Messager Évangélique:Puissance et proximité
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La démonstration de la puissance ne peut jamais donner de la vigueur à l’âme, à moins qu’elle ne soit accompagnée de la communion individuelle avec le Seigneur, et alors c’est la communion et non la puissance, qui confère la bénédiction. La puissance sert à rendre le service efficace, mais elle est toujours suivie d’abattement et de découragement, si l’âme n’est pas gardée dans une secrète proximité du Seigneur. C’est ce que nous enseigne le chapitre qui est devant nos yeux. Il nous montre Élie, qui vient d’être témoin d’une des plus merveilleuses démonstrations de la puissance de Dieu sur la terre : « Le feu de l’Éternel tomba, et consuma l’holocauste, le bois, les pierres et la poudre, et huma toute l’eau qui était au conduit ». En outre il y eut aussi une grande pluie en réponse à la prière d’Élie. Il y avait donc eu une double manifestation de la puissance de Dieu, l’une pour confirmer la mission de Son serviteur, l’autre pour bénir Son peuple. Et cependant, après tout cela et immédiatement après, nous voyons Élie tellement abattu et craintif qu’il s’enfuit, pour sauver sa vie, le chemin d’une journée au désert, et qu’il demande à Dieu de retirer son âme ! Dans cet état, l’ange du Seigneur vient à lui, afin de le préparer pour un voyage à la montagne d’Horeb ; et alors, après avoir été quarante jours et quarante nuits sans prendre aucune nourriture, il reçoit un enseignement de Dieu Lui-même, qui lui apprend que le Seigneur n’est pas, tout d’abord pour lui, Élie, dans le grand vent impétueux qui fendait les montagnes et brisait les rochers devant l’Éternel, ni dans le tremblement, ni dans le feu, mais dans « le son doux et subtil ». Il est dans cette communication secrète, invisible, sans bruit, que « nul ne connaît que celui qui la reçoit ». Lorsque Élie eut entendu celle-ci, il enveloppa son visage de son manteau et sortit, et se tint à l’entrée de la caverne. Son âme répond à cette voix du Seigneur, à laquelle nul ne peut se méprendre, la brebis connaît Sa voix. La manifestation de Sa grande puissance n’avait pas eu sur elle un tel effet. Et voilà aussi ce que nous expérimentons si nous sommes assez dans la retraite, et assez dégagés de la nature pour l’observer. Il faut que l’âme soit dans l’attitude d’écouter pour qu’elle puisse distinguer les notes particulières de la voix du Seigneur, si je puis m’exprimer ainsi. L’attitude d’écouter est typifiée, moralement, par la position d’Élie à la montagne de Dieu, seul et sans nourriture, ne subsistant que de ce que Dieu lui fournissait. Ce n’est pas quand la nature agit et embarrasse, quand le monde est là avec son bruit confus, que nous pouvons aisément distinguer le « son doux et subtil » de la voix des actes de la puissance de Dieu ; tout comme, d’un autre côté, ce n’est pas la simple solitude, la misérable solitude sous un genêt, dans le désert, qui nous dispose à l’intelligence spirituelle. C’est la solitude avec Dieu à Horeb, sans aucun soutien de la nature, qui est la vraie préparation pour le jugement spirituel et l’instruction divine. Après l’accomplissement d’un grand miracle, nous voyons le Seigneur obliger Ses disciples à entrer dans une nacelle (Matt. 14). Là ils ramaient avec grande peine, et le Seigneur les voyait ; cependant Il ne vint à eux que sur la quatrième veille de la nuit, et alors même Il voulait les devancer. L’effet de la démonstration de Sa puissance, dans le miracle, avait passé, et cet événement ne pouvait plus leur servir. S’il avait augmenté leur foi au Seigneur, ils en auraient eu le profit maintenant ; mais ils l’auraient reçu du Seigneur Lui-même, et non de l’évidence de Sa puissance. Ce que le Seigneur tenait à établir, c’était Sa valeur à Lui, pour eux ; ce qu’Il voulait leur enseigner, c’est que les actes de Sa puissance n’étaient que les preuves de cette valeur, mais aussi que des preuves ne suffisaient pas à elles seules, au moment du besoin, à moins que Lui-même ne fût là. Les miracles devaient démontrer la valeur de l’intérêt qu’Il portait aux siens, mais ils ne devaient nullement occuper la place de ce qui était un gain plus grand, à savoir la proximité du Seigneur Lui-même. Après le miracle, les disciples se trouvent placés dans de telles circonstances que, à moins qu’Il ne s’approche, il n’y a aucun moyen d’échapper ; mais aussitôt qu’Il est là le « vent cesse », et ils en sont fort étonnés, parce que, évidemment, ils n’avaient pas appris du miracle des pains ce qu’ils devaient apprendre, savoir que Celui qui l’avait accompli ne l’avait pas fait simplement, pour déployer Sa puissance dans une occasion donnée, mais pour exprimer par là l’intérêt qu’Il prenait à ceux pour lesquels Sa puissance agirait, en quelque temps que ce fût. Dans l’histoire du peuple de Dieu, dans l’Écriture, nous trouvons constamment que l’humiliation et le malheur succèdent immédiatement à quelque marque signalée, ou à quelque démonstration de la puissance de Dieu en leur faveur. Pourquoi cela ? Simplement parce qu’il est toujours dangereux d’être glorifié, à moins que l’âme ne soit en même temps tenue dans la conscience de la nécessité de sa dépendance de Dieu. Quand les disciples dirent au Seigneur que les démons mêmes leur étaient assujettis, Il répondit : « Réjouissez-vous plutôt de ce que vos noms sont écrits dans les cieux ». Ce que Dieu est pour moi est plus grand qu’aucune des choses que Dieu fait devant moi.
Le chant qui suivit la merveilleuse délivrance d’Égypte n’a pas plutôt cessé, que viennent les murmures des enfants d’Israël à cause de Mara. À quoi leur sert maintenant la grande démonstration de puissance du passage de la mer Rouge ? Il faut qu’ils réalisent leur dépendance de Dieu, comme étant leur secours toujours présent dans le moment de la détresse. La grande délivrance leur avait prouvé la valeur de Dieu ; mais c’est Lui-même, et non la preuve de Sa valeur, qui est la seule bénédiction sûre dans le moment du besoin, et voilà le pourquoi des circonstances éprouvantes par lesquelles nous sommes appelés à passer.
C’est lorsque David est arrivé à l’apogée de son importance royale qu’il dénombre le peuple ; mais dans son humiliation il apprend à connaître Dieu, comme il ne L’avait jamais encore appris auparavant ; et comme, lors de sa chute avec Bath-Shéba, il avait appris la profondeur et l’étendue du relèvement de Dieu, ainsi, à l’heure de l’humiliation, il reçoit une révélation de la pensée divine, plus entière que tout ce qui en avait été jusqu’alors donné à connaître. Non pas qu’il soit bon de tomber ; mais la grâce de Dieu est une plus grande chose pour mon âme que les actes de Sa puissance ; et c’est pourquoi David a fait plus de progrès, dans ses moments de repentance, qu’il n’en a jamais fait dans ses jours de gloire et d’honneur. Paul avait trouvé plus de force pour son âme dans cette communication du Seigneur : « Ma grâce te suffit », que dans toute l’évidence de la gloire dont il avait été le spectateur étonné.
La source de la force et de la bénédiction pour l’homme, est dans la dépendance de Dieu. La tendance d’une manifestation de puissance est de me rendre indépendant de Dieu, comme ayant de la puissance par devers moi. Il y a toujours, dans le cœur naturel, une soif de puissance, parce que, depuis la chute, la pensée de l’homme est que, s’il avait de la puissance, il arrangerait mieux les choses pour lui-même que Dieu ne le fait. L’homme, dans son origine, n’a pas positivement nié la puissance de Dieu ; il s’est défié de Son amour, et comme il n’est pas possible de se confier en Sa puissance, abstraction faite de Son amour, il en est résulté que l’homme s’est aussi défié de la puissance, tout en ne cessant de la désirer.
Les hommes peuvent reconnaître la puissance de Dieu d’une manière abstraite, mais Son amour — jamais. Par conséquent, ils recherchent l’une pour accomplir ce que leur amour d’eux-mêmes voudrait obtenir par son moyen, et non ce que l’amour de Dieu veut faire pour eux. Ils n’ont pas de foi. L’homme se servirait volontiers d’une puissance d’emprunt, quelle qu’elle fût, et s’en glorifierait personnellement ; de là vient qu’aussitôt que l’homme est à l’œuvre par la puissance de Dieu, mais en dehors de la communion avec Dieu, cette puissance doit nécessairement lui tourner en piège, et laisser son âme aride et sans fruit. C’est Dieu Lui-même qui donne à l’âme de la force. « Le Seigneur s’est tenu près de moi, et m’a fortifié » (2 Tim. 4, 17). L’assurance que le Tout-puissant m’aime et qu’Il est près de moi, est le vrai moyen de donner de la vigueur à mon âme. Lorsque Élie eut entendu le « son doux et subtil », il retourne à son œuvre comme un homme puissant. Lorsque David se tenait dans l’aire d’Arauna, Jébusien, il était plus avancé en intelligence spirituelle qu’il ne l’avait jamais été jusque-là ; et quand Paul disait : « Je prends plaisir dans les infirmités, etc., afin que la puissance de Christ repose sur moi », il avait atteint moralement le plus haut degré de gloire.
J’aime à voir la puissance de Dieu afin de pouvoir exalter Son nom ; mais plus je le fais, plus je désire en mon âme de réaliser, par une proximité invisible, bien réelle et sentie, qu’Il est mon Dieu ; ceci est pour moi plus que tout le reste, parce que plus et mieux je Le connais, plus je puis sincèrement prendre part à tout ce qui Le magnifie. N’avons-nous pas vu souvent des dons et des capacités spéciales de la part de Dieu devenir un piège pour l’Église et pour ceux qui les possédaient ? L’âme s’occupe davantage de l’expression que du cœur de Celui de qui elle vient. Un enseignement puissant me fait du bien à proportion de ce que je réalise de l’amour de Christ, dont l’enseignement est l’exposition. Si je suis préoccupé de l’exposition, comme je pourrais l’être d’un poème, alors c’est une affaire de l’intelligence et non de l’esprit. Cela se trouve de fait au-delà de moi, et si, plus tard, ma conscience demande jusqu’à quel point je suis conséquent avec les résultats de l’exposition, je découvre que j’ai reçu cette exposition de la vérité et que j’en ai éprouvé la puissance, sans me l’approprier comme étant l’expression même du cœur de Dieu envers moi. La conséquence en est que je suis pire que si je n’avais rien entendu, car je suis confus quand je comptais sur un vrai gain. La vraie puissance, après tout, consiste dans le sentiment intérieur qu’elle produit, non dans la démonstration extérieure d’elle-même. Paul aimait mieux dire cinq paroles de manière à être compris, que de posséder le don des langues, comme simple démonstration de puissance.
On voit parfois des hommes s’étonner à la vue des manifestations de la puissance de Dieu, comme si elles étaient tout à fait étrangères à la manière d’agir et à la grandeur de cette puissance dans leurs propres âmes. On accorde une trop grande place à ce que la nature peut facilement saisir ; car avec la nature, il s’agit toujours de l’extérieur à l’intérieur, au lieu du vice versa.
Puissions-nous être assez spirituels pour reconnaître chaque don et chaque manifestation de puissance, venant de Dieu, comme donnés à l’Église, dans l’Église et pour l’Église ; mais puissions-nous aussi connaître le « son doux et subtil », la communion dans le secret, le lien invisible qui doit être notre vraie ressource plutôt qu’aucune démonstration de pouvoir.