Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 20

De mipe
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Juillet 1828

… C’est avec une vive joie que j’ai entendu parler de la bonté du Seigneur envers vous. Je puis Lui rendre grâces, non seulement de ce qu’Il s’est montré fidèle, mais encore de ce que c’est envers vous qu’Il a fait éclater Sa fidélité. Vous ne me dites rien du petit don que le Seigneur vous a fait. Ces deux textes ne vont-ils pas très bien ensemble : « Elle ne se souvient plus de son angoisse, à cause de la joie qu’elle a, etc. »« N’oublie aucun de ses bienfaits ». Il est écrit de toute la création qu’elle est en travail d’enfantement, et bientôt on dira : « Elle ne se souvient plus de son angoisse, à cause de la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde ». Toutes les voies de Dieu ici-bas sont calculées pour déployer les richesses de Sa gloire envers Ses vases de miséricorde préparés d’avance pour la gloire. Ne cherchons pas à connaître plus que les autres, c’est un piège dans lequel Satan cherche à nous faire tomber ; mais demandons que chaque vérité pénètre toujours plus profondément dans nos cœurs. La grâce qui a été plus particulièrement le sujet de mes prières dernièrement, c’est la patience ; je crois que l’Église en manque beaucoup, ce qui peut provenir autant d’indifférence que d’un désir trop ardent du retour de Christ ; le mot patience exprime des désirs, des soupirs réprimés. La patience me semble être un composé de deux autres grâces — l’espérance et l’expérience ; — l’espérance réalise, mais elle est réprimée par l’expérience des difficultés du désert de ce monde, où cependant tout est amour. Elle nous fait comprendre combien les souffrances du temps présent sont peu dignes d’être comparées avec la gloire à venir ; et c’est ce que je puis dire maintenant, quoique j’aie été conduite à travers une fournaise dans les flammes de laquelle il m’était impossible de le sentir. Il est comparativement facile de croire qu’il vaut la peine de tout quitter pour être retiré des ténèbres de ce monde et pour jouir de la lumière ; mais souvent la foi nous manque quand nous sentons qu’il vaut la peine de tout quitter pour être délivré des liens par lesquels, semblables à Shadrac, Méshac et Abed-Nego, nous sommes trop fréquemment encore liés. Pourquoi en est-il ainsi ? Cela vient de ce qu’il y a encore de l’égoïsme dans notre piété, et cet égoïsme se montre dans le soin avec lequel nous nous occupons de notre propre sûreté plutôt que de la gloire de Dieu. Quelle grande promesse nous avons pour repousser les tentations du monde : « Toutes choses travaillent ensemble à notre bien » ! Beaucoup de choses peuvent être mauvaises en elles-mêmes, mais je pense que la providence de Dieu les conduit de telle manière qu’elles éclatent en bénédictions sur nos têtes. Il en est ainsi dans les dispensations de Dieu ; un seul moyen tend à plusieurs buts et peut amener une suite de grâces ; la tribulation produit la patience, la patience l’expérience, l’expérience l’espérance, etc. ; et si tout est si admirablement calculé que la même épreuve correspond aussi bien aux besoins réunis de tous ceux qu’elle concerne, que si elle n’était envoyée que pour chacun d’eux en particulier.

Oh ! que le chrétien est une créature merveilleuse ! Il est impossible de le faire aller jusqu’au fond de l’eau ; plus il est enfoncé profondément, plus aussi il s’élève. Priez pour moi, afin que la patience me soit donnée. L’apôtre Paul rend grâces à Dieu au sujet des Thessaloniciens, autant pour « la patience de leur espérance » que pour « l’œuvre de leur foi et le travail de leur amour », et dans son épître aux Colossiens, il parle de la patience comme produite par la toute-puissance et la force de la gloire de Dieu. Si dans la fournaise de l’affliction les premiers croyants avaient besoin d’être exhortés à la patience, à combien plus forte raison l’Église a-t-elle besoin de la même exhortation, maintenant qu’elle passe par tous les dangers de la prospérité. Je suis frappée de ce qu’avant d’envoyer la tribulation, le Seigneur donne souvent le besoin de sonder la prophétie ; de cette manière l’Église ne sera pas seulement trouvée dans un état d’attente lorsque le bras du Seigneur sera étendu, comme s’il ne lui arrivait rien d’extraordinaire, mais encore dans l’attitude de l’espérance. C’est quand nous espérons ce que nous ne voyons pas que nous attendons avec le plus de patience.

Avant d’envoyer une épreuve, le Seigneur y prépare le croyant, et quelquefois même Il lui en fait vivement sentir le besoin, en produisant en lui un désir ardent d’être rendu conforme à son Sauveur et de jouir intérieurement de Sa présence. N’oublions donc jamais de prendre pour notre casque l’espérance du salut ; nous en avons besoin. Quoique enfants de lumière, il faut que nous soyons sans cesse poussés vers la lumière, tant nous marchons pesamment du côté des joies éternelles. L’indolence de notre nature se manifeste continuellement ; nous aimons mieux gémir dans nos cœurs et nous cacher dans l’obscurité, que de courir sur les traces de Celui qui a été aussi soutenu dans Sa course par une espérance patiente. Nous apprenons comment il faut courir, dans la douce exhortation qui nous est faite de rejeter tout fardeau sur Celui qui est à notre droite ; alors nos yeux étant élevés par-dessus tout ce qui pourrait nous distraire, et nos pieds étant débarrassés de tout ce qui pourrait nous arrêter, nous tiendrons nos regards fixés sur la lumière, tandis que nous franchissons l’espace du temps, qui se trouve au terme de la course.

Ce pauvre monde s’imagine que nous nous imposons de grandes privations en abandonnant les délices du péché ; mais combien le chrétien trouve cela plus facile que de marcher au milieu des biens de cette vie, qu’il ne doit plus estimer que comme du fumier, afin que ses affections puissent se cramponner plus fortement à Celui qui seul peut « désaltérer l’âme altérée, et rassasier de ses biens l’âme affamée ».

Vous aurez raison de dire que, si j’écris rarement, je finis par faire tout un volume. Je vous quitte en vous envoyant ce précieux texte : « Vous n’êtes point à vous-mêmes ». Nous n’avons en effet plus aucun droit sur nous-mêmes. C’est Christ qui doit juger comment nous pouvons Le servir et Lui être le plus utiles ; toutes nos capacités doivent retourner à Sa gloire, et notre plus grand plaisir doit être de nous dépenser entièrement à Son service.