Livre:Étude sur l’Apocalypse/Chapitre 21

De mipe
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Dans les huit premiers versets du chapitre 21, nous voyons le nouveau ciel et la nouvelle terre ; mais, en outre, chose terrible à dire, l’étang de feu. Il doit en être ainsi, puisque, ainsi que nous l’avons lu à la fin du chapitre précédent, c’est là que sont jetés tous ceux qui ne sont pas écrits dans le livre de vie. Fait solennel, et que nous sommes tenus d’annoncer, que, même dans cet état parfait et éternel, illuminé de la clarté du ciel et de la terre, où nul mal ne pourra entrer, on trouve tout le mal qui a jamais existé, tous les méchants de toute nation et de tout siècle, jetés dans l’étang de feu, condition immuable qui résulte d’un jugement éternel.

Remarquez un autre fait important. Tous les noms dispensationnels[1] de Dieu disparaissent. C’est maintenant Dieu et l’homme. Il n’est plus question de nations, de contrées séparées, ni de familles, de peuples et de langues. C’est l’état éternel ; en fait, c’est aussi la plus complète description que nous en donne la Bible.

Mais il y a encore un point intéressant à relever. Quoique toute distinction entre les hommes ait complètement disparu, et qu’ils aient directement à faire avec Dieu — je parle des hommes ressuscités d’entre les morts ou transmués — nous voyons cependant « la sainte cité, nouvelle Jérusalem », séparée du reste de ceux qui remplissent le nouveau ciel et la nouvelle terre. C’est un fait d’une grande importance, parce que, si la nouvelle Jérusalem est, comme il me le semble avec évidence, l’Épouse, la femme de l’Agneau, alors cette condition à part existe pour l’éternité. « Et j’ouïs une grande voix venant du ciel, disant : Voici, l’habitation de Dieu » (en parlant de la cité même) « est avec les hommes ». C’est-à-dire que l’habitation ou le tabernacle de Dieu est regardé comme un objet à part, en relation, sans doute, avec les hommes, mais non pas confondu avec eux. Les hommes ne sont pas considérés comme faisant partie de ce tabernacle, ils coexistent avec lui. « L’habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux ; et la mort ne sera plus ; et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées ».

Toutes choses sont donc faites nouvelles, et « celui qui était assis sur le trône » le certifie Lui-même et dit à Jean : « Écris, car ces paroles sont certaines et véritables ». Plus rien ne reste à faire. « Et il me dit : C’est fait. Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, je donnerai, moi, gratuitement, de la fontaine de l’eau de la vie. Celui qui vaincra héritera de ces choses, et je lui serai Dieu, et lui me sera fils. Mais quant aux timides, et aux incrédules, et à ceux qui se sont souillés avec des abominations, et aux meurtriers, et aux fornicateurs, et aux magiciens, et aux idolâtres, et à tous les menteurs, leur part sera dans l’étang brûlant de feu et de soufre, qui est la seconde mort ».

Ici s’opère, dans la suite des visions, un changement remarquable, mais facile à comprendre ; car il est évident que, dans l’ordre chronologique, rien ne peut suivre ce que nous venons de voir, c’est-à-dire l’état éternel. Nous devons donc nécessairement retourner en arrière pour contempler un objet important dans la prophétie, et qui ne pouvait être décrit auparavant, sans en interrompre le cours. Il en est ici comme de ce que nous avons vu au chapitre 17. Dans le cours de la prophétie, Babylone est mentionnée deux fois ; premièrement dans la série des avertissements et des jugements de Dieu (chap. 14), puis, comme l’objet du jugement de Dieu, lors de la septième coupe (chap. 16, 19). C’est seulement alors que vient la description de Babylone, qui n’aurait pu être introduite convenablement autre part, sans rompre le courant du flot prophétique.

Nous retrouvons ici le même ordre, et, ce qui rend la chose plus frappante, c’est la similarité de l’introduction dans les deux cas. « Et l’un des sept anges qui avaient eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint et me parla, disant : Viens ici, je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau ». On voit que ce sont presque les mêmes termes que ceux qui commencent le chapitre 17 ; je pense que ce n’est pas sans raison, et que Dieu a voulu établir cette analogie, pour faire ressortir à nos yeux le contraste entre les deux objets qui nous sont présentés. Ici, dans le chapitre 21, depuis le verset 9, nous n’avons pas la continuation de la prophétie, mais la description de la sainte cité, nommée précédemment dans l’état éternel ; tout comme le chapitre 17 renfermait la description de la ville corrompue, dont le jugement avait été annoncé. Babylone, avec ses fausses prétentions à un caractère d’église, mais en réalité meurtrière, était en même temps coupable d’avoir corrompu les rois de la terre. Ici nous voyons la sainte cité, descendant du ciel d’auprès de Dieu, l’Épouse, la femme de l’Agneau, contrastant de la manière la plus complète avec la grande prostituée. C’est à cette cité céleste qu’après la venue de Christ, les rois de la terre apporteront leurs offrandes et leurs hommages, mais il n’y aura alors aucun enivrement des nations, point de souillure de fornication, point d’abominations, ni de sang versé. Babylone, cette affreuse contrepartie de la sainte cité, recherche, dans son ambition terrestre, la faveur des rois de la terre et des masses populaires ; l’autre, l’épouse, souffre maintenant et régnera alors. La considération de l’une jette donc beaucoup de lumière sur l’autre.

Mais j’insiste encore sur l’importance extrême qu’il y a de faire attention que nous avons ici une vue rétrospective sur l’épouse, la nouvelle Jérusalem. Ainsi disparaît la difficulté que l’on rencontre en prenant la dernière vision de ce livre comme faisant partie de la série prophétique, qui commence au chapitre 19 et se termine au verset 9 du chapitre 21. C’est une digression ajoutée dans le but de décrire un objet nommé en passant dans cette série, de même que le chapitre 17, qui ne suit pas chronologiquement les chapitres 14 ou 16, est aussi une digression, destinée, en nous ramenant en arrière, à nous faire connaître le caractère de Babylone, et à montrer comment ce caractère a moralement forcé le jugement de Dieu à s’exercer sur elle. Dans ce chapitre 21 nous est donnée la description de l’Épouse, la femme de l’Agneau, et nous y apprenons comment Dieu se servira d’elle pour répandre des biens illimités, la bénédiction et la gloire durant le millénium ; tout comme le diable, pendant la période actuelle, a employé et emploiera Babylone pour accomplir ses desseins de méchanceté. De même que la ville de la confusion humaine a été montrée dans ses viles et honteuses relations avec la bête, de même la sainte cité est vue dans ses pures et glorieuses relations avec l’Agneau.

« Et l’un des sept anges qui avait eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint et me parla, disant : Viens ici, je te montrerai l’épouse, la femme de l’Agneau. Et il m’emporta en esprit sur un grande et haute montagne, et il me montra la sainte cité, Jérusalem, descendant du ciel d’auprès Dieu ». Le prophète n’est pas emmené dans un désert : il est placé sur « une grande et haute montagne », pour voir, non la grande, mais la sainte cité, Jérusalem. La grande cité est, ou bien Jérusalem coupable, ou bien Babylone (chap. 11, 8 ; 17, 18). La sainte cité est vue maintenant comme le saint vase du pouvoir divin pour gouverner la terre durant le millénium, « ayant la gloire de Dieu. Son luminaire était semblable à une pierre très précieuse, comme à une pierre de jaspe cristallin ».

Ensuite vient une description de ses murailles, de ses portes, de ses fondations et de sa disposition générale. « Elle avait une grande et haute muraille ; elle avait douze portes, et aux portes douze anges, et des noms écrits sur elles, qui sont ceux des douze tribus des fils d’Israël ». Il était important, précisément parce que c’est l’Épouse, la femme de l’Agneau, de montrer que les anges sont là, et qu’Israël n’est pas oublié. Le nom même qu’elle porte, Jérusalem, montre quelque chose de semblable. Quoique l’Église ne puisse jamais rien avoir de terrestre, nous voyons cependant que Dieu n’oublie point ses voies envers son peuple. Quant aux anges, ils ne sont là qu’en qualité de portiers, si l’on peut dire ainsi ; et, pour ce qui est des douze tribus d’Israël, leurs noms seuls sont écrits sur les portes, mais rien n’indique qu’ils fassent partie de la cité : leurs noms sont inscrits en dehors. Cette cité rappellera constamment ceux qui vinrent avant qu’Israël fût restauré ici-bas, de même que, sans nul doute, elle servira pour la bénédiction de ce peuple durant le millénium. Mais ce ne sera point pour lui seul, quoiqu’il ait sa place spéciale, comme cela est juste ; nous voyons en outre que la cité regarde vers les quatre parties de l’univers. « À l’orient, trois portes ; et au nord, trois portes ; et au midi, trois portes ; et à l’occident, trois portes ».

« Et la muraille de la cité avait douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l’Agneau ». Ceux-ci semblent être (sauf Judas Iscariote, comme on le comprend) les douze apôtres qui furent plus particulièrement associés à Christ, lorsqu’Il poursuivait Son sentier de douleur sur la terre. Cela ne veut pas dire que celui qui fut, dans son service, plus honoré qu’aucun des douze, celui que le Seigneur employa pour montrer la position de l’Église dans les lieux célestes, n’aura pas sa place toute spéciale dans cette scène glorieuse. Mais Dieu est souverain ; de plus, Il agit avec une sagesse toujours infiniment au-dessus de celle de l’homme, et maintient partout Ses principes. Les douze apôtres de l’Agneau ont donc ici la place qui leur convient, et, bien que nous puissions être assurés que celle que Dieu assignera à Paul ne sera pas inférieure, il me semble que celle-là ne pourrait pas être la sienne.

« Et celui qui me parlait avait pour mesure un roseau d’or, pour mesurer la cité et ses portes et sa muraille. Et la cité est bâtie en carré, et sa longueur est aussi grande que sa largeur ». Elle est complète et parfaite, comme cela convient à son caractère d’alors.

Nous avons ensuite la description de la cité elle-même, sa muraille, les matériaux dont elle est construite, ses fondements et ses portes, choses sur lesquelles je ne m’étendrai point.

Mais plus loin nous est présenté par le voyant un point de la plus haute importance : « Et je ne vis pas de temple en elle ; car le Seigneur, Dieu, le Tout-puissant, et l’Agneau, en sont le temple ». Ce n’est pas une lacune ; au contraire, c’est la preuve de la communion la plus immédiate avec Dieu. Un temple supposerait un intermédiaire ; l’absence de temple est donc un gain et non une perte pour la cité. C’est ce qui établit une grande différence entre la Jérusalem terrestre et la cité céleste ; en effet, s’il y a, dans la description d’Ézéchiel, une chose plus remarquable qu’une autre, c’est le temple. On le comprend : un temple convient à la terre ; mais ici il n’y en a point. La cité céleste, qui est l’expression complète de la bénédiction en haut, n’a pas de temple, parce que tout entière elle est un temple. Pour autant qu’il en est question, le Seigneur Dieu en est le temple, et l’Agneau.

« Et la cité n’a pas besoin du soleil ni de la lune, pour l’éclairer ». Il ne faut pas non plus regarder cela comme une perte. Pour la ville et le pays sur la terre, la lumière de la lune sera comme celle du soleil, et la lumière du soleil sera sept fois aussi grande (És. 30, 26), mais ici il n’y a aucun de ces luminaires ; les lumières créées ne sont plus pour la cité d’en haut, « car la gloire de Dieu l’a illuminée, et l’Agneau est sa lampe ». Quel gain immense !

« Et les nations marcheront par sa lumière »[2]. Il est clair par là qu’elles ne sont pas dans la cité. « Et les rois de la terre lui apporteront leur gloire », non en elle, mais à elle, c’est-à-dire que c’est simplement l’expression de l’hommage qu’ils lui rendent. « Et ses portes ne seront point fermées de jour : car il n’y a pas de nuit là. Et on lui apportera la gloire et l’honneur des nations. Et il n’y entrera aucune chose souillée, ni ce qui fait une abomination et un mensonge ; mais seulement ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l’Agneau ». Tout ce qui, moralement, est impropre à la sainte cité, trouve ici sa juste condamnation ; mais, en même temps, la grâce souveraine doit aussi être affirmée.



  1. Le Dieu Tout-puissant des patriarches ; l’Éternel pour Israël ; le Père pour nous ; le Dieu souverain, possesseur des cieux et de la terre dans le millénium (Gen. 17, 1 ; Ex. 6, 3 ; 3, 15 ; Jean 20, 17 ; Gen. 14, 18 ; comp. Héb. 7 ; Ps. 110 et Zach. 6, 13).
  2. Les versions ordinaires portent « les nations qui auront été sauvées » ou « les nations de ceux qui sont sauvés ». C’est une interpolation évidente, repoussée par les meilleures autorités. De plus, on ne rencontre jamais semblable expression dans l’Écriture ; quand le mot « sauvé » est employé comme terme technique, bien loin de s’appliquer aux nations, c’est toujours du résidu juif qu’il s’agit.