Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 35

De mipe
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Bruxelles, le 2 mars 1830
Ma bien chère amie,

Comment se porte votre sœur ? Je n’avais pas la moindre idée qu’elle fût malade. Combien vous avez dû souffrir l’une et l’autre ! Dites-moi bien vite si vous êtes délivrées de vos angoisses. Quelle consolation pour nous que de savoir qu’en toutes choses Dieu se propose Sa gloire, et qu’Il se sert de Ses créatures pour la manifester ! C’est sous ce point de vue que vous devez considérer tout ce que votre chère sœur a souffert et tout ce que vous avez souffert avec elle. Il est douloureux d’être purifié dans la fournaise des souffrances d’un autre, mais cela tournera à la gloire de Jésus, lorsqu’Il reviendra. Le monde peut nous regarder comme des créatures insignifiantes, mais de quelle importance ne peuvent pas être nos paroles et nos actions ! Nous sommes en spectacle au monde invisible, nous sommes une occasion de lutte entre les puissances de la lumière et les puissances des ténèbres, nous sommes des colonnes sur lesquelles repose le royaume de Christ dans le monde de Satan, des temples de la promesse, des maisons de prières, des demeures de l’Esprit. Quand nous demandons d’être préservés de la souffrance, nous pourrions bien entendre aussi ces paroles : « Vous ne savez ce que vous demandez ». Qui peut dire en effet quelles bénédictions nous apportera l’épreuve ? Qu’il est extraordinaire que nous soyons des enfants de Dieu, et que tous soient forcés de reconnaître que notre royaume n’est pas d’ici-bas et que notre espérance est mise en réserve dans les cieux ! Ce qui ne s’apprend que par routine, ne s’apprend que bien superficiellement ; c’est pourquoi nous devons aller à l’école de l’expérience, afin d’apprendre par cœur. Autour de moi je ne vois qu’idolâtrie, moquerie et folie. Oh ! que Jésus vienne bientôt et remette tout en ordre, car cette confusion est un commencement de l’enfer !

Dites à votre chère sœur, en lui faisant mes affectueuses amitiés, que je sympathise à ses souffrances, et que je me souviens d’elle devant le Tout-puissant. Écrivez promptement, je vous prie, à votre amie affectionnée.

T.A. Powerscourt