Livre:Étude sur l’épître aux Galates/Chapitre 3, 15-29

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Comme nous l’avons mentionné au début de notre chapitre, l’apôtre en vient maintenant à commenter les relations existant entre les promesses inconditionnelles faites à Abraham et la loi. « Frères, je parle selon l’homme : personne n’annule une alliance qui est confirmée, même celle d’un homme, ni n’y ajoute » (v. 15). « Je parle selon l’homme ». Il n’est vraiment pas besoin d’un discernement spirituel particulier pour reconnaître qu’une alliance conclue et ensuite encore confirmée ne peut être annulée ou modifiée par des adjonctions. Aucune personne sensée ne l’ignore. « Or c’est à Abraham que les promesses ont été faites, et à sa semence » (v. 16). Lorsque l’alliance fut conclue avec Abraham, il n’était pas question de la loi ou d’une clause restrictive quelconque. Les promesses lui furent données, ainsi qu’à sa semence, sans condition. Cela, les Galates ne pouvaient le contester. Mais, pouvaient-ils demander, pourquoi la loi a-t-elle donc été donnée ? Ne vient-elle pas de Dieu aussi bien que la promesse ? Ne devrions-nous pas, pour cette raison, accepter aussi la loi par la foi et nous soumettre à elle ? Pourquoi Dieu a-t-Il donné les deux choses ?

La réponse à cette question se trouve dans la dernière partie de notre chapitre. Tout d’abord, l’apôtre ajoute d’une manière significative : « Il ne dit pas : « et aux semences », comme parlant de plusieurs ; mais comme parlant d’un seul : — « et à ta semence », qui est Christ » (v. 16). Pour comprendre cette parole nous devons nous souvenir qu’Abraham a reçu par deux fois la promesse qu’en lui, ou en sa semence, toutes les nations seraient bénies. Nous en trouvons la première mention en Genèse 12 déjà. La seconde se trouve au chapitre 22, à l’occasion du sacrifice d’Isaac, le type bien connu de notre Seigneur et Sauveur dans Sa mort et Sa résurrection ; et là, expressément, la promesse n’est pas rattachée à Abraham, mais à sa « semence ».

Après que Dieu eut juré par Lui-même de bénir richement Abraham et sa semence (il s’agit ici d’Israël, la descendance naturelle du patriarche), de la multiplier abondamment comme les étoiles des cieux et comme le sable de la mer, et de lui donner la porte de ses ennemis, Il ajouta : « et toutes les nations de la terre se béniront (ou seront bénies) en ta semence » (Gen. 22, 16-18). Dans ce dernier cas cependant, il n’est plus question de bénédictions terrestres et de gloire temporelle ; il s’agit de la bénédiction spirituelle qui, en Christ, la vraie semence d’Abraham, devait venir sur toutes les nations. La promesse faite à Abraham est confirmée ici à sa semence. « Il ne dit pas : « et aux semences », comme parlant de plusieurs ; mais comme parlant d’un seul : — et à ta semence ». Cette semence, c’est Christ.

Or, ce n’est pas d’un Christ vivant ici-bas que la bénédiction pouvait se répandre sur tous les habitants de la terre. Le Messie n’était « envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël », et lorsque les Grecs vinrent et désirèrent voir Jésus, Il attira l’attention de Ses disciples sur le fait que l’heure était venue pour que le Fils de l’homme (qui était là pour tous les hommes) fût glorifié, mais que le chemin de cette glorification passait par la mort (comp. Jean 12, 20-24). Ce n’est que dans un Christ mort et ressuscité que la bénédiction d’Abraham pouvait parvenir aux nations. Ce n’est qu’ainsi que le Seigneur pouvait envoyer Ses apôtres faire disciples toutes les nations (Matt. 28, 19) ! La chose nouvelle qu’était le christianisme ne pouvait commencer qu’avec la mort et la résurrection de Jésus Christ. La loi ne donnait ni vie, ni justice, ni l’Esprit Saint, ni, comme nous le verrons tout à l’heure, un droit à l’héritage.

« Or je dis ceci : que la loi, qui est survenue quatre cent trente ans après, n’annule point une alliance antérieurement confirmée par Dieu, de manière à rendre la promesse sans effet » (v. 17). Depuis l’événement mémorable de la montagne de Morija, plus de quatre cents ans s’étaient écoulés lorsque la loi survint. Ce fait prouve déjà que la loi n’a rien à faire avec la promesse. Il est frappant de voir comment l’apôtre, conduit par l’Esprit Saint, accumule preuve sur preuve pour montrer aux Galates dans quel chemin ils s’étaient égarés. Si la loi avait été donnée peu après la promesse, on aurait pu penser à une relation existant entre elles, bien qu’il fût impossible que le Dieu fidèle pût abolir par quoi que ce soit, en quelque temps que ce soit, une promesse donnée sans condition. Mais en fait, quatre cent trente ans les séparaient l’une de l’autre ! Il va sans dire qu’inversement, la promesse n’annule pas la loi et ne lui enlève rien de sa portée ni de sa sainte solennité. Tout croyant bien instruit dans la Parole reconnaît la loi à sa place, sans restriction ; il sait qu’elle est sainte, juste et bonne. Mais la loi aurait-elle pu donner l’héritage à Abraham ? Non, la loi ne rétribue que selon le mérite. « Car si l’héritage est sur le principe de loi, il n’est plus sur le principe de promesse ; mais Dieu a fait le don à Abraham par promesse » (v. 18). Non pas donné comme chose due, mais dispensé comme don libre, immérité. La chose aurait été impossible d’une autre manière et elle l’est encore aujourd’hui. Mais s’il en est ainsi, si la loi ne peut rien donner et ne peut apporter que la mort et la malédiction sur l’homme, pourquoi Dieu l’a-t-Il donc instituée ? L’apôtre répond à cette question dans le verset suivant.

« Pourquoi donc la loi ? Elle a été ajoutée à cause des transgressions, jusqu’à ce que vînt la semence à laquelle la promesse est faite, ayant été ordonnée par des anges, par la main d’un médiateur » (v. 19). Nous nous sommes déjà occupés en détail de ce sujet en considérant l’épître aux Romains. Là, nous avons lu que « la loi est intervenue afin que la faute abondât », et un peu plus loin, afin que le péché « parût péché » et encore, afin qu’il « devînt par le commandement excessivement pécheur » (Rom. 5, 20 ; 7, 13). Jusqu’à la loi le péché était dans le monde, mais il ne pouvait être mis en compte comme transgression, parce que Dieu n’avait pas encore donné Ses saints commandements. Ce n’est que par la loi que le péché apparut dans toute sa laideur, comme révolte ouverte contre la volonté de Dieu clairement révélée. Dès lors l’homme n’était plus seulement un pécheur, mais un transgresseur qui, consciemment, dans sa volonté propre, outrepassait les limites fixées dans la loi de Dieu ; il laissait d’autant plus libre cours aux passions du péché régnant en lui, que Dieu les condamnait plus sévèrement. La faute ne connaissait plus de limite.

Le déluge avait prouvé que la terre était corrompue et pleine de violence ; toute chair avait corrompu sa voie sur la terre (Gen. 6, 11, 12). Le péché avait prévalu et se trouvait devant les yeux de Dieu sous ses aspects les plus laids. Mais si méchant et inexcusable que fût l’homme, provoquant le jugement sévère de Dieu, le péché n’était pas compté comme transgression avant la loi, comme nous l’avons déjà vu (comp. Rom. 5, 13). Ceci n’eut lieu que lorsque la loi « intervint » ou, comme il est dit ici, « fut ajoutée », et cela « jusqu’à ce que vînt la semence à laquelle la promesse est faite », c’est-à-dire jusqu’à ce qu’en Christ s’établît un tout nouvel ordre de choses, fondé sur une grâce inconditionnelle.

La loi a été « ordonnée par des anges, par la main d’un médiateur ». Elle ne s’approcha pas de l’homme d’une manière directe comme autrefois la promesse, mais lui fut donnée par un Dieu qui se cachait dans la nuée et le feu, par l’entremise de Ses serviteurs et d’un médiateur. Lors de la promesse, tout venait directement de Dieu ; un médiateur n’était pas nécessaire. Ce n’était pas une alliance conclue entre deux parties, un contrat engageant deux parties. Dieu promettait, et l’homme recevait sans aucune restriction ou condition. Mais lorsque la loi fut donnée, il fut nécessaire d’avoir un médiateur entre Dieu et les hommes. Moïse fut ce médiateur. Il se trouvait entre les deux parties et transmettait les exigences de Dieu à Israël et la réponse du peuple à Dieu. « Or un médiateur n’est pas médiateur d’un seul, mais Dieu est un seul » (v. 20).

Nous connaissons les résultats de cette convention. Autant tout était et restait en bon ordre quant à l’une des parties (Dieu), autant la ruine était complète quant à l’autre (l’homme). C’est à juste titre que la loi a été comparée à un pont qui, tout solide qu’il soit en lui-même, repose sur un fond entièrement mouvant. La loi était sainte et bonne, mais l’homme prouva, non seulement sa totale impuissance à répondre aux engagements qu’il avait solennellement pris, mais aussi qu’il était une créature foncièrement corrompue et rebelle, qui choisissait précisément ce que Dieu défendait.

« Mais Dieu est un seul ». Il était l’une des deux parties nommées et se tenait séparé du peuple. Est-ce là cependant tout le sens de cette expression ? L’apôtre ne veut-il pas plutôt indiquer que Dieu s’est révélé à Son peuple Israël comme le Dieu unique et que, s’Il donnait une promesse, Il le faisait comme Celui duquel seul dépend toute chose, qui aussi est fidèle à Sa Parole et ne peut jamais mentir ? C’est justement là le propre d’une promesse, qu’elle ne réclame rien de celui qui la reçoit ; son accomplissement dépend uniquement de la loyauté et du pouvoir de celui qui la fait. Or, Dieu est un, Dieu est fidèle, et Dieu est puissant. Pour le croyant qui reçoit la promesse, il ne reste donc que la part bienheureuse d’en prendre possession avec reconnaissance et d’en jouir en marchant d’une manière digne du Dieu qui l’a donnée.

Cependant la question pouvait encore être posée : La loi n’est-elle donc pas contre les promesses de Dieu ? « Qu’ainsi n’advienne ! » répond l’apôtre. « Car s’il avait été donné une loi qui eût le pouvoir de faire vivre, la justice serait en réalité sur le principe de la loi. Mais l’écriture a renfermé toutes choses sous le péché, afin que la promesse, sur le principe de la foi en Jésus Christ, fût donnée à ceux qui croient » (v. 21, 22). Si la loi avait vraiment été à même de donner la vie, la justice aurait pu être obtenue sur la base d’œuvres de loi ; l’homme aurait été juste en conséquence d’une justice accomplie par lui-même. La loi aurait été en opposition avec la promesse, qui ne peut être la part des croyants que sur le principe de la foi. Au lieu de cela, qu’était-il arrivé ? Il ne s’est trouvé personne qui fasse le bien, il n’y avait point de juste, non pas même un seul. L’Écriture avait renfermé toutes choses sous le péché. Les nations s’étaient montrées esclaves de leurs convoitises et de leurs passions ; les Juifs, en contrevenant aux saints commandements de Dieu, avaient prouvé plus que quiconque la puissance de ces passions. Il avait été démontré d’une manière évidente que ce n’était que sur le terrain de la foi en Jésus Christ que la promesse pouvait s’accomplir envers ceux qui croyaient, qu’ils fussent Juifs ou d’entre les nations.

« Or avant que la foi vînt, nous étions gardés sous la loi, renfermés pour la foi qui devait être révélée ; de sorte que la loi a été notre conducteur jusqu’à Christ, afin que nous fussions justifiés sur le principe de la foi » (v. 23, 24). « Avant que la foi vînt » — c’est-à-dire : avant qu’apparaisse la foi chrétienne qui, dans la personne et l’œuvre de Christ, établirait des relations toutes nouvelles entre l’homme et Dieu — les Juifs étaient renfermés sous la loi, comme gardés sous un conducteur ou tuteur, jusqu’à ce qu’en Christ vînt cette nouvelle relation. L’apôtre ne parle que d’Israël dans ces versets. Les Galates n’avaient jamais été sous la loi, ils avaient été convertis directement du paganisme à Christ. Quant aux Juifs, Dieu s’était servi de la loi comme moyen d’éducation pour leur montrer leur état désespéré de corruption et les préparer à la venue de Celui qui leur apporterait la délivrance de l’esclavage. Elle avait été leur conducteur jusqu’à Christ, pour qu’ils Le reçoivent par la foi et que par Sa mort et Sa résurrection, ils deviennent participants de la justification de vie. La foi étant venue, ils n’étaient plus sous ce conducteur (v. 25). Ils « étaient à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts », et se trouvaient maintenant sur un terrain où la loi ne pouvait plus avoir aucune prétention sur eux.

« Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus » (v. 26). Précieuse parole ! Quel changement soudain et absolu ! Des fils de Dieu, des fils libres, à la place d’hommes qui jusque-là étaient assujettis à la domination d’une loi inflexible. Remarquons aussi le changement de personnes. Si, dans les derniers versets, l’apôtre a toujours dit « nous », il utilise tout à coup le mot « vous » — vous, les Galates ! Ne veut-il parler que d’eux ? Certainement pas. Cependant la joie profonde de ce que Dieu a accompli envers lui et ses compatriotes fait déborder son cœur envers les Galates. Les résultats de l’œuvre merveilleuse de Dieu n’étaient pas seulement pour les croyants d’entre les Juifs, mais aussi pour les Galates et, dans la conscience de ce fait, l’apôtre laisse échapper de son cœur cette exclamation pleine d’allégresse : « Car vous êtes tous fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus ». Ils l’étaient devenus directement, sans l’intervention de la loi, mais exactement comme les premiers. Tous deux, Juifs et Grecs, étaient devenus participants de la même grâce et amenés dans la même relation avec Dieu, le Père de gloire. La foi les avait tous placés comme fils dans la présence immédiate de Dieu.

« Car vous tous qui avez été baptisés pour Christ, vous avez revêtu Christ » (v. 27). Eux tous, en figure par le baptême, avaient été identifiés avec le Seigneur mort et ressuscité. La mort de Christ avait délivré « ceux qui étaient près » de toutes les prétentions de la loi, elle avait approché « ceux qui étaient loin » et avait conduit les uns et les autres, dans une heureuse liberté, sur le terrain de la résurrection. Tous avaient maintenant « revêtu » Christ, étaient devenus des « hommes en Christ ». Sur ce terrain il n’y a ni Juif, ni Grec ; ni esclave, ni homme libre ; ni mâle, ni femelle : « car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus » (v. 28). Sortis les uns et les autres de leurs positions naturelles précédentes, ils étaient maintenant tous devant Dieu selon leur nouvelle position en Christ. Là il n’y avait plus aucune différence ; en Christ, le modèle et la mesure de leur nouvelle relation avec le Père, ils étaient tous devenus un, une seule et même chose : des fils de Dieu par la foi dans le Christ Jésus.

C’était vraiment un résultat digne de l’œuvre accomplie à Golgotha. Ici aussi, il pouvait être dit avec raison : « Les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles », et tout cela en Christ, la semence et l’héritier d’Abraham. Or si les Galates étaient de Christ, ils étaient donc aussi « la semence d’Abraham, héritiers selon la promesse » (v. 29). Ce qu’Israël n’avait jamais obtenu sur la base de la loi, ce que personne ne peut jamais obtenir en dépit des efforts les plus sincères, était devenu en Christ la part des Galates, et cela gratuitement. Avec Lui, la vraie semence d’Abraham, toutes les promesses étaient devenues leur part. Ils étaient héritiers selon la promesse qui avait été donnée autrefois sur la montagne de Morija.

Comme tout cela était simple et conséquent ! Que pouvaient répliquer les Galates ? Il ne leur restait qu’à baisser les yeux, confus, et à reconnaître leur folie d’avoir pu, après un enseignement si fidèle de l’apôtre, chercher encore satisfaction et honneur dans leurs propres efforts en rapport avec la loi, au lieu de trouver tout en Christ et de Lui donner la gloire qui ne revient qu’à Lui seul. Et que ferons-nous nous-mêmes ? Nous continuerons à remercier Dieu de n’être pas seulement venu, en son temps, au secours des assemblées de Galatie par cette épître, mais de nous l’avoir donnée, dans Son amour prévoyant, pour nous avertir sérieusement du danger qui, sous la forme du légalisme, menace ceux qui se nomment chrétiens. Et nous continuerons aussi à nous étonner en constatant comment Dieu, dans Sa souveraineté et Sa bonté, tourne le mal en bien et fait concourir les folies et les manquements de Ses enfants à leur profit et à leur bénédiction permanente.