Messager Évangélique:Notes sur le chapitre 4 de l’épître aux Philippiens
Toute cette épître fait ressortir d’une manière remarquable combien le chrétien domine tout ce qui l’entoure. Celui qui marche selon l’Esprit est élevé au-dessus de tout ; que ce soit la chair, ou le monde, ou la persécution, ou la souffrance, il est au-dessus de tout.
Si vous parcourez l’épître aux Philippiens, vous verrez que le cœur de l’apôtre dominait tout — quoi que ce fût. Qu’il s’agisse de la vie ou de la mort, il renonce à lui-même, et n’a en vue qu’un seul objet — Christ — « gagner Christ » ; de tout le reste, il n’en tient pas compte. Je ne trouve rien qui ait rapport aux péchés, à la chair, au pardon. L’apôtre ne veut pas de sa propre justice ; son objet, c’est Christ. J’ai été très frappé, ces derniers temps surtout, de voir comment cette épître nous montre le chrétien élevé au-dessus de toutes choses, dans la puissance de l’Esprit de Dieu, pendant son pèlerinage à travers le monde.
Il est doux de voir la manière dont le Seigneur se donne Lui-même à nous, comme la source de notre joie et l’objet dont nous pouvons occuper nos âmes. Il est impossible de s’élever au-dessus des soucis de la route, s’il n’y a pas une joie positive qui satisfasse le cœur. Jésus se donne Lui-même à nous, à cet effet, non seulement comme la source où nous pouvons puiser, mais comme la fontaine constamment jaillissante de notre joie ; car la joie serait incertaine et troublée si Lui-même n’était pas toujours là, comme une source assurée de joie. Ce n’est pas seulement que nous soyons sauvés par Lui, et qu’Il nous ait placés dans la gloire avec Lui-même à la fin, mais outre cela, l’amour qui était en Lui, est venu de Lui en nous, dans l’activité parfaite et entière de tout ce qu’Il est pour nous dans le ciel. L’apôtre parle ainsi de « l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance ». Cet amour est au-dessus de toutes nos pensées, et pourtant nous pouvons le connaître. Et quelle bénédiction de savoir que le Seigneur Jésus Lui-même nous a donné tout l’amour qu’Il pouvait donner, afin que nous soyons heureux !
Le Seigneur se fait homme ; — Il se dévoue à la mort ; — mais quelque merveilleux que cela soit, ce n’est pas tout. Il se donne Lui-même à nous. L’amour qui est en Lui, vient de Lui en nous. L’apôtre Jean nous dit quelque chose d’analogue : « Afin que l’amour dont tu m’as aimé, soit en eux et moi en eux » (Jean 17, 26). Cet amour demeurant en nous, nous pouvons comprendre l’amour du Père envers Jésus. L’amour de Jésus n’est pas seulement placé sur nous, mais il vient à nous, à différents degrés sans doute, mais cependant, afin que nous connaissions l’amour de Christ, c’est-à-dire, l’amour qui est en Lui — connaissance divine et qui surpasse toute intelligence, mais qui se répand d’en haut sur nous pour remplir nos cœurs. Il n’y a rien d’étroit dans le cœur de Dieu ; et si Christ, jusqu’au moment de Sa mort, a dit : « Combien suis-je à l’étroit ! » (Luc 12, 50), c’est parce que Son cœur ne pouvait pas se répandre au-dehors avant que l’expiation ne fût faite ; mais maintenant rien n’arrête le cours de Sa grâce. Il n’y a plus d’obstacle, car Il est notre vie. Il est aussi notre justice, mais ceci est lié immédiatement à la vie de Christ en nous : « Nous vivons par la foi au Fils de Dieu ». Pour autant que Christ est ma vie, je suis capable de comprendre l’amour de Christ. Plus je le connais, mieux je puis me réjouir en Lui, non pas dans le salut, mais en Lui-même.
Toutes les épreuves de Paul ont servi à manifester plus clairement ce que c’est que de « se réjouir dans le Seigneur ». L’amour de Christ est mieux senti dans les difficultés et les souffrances que lorsque celles-ci nous sont épargnées, quoique ce soit toujours le même amour. Avant tout, il faut posséder Christ, c’est là le secret de notre vie. L’apôtre ne parle pas de gloire ou de quelque autre chose : mais de « gagner Christ » (chap. 3, 8) : son cœur tendait vers Lui au milieu de tout, et il ne voulait rien autre que Jésus Christ. Jésus était sa joie ; en Jésus son cœur pouvait se reposer ; en Lui il trouvait sa demeure et était satisfait. Comme la lumière du soleil fait pâlir toute autre lumière, ainsi lorsque Christ est devant le cœur, Lui-même met dans l’ombre toute autre chose. Il peut y avoir bien des épreuves pour lesquelles nous rendons grâces, mais si Lui remplit le cœur, il y aura en nous une joie constante. La mesure de notre spiritualité est manifestée par la mesure de fermeté et de constance que nous montrons. Jésus Lui-même, en qui l’amour est infini et parfait, est à la fois la bénédiction et celui qui bénit. L’apôtre sent immédiatement qu’il n’y a là que joie. Pensez à ce que vous possédez en Christ actuellement, afin que vous cherchiez à Le connaître davantage. La première fois que le cœur se sent aimé, il y a de la joie — une joie étrange souvent ; et ce premier sentiment se manifeste d’une manière particulière ; mais la joie peut devenir bien plus profonde plus tard. Chez l’apôtre ce n’était rien moins que le « premier amour » ; c’était une joie tout à fait indépendante des circonstances, et son désir était que les chrétiens aussi se réjouissent en Christ, comme si, à côté de Lui, il n’y avait rien autre au monde.
Je voudrais maintenant appeler l’attention sur le verset 5 : « Que votre douceur soit connue de tous les hommes ! ». Ceci est une pensée relative. Christ Lui-même va avant tout ; et après, Il dit que nous pouvons supporter d’autres choses. Le cœur a trouvé son centre en Christ, et par conséquent il traverse les circonstances avec douceur et soumission, et toute débonnaireté. Mais de plus : « le Seigneur est près ». — Il est la source de toutes nos jouissances, que nous pensions à Sa gloire ou à Son humiliation. « Il est près » — et cela satisfait l’âme. Les autres choses ont perdu leur valeur ; tout ce qui n’est pas Lui est comme rien : le cœur est occupé de Lui, et c’est là l’état de l’âme.
Mais pour traverser les circonstances, il faut de la puissance. « Ne vous inquiétez de rien » (v. 6), soit du monde, soit de l’Église, ou des choses de la vie — « de rien » ! Est-ce donc que nous devons être indifférents à toutes ces choses ? Non. Est-ce que nous avons à chercher à connaître la volonté de Dieu ? Non, mais : « Exposez vos requêtes à Dieu ». — Dieu est-Il donc si près, si attentif, si condescendant ? Dites-Lui toutes vos requêtes. Il veut que vous déchargiez votre cœur et que vous soyez occupé de Lui-même. — « Exposez-lui vos requêtes par des prières et des supplications », c’est-à-dire sérieusement, et « avec des actions de grâces », parce que vous savez qu’Il vous entend. Allez à Lui. Ne vous tourmentez pas, ne vous plongez pas dans vos pensées, ne fatiguez pas votre esprit, mais « exposez vos requêtes à Dieu ».
Et quelle sera la conséquence ? — « La paix de Dieu gardera votre cœur » — non pas la paix avec Dieu, mais la paix de Dieu, celle dans laquelle Dieu demeure — la paix qui surpasse toute intelligence, tout comme il est dit de « l’amour de Christ » qu’il « surpasse toute connaissance ». L’amour est divin et la paix ici est divine : Dieu demeure en elle. Rien n’est pour Lui un souci. Il connaît la fin depuis le commencement et voit toutes choses. Quoique le contraste ne soit pas nécessaire, il est certain que dans l’épreuve nous comprenons mieux cette paix que partout ailleurs. Je puis saisir toutes les grâces qui me sont accordées ; mais quand je suis entouré de soucis, je trouve une paix qui surpasse toute intelligence. L’apôtre nous dit de nous « réjouir dans le Seigneur », et tout comme l’amour de Christ est une source de joie ineffable, la paix dans laquelle Dieu demeure se répand dans le cœur qui se décharge sur Lui de toutes ses peines.
Dieu nous suit dans tout notre sentier : « Les yeux de l’Éternel sont sur les justes » (Ps. 34, 15). Nous allons à Lui comme un enfant va à son père, avec tout ce qui nous préoccupe, dans une entière confiance. Il se peut que tout ce que nous demandons ne soit pas sage, mais Dieu ne nous donnera que ce qui nous est bon. Paul aussi a demandé que l’écharde lui fût ôtée, mais Dieu lui dit qu’Il ne veut pas l’enlever ; elle lui a été donnée pour son bien, et Paul est appelé à s’en réjouir. C’est là la véritable joie, la joie constante et bénie, dans laquelle l’âme trouve son plaisir, et qui garde le cœur hors de l’activité de la volonté. Mais où Paul l’apprit-il ? Là où vous avez à l’apprendre chaque jour. Je sais ce que Dieu a été pour moi dès le commencement. J’ai pu être bien ignorant, mais c’était de Lui toujours que mon âme avait besoin. Paul avait ainsi connu le Seigneur, jusqu’à ce qu’Il l’eût rendu si heureux en lui-même, que Paul ne savait que choisir, de vivre ou de mourir. S’il était laissé sur la terre, c’était servir Christ, s’il s’en allait, c’était pour être avec Christ Lui-même. S’il n’avait pas ainsi trouvé Christ tout le long de la route, il n’aurait pas pu parler de Lui au bout du chemin comme il le fait ici. C’est à nous à nous étudier à ce que tous les jours notre foi soit réellement appuyée sur Lui de cette manière, afin que, arrivés à la fin de notre course, nous puissions dire : « Je sais en qui j’ai cru ». Est-ce là ce que nous faisons, jeunes et vieux ?
La première grande chose, c’est de se réjouir dans le Seigneur. Lorsque quelqu’un a trouvé Christ comme sa part, sa foi, son bonheur pour l’amour de Christ tout seul, il Le trouve être tout cela quand vient l’épreuve. — Nous manquons tous en ceci. Nous pouvons être sincères, en suivant Christ, mais il y a autre chose que Lui dans notre cœur, Christ ne possède pas notre cœur tout entier, en sorte que d’autres choses n’y puissent plus trouver place. Mais, quelles que soient les circonstances, si le cœur est fixé sur Christ, nous aurons en Lui tout ce qui nous est nécessaire, et nous serons des chrétiens heureux. Christ s’est donné Lui-même pour que nous nous réjouissions en Lui. Nous regardons à Christ comme à Celui en qui nous avons à nous réjouir : Il est Celui en qui le Père trouve Ses délices, et Christ, dans Son amour pour nous, veut que nous ayons communion avec Lui. Au moyen de cet amour, Dieu nous fait entrer dans la jouissance de ce qui fait Ses propres délices. Celui qui fait les délices de Dieu trouve en nous Son bonheur, et nous introduit dans ce bonheur. Nous apprenons ce bonheur en voyant Christ au milieu des circonstances qui nous entourent nous-mêmes ici-bas, non pas seulement comme s’étant donné Lui-même sur la croix, mais comme approché de nos cœurs en détail, si je puis dire ainsi. Nous ne pouvons pas rencontrer de circonstances dans lesquelles Christ n’ait passé, et Son amour, infini en Lui-même, s’est adapté à nous, et a passé, en outre, par toutes les circonstances dans lesquelles nous pouvons avoir besoin de Lui. Remarquez comment l’apôtre exprime l’expérience qu’il a faite de ceci, en disant au verset 19 : « mon Dieu ». Le Dieu du pauvre prisonnier ? Oui. Paul peut dire : « Je sais qu’il est fidèle ». Je L’ai connu jusqu’à la fin. J’ose répondre de Lui pour vous.
Combien peu nous ajoutons foi à l’amour de Dieu, à Ses soins, à l’intérêt qu’Il nous porte ! Si seulement nous pensions à Christ se donnant Lui-même pour nous, à l’Esprit de Christ demeurant en nous, nous saurions mieux ce que c’est que de vivre pour Lui.
Nous sommes appelés, en tout premier lieu, à nous réjouir dans le Seigneur Lui-même. Christ personnellement est l’objet dans lequel le cœur doit trouver son repos, sa joie, son bonheur. Jusqu’à quel point nos cœurs réalisent-ils, que « vivre, c’est Christ » ? Jusqu’à quel point se réjouissent-ils toujours dans le Seigneur ? Croyez-vous que l’apôtre entretînt les Philippiens de choses qui ne pouvaient pas être réalisées ? Jusqu’à quel point Christ est-Il la source continuelle et l’objet de notre joie ? « Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent » (Ps. 25), et là est le secret des voies par lesquelles Dieu rend l’âme heureuse. Rappelez-vous que la source est en Lui et demeure en Lui. Que le Seigneur vous donne de penser à Christ, d’arrêter vos regards sur Christ, de vivre de Christ, en sorte que tout le reste ne soit que « des circonstances ». C’est Lui-même qu’Il nous a donné, et en une manière qui s’adapte à la position dans laquelle nous nous trouvons. Qu’Il nous donne de le savoir. Tout le reste passera — cela demeure ; et cette vérité est joie, douceur, paix, au milieu de toutes les circonstances par lesquelles nous avons à passer ; elle nous communique sa propre richesse, ce qui fait sa propre valeur, et tout le reste n’est que le chemin vers « le repos qui demeure » pour le peuple de Dieu.