Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 27

De mipe
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Paris, le 26 avril 1830

… Depuis que j’ai appris votre maladie, et comment le Seigneur vous en a délivrée, j’ai eu l’intention de vous écrire pour rendre grâces avec vous, ma chère sœur, et pour vous demander quelques détails sur les bénédictions dont vous avez été l’objet dans le moment du besoin. N’est-il pas vrai que le langage de la brebis de Christ devrait toujours être : « Je n’aurai point de disette ». — Point de disette, parce que l’Éternel est notre berger, Celui qui nous suffit ! Rien ne peut se mêler avec Lui ; rien ne peut ajouter à Sa plénitude, rien ne peut la diminuer. Les brebis seules connaissent tout ce que renferment ces paroles : « Je n’aurai point de disette ». Et le reste du psaume ne nous présente que repos, rafraîchissement, miséricorde, direction, paix dans la mort, triomphe, bénédictions débordantes, confiance pour l’avenir, sécurité dans la vie et dans la mort, pour le spirituel et pour le temporel, dans la prospérité et dans l’adversité, pour le temps et pour l’éternité. Ne pouvons-nous donc pas dire avec hardiesse : « L’Éternel est mon berger » ! Comment pourrions-nous nous trouver dans la disette étant unies à Lui ! Nous avons droit à toutes Ses richesses. Nos biens sont Ses richesses et Sa gloire. Avec Lui nous ne pouvons manquer de rien ; la vie éternelle est à nous, avec cette promesse : « toutes choses seront données par-dessus ». Il sait tout ce dont nous avons besoin. C’est par Sa propre expérience que notre berger a appris à connaître les besoins de Ses brebis, car Il a été Lui-même « conduit comme une brebis à la boucherie ». Et si nous faisons attention que Celui qui a été conduit comme une brebis à la boucherie, nous dit : « Je connais mes brebis », nous apprenons par quel chemin douloureux Il a été amené à cette connaissance, et comment Il s’est assujetti aux besoins de chaque brebis, de chaque agneau même de Son troupeau, afin de pouvoir sympathiser à toutes leurs infirmités. Les brebis timides ne doivent craindre ni la disette, ni l’affliction, ni la souffrance. « Ne craignez point ! ». Selon vos besoins sera le secours. « L’Éternel est ma portion, dit mon âme, c’est pourquoi j’aurai espérance en lui ». Au milieu du danger nous n’aurons aucun sujet de nous alarmer, car nous avons été prises par la toute-puissance de l’amour, et il est écrit : « Elles ne périront jamais ». « Votre Père a bien voulu vous donner le royaume ». Tout ce qu’on peut attendre d’un berger, nous le trouverons en Celui qui nous a tant aimées qu’Il a donné Sa vie pour nous. Chère sœur, manquez-vous de quelque chose ? Présentez-Lui votre besoin ; Il le placera sur le propitiatoire afin de le considérer, et dans le temps convenable il y sera pourvu. Désirez-vous quelque chose pour une personne qui vous est chère ? Il a promis que vous ne manqueriez de rien, et si vous ne recevez pas exactement ce que vous avez demandé, vous aurez quelque chose de meilleur. Sa plénitude est à notre disposition, comme si elle était entre nos propres mains, et, s’Il la garde en Lui-même, c’est afin que chaque bénédiction soit doublée. Moïse disait aux enfants d’Israël : « L’Éternel ton Dieu a connu le chemin que tu as tenu dans ce grand désert, et l’Éternel ton Dieu a été avec toi pendant ces quarante ans, et rien ne t’a manqué ». Nos besoins sont sans bornes ; notre secours est infini ; et Dieu seul peut dire tout ce que Dieu peut faire. Nous, les brebis de Sa pâture, rendons-Lui grâces et racontons Sa louange, en nous confiant pleinement en Lui. Il n’y a point de disette pour Son troupeau. « Les lionceaux ont disette, ils ont faim », mais la faible brebis du bon berger ne manquera d’aucune bonne chose. Il est notre bouclier contre chaque ennemi ; Il est notre guide dans chaque danger ; Il ne peut rien nous refuser ; Il donne la grâce et la gloire. Mais ce serait à vous à me dire toutes ces vérités, car vous les sortez maintenant de la fournaise. Quelle grâce, quand, nous prenant comme un morceau d’argile entre Ses mains, Il fait de nous un vase propre à l’usage du Maître, surtout si c’est un vase de consolation pour Ses saints ! Nous aimons le service, mais nous redoutons ce qui est propre à nous y former, car nous ne pouvons consoler les autres qu’au moyen de la consolation par laquelle nous sommes nous-mêmes consolées. Oh ! quelle bénédiction que nous ne soyons pas laissées à nous-mêmes, et que, lorsque nous tirons le fil de l’écheveau de notre vie au milieu des nœuds les plus embrouillés, la miséricorde vienne s’asseoir et démêler avec patience. Chaque circonstance contribue à faire tomber la bonne opinion que nous avons de nous-mêmes, et nous apprenons ainsi à laisser notre justice derrière nous, et à aller à Jésus avec nos péchés, au lieu de laisser nos péchés derrière nous, pour aller à Lui avec notre justice. Il est fort heureux pour nous que nous ne paraissions pas aux autres tels que nous sommes réellement, avec notre orgueil, notre égoïsme, et notre recherche de nous-mêmes. Nous aimerions que chacun pût nous trouver aimables.