Livre:Études sur la Parole — Lamentations de Jérémie
destinées à aider le chrétien dans la lecture du saint LivreJ.N. Darby
Les Lamentations de Jérémie, touchante expression de l’intérêt que Dieu prend à l’affliction de Son peuple rendue nécessaire par son péché, n’exigeront pas beaucoup de remarques pour faire comprendre la portée du livre. Quelques réflexions sont cependant nécessaires pour en montrer le vrai caractère et le rapport avec ce qui nous est révélé ailleurs des voies de Dieu. Ce qui est en premier lieu intéressant à remarquer, et à quoi j’ai déjà fait allusion, c’est que l’affliction de Son peuple n’échappe pas aux yeux de Dieu. Dans toute son angoisse, Il est en angoisse, Son Esprit en prend connaissance, et, agissant dans le cœur de ceux de la bouche desquels Il se sert, Il donne cours aux sentiments de douleur qu’Il y produit. Ainsi Christ a pleuré sur la dureté de Jérusalem, et a invité ses habitants à pleurer comme Lui. De même ici, Son Esprit, non seulement reprend et révèle les choses à venir, Il vient en outre pour donner une forme à la douleur de ceux qui aiment ce que Dieu aime, et en fournit Lui-même l’expression. Rien de plus touchant que le sentiment produit dans le cœur par la conviction que celui qui est affligé est l’objet de l’affection de Dieu, que Dieu aime ce qu’Il a dû frapper, et qu’Il a dû frapper ce qu’Il aime. Le prophète, en exposant l’affliction de Jérusalem, reconnaît qu’elle a pour cause le péché du peuple. Est-ce que la peine de son cœur en est diminuée ? Si, d’un côté, il en est soulagé, de l’autre, il en est humilié, et il éprouve le besoin de cacher sa face. L’orgueil de l’ennemi et sa joie à la vue de l’affliction de la bien-aimée de Dieu, donne occasion de réclamer la compassion en faveur de l’affligée, et le jugement sur la malice de ses ennemis. À la fin du chapitre 1, après avoir pleinement confessé que c’était le péché de Juda qui avait fait venir le mal sur lui, et que l’Éternel était juste, le peuple en appelle à l’Éternel pour qu’Il considère son affliction et juge ceux par la méchanceté desquels il était puni.
Le chapitre 2 est un appel solennel et très touchant. — La désolation de Jérusalem est envisagée comme étant l’œuvre de l’Éternel Lui-même à l’égard de ce qui était sien, et non comme celle de l’ennemi. Jamais il n’y avait eu d’affliction pareille. Non seulement l’Éternel avait profané le royaume et ses princes, et avait été comme un ennemi à Jérusalem et à tout ce qu’il y avait de bon en elle, mais Il avait rejeté Son autel, et répudié Son sanctuaire. Il ne respectait plus ce qu’Il avait Lui-même établi. Seulement, il faut nous souvenir qu’il s’agit du temps de l’ancienne alliance, alors que les relations de l’Éternel avec Son peuple (quelque longue qu’ait été la patience de Dieu) dépendaient de la fidélité du peuple à l’obéissance à l’Éternel. Mais cette considération porte à en appeler à Dieu Lui-même. Toutefois, c’est une chose solennelle lorsque l’Éternel est forcé de rejeter ce qu’Il reconnaît comme étant sien. Cela a lieu, si l’emploi de Son nom n’est qu’un moyen de fausser le témoignage de ce qu’Il est (v. 6, 7). Et ceci fait ressortir un principe de toute importance, contenu dans le ministère de Jérémie, savoir, non seulement la substitution de Babylone et d’un empire gentil en lieu et place de Jérusalem et du gouvernement de Dieu en Israël, mais la mise de côté de ce dernier, qui, en lui-même, constituait le fondement des relations de Dieu avec l’homme, là où elles existaient, mais comme ce qui ne pouvait pas subsister si Dieu le mettait à l’épreuve.
Au chapitre 3, nous trouvons l’expression des sentiments de la foi, de la foi affligée, de l’Esprit de Christ dans le résidu, à l’occasion du jugement de Jérusalem où Dieu avait habité. Auparavant le prophète (soit l’Esprit de Christ en lui) parlait au nom de Jérusalem, déplorant son malheur et reconnaissant son péché, en appelant à l’Éternel contre ses ennemis, racontant ce que l’Éternel avait fait en rejetant Son sanctuaire, et, depuis le chapitre 2, 11, exprimant sa profonde affliction à la vue du mal. Mais, au chapitre 3, il se place lui-même au milieu du mal pour exprimer les pensées de l’Esprit de Christ, non, il est vrai, d’une manière absolue selon la perfection de Christ Lui-même, mais comme agissant dans le cœur du prophète, ainsi que cela a lieu dans Jérémie en général, exprimant sa détresse personnelle, détresse produite par l’Esprit, mais se revêtant des sentiments qu’éprouvait le cœur du prophète, pour faire ressortir ce qui se passait pratiquement dans celui d’un fidèle en Israël, la réalité de ce qu’il y avait de plus élevé dans ce jour d’angoisse et d’affliction, où hélas ! il n’y avait pas plus d’espoir du côté du peuple que de celui des ennemis qui l’attaquaient, et où le cœur du fidèle souffrait sans espoir de remède, bien plutôt encore à cause d’un peuple qui n’écoutait pas la voix de l’Éternel, qu’à cause des ennemis suscités en jugement. Qu’est-ce que Christ n’a pas souffert ? Tout ce que Son Esprit produit à travers la faiblesse de l’homme, Lui-même l’a subi et senti dans toute son étendue. Seulement Il a été parfait dans tout ce que Son cœur a éprouvé dans Son affliction.
Au chapitre 3 donc, le prophète, par l’Esprit de Christ, exprime dans sa propre personne tout ce qu’il éprouvait, comme ayant part à l’affliction d’Israël, et en même temps comme étant en butte à son inimitié, position remarquablement analogue à celle de Christ. Quelle souffrance peut être semblable à la souffrance de celui qui partage celle du peuple de Dieu, sans pouvoir détourner le mal, parce que le peuple refuse d’écouter le message que Dieu lui envoie ? de celui qui porte cette affliction dans son cœur avec le sentiment que si ce peuple insensé avait seulement voulu écouter, la colère de Dieu aurait été détournée ? C’était la lamentation de Christ Lui-même : « Oh ! si tu avais connu !… ». Pour le fond, Jérémie partage les mêmes sentiments ; mais il apparaît surtout comme étant du peuple et participant de sa personne aux conséquences du mal, se voyant sous ces conséquences avec le peuple, parce que son témoignage avait été rejeté. Ceci peut être dit du Seigneur vers la fin de Sa vie ou sur la croix. Mais on voit que, chez le prophète, ce sentiment, comme cela a lieu quelque peu dans le cas de Job, revêt la forme de la prière personnelle qui se plaint de sa propre souffrance. Jérémie souffrait pour le témoignage, et du rejet du témoignage. Les dix-neuf premiers versets du chapitre 3 renferment l’expression de cet état. C’est tout à fait l’esprit du résidu, et sauf le sentiment dont je viens de parler, c’est ce qui est exprimé dans bien des psaumes. Dans tout cela, si nous allons jusqu’à la croix, Christ est entré[1].
Le prophète s’exprime comme ayant porté lui-même dans son cœur la peine profonde de ce que l’Éternel a fait subir à Jérusalem. Mais il le sent comme quelqu’un qui connaît Dieu pour son Dieu, en sorte qu’il peut sentir ce que c’est que d’être l’objet de Sa colère ; il souffre avec Jérusalem, et il souffre pour Jérusalem. Mais la vérité de cette relation avec l’Éternel, en même temps qu’elle rendait l’affliction de Jérémie plus profonde, le relevait aussi (v. 22). Il commence à reconnaître que c’est mieux après tout d’avoir à faire à l’Éternel, bien que d’un autre côté il en fût plus douloureusement affecté. Il éprouve qu’il est bon d’être affligé et de se tenir devant Celui qui frappe, car l’Éternel ne rejette pas pour toujours ; Il n’afflige pas de gaieté de cœur, mais par nécessité. Pourquoi se plaindre du châtiment de ses péchés ? Mieux vaut se tourner vers l’Éternel Lui-même[2]. Il encourage, en effet, Israël à se convertir, et, en se rappelant l’affliction de son peuple en pleurs, sa foi est en exercice jusqu’à ce que l’Éternel intervienne. Il est bon qu’une telle affliction soit ressentie ; il n’y a de mal que lorsqu’elle affaiblit la confiance en l’Éternel Lui-même.
Le prophète a présente à la pensée l’affliction de Jérusalem, et, se souvenant de la manière dont il a été secouru lui-même, il compte assez sur la bonté qu’il a éprouvée pour se confirmer dans l’assurance que Dieu usera de cette même bonté à l’égard du peuple ; mais à l’égard des orgueilleux insolents qui repoussent la vérité, et dont l’inimitié contre Dieu se révèle dans celle qu’ils montrent à ceux qui leur portent Sa Parole, il demande que Dieu fasse tomber sur eux Son jugement[3]. Ainsi soulagé, et trouvant, dans le sentiment que le mal venait de l’Éternel, avec une affliction plus profonde, une assurance pour son cœur, il peut revenir sur son affliction elle-même, en mesurer toute l’étendue que le tourment de son cœur l’avait empêché de saisir jusqu’à ce qu’il fût arrivé à sa vraie source. Maintenant, il est en état de s’arrêter sur les détails, non sans souffrir beaucoup, mais avec plus de calme, parce que son cœur est avec Dieu. Le sentiment de trouble et d’affliction qu’on ressent à la pensée du jugement de Dieu qui vient sur ce qu’Il aime, n’est pas du péché, quoique, dans le cas de Jérémie, le cœur lui défaillît quelquefois.
Il convient qu’on soit troublé et comme bouleversé de la rupture, non peut-être de la relation, mais des rapports que Dieu a soutenus avec ce qui était l’objet de Sa faveur, avec ce qui porte Son nom et Son témoignage. Christ l’a senti pour Lui-même, bien qu’en Lui la détresse allât beaucoup plus loin. « Maintenant, mon âme est troublée, et que dirai-je ? Père, délivre-moi de cette heure ». Seulement, dans le Christ, tout est parfait ; et s’Il ressent parfaitement une profonde affliction en voyant que l’objet de l’affection de Dieu devient l’objet de Son jugement, sentiment de la douleur duquel rien n’approche, comme Il le voit, selon la perfection des voies de Dieu, Il peut dire : « C’est pour cela que je suis venu à cette heure. Père, glorifie ton nom ». Il était Lui-même l’objet nécessaire de toute l’affection de Dieu, et par conséquent, si le jugement s’exécutait pour glorifier Dieu, Il était l’objet d’un jugement parfait, c’est-à-dire d’un abandon complet de la part de Dieu. Ce qu’il y a d’affreux dans la pensée de ce changement de rapport entre Christ et Dieu, c’est qu’il était absolu et parfait dans Son cas, selon la perfection du rapport existant entre eux : Il a souffert l’abandon de Dieu, au lieu de jouir de la faveur infinie qu’Il connaissait.
Il y a quelque chose de semblable dans le cas de Jérusalem : Jérémie sentait, par l’Esprit de Christ, ce qu’il y avait de précieux dans la relation de la ville avec Celui qui avait fait reposer Son nom sur elle ; il y entrait comme en faisant partie ; il souffre avec ce qui est ainsi jugé de Dieu ; seulement, tout en étant mû par l’Esprit de Christ, il doit trouver l’équilibre de ses pensées, il doit chercher l’Éternel pour L’introduire dans l’affliction de Son peuple, à travers toute sa peine personnelle et les mouvements vrais mais humains, d’un cœur ébranlé et accablé par ce qui avait lieu. Il s’attache à Jérusalem en s’appuyant sur la position qu’elle avait devant Dieu ; mais il ne s’y attache pas uniquement et absolument pour Dieu, et comme Dieu Lui-même, ainsi que le faisait le précieux Sauveur. Il y avait un objet entre son âme et Dieu, objet aimé de Dieu aussi, mais que Jérémie n’aimait pas absolument en Dieu et de l’affection de Dieu. C’est pourquoi l’affliction devait atteindre cet objet, lui étant dans Jérusalem et de Jérusalem — atteindre son cœur dans ce lieu même, pour que Dieu pût l’attirer à Lui et le rendre capable de tout envisager au point de vue de l’Éternel. Mais Christ Lui-même était là absolument, pour la gloire de Dieu et le salut des autres. Il devait être devant Dieu la chose jugée, dont, même comme homme, Il était infiniment loin. Toujours parfait, Il apprit dans toute l’étendue absolue de la chose, ce que c’était que d’être ainsi devant Dieu, et là glorifia Dieu parfaitement ; mais cela, nul ne peut le sonder, quand même nous le savons vrai. Il y avait en Jérémie le fond des sentiments de Dieu, et il trouve l’Éternel d’abord à travers l’affliction, mais bientôt dans l’affliction même, et il se remet aussitôt, non de l’affliction, mais dans l’affliction, par la puissance de Dieu. Christ peut dire : « Que de fois j’ai voulu rassembler tes enfants ! ». C’était l’affection de Dieu. Jérémie reconnaît le péché et doit le reconnaître, comme étant lui-même dans le lieu, bien qu’y étant un témoignage de Dieu. Mais cette pensée change pour autant le caractère du sentiment (voyez chap. 2, 19, 20).
Christ ne cherchait rien comme ressource, comme s’Il pouvait trouver quelque chose dans l’état du peuple qui fût capable de Le consoler et de relever Son cœur : Son affliction était pure et absolument propre à Lui, plus profonde (car qui pouvait la partager ?), mais parfaite, étant ressentie de Lui seul ; de même, dans Jean 12, lorsque c’est sur Lui-même (car cet évangile laisse de côté le vieux cep comme rejeté) que la peine doit venir, Jésus ne peut désirer que l’heure de la tentation arrive : Il doit craindre, être troublé ; c’est pourquoi Il a été exaucé. Mais cela se passe entre Dieu et Lui seul ; aucune autre pensée n’intervient et ne s’interpose pour que Dieu ne soit pas absolument là présent. Hélas ! si cela eût été possible, tout était perdu. Non, c’est la soumission absolue de l’homme parfait qui cherche et cherche uniquement que le nom de Dieu soit glorifié selon la perfection de Dieu Lui-même, qu’il le soit à ses dépens, agissant maintenant, non comme Dieu, qui doit nécessairement en maintenir la gloire, mais se soumettant à tout, se sacrifiant, afin que Dieu glorifie Son nom. C’est pourquoi Il a été souverainement glorifié comme homme — glorieux mystère où la gloire de Dieu resplendira aux siècles des siècles.
Maintenant, Jérémie ayant trouvé l’Éternel dans l’affliction, pèse tranquillement toute la portée de celle-ci. Mais cela même est un soulagement ; car après tout, l’Éternel, qui ne change pas, reste le même pour le cœur : c’est le sujet du chapitre 4. Le prophète repasse tout dans son esprit et met en regard ce qu’était Jérusalem sous la bénédiction, et ce qu’elle est sous Sa colère. Il ne s’agit plus seulement pour lui des circonstances accablantes du présent, mais aussi de ce que les choses sont devant Dieu. Il se rappelle les nazaréens, ce que Jérusalem avait été même aux yeux de ses adversaires, comme cité du grand Roi ; l’Oint de l’Éternel, sous l’ombre duquel le peuple aurait pu vivre (ainsi que nous l’avons déjà vu), quoique les Gentils eussent l’empire, avait été pris dans les fosses comme la proie du chasseur. Mais l’esprit affligé du serviteur de Dieu qui porte le fardeau de son peuple, apprécie maintenant, non seulement le malheur qui l’accable, mais la position des ennemis de Jérusalem et celle de la cité bien-aimée. En effet, celui qui aurait couru çà et là par les rues de Jérusalem pour trouver un juste, voit maintenant que les ennemis ont versé le sang des justes au milieu d’elle (v. 13, et chap. 5, 1). La coupe de la colère de l’Éternel sera présentée à Édom, qui se réjouit de la ruine de la ville de l’Éternel ; et, pour Sion, sans doute, elle a dû boire cette coupe jusqu’à la lie ; mais si elle a dû la boire, c’est qu’elle ne la boira plus. La punition de son iniquité est accomplie, elle ne sera plus emmenée captive. Tout est fini pour elle ; elle a bu la coupe qu’elle reconnaît avoir méritée (voyez chap. 4, 11 ; 1, 18, 20). Mais le péché de l’orgueilleux Édom sera mis à nu ; Dieu visitera son iniquité.
Maintenant le prophète peut présenter à Dieu toute l’affliction du peuple comme objet de compassion et de miséricorde ; c’est un pas de plus dans le chemin de ses profonds exercices de cœur. Il est en paix avec Dieu ; il est devant Lui ; ce n’est plus un cœur qui se débat avec le malheur qu’il porte dans son sein. Tout est reconnu devant l’Éternel, qui est fidèle à Son peuple, de sorte que le cœur peut attirer l’attention de Dieu sur l’affliction de Son peuple, pour que, selon la grandeur de Ses compassions, Il se souvienne de ses souffrances ; car l’Éternel ne change pas (chap. 5, 19, 20, 21). Le sentiment de l’affliction reste entier, mais Dieu est introduit ; et comme tout a été rappelé et jugé devant Lui, comme tout ce qui est survenu dans le cœur a été démêlé, l’âme reste dans les relations propres et éternelles qui existent entre Dieu et Son peuple bien-aimé ; elle se renferme dans ses relations secrètes avec son Dieu, et se prévaut de Sa bonté comme étant dans ces relations, pour trouver dans l’affliction de Son peuple bien-aimé, l’occasion d’attirer sur lui Son regard. C’est la vraie position de la foi, celle qu’elle atteint comme résultat de ses exercices devant Dieu à la vue de l’affliction de Son peuple, affliction d’autant plus profonde qu’elle est causée par le péché.
Ce livre des Lamentations est remarquable, parce qu’on y voit l’expression des pensées de l’Esprit de Dieu, c’est-à-dire, celles qui sont produites en ceux qui sont sous Son influence, les vases de Son témoignage lorsque Dieu a dû mettre de côté ce qu’Il avait établi comme sien dans le monde. Il n’y a rien de pareil dans le cercle des révélations et des affections de Dieu. Comment pourrait-Il traiter l’objet de Ses affections, dit-Il Lui-même, comme Adma et Tseboïm ! Christ a passé pleinement par cet abandon ; Il y a passé dans Sa propre perfection avec Dieu ; Il a agi ainsi à l’égard de Jérusalem, et l’a pleurée. Mais ici se trouve l’homme qui a perdu l’espoir de l’intervention de Dieu en faveur de Son peuple : Dieu ne devrait pas l’épargner ! — Comment cette pensée pourrait-elle être supportée par l’homme qui était de ce peuple, qui l’aimait, qui comprenait que Dieu l’aimait aussi et que le peuple était l’objet de Son affection ? Il en était ; — comment supporter la pensée que Dieu l’avait rejeté ? Sans doute, Dieu le rétablira. Mais là où Dieu l’avait placé, tout espoir était perdu pour toujours. Auprès du Seigneur Lui-même, il ne se perd jamais. C’est en vue de cela qu’il y a tout cet exercice du cœur, afin que le cœur entre pleinement dans la pensée et dans les affections de Dieu Lui-même. Du reste, c’est ce qui est toujours vrai.
C’est le tableau de ces exercices qui nous est donné ici par l’Esprit. Quelle bonté ! Voir l’Esprit de Dieu entrer dans tous ces détails, non seulement des voies de Dieu, mais aussi de ce qui se passe dans un cœur où le jugement de Dieu est senti par la grâce, jusqu’à ce que tout soit mis en ordre dans la présence de Dieu même. L’inspiration ne nous donne pas seulement les pensées parfaites de Dieu, et Christ la perfection de l’homme selon Dieu, mais aussi tous les exercices produits dans nos pauvres cœurs, lorsque l’Esprit parfait y agit, en tant que ces pensées, toutes mélangées qu’elles soient, se rapportent au fond à Dieu, ou sont produites par Lui, tant Il s’intéresse à nous. Il ne méprise pas nos soupirs, quoiqu’il s’y mêle bien de l’imperfection et ce qui est de notre propre cœur. C’est ce que nous voyons ici, dans le livre des Lamentations, dans les Psaumes, en d’autres endroits, et abondamment dans le Nouveau Testament, quoique d’une autre manière.
- ↑ J’ajoute : « si nous allons jusqu’à la croix », parce que, bien que Christ éprouvât déjà beaucoup de ces douleurs lorsqu’Il approchait de la croix, il y a telle expression qui ne peut s’appliquer à Christ que lorsqu’Il souffrait sur la croix même. L’application exacte et directe appartient au résidu, comme c’est le cas dans les Psaumes, et ici, à Jérémie en particulier.
- ↑ Nous trouvons ici un principe d’un profond et très instructif intérêt. Je le poursuivrai un peu plus en détail. Les principes se trouvent dans le texte. L’Éternel frappant Son propre autel, ainsi que toutes les choses saintes qu’Il avait Lui-même établies au milieu de Son peuple, pour les désigner comme Lui appartenant en propre et comme étant le lien extérieur entre Lui, leur Dieu, et eux, la destruction de ces choses mettait fin à ces relations, rompant ainsi ce lien formel, pour autant que les ordonnances de Dieu s’y rapportaient. Uni à ce peuple, et vivant dans ce lien, le cœur fidèle de Jérémie avait été plongé ainsi dans la plus profonde détresse ; mais son cœur brisé, car les ordonnances étaient de Dieu, l’amenait aussi, une fois qu’il était arrivé jusqu’au fond de l’affliction, à l’Éternel, de qui procédaient les ordonnances. L’Éternel connu de son cœur, remplace alors les ordonnances qui rattachaient le peuple à l’Éternel, et son cœur se répand, avec confiance, dans le sein de Celui qui était dans tous ces liens, et par delà. Il sent et il parle du lieu même de l’affliction, mais son âme est humiliée au-dedans de lui, quand il est ainsi personnellement en rapport avec l’Éternel, et il a espérance. Il y a là une ancre de foi, sûre et ferme, quand Dieu notre Père est véritablement connu (voyez v. 22-26). Le prophète est humilié et brisé, mais l’Éternel est présent à son âme et connu de lui, lors même qu’Il se fasse attendre (v. 27-30) ; mais l’Éternel est devant lui, l’Éternel qui n’afflige pas volontiers ; et avec l’esprit plus calme, il se tourne maintenant pour scruter ses propres voies (v. 39-42). En même temps, il envisage l’affliction tout entière (v. 42-49). Maintenant, l’Éternel est dans son cœur, ainsi que le « jusqu’à ce que » (v. 50) de la foi, dont l’assurance découle de la nature même de Dieu. Le prophète lui-même, dans ses circonstances personnelles, réduit à l’extrémité, avait invoqué l’Éternel, qui s’était approché de lui et qui avait pris en main la cause de son âme ; et il attend que l’Éternel fasse tomber Son jugement sur ses ennemis impitoyables et injustes. Sans doute, la demande du jugement est caractéristique des relations de l’Éternel avec Israël, mais ce jugement tombera sur tous les ennemis déclarés du Seigneur.
- ↑ Dans tout ceci, l’esprit de ces passages s’accorde merveilleusement avec l’esprit des Psaumes, chose qui, en effet, est très naturelle. Dans ce que nous avons dit sur les Psaumes, nous avons déjà considéré ce que Christ a éprouvé dans ces circonstances : Il a traversé, en grâce et dans la perfection, tous les exercices qui s’y rattachent ; — Jérémie et le résidu les ont traversées afin qu’ils fussent rendus parfaits dans leur état et leurs sentiments, relativement à ces exercices. Voyez ce qui suit dans le texte.