Livre:Étude sur l’épître aux Galates/Chapitre 3, 1-14

De mipe
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Dans la première moitié de ce chapitre l’apôtre poursuit encore le sujet de la loi, pour parler ensuite, depuis le verset 15, des promesses faites jadis à Abraham et, en rapport avec cela, des relations entre ces promesses et la loi.

Tout rempli encore de l’admirable description du changement qui s’était opéré pour lui-même par la grâce de Dieu, et de la délivrance qu’il avait connue — délivrance non seulement des exigences de la loi sous lesquelles il avait fait autrefois de vains efforts, mais aussi de lui-même — devenu un homme nouveau, un homme en Christ, qui ne vivait que par la foi au Fils de Dieu, il s’adresse en termes saisissants au cœur et à la conscience des Galates pour les amener à réaliser leur dangereuse position. On a comme la sensation de voir, au-dedans de ce fidèle apôtre, sa sollicitude pleine d’amour pour les croyants, lutter avec une sainte indignation envers les faux docteurs qui les avaient troublés.

« Ô Galates insensés », c’est ainsi qu’il les interpelle, « qui vous a ensorcelés, vous devant les yeux de qui Jésus Christ a été dépeint, crucifié au milieu de vous ? » (v. 1). En vérité, si la justice était venue par la loi, alors Christ était mort en vain. Alors tous les efforts dévoués de Paul étaient également vains, lui qui, avec tant de vérité et d’une façon si vivante, avait dépeint devant leurs yeux le Sauveur crucifié — comme s’Il avait été crucifié au milieu d’eux. La manière de s’exprimer de l’apôtre est frappante, et ce n’est certes pas sans intention qu’il ne rappelle pas seulement l’œuvre et le sacrifice de Christ, mais qu’il parle de la croix. Rien ne met plus en lumière l’état désespéré de l’homme, son impuissance, son néant et sa perdition, que la croix. Rien ne nous donne mieux à connaître la sainteté de Dieu et Son jugement impitoyable sur le péché. Rien n’est à même de nous séparer davantage du monde, au sens moral et religieux. C’est pourquoi Paul ne voulait se glorifier en rien « sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ », par laquelle le monde lui était crucifié et lui au monde (6, 14).

Mais où en étaient arrivés les Galates ? Qui les avait ensorcelés, qui avait dérangé leurs esprits ? Et quel était l’aboutissement de leur chemin ? Hélas, ils étaient en danger d’achever par la « chair » ce qu’ils avaient commencé par « l’Esprit ». Pauvres gens ! Mais sommes-nous en droit de tant nous étonner d’eux ? Le penchant du cœur humain n’a-t-il pas toujours été de faire place à la chair ? Tant que l’on n’a pas vraiment reconnu l’état entièrement désespéré de l’homme, on est tenté d’ajouter quelque chose venant de l’homme à ce que Dieu a opéré en Christ et qu’Il nous a donné gratuitement. Chez les Galates ce quelque chose était, comme nous le savons, de faibles et misérables ordonnances charnelles.

Affligé, l’apôtre continue : « Je voudrais seulement apprendre ceci de vous : avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi, ou de l’ouïe de la foi ? Êtes-vous si insensés ? Ayant commencé par l’Esprit, achèveriez-vous maintenant par la chair ? » (v. 2, 3). Dans le chapitre précédent il a été fait mention de justification et de vie, ici de l’Esprit. Tout cela est nôtre par la foi. Des œuvres de loi ne peuvent apporter que jugement et mort. Cela, les Galates l’avaient bien compris. Ils savaient que s’il s’agissait de la réception de la vie ou du sceau du Saint Esprit, dans les deux cas la chair était absolument exclue. Ces deux précieux dons ne pouvaient être reçus que par la foi et l’apôtre ne met aucunement en doute le fait qu’ils avaient reçu l’un et l’autre. Ils étaient justifiés, ils avaient la vie de Dieu, ils possédaient le Saint Esprit. Mais ils voulaient maintenant quitter le terrain de la foi et achever par la chair ce qu’ils avaient commencé par l’Esprit ! Ô Galates insensés, qui les avait ensorcelés ?

Il peut être utile à cette occasion d’attirer une fois de plus l’attention sur le fait que la réception de la vie et le sceau du Saint Esprit sont deux choses tout à fait différentes, bien qu’allant aujourd’hui de pair dans beaucoup de conversions, peut-être dans la plupart. Un homme reçoit la vie quand, par l’opération du Saint Esprit et le moyen de la Parole, il est né de nouveau ou, comme le Seigneur le dit à Nicodème, il est « né d’eau et de l’Esprit ». Une telle nouvelle naissance ne peut évidemment s’opérer sans la foi, mais cette foi peut être si faible, l’intelligence spirituelle du croyant si petite, que l’âme n’est pas assurée de son salut et n’a pas la liberté d’appeler Dieu son Père. Elle a peut-être un profond sentiment de son état de péché, mais c’est justement ce qui la retient de regarder à Dieu avec liberté. « L’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, Père ! » n’a pas encore fait Sa demeure chez elle, ne l’a pas encore scellée (Rom. 8, 15 ; Éph. 1, 13). La foi est là, mais ce n’est pas encore la foi qui saisit Christ seul, et se détourne de toute autre chose. Dieu ne laissera certainement pas Son œuvre dans une telle âme sans l’achever. Tôt ou tard Il la conduira à saisir par la foi la valeur du sacrifice de Jésus Christ, si bien qu’elle pourra alors rendre grâces de tout cœur et s’approcher du Père en toute liberté.

Remarquons encore à ce propos qu’il y a bien des âmes véritablement sauvées qui, par suite d’un défaut d’enseignement ou d’une crainte exagérée, n’osent pas dire qu’elles possèdent le Saint Esprit ; mais si on pouvait prêter l’oreille lorsque, dans le particulier, elles épanchent leur cœur devant Dieu, on les entendrait nommer en toute confiance Dieu leur Père, preuve évidente qu’elles possèdent l’Esprit d’adoption. Un seul passage cité à propos suffit très souvent dans de tels cas pour dissiper tout doute et toute question et remplir le cœur d’une pleine certitude et de la joie du salut.

C’est une grande chose lorsque l’œil est détourné du moi et même de l’état de l’œuvre de Dieu dans l’âme, pour n’être dirigé que sur Christ seul. C’est justement là que se trouvait la cause de l’égarement des Galates. C’est sur ce point qu’ils s’étaient laissés ensorceler. Le Saint Esprit avait dirigé leur regard exclusivement sur le Seigneur crucifié et maintenant ils voulaient achever « par la chair » ! Par cet Esprit qu’ils avaient reçu sur le principe de l’ouïe de la foi, des miracles avaient été même opérés parmi eux, soit par Paul, soit aussi par eux-mêmes (v. 5) ; et maintenant ils voulaient continuer par des œuvres de loi ! En vérité, ils n’auraient pu agir d’une manière plus déraisonnable. C’est ainsi que nous en jugeons justement ; et pourtant, combien de croyants au cours des siècles les ont suivis dans ce chemin et combien le font encore aujourd’hui, malgré l’avertissement que donne cet exemple !

« Avez-vous tant souffert en vain, si toutefois c’est en vain ? » (v. 4). La folie des Galates était d’autant plus inexplicable qu’ils avaient déjà enduré bien des souffrances pour l’évangile. Tout cela devait-il être en vain ? L’adjonction « si toutefois c’est en vain ? » a souvent rendu perplexes les commentateurs et donné lieu à des interprétations bien diverses. L’apôtre ne voudrait-il pas simplement dire : Les souffrances en elles-mêmes sont vaines, elles ne vous ont pas donné plus que ce que vous possédiez précédemment, elles n’étaient pas non plus quelque chose d’extraordinaire (les souffrances pour Christ étaient plus ou moins la part de tous), mais vous avez pourtant prouvé par votre grande patience que, malgré toutes les contradictions et les hostilités du dehors, vous vouliez persévérer dans le Seigneur en toute sincérité ? Tout cela devait-il être inutile ? Auriez-vous souffert toutes ces choses en vain ?

L’apôtre espère que l’ennemi ne réussira pas à remporter une telle victoire sur eux. En leur rappelant que le Saint Esprit leur avait été donné, non pas par une œuvre quelconque qu’ils auraient faite, mais seulement sur le principe de la foi, il dirige leurs regards sur Abraham, le père du peuple d’Israël. Lui aussi avait cru Dieu et cela lui avait été compté à justice (v. 6). Cette allusion était d’autant plus sérieuse et convaincante que c’était précisément Abraham qui avait reçu de Dieu la circoncision, à laquelle les Galates voulaient retourner. Ils auraient peut-être pu, pour cette raison, se réclamer de lui, le père de tous les croyants ; les faux docteurs l’avaient certainement déjà fait. Mais quand Abraham avait-il reçu la circoncision ? Avant d’avoir cru ? Non, seulement après. Le chapitre 15 de la Genèse nous apprend comment Abraham crut la promesse de Dieu et comment il fut en conséquence justifié — tandis que la circoncision ne fut introduite que des années plus tard, au chapitre 17.

« Sachez donc que ceux qui sont sur le principe de la foi, ceux-là sont fils d’Abraham » (v. 7). Abraham fut sauvé, non par la circoncision, mais par la foi ; ce n’est que sur la base de la foi qu’il fut béni. « Or l’écriture, prévoyant que Dieu justifierait les nations sur le principe de la foi, a d’avance annoncé la bonne nouvelle à Abraham : « En toi toutes les nations seront bénies ». De sorte que ceux qui sont sur le principe de la foi sont bénis avec le croyant Abraham » (v. 8, 9). Si le père obtint la bénédiction par la foi, sa descendance ne peut la trouver sur une autre base. La conclusion est simple et convaincante. C’est pourquoi l’Écriture parle à l’avance très clairement de ces choses. Déjà, lorsque Dieu appela Abraham hors de son pays et de la maison de son père, Il lui donna la promesse qu’en lui seraient bénies toutes les nations de la terre, et cela non pas en ce qu’elles deviendraient juives, mais telles qu’elles étaient devant Dieu, comme familles de la terre, ou comme païens. Comme telles elles seraient bénies avec le croyant Abraham (comp. Gen. 12, 3).

À ce sujet nous lisons encore : « Par la foi, Abraham, étant appelé, obéit pour s’en aller au lieu qu’il devait recevoir pour héritage ; et il s’en alla, ne sachant où il allait » (Héb. 11, 8). C’est ainsi qu’il reçut la promesse de Dieu, pour lui et pour d’autres. C’est ainsi aussi que les Galates l’avaient reçue, et avec la promesse, la bénédiction. « De sorte que ceux qui sont sur le principe de la foi sont bénis avec le croyant Abraham » (v. 9). Dans chaque cas, la bénédiction dépendait donc de la foi et non de l’observation d’une ordonnance quelconque. En revanche, celui qui se place sous la loi, tombe sous la malédiction. « Car », ajoute l’apôtre avec une gravité saisissante, « tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous malédiction ; car il est écrit : Maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire » (v. 10). Cela signifie : Quiconque tente seulement, de quelque manière que ce soit, de se placer devant Dieu sur un terrain légal, attire immanquablement la malédiction sur lui. Car maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans la loi. Qu’ils considèrent bien cela, tous ceux qui attendent le salut, ou un bénéfice quelconque, de l’activité de la chair ! Ils quittent le terrain de la grâce et par là même, en principe, le terrain du christianisme. Ils placent sur le cou des disciples un joug que ni les pères (Israël) ni nous ne pouvons porter.

Ce n’est pas seulement l’expérience qui a prouvé que personne ne peut être justifié devant Dieu par des œuvres de loi. Dieu Lui-même en a toujours témoigné, et d’une façon non équivoque. C’est ce qu’Il dit par la bouche du prophète Habakuk : « Le juste vivra de foi » (c’est-à-dire sur le principe de la foi) (v. 11). Et que la loi ne soit pas sur le principe de la foi, cela ressort clairement encore de cet autre passage : « Celui qui aura fait ces choses vivra par elles » (v. 12).

Faire, agir, c’est le langage de la loi ; croire, ne pas agir, le langage de la grâce. Il est vrai que la loi promet la vie et la bénédiction sur la base de l’observation de ses commandements, mais, étant faible par la chair, elle ne peut en réalité apporter que malédiction sur tous ceux qui lui sont assujettis. Cela fut déjà démontré à Israël avant qu’il entrât dans le pays. Selon les paroles de Moïse, lorsque le peuple aurait passé le Jourdain, six tribus devaient se tenir sur la montagne de Garizim pour bénir le peuple et six tribus, sur la montagne d’Ébal pour maudire. Mais quand il nous est rapporté ensuite ce que devaient dire les Lévites, comme représentants du peuple, nous n’entendons plus que les malédictions. Un « Maudit » accablant suit l’autre, et la terrible suite de malédictions se termine par ces paroles : « Et tout le peuple dira : Amen ! » (Deut. 27). Pourquoi cela ? Parce que précisément, tous ceux qui sont sur le principe des œuvres de loi sont sous la malédiction. À cela il n’y a aucune échappatoire, aucune dérobade possible.

Le résultat est effrayant. Mais alors vient la précieuse parole libératrice : « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous (car il est écrit : « Maudit est quiconque est pendu au bois ») » (v. 13). Que Dieu soit béni éternellement pour un témoignage si glorieux, et sans équivoque ! Il est là, devant nous, comme gravé sur des tables d’airain — chaque parole en particulier avec son sens profond et sa puissance de vie. Christ — le Christ de Dieu, pas moins que Lui — nous a rachetés, une fois pour toutes, de la malédiction de la loi, de sorte que cette malédiction ne peut plus nous atteindre à jamais. Et si nous demandons : Comment cela a-t-il eu lieu ? la réponse est : En ce qu’Il est devenu malédiction pour nous. Remarquons l’expression : « malédiction » ! Combien cela nous montre la complète identification de Christ avec la condition de ceux qui étaient sous la malédiction de la loi ! Il a pris leur position ; devant Dieu Il a pris leur place dans la pleine acception du terme. C’est ainsi seulement que la malédiction a pu être éloignée de nous en justice, et que la grâce a pu nous être donnée. « Maudit est quiconque est pendu au bois » ; c’est là que notre Seigneur et Sauveur a été pendu ! Béni soit-Il !

Nous pouvons bien chanter : « Amour impossible à comprendre » ! Il s’élève au-dessus de toute connaissance, dépasse toute compréhension. La grâce, passant de ceux qui à l’origine étaient sous la loi jusque vers nous, débordant d’Israël, rompant toutes les barrières, s’est tournée vers nous qui étions sans espérance et sans Dieu dans le monde, « afin que la bénédiction d’Abraham parvînt aux nations dans le Christ Jésus, afin que nous reçussions par la foi l’Esprit promis » (v. 14). La grande œuvre de la réconciliation pouvait avoir sa première application au peuple terrestre de Dieu, mais il était impossible qu’elle se restreignît à un cercle aussi étroit. Selon le conseil de Dieu, la bénédiction d’Abraham devait s’étendre bien au-delà de la descendance directe du patriarche. Elle devait venir jusqu’à nous « dans le Christ Jésus », la semence d’Abraham, afin que nous recevions par la foi l’Esprit qui avait été promis. Car, si même nous n’étions pas sous la loi, elle devait pourtant nous placer sous la malédiction, parce qu’elle est la règle juste et sainte de Dieu pour l’homme dans la chair, qu’il soit Juif ou d’entre les nations.

Résumons ici encore une fois les deux grands principes, la loi et la grâce, et leurs résultats. La loi réclame et condamne, la grâce donne et justifie. La loi apporte la mort et la perdition à qui l’enfreint — et où est l’homme qui n’a pas péché ? La grâce donne la vie et la justification à celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit au Seigneur Jésus Christ. La loi place sous la malédiction quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans son livre. La grâce rachète de cette malédiction et introduit, sur le principe de la foi, une bénédiction inconditionnelle ; elle donne le Saint Esprit par lequel la nouvelle position de bénédiction qu’elle accorde gratuitement peut être appréciée dans toute sa plénitude. À nouveau nous devons nous écrier : Qu’elle est incompréhensible, la folie de l’homme qui, après avoir discerné le merveilleux terrain de la grâce et se l’être approprié, retourne ensuite au misérable terrain de ses propres œuvres ! Choisir la malédiction, après avoir reçu par la grâce de Dieu la bénédiction la plus haute !