Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 15
Ma bien chère amie, j’ignore où vous êtes ; mon long silence doit vous faire supposer que j’ai pris à tout jamais congé des choses d’ici-bas ; mais si je vous manque, vous avez un ami céleste auquel vous pouvez vous adresser, avec la certitude d’une réponse immédiate. Notre vie devrait être, il me semble, une suite non interrompue de soins pour maintenir notre paix. J’ai vu quelques-uns de nos amis à Londres ; nous espérions y trouver aussi E…, mais il paraît que la nouvelle de son arrivée dans cette ville était sans fondement. Oh ! réalité, réalité ! quelle immensité elle nous présente ; et cependant comme la crainte d’apprendre des choses pénibles nous arrête, quoique nous connaissions trop bien Jésus pour chercher hors de Lui aucun secours quelconque. Sa volonté, rien que Sa volonté. Qu’il nous est précieux d’entendre l’Esprit de vérité nous dire, en parlant de Jésus : « C’est lui qui guérit toutes tes infirmités » ; nous qui connaissons quelque chose des plaies du cœur humain, nous pouvons comprendre jusqu’à un certain point la grandeur d’une telle entreprise. Il dit Lui-même : « Venez à moi, vous tous qui travaillez et qui êtes chargés, et je vous donnerai du repos ». Il doit avoir vu d’avance tous les fardeaux dont Ses saints seraient chargés, lorsqu’Il entreprit de donner du repos à tous ; et c’est en vérité ce qu’Il fait, car Il s’est chargé de toutes nos douleurs. Peut-il guérir les cœurs blessés par le péché et par les inquiétudes, par des murmures contre Ses dispensations, par des désirs coupables et par un penchant continuer à puiser dans des citernes crevassées, comme si elles étaient la source des eaux vives ? Peut-Il guérir les cœurs de maniaques errants et furieux, et toujours occupés à prendre du poison ? Peut-Il guérir les meurtrissures qui proviennent de nos chutes, et les blessures infectées de la corruption, de la folie ? — Il est écrit : « C’est lui qui guérit toutes tes infirmités ». Pendant les jours de Sa chair Il exerçait également Sa puissance et Sa bonté en faveur des paralytiques, des boiteux, des aveugles, des sourds, des possédés, des mourants et des morts. Allons donc à Lui avec notre maladie telle qu’elle est, et avec nos besoins auxquels Lui seul peut satisfaire. Avoir confiance en Lui, c’est déjà être guéri ; toucher le bord de Son vêtement, c’est déjà être délivré ; mais touchons-Le continuellement, car une vertu sort sans cesse de Lui. Il veut appliquer à notre cas particulier, quel qu’il puisse être, toutes les vertus du trésor des cieux ; Il est le maître de cette maladie. Nous avons pour nous toute Sa promesse, toute Son habileté, toute Sa puissance, tout Son amour ; Son habileté est infinie, Sa compassion est sans bornes. Bien qu’Il soit monté dans les cieux, Son cœur est encore ici-bas ; Il nous accorde toute Son attention, comme s’il n’y avait aucun autre être qui l’occupât sur la terre. Il n’exige de nous qu’une seule chose, c’est que nous prenions tout ce qu’Il a prescrit, l’amer aussi bien que le doux. Chère amie, mettons un blanc-seing entre Ses mains pour le temps et pour toutes nos circonstances, dans la pleine assurance qu’avec Lui-même Il nous a tout donné. Y a-t-il une chose que nous craignions de Lui confier ? Que ce soit précisément celle que nous Lui remettions avec le plus d’empressement ! Il faut que nous placions la substance des choses que nous espérons dans la balance du jugement et de la conscience, pour faire le contrepoids des choses du temps ; alors aussi certainement que la substance dépasse le poids de l’ombre, aussi certainement nous jugerons des choses avec justesse, jusqu’à ce que toutes nos douleurs soient laissées derrière nous ; et, de la Jérusalem d’en haut, nous pourrons suivre Sa main qui nous aura conduits par un chemin que nous ne connaissions pas, pour donner à connaître la gloire de Sa fidélité et de Sa grâce. Alors nous verrons combien toutes nos craintes auront été méprisables, parce que nous comprendrons que la toute-science qui prévoit, la toute-présence qui nous suit, et la toute-puissance qui nous garantit, étaient de notre côté. Faisons meilleure connaissance avec notre médecin ; logeons-nous dans Son voisinage ; voyons-Le chaque jour, ne Lui cachons rien, exposons-Lui notre cas tout entier, et disons-Lui, comme David quand il était sous Ses soins : « J’écouterai ce que dira le Dieu fort, l’Éternel » ; reposons-nous sur Son témoignage qui nous déclare « qu’Il pardonne toutes nos iniquités, et qu’Il guérit toutes nos infirmités ». M. Howels disait un jour, en parlant de ce bien-aimé médecin : Où Jésus a-t-Il fait Ses études ? Où a-t-Il été gradué ? C’est dans le lazaret de la souffrance humaine qu’Il a fait Ses études, et c’est dans l’infirmerie du cœur humain qu’Il a pris Ses degrés.
Chaque fois qu’Il visite un malade, Il dit : « Cette maladie n’est pas à la mort » ; non seulement Il est le médecin, mais Il est aussi la médecine de l’âme. L’histoire nous parle d’une reine qui, au péril de sa vie, entreprit d’extraire avec ses propres lèvres le venin d’une blessure que son mari avait reçue d’une flèche empoisonnée. Notre médecin a fait bien davantage ; Il a extrait, au prix de Sa vie, le poison du péché que la morsure du serpent a répandu dans toute notre constitution. Il a porté dans les cieux toutes Ses sympathies humaines, et elles y sont sans cesse en activité. Nous nous rappelons quelquefois un temps de souffrance ou d’épreuve qui fut extrêmement douloureux ; mais alors encore il n’y avait aucune altération dans les sympathies et la tendresse de notre médecin. Son amour avait décidé ou permis l’épreuve, et bientôt nous verrons qu’elle entrait dans un plan de miséricorde formé et conduit par le médecin Lui-même. Comme vous devez bien Le connaître, Celui dont la tendresse convient si bien à vos besoins ! N’avez-vous pas sujet de vous glorifier dans vos infirmités ? Et pourrais-je désirer pour vous autre chose que la position même dans laquelle cette lettre vous trouvera ? Celui qui vous a préparé la vie et la gloire, vous a aussi préparé cette affliction pour y arriver. « Il a déterminé d’avance que nous serions conformes à l’image de son Fils », afin qu’Il ait la prééminence en toutes choses ; c’est pourquoi Il fait que toutes choses travaillent ensemble à notre bien ; Il l’a ainsi décidé, et qui est-ce qui L’en détournera ? Ce que Son âme désire, Il le fait ; et aussi savons-nous que nous Lui serons semblables quand Il apparaîtra. Si vous êtes dans les ténèbres, la lumière est semée pour vous. Vous êtes encore sur le chemin qui mène à la perfection, apprenant à ne pas faire des idoles de vos sentiments, et suivant pas à pas les traces de Celui qui a été rendu parfait par les souffrances, et qui jamais n’avança avec plus de rapidité vers la perfection que quand Il criait : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Je désire vivement recevoir de vos nouvelles.
- Croyez-moi, chère amis, votre bien affectionnée
T.A. Powerscourt