Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 34
… Mes amis doivent me croire morte et enterrée ; cependant vous voyez que je vis encore. Je désire ardemment recevoir de vos nouvelles. Un mauvais esprit se manifeste en plusieurs lieux ; et, comme on le voit dans les écrits de ceux qui soutiennent nos glorieuses espérances, il me paraît tendre à renverser la vérité plus que les écrits eux-mêmes ne peuvent contribuer à l’établir.
L’ancienne alliance n’est-elle pas complètement abolie ? Veuillez me dire si mes idées sur ce sujet sont justes. Il me semble que cette alliance n’est autre chose que les plans de Dieu arrêtés dans l’éternité, développés par les promesses et confirmés par les sacrifices. Le grand dessein de Dieu, dès les siècles, fut de donner un héritage à Abraham et à sa semence, et de bénir toutes les familles de la terre en ce père des croyants. À cet effet, une promesse fut faite en Éden ; elle fut renouvelée à Abraham, et plus tard à David. Tout le système des cérémonies judaïques, appelé l’ancienne alliance, consistait dans les mêmes promesses, transmises par des types, et non par des paroles ; et la confirmation de ces promesses fut le sacrifice de Christ, dont le four fumant et le brandon de feu étaient des types aussi bien que les sacrifices lévitiques. La cène du Seigneur confirme aussi les mêmes promesses ; non seulement elle nous montre dans le sacrifice de Christ toute l’assurance que nous pouvons avoir en Dieu, mais, en nous rappelant, chaque fois que nous y participons, ces paroles : « jusqu’à ce qu’il vienne », elle porte aussi nos pensées en avant jusqu’au temps où Il sera vu une seconde fois sans péché par ceux qui L’attendent pour le salut. C’est alors qu’aura lieu l’entier accomplissement de Son éternelle et cependant toujours nouvelle alliance. « Je mettrai mes lois dans leur entendement, et je les écrirai sur leur cœur » (Héb. 8, 10). « Je répandrai sur vous des eaux nettes » (Éz. 36, 25). Je ne vois aucune différence entre une alliance et un testament ; dans l’un et l’autre, nous trouvons la promesse certaine d’un don gratuit, quelle que soit l’époque de son plein accomplissement.
Je voulais vous écrire beaucoup plus longuement, mais je n’en ai pas le temps. Veuille Celui qui vous a fait miséricorde, vous conduire aux sources des eaux ! Qu’Il vous guide partout où vous irez, Lui qui a mené Joseph comme un troupeau, qui conduit l’aveugle par un chemin qu’il ne connaissait pas, qui donne du repos à ceux qui sont pesamment chargés ! Vous ne pouvez Lui être caché, quel que soit le labyrinthe dans lequel vous vous trouviez engagé ; Il fera resplendir Sa lumière, Il aplanira votre sentier. Au milieu de la multitude des idées qui surgissent de toutes parts, Il vous conduira dans Sa vérité ; au milieu de la multitude des péchés, Il vous conduira dans les sentiers de la justice ; au milieu de la mortalité, Il vous conduira dans la voie éternelle ; Il vous élèvera toujours sur la roche qui est trop haute pour vous.
Je vous laisse sous Sa sûre garde, et je demeure votre sincère et affectionnée amie.
T.A. Powerscourt