Livre:Messages aux sept églises/Chapitre 2
La vision du Fils de l’homme, dans Sa dignité de juge, sert d’introduction aux messages qui donnent Son jugement sur les sept assemblées. Il nous convient de nous attarder sur la vision, car c’est la grandeur de Celui qui parle qui donne de la valeur à Ses paroles. Ainsi, plus nous aurons conscience de la gloire de Celui qui parle, plus nous prêterons attention à ce qu’Il dit.
— Versets 9, 10 : Avant d’avoir la vision de Christ, nous apprenons que de telles révélations demandent des circonstances spéciales ; elles exigent un état d’âme convenable et un temps approprié. C’est ainsi que Jean se trouve dans des circonstances éprouvantes, et, bien que vraiment sujet du royaume comme soumis à Christ, il n’a pas encore sa part dans le royaume en gloire, mais « au royaume et à la patience en Jésus ». En outre, il est exilé dans l’île aride de Patmos. Cependant, s’il est banni par les décrets de l’homme dans un lieu désolé, c’est afin de recevoir, à l’abri de toute autre influence, la Parole de Dieu et le témoignage de Jésus Christ. Bien souvent, dans l’histoire du peuple de Dieu, des temps d’épreuve sont devenus des temps de progrès spirituel. Comme un autre l’a montré, il faut que Joseph aille en prison pour devenir un révélateur de secrets ; il faut que David soit conduit dans les antres de la terre pour chanter ses chants les plus doux ; il faut que Paul souffre l’emprisonnement pour recevoir ses plus hautes révélations, et Jean doit être exilé à Patmos pour entendre des paroles et avoir des visions, qu’un mortel n’avait jamais entendues, ni vues auparavant.
Jean n’est pas dans ce lieu solitaire comme un ermite exilé, aigri contre le monde, mais comme un proscrit pour qui le monde n’a pas de place. Bien que séparé des rachetés du Seigneur, il peut toujours parler de lui-même comme leur frère, qui a part avec eux à la tribulation, et le Seigneur fait de la solitude de Patmos une occasion pour Jean de servir les autres en amour.
De plus, Jean n’était pas seulement dans le lieu qui convenait pour recevoir la révélation de l’Apocalypse, il était aussi dans un état moral convenable, car il peut dire : « Je fus en Esprit ». Cela indique quelque chose de plus que le fait d’être dans l’état approprié et normal du croyant, c’est-à-dire dans l’Esprit, selon Romains 8, 9. Il semblerait plutôt que ce soit un état spécial dans lequel l’apôtre se trouvait, si complètement sous la puissance de l’Esprit qu’il en était étranger à toute autre chose que la vision et les communications merveilleuses qui allaient être devant lui.
Ensuite, l’Apocalypse fut donnée à l’apôtre à un moment particulier. C’était « dans la journée dominicale ». Ce terme ne doit pas être confondu avec « le jour du Seigneur », expression trouvée dans les prophètes et utilisée par les apôtres Paul et Pierre pour désigner le jour où le Seigneur viendra soudainement, comme un voleur dans la nuit, pour exécuter le jugement (1 Thess. 5, 2 ; 2 Thess. 2, 2 ; 2 Pier. 3, 10). Manifestement, les choses qui sont décrites dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, et la plus grande partie des « choses qui doivent arriver après celles-ci » (1, 19), n’ont pas lieu au cours du jour du Seigneur. Cela n’aurait pas de sens que l’apôtre soit en esprit au jour du Seigneur pour voir des choses qui doivent avoir lieu deux mille ans avant ce jour. Ainsi, il semble clair que le jour du Seigneur est le jour de la résurrection, vu dans d’autres écritures comme le premier jour de la semaine. Il est appelé la journée dominicale pour indiquer que ce n’est pas un jour ordinaire, comme aussi la cène dominicale est ainsi appelée pour la distinguer d’un repas ordinaire. C’est un jour spécialement mis à part, non par un commandement légal, comme dans le cas du sabbat juif, mais comme un privilège spécial pour l’adoration et le service du Seigneur.
Ainsi, c’est dans un lieu retiré du monde que, dans un état moral convenable — en Esprit — et au cours d’une journée particulière — la journée dominicale — Jean est interpellé par une grande voix, comme d’une trompette, pour voir ces visions merveilleuses et entendre ces solennelles communications.
— Verset 11 : Ce que Jean voit, il lui est dit de l’écrire dans un live et de l’envoyer aux sept assemblées. L’apôtre a déjà envoyé des salutations aux sept assemblées ; maintenant elles sont désignées par leur nom. Le livre est adressé à sept assemblées seulement ; néanmoins, l’Esprit de Dieu a choisi la forme écrite de communication plutôt que la forme orale, afin que l’Église tout entière, dans tous les temps, en fasse son profit.
— Versets 12, 13 : Jean se retourna pour voir Celui qui lui parlait, et nous avons immédiatement la première grande division du livre, appelée par le Seigneur : « les choses que tu as vues » (1, 19). Jean a d’abord devant lui la vision de sept lampes d’or. Un peu après, nous apprenons que les lampes représentent sept assemblées. Ce symbole de la lampe suggère immédiatement qu’elles représentent l’Église vue dans sa responsabilité de maintenir une lumière pour Christ dans les ténèbres de ce monde. L’or indique que l’Église a été établie au début de son histoire sur la terre, pour être un témoignage pour Christ, dans un caractère qui convient à la gloire divine. De plus, c’est sûrement l’église professante qui est en vue, car plus loin, nous apprenons qu’il est possible que la lampe soit ôtée et que, finalement, ce que la lampe représente devienne un objet de dégoût pour Christ.
Ensuite, Jean voit, au milieu des sept lampes, quelqu’un de semblable au Fils de l’homme. C’est, nous le savons, une vision de Christ sur le point de juger, car tout jugement est donné au Fils de l’homme, afin qu’Il soit honoré dans cette condition humaine où Il a connu le mépris et le rejet des hommes. Néanmoins, il est parlé de Lui comme Celui qui est semblable au Fils de l’homme, indiquant qu’Il est une personne divine qui a été manifestée en chair.
Ici, Christ n’est pas présenté au milieu de l’Assemblée pour conduire les louanges de Son peuple, ni au milieu de deux ou trois pour conduire leurs prières. Il n’est pas vu non plus comme le seul Berger réunissant les brebis en un seul troupeau, ni comme la Tête de l’Église — qui est Son corps. Il est vu sous l’aspect solennel du Juge au milieu de la profession chrétienne. Il marche (2, 1) au milieu des assemblées, observant leur état et prononçant le jugement, que ce soit approbation ou reproche. Tous les traits par lesquels Il est décrit sont en accord avec Son caractère de juge.
Son vêtement n’est pas ceint pour le service de grâce et d’amour, comme au jour heureux encore à venir où Ses esclaves seront rassemblés dans le ciel ; alors « il se ceindra et les fera mettre à table, et, s’avançant, il les servira » (Luc 12, 37). Ici, le Seigneur est vu « vêtu d’une robe qui allait jusqu’aux pieds », convenant à la dignité du juge. De plus, Il est « ceint, à la poitrine, d’une ceinture d’or », indiquant que les affections sont retenues par tout ce qui est dû à la gloire divine.
— Versets 14-16 : « Sa tête et ses cheveux étaient blancs comme de la laine blanche, comme de la neige ». Ces symboles, comme nous le savons par Daniel 7, 9, montrent la gloire de Dieu comme juge sur Son trône. Ainsi nous apprenons que le Fils de l’homme Lui-même possède les caractères de l’Ancien des jours de la vision de Daniel. En temps voulu, Il s’avancera, couronné de plusieurs couronnes ; ici, il n’y a pas de couronne, car le temps du règne n’est pas encore arrivé. Le trône du jugement doit précéder les gloires du royaume. Il doit premièrement purifier la scène de tout mal comme Juge, avant de régner en gloire comme Roi.
« Ses yeux, comme une flamme de feu », montrent le caractère scrutateur de ce regard auquel rien n’est caché.
« Ses pieds, semblables à de l’airain brillant, comme embrasés dans une fournaise », parlent de l’inflexible sainteté de la marche, qui jamais ne se tourne vers un chemin tortueux, et qui est pure de toute souillure de la terre.
« Sa voix, comme une voix de grandes eaux », exprime la puissance de Sa parole à laquelle aucun homme ne peut résister.
« Il avait dans sa main droite sept étoiles ». Toute autorité subordonnée, représentée par les étoiles, est sous Son contrôle et est maintenue par Sa puissance.
« De sa bouche sortait une épée aiguë à deux tranchants ». Tout est jugé par Sa parole infaillible, épée à deux tranchants qui s’occupe non seulement de la conduite extérieure, mais discerne les pensées et les intentions du cœur (Héb. 4, 12, 13).
« Son visage, comme le soleil quand il lui dans sa force », symbole qui implique que, comme juge, Il est investi de l’autorité suprême.
— Versets 17, 18 : L’effet de cette grande vision du Fils de l’homme comme juge a un tel effet que même un apôtre tombe à Ses pieds comme mort. Jean avait connu Christ dans Son humiliation dans les jours de Sa chair, et avait autrefois reposé sa tête dans le sein de Jésus ; sur la montagne, il avait vu Christ dans les gloires de Son royaume ; il avait parlé avec Christ revêtu de Son corps de ressuscité, mais jamais, auparavant, il n’avait vu Christ dans Sa dignité de juge. Cependant, il faut se souvenir que c’est l’attitude que Christ prend envers la chrétienté professante. Il est vrai que, comme croyants, nous Le connaissons comme notre Sauveur ; comme membres de Son corps, nous Le connaissons comme la Tête ; comme serviteurs, nous Le connaissons comme notre Seigneur ; néanmoins, comme faisant partie de la grande profession chrétienne[1], nous avons affaire à Lui comme juge dans toute notre marche d’assemblée. Nous l’avons déjà dit, le croyant Le connaît sous des caractères différents et plus précieux, mais la grande multitude de la profession chrétienne, composée de simples professants, ne peut Le connaître que comme juge. La multitude peut professer L’honorer en érigeant des temples magnifiques pour Son culte et en faisant de grandes œuvres en Son nom ; cependant, s’ils saisissaient un seul rayon de Sa gloire, ils prendraient conscience qu’Il marche au milieu de la profession comme un juge, et ils tomberaient à Ses pieds comme morts.
Il en allait tout autrement pour Jean : « votre frère » ayant part « à la tribulation et au royaume et à la patience en Jésus ». Il n’y avait aucune raison d’avoir peur. La main du Seigneur et Sa voix lui rappellent la personne si bien connue dans les jours de Son humiliation, Jésus, dont il avait si souvent entendu la voix annoncer la paix : « Ne crains point ». Celui qui est le Juge — le premier et le dernier — est Celui qui a été mort et qui maintenant vit à jamais. Tout ce qui serait de nature à troubler le croyant — ici Jean — (et l’humilité lui convient toujours dans son témoignage) devant le juge, a été porté et à jamais ôté par la mort de Celui qui va juger. Les clefs de la mort et du hadès sont dans Sa main. Le croyant n’a donc aucune raison de craindre, car ces clefs ne peuvent être utilisées par aucun autre que Celui qui nous aime et qui est mort pour nous. Comme quelqu’un l’a dit, notre Seigneur « est le Maître absolu de tout ce qui pourrait menacer l’homme, qu’il s’agisse du corps ou de l’âme ».
- ↑ Dans tout ce texte, « professer » signifie « faire profession de », la profession désigne l’ensemble des « professants », de ceux qui déclarent être chrétiens, qui en portent le nom. Parmi eux, on distingue les croyants, ceux qui ont la vie par la foi personnelle en Jésus Christ, et les « simples professants » qui portent le nom de chrétiens sans foi personnelle.