Messager Évangélique:La résurrection

De mipe
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Il est étrange qu’étant tous obligés de nous familiariser avec la mort, et qu’éprouvant pour elle une horreur instinctive, tout en sentant que nous ne pouvons lui échapper, il est étrange, dis-je, que nos cœurs ne soient pas plus impressionnés, et nos sentiments et nos pensées modifiés davantage par l’admirable révélation de Dieu, qui nous présente le seul remède possible contre la mort, et seule jette un rayon de lumière sur les lourdes et obscures ténèbres du sépulcre. Rien n’est plus solennel que la mort ; elle est appelée justement : « le roi des épouvantements », et ce n’est pas en en bannissant l’idée de nos esprits, ni en l’envisageant avec légèreté, que nous triompherons de ses terreurs.

Si les chrétiens se pénétraient plus profondément de ce qu’est la mort : — qui est la fin et la destruction de toute relation et de toute espérance terrestres ; qui en un moment arrête toute pensée d’homme ; qui brise chaque lien d’affection par lequel notre cœur était uni à ceux que nous aimions ; qui nous sépare de tout ce à quoi nous avons pris intérêt depuis que commença notre vie ; qui nous éloigne de tout ce qui dans ce monde nous a fait éprouver une joie ou une douleur, pour ne rien dire des circonstances qui accompagnent si souvent cette heure de dissolution ; — les chrétiens alors seraient poussés davantage à s’occuper de la résurrection, cette vérité et cette victoire de Christ, en qui seule est leur ressource et le remède contre la mort. La résurrection ne serait plus une chose vague et sans portée, une doctrine parmi d’autres doctrines, et rien de plus — mais elle serait la puissance vivifiante qui seule soutient le cœur là où tout s’écroule, et on rendrait grâces à Dieu de ce qu’Il a donné la plus brillante lumière de la révélation, là où la nature est le plus en défaut, et de ce qu’Il fait luire un reflet de Sa gloire magnifique sur l’heure la plus sombre de l’humanité.

Il est important de remarquer comment Paul, dans le développement merveilleux du sujet de ce chapitre, lie tout ce qui lui est révélé quant à la certitude, l’ordre et la puissance de la résurrection, à l’évangile qu’il prêche, et avec quelle simplicité il expose les principes de cet évangile, dans lequel seul l’homme trouve sa délivrance du péché, et tous les heureux fruits de cette délivrance. Il résume cet évangile de la manière la plus succincte, disant que « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures, et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures » (v. 3, 4). C’est là, selon lui, le sujet du témoignage commun rendu par lui-même et par les autres disciples et témoins de la résurrection de Christ. « Soit donc moi, soit eux, nous prêchons ainsi » (v. 11). La mort de Christ nous est présentée comme le résultat des conseils de Dieu et le fruit de Sa grâce infinie, selon le témoignage de miséricorde donné depuis le temps où le péché entra dans le monde, jusqu’au moment où la coulpe en fut portée et effacée, non par le sang des sacrifices typiques qui avaient été ordonnés de Dieu, mais par la mort de Christ, qui « maintenant en la consommation des siècles, a été manifesté une fois pour l’abolition du péché, par le sacrifice de lui-même » (Héb. 9, 26). « Il est mort pour nos péchés, selon les Écritures ».

La cause et le but de la mort de Christ nous sont ainsi présentés, car ce n’est pas en un Christ vivant que se trouve l’évangile pour des hommes voués à la mort. Il est vrai que Christ a vécu avant de mourir, cependant, quelque simple que puisse paraître la distinction, et quelque vrai qu’il soit que Christ soit l’objet de la prédication et du témoignage, il n’en est pas moins vrai qu’il n’y a d’évangile pour les pécheurs que dans Sa mort. L’homme, dans la mort, est réduit à l’impuissance inhérente à sa condition de pécheur, et en la subissant, il est forcé de rendre témoignage, quoique contre son gré, au jugement solennel de Dieu contre le péché. On peut chercher à s’abuser soi-même au sujet de la mort, en se persuadant qu’elle arrive selon l’ordre de la nature, ou comme « une dette que l’on paie à la nature », ou bien comme « le repos dans le sein de la terre » ; — mais il n’y a dans la mort ni « ordre de la nature », ni rien autre que le juste jugement de Dieu — Son jugement irrévocable pour quiconque n’a pas la foi en la mort de Christ. « Il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela d’être jugés » (Héb. 9, 27).

Il est important de remarquer, car beaucoup de chrétiens sont induits en erreur par là, combien on s’arrête et on s’en tient à la vie de Christ, non pas que l’on ne parle pas de la mort du Seigneur comme d’un fait historique, mais d’une part, on présente Christ comme le restaurateur de l’humanité dans son état naturel, Celui qui la remet ainsi en communication avec Dieu ; d’autre part, on veut que la puissance et la grâce qui demeuraient en Christ comme homme, soient perpétuées maintenant par le moyen d’ordonnances et d’une sacrificature. Mais le Seigneur Lui-même nous apprend que, quelles que fussent l’excellence, la perfection et la plénitude qui demeuraient en Lui vivant sur la terre, perfection et plénitude auxquelles le cœur renouvelé s’attache avec délices, l’homme né d’Adam en était séparé, et ne pouvait y avoir part que par Sa mort : « À moins que le grain de froment ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24). Ce n’est que par la mort, que Christ Lui-même devient une source de vie et de bénédiction pour d’autres. Vivant, Il est seul dans Son excellence et Sa perfection infinies ; mais par Sa mort, cette excellence et cette perfection deviennent la part de ceux qui croient en Lui dans Sa mort expiatoire. C’est là ce qui donne tant d’importance à la mort de Christ, et rend si significative la déclaration de l’apôtre que « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures » (v. 3).

Mais l’évangile annonce de plus que Christ « a été enseveli et qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures » (v. 4). La doctrine de la mort et de la résurrection de Christ, c’est « qu’il a été livré pour nos offenses, et a été ressuscité pour notre justification » (Rom. 4, 25). La certitude de la mort de Christ, de Sa sépulture et de Sa résurrection est ici le fondement sur lequel repose tout le christianisme. Christ n’est pas seulement ressuscité d’entre les morts, mais du tombeau. La mort et le tombeau sont vaincus par la résurrection de Christ, c’est pourquoi nous lisons à la fin du chapitre : « Ô mort ! où est ton aiguillon ? Ô sépulcre ! où est ta victoire ? » (v. 55).

Paul rappelle ainsi aux Corinthiens quel est l’évangile qu’il prêche et qu’ils ont reçu, et par lequel ils sont sauvés, à moins — et il ne veut pas même un moment s’arrêter à cette pensée — que tout n’ait été en vain. Il leur avait déclaré ce qu’il avait reçu par une révélation directe du Seigneur, car c’était là le caractère particulier du témoignage de Paul. Il n’avait pas connu Christ, lorsque Celui-ci était sur la terre et que les autres apôtres avaient été appelés ; la résurrection de Christ, aussi bien que Sa mort, avaient été comme non avenues pour lui, jusqu’à ce que, sur le chemin de Damas, il en eût été convaincu par l’apparition du Seigneur Lui-même. Ce fut cet événement qui le rendit propre, d’une manière spéciale, à se joindre à la troupe des témoins qu’il énumère dans ce chapitre, pour rendre témoignage avec eux à ces vérités fondamentales qui seules ont rendu possible le salut, et qui forment la base sur laquelle le christianisme tout entier est édifié : — « et après tous, il a été vu de moi aussi, comme d’un avorton » (v. 8).

La mention qu’il fait de cette apparition de Christ, reporte la pensée de Paul vers l’état dans lequel il se trouvait lorsque le Seigneur s’était ainsi présenté à lui. Il se souvient d’avoir persécuté l’assemblée de Dieu, et son cœur humilié est tout pénétré du sentiment de cette grâce qui l’a sauvé et qui a fait de lui un apôtre et un témoin pour ce Christ, dont il a si follement tenté de détruire le nom. Il attribue à cette grâce qui lui a été faite toute l’énergie de son service ; et ses travaux, si nombreux, il les désavoue comme siens, et déclare qu’ils ne sont dus qu’à la seule grâce de Dieu qui était avec lui (v. 5-10).

Ensuite il établit, comme fondement de son argumentation, que Christ avait été prêché, qu’Il « était ressuscité d’entre les morts », et il demande comment il se faisait que quelques-uns d’entre les Corinthiens dissent « qu’il n’y a pas de résurrection des morts » (v. 12) ? Car, si une fois on admettait qu’il n’y a pas de résurrection des morts, il est évident que Christ, qui était mort et enterré, ne pouvait pas être ressuscité. Et s’il en était ainsi, toutes les conséquences qui découlaient de ce fait, suivaient immédiatement, en sorte que la prédication de l’apôtre était vaine, et leur foi était vaine aussi ; et ceux qui avaient annoncé un Christ mort et ressuscité devenaient de faux témoins de la part de Dieu, parce qu’ils assuraient que Dieu avait ressuscité Christ, ce qui n’était pas vrai, si les morts ne ressuscitent pas. Mais, si Christ n’était pas ressuscité, leur foi était vaine, ils étaient encore dans leurs péchés. Si la résurrection de Christ n’était pas, tout était perdu. La mort de Christ n’était plus l’expiation pour le péché, et par conséquent ceux qui s’étaient endormis en Christ étaient péris ; et les apôtres étaient de tous les hommes les plus à plaindre, pour s’être confiés implicitement en ce qui n’était qu’une fable, et avoir enduré pour ce motif, de la part du monde, tant de souffrances et de misères.

Les Corinthiens n’avaient sans doute aucune idée que leur refus d’accepter la résurrection entraînât avec lui de pareilles conséquences, car ils n’avaient certainement pas l’intention de renoncer formellement au christianisme ; mais l’apôtre, par l’Esprit de Dieu, nous montre que si cette portion de la vérité chrétienne est sacrifiée, le christianisme dans son essence même n’existe plus, et l’homme est laissé dans l’abîme du péché et du désespoir, malgré tout ce que l’évangile peut lui avoir promis. Dans la pensée de l’apôtre, la résurrection est liée en même temps au fondement de sa foi et à son espérance finale au-delà de la tombe ; sans elle, il ne peut se tenir dans la présence de Dieu, et tout espoir est perdu pour lui.

Ayant montré ainsi aux Corinthiens quel était le témoignage qui leur avait été apporté ; leur ayant fait comprendre que la dénégation de la résurrection des corps[1], quoi qu’ils pussent en penser, renversait le christianisme tout entier ; et ayant établi, comme fait incontestable, que « Christ est ressuscité d’entre les morts, prémices de ceux qui dorment » (v. 20), l’apôtre a ouvert la voie à de nouveaux enseignements.

Cependant depuis le verset 20 jusqu’au verset 29, la révélation ne va pas au-delà de la résurrection de Christ et de la position de puissance à laquelle, dans les conseils de Dieu, Il est parvenu par la résurrection. Car Christ est envisagé ici comme homme, et comme « ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père » (Rom. 6, 4). Christ, dans Sa résurrection, est présenté d’abord comme « la gerbe des prémices tournoyée devant l’Éternel » (Lév. 23, 11) ou comme « les prémices de ceux qui dorment », en liaison avec le rassemblement de cette moisson qui aura lieu à la venue du Seigneur. La résurrection de Christ est le gage et la puissance de la résurrection des morts de ceux qui sont à Lui, ainsi que nous l’apprend le verset 23, où l’ordre dans lequel la résurrection s’accomplira nous est décrit : « Christ les prémices, puis ceux qui sont de Christ à sa venue ». Nous apprenons ensuite que, de même que la mort entra dans le monde par l’homme, c’est aussi par l’homme que la résurrection des morts, cet unique remède contre la mort, est introduite ; et ceci est démontré par le contraste qu’il y a entre Adam et Christ : la mort vint par l’un, la vie qui sort de la mort nous est donnée par l’autre. La mort est la conséquence de notre relation avec Adam ; c’est le jugement de la nature ; la vie est le fruit de notre relation avec Christ : c’est le triomphe de la foi.

L’universalité de l’expression : « Comme dans l’Adam tous meurent, de même aussi dans le Christ tous seront vivifiés » (v. 22), est limitée par la relation avec les chefs respectifs de la mort et de la vie. Quand il est dit : « en Adam tous meurent », la portée de cette déclaration est universelle comme conséquence de la relation avec lui par descendance naturelle, en tant qu’elle n’est pas modifiée par l’association avec Christ par la foi ; pareillement, la seconde partie du passage : « de même aussi dans le Christ tous seront vivifiés », ne se rapporte pas à l’exercice de la puissance de Christ, lorsque « tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et sortiront », quelques-uns « en résurrection de vie », mais d’autres « en résurrection de jugement » (Jean 5, 28, 29) : non que la puissance universelle de Christ pour ressusciter les morts soit mise en question, mais la portée de la déclaration de l’Écriture est ici limitée à la relation avec Christ Lui-même, comme chef de la rédemption pour tous ceux qui sont en Lui par la foi, et dont la résurrection est la conséquence d’un autre principe que celui de l’exercice d’une puissance divine à laquelle il faut que tous obéissent. C’est ce que nous montre le verset 11 du chapitre 8 de l’épître aux Romains : « et si l’Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, Celui qui a ressuscité Christ d’entre les morts vivifiera aussi vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous ».

L’apôtre nous apprend ensuite quel est l’ordre dans lequel aura lieu la résurrection : « chacun dans son propre rang » (v. 23).

« Christ les prémices ». — Christ, nous le savons, est ressuscité il y a plus de mille huit cents ans ; — « puis ceux qui sont de Christ à sa venue » (v. 23). Ce n’est qu’à la venue de Christ que les siens seront introduits dans la jouissance de la résurrection effective qui est nécessaire à leur introduction dans la gloire avec Lui, quoique déjà ils aient pu connaître « la puissance de sa résurrection » dans beaucoup de ses précieux fruits. La première épître aux Thessaloniciens, chapitre 4, versets 16, 17, nous donne des détails très explicites sur ce point : « Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement et une voix d’archange, et la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement, puis nous les vivants qui demeurons, serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ».

Ce n’est pas de l’état intermédiaire ou du bonheur de l’âme séparée du corps que l’Écriture nous occupe ici, quoiqu’elle dise ailleurs que « de déloger et d’être avec Christ est beaucoup meilleur » (Phil. 1, 23), et que : « être absent du corps, c’est être présent avec le Seigneur » (2 Cor. 5, 8). Mais elle nous parle de la résurrection du corps d’entre les morts ; de l’intervention du pouvoir de Christ pour délivrer les corps de Ses saints de la corruption dans laquelle ils ont dormi, et les soustraire ainsi aux derniers vestiges de l’empire du péché, pour les présenter « irréprochables devant sa gloire » (Jude 24) comme les trophées de Sa puissance et de Son amour.

Ensuite, après la démonstration de cette puissance de Christ dans la résurrection des siens à sa venue, viendra « la fin ». Cette fin, τελοϛ, doit avoir lieu au dénouement du règne médiatorial de Christ, lorsqu’Il remettra le royaume à Dieu ; mais cet événement ne s’accomplira pas avant que Son règne et Sa puissance n’aient eu pour résultat « l’abolition de toute principauté, et toute autorité et toute puissance » (v. 24), et la soumission de tous Ses ennemis. La « mort » même sera détruite par la puissance de Christ, en ce sens que ceux qui sont demeurés sous l’empire de la mort, comme n’ayant pas de part à la première résurrection, ressusciteront à la fin : « Et je vis un grand trône blanc, et celui qui est assis dessus, de devant la face duquel la terre s’enfuit et le ciel, et il ne fut point trouvé de lieu pour eux. Et je vis les morts, petits et grands, se tenant devant Dieu ; et les livres furent ouverts, et un autre livre fut ouvert qui est celui de la vie, et les morts furent jugés d’après les choses qui étaient écrites dans les livres, selon leurs œuvres. Et la mer rendit les morts qui étaient en elle, et la mort et la hadès rendirent les morts qui étaient en eux, et ils furent jugés chacun selon ses œuvres. Et la mort et le hadès furent jetés dans l’étang de feu, et c’est la seconde mort, l’étang de feu. Et si quelqu’un n’était pas trouvé écrit dans le livre de vie, il était jeté dans l’étang de feu » (Apoc. 20, 11-15).

La seule allusion qui soit faite dans le chapitre qui nous occupe à ce qui est appelé « la résurrection générale », ou la résurrection de ceux qui ne sont pas de Christ, se trouve dans cette parole : « l’ennemi qui sera détruit le dernier, c’est la mort » (v. 26), qui répond au passage d’Apocalypse 20 que nous venons de citer.

Puis vient l’état final, au-delà de toute dispensation, lorsque Christ « aura remis le royaume à Dieu son Père » (v. 24), et que « le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (v. 28). C’est de cet état que nous parle le chapitre 21 de l’Apocalypse dans les versets 1-5 : il vient dans l’ordre des temps après le jugement des morts qui a été déjà mentionné, et qui aura lieu à la fin du règne millénaire de Christ. Cet état est caractérisé par de « nouveaux cieux et une nouvelle terre » et par la déclaration que « l’habitation de Dieu est avec les hommes », « car les premières choses sont passées ». — C’est à Sa venue que Christ reçoit le royaume ; mais « la fin » sera lorsqu’Il remettra le royaume à Dieu Son Père, après qu’Il aura pleinement exercé Sa puissance en abolissant toute autorité contraire, et en soumettant tous Ses ennemis.

Rien n’est plus merveilleux, rien n’est plus capable de produire une impression profonde sur le cœur, que cette largeur de l’Écriture, qui, en quelques simples paroles, découvre les destinées de l’homme et de l’univers — et qui, dépassant le cours rapide des temps, dirige le regard au travers de toutes les dispensations de Dieu, jusqu’à ce qu’il aille se perdre dans l’éternité de Dieu Lui-même ! Et de quelle paix l’âme n’est-elle pas remplie ainsi ! Comme elle s’élève au-dessus de tous les intérêts de la terre, en s’occupant des pensées de Dieu, en voyant que notre héritage véritable, notre part éternelle est unie ainsi aux conseils éternels de Dieu dans le Christ Jésus ! Et de quelle grandeur n’est pas revêtu à nos yeux cet « homme de douleurs » que nous avons appris à aimer, lorsque nous découvrons que c’est Lui qui est le centre et le but de tous Ses conseils !

Mais comment se fait-il, dira-t-on, que de pareils événements, que rien dans les annales du monde n’a fait pressentir, soient ainsi déroulés devant nous avec tant d’exactitude ? Nous répondons que c’est là le plan de Dieu ; c’est Sa main qui a esquissé le vaste drame de l’univers, qui se développe jusqu’à ce que l’éternité arrive et engloutisse le cours des temps. Ce que l’homme sait bien, il le décrit avec simplicité ; et Dieu, de qui la sagesse a ordonné toutes choses, et de qui la puissance accomplit toutes choses, Dieu peut révéler avec une simplicité parfaite l’ordre et la suite des desseins de Son conseil éternel. Heureux celui qui trouve son bonheur et sa joie liés à tout ce qui nous est ainsi révélé !

Depuis le verset 20 jusqu’au verset 29 de ce chapitre, l’Écriture nous a occupés d’un sujet spécial, d’un épisode divin concernant la puissance et la gloire de Christ comme l’homme ressuscité, et Son royaume jusqu’à « la fin ». L’argumentation qui se rapporte directement à la résurrection des morts a été interrompue au verset 19 ; mais elle est reprise de nouveau au verset 29, par ces mots : « autrement que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si absolument les morts ne ressuscitent pas ? » et l’apôtre demande : « Pourquoi aussi sont-ils baptisés pour eux ? Pourquoi aussi nous, sommes-nous en danger à toute heure ? ». Au verset 18, l’apôtre avait démontré, comme conséquence de la dénégation de la résurrection des morts, que « ceux qui se sont endormis en Christ sont péris », et ils continue maintenant son discours en parlant de la folie qu’il y avait, en dehors de l’espérance de la résurrection, à se faire baptiser pour les morts. Le baptême au nom de Christ, quelle qu’en soit la valeur maintenant, équivalait alors au baptême pour la mort. Lorsque les martyrs succombaient et que d’autres s’élançaient dans les rangs afin de prendre leurs places, c’était dans la perspective de partager leur sort ; mais qu’est-ce qui pouvait entraîner à s’exposer à ce sort, sinon la certitude de la résurrection ? Ils étaient ainsi baptisés « pour les morts », car je pense que c’est là le vrai sens de ce passage tant débattu. Ce n’est pas qu’au temps des apôtres (quel que soit d’ailleurs le progrès que la superstition a fait depuis lors), la coutume existât que certaines personnes se fissent baptiser pour d’autres, mortes sans baptême, afin que celles-ci en eussent le bénéfice. Cette prétendue coutume n’est probablement qu’une fable, inventée pour supprimer la difficulté de ce passage qui, mis en rapport avec d’autres, se comprend parfaitement bien. L’explication que nous en donnons ici est confirmée par ce que l’apôtre dit ensuite en parlant de sa propre expérience. Au verset 19 il avait dit : « Si nous n’avons d’espérance en Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus misérables de tous les hommes ». Et il ajoute maintenant, comme illustration du sujet : « Pourquoi aussi nous, sommes-nous en danger à toute heure ? ».

La vie de Paul n’était qu’une succession de périls encourus pour le nom de Christ. Chaque jour, il se trouvait face à face avec la mort, comme conséquence de l’espérance qui était en lui. À Éphèse, il s’était trouvé en face d’une populace furieuse, et il compare cette rencontre à un combat avec les bêtes féroces dans l’amphithéâtre. Mais quel profit y avait-il à tout cela si les morts ne ressuscitent pas ? Ôtez la résurrection et il n’y a plus de raison pour aller à l’encontre de la persécution et des maux de cette vie. Il est inutile de prétendre que d’autres motifs auraient pu également inspirer une pareille conduite. C’est là précisément le point en question, et l’apôtre déclare que le christianisme, tel qu’il est, n’en présente pas d’autre que la résurrection. L’importance de cette doctrine et la place qu’elle occupait dans la pensée de l’apôtre apparaissent ici. Nous avons vu déjà quelle était la portée de sa réjection sur l’évangile, le témoignage de Paul et la foi des fidèles ; et maintenant nous voyons que pour l’apôtre lui-même, nier cette doctrine de la résurrection, c’était lui ôter à lui toute sa force, et renverser toutes ses espérances. Sans résurrection, il ne voit pas d’autre alternative que de « manger et de boire, car demain nous mourrons » (v. 32), et il fait entendre assez clairement que déjà cet effet avait été produit, du moins sur quelques-uns. « Les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs » (v. 33). Les croyances philosophiques, et les pratiques sensuelles et dépravées des païens produisaient leurs fruits parmi les Corinthiens ; leurs relations avec ces hommes éloignés de Dieu avaient probablement déjà corrompu leurs doctrines, et corrompaient maintenant leurs mœurs.

C’était cette influence délétère de leur commerce avec les païens, qui amène de la part de l’apôtre cette sévère réprimande : « Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez pas ; car quelques-uns sont sans la connaissance de Dieu, je vous le dis à votre honte » (v. 34). Paul ne veut pas dire qu’il y eût chez les Corinthiens de l’ignorance positive quant à la nature de Dieu, ou que l’existence de Dieu fût niée par eux, mais les Corinthiens avaient tellement perdu le sentiment de la sainteté du caractère de Dieu et de Ses droits, que leur triste état ne pouvait être attribué qu’à la négligence de la vérité et à l’absence de cette communion avec Dieu, dans laquelle nous introduit la grâce de l’évangile. Car il faut nous souvenir que la grâce que nous apporte l’évangile nous est communiquée par la révélation du caractère de Dieu dans la vérité, la justice, la sainteté, qui sont les attributs de Son être. Les Corinthiens avaient perdu cela de vue, comme il arrive partout où l’erreur prend possession de l’âme. La connaissance de Dieu qui donne à la conscience de l’activité et de la sérénité, faisant défaut, l’âme a perdu sa sauvegarde, et nous sommes exposés aux artifices de Satan, qui ne peuvent être découverts que lorsque nous marchons dans la lumière.

Quant à la doctrine elle-même, il est évident que ni spéculations philosophiques au sujet d’une vie future, ni raisonnements sur l’immortalité de l’âme, ni rêveries d’une imagination maladive et sentimentale relativement aux jouissances des esprits dépouillés du corps, ne peuvent jamais prendre la place de la simple et claire doctrine de l’Écriture sur la résurrection des morts, cette doctrine qui introduit Dieu dans toute la souveraineté de Sa puissance pour compléter la rédemption que Sa grâce a commencée, et qui ne laisse à l’homme d’autre place que celle d’un pécheur sans ressource, justement abandonné à la mort et à la corruption. Ce fut dans la résurrection d’entre les morts que la victoire de Christ sur la mort fut accomplie et proclamée, et c’est par la résurrection des siens que leur participation à cette victoire est manifestée. La précieuse vérité que : « déloger et être avec Christ est beaucoup meilleur » (Phil. 1, 23), n’est pas méconnue ; et celle que pour le fidèle : « être absent du corps, c’est être présent avec le Seigneur » (2 Cor. 5, 8), garde la place qui lui appartient. Le même apôtre qui nous les révèle ne permet pas qu’elles viennent affaiblir un seul moment l’importance de la vérité fondamentale qu’il s’occupe à établir. La raison en est simple. La certitude que l’âme, au moment de la mort, est introduite dans la présence de Christ, entoure cet instant solennel de lumière, de joie, et d’une espérance céleste ; mais ce n’est que dans la résurrection que toute la puissance de Christ sur la mort est manifestée. Aussi longtemps que le corps est couché dans la tombe, la corruption exerce son empire sur ce que Christ a racheté ; et la victoire n’est pas complète tant qu’une partie quelconque de ce qui constitue notre être, demeure sous la puissance de la mort. Nous savons, il est vrai, que lorsque la résurrection des morts était en question, notre Seigneur déclare que « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants, car tous vivent pour lui » (Luc 20, 38) ; mais il nous est dit aussi que « la vive attente de la création attend la révélation des fils de Dieu » (Rom. 8, 19), et cette révélation aura lieu lorsque ceux-ci seront ressuscités des morts par Christ à Sa venue. « Quand le Christ, qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire » (Col. 3, 4). Ce n’est pas par la mort que le fidèle arrive à la gloire, mais par la résurrection ou par ce qui lui équivaut. « Il transformera le corps de notre abaissement, afin qu’il soit rendu conforme au corps de sa gloire » (Phil. 3, 21), et ce qui nous est présenté comme l’objet de l’attente des fidèles, c’est : « l’adoption, la délivrance de leur corps » (Rom. 8, 23).

Ce n’est donc pas tenir compte de la gloire de Christ, ni avancer la sanctification, en produisant la séparation d’avec l’esprit de propre satisfaction qui régit le monde ; ce n’est pas non plus conduire à un service fervent et énergique, que de diriger si peu le cœur et le regard du chrétien vers ce qui est au-delà de la mort, vers la résurrection, ce privilège spécial et distinctif de ceux qui sont à Christ. Malheureusement cette résurrection est trop souvent confondue avec une résurrection éloignée, commune et simultanée de tous les hommes, quoique l’Écriture distingue soigneusement ces deux résurrections l’une de l’autre, tant pour ce qui regarde le moment, que pour la manière dont elles doivent s’accomplir. « Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection » (Apoc. 20, 6).

Ici (v. 35) l’argumentation de l’apôtre change de forme, et il nous dit comment et avec quel corps les morts ressusciteront.

D’abord la difficulté ou l’objection que font supposer les questions, est traitée de pensée folle, et l’apôtre n’y répond par conséquent pas directement, et ne le pouvait peut-être pas. Il s’agit simplement de la puissance de Dieu, qui n’est pas limitée par la capacité de l’homme à en comprendre l’exercice. Toutefois il y a certaines analogies qui éclairent la question : et d’abord l’exemple de la semence qui est semée. La semence ne lève pas, à moins que le grain ne se décompose et ne meure ; elle ne lève pas non plus avec le même corps qui a été semé, mais Dieu lui donne un corps selon Son bon plaisir. Cependant chaque semence a un corps qui lui est approprié, quel qu’il soit d’ailleurs, de blé, ou de quelque autre grain. — Ensuite il y a l’analogie de la vie animale organisée. — Et ici, quoique tout soit chair, il y a une différence cependant, chaque espèce étant adaptée à la place particulière qu’elle doit occuper et à l’élément dans lequel elle est appelée à vivre. C’est une chose merveilleuse — mais trop oubliée, parce qu’elle nous est si familière — que la chair puisse exister sous des conditions si diverses, et dans des milieux si contraires ; chez les hommes, les quadrupèdes, les oiseaux, les poissons !

En troisième lieu, l’apôtre relève la différence qu’il y a entre les corps célestes et les corps terrestres, et leur gloire respective : « autre est la gloire des célestes, et autre celle des terrestres » (v. 40). Les corps célestes non plus ne sont pas semblables l’un à l’autre : ils diffèrent entre eux en splendeur et en gloire ; la gloire du soleil est différente de celle de la lune, et une étoile diffère d’une autre étoile en gloire. Tout, en un mot, témoigne hautement du pouvoir et de la sagesse de Celui dont la volonté seule ressuscite les morts, en sorte que les questions de : « comment ? » ou : « avec quel corps ? » ne servent qu’à démontrer la folie ou l’ignorance de ceux qui ont les yeux fermés aux manifestations de la puissance divine qui les entourait, et qui restent insensibles aux témoignages de force et de sagesse que Dieu leur présente dans la création, d’un bout à l’autre de l’univers.

Ici se terminent les analogies dont nous avons parlé, car ce qui est dit au verset 42 : « Ainsi aussi est la résurrection des morts », ne se rapporte pas à la diversité des corps célestes entre eux, et à leur gloire respective, mais nous ramène à l’exemple de la semence semée dont il est fait mention au verset 38. Tous les caractères du corps ressuscité, son incorruptibilité, sa gloire, sa puissance, sa nature spirituelle, sont passés en revue et mis en contraste avec la corruption, le déshonneur, la faiblesse en lesquels le corps naturel est semé. « Le corps est semé en corruption » etc. L’expression même de semé, par l’emploi qu’en fait ici l’Esprit de Dieu, réveille l’espérance au moment même où le regard est le plus disposé à demeurer fixé sur les épaisses ténèbres du sépulcre ; elle nous fait entrevoir comme un brillant arc-en-ciel au milieu des sombres nuages de notre douleur. Car quel est le chrétien qui, debout près de la fosse d’un être bien-aimé, ait vu la froide terre couvrir le cercueil, sans trouver de la consolation dans cette pensée que « ce corps n’est que semé » ? Le tombeau ne fait que recevoir la semence pour la rendre plus tard comme le triomphe complet de l’attente chrétienne exprimée dans ces paroles : « Le corps est semé en corruption, il ressuscite en incorruptibilité ; il est semé en déshonneur, il ressuscite en gloire ; il est semé en faiblesse, il ressuscite en force ; il est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel » (v. 42-44).

Ce dernier caractère du corps ressuscité, qui distingue sa nouvelle nature, donne lieu à une déclaration de l’apôtre à laquelle peut-être on ne s’arrête pas suffisamment. Paul dit : « il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel » (v. 44) ; non pas qu’il veuille répéter ici l’assertion banale que l’homme est composé d’un corps animal et d’un esprit, ce que nous savons tous ; mais il est dit : « il y a un corps spirituel », c’est-à-dire, un corps qui est connu et qui existe dans l’économie merveilleuse de Dieu, et qui porte le caractère distinctif, selon le type duquel le saint sera revêtu dans la résurrection, tout comme maintenant le saint possède « un corps animal » approprié aux besoins de son existence actuelle.

C’est à propos de ces expressions qu’il est fait mention du premier Adam comme étant une « âme vivante », et le dernier Adam un « esprit vivifiant » (v. 45) ; et nous apprenons ainsi, non seulement quelle était la condition d’Adam, lorsque Dieu le créa, et ce qu’est Christ dans Sa personne divine, mais encore quels sont les caractères du corps naturel et du corps spirituel dont l’apôtre nous dit que, dans l’ordre du temps, le corps naturel vient le premier, et ensuite le corps spirituel.

Adam, ayant été formé de la poudre de la terre, est « de la terre, poussière » (v. 47) ; c’est là le caractère du premier homme. Mais quant au second homme, il n’est pas dit qu’Il soit du ciel, céleste, mais il est dit « qu’il est le Seigneur, venu du ciel » (v. 47). Ce qu’Il est par sa nature et par sa relation avec Dieu, entre nécessairement dans ce qu’Il accomplit et ce qu’Il est comme chef du salut, et le caractérise.

C’est pourquoi le premier objet qui nous soit ensuite présenté, c’est la participation à cette divine nature. « Tel qu’est celui qui est poussière, tels aussi sont ceux qui sont poussière, et tel le céleste, tels aussi les célestes » (v. 48). Notre participation à la nature d’Adam nous associe à lui dans les mêmes conditions d’existence, et nous place dans toutes les circonstances qui se lient à cet état, caractérisé comme étant « de la terre, poussière » ; nous n’avons pas d’autre principe de vie que celui de cette nature déchue et souillée par le péché, et n’avons par notre nature même, comme étant « de la terre, poussière », aucun rapport avec le ciel. Mais la participation à la nature du second Adam, « le Seigneur venu du ciel », nous place dans la condition dans laquelle Il se trouve Lui-même comme le Chef ressuscité d’une famille rachetée et céleste, et dans toutes les circonstances et les relations avec le ciel, dans lesquelles la résurrection L’a placé Lui-même. « Tel le céleste, tels aussi les célestes ». Les circonstances peuvent être encore « de la terre », comme conséquence de notre relation avec le premier homme, mais notre vie et notre nature sont du ciel, appartiennent au ciel, et n’ont de patrie que le ciel, car elles sont unies au « second homme, qui est le Seigneur venu du ciel » (v. 47).

Ce qui précède amène la déclaration que nous porterons l’image de Celui de la nature duquel nous participons. « Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste » (v. 49). Voilà ce qui sera et ce à quoi se rattache notre espérance ; mais « ce que nous serons n’a pas encore été manifesté, mais nous savons que lorsqu’il sera manifesté, nous Lui serons semblables » (1 Jean 3, 2). Déjà maintenant, au milieu des misères qui nous environnent, au milieu des afflictions de la mort, de la corruption, et de toutes les terribles conséquences du péché, nous savons que « tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes ». Nous sommes plus que vainqueurs « par Celui qui nous a aimés » (Rom. 8, 37).

Mais « la chair et le sang ne peuvent pas hériter du royaume de Dieu, et la corruption n’hérite pas non plus de l’incorruptibilité » (v. 50). Il faut nécessairement qu’il se fasse dans l’état présent de notre être un changement équivalent à celui qui, selon l’enseignement de l’apôtre, doit avoir lieu à la résurrection, lorsque le corps « ressuscite corps spirituel », car il est impossible que la nature de l’homme puisse être associée à la gloire du royaume de Dieu. Ceci fait ressortir un autre point de la révélation, que nous retrouvons dans le passage de la première épître aux Thessaloniciens, où il est question de l’espérance du chrétien à l’égard de ceux qui dorment. Le : « nous vous disons ceci par la parole du Seigneur » (1 Thess. 4, 15), correspond exactement au verset 51 de notre chapitre : « Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés », etc. La déclaration qu’il faut absolument qu’un changement ait lieu pour que nous puissions hériter du royaume de Dieu, oblige l’apôtre à faire connaître la puissance de Christ sous une autre forme que celle qui nous est présentée dans la résurrection. Jusqu’ici il semblait que ce n’était qu’en passant par la mort qu’on pouvait arriver au royaume de Dieu, et obtenir la transformation qui rendait propre pour ce royaume. Mais l’apôtre nous apprend que si la nécessité d’un changement est absolue et universelle, il n’est pas également nécessaire que tous les croyants passent par la mort. « Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés ». Lorsque Christ viendra, les saints vivants seront transformés sans qu’ils aient à traverser la mort. Un moment, l’espace d’un clin d’œil, suffira pour les revêtir des vêtements de lumière et les introduire dans le royaume de gloire. « La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles et nous, nous serons changés » (v. 52). Ceci aura lieu, nous apprend l’apôtre, « à la dernière trompette », et nous retrouvons la même déclaration dans la première épître aux Thessaloniciens, chapitre 4, 16 : « Car le Seigneur Lui-même, avec un cri de commandement, et une voix d’archange, et la trompette de Dieu, descendra du ciel » ; alors ceux qui sont morts en Christ ressusciteront, et les vivants seront ravis ensemble avec eux « dans les nuées, à la rencontre du Seigneur en l’air » (1 Thess. 4, 17).

Combien la puissance de Christ est admirable ! et dans quelle position réelle et positive Il a placé les siens ! Il ne faut plus nécessairement qu’ils meurent ; ils attendent seulement l’appel de Celui qui est ressuscité, et qui a été élevé dans la gloire, afin qu’Il pût leur dire : « Venez ici », et, dans l’espace d’un moment, le monde et tous les intérêts du temps présent disparaîtront avec eux, et revêtus de corps glorieux comme le sien, ils rejoindront le Seigneur dans la félicité du royaume éternel de Dieu !

Il est vrai « qu’il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité » (v. 53) ; mais nous avons vu que lorsque l’heure vient, un moment suffira au Seigneur Jésus pour tout accomplir. Et « quand ce corruptible » — ce corps qui était assujetti à la mort et à la dissolution — « aura revêtu l’incorruptibilité », et que « ce mortel » — ce corps qui est mortel par sa nature — « aura revêtu l’immortalité » — alors cette parole s’accomplira : « La mort a été engloutie en victoire ! ». La mort devant laquelle jusqu’alors tout a succombé, elle-même recule et disparaît dans le complet et glorieux triomphe de Christ ! « Jésus Christ a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile » (2 Tim. 1, 10), mais ici la mort, et tout son empire sur ceux qui sont de Christ, disparaissent « engloutis en victoire ».

L’apôtre s’anime à la vue de la plénitude de cette victoire et de cette puissance de Christ, et il s’écrie : « Ô mort, où est ton aiguillon ? Ô sépulcre, où est ta victoire ? ». — Car en dehors de la rédemption, la mort est armée d’un aiguillon terrible, et le tombeau triomphe douloureusement. En Christ l’aiguillon de la mort est enlevé. La mort n’a plus aucun pouvoir de blesser car « l’aiguillon de la mort, c’est le péché » (v. 56), non pas les douleurs de la décomposition du corps, ni les angoisses de la nature qui peuvent l’accompagner. Le péché étant donc ôté, la mort ne peut plus avoir son aiguillon, qui était le péché. C’est le jugement de Dieu contre le péché, qui arme la mort de son aiguillon, et c’est la loi qui donne au péché sa terrible puissance, son pouvoir de convaincre la conscience, dont rien ne peut délivrer, sinon la connaissance de « Celui qui est la fin de la loi en justice à tout croyant » (Rom. 10, 4), et qui « Lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pier. 2, 24). « Mais grâces à Dieu qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus Christ » (v. 57).

Lorsque le cœur et l’esprit sont occupés du monde et des choses de la terre, on pense fort peu à cette victoire et aux douleurs et aux souffrances qu’elle coûta à Christ ; on ne s’arrête pas davantage au sort effrayant de ceux qui n’auront aucune part à ce triomphe de Christ, sur le péché et sur la mort. Mais là où l’affreuse nature du péché est connue, là où l’on sympathise à ces soupirs de la création, et à toutes les souffrances du fidèle, pendant qu’il traverse le désert de cette vie, alors la victoire paraît grande réellement, et le cœur s’avance tranquille et ferme au-devant de la mort — si nous sommes appelés à mourir — ou attend avec une vive espérance l’heure du retour de Christ.

Cette merveilleuse vérité une fois établie, tout le reste de ce qui nous concerne est résumé dans cette exhortation finale : « Ainsi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail n’est pas vain dans le Seigneur ». Chaque circonstance de notre vie n’est qu’un pas en avant vers le moment de la victoire finale, et chaque occupation à laquelle un chrétien peut s’adonner, peut devenir « l’œuvre du Seigneur », une œuvre qui ne sera pas vaine et qui ne sera pas sans fruit, mais qu’Il reconnaîtra et qu’Il honorera à Sa venue. Amen.



  1. Il ne paraît pas que les Corinthiens niassent l’immortalité de l’âme, ou une vie de l’esprit dans un autre monde après celui-ci, mais ils disaient qu’il n’y avait pas de résurrection du corps après la mort. C’est contre cette idée-ci que sont dirigés tous les arguments de ce chapitre, qui vient nous prouver ainsi l’importance de la doctrine qui est en question, et nous montrer la place que la résurrection de Christ et la résurrection d’entre les morts de ceux qui sont à Lui, doivent occuper dans notre cœur.