Messager Évangélique:Le Roi dans sa beauté

De mipe
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On ne saisira jamais la vraie force de l’Écriture, à moins de la prendre dans son sens propre et véritable, bien que, même sans cela, un cœur pieux puisse être enseigné par l’Écriture, et en recevoir une bonne portion de vérité ; un tel enseignement manquera néanmoins nécessairement de puissance, par la raison qu’il n’est pas basé sur la vivante, parfaite et énergique pensée de Dieu, sur la simplicité claire et évidente des paroles, et sur l’application que le Saint Esprit a voulu en faire.

Une grande partie de ce qu’on donne comme enseigné par l’Écriture, n’est pas le sens de l’Écriture, même en supposant que ce qui est enseigné soit la vérité. Ceci suffit déjà pour rendre raison du peu de progrès qu’on trouve chez les chrétiens, quant à la connaissance des conseils de Dieu, comme aussi du manque de certitude divine dans ce qu’on estime la vérité. La vérité qu’on ne tient pas directement de la Parole de Dieu, en tant que basée sur son sens assuré, ne saurait jamais donner un fondement de cette certitude, dont l’absence est généralement à déplorer même chez les chrétiens. « Que celui par devers lequel est ma parole, profère ma parole en vérité. Quelle convenance y a-t-il de la paille avec le froment ? dit l’Éternel » (Jér. 23, 28).

Là où l’Écriture n’est pas connue, elle ne peut être enseignée ; mais là où elle est connue, elle est, à la fois, pour l’âme un profit infini et une joie infinie. La force, la richesse, la beauté, aussi bien que l’immutabilité de la vérité parviennent ainsi à avoir leur place dans le cœur, et Dieu est connu — connu par la révélation qu’Il fait de Lui-même, de Ses conseils et de Ses voies. Ces pensées m’ont été suggérées en méditant sur ce riche et précieux psaume. Sa beauté et aussi, en grande partie, son excellence, ne peuvent être bien comprises, si l’on n’en saisit pas la portée et l’application directes, et cela à part de tout sentiment, imagination ou même doctrine, qui peuvent avoir été tirés d’autres portions de l’Écriture et incorporés ici.

Le sujet de ce psaume est évident d’après son application à Christ dans l’épître aux Hébreux. « Ton trône, ô Dieu ! demeure aux siècles des siècles ; le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture ; tu as aimé la justice et haï l’iniquité ; c’est pourquoi Dieu, ton Dieu, t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tes compagnons » (Héb. 1, 8, 9). Mais combien ne sera pas vague et générale une interprétation quelconque de ce psaume, pris dans son ensemble, si l’on ne voit pas la place que Christ, comme Messie d’Israël, occupe dans les conseils de Dieu, et en rapport avec Sa gloire future, comme roi en Sion et sur la terre.

C’est un « Maschil » ou psaume d’instruction, et un « cantique nuptial », comme nous le voyons par le titre qu’il porte.

Dans le premier verset l’écrivain annonce que ses « ouvrages seront pour le Roi ». Car le sujet du psaume est le triomphe, le règne et l’union de Christ avec le résidu juif pieux, à Jérusalem, dans les derniers jours. C’est Christ, comme le Jéhovah d’Israël, célébré dans Son caractère de Roi. « La reine » peut paraître dans le psaume, et « les vierges qui la suivent » aussi ; mais elles n’y sont présentées que comme se rattachant à l’installation et à la gloire du roi. « Ma langue sera la plume d’un écrivain diligent », ces paroles indiquent la conscience de la direction divine quant aux pensées exprimées dans ce psaume ; comme la plume d’un écrivain diligent est constamment guidée par la main de celui qui la tient.

Les prophètes attestent que c’est Jéhovah qui apparaîtra en puissance pour la délivrance de Son peuple, comme on peut le voir dans Ésaïe 66, comparé avec Zacharie 9, 1-8, 12-16 ; 10, 3 ; 12, 7, 8 ; 14, 3, 4. Mais Zacharie 9, 9, et même 14, 4, tout comme ce psaume, montrent que, si c’est Jéhovah, c’est aussi l’homme Christ. Comparez Daniel 7, 22 ; Michée 1, 5. Christ, dans la beauté de Sa personne, comme « plus beau qu’aucun des fils des hommes » — et cependant homme — ayant « la grâce répandue sur ses lèvres », comme Ses paroles de grâce, sur la terre, l’ont fait voir, et maintenant, béni de Dieu à jamais, voilà ce qui fait le sujet du second verset. Sa puissance, Sa gloire, Sa majesté, Son pouvoir irrésistible, pour l’établissement de la « vérité, de la débonnaireté et de la justice » sur la terre, tel est le sujet des versets 3 à 5. On remarque ensuite la gloire de Sa divinité ; puis la justice de Son règne est proclamée — « le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité ». À cause de Son amour pour la justice, lorsqu’Il se tenait sur la terre pour Dieu comme témoin de la justice, et rendait témoignage contre le monde, que ses œuvres étaient mauvaises, Il est maintenant oint de Dieu, d’une huile de joie, par-dessus Ses compagnons (voyez, pour ce qui regarde Sa gloire céleste, Phil. 2, 6-11[1]). Ensuite, Il s’avance pour les noces avec Israël, dans tous les parfums des célestes parvis — Ses vêtements exhalent une odeur de myrrhe, d’aloès et de casse, quand Il sort des palais d’ivoire.

La fille, la reine, parée d’or d’Ophir, est la Jérusalem terrestre, vue comme rétablie en grâce ; non plus comme dans les jours de l’humiliation du Messie, se glorifiant de sa descendance d’Abraham ; mais disant comme dans Ésaïe : « Certes tu es notre père ; encore qu’Abraham ne nous reconnaisse point, et qu’Israël ne nous avoue point ». « Les filles, ses compagnes », sont les autres villes de Juda, car c’est à Jérusalem que l’Éternel est marié, et sur laquelle Il se réjouit comme l’époux se réjouit de son épouse ; comme c’est Jérusalem qui sera appelée « Jéhovah Shamma — l’Éternel est là ». Mais les autres villes de Juda seront autour d’elle, et prendront part à sa joie nuptiale et à sa gloire. Là aussi seront les nations environnantes, comme « la fille de Tyr », etc. « Et les plus riches des peuples la supplieront avec des présents » (voyez És. 60).

Il est bon que le cœur soit attiré par la beauté du Seigneur Jésus, seulement il faut que ce soit par Sa beauté réelle ; mais comment celle-ci pourra-t-elle être connue autrement que dans l’expression qui en est donnée par le Saint Esprit ?

S’arrêter à la pensée de Sa grâce, en rapport avec nos besoins, n’est pas assez, quelque essentiel qu’il soit de connaître cela. Il faut faire un pas de plus ; car Christ, connu ainsi, n’est pas Christ dans Sa beauté, Sa puissance et Sa gloire. C’est Christ, comme remède à notre misère ; c’est dans un certain sens une vue égoïste de Christ, bien qu’il soit infiniment précieux de Le connaître sous ce rapport. De là vient qu’un plus complet développement de la vérité est nécessaire pour la nourriture du peuple de Dieu, que ce qui pourrait contenter plusieurs de ceux qui travaillent sincèrement à la conversion des âmes.

Tout ce qui est de Christ est précieux, et il est bon d’avoir le cœur rempli de Lui, tellement que nous trouvions nos délices dans la pensée que, dans peu, très peu de temps, nous Le verrons tel qu’Il est et nous Lui serons rendus semblables. C’est là la position et l’espérance de l’Église, en contraste avec l’espérance d’Israël, qui sera réalisée par leur association avec la gloire terrestre de leur Messie et Roi.



  1. « Il est très touchant de voir, dans le même verset, la célébration de la gloire divine du Seigneur, et, en descendant à Sa fidélité d’homme, les saints reconnus comme Ses compagnons, alors qu’Il est oint de l’huile de joie, chef parmi eux. Mais des observations étendues sur ce sujet appartiendraient plutôt à l’épître aux Hébreux. Nous citerons seulement le passage remarquable de Zacharie, où, à l’inverse du psaume 45, lorsqu’Il est présenté comme l’homme frappé de l’Éternel, l’Éternel le nomme Son compagnon. Quand le Messie est célébré comme Dieu, les saints sont reconnus comme Ses compagnons dans Sa joie divine en tant qu’homme ; frappé comme homme, Il est Lui-même le compagnon de Jéhovah » (Études sur la Parole, Ps. 45).