Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 28

De mipe
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Powerscourt, octobre 1828
Ma chère amie,

L’Époux de l’Église n’avait pas un lieu où Il pût reposer Sa tête ; mais l’Épouse cherche toujours une place agréable ici-bas. Seigneur ! enseigne-moi, car je ne suis que folie. Quant à la question de soutenir tel négoce, telle industrie, laissons les morts prendre soin des morts ; notre affaire dans cette vie n’est pas de faire marcher le monde, mais de manifester la glorieuse espérance du chrétien. Chaque livre traite le sujet qui lui est propre, sans pour cela mériter le reproche de ne pas donner des instructions sur tous. Nous sommes des épîtres vivantes, faisant partie de la bibliothèque de Dieu, et appelées à enseigner un sujet particulier. Nous n’avons rien à faire avec le monde ; nous ne pouvons vivre trop différemment de lui. Que Dieu est bon d’éprouver notre foi ! Nous parlons facilement des promesses, mais savoir en faire usage c’est tout autre chose. Qu’il nous est difficile de prendre le Seigneur au mot, sans aucune preuve extérieure ; et combien Il est miséricordieux de nous introduire dans les secrets de Son amour, en ne nous laissant pas voguer tout doucement le long du cours du temps, mais en nous envoyant de temps en temps de grandes et rudes vagues qui nous lancent sur les promesses ! Il adoucit nos amertumes ; Il rend amer ce qui nous est doux. Ce qu’il y a de plus relevé pour le chrétien, c’est d’aller en avant appuyé sur les promesses. Plus nous sommes obligés d’en éprouver la valeur, plus nous sommes privilégiés, parce que nos idées des choses ne sont plus selon le monde. C’est en vérité une grande chose que de se confier en Dieu, quelles que soient nos circonstances, de regarder nos afflictions comme nos véritables joies, et nos souffrances comme notre vrai bonheur. Il nous prive des objets terrestres de nos affections, afin que nos cœurs s’élevant jusqu’à l’objet qu’ils doivent aimer, s’attachent fortement à Lui qui est l’archétype et la source de tout bien. Tout autre amour n’est que le ruisseau comparé à l’océan ; l’un est limité par les bornes étroites du cœur humain ; l’autre est immense comme la pensée infinie de Jéhovah. Profitons de nos privilèges, chère amie, et nourrissons nos âmes des promesses de Celui qui sait ce qu’Il dit.

Croyez-moi votre très affectionnée

T.A. Powerscourt