Messager Évangélique:Extrait d’une méditation sur Éphésiens 5, 22

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

C’est une chose remarquable que, tout en entrant dans les détails de la vie ordinaire, comme ici où il s’agit de famille, de serviteurs, de maîtres, de femmes, de maris et d’enfants, l’apôtre ne peut toucher ces choses sans que cela lui rappelle Christ. Alors il s’élance dans toute la plénitude de la grâce. Et pourquoi ? Parce que Christ entre dans tous les détails de la vie, et dans toutes les affections. Christ forme la vie du chrétien dans tous ses détails. Il n’y a pas une de ces choses où il ne puisse plaire à Christ ; il n’y en a pas une trop petite pour qu’elle ne puisse avoir Christ pour objet. C’est comme l’affection d’un enfant pour son père ; elle se montre partout dans les plus petits détails. Eh bien, Paul parle ici de la femme et du mari, et aussitôt il s’agit pour lui de Christ et de l’Église.

Ce n’est pas seulement que Christ nous a sauvés, mais maintenant il y a des relations établies de Lui à nous. Ces relations sont celles d’époux et d’épouse, c’est-à-dire tout ce qu’il y a de plus intime.

Ce n’est donc pas le tout que nous ayons la vie éternelle, chose bien précieuse pourtant ; rien de plus infiniment précieux que de posséder la vie et la justice, pour de pauvres créatures qui étaient mortes dans leurs fautes et dans leurs péchés. Eh bien, ce n’est pas tout : Dieu nous place dans la relation d’enfants. Il aurait pu faire de nous Ses esclaves ou Ses anges ; mais non, Il veut nous placer avec Lui, dans une condition où toutes les affections se développent selon la puissance de l’Esprit Saint. Il est le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, Il est aussi notre Dieu et notre Père. Maintenant Il est Celui qui gouverne et qui forme nos affections. Le cœur est gouverné par ce qu’il aime : si j’aime l’argent je suis avare ; c’est l’argent qui me gouverne. Si j’aime l’honneur, la gloire et toute autre chose, il en est de même ; mais laissons le côté négatif : Remarquez que la relation dans laquelle nous sommes maintenant, c’est la relation de Christ avec le Père, alors toute la vie chrétienne, c’est le retour du cœur à Christ selon l’amour qu’Il nous a révélé. Voilà ce que c’est que le christianisme intérieur et pratique : c’est la jouissance intérieure et pratique de ce que Dieu est ; c’est le nouvel homme qui est renouvelé, par la connaissance, à l’image de Celui qui le créa, mais ce n’est pas selon le premier Adam : maintenant cette vie est le reflet de la manifestation de l’amour de Dieu en Christ.

Je veux parler ce soir d’une relation particulière qui appartient, par grâce, à tous les chrétiens : la relation de Christ et de l’Église.

Il y a une telle universalité, une telle variété dans la révélation de Dieu et de Son amour en Christ pour nous, et nos cœurs sont tellement petits, tellement étroits, que la capacité manque complètement pour contenir tout cela. Il n’en est pas ainsi des choses de ce monde. Rien n’y satisfait le cœur ; comme le dit Salomon : « Qui est l’homme qui pourrait suivre le roi ? » (Eccl. 2, 12) et après tout, tout est vanité.

Mais c’est dans la mesure où l’on est spirituellement, que l’on est capable d’embrasser toutes les choses que le Saint Esprit a à Sa disposition ; on n’embrasse pas tout à la fois, c’est clair ; mais au moins chaque chose à sa place.

Maintenant nous allons voir la source de tout cet amour de Christ pour l’Église. — La Parole est aussi exacte que large : elle présente le salut à tout le monde : « Dieu a aimé le monde », mais « Christ a aimé l’Église ». Le monde ne veut pas de Dieu, il a crucifié le Christ. Mais ici il y a une relation de Christ et de l’Église, et l’amour de Christ dans cette relation. Si je parle d’un père, de l’esprit d’adoption, cela s’étend à beaucoup d’enfants. Si je parle d’un Berger, cela s’étend à toutes les brebis, dont Il prend soin selon ce caractère. Ici Il a aimé l’Église, l’objet de Ses affections ; Il veut l’avoir pour Lui-même, se la présenter glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride.

Si l’on prend Adam et Ève, on voit le premier recevant son épouse de la main de l’Éternel Dieu, et il dit : « À cette fois, celle-ci est os de mes os et chair de ma chair ».

Eh bien, c’est l’amour de Christ qui est la source de tout ; pour avoir cette épouse, Il s’est donné Lui-même. Aussitôt que j’ai saisi cet amour, il n’y a pas une affection, pas un mouvement du cœur de Christ, dont je ne puisse dire : Cela est à moi. Il concentre toutes Ses affections sur l’objet qu’Il aime. Il a aimé l’Église, je compte donc sur cet amour. Il n’y a pas maintenant une affection de Son cœur qui ne soit en exercice pour elle, ni un obstacle qui puisse l’en séparer. Il donne tout et, par-dessus tout, Il ne s’épargne pas ; Il se donne Lui-même ; et quand cela ? Quand il n’y a que Lui-même d’un côté ; quand l’épouse est encore, de fait, ennemie de Lui, comme le reste du monde. Il se l’est acquise ainsi pour Lui-même : elle comprend l’amour dont elle a été l’objet lorsqu’elle ne le savait pas. — Mais Il veut l’avoir telle qu’Il la désire selon Ses pensées, selon Ses vues, et pour cela Il la sanctifie. La première chose qu’Il fait, c’est qu’Il se donne Lui-même ; c’est là le principe, la source, la cause, le fond de cette relation. Puis Il se met à faire ce qu’Il veut d’elle, « afin qu’il la sanctifiât, après l’avoir nettoyée par le lavage d’eau, par la parole ». Si je sens que Christ m’a pris pour Lui, je dis bien, il est vrai : « Je suis si misérable, si pauvre, si indigne », mais je sais qu’Il s’occupe de moi. Il applique la Parole à la conscience, et ce qui pouvait troubler la conscience est jugé par la Parole. Plus je comprends ce qu’Il veut, plus je fais des progrès. — Combien peu je saisis Ses divines perfections !

Il y a bien des choses à briser ; il faut broyer le cœur : cela est nécessaire, parce que la volonté résiste ; mais je puis compter qu’Il veut me faire tel qu’Il me veut. C’est très important à remarquer, parce que si je place le fait, qu’il faut que je sois sanctifié, semblable à Lui, avant le fait qu’Il s’est donné Lui-même pour me rendre tel, cela ne fait que me troubler. Il faut que je comprenne que ce don de Lui-même précède et produit le caractère moral que je dois revêtir. Le cœur se repose en disant : Quand je n’avais pas une seule qualité qui me rendît propre à faire partie de l’Épouse de Christ, Il s’est donné Lui-même pour moi.

Quand j’ai bien saisi l’amour de Christ pour l’Église, et que je me fonde sur cette grâce infinie et précieuse, alors, oh ! quel bonheur de savoir qu’Il veut se la présenter sainte et irréprochable. Nous sommes prédestinés à être conformes à l’image de Jésus.

Alors le cœur est plein d’actions de grâces et de reconnaissance ; alors nous pouvons compter sur la perfection du cœur de Christ. Il nous fournit en détail ce qui doit se produire, chaque jour, pour arriver là.

Quoi qu’il en soit de ma conscience, le cœur a besoin de la valeur de l’œuvre de Christ. Une fois en paix avec Dieu, le cœur voit commencer l’exercice de toutes ses affections. Le cœur se nourrit de Christ Lui-même ; il devient le pain dont on se nourrit. « Celui qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruits », nous dit Jésus. C’est là, chers amis, qu’est le bonheur, quand on a le cœur occupé de tout le travail de Son âme, de tout ce qu’Il a fait pour nous.

Il ne s’agit pas ici du fruit de la création — de la faiblesse de la création — mais du fruit de la rédemption. J’ai quelqu’un qui a compris ce que c’est que de passer ici-bas et qui sait comment la grâce s’applique au cœur de l’homme, parce qu’Il est Dieu, aussi bien qu’homme. Il jouira du travail de Son âme et il sera satisfait en nous. Quel bonheur pour le cœur ! Quand je vois ma misère, eh bien, je peux dire : Il sera satisfait. Quel bonheur de comprendre cette grâce, jusque dans les moindres difficultés de la vie ! de la comprendre au travers de nos misères et de nos faiblesses !

Il présente aussi, sous une autre figure, tous les détails de chaque jour. « Car personne n’a jamais eu en haine sa propre chair ». Quand je dis : « ma propre chair », je veux parler de moi. Si l’on frappe ma main, je ne dis pas : On a frappé ma main ; mais on m’a frappé. — Eh bien, pendant tout le temps que l’Église est ici-bas, Jésus la nourrit et la chérit. Est-ce qu’on peut trouver dans les gousses de ce monde de quoi nourrir une âme ? La chair peut, pour un moment, trouver sa nourriture ici-bas ; mais en savourant ce que Christ est, et en trouvant mon bonheur en Lui, je ne peux plus chercher ma nourriture ailleurs. De plus, on devient maigre et chétif spirituellement, si l’on ne se nourrit pas de Lui.

Si un chrétien, qui se nourrit de Christ, se rencontre avec un autre qui ne s’en nourrit pas, il n’y a pas de communion. Chaque être ici-bas a la nourriture qui le fait croître. — Eh bien, la nourriture de l’homme spirituel, c’est Christ : — Quand on ne se nourrit pas de Lui, de ce qui est éternel, il n’y a rien de si fade, de si misérable qui ne soit capable de nous détourner. — Dieu agit alors, il est vrai, pour ramener à Christ : Il corrige, Il châtie, car Il est fidèle.

En parlant de la marche ordinaire des choses, pour les enfants de Dieu, on peut dire que le culte chrétien est la conséquence de l’état de l’âme dans la semaine. Je ne nourris pas mon enfant comme mon chien ou mon cheval, auxquels je donne de la nourriture pour avoir leur service à l’occasion. Mais Christ nous chérit. Il veille continuellement pour le bien de Son Église malgré sa misère ; Il la nourrit et la chérit ; parce qu’Il la traite selon Ses affections. Il est impossible qu’il y ait un moment où Il ne soit pas tout à elle, autant que lorsqu’Il était sur la croix. Quelle consolation puissante, capable de soutenir le cœur dans toutes nos positions. Nous voyons qu’Il dit à Saul : « Pourquoi me persécutes-tu ? ». Non pas mes disciples, mais moi, union beaucoup plus puissante que celle d’un corps, parce que c’est une union divine. Remarquez que, quand je chéris mon corps, c’est lorsque j’en ai besoin. Mais Christ le fait, quand elle en a besoin.

Il appelle les siens les uns après les autres jusqu’à ce qu’Il se la présente, cette Église, sans tache et sans reproche. Il agit selon cet amour parfait qui fait qu’Il aime et chérit les siens.

Quelle intimité de relation, dont la source est Sa propre affection. Quelle misère n’est-ce pas, quand il y a quelque chose de réservé dans une affection ? Mais quand je sais qu’il n’y a pas une affection en Jésus qui ne soit pour moi, quel abandon cela me donne dans cet amour. Et si l’on a manqué, on se hâte de revenir à cet amour qui ne saurait changer. Quand on compte sur cet amour du Seigneur, il y a un vrai repos, une conscience en paix qui en découle. Une âme qui s’occupe de la personne du Seigneur possède le secret de la joie de Christ Lui-même, un repos à travers toutes les circonstances. On peut me prendre tout, mais non pas Jésus : — qu’est-ce que cela me fait ? Cela peut me faire de la peine, comme homme ; peut-être bien. Mais je possède Christ.

Ayant la connaissance de ce que Dieu est comme amour, comme lumière, je dis : Je vois le but vers lequel je tends.

On est anéanti, dépouillé de soi-même, en jouissant de la perfection de l’œuvre de Christ et de Sa personne.

Que le Seigneur nous fasse la grâce de nous donner tout entiers à Lui, comme Il s’est donné tout entier pour nous !