa ressource contre l’épreuve qui l’accable et à l’égard de laquelle, dans le sentiment du péché qui en avait été la cause, il suppliait Dieu de détourner Sa colère. Tel est l’effet de regarder droit à Dieu et de confesser simplement, du fond de l’âme, le mal qu’on a commis, comme ayant péché contre Lui. De cette manière, on règle avec Dieu tout ce qui concerne le cœur à l’égard des adversaires. En toute occasion, le secret consiste à regarder directement à Dieu Lui-même, tel qu’Il est dans Sa relation avec nous, en confessant sincèrement le péché et se remettant tout entier entre les mains de Dieu.

La confiance en Jéhovah est le mobile de toutes les pensées contenues dans ces psaumes. La relation de Père, que Dieu a prise vis-à-vis de nous, chrétiens, et réalisée par la foi, modifie, en quelque mesure, le sentiment de nos cœurs. En regardant à Dieu, nous avons ainsi un sentiment plus profond de la tendresse et de l’affection de Ses pensées à notre égard, de Sa compassion et de Son amour. Mais, en principe, notre sentiment est le même que celui qui est exprimé dans ce psaume ; Dieu n’en reste pas moins devant notre conscience comme un Dieu qui exerce le gouvernement d’une manière conforme à Sa sainte nature, quoique nous nous confiions en Son amour. On remarquera que l’âme, tout en exprimant à Dieu son désir, est entièrement soumise et se tait sur les injustices de ses ennemis, parce qu’elle se confie en Dieu, Lui ayant remis toutes choses en confessant son péché, et qu’elle envisage l’épreuve comme venant de Sa main. Autrement, l’âme n’aurait pas mis le Seigneur entre elle et ses ennemis (v. 13-14).

Le psaume 39 exprime le néant de l’homme en présence du mal, ainsi que les prétentions des méchants et le pouvoir qu’ils s’arrogent, tandis que le saint s’en remet à l’Éternel. En présence des méchants, il est resté muet, de peur qu’il ne parlât follement ou qu’il ne se défendît en s’appuyant aussi sur sa propre force, tandis que l’homme n’est qu’un souffle. Dans ce que son cœur éprouve, le saint voit la main de Dieu, il a recours à Lui afin d’être délivré ; et aussitôt, pour ainsi dire, toutes les prétentions des méchants s’évanouissent. L’Éternel le corrigeait pour une faute commise. Le croyant est étranger en ce monde, y séjournant avec Dieu qui seul connaît la durée de ce pèlerinage. Il ne dépend pas de l’arrogance ni du succès des méchants, il ne doit pas non plus s’en inquiéter, autrement il agirait comme étant de ce monde dont il n’a rien à réclamer. Vivons-nous toujours ainsi ? Aux versets 12-13, le saint prend cette place d’Abraham, de David et de tous ceux qui ont marché par la foi, quoique, parlant comme un Juif, il demande à Dieu de le délivrer et de l’épargner ici-bas. Nous pouvons adresser à Dieu la même requête lorsqu’Il nous frappe, mais dans le sens que ce soit Lui qui nous épargne et, pour ainsi dire, que nous soyons délivrés de Lui (v. 9, 10). Pour ce qui concerne le gouvernement et les voies de Dieu, ce désir est dans l’esprit du Nouveau Testament.

Dans tous ces psaumes, nous avons vu le saint en chute (le résidu), regardant à un Dieu connu par Sa relation personnelle et par Sa grâce, immuables malgré tous les manquements de l’homme. Au psaume 40, nous trouvons Christ dans la patience, mais sans chute et devenant ainsi un motif de confiance pour ceux mêmes qui ont péché, puisqu’Il prend Sa place avec eux dans leurs afflictions et dans le sentier de l’intégrité sur la terre (car ils sont au fond les saints, les excellents de la terre). Aussi Christ ne manque-t-Il pas de se placer Lui-même sous le poids du mal et des péchés sous lequel Israël s’est mis par sa propre faute. Quoique ceci soit vrai sous tous les rapports, quant à la rédemption d’Israël, nous connaissons cependant cette vérité d’une manière plus profonde, comme glorification de Dieu en conséquence de laquelle une place est donnée dans le ciel.

Mais telle n’est pas la pensée de ce psaume. La manière dont Christ s’identifie ici avec Israël, quoique selon l’intégrité du résidu fidèle, est profondément instructive et nous fait entrevoir d’une façon admirable un côté particulier de Ses souffrances. La mort de Christ et Ses angoisses ne sont pas considérées ici comme propitiation, sous le poids de la colère, mais comme des souffrances dans l’épreuve. En buvant la coupe de la colère, Christ ne souffre pas avec Son peuple, mais pour Son peuple. Ici, au contraire, Dieu est envisagé comme secourant Christ lorsque, dans Son affliction, Il s’attend à l’Éternel. Cette affliction pèse sur le résidu, comme conséquence de l’opposition d’Israël, de ses fautes, de son abandon de Dieu. Christ, qui a été fidèle à Dieu en toutes choses, comme Il le dit dans ce psaume, participe à cette affliction et y entre selon la grâce divine. Il ne s’agit nullement ici de Ses relations personnelles avec Dieu, mais de Sa participation aux relations du résidu avec Dieu, comme faisant partie d’Israël. Les siennes ont été parfaites ; les leurs, quoique fondées sur la fidélité de Jéhovah, d’un côté, sont actuellement[10] le fruit du péché ! Christ est ici à la fin de Sa vie, terminée moralement déjà quant à Son service. Pendant cette vie, Il a accompli la volonté de Dieu, dans le corps qui Lui avait été préparé, annonçant fidèlement la justice de Dieu dans la grande assemblée (v. 9), c’est-à-dire, publiquement au milieu d’Israël. Maintenant, à cause de ce témoignage (v. 9, 10), et quant à Sa nature humaine, le mal tombe sur Lui. La même chose arrivera aux Juifs du résidu ; leurs épreuves seront la conséquence de leur fidélité et de leur témoignage ; mais avec cette différence qu’ils les auront méritées comme faisant partie d’Israël.

Nous savons que ce qui est dit ici de Christ, a eu lieu en réalité quand Son heure fut venue, l’heure de Ses ennemis, de la puissance des ténèbres.

Dans ce psaume, puisqu’il n’est pas question de Ses souffrances en propitiation, mais de Son association avec le résidu, nous ne trouvons pas les paroles : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » comme au psaume 22, qui contient le fondement de la grâce en justice. Ici, au contraire, il s’agit de la vie parfaite de Christ et de Ses souffrances avant de la quitter, au milieu desquelles Il s’en remet à la fidélité et à la bonté de Jéhovah, instruisant ainsi Son peuple à s’y confier à son tour, en lui fournissant un exemple de Sa propre perfection : « Je me suis patiemment (fermement) attendu à Jéhovah ». La patience avait là son œuvre parfaite, leçon importante pour nous. La chair peut attendre longtemps, mais jamais elle n’attend jusqu’à ce que le Seigneur intervienne, jamais avec une entière soumission.

Se confier en la puissance et en la fidélité seules de l’Éternel, telle était la perfection dans l’obéissance à Sa volonté. Saül attendit près de sept jours, mais l’objet de sa confiance, son armée, diminuait ; les Philistins étaient là ; il n’attendit pas jusqu’à l’intervention de Dieu par le moyen de Samuel. Eût-il obéi, eût-il senti qu’il ne pouvait rien par lui-même et n’avait qu’à attendre ? Alors il eût dit : « Je ne puis rien et je ne ferai rien jusqu’à ce que l’Éternel m’envoie Samuel ». Mais la chair s’appuyait sur sa propre sagesse et sur sa force, quoique sous des formes de piété, et tout fut perdu ; épreuve et défaite de la chair. Christ éprouvé, s’attendit patiemment à Jéhovah. Il fut parfait et accompli dans toute la volonté de Dieu. Tel est notre sentier par la grâce.

Voilà l’importante instruction personnelle contenue dans ce psaume, sauf que la propre perfection de Christ est toujours la plus grande de toutes les instructions. Ici, Il se présente comme modèle : « Je me suis attendu patiemment à Jéhovah », c’est-à-dire, j’ai attendu jusqu’à ce que Jéhovah Lui-même intervînt. La soumission de Christ, quoique mise à l’épreuve jusqu’au bout, ne s’est pas démentie un instant : c’est un point fort important quant à l’état du cœur.

Non seulement Christ ne désire, dans Son cœur, aucune autre délivrance que celle de Jéhovah, mais Il sait qu’il n’y en a pas d’autre, que celle de Jéhovah est parfaitement juste, lorsque Sa volonté morale a été accomplie et que Sa justice a été prouvée, s’il le fallait. Il y a la perfection connue de Sa volonté, Son seul titre, puis la perfection de soumission et le désir qui ne tend que vers Lui. Comme il s’agit ici d’un modèle pour les saints, la mort n’est mentionnée qu’en tant qu’elle peut être une épreuve ; la fosse meurtrière, le bourbier fangeux sont des images de terreur et de danger, humainement parlant. La ressource, c’est de crier à Jéhovah : « Il s’est penché vers moi et il a entendu mon cri ». Ici, Christ parle pour Lui-même, mais au verset 3, la délivrance Le rend capable de s’adresser au résidu : « Un nouveau cantique dans ma bouche, une louange à notre Dieu », à cause de la délivrance des maux venus sur eux en conséquence de leurs péchés. « Un grand nombre le verra et en aura de la crainte et se confiera en Jéhovah » ; ceci ouvre la porte aux Gentils.

Dieu est intervenu pour délivrer des effets du mal : « Il a assuré mes pieds sur le roc, il a affermi mes pas ». Cette fidélité de la grâce, cette délivrance divine manifestée chez celui qui avait été plongé jusqu’au fond de l’épreuve, deviendrait un point d’appui pour la foi des autres, d’autant plus que Christ avait subi l’épreuve comme conséquence de l’état du peuple devant Dieu. Aussi la fidélité de Dieu et Sa délivrance sont-elles appliquées à l’état de résidu (v. 4), quoique applicables aussi à tout saint éprouvé par la méchanceté d’autrui et la puissance du mal, peut-être par sa propre faute. « Heureux l’homme qui fait de l’Éternel sa confiance et ne se tourne pas vers les gens audacieux (pleins de prétentions orgueilleuses et réussissant, en apparence, par leur méchanceté) qui se livrent au mensonge » (abandonnant Dieu, pour se reposer sur des choses fausses et se réfugier dans l’infidélité).

Puis, comme homme, Christ raconte comment les preuves de la fidélité de Dieu pour Son peuple ont été admirables : « Tu as multiplié tes merveilles en notre faveur ». Il s’associe au peuple. Le verset 6 introduit sur la scène l’être glorieux, le Fils, la Parole qui était dès le commencement avec Dieu et qui était Dieu ; selon ce qui était écrit de Lui dans le rouleau du livre, Il trouve préparée d’avance la place de l’obéissance (tu m’as percé les oreilles), et suivant les conseils divins et par amour pour nous, Il s’assujettit volontairement à cette place d’obéissance. Une fois qu’Il l’a prise et qu’Il a revêtu la forme de serviteur, Ses délices sont de faire la volonté de Dieu, la loi de Dieu est dans Son cœur. Tel est Christ, comme homme, dans Son obéissance volontaire, joyeuse et parfaite. Le verset 6 nous présente les pensées et les conseils de Dieu ; le verset 7 l’arrivée de Christ pour faire la volonté de Dieu en les accomplissant. Mais n’oublions pas qu’Il parle en Sa qualité d’homme et que les versets 6, 7 sont une révélation de ce qui s’est passé dans le monde éternel (pensée merveilleuse !) nous disant comment Christ est devenu homme. Au verset 8 de même qu’au verset 5, Christ parle comme étant dans Sa place terrestre : « Mon Dieu, je mets mon plaisir à faire ce que tu trouves bon et ta loi est au fond de mon cœur ». Telle est Sa perfection comme homme. Aux versets 9, 10, nous trouvons la perfection de Son service ; Il prêche la justice devant tout le peuple d’Israël, Il ne la cache pas dans Son cœur et ne s’en retire pas — c’est une leçon pour chacun de nous, mais il faut s’en servir sous la direction divine. Il a prêché la justice de Dieu, Ses voies, Sa nature, Ses jugements, le jugement du mal et ce que Dieu jugeait dans le mal, puis Sa fidélité, Son salut (il y avait cela en Jéhovah pour Israël), Son amour, Sa vérité. Il a prêché la justice à l’homme et cela d’une manière parfaite ; il a ouvertement déclaré ce que Dieu était vis-à-vis d’Israël dans toute la perfection de Sa nature et de Son caractère. Tout cela est accompli. Mais alors, Celui qui avait pris volontairement sur Lui ce service pour la gloire de Dieu vis-à-vis d’Israël, se trouve dans une position nouvelle (v. 11, etc.) ; Il s’est attiré la haine du peuple, l’opposition de tous ceux qui aiment l’iniquité. Ce grand débat et la nécessité d’une délivrance font surgir la question de savoir quel est, aux yeux de Dieu, l’état de ceux qui ont besoin d’être délivrés. Or, quoique ce psaume ne parle pas de propitiation, nous voyons ici que l’expression gouvernementale de la pensée de Dieu à l’égard du péché d’Israël pèse sur l’âme de Christ, pèsera en effet plus tard, sur le résidu ; car celui-ci, impliqué dans le péché d’Israël, comme faisant partie de ce peuple, sentira s’appesantir sur lui les conséquences des transgressions d’Israël. Ainsi le résidu sera sous le poids, non pas de la condamnation, car ce poids-là c’est Christ qui l’a porté pour lui en propitiation, mais des épreuves et de la détresse qui lui exprimeront le déplaisir de Dieu. Mais au milieu de tout cela, la foi vraie regardera vers l’Éternel (v. 11). Il y aura, dans la déclaration de la justice, comme un sentiment de témoignage contre le péché, au milieu de l’angoisse qui en sera la conséquence : position analogue à celle des frères de Joseph devant lui.

Psaumes 42-43

Dans le commencement de ce second livre des Psaumes, nous trouvons un fait qui donne un caractère tout particulier à son importance spirituelle et prophétique, c’est l’absence du nom de Dieu en rapport avec l’alliance. Quelles que fussent les détresses et les angoisses décrites dans les quarante-et-un premiers psaumes, le cœur du psalmiste regardait toujours librement vers Jéhovah, il était en pleine relation avec Lui et jouissait des actions de grâce par lesquelles Son nom était publiquement célébré. Mais ici, abandonné, rejeté, il n’a plus que le souvenir de ces choses, et ne peut plus que regarder dans le secret de son âme, à la nature et à l’essence de Dieu. N’oublions pas la différence qui existe entre la relation de Dieu comme Père et celle de Dieu comme Jéhovah, qu’il s’agit ici d’une délivrance extérieure et du jugement qui doit l’amener. Toutefois, le changement qui a lieu dans ces psaumes nous fournira une grande instruction. Le psaume 22 nous exprime cette différence d’une manière frappante. Là, Christ Lui-même, ayant été fait péché pour nous, était séparé de la jouissance de Sa relation personnelle avec le Père ; au milieu de souffrances humaines, Il ne trouve pas, cette unique fois, de soulagement divin.

Quant à la colère actuelle de Dieu, il va sans dire qu’aucune âme pieuse n’a jamais à la subir ; mais, sous le rapport de l’affliction, la face de Dieu est bien réellement cachée à Israël, et lorsque ce peuple sera réveillé, il sentira que Dieu lui cache Sa face à cause de son péché, quoique sa foi soit alors à l’œuvre ; or, telle est précisément la situation décrite par ces psaumes.

Nous voyons ici les Juifs regardant à Dieu, par la foi, au milieu des circonstances les plus accablantes et lorsqu’ils sont écartés de la jouissance de leur communion et de leur relation avec Dieu, basées sur Son alliance. C’est la situation dans laquelle Dieu place Son peuple, lorsque la relation de l’alliance est brisée ou ignorée. La foi reconnaissant la justice de cette situation, regarde, malgré tout, à la fidélité de Dieu comme telle, c’est-à-dire à Sa fidélité comme faisant partie de Sa nature. C’est, pour ainsi dire, une foi dénuée de tout, n’ayant, pour la soutenir, aucune des choses que Dieu donne à Son peuple comme témoignage de Sa faveur. L’épreuve de l’âme est complète. Ce qui l’occupe maintenant, n’est pas de savoir combien elle jouit des bienfaits de Dieu, mais combien son état actuel peut entrer en rapport avec ce que Dieu est, selon Sa nature, et compter là-dessus. L’âme est ainsi éprouvée jusqu’au fond, la chair étant complètement jugée, parce qu’il ne saurait y avoir aucune liaison entre elle et Dieu.

Cela, à coup sûr, ne sera jamais compris que par une nouvelle nature, capable de saisir ce que Dieu est, et de s’attacher aux promesses par le moyen de la grâce et de l’œuvre du Saint Esprit ; de cette manière, la chair est complètement jugée ; on connaît, on discerne toute la différence qui la sépare du nouvel homme, mais on ignore la rédemption. En conséquence de la nouvelle nature, on a la conscience d’avoir le désir de faire le bien, on a la conscience de la grâce divine, mais point de paix. C’est une épreuve pour que nous nous abandonnions à la grâce purement et simplement. On en trouve le principe en Romains 7.

En parlant du psaume 42, nous ne pouvons nous attacher qu’au principe général qu’il renferme, sauf dans un cas tout particulier d’expérience chrétienne : lorsqu’une âme a cru au pardon, qu’elle a reconnu son état de péché, mais sans avoir été réellement sondée, ou sans avoir découvert la nature toute pécheresse de la chair, il se peut que cette âme vienne à perdre sa première joie et qu’elle connaisse Dieu juste assez pour éprouver l’angoisse de ne pas avoir la lumière de Sa présence ; mais alors, ce sentiment même lui inspire un désir sincère d’en jouir. Un cas semblable a lieu quand une âme s’est crue chrétienne et que, par l’opération de l’Esprit de Dieu, elle découvre qu’elle s’est trompée. Dans les deux cas, l’effet réel et bienheureux de la position dans laquelle nous sommes placés par la rédemption est ignoré. Ce psaume ne dépasse pas l’espérance, mais celle-ci est rendue plus profonde et plus véritable par l’épreuve ; il exprime plutôt le résultat de l’épreuve que l’épreuve elle-même par laquelle l’âme a dû passer ; c’est pourquoi, tout abandonnée qu’elle soit, nous y trouvons une expression si bénie de son état. Elle brame après Dieu. Pour le chrétien, la différence est qu’il se réjouit en Dieu (Rom. 5) ; toutefois cette soif de Dieu est, sous certains rapports, quelque chose de plus profond que la première joie, parce que la joie n’est que partiellement réalisée, tandis que la soif est complète et que Dieu Lui-même, tel quel, en est l’objet. Le psaume fait du reste allusion aux circonstances, et c’est la perte qu’elle a faite de Dieu dans des circonstances heureuses qui la soutenaient plus ou moins[11], c’est cette perte qui oblige l’âme à s’appuyer sur Dieu même, à Le chercher Lui seul, et qui lui fait trouver sa joie auprès de Dieu. C’est cette soif de Dieu que l’âme spirituelle doit surtout remarquer ici. Celui qui parle dans ce psaume, ayant perdu la joie qu’il avait eue au milieu de la multitude, brame après Dieu. La perte qu’il ressent en son cœur, c’est Dieu même, tandis que les personnes et les circonstances heureuses disparaissent de son esprit, quoiqu’il en ait joui avec Dieu. Le cœur a besoin de Dieu pour soi. Tel est le changement qui est opéré !

La nature divine en nous soupire après sa joie en Dieu, seul objet capable de la satisfaire, parce qu’elle est divine, seul objet qui remplisse tous les désirs et en exclue tout autre que lui. Auparavant, l’âme avait joui des bénédictions de Dieu et de Dieu Lui-même en elles. Maintenant, c’est Dieu qui devient nécessairement et d’une manière consciente, la bénédiction tout entière. L’épreuve a jugé la chair quant à l’état subjectif de l’âme, elle a jugé cette jouissance médiate de Dieu, qui n’avait lieu qu’au moyen des circonstances. Alors la vie divine, en vue de son entière bénédiction et avec la conscience de ce qu’est cette bénédiction, trouve sa joie parfaite en Dieu même, en Dieu seul. Ce n’est pas que l’âme renonce à la joie ; mais la source de la joie, la pure bénédiction morale, prend une plus grande place dans le cœur. Ainsi nous voyons des chrétiens qui, fort éprouvés par la perte de bénédictions extérieures accordées autrefois par Dieu, deviennent bien plus calmes et ont un sentiment bien plus profond que le Seigneur est leur portion ; libérés désormais de l’influence des circonstances, ils se retirent vers ce centre de repos et de bonheur.

Quoique d’une manière pénible, ainsi l’exige la discipline du Seigneur, les adversaires contribuent à l’avancement de l’âme dans le sentier dont il est question : « Mes ennemis m’outragent et me brisent les os, en me disant tout le jour : Où est ton Dieu ? ». Celui qui parle ici avait été chassé par eux de la jouissance publique de la bénédiction accordée par Dieu (voir Job. Pour Israël, c’est la bénédiction attachée à l’alliance). Quelle était désormais la preuve que les bénédictions venaient de la part de Dieu ? L’âme les Lui avait attribuées, elle avait proclamé la fidélité de Dieu, Sa puissance pour secourir ; et ses adversaires la raillant, lui disent : « Où est ton Dieu ? » comme plus tard les Juifs l’ont dit à Christ. L’effet de ces paroles est de rapprocher l’âme de Dieu, car elle n’a plus rien d’autre que Lui seul. Ses adversaires lui avaient enlevé les bénédictions dont elle jouissait et qui l’auraient facilement détournée du Seigneur. Ainsi dénuée de tout, sauf de Dieu, elle s’attend à Lui. Mais que fait-elle ? Implore-t-elle des bénédictions ? Nullement. Souvent l’âme, tout en cherchant la joie, ne réussit pas à la trouver, car ce n’est pas cela qui purifie et qui bénit ; or, pour bénir, il faut que Dieu purifie ; tandis qu’une fois dépouillés de nous-mêmes et cherchant Dieu, nous trouvons la joie. De même ici, tout en se souvenant du passé, l’âme s’écrie : « Attends-toi à Dieu, car je le louerai encore, lui le salut de ma force et mon Dieu ».

Il y a, dans ce psaume, encore d’autres points à observer. La fierté, la résistance stoïque contre l’épreuve, n’amènent pas l’âme vers Dieu ; au contraire, elles la tiennent loin de Lui, l’enseignent à se passer de Lui. Ici, l’âme ayant été sensible à l’affliction et se tenant dans la dépendance, peut s’ouvrir à Dieu, à cause de Sa bonté et de Sa fidélité.

Quand l’angoisse est à son comble et sans espoir, elle donne de l’intimité avec Celui qui est capable et désireux de secourir : « Mon âme, pourquoi t’abattre et bruire en moi ? Attends-toi à Dieu, car je le louerai encore ; sa face est le salut. Mon Dieu, mon âme s’abat au-dedans de moi, aussi me souviens-je de toi ».

Ceci nous mène à un autre point. Les angoisses, les afflictions, viennent de Dieu. Le jugement intérieur de soi-même et le regard tourné vers Dieu, l’introduisent Lui seul dans chaque circonstance. Les bénédictions et les ennemis ont disparu : « Tes vagues et tes flots passent sur moi ». C’est Dieu qui commença l’épreuve de Job, sans que ni lui ni Satan ne connussent Son dessein. Dieu se servit de la malice aveugle de Satan pour briser la nature insoumise de Job, dont ce dernier ne se doutait pas, et pour amener une bénédiction. « Un abîme appelle un autre abîme », mais c’est « à la voix des torrents de Dieu ». Voir ainsi la main de Dieu, dès le début, fait qu’on a la conscience d’une relation avec Lui (pour nous, c’est avec le Père) et, sur cette base, on s’attend à Lui pour l’avenir : « Durant le jour, l’Éternel dispensera sa grâce et, dans la nuit, son cantique sera avec moi et ma prière au Dieu de ma vie ». Il y a de la confiance, de la hardiesse vis-à-vis d’un Dieu fidèle : « Je dirai donc au Dieu qui est mon rocher : Pourquoi m’as-tu oublié ? ». Le mot abandonné n’est pas employé ici. Christ seul a été abandonné ; la foi sait qu’elle ne le sera jamais. Mais conformément à cette confiance en l’amour infaillible de Dieu, le psalmiste Lui demande pourquoi Il l’a oublié entre les mains de ses ennemis.

Chose digne d’attention ! Du moment que nous voyons la main du Seigneur dans nos afflictions, nous pouvons chercher la délivrance, parce que c’est le Seigneur et que Sa main est sur nous en amour.

Les railleries des adversaires plaident elles-mêmes en faveur de la délivrance (v. 10), car lorsqu’ils disent : « Où est ton Dieu ? », pour réponse, il faut que Dieu se manifeste. Cependant, la soif de l’âme après Dieu est devenue de plus en plus profonde, et toute légèreté de cœur ayant disparu, cette manifestation a infiniment plus de valeur. Ici, les assurances de bénédiction sont augmentées avant que l’âme angoissée n’ait dit qu’elle était assurée du salut de sa face et qu’elle en ferait le thème de ses louanges ; mais nous avons vu que le cœur purifié et exercé a été amené à se confier dans la fidélité de Dieu, selon la relation qu’il sait exister entre Dieu et lui. Le cœur, sans être encore délivré extérieurement, se confie sur Dieu et Le désire. Aussi il s’écrie : « Lui le salut de ma face et mon Dieu » (sa face joyeuse réfléchit l’amour qui brille sur celle de Dieu). La détresse, le manque de tout ce que Dieu avait donné, même des bénédictions spirituelles, ont fait que le cœur s’est rejeté sur Lui comme l’unique source de joie et avec cette confiance qui s’établit dès que l’âme est près de Dieu et qu’elle reconnaît, par la foi, la relation qui existe entre elle et Lui. Il se peut bien que la paix complète, la pleine jouissance du cœur, se fassent attendre, si le Seigneur trouve nécessaire de purifier encore et d’éprouver ; mais on s’appuiera cependant sur Lui avec confiance et l’âme sera amenée de cette façon à avoir réellement soif de Lui. « Mon âme a soif de Dieu ». Elle s’adresse à Lui ; la réponse manque, mais nous voyons l’état de l’âme amenée à ne rechercher que Dieu, assurée de la clarté de Sa face et du salut qu’elle y trouvera. Encore un détail : c’est quand l’âme est abattue, c’est quand son orgueil est brisé, qu’elle se souvient de Dieu (v. 6). Quand elle voit la main de Dieu dans ses épreuves (v. 7), elle voit aussi que l’Éternel (Dieu connu par une relation) dispensera Sa grâce, que Dieu est le Dieu de sa vie et son rocher.

Dans le psaume 42, nous venons de voir l’âme restaurée intérieurement et amenée à avoir véritablement soif de Dieu, cherchant toute sa joie en Lui. Au psaume 43, nous voyons ensuite que l’âme demande une délivrance qui la rende capable de jouir pleinement de Dieu. Dieu est devenu son allégresse et, ainsi restaurée, il lui sera accordé de L’adorer librement, afin de pouvoir exprimer toute sa joie et toute sa reconnaissance. Dieu n’est pas nommé ici le Dieu de sa vie, mais le Dieu de sa force (v. 2). Jusqu’à ce que l’âme considérât réellement Dieu Lui-même comme sa joie, ce cri de délivrance, quoique naturel et sans être mauvais, s’il était soumis à la volonté de Dieu (au fond, la soumission fait désirer plutôt la purification que la délivrance de l’épreuve), exprimait un désir de confort et de bien-être, quoique ces choses, venant de la part de Dieu, ne soient pas à mépriser. Mais maintenant que l’âme est purifiée, le cri de délivrance n’est autre chose que le désir de louer et de glorifier Dieu. Ce changement est digne de remarque, quoique l’épreuve pleine de grâce et juste de la part de Dieu, puisse être injuste de la part des hommes. Il est naturel que le cœur désire d’être délivré ; mais, comme Élihu le dit à Job, si ce n’est pas en étant soumis à la volonté de Dieu, c’est préférer l’iniquité à l’affliction ; on manque alors à la fois de droiture et de soumission. Dès que le cœur est complètement restauré, le désir de la délivrance est à sa place. Or avec une conscience droite, nous saurons assez bien que s’il y a en nous la soumission à la volonté de Dieu et le désir d’être parfait de cœur, la délivrance arrivera sûrement au bon moment.

Ce désir d’être délivré, c’est le désir d’être manifestement en paix avec Dieu, de Le glorifier et de Le louer publiquement. Au psaume 42, les ennemis qui se moquaient n’étaient que les vagues et les flots de Dieu (v. 7) ; mais le point terrible, c’était leur question : « Où est ton Dieu ? ». L’âme eut soif de Lui ; maintenant, elle désire que sa cause soit jugée et implore la délivrance. Il y avait une épreuve plus douloureuse que l’oppression extérieure, quoiqu’elle existât encore, c’était la méchanceté directe des iniques (« délivre-moi de l’homme fourbe »). Le psalmiste désire que la lumière et la vérité de Dieu apparaissent, le conduisent, l’amènent à la montagne de Sa sainteté. Ce n’est pas ici la conscience que Dieu est la joie secrète de son âme, mais que ce Dieu qui est sa joie l’amènera maintenant, par Sa puissance, à Le louer, à L’adorer publiquement : « Alors j’irai près de l’autel de Dieu, auprès de Dieu, mon transport et mon allégresse, et je te louerai avec la harpe, ô Dieu, mon Dieu ! ». Cet espoir encourage son cœur et le ramène à ce qui était le secret et la plénitude de sa joie, à ce qu’il possédait dans l’espérance que Dieu serait le salut de sa face. Moralement, Dieu était son allégresse ; maintenant, cette allégresse se montrera dans une adoration publique et paraîtra sur la face radieuse de celui qui en jouit

Dans le psaume précédent, le résultat de l’épreuve est la soif de l’âme après Dieu, quoiqu’elle cherche la délivrance. Ici, tout en n’étant pas encore rétablie dans la bénédiction extérieure, Dieu est son allégresse, son Dieu, et cette bénédiction extérieure est attendue prochainement.

Psaumes 44-48

Psaume 44. Le second livre des Psaumes présente à coup sûr un développement d’exercices moraux plus complet, plus profond que le premier livre. L’âme a à faire à Dieu. Mais l’application de ces psaumes au christianisme n’en est pas plus facile, par la raison simple que ce livre ne s’occupe pas des exercices produits par la relation avec Dieu lorsqu’on est sous le poids de l’épreuve, mais d’exercices de l’âme avec Dieu après qu’elle a perdu la jouissance de sa relation. Pour appliquer au chrétien le contenu du premier livre, il suffisait de saisir la différence entre la relation de Jéhovah et celle de Père. Mais la relation du chrétien avec Dieu étant fondée sur la destruction de tout ce qui est dans la chair, quiconque a cette relation, a, par cela même, dépassé la position exprimée dans le second livre des Psaumes. L’état du chrétien et les exercices qui s’y rapportent, sont célestes. En revanche, la relation d’une âme exercée avec Dieu est mise en relief dans ce psaume. Les fidèles reconnaissent que c’est par la grâce seule et la puissance divine qu’ils ont joui des bénédictions, des signes de la faveur de Dieu, dont ils sont privés. Le gouvernement direct de Dieu est reconnu : « C’est toi qui es mon roi, ô Dieu ! ». Ce langage d’Israël est toujours vrai, quoique l’autorité de Dieu, sans être moins absolue, soit infiniment plus douce pour nous ; Il est notre Seigneur par la rédemption. Nous ne renions pas le Seigneur qui nous a rachetés. Telle est aussi la confiance des fidèles dans ce psaume : ils se vantent de Jéhovah et célèbrent sans cesse Son nom. Quoique délaissés et opprimés par leurs ennemis, ils tiennent bon, n’oublient pas Dieu et restent fidèles à l’alliance.

Deux grands principes sont en jeu ici : rester fidèle à la volonté et à l’autorité de Dieu, quelle que soit la détresse, et ne pas chercher d’autre secours que Dieu Lui-même, quoiqu’Il ait l’air d’avoir abandonné les siens. L’intégrité et la foi personnelle sont ainsi mises à l’épreuve ; or c’est là ce dont l’âme a besoin pour pouvoir être ramenée dans la jouissance et la joie des bénédictions positives. Le fait que Dieu sonde ainsi Son peuple, est d’une haute importance ; aujourd’hui, Il l’éprouve spirituellement avant de lui accorder la paix. L’épreuve produit cette confiance absolue en Dieu qui caractérise le second livre des Psaumes ; elle montre aussi que le cœur préfère la droiture avec Dieu à toute espèce d’aise ou de confort ; car, même s’ils n’en ont rien, les fidèles tiennent à Dieu pour Lui-même, Il est Lui-même moralement l’objet de leur désir, et Il l’est aussi dans Ses droits sur eux. Par conséquent, le cœur ne peut se tourner vers autre chose, parce que ce ne serait pas vers Dieu, ni chercher de secours qui le délivrerait des voies de Dieu. Cette réflexion nous conduit à un autre point contenu dans ce psaume : les épreuves qui accompagnent cet abandon apparent de Dieu, sont attribuées à Sa main : « Tu nous as repoussés, tu nous couvres d’ignominie… tu nous livres comme la brebis qu’on mange, etc. ».

Outre l’application individuelle, je voudrais faire encore une observation qui se rattache ici. Lorsque, dans l’exercice de Son gouvernement, Dieu livre Son peuple à la puissance du mal, et qu’Il permet que celle-ci ait le dessus, c’est là une épreuve immense, non pas seulement à cause de l’affliction en elle-même, mais parce que le nom de Dieu est déshonoré. Quoique l’ennemi triomphe, le gouvernement de Dieu est évident. Nous voyons, dans ce psaume, les réflexions de l’âme juste au milieu de ces circonstances douloureuses ; quoique écrasée et couverte de l’ombre de la mort, elle n’avait pas oublié Dieu, ni forfait à Son alliance ; au contraire, malgré que ses souffrances pussent être nécessaires, selon le gouvernement public de Dieu par rapport à la profession de Son nom et afin de séparer les fidèles qui peuvent se trouver au milieu de ceux qui font profession d’être Son peuple, malgré cela, dis-je, ces fidèles eux-mêmes souffraient réellement pour le nom de Dieu. Je crois qu’il faut distinguer entre le nom de Dieu et le nom de Jéhovah ; c’est clair que Dieu était Jéhovah, comme Il est pour nous le Père, mais il s’agit ici de ce que Dieu est comme tel. Non seulement il y avait de la fidélité à ne point renier le nom révélé, mais encore les souffrances avaient lieu pour ce que Dieu est ; on ne se tournait pas, dans son cœur, vers les idoles, on préférait souffrir tout au monde plutôt que renier le vrai Dieu. Les fidèles agissaient ainsi pour l’amour de Lui, pour ce qu’Il était quand les bénédictions faisaient défaut, parce que le Dieu qui était en alliance avec Son peuple était le vrai Dieu. Ils ne voulaient pas être éprouvés seulement pour les bénédictions de l’alliance, mais pour l’attachement de leur cœur à ce que Dieu était dans Sa nature. En principe, il en est de même quant à nous. C’est de la joie, parce que l’amour de l’intégrité, la participation à la nature divine, par laquelle nous nous réjouissons en ce qui est bien, en ce qui est de Dieu, donne la conscience d’elle-même, c’est-à-dire la joie propre à cette nature en tant qu’elle se réjouit de ce qui est juste et bien. Ce n’est pas de la propre justice, mais la joie de la nature divine dans ce qui est juste, joie consciente, joie vraiment divine quant à sa nature. Seulement, pour ce qui nous concerne, il faut que cette joie ait un objet, Dieu Lui-même ; nous le prouvons en souffrant pour Lui. Ainsi, il est dit ici, puisque les ennemis haïssaient Dieu : « pour l’amour de toi nous sommes mis à mort chaque jour, nous sommes estimés comme des brebis de boucherie ». Pour que l’épreuve soit complète et que les souffrances soient réellement à cause de Dieu, il faut que les bénédictions manquent qui appartiennent à Sa puissance. Les fidèles sont donc abandonnés, pour un temps, à l’oppression de l’ennemi ; cela sonde leur cœur et fait aussi qu’ils souffrent pour ce que Dieu est. Puis Sa réponse à leurs cris arrive tôt ou tard, car Il ne peut pas laisser au pouvoir du mal ce qui correspond à Sa nature, l’intégrité envers Lui. C’est là une règle générale ; Dieu délivre conformément à Son alliance, quoique notre joie puisse être dans un autre monde. Par rapport à la terre, le cri des fidèles amène le Messie

Je crois voir un progrès dans le psaume 44, comparé aux deux psaumes précédents. Ceux-ci représentent le fidèle délaissé, il recherche la lumière de la face de Dieu, et tout est en ordre. Le dernier nous montre le fidèle se tenant, dans l’intégrité de son cœur, à Dieu, en dépit de tout. Les trois psaumes présentent la même chose, en principe, mais le 44 d’une manière plus absolue. Or c’est précisément cet attachement à Dieu même qu’il faut apprendre ; le cœur est éprouvé jusqu’au bout.

Le psaume 45 célèbre le Messie roi. Lorsque Christ est devant l’âme, Il la vivifie, Il la réveille. Ici, comme roi victorieux, Il apparaît plutôt dans Son triomphe terrestre, que sous l’aspect sous lequel le chrétien l’envisage. La puissance du mal sera alors terrassée et le cœur s’en réjouira. Maintenant, la joie est plus profonde, plus divine.

Collectivement, nous attendons l’époux, individuellement le Sauveur qui n’a pas honte de nous appeler frères. En pensant à Lui comme à un être divin, nous sentons la profondeur de cette œuvre divine, insondable, dans laquelle Dieu a rencontré le péché et l’a aboli pour nous ; nous réfléchissons à la gloire dans laquelle Christ est entré, et dont Il est digne tant par Sa personne que par Son œuvre. Toutefois, nous pouvons comprendre la joie triomphante des Juifs délivrés, ou du moins celle que produit l’anticipation de la délivrance par le moyen du Messie. Mais à côté de cette joie juive, le psaume 45 contient un principe d’une grande importance : il est dit à la fille d’oublier son peuple et la maison de son père et que le roi tournera ses désirs vers elle ; au lieu d’être bénie en ses pères, elle sera bénie en ses fils. L’association avec Christ brise les anciens liens naturels et en forme de tout nouveaux. Ce principe est évidemment général et absolu ; le verset 11 est décisif : « et le roi tournera ses désirs vers ta beauté ! ». Quant au chrétien, il faut donc qu’il brise les liens de toutes les choses auxquelles la nature est attachée, afin de pouvoir marcher de manière à faire les délices du Seigneur. Les doctrines qui forment la base de ce principe ne sont pas exposées ici, cela ne regarde pas les Psaumes. Il s’agit ici de l’état de l’âme ; elle doit oublier toutes les choses auxquelles elle est attachée par nature, et c’est l’arrivée de Christ qui rend cela nécessaire. Christ Lui-même en a fini avec le monde par la mort, et Il est entré par la résurrection dans un monde nouveau. Son droit est absolu, en contraste avec tous les autres. La nature n’a point de liaison avec les bénédictions qu’Il apporte, c’est un ordre de choses tout différent. Christ fonde des relations nouvelles dont Il est le centre et sur lesquelles Il a des droits divins ; on y entre par la rédemption qui délivre des anciennes. Il faut que Christ possède le cœur tout entier, Lui qui, en se donnant pour nous et en nous, nous a introduits dans une toute nouvelle relation avec Lui. Lui seul peut prétendre à notre cœur ; accepter d’autres prétendants, c’est abandonner notre nature et notre place, c’est retourner aux choses anciennes. Être à Lui, voilà notre existence, exprimée par ces mots : « Christ est tout ». Nous renions cette vérité si nous acceptons d’autres droits sur nous que ceux de Christ. Ceci peut se dire de la religion comme d’autre chose. Lors du règne de Christ, il faudra que le Juif cesse de se glorifier dans ses pères pour se glorifier en Lui. Quant à nous, quelque religion légale ou charnelle que nous ayons eue, il faut l’abandonner, car les choses anciennes sont passées, tout ce qui était gain est devenu perte ; Christ et l’avenir qu’Il donne sont notre tout. Christ peut nous imposer des devoirs en rapport avec des relations terrestres ; mais quiconque regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. Auparavant rien de stable ; Christ est la joie, le bonheur, en puissance et pour toujours. On trouvera cette vérité pleinement établie comme doctrine et comme expérience en 2 Corinthiens 5 : « En sorte que pour nous, nous ne connaissons désormais personne selon la chair, et si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Si donc quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création ; les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles ».

Le psaume 46 contient une vérité simple, mais solennelle et importante pour les chrétiens lorsqu’au milieu des souffrances de ce monde, ils sont portés à chercher du secours dans leurs propres efforts. « Soyez tranquilles et apprenez que c’est moi qui suis Dieu ». Voilà l’exhortation ; l’encouragement précède : « Dieu est pour nous le refuge et la force ; dans les détresses on trouve en Lui tout secours ». Si tel est le caractère de Dieu, « nous n’avons point à craindre quand la terre se bouleverserait et que les montagnes seraient ébranlées au cœur de la mer ». Mais il faut attendre qu’Il intervienne et c’est là l’épreuve de la foi, soit comme exercice de patience, soit en résistant à l’envie de se délivrer par des efforts humains. La vérité que nous trouvons dans ce psaume est un encouragement précieux et béni qu’aucune adversité ne saurait diminuer, puisque l’adversité vient des hommes et que Dieu reste Dieu ; mais, pour cela, il ne faut chercher refuge qu’auprès de Lui, il faut que la confiance soit complète, le cas même prévu où tout serait contre nous.

Remarquez que c’est Dieu comme tel qui est notre refuge et notre force. Il n’est pas dit : « l’Éternel », sauf aux versets 7, 8, 11, lorsqu’il est question de l’alliance. Il s’agit de Dieu dans Sa nature, en contraste avec l’homme et en général avec toute puissance quelconque ; car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? La foi saisit cette vérité. Il est un refuge où nous trouvons notre abri et Il est la force, de sorte qu’aucune puissance adverse ne peut réussir contre nous. Que l’angoisse soit à son comble, Il est notre secours, notre garantie infaillible ; mais ce secours n’est pas toujours matériel, apparent. L’essentiel, c’est de regarder à Dieu, et le fait que nous sommes abandonnés à Lui, que nous n’avons pas d’autre ressource que Lui, a pour conséquence d’annuler à nos yeux le pouvoir du mal, puisqu’il ne peut absolument rien contre Dieu. Le roi d’Assyrie demandait à Ézéchias sur qui il se confiait. S’il s’agissait d’autre secours, nous pourrions les comparer ensemble, en peser la valeur ; pour celui-ci, il ne faut que la foi. « Vous croyez en Dieu ». Contre un tel secours, toute force est faiblesse ; mais il faut l’attendre ; les efforts humains l’excluent, car alors on cherche une autre ressource qui n’est pas la foi. Dieu peut nous demander d’agir, alors la foi le fait avec confiance ; mais ce n’est jamais selon les voies humaines.

Quand l’affaire est entre les mains de Dieu, dès qu’il ne s’agit point d’un devoir, notre rôle est d’être tranquilles et nous apprendrons bientôt qu’Il est Dieu. Les efforts de l’homme gâtent tout, ses plans humains ne sauraient réussir. Dieu interviendra à Sa manière et à Son heure. Il existe certes des devoirs à accomplir ; en avez-vous, vous ne devez pas vous y soustraire ; mais dans le cas contraire et si vous êtes dans l’adversité, votre rôle est d’attendre ; ou bien vous manquez de foi ; tout effort, toute tentative de votre part ne serait qu’un effet de la chair.

Nous avons vu ailleurs que l’intégrité est nécessaire pour se confier en Dieu, parce que c’est en la sainte nature de Dieu qu’on se confie. Cette confiance absolue est requise lorsque la puissance du mal est excessive ; le sentier du saint se caractérise par le support jusqu’au moment de la délivrance. Mais ici il y a une autre pensée. Dieu, haut élevé sur la terre, a une demeure où les rivières de Sa grâce rafraîchissent ; cette demeure, alors Sion et le temple, la cité de Dieu, est maintenant l’Église. C’est dans cette demeure que coulent les fleuves rafraîchissants, Il la préservera (l’Église d’une manière encore meilleure que Sion, la cité de Ses solennités), et c’est là qu’Il entre dans le caractère réel de Sa propre relation. C’est là qu’Il donne la paix, ayant détruit toute la puissance de l’ennemi. Alors quiconque aura attendu apprendra que c’est Lui qui est Dieu ; nous l’apprendrons au milieu de scènes encore plus saintes et plus radieuses.

Psaume 47. — J’ai peu de choses à dire sur ce psaume. C’est le chant de triomphe du peuple de Dieu quand la délivrance arrivera. Il est utile d’observer comment le gouvernement du monde est en rapport étroit avec Israël. L’Éternel, le Très-haut, est grand roi sur toute la terre. Peuples et nations sont soumis à Israël, Dieu choisit l’héritage pour le résidu de Son peuple, Jacob, lequel Il aime. Tout cela aboutit à la louange de Dieu, et fait éclater les acclamations de Son peuple. Quelles que soient les bénédictions et la gloire du peuple de Dieu, sa joie principale est dans la gloire de Dieu Lui-même. D’abord Sa puissance est célébrée et les peuples alors en relation avec Israël sont appelés à chanter des hymnes de triomphe, parce que cette puissance est aussi leur délivrance et leur bénédiction ; Israël sait cela et l’annonce. Là ce peuple trouve enfin sa place ; il en résulte que Dieu domine dans sa pensée. C’est ce qui arrive toujours quand l’âme connaît réellement la bénédiction ; elle se tourne vers Celui qui bénit, non seulement au moyen d’actions de grâce, mais en célébrant tout ce qu’elle connaît de Dieu par Ses bénédictions. Sa propre gloire est la joie de Son peuple, car l’âme ne Le connaît pas simplement dans Ses bénédictions, mais aussi dans Sa gloire qui éclate par leur moyen. Ainsi les versets 5-8 célèbrent ce que Dieu est, manifesté et connu de cette manière. De même en Romains 5, 11, non seulement le salut est constaté, mais il est dit : « Nous nous glorifions en Dieu par lequel nous avons reçu la réconciliation ».

Les louanges doivent être faites avec intelligence. Un point que nous négligeons, c’est de vivre et de louer Dieu conformément aux rapports de Dieu avec nous. Il est notre Père, Christ, notre Seigneur. Là, dans le royaume (v. 8), Il siège sur le trône de Sa sainteté et règne sur les nations. Les princes des nations se réunissent à un peuple particulier, celui de la promesse, le peuple du Dieu d’Abraham. Les boucliers de la terre sont à Dieu. Il est souverainement élevé : telle doit être la pensée prédominante qui remplisse le cœur du saint.

J’ajoute, en terminant, que cette fin du psaume annonce le règne de Dieu à son point de vue le plus général, l’exaltation divine y étant mise en rapport avec Israël qui la célèbre. Le psaume suivant contient des détails locaux et les jugements par lesquels le trône de Dieu est établi en Sion.

Psaumes 49-54

Le psaume 49 est un tableau de la vanité du monde, suivie du jugement de Dieu à la fin ; ce tableau s’applique à tous les temps, quoiqu’il ne doive être publiquement réalisé qu’à la fin. La mort prouve la folie de toute sagesse, de toute prévoyance et de toute grandeur humaines : observation générale d’après laquelle on se dirige rarement, mais qui est toujours vraie. La mort et la destruction ne peuvent pas donner la sagesse positive, mais elles peuvent montrer d’une manière négative que cela seul qui ait quelque valeur, c’est ce qui n’appartient pas à l’homme mortel. L’homme établit sa famille, perpétue son nom ; il disparaît. Rien n’arrête la main de la mort : « Un homme ne peut nullement racheter son frère, il ne saurait donner à Dieu sa rançon » (v. 7). Il vient un matin (v. 14) où les justes auront le dessus sur ceux qui paraissent sages quant à ce monde. La mort se repaît d’eux ; ou, comme négligeant Dieu, ils sont assujettis aux justes lorsque le jugement de Dieu arrive. Mais la puissance de Dieu en laquelle les justes se confient est au-dessus de la puissance de la mort ; Il rachètera de la mort le résidu. De même aussi ceux qui seront vivants, à l’arrivée de Christ pour l’Église, ne mourront point ; ceux qui seront morts ressusciteront. Telle est la confiance du croyant ; la mort ne l’alarme pas, car il se confie en quelqu’un qui est au-dessus de la mort, qui rachète, qui délivre de sa puissance, ou qui ressuscite. Toutefois, le chrétien va plus loin, quoique cela soit vrai aussi, à son égard. Il peut dire : « afin que je n’eusse pas de confiance en moi-même, mais en Dieu qui ressuscite les morts », mais il dit encore : « j’avais en moi-même la sentence de mort ». Il ne prend point, comme le résidu, sa position de ce côté-ci de la mort ; de sorte que le fait qu’il est délivré de la mort pour vivre ici d’une vie nouvelle, est l’objet de son âme. Christ étant mort, ses rapports avec le monde ont cessé, sauf comme pèlerin pour le traverser. Il a la sentence de mort en lui-même ; il ne connaît pas d’homme en la chair, pas même Christ. Ses relations avec le monde sont terminées, sauf comme serviteur de Christ dans le monde ; il se considère comme mort ; « il est crucifié avec Christ », mais il vit ; « mais c’est Christ qui vit en lui, et la vie dont il vit en la chair, il la vit par la foi au Fils de Dieu qui l’a aimé et s’est donné lui-même pour lui », en sorte qu’il est délivré de ce présent monde. Ainsi le chrétien est placé sur le terrain de ce psaume, quant au principe général, mais il est dans une position toute différente. Il n’est nullement question pour lui d’échapper à la mort corporelle (quoique, extérieurement, cela puisse être le cas, car nous ne mourrons pas tous), car la mort est un gain et il se considère comme mort, sa vie étant cachée avec Christ en Dieu, sa vie étant en Christ. Mais ce n’en montre que mieux la folie — sur laquelle le psaume insiste — de se confier en ses ressources, de s’élever soi-même et de compter sur l’avenir, dans un monde où règne la mort ; de compter sur les choses auxquelles s’applique le pouvoir de la mort. « Et pourtant l’homme ne peut demeurer dans la splendeur ». Qu’il est difficile, même lorsqu’on est heureux en Christ, avec des affections célestes, de ne pas regarder aux choses visibles, de penser que la sagesse, les talents, les succès et l’approbation des hommes ne sont absolument rien que la pâture de la mort ; et que toute la question morale est en dehors de ces choses, sauf en tant qu’elles ont pu tromper les hommes. Que le saint veille donc ; qu’il ne s’effraie point lorsque le succès accompagne ceux qui n’acceptent pas la croix. Nous attendons le jugement de Dieu sur tout ce qui est puissant et élevé ; nous exerçons ce jugement dans notre conscience. Il n’y a aucune intelligence divine dans l’homme dont le cœur est attaché à la gloire de ce monde. Les hommes le loueront : il a réussi ; il a établi ses enfants ; il a élevé sa position. Les plus beaux noms lui seront donnés ; mais il n’a pas de jugement, son cœur est lié aux choses dont la mort se repaît. Tous les principes d’action du monde ont la mort pour contrepoids ; après tout, dans tous ces principes d’action, l’homme est semblable aux bêtes qui périssent — seulement avec plus de soucis qu’elles.

Psaume 50. — Mais si la mort donne cette leçon, le jugement divin est exécuté, et ceci introduit d’autres considérations : le contraste de la religion cérémonielle que Dieu peut avoir ordonnée dans Sa bonté envers l’homme, et cette justice pratique que Dieu exige de l’homme pour le reconnaître. Mais ceci se trouvera en relation spéciale avec Dieu, selon Ses propres voies. Les saints sont assemblés par le sacrifice. La grâce qui rachète et le sentiment de sa nécessité doivent être produits pour être reconnus comme tels par Dieu ; ces choses sont réunies pour Dieu. Le jugement a lieu sur le terrain moral sur lequel la conscience de l’homme se trouve pour avoir abusé de privilèges, s’il en a. De même ici, quant à Israël, Dieu ne se plaint pas du manque de sacrifices. Il ne s’agira d’aucune religion cérémonielle, mais de la méchanceté. Dieu s’étant tu dans Sa longue patience, le monde pourrait s’imaginer qu’on peut Le traiter comme un homme, avec des formes extérieures, des sacrifices, des cérémonies, sans conscience, et que Dieu ne voit pas plus loin. Mais Dieu met devant l’homme tout ce qu’il a fait (v. 21).

Celui qui connaît Dieu de manière à pouvoir Le louer, qui reconnaît ce que Dieu est, Le bénit pour ce qu’Il est, et règle justement sa marche ; celui-là jouira de la bénédiction gouvernementale de Dieu (v. 23). Celui qui offre des sacrifices comme s’il pouvait ainsi apaiser Dieu, et continue sans prendre garde à Lui dans sa conscience, celui-là Dieu le reprendra et mettra devant ses yeux tout ce qu’il a fait ; si c’est ici-bas, pour le salut ; si c’est en jugement, il n’y aura personne pour délivrer (v. 21, 22).

Psaume 51. — Là où il y a une œuvre de Dieu, elle va bien plus profond. C’est ce que nous voyons dans ce psaume. Dieu a annoncé un jugement. L’âme, divinement touchée, cherche la miséricorde, elle désire que Celui qui, seul, peut le faire, la nettoie comme cela est digne de Lui ; l’âme, ainsi enseignée, sent qu’elle a affaire avec Dieu. Elle cherche à être nettoyée d’une manière convenable à une telle situation. Comparez Jean 13, 8 (Il venait de Dieu, Il allait vers Dieu, et le Père avait remis toutes choses entre Ses mains). Le péché est aussi confessé. Ce qui distingue ce psaume, c’est le fait d’avoir à parler à Dieu Lui-même et, avec cela, c’est le sentiment de celui qui est dans cette position. Or ceci s’étend beaucoup au-delà de la simple idée de jugement. À partir du verset 5, il s’agit des principes intérieurs, car on a affaire avec Dieu et non pas simplement à juger des actes.

Il y a le sentiment du péché, dans la nature et dans l’origine de notre être, et que Dieu doit trouver la vérité dans le cœur ; il y a, de plus, la confiance en Dieu qu’Il enseignera la sagesse dans l’homme intérieur, celle que l’œil de l’aigle n’a pas vue. Ceci est précieux à comprendre. L’âme envisage l’humiliation avec joie, comme étant le moyen de briser une volonté profane, car, la haïssant, elle désire qu’elle soit anéantie. En ce sens, l’amertume de l’humiliation est douce ; il y a la conscience bénie que lorsque le Seigneur nous lave, nous sommes plus blancs que la neige. Pensée bénie, que celle d’être nets devant Ses yeux ; on y croit peu, parce qu’on ne croit pas assez que c’est Lui qui le fait. Jusque-là, il y avait plutôt la pensée qu’il est précieux d’être net devant Dieu, ce qui est nécessaire du côté de Dieu, et ce en quoi le cœur d’un saint prend du plaisir. Maintenant, on recherche la joie comme venant de Dieu. Le châtiment, l’humiliation et tout le reste étant considérés comme dispensés par la main de Dieu, on est autorisé à rechercher la joie et la face de Dieu ; non pas avant, ce qui aurait été une jouissance égoïste quoique assez naturelle ; mais Dieu ne la donne pas jusqu’à ce que le cœur soit droit. Le cœur doit être vrai, réellement purifié en accord avec Dieu, pour jouir de la faveur et de la joie. Du reste, pendant qu’il regardait à Dieu pour qu’Il cachât Sa face des péchés et qu’Il effaçât toutes les iniquités, il n’en désirait pas moins être rendu net. Mais maintenant, regardant à la bonté de Dieu, il le désire, non point seulement comme une chose requise par la sainteté de Dieu mais comme l’œuvre de Sa grâce, comme quelque chose venant de Lui : « Crée en moi un cœur pur, ô Dieu ». Il ajoute : « et veuille rétablir en moi un esprit ferme » ; il ne s’agit pas d’un esprit droit, mais d’un esprit ferme, calmement fixé sur Dieu, seul objet du cœur, d’un esprit qui compte paisiblement sur Lui et s’attend à Lui. L’âme ainsi enseignée ne peut se passer de la présence de Dieu ; sa frayeur est d’en être bannie. Elle n’est pas encore intelligente dans la grâce et dans l’assurance de la faveur divine, mais elle ne peut se passer de Sa présence ; en être éloigné serait pour elle une misère immense, qu’elle sent d’autant plus que l’œil est fixé sur Dieu. C’est pourquoi l’âme supplie avant tout de ne pas être bannie de Sa présence connue en vérité, et désirée comme nécessaire. Sans quoi point de joie.

L’action du Saint Esprit, non pas Son habitation, est connue comme la puissance de la joie ; l’âme demande de n’être pas privée de l’action du Saint Esprit. Ici, il faut remarquer la différence d’avec le cas d’un chrétien, soit que nous considérions le commencement de sa conversion ou sa restauration dans la communion. Jusqu’à présent, nous avons examiné les principes essentiels de la communion de l’âme avec Dieu. Un chrétien intelligent ne pourrait pas dire littéralement : Ne me retire pas ton Saint Esprit ; il considère les effets de son péché d’une tout autre manière. Il a contristé l’Esprit, il a péché contre l’amour, mais il ne croit pas que Dieu lui ôte jamais Son Saint Esprit. Si le châtiment est extrême et que le bouclier de la foi soit baissé, il doutera peut-être qu’il ait le Saint Esprit ou même qu’il l’ait jamais eu ; mais jamais il ne demandera qu’Il ne lui soit pas ôté ; il désespère, peut-être, il se croit réprouvé, et s’il pense qu’il l’avait extérieurement, comme en Hébreux 6, il croit qu’il est impossible qu’il puisse être renouvelé à repentance, parce qu’il l’a perdu. Mais sauf dans ce cas extrême, ou dans l’usage d’Hébreux 6 pour notre propre condamnation, usage ordinaire avant que l’on ait obtenu la paix réellement, il n’y a aucune pensée pareille dans un chrétien. Un homme peut douter qu’il ait le Saint Esprit, mais un chrétien intelligent ne croit pas que Dieu Le retire. Il peut être comme désespéré ou attristé, parce qu’il a contristé l’Esprit qui est en lui. Le résidu peut demander l’action de l’Esprit en Israël, pour autant que Dieu reconnaît cette nation, ou que le résidu espère qu’Il la reconnaît (cf. Agg. 2, 5). David de même ayant péché, pouvait parler ainsi ; un chrétien ne le pourrait pas. Un chrétien connaissant la vérité, mais ayant failli dans sa marche et assailli par l’ennemi, pourrait déplorer la perte pratique de cette action de l’Esprit qui seule nous garde dans la communion, et qui tient élevé le bouclier de la foi, et tout cela serait juste. Quelqu’un donc qui serait ainsi privé de cette action, pourrait dire : « Rends-moi la joie de ton salut ». Mais ce n’est pas là un état convenable de l’âme ; cela ne peut arriver que lorsqu’elle recule. Dans un cas extrême, la chose va jusqu’à la crainte d’être perdu, quoique, après tout, l’espoir ne soit jamais tout à fait abandonné. Mais au retour d’une telle âme, les versets 11 et 12 sont d’un usage pratique quoique jamais il n’y ait lieu, pour elle, de dire : « Ne me retire pas ton Saint Esprit ».

Il y a une action constante du Saint Esprit pour conserver la foi vivante ; cette action peut être la source d’une grande joie lorsque nous marchons avec Dieu ; mais lorsque nous n’avons pas de joie, elle empêche l’ennemi d’introduire du doute quant à notre âme devant Dieu. Elle conserve, comme je l’ai dit, la foi vivante. L’ennemi n’est pas, comme puissance des ténèbres, entre nos âmes et Dieu. Voilà, pratiquement, ce qui est désiré ici, et aussi que la joie sensible du salut de Dieu soit rétablie, mais sans la connaissance de l’habitation de l’Esprit, fondée sur la rédemption. Nous pouvons exprimer aussi, comme le verset 12, le désir que la joie du salut soit restaurée et que le cœur soit soutenu par un esprit bien ferme, cette liberté devant Dieu et dans Son service, dont jouit, quand l’Esprit n’est pas contristé, l’âme qui connaît la rédemption et la lumière de la face bénie de Dieu. En David, il y avait l’incertitude de la répétition du pardon des péchés, l’acceptation permanente de la personne étant inconnue. En Israël, dans les derniers jours, il y aura la connaissance de relations longtemps goûtées — maintenant suspendues — quoiqu’il y ait de la confiance en Dieu à cet égard. Mais tout cela n’est point l’état du chrétien. S’il sait que le Saint Esprit demeure en lui, il sait aussi qu’Il reste en lui. L’âme en laquelle l’Esprit de Dieu agit, peut, à cet égard, se trouver dans les états suivants : Premièrement, exercée mais ignorante, ayant une idée générale du pardon, elle peut s’appliquer à elle-même toutes les conséquences du péché, vaguement mais avec terreur. Secondement, lorsque le pardon est connu et surtout quand il est connu sans une grande conviction de péché, mais qu’en même temps la justice de Dieu n’est pas connue, l’âme, perdant le sentiment du pardon par ses manquements ou son insouciance, voit le jugement devant elle, sans avoir la justice ; alors toute joie précédente devient amertume ; elle s’applique le sentiment de la ruine (Héb. 6) ainsi que tous les autres passages qui parlent de la persévérance comme d’une condition, ou qui parlent de la déchéance. Mais, dans ce cas, l’âme n’est pas réellement affranchie ; elle a connu le pardon, non pas la justice. Elle a connu le sang sur les linteaux, mais non pas la mer Rouge. Elle est en train d’apprendre la justice divine et la paix durable devant Dieu en Christ ressuscité. Troisièmement, il y a le cas dont j’ai déjà parlé où la vérité étant connue, on a joué avec le péché ; alors l’ennemi devient puissant ; là, il n’y a point de force pour employer la Parole ou les promesses, et on s’applique à soi-même chaque sentence amère. La justice de Dieu étant reconnue comme juste, Satan, pour ainsi dire, est, l’interprète de la Parole, et non pas Dieu. Cependant, Dieu se sert de tout cela comme d’un châtiment pour remettre l’âme en règle, et celle-ci, par la grâce, s’attache à Dieu, en dépit de tout. J’ai plus dit sur ces versets que cela ne pourrait paraître naturel, parce qu’on en abuse si souvent pour placer les chrétiens sur le terrain de l’Ancien Testament, et les priver de la vérité de la demeure constante de l’Esprit en eux ; tout cela est une fausse application de l’Ancien Testament.

Je termine par quelques remarques sur les derniers versets. L’âme n’est pas encore restaurée, ni libre devant Dieu ; elle cherche cela. Une fois affranchie, elle peut enseigner les autres. Mais tandis qu’elle désire un cœur pur, il y a un autre genre de péché qui pèse sur l’âme qui rejette Christ : la dette du sang : « Délivre-moi du sang versé ». Il va sans dire que nous ne pouvons plus tuer Christ ; mais le péché est le même. Ainsi, il n’y a pas seulement la souillure du péché, mais les affections sont mauvaises ; il y a de la haine contre Dieu, manifestée par la haine contre les saints et surtout contre Christ. Nous pouvons comprendre comment Israël aura à chercher d’être restauré ; ils ont invoqué Son sang sur eux et sur leurs enfants. En pratique, nos cœurs L’ont rejeté et ne voulaient rien de Lui. Cependant, l’âme attirée par la grâce peut chercher à être nettoyée aussi de cela ; et, de plus, dans ce pardon, elle voit que Dieu est vraiment le Dieu de son salut ; non pas le Dieu de jugement, mais que dans l’extrémité même du péché, il y a un Sauveur qui sauve en amour. Alors elle chante hautement la justice de Dieu. Dans sa relation précédente avec Dieu, il n’avait que le péché ; la croix, c’était Dieu allant à la rencontre du péché et le péché dans l’homme allant à la rencontre de Dieu. L’homme, c’est-à-dire le pécheur, n’avait que du péché. Là, il a montré qu’il n’était que haine et violence contre Dieu présent en amour. Mais là aussi, Dieu devint non pas un restaurateur, mais un Sauveur parfait ; Il montra Sa justice en ce qui concerne l’œuvre de Christ, en plaçant l’homme Christ comme homme à Sa droite. Dés lors seulement, la justice de Dieu est connue ; ayant triomphé dans le salut, l’âme la chante et la proclame. Voilà la vraie liberté ; le Saint Esprit, ainsi donné, en est la puissance. La conséquence nécessaire, c’est que les sacrifices n’ont point de place ; où seraient-ils ? Comment reconnaîtraient-ils Dieu ? Un esprit brisé, voilà ce qui est convenable à la croix, au corps rompu de Christ et au péché pardonné. Dieu ne méprise pas cela. Cela répond à Sa pensée dans la croix, à Sa grâce envers le pécheur. Alors entrent la paix, la bénédiction et le service. Ici, cela va sans dire, la chose a lieu au point de vue de l’ordre millénial juif, mais elle a vraiment lieu spirituellement dans le chrétien.

Le psaume 52 n’exige que peu de remarques : il s’applique au jugement d’Israël, mais il présente quelques principes qui concernent directement le croyant à toute époque lorsqu’il ne regarde pas aux circonstances, au milieu de la puissance du mal. Le mal se vante de sa puissance, mais la foi voit autre chose. La bonté de Dieu devant lequel les hommes sont comme des sauterelles, montre son support, quoique le mal prévale continuellement. « La grâce de Dieu est de tous les jours ». Jamais rien ne lui échappe, et rien n’est hors de sa portée. Il ne s’agit pas seulement de la puissance de Dieu, mais de Sa bonté. C’est une grande vérité générale ; nous, nous disons : Notre Père ! « Pas un passereau ne tombe à terre sans la permission de votre Père ». D’un autre côté, il y a ici quelque chose de particulièrement précieux. Ce n’est pas la bonté du Seigneur dans Sa relation avec Israël, mais ce qui est dans la nature de Dieu. La bonté de Dieu, quelle ressource contre le mal ! Comme telle, elle ne peut ni cesser, ni s’interrompre. L’orgueil mène à la ruine, mais celui qui se confie dans le Seigneur et dans Son amour fidèle, sera, lorsque tout le reste se fane, comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu.

Psaume 53. — Ce psaume, comme nous le savons, condamne ceux qui usent le plus du péché. Le secret de cette voie est ancien ; j’en dirai donc peu de chose. La marche des méchants provient de ce que Dieu n’existe pas pour eux. La foi n’existe pas et l’on ne voit pas Dieu ; tel est le secret de toute erreur en pratique et dans le raisonnement humain. Plus nous examinerons tout le cours de l’activité humaine, nos fautes à nous, chrétiens, les errements divers de la philosophie, plus nous trouverons aussi que l’ignorance de Dieu est au fond de tout cela. Le cas, ici, est celui d’une conscience qui ne fait aucune attention à Dieu. Le cœur n’a aucun désir de Lui, et la propre volonté travaille comme s’il n’y avait point de Dieu. L’insensé dit en son cœur : « Il n’y a point de Dieu ». Pourquoi parle-t-il ainsi ? Parce que sa conscience lui dit qu’il y a un Dieu. Sa volonté voudrait qu’il n’y en eût point ; et comme cet insensé ne voit pas Dieu dans ses œuvres, sa volonté ne voit que ce qu’elle veut. Dieu est mis de côté et toute la conduite de l’insensé est sous l’influence de sa propre volonté, comme s’il n’existait point de Dieu. S’il réfléchit, il s’efforce de prouver que Dieu n’est pas, parce qu’autrement il se trouverait arrêté. S’exaltant et se décevant lui-même, il en vient à désirer que Dieu n’existe pas, et non point à penser mais à agir comme s’il pensait qu’il n’y a pas de Dieu. Dans un certain sens, cet insensé pense ainsi en effet ; car exclusivement occupé des choses présentes, aveuglé par son aliénement de Dieu, mort quant au sentiment moral, jugeant d’après les choses présentes, il peut conclure qu’il n’y a point de Dieu ; vivant dans ses pensées ainsi formées, il s’exprime, de cette manière, en son cœur. Si sa conscience s’éveille, il sait bien que Dieu existe ; mais il vit dans sa volonté, dans les pensées de cette volonté et, pour lui, il n’y a point de Dieu. C’est étonnant comment la raison humaine fait généralement abstraction de l’existence de Dieu ! Impossible qu’on regarde autour de soi sans voir la masse du mal qui existe ; si l’on n’accepte pas la chute et le salut, que penser quand on ne voit pas Dieu intervenir, d’une manière immédiate, comme en Israël ? Alors on Le laisse de côté et l’on admet tout, comme s’Il n’existait pas. Ne voulant pas placer toutes choses sur le terrain de la vérité, les hommes ne peuvent, par conséquent, pas introduire Dieu dans leur vie, et ils expliquent tout sans Lui. Voilà ce qu’on appelle la philosophie. Or cela mène précisément sous la puissance du mal, car le mal existe ainsi que sa puissance. Si Dieu n’est pas introduit, il faut que la puissance du mal ait le dessus. Qui l’en empêcherait ? Dieu agit jusqu’à ce que son temps soit venu, le temps où il n’y a plus de bien à faire par la patience. Alors le mal arrive au comble, comme nous le voyons dans ce psaume, et il en résulte le jugement (v. 2-6). Les principes du monde sont tels à toute époque. Dès que j’agis comme si Dieu n’existait pas, c’est-à-dire sans rechercher Sa volonté, c’est comme si je disais dans mon cœur : « Il n’y a point de Dieu ». Si la peur dont il est parlé au verset 5 est celle de la congrégation des justes, comme je le pense, nous voyons combien cette peur est inutile au jour de la puissance du mal ; car plus ce dernier grandit, plus c’est Dieu que cela concerne. C’est lorsque les méchants triomphent, que Dieu se rit d’eux. Le psalmiste, comme Juif, désire ardemment cette époque de la restauration d’Israël. Dans un certain sens, nous la désirons aussi, parce que nous désirons la disparition du mal et le repos de la terre ; mais ce n’est pas là la bénédiction la plus élevée.

Psaume 54. — Ce psaume contient un seul principe, mais un des plus importants et des plus pratiques : Dieu seul et Son nom ; c’est-à-dire que la révélation de Lui-même est la ressource de l’âme. Les étrangers n’ont pas eu Dieu devant leurs yeux ; mais le croyant L’a devant lui et, pour lui, tout dépend du nom de Dieu. Il y a l’expression de la dépendance et la recherche de Dieu selon Son nom ; le nom de Dieu tient la première place dans ce psaume. Il faut remarquer que Dieu n’est pas connu ici dans une relation d’alliance. Il ne s’agit pas de Jéhovah, sauf à la fin du psaume, mais de Dieu, comme tel, en contraste avec les hommes et tout le reste ; de Dieu connu en ce qu’Il est : source de miséricorde et de bonté, en laquelle nous nous confions. Mais Dieu s’est révélé Lui-même ; Il s’est fait connaître aux hommes ; Son nom qui exprime ce qu’Il est, ce nom est connu et le cœur se confie en cela. Que cette confiance est douce ! C’est la joie et le repos. Que peut l’homme contre nous, quand Dieu est pour nous ? Il se peut que je ne sache pas ce que Dieu fera ; mais j’ai confiance en Lui. Dieu dit qu’Il est mon secours. Une fois que l’âme est délivrée ou qu’elle pense à la délivrance, tout ce que Dieu est, en relation avec Son peuple, produit en elle la louange. Mais ce que Dieu est, voilà sa ressource.

Psaumes 55-58

Le psaume 55 est l’expression d’une grande détresse d’esprit. Il y avait des ennemis au-dehors. Telle était la difficulté dans laquelle il se trouvait, cependant cette circonstance n’était que l’occasion de ce qui pesait réellement sur son esprit. La véritable cause était la haine de ceux qui se tenaient dans la plus intime relation avec lui. Ceci l’amène en présence de la mort et du jugement divin, parce que, comme instruments de Satan, ses ennemis veulent charger l’effet du péché sur son âme entre Dieu et lui. Le Seigneur Lui-même (quoique ce psaume ne soit pas proprement une prophétie du Seigneur) a entièrement passé par là, je n’ai pas besoin de le dire. Ils essayèrent de charger le péché sur Lui, et ils triomphèrent en ce que Jésus fut abandonné de Dieu, fut regardé comme battu, frappé de Dieu et affligé. Proprement, c’est le résidu des derniers jours, comme nous l’avons vu ; dans toute leur affliction, Il fut Lui-même affligé. Cette charge de l’iniquité sur l’âme, par des hommes méchants, instruments de Satan (à travers laquelle le Seigneur a marché plus profondément que qui que ce soit, parce qu’Il prit notre iniquité) est une chose bien solennelle.

Christ ne porte pas précisément le courroux et nous ne le porterons jamais, mais Il en subit le poids sur Son âme ; comme puissance de Satan, de méchants hommes l’ont chargé sur Lui. Le Seigneur peut trouver que c’est une épreuve nécessaire pour les chrétiens. Alors on se confie en Dieu, on espère que Son oreille sera attentive au cri d’un cœur qui se confie en Lui. Mais jusqu’à ce qu’on cherche le Seigneur, la puissance du mal et le mal lui-même désolent et abattent l’âme. L’existence et la puissance du mal opposé à Dieu, pèsent sur l’âme. Ceci est uni à la confiance profondément outragée dans l’homme, non par un ennemi, mais par un intime ami. En quoi peut-on se confier en l’homme, si nos plus proches nous trahissent ? Cela procure l’isolement du cœur. Rien n’est digne de confiance. Or le Seigneur a traversé cette puissance du mal. Nous le sentons seulement lorsque la chair n’est pas brisée et qu’elle doit l’être. Cette puissance existe, mais elle est brisée par Christ, par la foi. En tant que nous sommes pécheurs, cette espèce de puissance de Satan apporte avec elle un caractère de jugement. Nous pouvons, par la grâce, surmonter ce jugement et avoir confiance ; car c’est pour cela aussi que Christ a intercédé pour Pierre, et tout en tombant sous la puissance de Satan, il fut gardé du doute et du désespoir. La plus terrible chose ici, est la méchanceté venant comme puissance du mal. L’esprit lui-même tremble devant ce manque de cœur et voudrait fuir ; un esprit de grâce, au contraire, resterait en paix lorsque le mal l’environne. Le cœur sent cependant qu’il n’a aucune association avec cela et voudrait seulement fuir et être seul, en paix, car il est dans la position de ne pouvoir se confier en personne. Ceci amène enfin l’esprit au Seigneur, car, après tout, dans ce monde, il n’a pas les ailes de la colombe. L’effet en est de présenter la méchanceté devant le Seigneur, dans Sa pleine lumière. Ceci amène nécessairement (au point de vue où tout est considéré dans les Psaumes, de patience sous le mal et de justice qui doit voir le mal comme tel ; car quoique les souffrances de Christ sous ce mal, même jusqu’à la colère, aient été introduites, et qu’ainsi la grâce, en jugement, soit intervenue, il est envisagé cependant, en général, au point de vue du gouvernement de Dieu), cela, dis-je, amène nécessairement la pensée du jugement ; car le jugement du mal et la délivrance de l’oppressé sont dans la nature de Dieu comme gouvernant et voyant toute chose. Le cœur gémissait sous l’oppression et souffrait auparavant en pensant avec horreur et contrition d’esprit au mal qu’on cherchait à lui imputer, mais dès à présent, il peut, en regardant au Seigneur, considérer le mal plus calmement quant à son caractère et quant au jugement qui doit suivre. Et il en ressort une pleine confiance en Jéhovah, en Dieu dont l’alliance est connue. Alors, avec liberté d’esprit, l’on peut depuis le verset 19, regarder calmement toute chose et en considérer la fin. La conclusion pleine et bénie, lorsque le mal est arrivé à son comble, est renfermée dans ces mots : « Remets ton souci sur l’Éternel et Il te soutiendra ; Il ne permettra jamais que le juste soit ébranlé ». Ici se terminent les exercices qui sont toujours le fondement de notre foi, et lors même que ce psaume, en prenant ses déclarations en principe, parle de jugement, on y trouve aussi le précieux soutien de la foi dans toutes ses épreuves. Il y a deux points à remarquer ici : « Remets ton souci sur l’Éternel ». Quelle que soit l’épreuve ou la difficulté, jette-la sur le Seigneur. Cela ne signifie pas que l’épreuve soit toujours enlevée — ici il fallait attendre le jugement ; mais « Il te soutiendra ». C’est encore mieux que si les épreuves sont enlevées. C’est l’arrivée directe de Dieu au-devant de notre âme, c’est le sentiment de Son intérêt pour nous, c’est Sa faveur, Sa proximité ; Il vient pour nous aider dans nos besoins. C’est une divine condition de l’âme, meilleure que l’absence du mal. Dieu est un ferme appui pour nous soutenir. Le second point est la fidélité infaillible de Dieu. Il ne permettra point que le juste soit ébranlé. Le juste peut être éprouvé, mais le Seigneur ne peut et ne veut pas permettre que le mal dans le monde ait le dessus. Par le moyen du mal, nous pouvons apprendre à avoir confiance, et, en ayant confiance, nous savons que le Seigneur nous garde. Le comble du mal montre d’autant plus que Dieu doit intervenir, que Son secours est nécessaire.

Psaume 56. L’âme est sortie de la profondeur de la détresse intérieure, dans laquelle elle se trouvait au psaume 55. Quoique les ennemis du fidèle se tiennent aux aguets, ce n’est plus l’infidélité et la trahison de ses amis, ce sont des ennemis qui tâchent de lui faire tort. Il est effrayé plutôt que désolé, et regarde à Dieu à travers les difficultés. La foi est en activité. Dans le psaume précédent, l’esprit était intérieurement, profondément abattu. Ici, il est seulement éprouvé. De là vient qu’il peut de suite se confier en Dieu, et la Parole de Dieu est le témoignage d’une délivrance certaine. Dans le psaume 55, c’est seulement au verset 19 et à la fin que Dieu est introduit. Ici, Dieu est immédiatement devant l’âme. En vérité, des épreuves extérieures sont peu de chose, comparées avec les déchirements intérieurs de l’esprit : « L’âme de l’homme supporte ses souffrances ; mais une âme abattue, qui la relèvera ? ».

La confiance du saint est donc en Dieu. Mais cette confiance en Dieu ne reste pas sans quelque révélation de Sa part. Or, quand l’âme peut regarder à Lui et avoir confiance, le témoignage qu’Il nous a donné dans Son amour, ce par quoi Il a révélé Ses pensées, devient immédiatement le guide et l’espérance de l’âme. Cette possession est une chose bénie, Dieu ne peut faire autrement que de la justifier. Ces deux points sont les pivots de la pensée dans ce psaume. Dieu Lui-même et Sa Parole : « En l’Éternel je célébrerai Sa Parole ». Sa Parole nous donne le témoignage certain de ce qu’Il sera, de ce qu’Il est pour nous.

Mais si Dieu est là, que peut faire la chair ? Telle est la conclusion à laquelle l’âme arrive. Elle a des ennemis, peut-être forts et puissants, et elle n’y est pas insensible. Ils se cachent et complotent contre le fidèle ; il n’a aucune ressource en la chair. Tout cela est bon pour lui. Cela lui fait connaître le monde dans lequel il est, et le sèvre de la chair. Que peut-il faire ? Rien. Il se jette alors dans les bras de Dieu, chose aussi utile que bénie. En vérité, si Dieu est pour nous, que peut faire la chair ? L’homme du monde peut avoir des ressources mondaines contre la chair. Le chrétien ne peut avoir aucun recours en celles-là ; elles le détourneraient de Dieu au moment où Dieu l’amène complètement à Lui. Il ne peut pas dire « alliance », à tout ce à quoi le peuple, faible en la foi, dit : « Alliance ». Mais il ne doit pas être effrayé et craindre leurs craintes ; il doit sanctifier le Seigneur des armées qui lui sera un sanctuaire. Ici, le fidèle est amené à regarder à Dieu par le moyen de ses frayeurs. Alors il s’écrie : Que peut faire la chair ? Dieu dispose de toute chose, Il a Ses plans qu’il exécutera certainement. Une autre bénédiction profonde accompagne cette pensée. L’âme est dans l’épreuve, les méchants complotent contre elle, mais Dieu est avec elle dans la douleur et en prend note. Il enregistre les mouvements du saint, qui est considéré ici comme dépourvu de tous les privilèges extérieurs, seul avec le peuple de Dieu et dans Sa maison. Dieu enregistre tout cela et le fidèle peut voir, selon cette belle expression, que chacune de ses larmes est recueillie dans Son urne. Chaque peine du fidèle est enfermée dans Son livre. C’est une pensée bénie. Ainsi le cœur se confie en Lui, et il sait que, lorsqu’il crie à Lui, tous ses ennemis seront repoussés en arrière ; c’est pourquoi il loue la Parole de Dieu avec foi au milieu de ses frayeurs et de ses chagrins, regardant à elle, soutenu par elle et comptant sur elle. Oh ! si les saints savaient le faire ! Ici, l’âme compte sur la délivrance par l’intervention infaillible de Dieu. On trouve encore un autre principe dans ce psaume (sous une forme juive naturellement), en rapport avec ces exercices du cœur, principe qui se trouve toujours dans ces différents exercices ; c’est, en effet, un de leurs principaux objets comme venant de Dieu, le sentiment d’appartenir, d’avoir été donné, consacré à Dieu. « Tes vœux sont sur moi ». Ce sentiment est celui de la louange et exprimé par des louanges au moment de la délivrance, et le cœur apprend par ces épreuves, ce que nous sommes facilement portés à oublier, « que nous ne nous appartenons pas à nous-mêmes ». Dans son état le plus bas, ce sentiment est lié avec le désir de la délivrance, à son apogée avec la joie de ce que Dieu nous reconnaît pour siens. Le fondement est la rédemption, qui nous a, de fait, rendus entièrement siens, comme Israël était extérieurement racheté hors d’Égypte. De là, les louanges sont déjà dans le cœur de l’opprimé ; par la foi, sa prière est exaucée ; et il se sert de ces gratuités et de ces délivrances pour demander encore davantage. Puisqu’il a été délivré de la mort, il désire d’être préservé de chute. Il était sous la puissance et l’oppression de l’ennemi, du diable qui a empire sur la mort — il est mis en liberté ; mais à présent, il doit marcher sans broncher et sans tomber sur le chemin, et comme il a appris à connaître la dépendance dans l’épreuve, il a confiance en Dieu pour sa marche. Ne préserveras-tu pas mes pieds de chute ? L’âme a appris plus encore dans sa détresse : la jouissance de marcher devant Dieu à la lumière de Sa faveur et dans la sûreté de Sa présence. Elle regarde à cela comme à l’objet pour lequel elle doit être gardée. Elle cherche, il est vrai, sa propre paix et son bonheur, mais c’est devant Dieu. La lumière des vivants était la lumière de la faveur divine envers Israël. Ici, ce n’est pas l’ordre le plus élevé de la joie, mais c’est l’âme dans la détresse et l’oppression, regardant à la fidèle bonté de Dieu qui lui aidera à marcher devant Lui en paix et en sécurité.

Dans le psaume 57, il y a les mêmes épreuves avec plus de confiance. Comme l’œil voit briller plus clairement la puissance de Dieu et Son secours, il voit davantage le mal et l’iniquité de ses ennemis, et moins aussi sa propre oppression, ce qui restera toujours vrai. Nous avons à veiller là-dessus, car notre cœur est trompeur ; s’il sort de son propre état de crainte et d’oppression, il est tenté de s’occuper beaucoup trop de la méchanceté de ses ennemis. Regardant plus à Dieu, il Le reconnaîtra toujours davantage. La faute est de s’occuper du mal. C’est dangereux de plonger dans le mal et de continuer tranquillement son chemin, mais il est dangereux aussi de s’occuper du mal. Cela ne nourrit pas l’âme — comment cela se pourrait-il ? — et un esprit contraire à l’évangile s’élève peu à peu. Nous verrons le mal, si nous sommes près de Dieu, mais nous nous occuperons aussitôt de Dieu et non pas du mal. Dieu est au-dessus du mal tout entier.

Ainsi il y a progression dans ces trois psaumes. Entre le 56 et le 57, le premier verset nous en montre la différence ; le premier commence par ces mots : « Car des hommes cherchent à m’engloutir », le second par ceux-ci : « Car c’est en toi que se réfugie mon âme ». Là, il se confiait en la Parole de Dieu, ici il en recherche l’accomplissement par la main de Dieu, et se confie en Lui sous l’ombre de Ses ailes, jusqu’à ce que la tyrannie soit passée. De là, il est capable d’entrevoir d’avance que « Dieu s’élèvera sur les cieux et que toute la terre sera remplie de sa gloire ». Cela ne signifie pas que la puissance du péché n’existe pas autant qu’auparavant. Elle existe, et l’âme est abattue sous elle, mais l’esprit s’appuie davantage sur Dieu. Remarquez, de plus, qu’il n’y a aucune idée de résister au mal et de s’en débarrasser par sa propre force. L’âme s’attend à Dieu, et il le faut pour que son sentier soit parfait. Christ a fait cela. Le premier psaume montrait davantage Dieu prenant part au chagrin ; au contraire, dans celui-ci, l’âme cherche à y échapper, mais par la délivrance que Dieu enverra du ciel. Elle voit, de plus, les méchants pris dans leurs propres filets, mais elle ne cherche aucunement à les contrecarrer ; au contraire, s’abandonnant entièrement à Dieu, elle voit dans leurs plans leur propre ruine, et ceci est frappant pour le jugement et pour la confirmation de la foi. Elle reçoit, pour ainsi dire, par la foi, la louange toute prête ; et voit dans les Ammim et les Leummim — des peuples et des tribus : non pas spécialement des païens comme adversaires et persécuteurs. Ses épreuves sont parmi le peuple, parmi des hommes, ses associés ; elle ne cherche pas le triomphe sur des adversaires, mais la délivrance dans l’humilité. Le résultat est la louange parmi les hommes, dans une sphère plus étendue que celle dans laquelle elle a été éprouvée ; il en est toujours ainsi, car celui qui délivre est puissant. De fait, elle entrevoit au loin la gloire milléniale, lorsque tous seront rassemblés en un, en Christ. Mais je ne montre à présent que les voies de Dieu.

Quelque peu de mots suffiront sur le psaume 58. La force du psaume est en ceci : Le pécheur, comme tel, est sans espoir d’amendement, mais Dieu le jugera ; de sorte que les hommes verront qu’il y a une récompense pour le juste, et un Dieu qui jugera la terre. Y a-t-il un jugement droit et juste parmi les hommes ? — Voilà la question. La méchanceté est dans leurs cœurs ; leurs plans et leurs complots sont selon leur nature et leur volonté ; la fausseté les caractérise. Ils tiennent au serpent, diabolique de sa nature, et ils se refusent à toute influence, quelle qu’elle soit. Dieu intervient, et Jéhovah juge, quand même leur puissance est comme celle des lions. Ils se réduisent à rien, lorsque Sa main s’interpose. La vengeance arrive (c’est ce qui explique la joie). Elle justifie le juste et met sa droiture en évidence, malgré son dénuement et son oppression. Dieu est prouvé juste, et il y a un juge en dépit de la persécution.

Psaumes 59-63

Psaume 59. Je n’ai pas beaucoup à dire sur ce psaume, en vue du but que je me propose dans ce commentaire. Il se rapporte directement au jugement désiré sur les nations. J’indiquerai seulement qu’il faut attendre du monde l’absence complète de conscience et de cœur lorsqu’il s’agit du Seigneur et de Ses saints ; terrible jugement que ces psaumes, aussi bien que notre expérience, prouvent être véritable. Le simple refuge du saint est en Dieu. « Dieu est ma haute retraite ». Il n’y a ici ni complots ni recherche de moyens humains contre la force de l’ennemi. Nous pouvons, partiellement et pour un certain temps, réussir peut-être avec ces moyens-là ; mais dès que nous nous servons d’armes charnelles, nous perdons la dépendance qui appelle l’intervention de Dieu, et nous perdons la perfection de marche et de témoignage que donne la confiance en Lui. Nous avons donné prise à l’ennemi en reconnaissant la puissance du monde comme compétente pour résoudre et régler la question du bien et du mal — puissance qui, après tout, est entre ses mains jusqu’à la venue de Christ, soumise toutefois à la suprême direction de Dieu. Le cœur du saint doit dire : « le Dieu de mon secours » ; il Le connaît comme tel, il tient à Sa faveur et il a confiance en Sa fidélité. Il attend la méchanceté qui n’a aucune crainte de Dieu. Ils reviendront endurcis et impies, mais les pieux chanteront la puissance de Dieu. Et non seulement cela — mais ils ont expérimenté de la part de Dieu Sa tendresse, Sa commisération envers celui qui a encore besoin de miséricorde dans ses fautes. Il chantera à haute voix la miséricorde de Dieu, et cela lorsque viendront des temps meilleurs, car cette miséricorde s’est manifestée dans l’épreuve. Dieu est de plus Sa force, et c’est à Lui qu’il chantera. Ainsi encouragé, le saint ne chante pas seulement de Dieu, mais à Dieu. La méchanceté du méchant est considérée ici comme pure méchanceté. Entre Dieu et le saint, il peut y avoir des occasions de discipline, mais entre le saint et le méchant, le premier n’a donné aucune occasion à la perfidie de l’ennemi. Cependant, de la part de Dieu, quant à la puissance du mal, il attend la miséricorde. Son cœur aime à se tourner de ce côté-là dans sa faiblesse et sa nullité. Pour lui, Dieu est le Dieu de miséricorde.

Le psaume 60 ne peut s’appliquer en principe qu’à nos difficultés extérieures avec la puissance du mal. Dieu peut nous laisser pour un temps, par rapport à Son gouvernement, dans la défaite et la déroute ; et c’est la manière la plus sérieuse de nous châtier dans ces difficultés-là. Car, servant la cause de Dieu, nous voyons qu’elle est déshonorée sur la terre par nos fautes et nos manquements. Sans aucun doute, l’orgueil doit aussi être mortifié en nous, pendant que nous sommes au milieu du combat ; cependant, le sentiment de douleur et de détresse est un sentiment naturel, un sentiment qui doit remplir le cœur du serviteur de Dieu. C’est une terrible chose de voir ceux qui représentent le peuple de Dieu et Ses témoins, battus devant leurs ennemis, et la cause de Dieu pour un moment déshonorée. Dieu a donné une bannière à ceux qui Le craignent, pour être déployée en faveur de la vérité. Il a mis Son enseigne au milieu d’eux, et c’est terrible, si, avec elle, ils sont défaits et repoussés ; si, bien qu’ils disent : Jéhovah-Nissi, l’ennemi a le dessus. Jéhovah était en guerre avec Amalek ; mais si Acan restait dans le camp, Il ne sortait pas. Car lorsque Dieu conteste, c’est pour l’exercice de Son peuple. Cependant, ainsi abattue, la foi ne perd point courage quoiqu’elle boive le vin de l’étourdissement. Elle regarde à Dieu, juge le mal s’il est là, et reconnaît qu’il doit en exister lors même qu’elle ne le découvre pas encore. Dieu a parlé dans Sa sainteté. L’immutabilité de Sa nature, qui ne permet pas le mal, donne la certitude qu’Il accomplira Sa parole en leur faveur. C’est à cela que la foi regarde — sur cela qu’elle compte. Et lorsqu’elle est obligée de demander : Qui sortira avec nos armées ? elle répond : N’est-ce pas toi, ô Dieu, qui nous avais rejetés ? — Alors tout est en ordre. Celui qui avait ainsi discipliné Son peuple, sera leur force, leur vrai et fidèle Sauveur. Par Lui, quoique d’abord dispersés, les saints combattront vaillamment. C’est que la foi regarde à Dieu envers et contre tout, parce qu’Il est fidèle et Sa faveur meilleure que la vie. Cette confiance est pleinement développée dans le psaume suivant.

Psaume 61. L’âme est encore écartée loin des jouissances de la bénédiction présente. Elle est au bout de la terre, mais elle regarde à Dieu. Le cœur est accablé au-dedans de lui-même. Il ne trouve aucune ressource intérieure dans la calamité des circonstances environnantes. L’orgueil peut s’élever contre les difficultés et être hautain même dans la destruction, mais cela n’est point le sentier du saint. Il faut dire aussi que le courage se maintenant à travers l’adversité a toujours quelque sujet d’espoir. Mais dans les circonstances du fidèle, présentées ici devant nous, il n’y en a aucun. Il est rejeté et n’a aucun sujet d’espérer une délivrance humaine, l’orgueil est loin de lui. Il se courbe sous la main de Dieu ; mais il a une ressource — Dieu le conduit au rocher qui est plus haut que lui. La foi atteint ce qui est au-dessus des circonstances, même lorsque la nature est écrasée par elles. Et si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Dieu s’intéresse à nous, nous le savons, Il l’a montré. Le cœur peut s’attendre à Celui pour qui les circonstances ne sont absolument rien. Le cœur se confie en Dieu, et le moi disparaît accablé. Dieu est le gardien, Il est la portion du croyant. Tout le reste n’entre pas en question. Le contraste est entre Dieu et les circonstances, et non pas entre nous et les circonstances. Dieu a entendu le cri de la foi en détresse, et, comme elle a confiance, elle habitera pour toujours dans le tabernacle de Dieu. C’est le secret de toute paix dans l’épreuve, le rocher est plus élevé que nous. Les espions se voient comme des sauterelles. Dieu est-Il ainsi ? Les murs atteignent jusqu’au ciel — qu’importe, puisqu’ils croulent ?

Psaume 62. S’attendre à Dieu, voilà le sujet de ce psaume. Cela implique la dépendance, la confiance, et toutes deux de telle manière que nous attendons le moment choisi de Dieu : 1° la dépendance, parce que nous ne pouvons et ne devons rien faire sans Lui, parce que ce qu’Il fait est ce que l’âme désire exclusivement, parce que agir sans Lui, même pour sa propre défense, est seulement l’action de notre propre volonté et l’indépendance de Dieu. Saül ne s’attendit pas à Dieu. Il attendit à peu près sept jours ; mais s’il avait compris la dépendance de Dieu, et que rien ne pouvait se faire sans Lui, il n’aurait rien fait jusqu’à l’arrivée de Samuel. C’est ce qu’il ne fit pas ; il voulut agir par lui-même et perdit le royaume. La délivrance de la part de Dieu est douce, elle est amour ; c’est une juste, une sainte délivrance — digne de la révélation de Sa faveur et de Sa grâce. Elle est parfaite en sa place, en sa manière et en son temps. Ainsi, lorsque l’âme l’attend et que la volonté n’agit pas, elle rencontre la délivrance et en jouit dans sa perfection, et nous sommes parfaits et complets dans la volonté de Dieu. 2° La confiance ; car pourquoi attendrions-nous, si Dieu n’intervenait pas ? L’âme ainsi est soutenue, et sa confiance est telle qu’elle attend le loisir du Seigneur. La patience a son œuvre parfaite, ainsi nous devons être parfaits et complets dans toute la volonté de Dieu. On compte activement sur Dieu, mais ceci laisse l’âme s’attendant à Lui complètement, exclusivement. Elle n’est pas active en vue d’elle-même, elle s’attend à Dieu. Les deux points en rapport avec cela démontrent l’état de l’âme, verset 1 : « De Lui vient mon salut », verset 5 : « Car de Lui vient ce que j’attends », Lui seul est le rocher et la délivrance ; ainsi l’âme confiante s’attend à Lui et ne cherche aucun autre refuge, ne regarde qu’à Lui seul pour la délivrance. De là, en principe (de fait, en Christ), le cœur est parfait dans sa confiance, et rencontre dans la dépendance la perfection de Dieu ; il n’accepte rien d’autre, parce qu’il a l’assurance que Dieu est parfait et agira dans Sa perfection au moment convenable. Ainsi, la foi correspond à cette perfection de Dieu. D’un autre côté, il n’y a aucune œuvre de propre volonté pour se sauver soi-même par une intervention inférieure (dans sa nature) à Dieu Lui-même. Ceci fait de la patiente attente en Dieu un principe d’une immense importance. Ce principe caractérise les Psaumes, et Christ Lui-même.

Mais il y a encore quelques points à remarquer. « Confiez-vous en Lui en tout temps ». Il y a la constance dans cette confiance, et constance dans toutes les circonstances. Si je regarde à Lui moralement, Il est toujours suffisant, toujours le même, Il ne change pas. Je ne puis agir sans Lui, si je crois que Lui seul est parfait dans toutes Ses voies. Observez, toutefois, que ceci ne suppose pas qu’il n’y ait aucun exercice, aucune épreuve du cœur ; il est bien clair qu’alors, l’on ne parlerait pas même de s’attendre à Dieu. Mais si Dieu est fidèle et attend le moment convenable à la vérité et à Son propre caractère, de manière à ce que Ses voies restent parfaites, Il est plein aussi de bonté et de tendre amour pour ceux qui s’attendent à Lui. Il les cherche, afin qu’ils puissent épancher leurs cœurs devant Lui. Combien cela a été vrai dans le cas de Christ ! Comme en Jean 12 et principalement en Gethsémané, Il a épanché Son cœur devant Dieu ! Dieu est toujours un refuge. « Il agit dans le temps convenable ». Il est toujours un refuge pour le cœur ; le cœur réalise ce qu’Il est avant que la délivrance arrive, et, sous de certains rapports, c’est encore plus précieux que la délivrance elle-même. Mais cela suppose l’intégrité.

Encore un autre point. L’effet d’attendre ainsi la délivrance de Dieu est de nous faire comprendre qu’elle sera complète et parfaite lorsqu’elle arrivera. « Je ne puis être ébranlé ». Il devait attendre, en effet, jusqu’à ce que Dieu vînt en perfection ; mais alors, Sa puissance le met à l’abri de tout mal. L’homme peut penser qu’il y a ressource en l’homme, ou en ce que l’homme possède, ou bien encore dans la force de volonté humaine, mais la foi sait que la puissance appartient à Dieu. Le dernier verset montre que l’âme regarde avec intégrité à la parfaite et divine justice des voies de Dieu. L’intervention finale, le jugement qu’Il exécute, seront la délivrance du juste. Il s’est identifié dans son cœur avec les voies de Dieu sur la terre, il a attendu jusqu’à ce que Dieu les manifestât en puissance. Ceci sera la fin du mal, et la miséricorde pour ceux qui ont cherché le bien et qui ont attendu que Dieu les vengeât. Ce sera une juste récompense pour l’homme juste qui sait attendre : son attente sera exaucée et la puissance du mal sera écrasée. C’est dans ce sentier que nous sommes appelés à marcher. Dieu agit ainsi dans Son gouvernement actuel, quoiqu’Il n’en effectue pas encore l’accomplissement final, mais nous avons à compter sur Lui et à nous attendre à Lui de cette manière.

Le psaume 63 suppose une pleine connaissance des bénédictions renfermées dans les relations avec Dieu, mais non pas la pleine puissance de ces bénédictions ; au contraire, celui qui les connaît ici parfaitement est dans une position tout à fait en dehors des bénédictions de cette relation. Mais alors, la chose que l’on cherche et désire n’est pas la bénédiction, mais Dieu Lui-même et la révélation de la gloire où il demeure. L’être tout entier a soif de lui. La conséquence de ce que l’on est dans ce monde, terre aride et sans eau, n’est pas de se plaindre, ni de chercher la délivrance, mais on a soif de Dieu. Ce besoin de la nature qui Le désire ardemment, nous donne aussi la conscience qu’Il est notre Dieu. La divine nature en nous, jouissant parfaitement de Lui, nous fait comprendre le sentiment de cette relation. Ces deux choses ne peuvent être séparées. Si nous avons quelque connaissance de Dieu et que nous ne Le connaissions pas comme nous appartenant, c’est le désespoir ou quelque chose d’approchant, et même Dieu n’est pas connu comme la source du bonheur, de manière à ce que nous Le désirions. « Mon Dieu » et cette soif de Lui, ne peuvent être séparés. Ce n’est pas Jéhovah et des bénédictions, mais la nature divine et Dieu sa jouissance ; toutefois avec le sentiment d’appropriation exprimé par le mot : « Mon Dieu ». L’âme qui a les mêmes désirs dans sa nature que Dieu Lui-même, sentira dès lors moralement et réellement qu’Il est son Dieu. Cela s’est trouvé parfaitement en Christ seul, et nous ne pouvons jamais le retenir lorsque nous perdons le sentiment de notre relation. Cependant, lorsque je ne dis pas « Père » mais : « Mon Dieu », il s’agit de la nature de Ses délices, mais elles n’ont pas pris la forme d’une relation. Ensuite, ce désir, cette soif de Dieu se réjouit, et doit se réjouir de Le voir possédant Sa pleine gloire, Sa pleine puissance. Nous ne pouvons aimer beaucoup Celui auquel nous regardons d’en bas, sans désirer qu’Il jouisse de toute la plénitude de la gloire qui Lui appartient et de Le voir dans cette gloire. C’est en Lui que nous avons notre bonheur et nous sentons que nous Lui sommes redevables ; nous devons désirer de Le voir en possession de tout ce qui Lui est dû. Ce sentiment, Christ l’a éprouvé : « Père, je veux que ceux que tu m’as donnés soient où je suis, afin qu’ils voient ma gloire, car tu m’as aimé avant la fondation du monde ». Mais le principal désir, la source de tout cela, c’est qu’on désire Dieu Lui-même connu comme notre Dieu, quoiqu’il arrive. Non seulement le cœur peut s’approprier cela, comme je l’ai dit, mais il ne veut nul autre que Dieu. La nature qui vient de Dieu ne veut absolument que Lui seul. Quand Dieu est véritablement connu ainsi et l’âme identifiée avec Lui dans ce qu’elle désire, au milieu d’un monde où il n’y a pas même une goutte d’eau pour la rafraîchir, ce désir n’en devient que plus intense. C’est parce qu’Il est connu, connu comme tel, qu’Il se révèle Lui-même dans l’intimité de Sa propre nature, dans le sanctuaire où Il déploie Sa gloire. Il s’y ajoute une autre pensée — lorsque Dieu est connu, tel qu’Il est dans le sanctuaire, l’âme sent Son amour, Sa faveur, Sa grâce et Sa bonté. Le sentiment de ces choses repose sur elle. C’est meilleur que la vie. La vie signifie ici la jouissance actuelle des choses de ce monde, et l’âme n’en a absolument rien — comme dans ce passage de Paul : « Si nous n’avons d’espérance en Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus misérables de tous les hommes ». Dans le psaume, il est vrai, il s’agit d’affliction extérieure — chez Paul, c’est le sentiment intime et nécessaire que dans la vie qu’il mène et dont il parle, il ne se trouve pas la plus petite chose au monde qui puisse rafraîchir cette nature. Ceci a été parfaitement réalisé en Christ. Puis, quoique lié à l’épreuve, ce fut remarquablement développé en Paul. Il se réjouit toujours dans le Seigneur, lorsque rien ne rafraîchit son esprit. De là découle, dans le sentiment de cet amour, au milieu d’une terre altérée et sans eau, la louange de ses lèvres. Ceci est très doux, et remarquez, c’est parfait dans sa nature, c’est Dieu tout seul, car, dans la terre où demeure le juste, il ne se trouve absolument rien. Dieu est son Dieu, son désir ; Son amour le rafraîchit. C’est la vie parfaite, la vie divine dans celui qui possède la divine nature, mais toujours dans la dépendance, connue seulement d’une âme née de Dieu. Tel fut Christ. « Ainsi je te bénirai pendant ma vie » (dans cette terre altérée et sans eau). C’est là toute la vie de son âme ici-bas. C’est, pourquoi, dans cette vie, il bénit Dieu, son Dieu. Dans cette terre aride, toute sa vie en est absente en esprit. Rien n’y attire son âme. Il trouve son rafraîchissement complet en Dieu, car cette terre est incompatible avec la nature nouvelle. Cependant, il n’est pas encore dans la présence, dans la pleine jouissance de Dieu comme présent ; il est encore dans la terre altérée et sans eau, mais il bénit, pendant qu’il vit, il aime et adore le Dieu qu’il reconnaît. Il y a parfait bonheur, parfaite satisfaction du cœur, ainsi séparé du tourbillon du monde ; car lorsqu’il n’y a rien pour attirer l’attention de la chair, chose affreuse pour celle-ci, mais une véritable délivrance pour l’esprit renouvelé, alors l’âme peut méditer sur Dieu Lui-même. Elle trouve en Dieu Lui-même la plus complète et la plus riche nourriture. Elle est satisfaite, elle n’a besoin de rien autre, lorsqu’elle peut être ainsi seule avec Dieu, dans lequel est son plaisir — elle est remplie de Lui.

Ainsi, quand on vient à Christ (mais ici d’une manière négative parce qu’il s’agit des besoins de la nature humaine dans ce monde — dans le psaume d’une manière positive parce que ce sont les délices de la nouvelle nature en Dieu), il est dit : « Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif ». Il n’y aura plus les besoins non satisfaits du cœur de l’homme dans ce monde, mais ici, dans le psaume, nous trouvons complète satisfaction. Les jouissances du cœur sont satisfaites de la révélation de Dieu Lui-même. Il jouit de Dieu et a son plaisir exclusivement en Lui. L’âme est si pleine qu’elle déborde en louanges. Il n’est pas nécessaire d’approfondir ici jusqu’à quel point nous sommes capables, ou avons le droit, de louer dans notre état actuel. C’est la nouvelle nature trouvant son propre plaisir en Dieu et ne pensant à rien d’autre ; et pensant à Lui seul, elle ne songe pas à elle-même — elle Le loue parce qu’Il est une source de louanges. Voilà la vraie simplicité. Lorsque l’œil n’est pas simple, la pensée de Dieu le découvre, s’interpose, réclame et nous force alors à penser à nous-mêmes. Mais lorsque, comme ici, il n’y a que la nouvelle nature en jeu, son plaisir est uniquement en Dieu, et les lèvres louent joyeusement. Cette simplicité du cœur est très bénie. Remarquez ici qu’en parlant de cela, le psaume suppose quelqu’un exposé aux distractions du monde et considère ensuite la condition de l’âme solitaire, qui, au lieu de sentir sa solitude, est à l’abri de la distraction pour se réjouir en Dieu. Plus loin, le psaume parle non seulement des distractions, mais des circonstances adverses, de la force des ennemis. L’âme voit Dieu, son Dieu, comme ayant été son secours. Dieu était sa joie, et dans ce monde aride et sans eau, elle est rassasiée comme de moelle et de graisse. C’était prendre la chose en esprit, en dehors du monde, c’était prendre sa joie en Dieu. Mais elle avait besoin de l’Être béni pour traverser ce monde, ses difficultés, ses épreuves. Et ceci est plein de grâce de la part de Dieu. Nous nous réjouissons toujours dans le Seigneur en regardant à la source de notre joie. Mais, si au-dehors il y a combat, et même au-dedans des craintes, Il relève ceux qui sont abattus ; « car tu m’es un secours ». Nous voyons ici la description d’une expérience faite, tandis que Paul en parle comme la faisant. L’âme se réjouira à l’ombre des ailes de Dieu. C’était la place connue, le refuge et la confiance. Telle est la consolation de sentir en tout temps la faveur de Dieu, telle est la sécurité dans laquelle nous demeurons. Je ne sais ce qui arrivera, mais Il sera là ; et non seulement cela, mais le sentiment de Sa bonté, de Son intérêt actif, est une source de douce joie pour l’âme. Elle se réjouit de posséder pour refuge cette divine faveur et est activement occupée de la conserver. Voici donc la position de l’âme : dans son activité, elle suit Dieu de près. Elle veut Le suivre, venir à Lui, jouir de Sa présence ; elle a la certitude que Sa main droite la soutient. Les derniers versets sont le jugement sur les ennemis de l’homme juste, selon le gouvernement de Dieu et particulièrement sur les ennemis de Christ. Mais nous ne nous occupons que du premier point. Toutefois, comme nous l’avons souvent vu, Dieu gouverne, et nous pouvons compter sur Son intervention autant qu’elle est nécessaire pour assurer la bénédiction de Son peuple, qui s’attend à Lui, quoique ce ne soit peut-être pas au moment où notre nature le désirerait. En somme, ce psaume nous montre une foi simple, l’âme faisant de Dieu Lui-même son plaisir et se réjouissant dans les soins assurés du Seigneur, dont la faveur l’a protégée comme un bouclier. Si nous comparons ce psaume avec le psaume 84, qui lui ressemble en plusieurs points, nous verrons que les jouissances présentes des bénédictions promises en sont le sujet, ainsi que le chemin par lequel on y arrive ; ici, l’on a plutôt ce qu’est Dieu Lui-même, lorsqu’on est loin des bénédictions, dans une terre altérée et aride, puis Sa protection, Ses soins au milieu des difficultés, des dangers où nous sommes placés ; si nous pensons au résidu dépossédé dont ce livre porte le caractère prophétique, nous en aurons un aperçu plus clair et plus compréhensible.

Psaumes 64-77

Le psaume 64 montre un cours spécial des choses ici-bas, familier à l’homme exercé au service de Dieu dans ce monde — c’est que le méchant, haïssant la droiture, essaie de décharger le péché sur le juste. Cela prouve l’universalité et la puissance de la conscience, puis encore une autre vérité — c’est que les principes de ceux qui se confient en Dieu et confessent Son nom, doivent produire ce qui est pur et bon. Ceci est réellement le plus fort témoignage tant aux principes de la foi, qu’à la méchanceté du cœur humain. Les méchants reconnaissent que la foi doit produire et produit, comme le fruit qui lui est propre, ce qui est juste et parfait, et l’attend de ceux qui marchent par la foi — mais ils montrent leur haine contre ce principe et contre ceux qui s’attachent par lui au Seigneur en cherchant à découvrir l’iniquité et l’inconséquence. Terrible preuve de la méchanceté du monde ; méchanceté universelle que l’on trouve bien plus encore parmi les incrédules non avoués, que parmi ceux qui professent ouvertement de l’être. Ici, dans ceux qui poursuivent l’iniquité, ce n’est pas une immoralité évidente, mais de la méchanceté ; ils la poursuivent dans leurs conseils secrets. C’est l’esprit du mal dans l’homme. Le caractère du mal poussé à l’extrême, c’est de comploter. Un même esprit les anime, lors même que cela ne va pas jusqu’aux complots ; c’est le même esprit dans les sentiments et les actions. Puis leurs langues sont les instruments d’attaques et d’injures. Le saint n’a ni défense, ni remède extérieurs ; mais par rapport à la violence, Dieu est son refuge. Remarquez-le ; il parle de la frayeur que l’ennemi lui inspire. Le juste ne peut faire face à cette méchanceté, étant sans armes contre elle. Il la laisse à Dieu en Lui présentant les choses. Dieu exerce les saints, et, en fin de compte, le méchant amène le jugement sur sa propre tête ; il craint, voit et avoue le travail de Dieu. Pour cela, le juste doit attendre ; la délivrance étant divine, il doit attendre que le divin jour du jugement soit arrivé et alors la joie sera complète. Ainsi Abraham fut tenu comme étranger, et ses descendants furent sous l’oppression « parce que l’iniquité des Amoréens n’était pas encore à son comble ». Il se peut que l’épreuve ne soit pas terminée, mais en tout cas, lorsque Dieu intervient, ce sera le moment parfait pour nous. Mais outre notre délivrance, il en résulte encore autre chose. La délivrance étant au moment où Dieu la veut, et ainsi suivant Ses jugements parfaits, ce sont Ses voies qui s’y déploient, et le jugement de Dieu étant sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice. Ceci est le plein accomplissement ; mais, même dans certains cas particuliers, les hommes glorifient Dieu au jour de la visitation et avouent que ceux qui se sont confiés en Lui ont eu raison ; que ce Dieu qui semblait ne pas intervenir attendait seulement dans Sa sainte justice ; qu’Il a soin des justes et qu’ainsi Ses voies sont parfaites. Ceci est un immense gain. Dieu est glorifié.

Le psaume 65 se rapporte directement à la bénédiction de cette création, à la louange, à la joie qui rejailliront lorsqu’Il abolira la puissance du mal, mais il regarde à l’effet présent de Sa bonté. Il regarde, car la création attend et soupire, non pas seulement, comme ici, pour Israël, mais bien plus encore pour sa délivrance, pour la manifestation des enfants de Dieu, et pour la bénédiction du peuple de Dieu ; elle attend, dis-je, que cette bénédiction universelle ait lieu ; mais le cœur est prompt, et ceci nous mène à un principe général, instructif pour nous dans tous les temps ; c’est-à-dire la promptitude du cœur à louer Dieu au milieu de l’épreuve et la toute-puissance à laquelle on s’attend, et dont la nature est de dispenser la bénédiction. Ce psaume ne s’applique qu’aux circonstances du croyant. Le chrétien n’est jamais, selon l’Esprit, dans un état d’âme dans lequel il ne puisse louer. Son cœur peut s’être éloigné de Dieu, tellement que l’Esprit doit le reprendre et l’humilier ; dans ce cas, la louange n’est pas prompte du tout. Ici, la pensée est que, quoique le cœur soit prompt, les circonstances ne fournissent pas d’occasion à la louange. La louange est muette quoi qu’il y ait conscience qu’elle appartient à Dieu ; le vœu sera accompli. Ceci peut être le fait du chrétien. Il peut dire dans l’épreuve : Je suis sûr que je Le louerai et Le remercierai encore de Sa délivrance. Tel est l’esprit dans lequel il doit être. Quant à notre plus haut degré de louange, elle est encore muette dans les régions célestes ; nous l’attendons et nous la désirons. Le verset 4 montre pleinement qu’ici, c’est la forme juive de la louange. La pensée générale que nous trouvons ici est que nous attendons seulement que la bénédiction soit accomplie pour que la louange déborde. La fidélité et la puissance de Dieu sont célébrées comme nous assurant cela, ici-bas en jugements et en bénédictions terrestres ; mais le chrétien, quels que soient les empêchements et les puissances adverses, compte sur cette fidélité et sur cette puissance de Dieu pour l’amener dans la cité céleste. Les transgressions ne barreront pas la route ; par Sa grâce seule nous disons : « Tu nous en as purifiés ». Il entend nos prières et nous aide. De plus, il s’agit de la gloire nécessaire du Seigneur même dans sa partie terrestre ; mais là, nous avons le principe. — Toute chair doit venir à Lui. Le Juif attendait cela comme une partie de la gloire. Les desseins de Dieu doivent être accomplis à Sa gloire, et dans Sa grâce, Il les a identifiés avec nous comme Paul l’exprime par l’Esprit : « Toutes les promesses de Dieu sont en Lui (Christ) oui et amen en Lui, à la gloire de Dieu par nous ». Par conséquent la foi, assurée que Dieu doit être glorifié, attend notre propre gloire et la bénédiction qui en découle. Voilà ce qui prouve la foi, non pas de croire que Dieu est glorieux, mais d’associer Sa gloire avec la bénédiction de Son peuple. Ainsi parle Moïse : « Que feras-tu pour ton grand nom ? Les Égyptiens l’entendront » — etc. dans ses plaidoyers avec Dieu. Quelle source d’assurance et quel sujet de louanges que Dieu ait ainsi identifié Sa gloire avec notre bénédiction et avec Ses promesses pour nous, en Christ !

Psaume 66. Il y a un point dans ce psaume qu’il est important de distinguer quant à sa force morale : la manière dont tout est attribué à Dieu lorsque vient la délivrance. On voit Dieu partout, retournant en arrière jusqu’à la rédemption originelle, source réelle de tout (v. 6) pendant que la bénédiction finale du peuple de Dieu est la bénédiction du monde. Même lorsque tout semble avoir été obscurité, l’on découvre que Sa puissance était au-dessus de tout. Il règne par Sa puissance pour toujours, Ses yeux voient les nations. Malheur à celui qui s’élève. Mais non seulement cela, Dieu est vu dans le tourment même et comme en étant l’auteur, quoique nos manquements aient pu en être l’occasion. Ceci est la vraie pierre de touche d’un cœur droit — ce qui est appelé (concernant Israël dans le Lévitique) « accepter le châtiment de notre iniquité ». Il y a deux choses à remarquer là-dedans : Dieu les mit dans le tourment — et maintint leur âme en vie à travers l’épreuve. Tel fut le cas de Job quant à ces deux points, Il ne permit pas que leurs pieds trébuchassent dans l’affliction du sentier divin de la foi. Les versets 10 et 11 reconnaissent cela ; et s’il a fallu employer des instruments, ce n’étaient après tout que des instruments. L’épreuve était très grande, ils le sentent et le voient, mais c’était l’ouvrage de Dieu. Ce n’est pas tout. Dieu a un dessein positif en cela ; Il a un sentier d’amour, à travers lequel Il conduit l’âme, et dont l’épreuve faisait partie pour la rendre propre à posséder la place d’une si grande bénédiction. « Tu nous as transportés dans un lieu bien arrosé ». Dieu envoie l’épreuve, y préserve l’âme et, par elle, l’épure comme l’argent, embellit son espérance, laquelle repose de plus en plus sur Lui, et s’attend avec un regard plus brillant à Sa promesse, puis Il l’introduit dans un lieu « bien arrosé ». Mais, en même temps, quelques autres points apparaissent quant à l’état de l’âme. L’affliction l’a jetée vers Dieu. Pour nous, tout ce qui ressemble à des vœux est mauvais ; cependant ici, le cœur se tourne à Dieu, quoique sous le châtiment, comme à la source de l’espérance ; c’est précisément ce que produit l’espérance qui se fonde sur Lui. Avoir sa confiance et son attente en Lui, dans l’épreuve et le châtiment, nous ne le pouvons pas, jusqu’à ce que la volonté soit brisée ; lorsqu’elle est brisée, nous le pouvons, tout en ayant conscience que le chagrin est le fruit de notre propre faute. Ceci suppose l’intégrité, elle déborde en actions de grâces. Le cœur peut alors rendre témoignage de Dieu à d’autres (v. 16). il sait maintenant ce que le Seigneur a été pour lui. Le cœur a crié, Dieu a exaucé. « Ceci », dit l’apôtre, « est l’assurance que nous avons auprès de Lui ». Ce que l’on apprend ici dans le chagrin devrait être l’état constant de l’âme en dehors de l’affliction. Le sentiment prédominant de l’âme est sa reconnaissance. Elle retournera à Dieu — secret de sa propre reconnaissance envers Lui, qui est la joie de son cœur. La force du psaume est de reconnaître tout cela après la délivrance ; mais ce que la délivrance produit, étant reçue dans le cœur, répond à la foi au milieu de l’épreuve.

Je n’ai qu’une remarque à faire sur le psaume 67. La gloire de Dieu est le ressort des désirs du cœur, en vue des bénédictions sur Son peuple même. Alors les bénédictions jaillissent et la louange monte à Dieu. Ce psaume explique Romains 11, 15.

Psaume 68. Quelque frappant et intéressant que soit ce psaume, je n’ai, pour mon but actuel, que fort peu à dire. En passant, une ou deux remarques se présentent à moi. C’est spécialement le caractère de Dieu dans ce qui regarde les Juifs reçus en grâce, mais dans Sa propre grâce souveraine, non pas dans les relations d’alliance, mais les établissant, comme autrefois en Sinaï, seulement à présent en grâce et en puissance. Jah n’est point le même nom que Jéhovah, j’en suis pleinement persuadé : c’est l’existence absolue de Dieu, non pas Son existence continue, de manière à compter sur la fidélité de Celui qui était, qui est et qui sera. Il est ici, Il vit toujours et à toujours. Il est seulement appelé Jéhovah dans le psaume lorsqu’Il parle de Son habitation sur la montagne de Sion comme de Sa demeure, parce que là Il prend Sa place et Son nom d’alliance. Nous avons Jah aux versets 4 et 18, mais Seigneur dans le reste du psaume est Adonaï. Il me semble que cela relie Christ avec la restauration d’Israël pour Lui donner la place de Seigneur, mais davantage comme étant aussi Jéhovah que dans le psaume 110. Le verset 18 est naturellement le centre de cela, où, étant Jéhovah en Sion, suivant Sa promesse, et remonté après Sa réjection, Il reçoit des dons comme homme. Il est au-delà de toutes les promesses juives. Cependant, le psaume s’applique aux Juifs rebelles, alors ce n’est pas Jéhovah, mais Jah Élohim. L’élévation de Christ ramènera Dieu en souveraine grâce au milieu d’Israël.

Le psaume 69 prophétise si entièrement Christ que je n’ai aucune remarque à faire. C’est une pleine description de Ses chagrins dans la vie et dans la mort. J’ai parlé au long là-dessus dans un autre endroit.

Le psaume 70 appelle une seule remarque. Volontiers n’être rien — pauvre, nécessiteux, méprisé — pourvu que le peuple de Dieu soit heureux et dans un état qui fasse jaillir sa louange. La bénédiction du Seigneur n’est pas méprisée, mais pour la posséder on s’attend au Seigneur. Le cœur attendant le bonheur et la bénédiction du peuple de Dieu — tel est le véritable esprit de la foi dans un saint.

Le psaume 71 ne nous retiendra pas longtemps. Il s’arrête sur deux points. La justice de Dieu — le psalmiste ne réclame rien pour la sienne propre ; mais Dieu sera conséquent avec Lui-même — Il ne le délaissera, ni ne l’abandonnera. C’est pourquoi il compte sur Sa fidélité.

Le psaume 72 est la gloire de Christ comme Salomon, de sorte que cela n’appelle pas de commentaire sur son contenu.


Fin des prières de David, fils d’Isaï.

Le psaume 73 commence le troisième livre des Psaumes, il se rapporte directement au jugement temporel de Dieu en Israël, satisfaisant ainsi les anxiétés du cœur parmi les fidèles ; cependant, comme ces anxiétés sont de tous les temps, nous trouverons quelque chose à remarquer ici. Nous voyons les incrédules marchant dans leurs voies, tellement que Dieu semble oublier, et le cœur est envieux. Quant à nous, cela montre que notre cœur, trop souvent, voudrait encore avoir une portion ici-bas — aussi bien qu’une part à venir. L’affliction, en voyant la puissance du mal dans le monde, est bonne, mais elle se mêle dans nos esprits avec le désir d’avoir notre propre chemin. Lorsque la volonté se mélange avec le sentiment du succès du mal, elle est ou irritée ou découragée de manière à abandonner la persévérance dans le bien. Les incrédules prospèrent dans le monde. Quelle énigme ! Où donc est le gouvernement de Dieu ? Où est l’utilité du bien ? Sans aucun doute, c’était une épreuve plus directe lorsque les bénédictions temporelles avaient été données comme un signe de la faveur divine. Mais les chrétiens sont rarement assez séparés de ce monde pour ne pas sentir le succès de la méchanceté et désirer la vengeance. La simple indifférence est coupable. Ainsi la grâce doit agir dans le cœur pour nous conduire dans cet étroit sentier, pour sentir le mal en lui-même, pour sentir la gloire de Dieu traînée dans la poussière, et pour attendre le temps de Dieu, Son action, comme Christ faisait lorsqu’Il souffrait. Il n’y a pas d’autre place pour apprendre, que d’être dans le sanctuaire. Là, la volonté est soumise ; là, Dieu est connu ; là, l’œil n’est pas obscurci par les passions du monde et par l’ignorance de ce que l’on doit faire, comme si Dieu seul ne le pouvait pas — reconnaître le bien, avoir patience entière pour le mal, de sorte que le jugement soit simplement sur le mal, et véritable jugement sur le mal sans excuse. Notre impatience charnelle ne serait rien de tout cela, même là où le mal, comme tel, est jugé justement. Mais dans le sanctuaire, la volonté est muette et Dieu est écouté. Ses voies sont justes et nous jugeons les choses par Ses yeux. Le mal devient pire, à nos yeux la compassion est juste, la patience adorable, cependant le jugement est certain. Nous n’avons plus dans notre cœur que le sentiment de la justice, libre de tout désir de vengeance — car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu. Le jugement est juste parce que la patience est parfaite et bien plus terrible parce qu’il n’y existe pas de passion. Il se rapporte à Dieu.

Mais une autre vérité bénie ressort de ce texte. Il était « stupide, sans connaissance — comme une brute devant Dieu » — cependant il y avait en lui de l’intégrité et de la conscience. S’il avait laissé aller ses pensées lorsqu’il était à moitié disposé à dire que la sainteté était inutile, il eût été infidèle à la génération des enfants de Dieu. Voilà ce qui l’arrête. Qu’il est beau de voir dans l’insubordination de la volonté de l’homme, ces saintes affections, cette conscience qui blâment le cœur au moment de mettre une pierre de chute dans le sentier du plus humble enfant de Dieu. On voit alors où sont réellement les affections et l’on voit cette crainte de Dieu qui prouve que l’on connaît Son amour — que la nouvelle nature existe. C’est une grande marque de progrès que Dieu soit reconnu. Ce que le cœur sait de lui-même, c’est qu’il était comme une brute dans ses raisonnements. Mais remarquez ceci. Il arrive à reconnaître qu’en dépit de tout, en avouant sa folie, il était continuellement avec Dieu. Combien la pleine connaissance de nous-mêmes, lorsque nous connaîtrons comme nous sommes connus, nous montrera la grâce patiente, invariable de Dieu, veillant sur nous tout le long du chemin, dans Son amour adorable ! Au milieu de toute sa folie, il était toujours avec Dieu, et Dieu l’a tenu par la main droite. Grâce bénie ! Dieu nous aime, a soin de nous, veille sur nous, s’intéresse à nous ; à cause de Son amour souverain, nous Lui sommes nécessaires pour qu’Il soit satisfait, Il ne retire pas Ses yeux de dessus le juste. C’est une magnifique pensée de la grâce continue. Il est Dieu et non pas un homme. Ici donc, le cœur compte sur Lui. De là, le juste à travers tous ses manquements peut dire : « Tu m’as tenu » ; puis, dans la communion, il ajoute : « Tu me conduiras par ton conseil ». Ceci n’est pas seulement l’acte d’être retenu sans en avoir soi-même conscience ; non, c’est l’esprit et la volonté de Dieu nous guidant dans la communion. Ainsi l’on voit, quand on s’est jugé, et que l’on est dans la communion, que ce n’est pas que Dieu ne nous ait pas guidés suivant Son conseil, tenant nos bouches avec le mors et la bride, lorsque nous étions hors de la communion, car Il l’a fait. Mais l’âme ne le comprenait pas, et ne pouvait, par conséquent, pas en parler, comme elle le fait ici dans la pleine connaissance qu’Il agissait d’après Ses propres conseils. Nous rencontrons ici, dans toute la force du passage, la distinction claire de la position juive. « Après la gloire, tu me recevras ». Ce passage a été changé pour l’adapter mieux aux idées chrétiennes, et le véritable sens est perdu (comp, Zach. 2, 8). Après la gloire, lorsqu’elle se sera levée, Israël sera reçu ; mais dans cette gloire, nous reviendrons avec Christ. Le cœur est maintenant mis au large par cette entrée dans le sanctuaire : « Qui ai-je dans les cieux » excepté le Seigneur ? — Nous pouvons sûrement avoir des pensées plus étendues par la connaissance du Père et du Fils ; cependant la vérité demeure, elle est seulement mieux connue. Qui d’autre que Dieu dans les cieux, le centre, la source et le tout de la bénédiction ? Sur la terre, avec des désirs qui nous éloignent souvent de Dieu, il n’y a pas une source de joie en Lui. Il est donc le seul. La simplicité de l’œil est complète. Étant dans le monde, nécessairement nous nous sentons seuls, mais seuls avec Dieu. Ainsi fut notre bien-aimé Sauveur : « Vous serez tous cette nuit scandalisés en moi et vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, car le Père est avec moi ». Dans un sens, le cœur accepte la prépondérance du mal, et est distrait de toutes choses pour Dieu ; voyez la bénédiction qui ressort de ce mal apparent ! Si tout était paisible, bon et prospère dans le présent état d’imperfection, le cœur tomberait dans cet état imparfait et deviendrait réellement mondain ; mais la prépondérance du mal, quoiqu’oppressant l’âme, arrête la volonté par le sentiment qu’elle ne peut pas se séparer du peuple de Dieu et la pousse dans le sanctuaire. Le cœur est sevré du monde, et, dans un monde où le mal prévaut, il regarde à Dieu, Le possède Lui-même pour sa seule portion dans le ciel, et n’a ainsi rien d’autre au monde que Lui seul. Il tient la seule place souveraine dans le cœur. Rien ne peut rivaliser avec Lui, comme dans le Nouveau Testament. « Christ est tout ». À ceci se rattache une nouvelle bénédiction. Cette chose dure. — La chair et le sang font sûrement défaut ; Dieu est la force du cœur. Il se tient là, plein de bonté et de force divine, Il soutient le cœur ; Il n’est pas seulement un appui pour le présent, mais une portion durable, notre portion à jamais. Cette pensée amène une sérieuse et douce conclusion. « Pour moi, m’approcher de Dieu, c’est mon bien ». Là nous apprenons la vérité ; là nous trouvons le secours. Il a mis sa confiance dans le Seigneur Jéhovah, Celui qui est souverain en force, véritable et fidèle dans Ses promesses. Qui s’assure ainsi en Lui devra sûrement déclarer toutes Ses œuvres merveilleuses. Il sera à même de les voir, d’en faire l’expérience, il aura le cœur préparé à s’en souvenir, à les comprendre, et la joie de témoigner de la fidélité de Celui en qui il s’est confié. Dans le verset 20, nous avons seulement la puissance souveraine, dans le dernier verset, la fidélité de l’alliance.

Psaume 74. Ce qui se rapporte à notre but ne me suggère qu’une seule remarque. Nous y trouvons la confiance dans la fidélité de Dieu, lorsque, quant aux circonstances extérieures, la puissance de l’ennemi semble rendre tout sans espoir, et même sur le terrain de la confiance en Lui. Mais alors vient ce qu’Il est pour des siens. La rédemption a prouvé son profond intérêt pour eux. Ils sont à Lui en propre. Tout en les prenant par Sa grâce souveraine, Il s’est engagé à eux (par grâce). Et le cœur s’écrie (v. 22) : « Lève-toi, ô Dieu ! défends ta cause ». Quelle bénédiction ! Ainsi Moïse dit continuellement : « Toi, tu les as fait sortir ». Si donc le peuple succombe et si le tumulte des ennemis va grandissant toujours, c’est un motif de plus pour se confier ; tout est grâce et grâce fidèle ; et la puissance sur toutes choses est par-devers Lui. Le cœur, au lieu d’être effrayé, implore Dieu, afin qu’Il se souvienne des attaques et des insultes de l’ennemi, car les insultes s’adressent à Son nom. Ceci est un fait. L’inimitié du monde, en se tournant contre Son peuple, s’adresse réellement au Seigneur. S’il ne s’agissait pas de Son peuple, le monde ne s’agiterait pas ainsi. Le peuple de Dieu doit se rappeler cela et, dans sa propre faiblesse, ne pas oublier que c’est Dieu qui est en cause.

Le psaume 75 contient la certitude et le juste gouvernement du royaume de Christ. Mais remarquez que la foi rend grâces avant qu’il soit établi, avertissant les pécheurs orgueilleux, car Dieu est le juge. Les prétentions humaines ne servent à rien contre Lui. Remarquez, de plus, que lorsque Christ prend le royaume, tout est confusion, la terre et ses colonnes sont détruites. Nos cœurs, même alors, doivent répéter : Le nom de Dieu (pour nous le Père) est proche, c’est-à-dire tout ce en quoi Il se révèle. Ainsi nous pouvons toujours avoir confiance, sans effroi. Les voies et les actes de Dieu s’accordent avec Son nom. Nous croyons à Son nom de Tout-puissant, de Très-haut, nous croyons qu’il vengera l’Église persécutée sur Babylone et sa puissance ; mais quant à nous directement, il ne s’agit pas du nom de Dieu, mais comme je l’ai déjà dit, du Père. Dans ce sens, il n’est question de gouvernement que par rapport à Ses enfants. Christ fut relevé d’entre les morts par la gloire du Père. Toute la puissance déployée ainsi dans ce nom, toute la grâce et la fidélité pour ceux qui sont ressuscités avec Lui, et aimés comme Il l’est, voilà ce qui reste toujours près de nous, et cette œuvre merveilleuse de la résurrection de Christ le déclare, dût la mort elle-même être sur nous.

Psaume 76. Le sujet général est encore le jugement exécuté en rapport avec Israël. Mais il y a ici un principe général que nous pouvons remarquer. Premièrement, le siège de la bénédiction de Dieu et Son trône, ou la manifestation de cette bénédiction sur la terre quelle qu’elle soit, est bien plus excellente que toute la puissance et la violence de l’homme. Dieu censure et l’homme tombe sans force. Lorsque Dieu se lève, que peut faire l’homme ? Mais l’exécution du jugement sur la terre a son effet et son but immédiats : la délivrance des débonnaires. Il sauve tous les débonnaires de la terre. Son amour et Sa fidèle bonté sont actifs même ici. Puis vient un autre principe, applicable dans tous les temps par la foi, un principe encourageant et consolant. Dieu oblige le courroux de l’homme à Le glorifier (v. 10). Il tourne tout à Sa propre gloire, à Ses desseins, Il arrête tout le reste. Là où la foi est exercée, elle compte sur Dieu, à travers tout, sûre que Dieu aura le dernier mot en toute chose.

Dans le psaume 77, nous avons quelques points instructifs à noter. La plainte va plus loin, peut être, que celle du chrétien ne devrait aller. Le verset 7, pour nous, serait tout simplement de l’incrédulité, quoique pour le Juif, dont le peuple est rejeté dans tout ce qui a rapport à ses privilèges, la juste question surgit, comme dans Romains 11 : « Je dis donc : Dieu a-t-il rejeté Son peuple ? ». Mais si nous retenons ceci, nous y trouvons beaucoup d’instruction quant au temps de la détresse, lorsque le poids de circonstances adverses, ou même notre propre faute, peuvent avoir mis notre âme dans une grande détresse. Le sujet de ce psaume est qu’actuellement le cœur recherche ardemment le Seigneur. C’est un appel direct du cœur, et non pas simplement un désir, ni de la soumission. Il crie de sa voix à Dieu. Ceci est plus important que nous ne le supposons généralement. Je ne crois pas qu’il soit entièrement juste de dire que la prière prononcée ou non prononcée est le sincère désir de l’âme. Sûrement, j’admets qu’il peut y avoir un soupir, un gémissement là où il y a l’intercession du Saint Esprit et que l’élévation du cœur à Dieu ne trouvera jamais de refus ou de froideur. J’admets tout cela ; mais il y a ici la présentation à Dieu d’un trouble dont on se rend compte, l’expression d’une détresse réelle. Le cœur s’exprime par des paroles. Ainsi il se présente lui-même devant Dieu, et ceci est très important dans notre relation avec Lui. Il y a vérité et dépendance confiante en dedans de nous-même. Jusque-là, on était rongé par l’angoisse, le cœur était agité par ses soucis, l’âme refusait d’être consolée. La propre volonté agissait et ne pouvait être satisfaite. L’âme ne s’occupait de Dieu que dans ses propres pensées, c’étaient des gémissements, mais non pas la prière, et l’esprit était accablé (v. 4). Éveillé, il ne pouvait naturellement pas s’occuper des choses ordinaires, il « était dans le trouble et ne pouvait parler ». Tableau saisissant d’une âme en profonde détresse, tableau réalisé complètement lorsqu’une âme, par le châtiment de Dieu, a perdu le sentiment de la divine faveur ou ignore la paix ; à un certain degré, cet état peut s’appliquer à chaque chrétien. Mais l’âme se tourne vers Dieu (v. 6). Elle se souvient d’avoir joui de Sa miséricorde, d’avoir chanté des cantiques pendant la nuit. Le Seigneur rejettera-t-Il à toujours ? Cette question n’existe pas pour le chrétien ; mais lorsque le bouclier de la foi est tombé, et que les dards enflammés du méchant ont atteint le cœur — alors le châtiment est terrible et douloureux. La seule chose qui lui soit semblable, c’est lorsqu’une âme a légèrement reçu l’évangile dans sa grâce (quoiqu’en étant sincère) et que le travail de la conscience a lieu ensuite. Lorsque, au lieu de s’occuper de lui-même, et de raisonner avec sa propre misère, le cœur regarde à Dieu, il voit que tout ce qui le préoccupe est en lui et non pas en Dieu. Voilà le point capital. Mais le chrétien, lui, ne retourne pas à la miséricorde passée (comme le Juif doit le faire de droit), parce que la faveur est toujours présente pour lui et qu’il retourne dans la lumière de cette faveur, lorsque le nuage qui s’était élevé de son cœur est dissipé, alors même que Satan avait pour un temps pris possession de son esprit. Dans le reste du psaume, le chrétien apprend que le chemin de Dieu est dans le sanctuaire. Quelque invariable que soit Sa faveur, Sa voie est cependant toujours d’accord avec Sa sainteté — quoiqu’aussi pour la même raison — elle soit d’accord avec Son fidèle amour. Chaque fois qu’Israël se retourne, c’est vers Sa souveraine grâce et vers Sa rédemption. Le chemin de Dieu est dans la mer (v. 19, 20), sans traces, et en puissance. Tous les mouvements, toute la puissance de ce qui nous semble indomptable, impénétrable, sont dans Sa main. En somme, ce psaume est le contraste entre le travail d’une âme impatiente et inquiète en écoutant ses propres pensées, et une âme se retournant pour crier à Dieu lorsqu’elle s’est souvenue de Lui. Si le chrétien applique ce texte à une interruption de la faveur divine, il se trompe totalement. Mais, lorsqu’il est accablé d’angoisses par le travail de sa propre volonté, il peut apprendre qu’il n’y a pas de repos pour son âme avant qu’elle se souvienne de Dieu et qu’elle crie à Lui.

Psaumes 78-89

Psaume 78. Quoique ce psaume soit évidemment une récapitulation de l’histoire d’Israël, les convainquant de leur désobéissance et de leur incrédulité, leur montrant l’inutilité, quant à leur cœur, de tous les procédés de Dieu à leur égard, et exposant la beauté du retour de Dieu à Sa grâce souveraine afin de bénir — on trouve ici encore quelques-uns des signes de l’incrédulité qu’il est profitable d’examiner. Dans ce psaume, le grand principe que je viens de nommer est lui-même d’un puissant intérêt : la grâce souveraine est l’unique ressource de Dieu s’Il veut bénir l’homme. Tous Ses procédés échouent, quelque miséricordieux qu’ils soient. Il aime Son peuple, mais Il n’a aucune ressource pour le bénir que Sa propre grâce. S’il agissait suivant les effets produits par Sa bonté, Il serait obligé d’abandonner Son peuple : « ils tournèrent comme un arc trompeur » (v. 57). C’est ce qui arrive toujours. Mais lorsque le mal est à son comble, Il se réveille en amour, à cause de leur misère, et parce qu’Il est amour. Alors Il accomplit à Sa manière le plan de Sa grâce. « Il élut la tribu de Juda, la montagne de Sion, laquelle Il aimait… Il élut David, son serviteur » (v. 68 et 70). Tel est l’enseignement général de ce psaume. Parlons maintenant du caractère de l’incrédulité qui est instructif. La miséricorde et la fidélité passées de Dieu ne donnent aucun courage pour la difficulté présente ; Dieu doit être reconnu par la foi du moment. Aucun raisonnement sur la miséricorde passée ne nous donne confiance. « Dieu pourrait-il dresser une table au désert ? Voilà, il a frappé le rocher… pourra-t-il aussi donner du pain ? » (v. 19, 20). Lorsque la convoitise est en jeu ou lorsque survient quelque nouveau besoin, l’expérience de la bonté et de la puissance n’agit pas de manière à ce que l’homme ait confiance en elle. Les choses n’en allèrent pas mieux quand « Il commanda aux nuées d’en haut et qu’il ouvrit les portes des cieux et fit pleuvoir sur eux de la manne pour nourriture ». Leur volonté incrédule ne fut pas non plus arrêtée par la correction de leur convoitise après avoir eu les cailles. Sous la main de Dieu, l’homme se souvient de Lui. Un peu d’aise amène l’oubli et la propre volonté. Mais Il fut plein de compassion, et arrêta Sa main déjà étendue en jugement. Ils tentèrent Dieu, et limitèrent le Saint d’Israël — ils se méfièrent de la puissance de Dieu, capable d’effectuer toute Sa grâce, capable aussi de faire ce qui est nécessaire dans chaque circonstance pour Son peuple, et pour accomplir Son dessein. Du moment que je suppose qu’une chose peut empêcher la bénédiction, je limite Dieu. Ceci est un grand péché — doublement tel lorsque nous songeons à tout ce qu’Il a fait pour nous. Le Saint Esprit rappelle toujours l’amour de Dieu révélé, infini, déduisant de là ses conséquences : Il a réconcilié, donc Il sauvera jusqu’à la fin. Il n’a pas épargné Son Fils, comment ne donnera-t-Il pas toutes choses ? Ceci est la bonté infinie, mais, douter de la puissance, c’est douter qu’Il soit Dieu. Cela nous empêche de placer notre espérance en Lui. L’expérience devrait fortifier la foi ; mais il faut une foi présente pour mettre l’expérience à profit. Que le Seigneur de grâce veuille nous garder de limiter Dieu dans Sa puissance, et ainsi dans Sa puissance pour nous bénir, qu’Il veuille nous conduire à ne pas nous souvenir de Lui uniquement lorsque Sa main s’appesantit sur nous, mais au milieu des bénédictions présentes, par amour pour Lui et parce que le cœur s’est attaché à Lui ! Alors, dans les épreuves, nous serons capables de compter sur la bonté et nous ne serons pas enclins à limiter Sa puissance.

Psaume 79 attend le jugement des païens. Je laisse ceci de côté. Le seul point que je veuille toucher, c’est la manière dont le cœur se tourne vers Dieu, lorsqu’il est au plus fort de l’épreuve. Ici, il ne veut pas même se venger, mais, étant accablé sous le poids du malheur, il se tourne vers Dieu, et reconnaît ainsi ses propres péchés. Il n’a plus d’autre recours que dans le nom de Dieu. « Ne nous garde pas le souvenir des anciennes iniquités. Que tes compassions viennent en hâte au-devant de nous. Aide-nous, ô Dieu de notre salut, pour la gloire de ton nom ; et délivre-nous et fais propitiation pour nos péchés, à cause de ton nom » (v. 8, 9). Tel est l’effet du châtiment. Il suppose que nous connaissons Dieu. Il produit l’humilité du cœur, la véritable confession, n’ayant aucune prétention à la délivrance, il ne s’attend qu’à la bonté de Dieu et à Son nom. L’âme se repose sur cette parole : « Il y a compassion ». — Dieu écoute le soupir de Ses prisonniers ; et (quelque forte que soit la main qui les tient près de la mort) Il agira dans la grandeur de Sa force pour les préserver. L’ennemi a accusé le Seigneur, en injuriant Son peuple, disant : « Où est leur Dieu ? leur confiance ? ». Et le Seigneur se montre Lui-même ; c’était leur attente et Son peuple le loue.

Ceci aussi nous développe un autre point que nous pouvons souvent remarquer dans l’Écriture — non pas seulement que Dieu est glorieux, et doit maintenir Sa gloire, mais, qu’ayant pris un peuple de la terre, Il a identifié Sa gloire avec ce peuple-là. La foi le sent avec un sentiment profond de reconnaissance ; entrant dans cette pensée, elle compte sur la délivrance et la grâce. Dieu délivre et a soin de Sa propre gloire. Mais, pour la même raison, Dieu ne permet pas le mal, parce que Son nom est lié à Son peuple, comme nous le voyons en Israël : « Je t’ai connu, toi, seul d’entre toutes les familles de la terre ; c’est pourquoi je vous punirai pour vos iniquités ».

Ici la punition est sur eux et le nom de Dieu blâmé. Ainsi, en s’humiliant, en cherchant la miséricorde et la purification, ils attendent la délivrance, parce que le peuple de Dieu est dans la misère.

Psaume 80 est hardi dans son appel. Il passe de la délivrance d’Égypte, à la connaissance, non pas de Christ, mais du Fils de l’homme. De plus, il regarde à Lui, comme à la branche que Dieu a rendue forte pour Lui-même. Ce n’est pas (v. 15) : « Je suis le cep, vous, les sarments », qui introduit le chapitre 15 de Jean. Cependant le psaume reconnaît pleinement l’homme de la puissance de Dieu, le Fils de l’homme, qu’Il a rendu fort pour Lui-même. Mais si, dans cette confiance en Dieu, et regardant au Fils de l’homme, ce psaume parle hardiment, il se rapporte entièrement à la grâce. Il est complètement juif. Il parle de l’ordre des tribus dans le désert. Il connaît Dieu comme étant assis entre les chérubins. Il n’a d’autre espoir qu’en ce que Dieu ramène de nouveau Son peuple. Nous allons examiner l’expression qui caractérise le cri de ce psaume. On la trouve dans les versets 3, 7, 19, puis dans la même acception en Jérémie 31, 18, 19 et Lamentations 5, 21. Ceci lui donne un grand intérêt. La simple discipline, en elle-même, ne ramène pas à Dieu. Elle peut briser la volonté, humilier là où Dieu agit et accomplir ainsi un travail préparatoire, mais cela ne ramène pas à Dieu ; ainsi, ils sont amenés à dire ici, et dans les désolations d’Éphraïm et de Juda, lorsqu’ils sont au plus bas, et parce que rien autre ne peut les secourir : « Ramène-moi, ramène-nous ». Ce n’est pas simplement une tristesse divine et la conscience de péché. Il y a le sentiment d’appartenir à Dieu, d’être le peuple de Dieu, et que la réprobation de Dieu repose sur eux — « ils périssent devant le courroux de ta face » (v. 16) ; manière d’agir de Dieu envers Son peuple, ou avec un fidèle dans Son témoignage actuel. Il y a le sentiment de Lui appartenir, mais l’œuvre de Dieu, repassée dans le cœur, lorsqu’Il lui a fait produire Sa bénédiction, apparaît comme témoignage de la puissance de l’ennemi ; cependant, ce n’est pas à cette puissance de l’ennemi que la foi s’arrête, mais au courroux de Dieu. La foi se tourne vers Lui, comme source première de la bénédiction et de la puissance qui l’a opérée, comme Celui dont c’est l’œuvre, œuvre qui est toujours en vue de Son peuple. La foi s’arrête à la beauté de l’œuvre de Dieu et aux délices qu’Il y prend, telle qu’Il l’avait plantée, maintenant qu’elle est arrachée ; par conséquent, elle en conclut qu’Il interviendra en grâce. Mais cette intervention doit consister d’abord en ce que Dieu retourne Son peuple vers Lui. L’état où ils sont est lié avec la ruine, quoique ce ne soit pas la pensée principale ; ils ne peuvent séparer leur propre état d’avec l’intervention de Dieu. Ils en ont besoin, mais Son premier acte doit être de les ramener. Leur pensée est la bénédiction, mais Dieu les bénit comme Il bénit toujours, commençant d’abord par les ramener. Ensuite, la face de Dieu luira sur eux et ils seront sauvés. Combien il est heureux que nous puissions regarder à Dieu lorsque nous nous sommes détournés de Lui, afin qu’Il nous ramène ; alors Sa face luit, et arrivent la bénédiction et la délivrance immédiate. Son peuple regarde à Dieu. Remarquez de plus ces mots : « Vois et visite ce cep », mais il ne s’attend pas à la restauration de l’état primitif des choses (Dieu n’agit pas ainsi), mais à l’établissement de la branche que Dieu a fortifié pour Lui-même. Il en est ainsi pour nous : Nous cherchons à ce que Christ soit glorifié, même dans les plus minces détails. Si nous avons manqué, il ne nous sied pas d’attendre que Dieu remette tout sur le même pied qu’auparavant, comme si rien ne s’était passé — ceci ne pourrait pas être à Sa gloire — mais nous pouvons nous attendre à Son intervention pour montrer Sa bonté en tout ce qui manifeste Sa propre grâce, et en écoutant le cri de Son peuple : « Que ta main », s’écrie la foi d’Israël, « soit sur l’homme de ta droite » (v. 17). Ici, ils voient leur force, leur sûreté, ils sont debout. — « Et nous ne te quitterons plus » (v. 18). Il en sera pleinement ainsi d’Israël dans le dernier jour, et il en est de nous en pratique. C’est Sa présence qui nous garde.

La foi cherche encore une autre chose. La tristesse et la mort se détournent de Dieu et parcourent leur propre chemin. Quand on s’est détourné de Dieu, l’on a besoin d’être réveillé par la puissance vivifiante qui rappelle le cœur vers Dieu, et alors, il L’implore avec un redoublement de sérieux et une nouvelle confiance. C’est plus encore que la prière qui crie dans la détresse, c’est un cœur plein de confiance qui crie à Dieu, après s’être retourné vers Lui. La scène prophétique montre clairement la restauration d’Israël. Dieu ne cache pas Sa face pour nous à présent — mais oui bien pour Israël ; cependant, quant à notre œuvre, à notre service, à notre état comme corps, Dieu peut agir aussi avec nous, de cette manière, en gouvernement.

Mais je voudrais m’occuper un moment de la liaison de ceci avec la repentance personnelle, dans les passages semblables auxquels j’ai fait allusion. En Jérémie, nous avons premièrement (31, 18) : « Convertis-moi et je serai converti ». En premier lieu donc, nous avons l’action de Dieu en grâce retournant le pécheur, le convertissant. Il marchait loin de Dieu, il avait tourné le dos à Dieu, et le voilà à présent, de cœur et de volonté retourné vers Lui. Suit la repentance. « Certes, après que j’aurai été converti, je me repentirai ». — Mon cœur ayant été amené dans la lumière, je juge toutes mes voies depuis leur point de départ. Instruit, alors, par une vraie bénédiction, ayant le jugement de Dieu quant au bien, l’on se sent confondu d’avoir eu des pensées d’une telle vanité, et de si mauvais désirs. Mais une autre chose nous est présentée dans l’épître aux Corinthiens.

En retournant à Dieu, nous tombons dans le chagrin, 2 Corinthiens 7. La première épître se fit sentir par la puissance de l’Esprit à leurs âmes. Ce n’était pas encore un jugement complet de leur état dans la lumière, mais leur propre volonté étant divinement arrêtée, il y eut douleur dans le sentiment d’avoir mal agi : la conscience, non la volonté, commença à travailler ; le moi peut s’en être mêlé partiellement. Cependant, il y eut une douleur divine, une volonté et un cœur brisés ; il y eut le sentiment : J’ai fait ma propre volonté, j’ai oublié Dieu. Les illusions de la propre volonté s’évanouissent et, l’effet d’avoir à faire à Dieu, le travail de la nature divine commence en nous. Éprouvé selon Dieu, ce sentiment n’est pas la frayeur ; nulle pensée que Dieu imputera le péché, qu’Il nous condamnera, mais douleur et chagrin de l’âme d’avoir suivi la méchanceté de son cœur et de s’être laissé tromper par sa propre volonté. Ceci produit, d’une manière bien plus active et décidée, le jugement du mal, appelé ici la repentance. Le chagrin selon Dieu produit une repentance que nous ne regretterons jamais. L’âme, par l’opération de Dieu en grâce, étant retournée, et amenée à se repentir d’avoir écouté sa propre volonté, rentre dans l’effet naturel et l’opération du nouvel homme mis en liberté. Elle juge avec énergie spirituelle tout le mal, comme Dieu le juge en principe. Le sentiment de sa faute n’a point disparu, mais ce qui caractérise cet état d’âme, c’est le jugement de la faute — le jugement du moi pour autant qu’il y est impliqué. Le cœur est pur du mal, lorsqu’il le juge comme Dieu le fait, et s’en sépare comme d’une chose extérieure. Et ceci est la sainteté, souvent, d’autant plus profonde, que l’on se connaît mieux qu’auparavant. Nous en voyons un exemple dans le discours de Pierre en Actes 2. Leur péché est mis devant le peuple. Ils furent contristés dans leur cœur et dirent à Pierre : Que ferons-nous ? La volonté impétueuse était tombée ; ce n’est plus : « Crucifie, crucifie-le ». Le péché a produit son action, et ne peut plus la changer. La folie d’un tel acte se montre en même temps que la détresse du cœur. « Que ferons-nous ? ». Ils sont retournés, ils sont revenus au chagrin et à la douleur divine. Quelles sont les paroles de Pierre ? « Repentez-vous et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ, en rémission des péchés ». Ils étaient retournés, contristés de cœur à cause de leur folie en péchant, ils avaient à se repentir. Une âme ainsi amenée dans la lumière et le nouvel homme exerçant son jugement sur ce que le moi a été, ceci est une chose bien plus grande et bien plus profonde. On n’est plus actuellement sous la pression de Dieu, courbant son cœur sous l’effet de Sa grâce et de Sa présence dans le sentiment du mal, mais on rejette spirituellement, avec Dieu, le mal comme tel, du terrain où le nouvel homme se trouve avec Dieu. Ceci est accompagné de componction et d’humilité de cœur, mais l’âme est rentrée dans sa liberté propre avec Dieu. La vraie repentance est là quand le moi n’est plus en question, quand la nouvelle position a pris possession du jugement et de la volonté et juge librement comme une chose rejetée tout ce en quoi la chair prenait son plaisir et par quoi elle avait été entraînée.

Psaume 81. J’ai seulement quelques principes à établir, quant au gouvernement de Dieu. Lors du rétablissement de la bénédiction les voies précieuses de Dieu sont examinées. S’il y avait eu fidélité, il n’y aurait pas seulement eu paix au lieu de trouble, mais de riches bénédictions. Au lieu de cela, pour n’avoir pas écouté Dieu, Il les abandonne à la convoitise de leur cœur ; ils marchèrent par leurs propres conseils et furent bientôt surmontés par la puissance de leurs ennemis, plus forte même que le peuple de Dieu sur son propre terrain. Dieu nous a délivrés. Nous avons été délivrés de l’esclavage et du fardeau du péché. Exaucés par la puissance divine dans le trouble et la détresse (une puissance qui, manifestée par ses effets, a sa source d’opération dans le secret des conseils divins), nous sommes, par rapport aux bénédictions reçues présentement, sous la responsabilité, cependant dans une position de bénédiction pleinement donnée. « Si tu voulais m’écouter » (v. 8), la vérité du cœur envers Dieu est demandée ici, c’est non seulement d’éviter le mal actuel, mais toute idole du cœur. Voilà ce qui met le cœur à l’épreuve — la vérité intérieure vis-à-vis de Dieu. Mais Dieu demande cela comme étant déjà notre Dieu (à présent, nous disons Père), qui nous a délivrés et sauvés et qui nous appelle dans le sentier de l’obéissance, afin que nous puissions ouvrir notre bouche et qu’Il la remplisse. Nous sommes appelés à élargir nos cœurs pour recevoir la bénédiction. Dieu veut nous donner largement et richement, Il nous exhorte à ouvrir notre bouche. Tout Son désir est de la remplir de Ses propres richesses. Les richesses insondables de Christ nous appartiennent et sont données à nos âmes par Sa main pleine de bénédictions de grâce. Mais hélas ! si souvent, nous sommes comme Israël : « Mon peuple n’a point écouté ma voix » (v. 11). Alors, comme châtiment, le fidèle est abandonné pour manger le fruit de sa propre volonté : terrible jugement que d’être humilié et de sentir l’amertume de la puissance de l’ennemi, d’autre fois, ce qui est pire, d’être finalement abandonné ! Ce cas se présente rarement lorsque l’âme a été réellement purgée d’elle-même et de la propre justice si subtile dans ses effets. Cependant, les dards enflammés des méchants sont terribles pour l’âme. Ce n’est pas du tout la même chose que les doutes légaux d’une âme exercée, mais c’est la frayeur de Dieu qui châtie l’âme. Ce n’est pas l’incertitude de savoir s’Il est pour elle, si elle pourra échapper, ce dernier cas serait le doute légal, le premier est le désespoir qui procède de Satan. Si le saint marche fidèlement, il a sûrement des ennemis, il doit lutter contre Satan et ses machinations, mais le Seigneur les soumet de fait ; preuve encourageante que le Seigneur est avec le croyant dans sa course après qu’il s’est montré patient dans la foi. Nos adversaires sont ceux du Seigneur ; la conscience de cela nous donne une immense force. Ceux qui s’opposent à nous dans le sentier du Seigneur Le haïssent. Ils seront trouvés menteurs et vides dans leurs prétentions. En paix par la puissance du Seigneur, le saint marchera dans un sentier uni. « Celui qui fait la volonté de Dieu demeure à toujours », il est nourri de la moelle du froment, de la plus précieuse connaissance de Christ ; la douceur de la grâce divine rafraîchira et satisfera le désir de l’Esprit.

Psaumes 82-83. En méditant ces psaumes, je n’ai aucune remarque à faire en rapport avec mon but en commentant les Psaumes. Dans le psaume 82, le lecteur observera que Dieu juge les juges, spécialement ceux qui ont la loi divine pour les guider. De la place qu’ils occupaient comme exerçant l’autorité de Dieu sur la terre, ils tombent dans celle de l’homme responsable, et Dieu se levant juge la terre. Alors Dieu s’occupe de l’iniquité qui a eu lieu envers les hommes et de la réparation du jugement confié à l’homme par la justice. Dans le psaume 83, nous voyons les voies dans lesquelles l’homme est coupable d’animosité active contre Dieu, dans sa haine pour le peuple de Dieu, employant force, ruse, violence afin d’anéantir leur souvenir de la terre — il en résulte que Jéhovah seul (le Dieu d’Israël) est le plus élevé sur toute la terre ; car tel est l’effet des efforts de l’homme. L’oppression sur ceux qui représentent Dieu sur la terre, la rébellion contre Dieu, se manifestent par la haine de Son peuple terrestre ; tels sont les caractères de l’homme et le sujet du jugement de Dieu sur la terre.

Psaume 84. Quoique Dieu soit nécessairement le centre de tous les désirs du nouvel homme, cependant il n’est pas parlé dans ce psaume du désir après Dieu comme tel, ainsi que nous le voyons au psaume 63. Jéhovah est reconnu comme le Dieu vivant, mais aussi comme un Dieu manifesté dans la relation avec Son peuple. Ce n’est pas : « Mon âme a soif de Dieu » mais : « Combien tes demeures sont aimables, Éternel des armées ! ». Elles ne seraient pas ainsi s’il n’y avait pas été, si elles n’étaient pas à Lui. Puis encore, c’est la jouissance de la relation en commun avec Lui, demeurant au milieu de Son peuple, non pas la jouissance abstraite de Lui-même. Les tabernacles de Dieu sont un refuge pour le cœur, comme l’hirondelle a son nid de Dieu pour y mettre ses petits. Et ceci est juste. La racine et l’essence de la piété personnelle sont bien le désir de l’âme après Dieu. Le secret de Dieu se trouve là, et l’âme se tient dans la sainteté de Sa présence, en l’exerçant devant Lui. Mais là où Dieu déploie Sa gloire, là où Il est adoré, là est le véritable refuge de l’âme pieuse. Dans Son temple, chacun parlera de Sa gloire. La louange y déborde.

Ce n’est pas l’exercice de l’âme, mais dans sa piété elle loue et adore là où les autres le font qui ont un même esprit qu’elle, et là où l’on ne fait qu’adorer ; car l’autel de Dieu est le centre des désirs et des épanchements du cœur. Là Dieu se manifeste, et le cœur se trouve à l’abri des exercices et des épreuves. Le cœur comprend alors que dans ce lieu on continuera à louer Dieu. Ceux qui y demeurent n’ont rien d’autre à faire que de louer. Telle sera la bénédiction pleinement accomplie.

Il y a encore une chose (v. 5 et suivants) dans laquelle la bénédiction est comprise dans le chemin qui y conduit et qui traverse ce monde, vallée de larmes. Le cœur de celui qui marche droit vers le repos et la demeure de Dieu, trouve sa force dans le Seigneur. Il est béni. Si la demeure de Dieu, où Sa gloire est manifestée et remplit toute la place, est l’objet où tendent les désirs du cœur, le chemin se poursuit moralement dans le cœur. Il peut être rude, il peut devenir une vallée de larmes, une vallée où l’on trouve la croix, mais c’est le chemin qui mène au but et le cœur y marche. À côté de ceci, le cœur a confiance en Dieu, il a Son amour comme la clé de toute chose. Puis il dit : « Par ces choses l’homme vivra et dans toutes ces choses il y a la vie de l’Esprit ». Elles changent la vallée de larmes en une source d’eau vive et trouvent dans la douleur un rafraîchissement de grâce. Car nous avons besoin d’une volonté brisée, nous devons juger notre volonté sans les désirs de notre cœur, afin que la grâce, que Dieu Lui-même (cette source de joie et de bénédiction), puisse avoir son entière place. C’est ce que produisent les exercices et les épreuves du désert. La vallée n’est pas appelée : la vallée des épreuves, mais celle des larmes ; parce que ce ne sont pas simplement les faits extérieurs qui font découler la bénédiction et la joie, mais bien plutôt les exercices du cœur qui proviennent de ces faits. Évidemment, le caractère de la vallée est la source de la bénédiction, mais Christ parfait dans Ses voies était un homme de douleurs, manifestant et exerçant au milieu d’elles Son amour. Nous avons besoin d’humiliation, de brisement afin d’atteindre à cet état, c’est ce qui en fait une source de bénédictions. Il avait dans Sa douleur, dans Sa réjection près du puits de Sichar, une nourriture à manger que Ses disciples ne connaissaient pas. Mais cela n’est pas tout. Dieu envoie directement le secours et la grâce d’en haut, une pluie fertile sur Son héritage, le rafraîchissant lorsqu’il est desséché. La pluie remplit les étangs. Les communications de l’Esprit de Dieu, la révélation de Christ à l’âme, l’amour du Père rafraîchissent, réjouissent le cœur et le remplissent de ce qui lui fait paraître le monde comme un néant. L’homme nouveau, rempli de cette joie, traverse joyeusement la vallée en y pensant. Il va de force en force. Ce n’est pas une force accumulée, quoiqu’augmentée, mais jamais de manière à faire diminuer la dépendance de Dieu ; au contraire, elle l’augmente. On se connaît mieux et l’on se défie encore plus de soi-même ; nous sommes plus simples et nous avons un sentiment plus net que la puissance appartient à Dieu. Comme il est dit à Pierre : « Lorsque tu seras ramené, fortifie tes frères », cas extrême quant au moyen, qui nous montre combien le jugement de soi-même et la leçon de dépendance sont le chemin de la force, car la force est réellement en Christ. « Ma force s’accomplit dans la faiblesse ». Ainsi la force que nous avons et que nous sentons lorsque nous sommes amenés à réaliser la grâce et la présence de Christ, nous pousse en avant dans notre voyage à travers le désert ; nous l’employons (je ne dis pas que nous la perdions) pendant la course, mais ce n’est pas la jouissance que l’on ressent en tirant la bénédiction de Lui, c’est l’emploi de cette force en chemin. Ceci conduit à une compréhension plus étendue du besoin que nous avons de Christ, à une plus grande connaissance de ce que nous sommes, par les choses que nous traversons et qui n’est pas toujours découverte par un jugement que nous formons de nous-mêmes, mais par un tel dépouillement du moi, par un tel abandon de sa puissance trompeuse sur notre cœur, que nous nous jetons plus simplement dans les bras de Christ. Nous marchons aussi vers un degré de force plus élevé. Christ est davantage notre tout. Y a-t-il manquement, le cœur se jugera lui-même et l’âme sera restaurée. La fin en sera notre apparition devant Dieu, où il n’y aura plus de moi, dans le lieu où Il aura mis Sa bénédiction, et où tous se rendent pour L’adorer et Le glorifier. Même à présent, il y a un accomplissement partiel de ceci, mais son accomplissement entier aura lieu certainement en gloire, dans la Jérusalem céleste, dans la maison du Père. Mais dans ce psaume, tout cela amène à la supplication, Dieu étant considéré comme majesté divine, mais avec laquelle on a la conscience d’une relation bénie. Il est Jéhovah des armées, mais Il est aussi le Dieu de Jacob. Toutefois, il y a encore davantage ; jusqu’à ce que nous soyons introduits dans les parvis de Dieu, nous dépendons de Sa majesté et de Sa fidèle alliance — pour nous c’est le nom du Père en union avec Christ, mais aussi le regard du Père sur Christ ; c’est notre sauvegarde jusqu’alors et pour l’éternité. Nous avons confiance et nous prions parce que le regard de Dieu est sur Christ. Mais cette confiance sur la route à travers la vallée de Baca est liée avec le désir d’être dans les parvis. « Vois, ô Dieu, regarde la face de ton Oint ». Car mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs. Mieux vaut être là sur le seuil avec le droit d’y habiter que de jouir de tout ce que les tentes des méchants peuvent offrir. Dieu éclaire de Sa glorieuse majesté, Il protège. Il donnera en grâce parfaite et sans relâche tout ce dont nous avons besoin dans l’épreuve du chemin et dans notre faiblesse ; il est doux de compter sur Son secours. Et, à la fin, lorsque nous serons amenés au port, capables d’en jouir, Il nous donnera la gloire avec Lui-même. Nous pouvons compter sur Lui pour toutes choses. Il est bon. Il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent devant Lui. L’âme se repose dans le sentiment que : « Bienheureux est l’homme qui se confie en toi ». Combien c’est vrai ! Rien ne peut troubler, rien n’est au-delà de Sa puissance — rien dont Son amour ne puisse prendre le fardeau à notre place — rien dont Sa sagesse ne puisse se servir en bénédiction. Et le cœur connaît Son amour, il compte sur cet amour, il sait que : « Bienheureux est l’homme qui se confie en Lui ».

Le psaume 85 fait ressortir un principe de grande importance pratique ; c’est la différence entre le pardon de ce qui appartient à notre état passé, et la bénédiction dans laquelle le croyant est introduit par la jouissance d’une relation avec Dieu. Ici, naturellement, il s’agit du rétablissement d’Israël en bénédiction, dans son pays, l’accomplissement des promesses de Jéhovah. Je vais parler seulement des principes par rapport à nous.

Le pardon est compris comme étant un fruit de la bonté de Dieu envers Son peuple ; partant de là, on attend une pleine bénédiction. Mais les deux choses sont distinctes. Il en est ainsi pour nous, le pardon s’applique à tout ce que nous sommes, comme appartenant au vieil homme et à ses actions. Nous sommes ramenés, et tous les fruits du vieil homme sont mis de côté pour toujours par le sacrifice de Christ. Nous avons ainsi pardon complet. La colère est passée. Tous nos péchés sont couverts, mais, malgré cela, il existe toujours la distance de Dieu et il n’y a pas encore jouissance de communion avec Lui. La peur du jugement et du juge est passée, mais la jouissance de la bénédiction actuelle avec Dieu, Sa grâce comme étant sur ceux avec lesquels il n’y a plus rien à débattre et la manifestation de la grâce divine dans des rapports naturels et justes, de tout cela il n’est pas question ici. La joie a été grande, elle est grande en se sentant pardonné, mais cela s’applique à ce que nous sommes dans la chair ; ce n’est pas la communion avec Dieu dans une nature capable de jouir de Lui seul, parce qu’elle vient de Lui. Quoiqu’on soit pardonné, cette distance, ce manque de jouissance de Dieu est senti comme étant proprement la colère. Cela n’est pas encore être amené à Dieu. Nous ne pouvons rester sans la jouissance de Sa grâce. C’est à cela que se rapporte l’appel de ce psaume. Il est fait allusion à la captivité de Jacob, mais plus encore, il désirait d’être amené à Dieu et que toute colère fût apaisée. Ceci est un grand mot ; cependant, connaissant au moins en espérance l’amour et la communion, nous ne pouvons pas nous en passer. Il se peut que nous ayons désiré que toute colère cessât, c’est-à-dire le sentiment de la faveur, mais nous ne pouvons pas l’obtenir par des progrès et des victoires ; il nous faut l’obtenir par le pardon et la délivrance, parce que nous sommes pécheurs. Lorsque nous avons découvert qu’il existe une rédemption et un pardon, il n’y a plus seulement un simple besoin de la conscience qui nous pousse à avancer, mais nous ressentons les désirs spirituels du nouvel homme, verset 6. « Ne veux-tu pas revenir, nous faire revivre, afin que ton peuple se réjouisse en toi ? ». L’âme est vivifiée par la présence de l’Esprit de Dieu, elle se réjouit en Dieu Lui-même. Ainsi en Romains 5. Nous avons la paix avec Dieu. Non seulement cela, nous nous réjouissons en Dieu par Jésus Christ notre Seigneur par lequel nous avons reçu la réconciliation. « Fais-nous voir, ô Éternel, ton amour (car c’est l’amour, mais l’amour de Dieu, reconnu dans Sa relation avec Son peuple ; pour nous, c’est le Père, connu en Christ) et accorde-nous ton salut ». Mais l’âme a compris la grâce, elle attend la réponse, parce qu’elle espère en la grâce. Ce n’est pas une angoisse légale, mais l’envie de connaître Dieu en grâce. « Il dit paix à son peuple. Oui, son salut est près de ceux qui le craignent ».

Ceci est de toute importance pour l’âme ; elle ne doit pas rester arrêtée au pardon (c’est la première nécessité urgente qui s’applique au pécheur), mais elle doit comprendre qu’elle est appelée à la jouissance de Dieu, dans la communion sans nuages de la nouvelle nature, qui étant, moralement parlant, la nature divine, trouve ses délices pleines et entières en Dieu et dans un sentiment croissant de dépendance — nous nous réjouissons en Dieu. Sans doute, ce sentiment est et doit être fondé sur la justice divine, comme nous allons le voir. S’il n’en était pas ainsi, ce ne serait pas Dieu ; cependant, ici, l’idée n’est pas qu’on ait à arranger ce point avec un Dieu qui le mette en question, mais il s’agit de jouir de la présence de Dieu, de la communion avec Lui, suivant la perfection où nous avons été introduits devant Lui ; nous jouissons en Lui de la nature divine dont nous sommes participants. Par rapport à Israël, il en est ainsi : « L’amour et la vérité se rencontrent, la justice et la paix s’embrassent ». C’est la miséricorde, car elle est accordée à des pécheurs en pure et souveraine grâce ; c’est la vérité, car elle accomplit toutes les promesses de Dieu envers Israël. Pour nous, elle accomplit bien plus que bien des promesses, car il n’y en avait point pour l’Église. Bien plus, c’est être en Christ, et comme Christ, et tels aussi devant Dieu, d’accord avec la grâce dans laquelle Christ se tient devant Dieu comme ressuscité d’entre les morts. La justice semblait être contre le pécheur ; elle l’était, mais par la divine justice elle s’associe avec la paix en faveur du pécheur. Elles s’embrassent. La paix correspond à la miséricorde du verset cité, la justice à la vérité. Ils ont — nous avons — la paix par la grâce. La justice par la foi de Jésus Christ nous anime dans la pleine jouissance de la place où Il est, ou bien, sans cela, ce ne serait pas la justice. « La vérité germe de la terre » pour Israël ; tout ce qui est promis est renfermé dans cette parole. Pour nous, cela va sans dire, c’est d’être assis dans les lieux célestes en Christ Jésus. Il n’est pas dit : La gloire habitera dans notre pays, non, mais nous sommes selon notre titre et notre place dans la gloire de Dieu, en haut[12] ; mais dans tous les cas, la justice abaisse ses regards du ciel sur la terre. Ce n’est pas pour Israël ou pour nous que la justice regarde de la terre pour implorer la bénédiction du ciel. Il a établi la justice dans le ciel lui-même. Christ est là. Il y est par la justice de Dieu. Cette justice est divine et céleste. Lui, ayant glorifié Dieu, est glorifié avec Dieu et en Lui, et ceci est la justice divine. Nos bénédictions célestes et les bénédictions terrestres d’Israël en découlent toutes deux. Puis viennent les bénédictions conférées et, en vérité, tout cela est le produit de cette contrée céleste ; ses joies et ses privilèges nous sont appropriés pour en jouir. Le dernier verset s’applique proprement à la terre, mais il y a une vérité qui s’y rattache et dont je n’ai pas fait mention. Le gouvernement actuel de Dieu s’applique à cette marche dans la jouissance divine, non pas au pardon et à la paix. Nous jouissons de cette communion bénie, habitant en Dieu et Dieu en nous, par l’Esprit Saint qui nous est donné. Si nous L’affligeons, nous sommes tristes, humiliés, peut-être châtiés. Notre place reste la même, mais la réalisation et la jouissance dépendent des révélations et de l’action du Saint Esprit en nous, et ces dernières dépendent de notre marche, de notre état, de notre obéissance. Ainsi en est-il dans Jean 14 et 15. La jouissance des bénédictions et de la faveur divines dépend de la marche du fidèle. Cela doit être, si c’est un résultat de l’Esprit Saint demeurant en nous, car comment pourrions-nous jouir de la communion dans l’amour, au milieu du péché ou de vaines pensées ? La présence du Saint Esprit dépend de la justice — c’est-à-dire de la présence de Christ dans le ciel ; cela répand l’amour de Dieu dans nos cœurs. Nous demeurons en Lui et Lui en nous. Mais si le mal est là, la chair est à l’œuvre, le Saint Esprit est attristé, la communion est interrompue. Ce n’est pas une question de position (c’est admis : Christ est au ciel), mais il s’agit de jouir de la bénédiction où j’ai été introduit, jouir de Dieu. Ici, il est question de toute notre marche avec Dieu (quoique ce soit par grâce que je reste debout) ; le point sur lequel j’insiste ici, c’est que l’âme saisisse clairement la différence qui existe entre le pardon et notre position en Christ : le pardon, c’est la grâce appliquée par l’œuvre de Christ au péché et à tous les fruits du vieil homme et notre introduction en Lui, en justice dans la présence et la communion de Dieu où n’entrent aucun nuage, aucune question de péché. Nous pouvons sortir de cette présence (non pas de notre titre à y être, mais de sa jouissance en esprit — non pas que la paix avec Dieu soit détruite, mais la communion), mais aucun nuage de péché ne peut y entrer. Nous sommes aimés comme Christ est aimé. Tout dépend de Son œuvre. Mais un point, c’est le pardon des choses hors desquelles nous avons été tirés, c’est-à-dire l’application de l’œuvre de Christ à notre responsabilité comme enfants d’Adam dans la chair. Un autre point, c’est que nous ne sommes pas dans la chair, mais en Christ, dans la jouissance des choses où Il est entré, où est notre vie pour toujours.

Psaume 86, quoique bien simple dans son expression, est tout plein de principes pratiques importants. Il montre comment la faiblesse d’une âme attirée à Dieu peut être corrigée par Sa pleine gloire et Son entière puissance. Elle trouve son appui, non pas en embrassant tout d’abord l’étendue de la gloire dans son faible état, mais en se concentrant en Dieu et ainsi en louant et en attendant la force et la délivrance finale qui l’introduit dans la gloire.

Le terrain sur lequel l’âme s’appuie s’attendant à Dieu afin qu’Il incline Son oreille se présente sous quatre faces. L’âme est pauvre et affligée, elle n’est pas d’entre les orgueilleux de la terre ; elle est sainte, réellement mise à part pour Dieu ; elle est le serviteur de Jéhovah (pour nous, le nom du Père doit s’introduire ici, comme nous l’avons toujours vu, et Christ comme Seigneur) ; elle se confie en Lui et crie journellement au Seigneur. Tel est l’état de l’âme, pauvre et sainte, c’est-à-dire mise à part pour le Seigneur ; comme un serviteur qui se confie et dont la confiance n’est pas paresseuse, elle crie dans le sentiment du besoin et de la dépendance. C’est-à-dire qu’elle se confie en la bonté de Dieu avec le sentiment que Sa majesté est au-dessus de tous ceux qui prétendent à la puissance. Lui seul est Dieu, Lui seul est grand et fait ce qui, à nos yeux, est miraculeux. Alors l’âme cherche à être enseignée dans les voies de Dieu — elle n’a aucune envie de marcher dans ses propres voies. La vérité et la Parole de Dieu la guident. Mais il y a un nouveau besoin, elle tend à être distraite par mille objets, mille pensées étrangères, et elle prie le Seigneur de ne lui donner qu’un seul but. Combien nous avons besoin d’avoir un cœur concentré tout entier sur le Seigneur ! Là se trouve la puissance ; là se trouve la présence des choses divines qui placent l’esprit dans les choses célestes, qui le mettent en contact direct avec les sources de la force divine. Lorsque d’autres pensées nous occupent, nous sommes en dehors, dans un monde dont nous devons être délivrés ; nous ne sommes pas dans le monde divin et céleste, de manière à en être des témoins. La majesté et la gloire du nom de Dieu ont été vues, verset 9 ; mais cela n’a pas fait passer l’âme dans la gloire, comme si elle s’y trouvait chez elle.

Dans un sens, c’est une chose trop grande et on le sent. Que nous sommes petits ! Combien nous ne connaissons qu’en partie ! Mais cela conduit l’âme à chercher de plus en plus la concentration de toutes ses affections sur Dieu ; pauvre et faible comme elle est, c’est là ce qu’il faut à l’âme, ce qui la satisfait. Son centre est dans l’affection et la reconnaissance pleine d’adoration, par la grâce, pour toute cette gloire. Alors l’âme continue et dit : « Je te louerai de tout mon cœur, Seigneur, mon Dieu ». Ces choses sont liées ici, elle peut louer comme elle est appelée à le faire, et comme voyant d’avance sa louange finale. Nous sommes appelés à comprendre avec tous les saints la longueur et la largeur, la profondeur et la hauteur, mais auparavant nous devons être amenés au centre — Christ demeurant en nos cœurs par la foi et nous enracinés et fondés dans l’amour. De là, Le connaissant, nous glorifions Son nom pour jamais. Notre petitesse a trouvé dans Sa grandeur sa place et sa force. Nous sommes, comme je l’ai dit, au centre de gloire. Alors se déploie à nos yeux la grande délivrance que Dieu a accomplie. Nous voyons que la grâce suprême est la source de tout. Ce n’est pas seulement de reconnaître Sa grâce par rapport à la nature où tout suit son ordre — mais c’est la grâce souveraine — l’activité de l’amour de Dieu — qui est descendue ici-bas et nous a délivrés de l’état le plus dégradé. Ceci donne un caractère tout spécial à notre connaissance de Dieu. Nous sommes complètement dépendants de Sa bonté, mais en même temps notre amour pour Lui a un caractère intime, parce que, par notre incapacité, nous savons que nous sommes les objets de Son amour, qui, par conséquent, est infini. L’âme, se confiant ainsi en Dieu, est occupée pour elle-même de Lui comme ce qui la regarde tout d’abord, voit l’inimitié des hommes orgueilleux, qui ne Le craignent pas et s’élèvent contre elle. Elle cherche l’intervention de Dieu. Ceci est une grande preuve de foi, mais, confiante dans l’amour qui la reçoit, elle demande davantage. Elle se réjouit dans la manifestation que Dieu est de son côté. Cette manifestation n’est pas seulement la délivrance, mais la satisfaction du cœur. Tout ce qu’elle demande, c’est que Dieu se montre de son côté. Telle est la portion sûre de tout homme qui se confie en Dieu, qui marche avec Lui ; c’est ce que le Seigneur a désiré, psaume 22, et n’a pas eu, Lui qui s’est humilié plus bas que le plus humble pour l’amour de nous ; mais, dans cette position, parfait en amour, glorifiant Son Père et ainsi plus élevé que les plus hauts élevés. C’est pourquoi Son Père L’a aimé, et, considéré comme homme, Il est glorifié d’une manière encore bien plus grande. Il ne fut pas soutenu et encouragé dans l’épreuve, au moment suprême — là, Il se trouva seul. Nous, nous avons confiance et nous sommes délivrés ; Lui, parfait au-dessus de tout, a été seul dans cette perfection. Que le Seigneur nous donne au moins des cœurs concentrés sur Lui, concentrés sur Son nom et sur l’amour du Père. Voilà notre centre, là nous n’avons pas à craindre les ennemis (Phil. 1, 27, 28).

Psaume 87. C’est la fondation de Dieu qui rend tout assuré. Ce qui appelle l’intérêt ou affermit la foi du cœur n’est pas que la fondation de la cité de Dieu soit dans la sainte montagne, mais que cette cité repose sur la fondation de Dieu même ; ainsi en est-il de nous. La fondation assurée de Dieu demeure et dans ce dernier cas, c’est lorsque l’Église était dans un si mauvais état que le fidèle devait la juger et se séparer de beaucoup de ceux qui en faisaient partie. Néanmoins, la fondation de Dieu demeure assurée, de même que Son appel et Son héritage dans les saints. Mais ce psaume nous apporte un autre point, bien dur pour l’activité de la chair. La foi attache plus d’importance à la cité de Dieu qu’à tout ce que l’homme a construit. Les sentiments de ce psaume sont essentiellement juifs. En dénombrant les peuples, les saints et le Messie Lui-même sont enregistrés en Sion. Voilà pourquoi le psaume se glorifie en Sion — c’est la manière dont Dieu considère la cité. Pour nous, sans doute, la chose apparaît sous une autre forme, quant à l’Église : Christ en fait partie comme sa Tête, non pas comme y étant né. Les sources rafraîchissantes de Dieu sont là. Mais, de fait, lorsque l’Église de Dieu est méprisée, lorsqu’elle est formée de gens qui ne sont rien dans ce monde, nous en vantons-nous parce qu’ils sont riches dans la foi et précieux aux yeux de Dieu ? ou bien les grandeurs des Égypte, des Babylone, que Dieu juge, attirent-elles, au contraire, nos regards ? Jugeons-nous d’après l’Esprit de Dieu, ou d’après celui de l’homme ? L’apparence et la vanité de ce monde sont-elles de quelque poids pour nous ; ou bien la foi au Seigneur de gloire nous conduit-elle à estimer haut ce que Dieu estime, ce qui est glorieux ? Il a un peuple qu’Il enregistre. Est-ce l’esprit du monde ou l’Esprit de Dieu qui forme notre estimation sur ce qui est vil ou de grand prix ? Pesez le langage de l’épître de Jacques. Puissent nos âmes sentir tout spécialement la valeur de ce qui, dans les demeures célestes, sera estimé excellent par Dieu.

Psaume 88. Je n’ai pas beaucoup à en dire. Dieu est connu et l’âme s’attend à Lui, d’après la révélation de Son nom, comme l’unique Sauveur, et c’est justement à ce point-là que l’âme est amenée par les exercices dont traite ce psaume ; elle est amenée par l’oppression de tous ceux qui l’entourent à comprendre qu’elle vient de la main de Dieu, et plus encore, que c’est le jugement de ce qui se trouve être un salut parfait de Sa part. Jéhovah, Dieu de mon salut, domine le psaume. L’état est celui-ci : actuellement affliction, la nature ne trouve aucune satisfaction, tout le monde l’abandonne. Ceci n’en est que la partie extérieure et négative parce que la nature ne trouve aucun soulagement. Le grand poids qui pèse sur l’esprit est la mort, la mort portant le témoignage de la colère de Dieu. Mais alors, la connaissance que le Dieu révélé est l’unique Sauveur retourne le cœur ; sa vie était près de la fosse. La colère de Dieu pesait sur lui. Également, c’est à Dieu qu’il crie. C’était la nature dépourvue de soutien, la nature vis-à-vis de la mort pesant sur elle, c’est-à-dire sa destruction et sa fin. Alors Dieu surgit, ainsi que la foi en Lui, jusqu’à reconnaître que tout dépend de Lui et que c’est Sa colère qui est sentie en toute chose. Ceci est vrai, c’est la mort considérée dans toute sa vérité. Ainsi Christ la vit en Gethsémané, quoiqu’Il n’eût pas prononcé tout ce qu’il y a dans ce psaume. Ainsi le voit l’âme convaincue dont l’œil est ouvert pour Dieu, au milieu de son état d’homme mortel. Toutefois ce psaume ne va pas au-delà de cette vie. Il se termine dans la nature — dans le simple judaïsme. Mais la foi en la révélation de Dieu, qui lui a fait si bien sentir ce qu’est la mort, comme colère de Dieu, la porte à regarder à Lui qui l’a infligée, comme à un Sauveur. Telle est la valeur d’une pareille expérience. Elle nous montre notre véritable état, notre vraie relation en Dieu en rapport avec la nature. Il n’y a aucun moyen d’échapper, car c’est notre état, par le jugement, devant Dieu. Cela fait que la délivrance est connue, et nous connaissons la délivrance comme grâce souveraine, comme délivrance de Dieu ; l’âme se repose sur cette révélation, et jusqu’à ce qu’elle obtienne la délivrance elle crie à Dieu. Mais lorsque la délivrance est obtenue, la chair et tout ce qu’elle est demeure sous la colère, comme une chose déjà jugée. Il n’y a pas de déception lorsqu’on croit cela réellement, quoique nous puissions oublier le péché pour un moment et même avoir à combattre et à veiller. Mais l’état de l’homme devant Dieu est toujours considéré comme une chose mauvaise et condamnée. Ce psaume est la description des phases qui amènent l’âme à cette connaissance. Quelquefois, elle ne l’atteint qu’à son lit de mort. Il ne devrait pas en être ainsi, mais cela explique ce qui surprend souvent en des personnes chrétiennes. Lorsqu’elle n’en a pas réellement fait l’expérience, l’âme n’est pas libre. Elle est sur le terrain du salut de Dieu, en esprit, non dans la chair. C’est pour n’avoir pas reconnu cela que plusieurs ont été conduits à vivre d’expériences et non de Christ. Ils parlent du travail du Saint Esprit, de la connaissance du péché dans la chair, de la puissance mortelle de la loi, ce qui signifie simplement qu’ils n’ont pas appris que nous sommes devant Dieu en esprit, non dans la chair. Ils en sont encore à ce psaume. Ils n’ont pas encore appris le salut et l’évangile, ne savent pas qu’ils sont morts et ressuscités avec Christ. Ils sentent la mort peser sur eux comme étant la colère de Dieu ainsi que nous le voyons dans ce psaume, mais ils n’ont pas reçu la sentence de mort en eux-mêmes par la mort de Christ en grâce, pour eux, de manière à se regarder comme morts et crucifiés avec Christ et comme étant néanmoins vivants, cependant non pas eux, mais Christ vivant en eux, Christ qui est mort et a mis de côté tout cela pour eux. Ils sont sous le poids de la colère pour ce qu’ils sont par nature — tout ceci est vrai à sa place — mais ils n’ont pas appris Christ et que par Lui ils ne sont pas dans la chair, mais en Christ qui a tout porté, qui a tout traversé pour eux, et que, dès à présent, par Lui, ils sont libres dans le nouvel homme et ressuscités en Lui.

Psaume 89 a un caractère remarquable qu’il nous est utile d’étudier. — Nous y voyons la confiance en la fidélité de Dieu, par rapport à Sa Parole éternelle lorsqu’antérieurement tout semble la démentir, mais nous trouvons l’attente de l’accomplissement fondée sur la grâce, qui, de fait, est en Christ, en qui toutes les grâces promises se concentrent. Car je dis : « L’amour est fondé à jamais ; tu établis ta fidélité dans les cieux » (v. 2). L’accomplissement des promesses de Dieu sur la terre sera une source de louanges pour les habitants du ciel. Cependant, nous voyons à la fin qu’il est parlé comme si Dieu avait fait les hommes en vain — c’est une triste pensée — la puissance du mal domine, les hommes sont ses instruments zélés et le bien n’a rien d’autre à attendre que reproche et chagrin. Mais on crie à Dieu pour qu’Il se rappelle la faiblesse des saints et leurs peines. Ici encore, nous trouvons la confiance, et quel que puisse être l’état des choses, Il a fait la rédemption, Il a brisé la puissance de l’ennemi ; et ne l’a-t-Il pas fait d’une manière bien meilleure que pour Israël ? Son bras est puissant, Sa main droite élevée, quel que soit l’état des choses. La justice et le jugement sont les attributs inséparables de Son trône. La grâce et la vérité L’annoncent lorsqu’Il s’avance. Cette expression est magnifique. Dieu a un trône. Là, toute chose doit être mise en conformité avec le trône. Mais en avançant dans Son œuvre, la grâce et la bonté vont au-devant de Lui et la fidèle vérité dira à Son peuple qu’Il est là, lorsqu’Il s’avancera. Les actions sont grâce et fidélité, parce que Sa volonté agit et que Sa nature est amour. Cependant, Son trône maintient toujours la justice et le jugement. Combien ceci n’a-t-il pas été démontré visiblement en Christ et à cause de Lui, quoique évidemment cela doive être manifesté dans les derniers jours en Israël ! Cette connaissance de Dieu donne le sentiment de bénédiction au milieu du chagrin, versets 15, 16, 17. « Heureux le peuple qui connaît l’appel de la trompette ! Éternel ! ils marchent à la clarté de ta face ; ils se réjouissent de ton nom chaque jour et se glorifient de ta justice. Car c’est toi qui es la gloire de leur force, et c’est par ta faveur que notre corne s’élève ». Tout cela est réalisé dans le cœur au milieu de la douleur, qui, quoique sentie, peut être toujours joyeuse. Le cœur du fidèle en éprouve une douce bénédiction. Les difficultés ne font que l’accroître, parce qu’elles lui montrent la précieuse fidélité et la faveur de Dieu, et lui font sentir que rien ne le sépare de l’amour de Dieu qui est en Christ Jésus notre Seigneur. L’intime révélation de la faveur divine rend le sentier de la douleur plein de douceurs. Ainsi Christ Lui-même fut un homme de douleurs. Cependant, Il peut dire : « Afin qu’ils aient ma joie accomplie eux-mêmes ». Ensuite le psaume insiste sur la sûreté des promesses en Christ (dans les mots : « Ton saint », remarquez que le mot : saint est ici le même que le mot : miséricorde dans le premier verset, non pas que le mot saint dans le verset 18). Ainsi donc grâce, fidélité, caractère divin du trône, action divine, accomplissement de la rédemption, ce qu’est le titre de Dieu et la puissance par laquelle Il a brisé l’hostilité du péché, tout cela, connu de nous, comme étant l’amour du Père, par le Fils, amène par l’Esprit notre cœur au milieu de toutes les épreuves dans une vraie jouissance. C’est une jouissance par la foi de la lumière et de la face de Dieu selon toute la faveur qu’Il nous porte en Christ. Ceci est naturellement exprimé dans le sens juif, mais Christ se manifeste à nous, comme Il ne le fait pas au monde. Le Père et le Fils viennent et font leur demeure chez nous. Nous possédons la joie ; nous comptons sur la délivrance finale pleine et entière.

Psaumes 90-106

Le psaume 90 est d’une manière spéciale le soupir d’Israël après la grâce et la restauration des derniers jours, après sa longue affliction. Mais nous voulons appliquer ses principes comme nous avons coutume de le faire. Il contemple deux choses dans le gouvernement de Dieu : la discipline à proprement parler, et la grâce qui satisfait. Ces deux choses sont fondées sur un point : Dieu est seul Dieu, invariable, le même depuis avant la fondation du monde (et à cela se rattache la discipline) ; le temps, qui semble si long, n’est rien pour Lui. Il est l’habitation de Son peuple, son repos, sa demeure, son asile assuré, quels que soient ses égarements. Quant à l’homme, dans le temps, d’un seul mot Il le met de côté, puis le réhabilite. Ils sont comme l’herbe qui croît et se flétrit. Mais quoique ceci soit vrai, lorsque nous comparons Dieu et l’homme, cependant la foi n’oublie pas aussi les voies et les desseins de Dieu vis-à-vis de Son peuple. Quant à Israël, il ne sent que la colère, parce qu’il ne connaît pas encore la réconciliation. Nous savons que ces voies sont amour, mais il n’en reste pas moins vrai qu’il y a une action de Dieu, et nous pouvons l’appliquer. Qui est-ce qui connaît la force de ta colère, et autant qu’il faut te craindre, ta fureur (v. 11) ? Ceci n’est pas arbitraire, mais en rapport avec Sa propre nature et Son caractère. La crainte connaît Dieu en vérité, de sorte que ce qu’Il est, est appliqué au saint jugement de tout ce qui se trouve dans l’âme, afin que rien ne Lui déplaise et n’altère la communion. La colère donc comme discipline — c’est-à-dire déplaisir gouvernemental — est l’expression de cette action de Dieu dans ce qui concerne l’état de l’âme, quand elle n’a pas été sur ses gardes ou qu’elle a suivi sa propre volonté. Cela révèle le caractère de Dieu quant à ce qui, en nous, est opposé à ce caractère. La foi, l’enseignement divin, nous montrent que Sa colère existe ainsi que Sa crainte. Mais lorsque la volonté se plie, notre faiblesse même ne produit pas la terreur, mais un motif de plus pour chercher Dieu. Et Dieu reconnaît cette faiblesse. Il considère de quoi nous sommes faits, et se souvient que nous ne sommes que poussière. Mais lorsque une fois nous avons senti notre incapacité et que nous appliquons notre cœur à la sagesse, dont le commencement est la crainte de Jéhovah, au lieu que Dieu soit obligé de l’enseigner en soumettant notre volonté et en corrigeant notre négligence, le cœur reprend courage, il devient hardi. Ce n’est pas en raisonnant, mais par la grâce, que la confiance est rétablie, et le cœur peut dire : Reviens Éternel ! Jusques à quand ? (v. 13)…

Ceci, nous l’avons souvent vu, est l’expression de la foi. Dieu se propose de bénir et finalement Il bénira Son peuple ; et partant, lorsqu’elle est dans l’angoisse, la foi peut dire : Jusques à quand ? Le moi n’est point la foi, et la crainte de Dieu doit se produire ; mais là où se trouve la foi, la crainte de Dieu jaillit de nouveau dans le sentiment de la grâce connue ; elle dit : Jusques à quand ? Et remarquez-le, il y a une grâce connue. Il n’est pas dit : « Viens », mais « Reviens », non pas comme si Dieu les avait abandonnés (quoique d’après Ses voies, ceci soit vrai pour Israël — Il cache Sa face de la maison de Jacob), mais nous attendons qu’Il se retourne pour nous donner des grâces présentes et la puissance de Sa faveur. Il veut bénir, Il veut donner la joie et l’allégresse à Son peuple. Elle sait qu’Il prend ses délices en Son peuple, elle y compte : « Rassasie-nous dès le matin ». Quelle parole hardie vis-à-vis de Dieu ! Mais ce n’est que de la confiance ; l’âme est moralement rentrée dans l’amour où Dieu se plaît. Cet état est envisagé aussi comme durable, et nous serons triomphants et joyeux tout le long de nos jours. Pourquoi n’attendrait-elle pas cela du Dieu de bonté ? En Israël, ceci peut être plus extérieur, mais l’esprit qui le dicte est juste. Elle regarde à un Dieu qui refrène Sa colère, qui tient compte du chagrin de Son peuple, quoique ce soit Lui qui l’ait infligé. Regardez en Ésaïe 40 comme ceci est exprimé d’une manière belle et touchante (justement ce qui est désiré ici) ; verset 2 : « Parlez à Jérusalem selon son cœur, et lui criez que son temps marqué est accompli… qu’elle a reçu de la main de l’Éternel le double pour tous ses péchés ». Son cœur a compté à double le châtiment infligé, comparé à ses péchés ; car la réponse à la foi est toujours plus grande que la requête (voir les prières et les réponses dans le psaume 132).

Mais la foi regardant aux pensées et aux desseins de Dieu en bénédiction va plus loin que le retour et le refrènement de Sa colère. Dieu a un but dans Son amour et travaille à son accomplissement ; c’est pourquoi il ne dit pas seulement : « Rassasie-nous dans ton amour », mais : « Que ton œuvre se rende visible à tes serviteurs ». L’œuvre de Dieu rendra la bénédiction parfaite, et ainsi combien sera-t-elle parfaite ! Elle sera manifestée à leur honneur, à leur triomphe. Ainsi en est-il pour nos âmes ; nous ne cherchons pas seulement l’amour qui nous relève, mais l’œuvre positive de Dieu qui produit la bénédiction, en nous rapprochant toujours plus de Lui-même. Ce n’est jamais seulement un relèvement, mais l’âme est rendue plus capable d’apprécier Dieu, et Dieu lui est plus pleinement révélé. Lorsque nous connaîtrons comme nous sommes connus, alors le résultat sera la pleine manifestation de la gloire (ici, il est parlé des enfants, verset 16 ; ce verset se rapporte littéralement à Israël au millénium) ; mais nous attendons l’œuvre complète de Dieu pour nous ressusciter, nous glorifier, et nous faire entrer et habiter dans la gloire. Une autre pensée bien douce aussi s’y ajoute : « Et que le bon plaisir de l’Éternel notre Dieu repose sur nous » (v. 17). Leurs pensées pouvaient difficilement aller au-delà de la bénédiction manifeste et actuelle, mais il en est entièrement ainsi pour nous. Ne serons-nous pas dans la gloire de Christ Lui-même ? tels que Lui, revêtus à Sa ressemblance bénie, devant Dieu notre Père dans un lieu de parfaites délices ? Je n’exclus pas les bénédictions actuelles, par lesquelles nous pouvons être ainsi sous la grâce comme des aloès que Dieu a plantés ; et c’est ce qui a eu lieu lorsque Israël habitait dans les tentes. Ainsi l’Église devrait être, devant Ses anges, un tableau de la grâce, d’ordre, de beauté et de la vie de Jésus manifestée dans chaque croyant en particulier. Aussi les œuvres de nos mains sont affermies pour nous sous la divine faveur.

Psaume 91. J’ai expliqué la combinaison de ce magnifique psaume autre part et je n’ai pas beaucoup à en dire parce qu’il définit les noms de Dieu qui sont pleins de valeur et les effets spécifiques de la foi, allant même jusqu’aux choses directement applicables à Christ, de sorte que le principe général est justement moins facile à déduire et moins lié à ce psaume. Ce serait réduire à quelque chose de vague ce qui est spécifié à dessein. Je prends Jéhovah, tel qu’Il est, comme Dieu, et ainsi celui qui reconnaît ce nom entre sous la protection d’El-Shaddaï pour l’accomplissement particulier des promesses terrestres dans les voies de Dieu. Telle n’est pas notre place ; celui qui s’y conformerait se tromperait ; cependant une foi générale, une confiance du cœur basée là-dessus serait certainement bénie. Il ne parle pas des châtiments d’un père avec lesquels se lie le gouvernement de Dieu.

Ici, aucun mal n’atteint la demeure de ceux qui se confient en Jéhovah. C’est ce qui étonna Asaph jusqu’à ce qu’il entrât dans le sanctuaire de Dieu. Il voyait le méchant prospérer, lui-même en danger à tout moment. C’est le résultat certain de reconnaître Jéhovah lorsque Son gouvernement intervient. Nous pouvons encore apprendre ici quelques-uns des caractères de la confiance. Non seulement c’est la connaissance qu’il existe un Dieu Tout-puissant, qui est au-dessus de toute chose : mais le lieu de Sa révélation de Lui-même doit être connu. La vraie foi connaît ce lieu et s’entretient là avec Dieu. Son nom est révélé à la foi. Pour nous, c’est Christ comme Seigneur et le Père. Ainsi, la foi dans la confession de Son nom en fait un refuge, une forte tour, et de plus se confie en Lui ; c’est une grande chose, car ni puissance du mal, ni aucune détresse ne peuvent détourner l’esprit si l’on se confie au Seigneur, si l’on regarde à Lui. Elle a ici la promesse de Ses soins protecteurs et toujours actifs. Ceci est vrai même dans les maux extérieurs, comme nous le voyons dans Luc 21, 16-18 : le Seigneur dit que quelques-uns seront mis à mort, mais que pas un des cheveux de leur tête ne périra — ils sont tous comptés. La puissance providentielle est tout entière à la disposition de Dieu. La foi est identifiée avec les intérêts du peuple de Dieu (v. 9) ; le propre nom du Seigneur a régné dans le cœur et le vrai nom de Dieu lui est connu ; c’est, comme je l’ai dit, la vraie révélation de Dieu Lui-même connu par Ses enseignements divins. Pour nous, c’est Christ Lui-même, et le Père en Lui. La foi crie. Ce n’est pas seulement une confiance passive, qui est juste à sa place, mais c’est une foi qui communique avec Dieu à cause de ses besoins, parce qu’elle se confie en Lui. Pour la foi, la présence de Dieu est là, ainsi que l’exercice de Sa puissance ; et ceci dans sa véritable application est aussi vrai à présent qu’alors et que pour l’avenir. Le chemin est différent parce que le but est différent, c’est-à-dire un état céleste. Il amène les bénédictions présentes quoiqu’avec des persécutions, et l’assurance de l’éternelle et céleste rédemption.

Le psaume 92 est réellement une louange pour la délivrance finale d’Israël et le nom millénial de Jéhovah en est la clé ainsi que du dernier psaume. Comme les psaumes suivants amènent de nouveau l’unique, il y a ici un principe à remarquer : l’élévation du méchant est finalement suivie de sa destruction. L’homme qui n’est pas instruit par Dieu ne le voit pas ; mais la foi discerne les ennemis du Seigneur dans ses adversaires et dans la puissance du mal qui s’élève et obscurcit l’horizon. Malgré cela, elle a confiance, quoiqu’elle soit plus éprouvée qu’une autre, parce que cette puissance du mal est très pénible pour elle. Quoiqu’il soit mauvais de désirer personnellement la vengeance (nous avons à veiller sur ce sentiment), le chrétien ne doit-il pas se réjouir de ce que la terre sera délivrée de la puissance du mal ? Au contraire — il est dit : Réjouissez-vous, vous prophètes et vous saints apôtres. Il est dit que la foi donne un sens plus vif du mal parce qu’il est hostile à Dieu, à la bonté, à la vérité ; elle se réjouit d’un jugement juste. Mais c’est comme étant l’œuvre du Seigneur, l’œuvre de Ses propres mains, qu’elle s’en réjouit, et ceci est parfait. De plus, ce jugement déploie la justice du Seigneur, mais la foi doit attendre patiemment. Les psaumes suivants expriment et célèbrent l’arrivée du jugement.

Psaume 93. Nous trouverons dans ce psaume quelques principes très importants. Quoique la puissance soit maintenant exercée pour le triomphe du bien, ce n’est pas une puissance nouvelle. Le trône du Seigneur est affermi dès longtemps (v. 2). Lui-même est de toute éternité. L’invasion du mal n’a pu ni Le toucher, ni L’affaiblir. Elle a eu lieu. Les passions et la volonté de l’homme se sont soulevées comme des vagues impétueuses, mais en vain. Le Seigneur est le plus puissant dans Sa haute demeure. Il est donné libre cours à 1’homme rebelle, mais pendant les jours de la patience, la puissance de l’Ancien des jours est cachée à sa vue, de sorte qu’il croit avoir tout dans les mains. Mais lorsque le péché s’élève de telle manière qu’il atteint le Seigneur et l’engage à agir, un instant suffit alors pour amener les conseils de Dieu en puissance par la destruction de l’homme. Ce n’est pas tout encore. La foi possède la chose sur laquelle elle s’assure — les témoignages de Dieu sont très réels. On peut compter sur la Parole de Dieu comme sur Lui-même, et non seulement pour la délivrance finale, mais pour être guidés le long du sentier des difficultés. De plus, il y a un autre principe qui est une sauvegarde contre l’illusion et un moyen de discerner et de juger le vrai sentier : la sainteté orne ta maison. Oh ! combien ces deux principes réjouissent et illuminent notre route ! Combien ils nous affermissent dans le sentiment que c’est la propre nature de Dieu, qu’elle ne peut être autrement. Ainsi, les témoignages et la sainteté de Dieu affermissent et fixent le cœur dans ce qui est de Dieu. Si les vagues s’élèvent, la puissance de Dieu mettra tout en ordre par Son propre jugement.

Psaume 94. J’ai fort peu à dire sur ces psaumes par rapport à mon sujet ; quoiqu’ils soient très frappants, ils ne traitent pas des exercices du cœur dans le temps de l’épreuve, mais de l’intervention de la puissance pour mettre fin à ce temps-là. Ils sont caractérisés par ce titre : « L’Éternel règne, le monde est affermi ». C’est pourquoi je n’ai que quelques remarques à faire : premièrement, le résultat de toute cette patience de Dieu en gouvernement, c’est que l’homme s’élève contre Lui comme les flots de la mer, mais Dieu est le plus puissant. C’est Sa puissance qui est la fin de tout. Deux grandes vérités accompagnent ceci : les témoignages de Dieu sont certains et nous pouvons compter sur Sa Parole. Elle révèle Sa nature, Ses desseins, Son caractère. Elle montre ce par quoi Il agira — point de paix pour le méchant, mais sûreté infaillible dans les desseins et la puissance de Dieu. L’homme est comme l’herbe, le péché s’élève comme les vagues, la Parole de Jéhovah demeure éternellement de même et celui-là également qui fait Sa volonté. Ainsi dans tous les temps, quelque sombres et mauvais qu’ils soient, voilà qui peut nous servir de règle. Que ce soit Israël ou l’Église, l’apostasie ou la profession extérieure, la persécution ou la prospérité séduisante, Sa Parole est véritable, elle est un guide sûr, suivant la nature et le caractère de Celui auquel, en définitive, appartient tout pouvoir. Et lorsque Celui auquel appartient le pouvoir a été compté parmi les malfaiteurs, Il était conduit, guidé par cette parole ; Il s’y soumit, Il l’accomplit, et en définitive « le jugement reviendra à la justice ».

Psaume 94, 15. Voilà jusqu’ici tout ce qui se rapporte au gouvernement actuel et au déploiement futur de la puissance publique de Dieu, au royaume et à la patience, puis au royaume et à la gloire du Seigneur. Mais il y a une seconde chose : Jéhovah a une maison, une demeure. Prenez-le soit comme habitation céleste, soit comme Son temple où tout parle de Sa gloire, ou bien, à sa place, comme l’Église, Son habitation par l’Esprit ; dans tous les sens, une seule chose la caractérise : c’est Son habitation. La sainteté convient à Sa maison pour toujours, la séparation pour Lui ainsi que le demande Sa nature.

Ces deux points guident le fidèle dans toutes les circonstances, jusqu’à ce que la puissance intervienne pour le soutenir, parce qu’à travers tous les soulèvements de la puissance du mal, il compte sur Dieu, sur Sa parole et la sainteté de Sa nature. Dieu a divinement communiqué Ses desseins aux hommes, Il a parlé. Sa Parole demeure certaine. Ceci est inhérent à Sa nature et dépend de Sa puissance comme Dieu. « L’a-t-il dit et ne le fera-t-il pas, a-t-il parlé et ne s’accomplira-t-il pas ? » (Nomb. 23, 19). S’Il est Dieu, la vérité et la puissance pour remettre l’ordre ne peuvent manquer, ou bien Il n’est pas Dieu. Sa Parole l’oblige, pour ainsi dire, selon Sa nature. Je ne puis croire qu’Il soit Dieu, si, lorsqu’Il a parlé, cela n’arrive pas, ou Il serait ignorant, ou quelqu’un d’autre aurait plus de puissance à opposer à la sienne. Ses témoignages sont sûrs. Au milieu du mal, ceci est d’une immense consolation, d’un parfait recours. Mais l’autre témoignage est important, c’est un autre appel à la conscience. La sainteté, si Lui est Dieu, est nécessaire dans tous les sens. Elle met l’homme subjectivement à sa place. Il peut louer la vérité, exalter les promesses certaines, comme si Dieu s’était lié. Mais Dieu doit être conséquent avec Lui-même ; ce qui n’est pas saint, à aucun prix n’est de Lui. Il est suprême, tout doit se rapporter à Lui, tout être consacré à Lui, en Sa présence ; et ainsi, autant qu’Il est révélé, tout doit être adapté à ce qu’Il est. Ainsi l’homme est tenu en échec par la véritable connaissance de Dieu. Il n’y a pas ici une sainteté séparée de la Parole, ni une connaissance ou une assurance séparée de la sainteté. L’Esprit de vérité est l’Esprit Saint, l’Esprit Saint est l’Esprit de vérité.

Notez de plus que ce sont des témoignages venant de Dieu, c’est la déclaration positive de Ses desseins et de Sa volonté (ce n’est pas la connaissance humaine de Dieu dont l’homme se vante, ni sa prétention de savoir ce que Dieu doit être, quoique la conscience en ait bien un certain instinct en rapport avec la tradition et souvent perverti par elle), témoignages si positifs, que l’homme y est assujetti et en même temps aussi soutenu par eux. Ce ne sont pas les raisonnements de l’homme, ou la conscience de l’homme, mais ce sont les témoignages de Dieu, Sa révélation active, l’expression de Sa Parole. Ils sont reçus simplement par la foi, l’âme s’y soumet comme tels. Ceci caractérise l’âme qui reconnaît Dieu. La puissance viendra au temps convenable et remettra publiquement l’ordre partout. Jusqu’ici, la foi s’appuie sur les témoignages, sur la révélation de Dieu qui assujettit l’âme et la soutient.

De plus, Dieu a une habitation, une maison. Ceci, comme je l’ai remarqué autre part, est l’un des immenses fruits de la rédemption. Dieu n’habite ni avec l’innocence, ni avec les fidèles ; ni Adam avant sa chute, ni Abraham n’eurent Dieu habitant avec eux ; l’innocence fut le trait distinctif du premier, la foi fut le sentier béni du second. Mais dans la rédemption d’Israël, nous trouvons que Jéhovah a fait sortir Son peuple du pays d’Égypte, afin de pouvoir habiter au milieu d’eux (Ex. 29, 45-46). L’innocence ne convient pas à la maison de Dieu, mais une consécration absolue à Lui, suivant Sa nature où le bien et le mal sont compris ; ainsi en est-il au ciel — c’est le même caractère et la même nature. Mais là, il n’y aura plus besoin de témoignage. L’homme a la connaissance du bien et du mal, mais il est encore séparé de Dieu et dans le péché. Mais là où Dieu a racheté l’homme pour Lui-même, purifié, délivré, là Il habite avec Lui, en Lui — en Israël d’après une révélation de Lui-même alors partielle, dans le fidèle et dans l’Église, présentement, par Son Esprit et pour l’éternité, car maintenant Sa révélation est d’accord avec ce qu’Il est en Lui-même, pleinement révélée en Christ et par Sa mort. Elle est donc fondée sur un témoignage. Car Dieu doit se révéler Lui-même, Sa rédemption, Ses voies et ce qu’Il est. Ainsi, le Saint Esprit est donné en conséquence de l’exaltation de Christ, de l’accomplissement de la rédemption, et, en fait, de la réception, par la foi, du témoignage de Dieu. Lorsque Dieu est connu (non seulement la vérité), alors il y a un sentiment de ce qui convient à cette connaissance ; on trouve ses délices dans Son nom, d’après Sa nature, et ainsi cela devient le témoignage non seulement que la vérité est connue, mais la vérité et ainsi Dieu Lui-même — car Christ est la vérité et l’Esprit est la vérité. C’est pourquoi, aussitôt qu’Israël est racheté, il est parlé de la sainteté de Dieu, non pas auparavant, parce qu’Il allait habiter au milieu d’eux après les avoir amenés à Lui. Le monde sera établi par la puissance ; mais ceci est la consécration à Dieu par le témoignage et Sa propre présence par la rédemption. Il n’est pas question ici de la pompe et de l’ordre de Sa maison (que nous avons en psaume 101), le séjour de Ses délices (comp. Ps. 132, 13-14).

Dans le psaume 94, on attend le jugement et la vengeance pour mettre de l’ordre dans le monde. Mais nous trouvons aussi la discipline et les consolations du Seigneur soutenant l’âme en attendant ; ceci doit nous occuper un moment. Le triomphe du méchant est, pour celui qui croit en Dieu, une pensée pénible et douloureuse ; la puissance du mal est évidente ; voilà ce qui oppresse justement l’esprit du fidèle, non pas dans un sens prophétique, mais dans un sens moral. L’aveuglement de l’orgueil de l’homme éloigné de Dieu, pèse sur celui qui, connaissant Dieu, discerne que le jour du méchant approche. Nous trouvons aussi le sentiment distinct d’être le peuple de Dieu dont le chagrin et la faiblesse ne sont qu’une occasion de plus pour l’oppression. Voilà les signes évidents que cela ne peut pas durer toujours. Celui qui a formé l’œil voit certainement tout cela. Les pensées de l’homme ne sont que vanité. Deux choses donc sont le fondement de la pensée du fidèle : l’intérêt de Dieu pour Son peuple et Sa bonté qui n’oubliera pas le pauvre opprimé et le fait même de l’orgueil du méchant.

Un autre élément est introduit : Dieu juge le mal, mais Il commence par Sa propre maison. La main de Dieu aussi bien que celle de l’homme est dans les voies qui font souffrir Son peuple. Aussi est-il dit : « Heureux est l’homme que tu châties, ô Éternel » (v. 12). Nous en avons l’interprétation ici. Dieu, dans le châtiment, nous enseigne par la loi. Dieu, par tous les procédés du mal qui a le dessus, brise la volonté, enseigne la dépendance, sépare, non seulement le cœur, mais l’esprit, du monde où règne ce mal. Comment pourrait-il exister union avec un monde dans lequel la puissance du mal est reconnue et devant laquelle on recule moralement ? L’homme pense qu’il peut traverser le monde doucement sans toucher le mal ; mais si le monde lui-même est mauvais, qu’on le sent tel, que faire ? Ainsi la méchanceté qui met Dieu de côté est son propre remède dans le cœur de celui qui reconnaît Dieu, en l’exerçant, le purifiant et le transportant en dehors de la sphère où sa propre volonté est active, lorsque, peut-être sans s’en douter, mais de fait pratiquement, il cherchait une issue pour la nature. La vie divine lui ayant enseigné les pensées de Dieu, le monde, qui ne veut rien de Lui, s’y oppose et s’élève contre Lui : et tout cela est dans la main de Dieu.

Mais il y a plus encore ; nous trouvons outre la discipline de Sa main, l’enseignement direct et intime par Sa Parole où Il se révèle Lui-même. Ainsi, l’orgueil du mal qui repousse le cœur se soumet, il goûte que le Seigneur est bon, il pousse le cœur vers un Dieu connu en grâce par la révélation de Lui-même, de Ses voies, de Ses desseins, et la grâce se produit dans le cœur. Le cœur renouvelé entre dans sa propre sphère et apprend à connaître non seulement le caractère nécessaire de Dieu comme aimant le bien et haïssant le mal, mais encore Ses propres voies, le développement de Sa grâce, de Sa vérité et de Sa sainteté là où Il révèle ce qu’Il est pour ceux qui Le connaissent. Ceci est un repos du cœur pour le saint, un repos de l’esprit qui cherche et prend ses délices dans le bien. S’il cherche à combattre le mal (quoi qu’activement dans le service, cela arrive selon la volonté de Dieu) dans le monde, entièrement comme le cœur le désire en attendant la main de Dieu, il n’y aurait que lassitude et brisement ; mais lorsque la puissance du mal est arrivée à maturité, l’âme est amenée à sa place dans la révélation directe de Dieu et de Ses voies, et là, près de l’autel de Dieu, car l’adoration en ressort, elle trouve le repos. Elle attend cependant que le mal soit aboli et que le pauvre et le nécessiteux soient délivrés, mais elle demeure dans la patience, apprenant la pensée de Dieu ; elle trouve là son repos, un repos dans ce qui est éternel. Elle s’engagera dans l’activité pour le bien partout où la porte est ouverte, mais son repos se trouve dans ce qui est proprement de Dieu. L’établissement du bien arrivera par la puissance, cela est certain. Dieu est vrai dans Ses voies. Il ne rejettera pas Son peuple. Il ne veut pas que le mal domine à toujours. Ici, naturellement, c’est l’intervention en jugement sur la terre ; le jugement revient à la justice. La puissance et le bien iront ensemble, non la puissance et le mal. Nous avons de meilleures choses devant nous ; une révélation céleste d’être fils, une place céleste, la maison de notre Père, mais le principe est le même. Le jugement qui a été remis autrefois aux souverains sacrificateurs et à Pilate, pendant que la justice et la vérité se rencontraient dans la personne bénie de Jésus, reviendra dans les mains de Celui qui, une fois, a été pauvre et persécuté ; le jugement revient à la justice. Et si nous, en prenant notre croix, sommes heureux de souffrir, que nous régnions avec Lui, cependant les pensées et les voies, les conseils et la fidélité de Dieu seront accomplis. La grâce céleste et la céleste gloire seront ajoutées présentement à notre repos d’esprit, et au repos qui nous attend ; cependant la justice aura domination si elle est céleste et la bénédiction éternelle sera pour nous qui avons part avec Celui qui a souffert. L’impossibilité de ce que le mal continue, si le Seigneur se montre tant soit peu, est fortement exprimée dans le verset 20.

Remarquez que la puissance du mal est profondément sentie aux versets 16, 17. Qu’il en soit ainsi, cela peut parfois montrer notre faiblesse, mais il est bon qu’elle soit montrée si la foi est là. Le cœur ne doit pas s’habituer à la puissance du mal, et ne le fera pas s’il est avec Dieu ; il y sera sensible, il s’en étonnera et mettra sa confiance en la restauration divine pour le connaître dans Sa pensée. Ceci fut vrai en Christ, en perfection, sans manquements dans Ses pensées. Il fut étonné de leur incrédulité ; Il les regarda avec colère, étant affligé de la dureté de leurs cœurs ; Il put dire : « Jusques à quand serai-je avec vous ? jusques à quand vous supporterai-je ? » (Marc 9, 19). Mais alors, non moins prompt de cœur dans l’activité du bien, lorsqu’Il trouvait le moindre besoin, Il put dire : « Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure » (Jean 12, 27) ; et parfois en soumission, en obéissance et dans le seul désir de glorifier son Père, afin que Son Père pût se glorifier Lui-même — Il fut parfait en toutes choses. Et nous, hélas ! si nous ne sommes pas aidés quelquefois, nous sommes prompts à demeurer dans le silence, et pour ainsi dire, prompts à renoncer là où Christ, l’unique, sentit infiniment plus que nous et fut parfait en tout. Mais lorsque, dans le sentiment de notre tendance à faiblir, ou dans un danger pressant, nous nous tournons à Dieu, Son secours est là. C’est une grande grâce. L’enseignement alors est pour le repos de l’esprit, mais il y a soutien et secours pour notre chemin. David s’encourageait en Dieu, alors comment pourrait-on faillir ? Celui qui est le plus puissant, Celui dont la force s’accomplit dans notre faiblesse, est là.

Une autre scène s’ouvre, car Dieu pense à tout pour nous. Si nos esprits travaillent, combien de questions se présentent à nous dans la confusion, dans le labyrinthe du mélange entre le bien et le mal. L’esprit qui jouit de la bonté de Dieu peut éviter cela, il s’en abstient en effet ; mais la racine et la source de toutes ces questions sont dans les cœurs des hommes, et la puissance du mal autour de nous les réveille. Ce n’est pas seulement l’égoïsme, quoique le moi soit toujours le centre, le centre aussi de toutes les questions ; mais quand le mal atteint l’esprit, il y naît une multitude de pensées. Je ne dis pas que ce soit bien — non, ce n’est pas bien. C’est le fruit de notre éloignement de Dieu et par conséquent l’entrée du mal sur le terrain de Dieu, et de fait, c’est être entré dans le mal. Mais lorsque le cœur et l’esprit vont plus loin, ayant la connaissance du bien et du mal, la révélation, lorsque l’esprit travaille, augmente encore la difficulté et la multitude des pensées, parce que l’esprit voit plus clairement le bien. Pourquoi ce mal, et d’où vient-il ? Il voit un autre monde de la puissance de Dieu. Pourquoi ceci ? Il voit un monde au-delà et ramène ses pensées dans celui-ci où elles ne sont pas réalisées. Il voit la bonté et la puissance et demeure pourtant au milieu du chagrin et du mal. Ceci peut prendre un caractère d’égoïsme — souvent il en est ainsi. C’est alors un principe bas, qui a toujours l’homme pour centre, et c’est toujours le mal ; ce n’est qu’une multitude de nos pensées (sauf lorsque ce fut par amour parfait et par la sainteté de Christ qui amena dans ce monde-ci un autre monde, en perfection, c’est-à-dire Son propre esprit, Sa propre personne). Cependant Dieu a compassion. Je me réfugie en Dieu par la foi. Ceci console et fait les délices de mon âme. Nos pensées méditent, elles connaissent le bien et le mal, soit par le chagrin personnel, soit par le travail de l’esprit, ce qui est pire, et s’élancent dans l’infini (qui n’est pas l’infini réel) de la spéculation de ce qui devrait être, ou dans les plaintes contre Dieu. Cela peut se manifester aussi dans la soumission, considérant avec étonnement que tout ce que nous voyons est trop dur pour nous ; mais c’est un esprit limité, un esprit dans la sphère de ce monde, hors duquel il n’a aucune force propre, occupé dans ses pensées et ses spéculations des relations infinies du bien et du mal. Il a une multitude de pensées, mais pas de repos possible. Dans cet état, il n’appartient pas à la sphère dans laquelle il est entré.

Laissez-moi ajouter encore, en passant, quelques mots sur la forme que l’infidélité a revêtue de nos jours — ce qui est nommé positivisme ou réalisme, qui dit : Je sais ce que je vois, ce dont je fais l’expérience, en en tirant peut-être quelques petites conclusions ; et il prétend s’arrêter là. Mais il ne s’arrête pas, car il prétend nier tout ce qui est au-delà. Ceci est entièrement faux ; car s’il n’avoue que ce que l’homme comprend par lui-même, il ne peut pas nier ce qui est au-delà, pas plus qu’il ne peut l’affirmer. C’est une pensée méprisable, mais elle est fausse encore sous un autre point de vue. L’esprit n’a aucune certitude, mais il a une multitude de pensées qui dépassent la conception humaine, laquelle ne peut décider de ce qui est au-delà de cette puissance. Il y a une multitude de pensées au-dedans de nous. Nous sommes incompétents pour arriver à une conclusion ; néanmoins, il y a des pensées, toujours ceci ou cela qui les suggère, et le cœur n’a point de réponse. C’est le cas, lorsqu’il n’y a pas précisément infidélité, mais simplement le travail naturel du cœur humain. Point de réponse jusqu’à ce que « le jugement revienne à la justice ». Dans ce psaume, cet exercice de l’âme se rapporte naturellement plus complètement au gouvernement de ce monde ; le christianisme, la révélation d’un autre monde, a ajouté aux pensées précédentes encore mille autres pensées sur lesquelles l’esprit de l’homme travaille. Mais il y a un refuge, une ressource, non pas en expliquant toute chose à l’esprit de manière à le maintenir dans la méchante et folle prétention de juger Dieu, c’est d’introduire dans l’âme le bien positif qui est en Dieu, tellement que l’on possède la bénédiction et la vérité, malgré la multitude des pensées dont l’esprit est incapable de trouver la solution. De cette manière, la conscience est droite quand elle est appelée à agir, et elle se juge. Mais lorsque, par notre connaissance du bien et du mal affaiblie et obscurcie, que nous nommons conscience, nous prétendons juger Dieu, notre prétention est de faire de notre ignorance, de notre état moral, la mesure de ce qui est parfait, tandis que nous connaissons tout imparfaitement, et Dieu pas du tout. Dans cet état, l’homme se forme un jugement qu’ils doivent reconnaître comme tel. C’est juger de tout un système de choses, quand nous n’en voyons qu’un bout obscur. En raisonnant, basé sur un état de choses où tout est mal, je ne puis juger de rien. Dieu n’a pas encore remis l’ordre, je ne suis pas compétent pour juger même comment cela se fera ; mais Il a introduit le bien ; le bien parfait, c’est Lui-même au milieu du mal. Il m’a fait discerner mon propre état de péché — Il m’a enseigné à me juger : c’est un gain moral immense. Ceux qui ont fait cela sont seuls debout, quant à ce qui concerne l’âme. Voilà ce qui s’appelle une conscience honnête et vraie, qui me donne une ressource en grâce, une parfaite connaissance de Son amour (en Israël, c’est une connaissance relative par les voies de Dieu) et dans les détails des exercices qui suivent pour la connaissance de soi-même et la purification de l’âme ; je possède un amour parfait, compris, auquel j’ai recours, et je possède aussi ce que cet amour m’a révélé et donné, la grâce et la vérité ; et non pas seulement dans une révélation extérieure quoique pleine d’autorité, mais dans mon âme même par le Saint Esprit. « Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage au-dedans de lui-même » (1 Jean 5, 10). « Ce que l’œil n’a pas vu, et que l’oreille n’a point entendu, et qui n’est pas monté au cœur de l’homme, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment, mais Dieu nous l’a révélé par Son esprit » (1 Cor. 2, 9, 10). Et encore : Nous nous réjouissons en Dieu. De plus, Dieu agit directement par Son Esprit. Son amour est répandu dans nos cœurs, Sa fidélité dans cet amour est invariable, mais la communion directe avec Lui-même nous élève à une source de joie que les difficultés et le chagrin ne troublent pas. Rien ne nous sépare de Son amour. Nous sommes plus que vainqueurs dans ce monde ; nous avons les joies d’un autre monde, des consolations divines à travers les épreuves que nous devons porter et en présence du mal qui nous assiège : la puissance de ce mal nous pousse dans notre retraite, dans notre joie en Lui, qui reste toujours le même, et que nous apprenons à connaître davantage. Le jugement mettra fin à la scène où nous devons être éprouvés. Je ne m’arrête pas aux psaumes suivants, parce qu’ils parlent de la venue actuelle du Seigneur en jugement et qu’ils ne traitent pas des exercices du cœur en L’attendant.

Le psaume 95 appelle les Juifs afin qu’ils soient prêts pour Le recevoir.

Le psaume 96 appelle les Gentils.

Dans le psaume 97, Il arrive dans les nuées.

Le psaume 98 proclame la délivrance.

Dans le 99, Il a établi Son siège à Jérusalem entre les chérubins.

Le psaume 100 appelle les Gentils à partager la joie d’Israël et à adorer.

Le psaume 101 nous donne les principes d’après lesquels le gouvernement de la terre sera établi par le Roi de Jéhovah.

Le psaume 102 est l’un des plus intéressants de tout le livre, mais je n’ai aucune remarque à faire quant au but que je me suis proposé. Il s’applique principalement au Seigneur Jésus, quelles que puissent être les circonstances du chagrin particulier qui en a dicté la composition. La citation qui en est faite en Hébreux 1 ne laisse aucun doute à ce sujet et lui donne une profondeur et un intérêt qu’à peine un autre psaume peut égaler. Il montre la nature divine et éternelle du Seigneur, éprouvant la difficulté d’avoir été retranché, et que Sion doive cependant être restaurée plus tard. Mais ceci donne à la douleur poignante de Ses chagrins une profondeur et un caractère tout particuliers. Ce n’est pas un glorieux résultat de bénédiction, la conséquence d’un travail unique dans sa nature et sa valeur, ni le jugement qui suit la réjection du Messie, mais c’est la vérité éternelle de la divine nature du Seigneur éprouvant la réalité de Ses afflictions, même jusqu’à la mort. C’est donc principalement Sa personne qui est l’objet spécial de ce psaume, et c’est ce qui lui donne cet intérêt particulier. Mais, quoique nous y trouvions la sécurité des enfants de Ses serviteurs, il ne nous donne pas beaucoup d’instruction sur le gouvernement de Dieu, lors même que le fondement de tout cela soit en grâce. Les psaumes suivants, de 103 à 106 qui terminent ce livre, ne nous apportent pas non plus un grand enseignement sur ce sujet. L’Esprit voit ce que Dieu est toujours pour la foi, mais par rapport à la délivrance future, par l’intervention du Seigneur.

Cependant la puissance du bien qui sera manifestée en mettant toute chose à sa place et dont la foi attend l’arrivée, est réalisée par cette foi qui sait que la puissance appartient à Celui qu’elle connaît déjà, de sorte qu’elle se repose là-dessus comme étant le caractère de Dieu, quand même ses résultats ne sont pas encore produits, et elle envisage les choses présentes avec la connaissance de Dieu, quoique le mal existe encore. Elle regarde ce monde comme le déploiement de la puissance et de la sagesse, sous un gouvernement de bonté, quoique le mal ne soit pas encore aboli et que les résultats de la bonté ne soient pas encore produits. Mais Celui qui gouverne est bon. Et ceci est reconnu par ceux qui ont péché contre Lui, reconnu pour eux-mêmes et en eux-mêmes, et c’est cette connaissance de Dieu qui rend l’âme capable de voir la sagesse et la bonté en toutes choses, quoique les effets du péché soient encore présents. Ceci est un principe très important : discerner Dieu et Sa bonté au milieu du sentiment de péché dans lequel nous vivons. Il est vrai qu’un Juif fidèle qui ne connaît pas la réjection de Jésus comme nous, qui ne connaissait pas la croix, ne pouvait connaître le péché comme nous ; cependant il le connaissait en partie ; et la foi qui attendait une délivrance finale, non encore accomplie, introduisait Dieu sur la scène que la foi devait traverser. Dieu qui, au milieu du mal, n’a rien laissé échapper de Sa main, a souverainement ordonné toutes choses au milieu de ce mal, quoique le mal ne vienne pas de Lui, et dans le jugement s’est souvenu de la miséricorde. Et lorsque les liens de la corruption se déployèrent, Lui, qui avait fait toute chose excellente, a tenu les rênes et a conduit sagement toute chose malgré ce qui reste des témoins du mal, malgré les douleurs et la mort. Nous sommes sous leur servitude jusqu’à ce que nous soyons divinement délivrés, mais Dieu n’a jamais été sous cette servitude, Il ne le sera jamais — Il voulait que nous sussions que toutes choses soupirent — mais que, lorsqu’Il régnera, viendra la délivrance — et que le Créateur qui fit toute chose bonne, ordonne et conduit tout maintenant. Sa miséricorde est sur toutes Ses œuvres. Maintenant, la foi regarde à travers le mal qu’elle sent partout ; elle ne désire pas y être insensible, mais elle se tourne vers Celui qui est au-dessus du mal et qui peut intervenir en bonté ; même dans le présent état, elle peut discerner l’action qu’Il y prend et reconnaître cette action comme étant supérieure au mal. Il ne s’agit pas ici de la jouissance naturelle de la création, qui peut être une complète déception sur soi-même et un aveuglement quant au mal, mais c’est la foi arrivant à la bonté au-dessus du péché ; elle introduit cette bonté dans sa jouissance de la création, parce que dans la création elle voit Dieu. Je le répète, Israël ne pouvait pas connaître le péché comme nous ; mais alors, d’un autre côté, il ne pouvait pas connaître la rédemption et la réconciliation comme nous, qui pouvons, par là, introduire Dieu plus complètement. Ceci est le caractère général des psaumes 103 et 105. Ils contemplent la pleine délivrance d’Israël, mais par la foi ; ils regardent la création, non dans sa perfection abstraite, mais Dieu en elle, et, de plus, l’histoire d’Israël comme une série de chutes, mais la miséricorde et la bonté de Dieu s’élevant au-dessus de tout.

Psaume 103. Ainsi, le psaume 103 reconnaît le pardon et la guérison, s’attend par la foi à la délivrance, à la grâce en réserve pour Israël ; il connaît Dieu par rapport à cela ; il voit Sa patience et Sa bonté dans l’intervalle et celles-ci appliquées à Son gouvernement. Il est lent à la colère et abondant en grâce. Quant au péché nous connaissons la parfaite base sur laquelle tout est fondé, mais ici le résultat en est célébré dans le gouvernement d’Israël, et Dieu est connu pour tous les temps selon cette connaissance que l’on a de Lui. Ce n’est donc point une connaissance vague et trompeuse, mais c’est le mal compris et Dieu connu en amour. Ceci devrait caractériser nos voies et nos pensées. Cela ne veut pas dire que nous n’ayons rien à faire avec le mal, car si nous allons au-dessous de la surface, nous le retrouvons partout : mais je devrais avoir été à Dieu de telle manière que je Le ramène avec moi, ainsi que je L’ai trouvé, toujours au-dessus de tout mal. Mes pieds devraient être chaussés de la préparation de l’évangile de paix.

Le psaume 104 prend la création de la même manière. Le dernier verset montre le jugement qui purifie le monde du péché, et Sa puissance souveraine est reconnue. Mais l’Esprit est capable d’introduire la bonté au milieu de tout ce qu’il voit. Toutefois ce psaume ne va pas au-delà d’une création en chute.

Le psaume 105 récapitule les voies spéciales envers Israël dans les temps passés. La délivrance présente par le moyen du jugement se trouve aussi ici, mais elle est considérée comme fidélité à Sa promesse et à Sa grâce. Ici, c’est la manifestation présente de la bonté qui réveille le souvenir de toutes les voies de Dieu. Il a toujours été le même.

Le psaume 106 considère l’autre côté du tableau et montre les voies de l’homme — c’est-à-dire après toutes les interventions de Dieu en bonté : l’homme, après la première joie de la délivrance, retourne à son propre chemin d’infidélité. Cependant, l’oreille de Dieu reste toujours ouverte, Il se souvient de Sa promesse, se repent selon la multitude de Ses gratuités, de manière à produire finalement la louange et les actions de grâces pour Son nom. Le psaume précédent a montré ce que Dieu est dans Ses propres voies, celui-ci Le montre comme étant finalement au-dessus du mal en accomplissant Sa miséricorde et Ses promesses lorsque l’homme s’est montré tel qu’il est. Dieu bon en Lui-même, Dieu bon au milieu du mal, non comme permettant le mal, mais se faisant connaître par Ses propres voies de miséricorde. Et, étant ainsi connu par le cœur, notre cœur traverse les circonstances présentes selon cette connaissance qu’il a de Lui. Mais pour faire cela avec conséquence et constamment, il faut que le cœur non seulement connaisse Dieu, mais qu’il vive avec Lui. Ceci termine le quatrième livre des Psaumes.


[13]



  1. Le mot justice correspond aux deux mots anglais justice et righteousness ; il s’agit ici du second qui signifie le contraire de l’iniquité ou du péché, comme dans Hébreux 5, 13 ; 1 Jean 3, 7.
  2. Grâce qui était en Sa personne.
  3. Angl. Il y a foi en Lui, dans cette relation.
  4. Grâce à laquelle la justice divine est sauvegardée.
  5. Version anglaise.
  6. C’est-à-dire dans le sentier de Dieu.
  7. Anglais : la conscience.
  8. De la part de Dieu.
  9. Délivrance actuelle.
  10. Sur la scène représentée d’avance par ce psaume.
  11. Elle a perdu Dieu en perdant son bonheur extérieur.
  12. Notez combien ceci met de côté la justice légale qui regarde de la terre vers le ciel.
  13. Une suite était prévue mais l’interruption de la parution de l’Écho du témoignage n’a pas permis qu’elle y soit publiée.