Messager Évangélique:Un mot sur la sûreté et la fermeté de nos rapports avec Dieu/Partie 1

De mipe
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C’est une chose digne de remarque que, dans le combat, ou mieux dans la victoire, dont l’apôtre parle à la fin du huitième chapitre de l’épître aux Romains, le péché ne paraisse pas comme ennemi. Il y a, dans le fait, deux espèces de combats tout à fait différentes. La lutte entre la chair et l’Esprit, et la lutte que nous poursuivons contre l’ennemi, en notre qualité de combattants ou d’armée de Dieu, par la puissance du Saint Esprit. Cette dernière a pour but de nous mettre spirituellement en possession de tout ce qui nous est promis, de gagner les âmes, puis de vaincre et de repousser la puissance de Satan dans le monde. La lutte contre la chair continuera jusqu’à la fin de cette vie terrestre ; mais nous ne pouvons poursuivre avantageusement le combat extérieur contre l’ennemi, que lorsque la chair se tait en réalité, vaincue par la puissance de l’Esprit en nous, car la vie de Jésus en nous est notre vie. On ne peut pas attaquer courageusement l’ennemi hors du camp, pendant que la révolte est dans le camp lui-même. Lorsque, à cause de notre négligence et d’une imparfaite communion avec Dieu, la chair réussit à produire, dans notre âme, des difficultés et de l’incertitude, nous ne sommes plus en état de continuer victorieusement et en simplicité de cœur, la lutte contre l’ennemi dans le monde. Il faut être tout à fait au clair quant à ses relations avec Jésus, pour pouvoir prendre la position d’un combattant de Dieu, et pour lutter au nom de Jésus dans le monde.

La lutte intérieure d’une âme non affranchie — il en est et devrait toujours en être ainsi — a pour but d’acquérir la sûreté et la certitude quant à ses propres rapports avec Dieu. Il est bien des âmes, qui se réjouissent jusqu’à un certain point dans la grâce de Dieu, qui même comprennent assez clairement la doctrine de l’affranchissement, auxquelles il arrive d’être troublées et embrouillées au sujet de leurs rapports actuels avec Dieu, lorsqu’il s’agit de l’état de leur conscience devant Dieu et lorsque cette conscience se trouve dans la présence de Dieu, ou de la mort, ou de la puissance de Satan ; dans des circonstances, en un mot, où son état est mis à l’épreuve. Ces âmes ne doutent pas précisément de leur salut en général, ni de l’amour de Dieu en lui-même ; mais, dès que leurs rapports actuels et réels avec Dieu sont mis en question, elles sont embrouillées. Alors non seulement leur communion avec Dieu est interrompue pour un moment, en sorte qu’ils doivent s’humilier pour leur négligence ; c’est ce qui arrive à tous les chrétiens dès qu’ils laissent pénétrer dans leurs cœurs une seule pensée qui n’est pas selon l’Esprit — mais, n’étant pas réellement dans la présence de Dieu, ils ne peuvent juger leur état et ne sont pas au clair quant à leurs véritables rapports avec Dieu. Le croyant, au contraire, lorsqu’il est au clair sur ses rapports avec Dieu (si du moins il marche habituellement avec Dieu), sent avec honte, à chaque souillure, que de telles choses ne conviennent pas à ces rapports ; mais son âme ne tombe nullement dans le trouble. Avec un cœur humilié, il cherche le rétablissement de sa communion et s’attend, pour cela, au Dieu de toute grâce. Quoi qu’il en soit (et je suis certain d’avoir, à l’appui de cette assertion, le témoignage de beaucoup d’âmes), dans de tels cas, où la conscience est effectivement souillée, il y a, pour elles, quelque chose d’obscur et d’incompréhensible dans leurs propres rapports avec Dieu. Or, pour remédier à cet état de doute, il ne suffit pas de présenter l’amour de Dieu. Ces âmes croient à cet amour et elles ont raison ; mais il leur manque encore quelque chose, parce que la conscience sait que l’amour de Dieu ne peut pas être en contradiction avec la sainteté et la justice de Sa nature ; tandis que ces mêmes âmes ont le sentiment d’être en contradiction avec cette justice et cette sainteté. Ce qui leur manque, c’est la lumière quant à la justice. La grâce est bien la source de toute espérance ; mais « la grâce règne par la justice ». Lors du jugement, la justice régnera ; de là vient que tous ceux qui paraissent en jugement devant Dieu sont condamnés. Mais maintenant règne la grâce, c’est-à-dire l’amour de Dieu, agissant au milieu des pécheurs et en rapport avec le péché. Néanmoins il faut que la justice soit là, afin que nous puissions demeurer en paix devant Dieu. Où donc trouver cette justice, afin que l’on puisse jouir sans empêchement de la grâce ? Nous allons chercher dans l’Écriture sainte la réponse à cette question.

La réponse se rattache aux deux positions tout à fait différentes du premier et du second Adam. Nous examinerons donc ces positions et leurs relations, afin d’exposer bien clairement la condition du croyant, et en premier lieu celle du premier Adam et les voies de Dieu envers lui.

Aucune promesse n’a été donnée au premier Adam. Lorsque Dieu prononça Sa sentence sur le serpent, il dit que la semence de la femme lui briserait la tête. Or Adam n’était point la semence de la femme. Ainsi aucune promesse ne fut donnée au premier Adam, notre père selon la chair. Dès le commencement, on voit clairement et distinctement qu’il n’y a aucune liaison, aucune relation de vie, entre Dieu et la chair. Dieu a produit la preuve de cette vérité de toutes sortes de manières ; et nous voyons aussi, dès le commencement, le premier Adam remplacé par le second. Mais des promesses furent données à Abraham et à sa semence après lui (ce qui est toujours le premier Adam), promesses sans condition, qui n’ont donc point soulevé la question de la justice. Dieu a promis, sans condition, que toutes les familles de la terre seraient bénies dans la semence d’Abraham.

Il faut cependant que la question de la justice soit élevée ; et, parce que l’homme a la prétention d’être juste, ou d’acquérir la justice, Dieu a d’abord posé la question de la justice sur ce pied-là. Il donne une mesure parfaite de la justice humaine, qui est, en même temps, une mesure de la perfection de toute créature raisonnable, comme telle : « Aimer Dieu de tout son cœur et le prochain comme soi-même », serait la perfection d’un homme comme homme ; les anges eux-mêmes marchent selon cette règle. Or Dieu ne pouvait pas donner une autre mesure pour que la créature, comme telle, pût être heureuse. Mais la forme dans laquelle cette règle est présentée aux hommes est telle que l’accomplissement de cette justice est exigé de l’homme lui-même. Or, déjà dans les expressions mêmes qui servent à la communication de la loi, la sagesse de Dieu a indiqué le véritable état de ceux auxquels cette loi est communiquée. Nous écartons complètement ici Israël et les particularités de la vie civile qui sont contenues dans la loi, pour ce peuple ; nous ne nous occupons (comme le fait d’ailleurs l’apôtre Paul) que de la base éternelle des rapports de l’homme avec Dieu sur le pied de la loi. La loi nous dit et elle doit parler ainsi : « Fais cela et tu vivras ». Mais qu’apprend-on par ces paroles, si on les pèse avec une conscience sérieuse ? Dès que Dieu dit : « Fais cela et tu vivras », je suis donc mort. Et si l’homme prétend accomplir la loi comme s’il n’était pas mort, le résultat de ses efforts sera justement de mettre en évidence cet état de mort. Mais, en réalité, en me promettant la vie si j’obéis, la loi établit d’avance que je n’ai point la vie ; et ce principe est clairement exposé dans l’observation que fait l’apôtre, que : « si une loi avait été donnée, laquelle pût rendre vivant, alors la justice serait réellement par une loi ». Et non seulement cela, mais si l’on n’est pas obéissant l’on est maudit ou, comme dit l’apôtre : « La loi est un ministère de mort et de condamnation ». On ne trouve donc pas la justice par la loi.

Mais l’histoire du premier Adam s’étend encore au-delà de son assujettissement à la loi. Dieu Lui-même est apparu dans le monde et cela dans la personne de Jésus Christ. Par là, la capacité de l’homme pour satisfaire à sa responsabilité et pour rester en relation avec Dieu, fut mise à une épreuve définitive. Il est important de remarquer ici que l’incarnation du Fils de Dieu n’est point une union avec l’homme. Nous y trouvons l’expression de la perfection de la divinité, dans la forme de l’humanité réelle, afin de voir si le premier Adam, ou la chair, pouvait demeurer en relation avec la divinité lorsque celle-ci s’approchait de lui autant que possible et entrait, pour ainsi dire, en contact avec l’homme dans le plus parfait déploiement de la plus tendre bonté et d’un amour qui agissait en rapport avec la misère de l’homme. Mais Christ n’était pas uni à l’homme ; Il ne s’est pas non plus fait un avec eux dans leur état de péché. C’était un homme sans péché parmi les pécheurs ; l’union de l’absence de péché avec le péché n’était pas possible. « Or Jésus leur répondit en disant : L’heure est venue, pour que le Fils de l’homme soit glorifié. Amen, amen, je vous dis, si le grain de blé tombé en terre, ne meurt pas, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 23, 24). Mais poursuivons ici notre histoire du premier Adam.