Livre:L’attente actuelle de l’Église/Résumé et conclusion

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Onzième soirée

J’ai lu ce chapitre 12 de l’Apocalypse, non pour vous l’expliquer en détail, mais parce qu’il nous présente avec ordre l’abrégé de ce qui arrivera à la fin des temps, du moins la partie céleste et les maux de la terre[1], et que mon intention, ce soir, est de résumer, avec ordre aussi, ce que j’ai dit des derniers événements, autant que Dieu m’a donné de pouvoir le faire.

Mais auparavant, chers amis, je désire revenir sur quelques idées que j’ai émises dans nos premières soirées. Je commence donc, en traitant ces sujets de notre étude, par vous en rappeler encore le grand but, qui me paraît être double, c’est-à-dire qu’ils doivent avoir pour résultat de nous détacher de ce monde, ce qui est un effet constant de toute la Parole, bien entendu quand l’Esprit de Dieu agit. La prophétie est tout particulièrement efficace sous ce rapport ; je veux dire qu’elle tend à nous séparer de ce présent siècle mauvais. Ensuite, elle est spécialement propre à nous faire mieux comprendre le caractère de Dieu et Ses voies envers nous. Tels sont les deux grands fruits de l’étude des prophéties, qui me semblent très précieux.

On fait bien des objections contre cette étude ; mais c’est ainsi que Satan agit toujours à l’égard de la vérité. Je parle non d’objections contre telle ou telle vue, mais, en général, d’objections contre l’étude de la prophétie elle-même ; et Satan agit toujours ainsi à l’égard de la Parole de Dieu tout entière. À l’un, il dit d’en suivre la morale, et non pas les dogmes, parce qu’il sait que les dogmes soustrairont les hommes à son pouvoir, par la révélation de Jésus et de Sa vérité dans leur cœur. À tel autre, il suggère de négliger la prophétie, parce qu’on y trouve le jugement du monde, dont il est le prince. Mais n’est-ce pas blâmer Dieu, qui nous l’a donnée, et qui même a attaché une bénédiction particulière à la lecture de la partie réputée la plus difficile ?

La prophétie jette sur les économies de Dieu une grande lumière et, dans ce sens, elle nous en donne beaucoup aussi pour notre affranchissement spirituel. Ce qui empêche le plus l’âme de trouver cet affranchissement, c’est l’erreur que l’on commet en confondant la loi avec l’évangile, les économies passées avec l’économie présente. Si, dans notre combat intérieur, nous nous trouvons en face de la loi, il nous est impossible de trouver la paix. Malgré cela, si l’on insiste sur la différence qui existe entre la position des saints avant l’économie actuelle, et celle des saints pendant cette économie, cela jette le trouble dans l’esprit de plusieurs. Or, l’étude de la prophétie répand une grande clarté sur ces points, et, en même temps, sur la règle même de conduite pour les fidèles ; car, tout en constatant clairement un salut tout gratuit par la mort de Jésus, la prophétie nous fait comprendre cette différence entière de situation dont nous venons de parler, et éclaire de tous les conseils de Dieu le chemin par lequel Il a conduit les siens, soit avant, soit après la mort et la résurrection de Jésus.

De plus, chers amis, comme nous l’avons dit, c’est toujours l’espérance qui nous est présentée qui agit sur nos cœurs et sur nos affections. Il y a ainsi toujours des jouissances devant nous qui impriment leur caractère sur notre âme : ce qui occupe le cœur de l’homme comme espérance fait la règle de sa conduite.

De quelle importance n’est-il donc pas d’avoir l’esprit rempli d’espérances selon Dieu ! On prétend que c’est vouloir pénétrer dans des choses cachées ; mais, s’il était vrai qu’on ne doit pas entrer dans la prophétie, il faudrait dire aussi qu’on ne doit pas porter ses pensées au-delà du temps présent. Le moyen de bien savoir ce que Dieu a voulu faire pour l’avenir, c’est assurément d’étudier la prophétie qu’Il nous a donnée. La prophétie, c’est l’avenir, le miroir scripturaire des choses futures. Si l’on n’étudie pas ce que Dieu a révélé de l’avenir, on en vient nécessairement à suivre ses propres idées. Dire que « la terre sera remplie de la connaissance de l’Éternel », c’est déjà une prophétie, et l’on ne peut rien espérer de certain quant aux voies de Dieu à cet égard, non plus que pour les choses célestes, sans étudier la prophétie. Sans doute, on peut jouir de la communion de Dieu dans le moment présent, et c’est là une chose qui est à nous dès maintenant ; mais, quant à la plénitude des détails de la gloire à venir, c’est encore là le sujet de la prophétie. Tout ce qui dépasse le présent, et qui n’est pas la prophétie de Dieu, est une spéculation de l’homme.

D’autres fois, on dit que la prophétie est, sans doute, très importante quand elle est accomplie, parce qu’alors cela prouve la vérité de la Parole de Dieu. Mais un enfant de Dieu peut-il tenir un tel langage, c’est-à-dire prétendre borner l’emploi de la prophétie à un tel usage ? C’est comme si, quelqu’un me traitant en ami, me comblant de bienfaits, me communiquant toutes ses pensées, m’informant de tout ce qu’il saurait devoir arriver, je ne me servais de ce qu’il m’a dit que pour m’assurer plus tard, quand les choses arriveraient, qu’il était un homme véridique. Chers amis, c’est une grande injure à la bonté, à l’amitié de Dieu, que d’agir ainsi envers Lui. Et je dis que vous et moi, comme chrétiens, nous n’avons pas besoin de voir l’événement avant de croire que Dieu a dit vrai. Vous croyez déjà que la prophétie est la parole de Dieu.

D’ailleurs, la plupart des prophéties seront accomplies à la fin, dans les derniers jours, et il sera trop tard alors pour être convaincu de leur divinité. Elles nous sont données pour nous diriger maintenant dans les voies du Seigneur, et pour être notre consolation, en nous faisant comprendre que c’est Dieu qui a tout disposé, et non pas l’homme. Ainsi, les passions, au lieu de s’agiter dans la politique, se calment ; je vois ce que Dieu en dit, je lis dans Daniel que tout est réglé d’avance, et je me tranquillise. Tout à fait séparé de ces choses mondaines, je puis étudier d’avance la profonde et parfaite sagesse de Dieu ; je m’éclaire et je m’attache à Lui, au lieu de suivre mes propres vues. Je vois, dans les événements qui se déroulent, le développement des pensées du Très-haut, et non pas un domaine abandonné à l’exploitation des passions humaines. Aussi, est-ce ainsi, et spécialement dans les événements qui s’accomplissent à la fin, que la prophétie nous développe le caractère de Dieu, tout ce que Dieu a voulu dire de Lui-même, Sa fidélité, Sa justice, Sa puissance, Son long support, mais aussi le jugement qu’Il exécutera certainement sur l’iniquité orgueilleuse, la vengeance éclatante qu’Il tirera de ceux qui corrompent la terre, pour que Son gouvernement soit établi en paix et en bénédiction pour tous. En un mot, comme ce qui est prédit par la bouche des prophètes, quant aux Juifs, démontre le caractère de l’Éternel, Sa fidélité et tous Ses attributs ; de même, ce qui est enseigné à l’égard de l’Église, développe le caractère du Père. L’Église est en rapport avec le Père, et les Juifs avec l’Éternel, qui est le nom caractéristique de leur relation avec Dieu.

On a cité à quelques-uns de vous, dimanche dernier, ce passage de Paul : « Je n’ai voulu avoir autre chose que Jésus Christ et Jésus Christ crucifié ». Je désire vous dire un mot là-dessus. On présente constamment ce passage comme une objection contre l’étude de ce qui se trouve révélé dans la Parole. Cela provient de deux causes : l’une est due à l’influence d’autrui, qui fait que souvent l’on cite le passage sans avoir examiné le contexte ; l’autre cause est due, hélas ! à un manque de droiture plus ou moins, à un désir de s’arrêter dans les voies du Seigneur, et d’en savoir aussi peu que possible. Il n’est pas vrai, il n’est même pas dit que nous devions nous borner à la connaissance de Jésus Christ, et de Jésus Christ crucifié. Il faut que nous connaissions Jésus Christ glorifié, Jésus Christ à la droite de Dieu ; il faut que nous Le connaissions comme souverain Sacrificateur, comme Avocat auprès du Père. Nous devons connaître Jésus Christ autant que possible, et ne pas dire : Je ne me suis proposé de savoir parmi vous autre chose que Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. C’est prendre la Parole de Dieu pour en abuser.

L’apôtre, parlant au milieu des païens, des philosophes de Corinthe, voulait dire qu’il n’avait pas jugé devoir aborder le champ de la philosophie païenne, mais se bornait à Jésus Christ, Jésus Christ le méprisé des hommes, pour abaisser par la croix toute cette vaine gloire, et fonder leur foi sur la Parole de Dieu, et non pas sur la sagesse humaine. Mais il dit aussi, dans le même chapitre, que, du moment qu’il vient au milieu des chrétiens, il agit tout autrement : il parle de « la sagesse parmi les parfaits ». Il ne voulait pas de philosophie humaine ; mais, dès qu’il était avec les parfaits, il dit : « Nous parlons sagesse parmi les parfaits ». Vouloir se borner à Jésus crucifié, c’est, je le répète, se borner à aussi peu de christianisme que possible. En Hébreux 6, l’apôtre dit qu’il ne veut pas faire ce qu’on lui fait dire ici : il condamne tout à fait ce qu’on nous propose sous les termes d’une fausse humilité, et il dit : « Laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits ».

Après ces quelques observations sur l’étude générale de la prophétie, je vais maintenant rappeler en peu de mots comment Dieu s’est révélé par elle.

Le chapitre 12 de l’Apocalypse nous présente le grand sujet de la prophétie et de toute la Parole de Dieu, c’est-à-dire le combat qui a lieu entre le second Adam et Satan.

C’est de ce centre de la vérité que rayonne toute la lumière qui se trouve dans la Sainte Écriture.

Cette grande lutte peut avoir lieu ou pour les choses terrestres, et, dans ce cas, c’est dans le peuple juif ; ou pour l’Église, et alors c’est dans les lieux célestes.

C’est pourquoi la prophétie a deux parties : les espérances de l’Église et celles des Juifs, bien que la première, à proprement dire, ne s’appelle guère la prophétie.

Mais, avant d’en venir à ce grand dénouement, le combat entre Satan et le second Adam, il faut que l’histoire du premier Adam soit développée, et c’est ce qui est arrivé. Enfin, pour que l’Église soit mise en position de s’occuper des choses de Dieu, il faut avant tout qu’elle soit en paix.

À Son premier avènement, Christ a accompli toute l’œuvre que Lui avait confiée la sagesse du Père dans les conseils éternels de Dieu ; c’est ce qui a fait la paix de l’Église. Le Seigneur Jésus est venu, afin que la certitude du salut, la connaissance de la grâce de Dieu, fussent introduites dans le monde, c’est-à-dire dans le cœur des fidèles. Après avoir accompli ce salut, Il le leur communique en leur donnant la vie. Son Saint Esprit, qui en est le sceau dans le cœur, leur révèle les choses à venir comme à des enfants de la famille, héritiers des biens de la maison. Dans la période qui sépare le premier avènement du Seigneur du second, l’Église est rassemblée par l’action du Saint Esprit, pour avoir part à la gloire du Christ, quand Il reviendra.

Voilà, en peu de mots, les deux grands sujets que je vous ai exposés ; c’est-à-dire que, Christ ayant accompli tout ce qui est nécessaire pour le salut de l’Église, ayant sauvé tous ceux qui croient, le Saint Esprit agit maintenant dans le monde pour communiquer à l’Église la connaissance de ce salut. Il ne vient pas nous proposer l’espérance que Dieu sera bon ; mais un fait, ce fait, encore une fois, que Jésus a déjà accompli le salut de tous ceux qui croient, et, quand le Saint Esprit communique cette connaissance à une âme, elle sait qu’elle est sauvée. Étant donc en relation avec Dieu comme Ses enfants, nous sommes Ses héritiers, « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ ». Tout ce qui concerne la gloire de Christ nous appartient, et le Saint Esprit nous est donné ; premièrement, pour nous faire comprendre que nous sommes enfants de Dieu : c’est un Esprit d’adoption ; mais, de plus, c’est un Esprit de lumière qui enseigne aux enfants de Dieu ce que c’est que leur héritage. Comme ils sont un avec Christ, toute la vérité de Sa gloire leur est révélée, la suprématie qu’Il a sur toutes choses, Dieu L’ayant établi aussi héritier de toutes choses, et nous Ses cohéritiers.

Christ ayant accompli tout ce qui était nécessaire, l’Église, jusqu’à la seconde venue de son Sauveur, est prise d’entre toutes les nations et unie à Lui, ayant la connaissance du salut qu’Il a accompli et de la gloire à venir, et le Saint Esprit étant, en ceux qui croient, le sceau du salut accompli et les arrhes de la gloire future.

Ces vérités jettent un grand jour sur toute l’histoire de l’homme. Mais rappelons toujours que le grand objet de la Bible, c’est le combat entre Christ, second Adam, et Satan.

Dans quel état Christ a-t-Il trouvé le premier Adam ? Dans un état, dans les profondeurs duquel Il a dû entrer comme chef responsable de toute la création. Il l’a trouvé dans un état de chute, entièrement perdu. Voilà ce qui a dû se développer avant la venue de Christ ; mais Dieu n’a introduit Son Fils comme Sauveur dans le monde, que jusqu’à ce que tout ce qui était nécessaire pour démontrer que l’homme était incapable en lui-même de tout bien, fût accompli, consommé. Tout l’état de l’homme, avant et après le déluge, sous la loi, sous les prophètes, n’a fait qu’attester plus clairement que l’homme était perdu. Il a failli partout, dans toutes les circonstances possibles, jusqu’à ce que Dieu, ayant envoyé Son Fils, les serviteurs aient dit : « Voici l’héritier, tuons-le », et la mesure du péché étant alors comblée, la grâce de Dieu, alors aussi, a surabondé et nous a donné l’héritage, à nous pauvres pécheurs, l’héritage avec Christ dans la gloire céleste, dont nous possédons les arrhes, ayant Christ en esprit ici-bas.

J’entre maintenant un peu plus dans la succession des économies, et aussi dans ce qui concerne le caractère de Dieu à cet égard, et la première chose que je désire vous faire remarquer, c’est le déluge, parce que, jusqu’à cette époque, il n’y avait pas eu, pour ainsi dire, de gouvernement dans le monde. La prophétie qui existait avant la déluge, c’est que Christ devait venir : voilà à quoi tendaient les enseignements de Dieu. « Voici, le Seigneur est venu, disait Énoch, au milieu de ses saintes myriades ».

Mais je passe par-dessus ces temps-là.

En Noé, nous avons le gouvernement de la terre, et Dieu entrant en jugement et commettant le glaive à l’homme.

Ce que je désire ensuite vous faire remarquer dans ces temps-là, c’est l’appel d’Abraham, non le principe du gouvernement mis ici en avant par la Parole, mais le principe de la promesse et l’appel à être en relation avec Dieu, dans la personne de celui qui devient la racine de toutes les promesses de Dieu, Abraham, le père des fidèles. Dieu l’appelle, lui fait quitter sa patrie, sa famille, en lui disant d’aller dans un pays qu’Il lui montrera. Dieu se révèle à lui comme le Dieu de promesse, qui sépare un peuple pour Lui-même par une espérance qu’Il lui donne. C’est à cette époque que Dieu s’est révélé sous le nom de Dieu Tout-puissant.

Après cela, parmi les descendants d’Abraham, par ce même principe de l’élection, Dieu prend les enfants de Jacob pour être Son peuple ici-bas, objet de tous Ses soins terrestres, et du sein duquel Christ doit venir selon la chair. C’est dans ce peuple d’Israël qu’Il déploie et développe tout Son caractère comme Éternel ; ce n’est pas seulement un Dieu de promesse, mais c’est un Dieu qui réunit les deux principes d’appel et de gouvernement, qui avaient été chacun successivement mis en évidence en Noé et en Abraham. Israël était le peuple appelé, séparé, mais séparé pour des bénédictions terrestres, et pour jouir de la promesse, en même temps que pour être l’objet de l’exercice du gouvernement de Dieu selon Sa loi.

Nous avons donc le principe signalé en Noé, celui du gouvernement de la terre, et le principe signalé en Abraham, celui de sa vocation et de son élection ; et voilà l’Éternel qui doit accomplir tout ce qu’Il a dit comme Dieu de promesse, « qui était, qui est et qui vient », et gouverner toute la terre selon la justice de Sa loi, la justice révélée en Israël.

Nous avons montré que Dieu a fait dépendre l’accomplissement de Ses promesses, dans ces temps-là, de la fidélité de l’homme, et qu’Il a pris occasion de l’éprouver et de manifester, en détail et comme en un petit tableau, tous les caractères sous lesquels Il agissait envers lui. C’est là ce qu’Il a fait sous les sacrificateurs, les prophètes, les rois, etc. Maintenant, je désire spécialement vous faire observer que la prophétie nous développe la suite de ces relations de Dieu avec Israël et avec l’homme, non pas comme la manifestation de la chute de l’homme, mais comme la manifestation de la gloire de Dieu.

Quand Israël a prévariqué dans toutes les circonstances possibles, même dans la famille de David, qui était le dernier appui de la nation, au moment où elle faillit, la prophétie commence avec tous ses développements, et ayant ces deux caractères : l’un, la manifestation de la gloire de Christ, pour démontrer que le peuple avait manqué à la loi ; l’autre, la manifestation de la gloire à venir de Christ, pour être l’appui de la foi de ceux qui désiraient l’observation de la loi, et qui voyaient que tous y faisaient défaut.

Il est trop tard pour faire attention aux prophéties quand elles sont déjà accomplies. Ceux auxquels elles s’adressaient devaient se soumettre aux prophètes lorsqu’ils prophétisaient ; la parole de Dieu devait parler à leur conscience. Il en est de même pour nous. En même temps, il y avait des prédictions qui annonçaient que le Messie devait être envoyé, venir et souffrir pour accomplir d’autres choses importantes.

La prophétie s’appliquait proprement à la terre : on ne prophétise pas du ciel ; c’étaient des choses qui devaient arriver sur la terre, et voilà pourquoi l’Église s’est trompée : elle a cru qu’elle devait être elle-même l’accomplissement de ces bénédictions terrestres, tandis qu’elle est appelée à jouir des bénédictions célestes. Le privilège de l’Église est d’avoir sa part dans les lieux célestes, et, plus tard, les bénédictions se répandront sur le peuple terrestre. L’Église est quelque chose de tout à fait à part pendant le rejet du peuple terrestre, chassé à cause de ses péchés, et dispersé parmi les nations, du milieu desquelles Dieu choisit un peuple, pour le faire jouir de la gloire céleste avec Jésus Lui-même. Le Seigneur, ayant été rejeté par le peuple juif, est devenu une personne entièrement céleste. C’est cette doctrine que l’on trouve spécialement dans les écrits de Paul. Ce n’est plus le Messie des Juifs, mais un Christ exalté, glorifié, et l’Église unie à Lui dans le ciel ; et c’est, chers amis, faute de bien saisir cette vérité réjouissante, que l’Église s’est tellement affaiblie.

Ayant retracé brièvement l’histoire de ces diverses économies, il nous reste maintenant à voir l’Église glorifiée, mais sans que le Seigneur Jésus ait abandonné aucun de Ses droits sur la terre. Il était l’héritier ; Il devait répandre ce sang qui rachetait l’héritage. Comme disait Boaz, dont le nom signifie : à lui est la force : « Au jour que tu achèteras le champ de la main de Naomi, tu l’achèteras aussi de Ruth, la Moabite, femme du défunt, pour relever le nom du défunt sur son héritage ». Il faut que Christ rachète l’Église, cohéritière par la grâce, comme Boaz, type de Christ, a racheté l’héritage en prenant comme épouse Ruth, à qui l’héritage était dévolu dans les décrets de l’Éternel.

Voilà donc Christ et l’Église ayant droit à l’héritage, c’est-à-dire à toutes les choses que Christ Lui-même a créées comme Dieu. Mais quel est l’état de l’Église actuellement ? Est-ce qu’elle hérite actuellement de ces choses ? Pas d’une seule, parce que, jusqu’à ce que nous soyons dans la gloire, nous ne pouvons rien avoir, rien posséder ; nous avons seulement « les arrhes de l’Esprit pour la rédemption de la possession acquise ». Jusqu’à ce temps-là, Satan est le prince de ce monde, le dieu de ce monde ; il accuse même les enfants de Dieu dans les lieux célestes, qu’il n’occupe d’ailleurs que par usurpation, ce qu’il ne doit qu’aux passions des hommes, et à la puissance qu’il exerce sur la créature déchue et éloignée de Dieu, quoique, en définitive, la providence de Dieu fasse tout tourner à l’accomplissement de Ses conseils.

Et maintenant, chers amis, ayant vu les droits de Christ et de Son Église, considérons comment Christ les fera valoir. Or, c’est précisément ce qui nous conduit à voir, dans leur ordre, l’accomplissement de ces choses à la fin. Je dois seulement, arrivé ici (car je n’ai parlé jusqu’à présent que des Juifs), jeter un coup d’œil sur les Gentils.

Nous avons vu que, lorsque la chute de la nation juive fut complète, Dieu avait transporté le droit de gouvernement aux Gentils ; mais le gouvernement sur la terre fut alors séparé de l’appel et des promesses de Dieu. Nous avons vu, réunies dans le peuple juif, ces deux choses, l’appel de Dieu et le gouvernement sur la terre ; elles furent distinctes du moment qu’Israël eut été mis de côté. Nous avons déjà vu ces deux principes : gouvernement en Noé, et appel en Abraham. Chez les Juifs, ces principes étaient réunis ; mais Israël faillit, et il cessa dès lors de pouvoir manifester le principe du gouvernement de Dieu, parce que Dieu en Israël agissait en justice, et qu’Israël injuste ne pouvait plus être le dépositaire de la puissance de Dieu. Dieu donc quitta Son trône terrestre en Israël. Toutefois, quant à la vocation terrestre, Israël continua d’être le peuple appelé, car « Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel ». Quant au gouvernement, Dieu peut le transporter où Il veut, et Il l’a transporté chez les Gentils. Il y a des appelés d’entre les nations, mais c’est pour les cieux. Jamais l’appel de Dieu pour la terre ne se transfère aux nations : il reste chez les Juifs ; si je veux une religion terrestre, je dois être Juif.

Du moment que l’Église perd son caractère céleste, elle perd tout. Que sont devenues les nations après la remise qui leur a été faite du gouvernement ? Elles sont devenues des « bêtes » ; c’est ainsi que sont appelées les quatre monarchies. Une fois le gouvernement transféré aux Gentils, ils deviennent les oppresseurs du peuple de Dieu. Ce sont, en premier lieu, les Babyloniens ; en second lieu, les Mèdes et les Perses ; puis, les Grecs ; puis, les Romains. Eh bien, cette quatrième monarchie a consommé son crime au même instant que les Juifs accomplissaient le leur ; c’est-à-dire qu’elle a accédé, dans la personne de Ponce Pilate, aux vœux de la nation rebelle, pour tuer Celui qui était le Fils de Dieu et Roi d’Israël. La puissance gentile est en état de déchéance, comme le peuple juif appelé.

En attendant, qu’arrive-t-il ? Premièrement, le salut de l’Église. L’iniquité de Jacob, le crime des nations, le jugement du monde, celui des Juifs, tout cela devient le salut de l’Église et a été accompli dans la mort de Jésus. Secondement, tout ce qui s’est passé depuis n’a pour but que le rassemblement des enfants de Dieu. Dieu montre en cela beaucoup de patience. Les Juifs, le peuple appelé, devenu rebelle, chassé de la présence de Dieu, les nations devenues également rebelles, mais le gouvernement toujours là ; en état de chute, il est vrai, mais la patience de Dieu toujours là aussi, attendant jusqu’à la fin. Puis qu’arrive-t-il ?

L’Église va rejoindre le Seigneur dans les lieux célestes.

Maintenant, supposons qu’au temps arrêté de Dieu, toute l’Église soit assemblée ; que deviendra-t-elle ? Elle ira immédiatement à la rencontre du Seigneur, et les noces de l’Agneau auront lieu, le salut sera consommé au siège même de la gloire, dans les lieux célestes. Où en seront alors les nations ? Le gouvernement de la quatrième monarchie sera toujours là ; les Juifs s’assembleront dans cet état de rébellion, et même, pour la plupart, se soumettront à l’Antichrist, pour faire la guerre à l’Agneau. Pourquoi cela, et pourquoi l’évangile n’a-t-il pas empêché un tel état de choses ? Parce que Satan, jusqu’à cette heure, n’a jamais été chassé du ciel, et que, par conséquent, tout ce que Dieu a fait ici-bas pour l’homme a été gâté, soit le gouvernement des Gentils, soit les rapports actuels des Juifs avec Dieu ; tout a été détérioré par la présence de Satan, toujours là, exerçant sa funeste influence.

Mais, maintenant, Dieu va prendre les choses en main. Et que doit-Il faire ? Déposséder Satan, le chasser du pouvoir. C’est ce que Jésus fera quand l’Église sera réunie à Lui, et qu’Il commencera à agir pour remettre toutes choses en bon ordre.

Chers amis, quand l’Église aura été reçue auprès de Christ, la bataille dans le ciel aura lieu, afin que le siège céleste du gouvernement soit purgé de ces sources fécondes, de ces agents actifs des maux de l’humanité et de toute la création. Le résultat d’un tel combat est facile à prévoir ; Satan sera expulsé du ciel, sans être encore lié ; mais il sera précipité sur la terre en grande fureur, « parce qu’il sait qu’il n’a que peu de temps ». Dès ce moment, la puissance se trouvera établie dans le ciel selon les vues de Dieu. Mais, sur la terre, il en sera tout autrement, parce que, quand Satan sera chassé du ciel, il excitera toute la terre, et soulèvera, en particulier, la terre apostate révoltée contre la puissance de Christ venant du ciel. Il est dit : « C’est pourquoi, réjouissez-vous, cieux, et vous qui y habitez ; malheur à la terre et à la mer !… ».

Les cieux créés seront donc occupés par Christ et Son Église, et Satan en grande fureur sur la terre, n’ayant que peu de temps. Sous l’influence de l’Antichrist, la quatrième monarchie deviendra la sphère spéciale sur laquelle se déploiera alors l’activité de Satan, qui réunira les Juifs à ce prince apostat contre le ciel. Je n’entre pas ici dans les preuves scripturaires : nous en avons déjà parlé ; je ne résume que les faits dans l’ordre de leur accomplissement. Il n’est pas besoin de dire que le résultat de tout cela sera le jugement et la destruction de la quatrième bête et de l’Antichrist. Jésus Christ anéantira, dans ce même jugement, la puissance de Satan dans le gouvernement que nous avons vu confié aux Gentils. Celui qui manie cette puissance, s’étant joint aux Juifs, et s’étant placé à Jérusalem comme le centre du gouvernement de la terre, sera détruit par la venue du Seigneur des seigneurs et du Roi des rois, et Christ occupera de nouveau ce chef-lieu du gouvernement, qui deviendra le siège du trône de Dieu sur la terre.

Mais, quoique le Seigneur soit descendu sur la terre, que la puissance de Satan soit détruite, et le gouvernement établi dans les mains du Juste, la terre ne sera cependant pas encore réduite sous Son sceptre. Le résidu des Juifs est délivré, et la Bête et l’Antichrist détruits ; mais le monde, ne reconnaissant pas encore les droits de Christ, désirera posséder ce qui est Son héritage, et il faudra que le Seigneur déblaie le terrain, pour que les habitants de la terre jouissent des bénédictions de Son règne sans interruption ni empêchement, et que la joie et la gloire soient établies dans ce monde, si longtemps assujetti à l’ennemi.

La première chose donc que fera le Seigneur sera de purifier Sa terre (le pays qui appartient aux Juifs) des Tyriens, des Philistins, des Sidoniens, de tout ce qui se trouve entre l’Euphrate et le Nil. Cela s’effectuera par la puissance de Christ en faveur de Son peuple rétabli par Sa bonté. Voilà donc le peuple en sécurité ; puis, tout ce qui reste d’Israël sera rassemblé d’entre les nations. Quand le peuple sera ainsi chez lui en pleine paix, un autre ennemi viendra : c’est Gog ; mais il n’y arrivera que pour sa perte.

Je crois qu’il y aura dans ces temps-là, probablement au commencement de cette période, outre ces jugements publics, une manifestation beaucoup plus calme, beaucoup plus intime, du Seigneur Jésus aux Juifs. C’est ce qui aura lieu, lorsqu’Il descendra sur la montagne des Oliviers, « où ses pieds se tiendront debout », suivant l’expression de Zacharie 14, 3 et 4. C’est toujours le même Jésus ; mais Il se révèlera paisiblement, et se montrera non pas comme le Christ du ciel, mais comme le Messie des Juifs.

À la suite du rétablissement des Juifs et de la présence du Seigneur, viendra aussi la bénédiction des Gentils. L’Église sera bénie, l’apostasie de la quatrième monarchie n’existera plus, le méchant sera retranché, ainsi que les Israélites infidèles ; enfin, le pays des Juifs sera en paix.

Mais ensuite le monde à venir, préparé et introduit par ces jugements et par la présence du Seigneur, qui remplacera la présence du mal et du malin. Ceux qui auront vu cette gloire manifestée à Jérusalem iront en annoncer la venue aux nations. Celles-ci se soumettront à Christ ; elles reconnaîtront les Juifs comme le peuple béni de son Christ, les ramèneront dans leur pays, et deviendront elles-mêmes le théâtre d’une gloire qui, de Jérusalem comme son centre, s’étendra en bénédiction partout où la race humaine pourra jouir de ses effets. Le témoignage de la gloire étant répandu partout, les cœurs, remplis de bonne volonté, se soumettront aux conseils et à la gloire de Dieu en répondant à ce témoignage. Toutes les promesses de Dieu étant accomplies, et le trône de l’Éternel étant établi à Jérusalem, ce trône deviendra pour toute la terre la source de son bonheur ; le rétablissement du peuple de Dieu sera pour le monde comme une vie d’entre les morts.

Une chose à ajouter, c’est qu’à cette époque Satan sera lié, et, par conséquent, la bénédiction sera sans interruption, jusqu’à ce qu’il soit délié pour un peu de temps. Au lieu de l’adversaire en haut, au lieu de son gouvernement dont le siège est aujourd’hui dans l’air, au lieu de la confusion et de la misère qu’il produit autant que la chose lui est permise, ce sera Christ et les siens qui seront là, source et moyen de bénédictions toujours nouvelles. Le gouvernement des lieux célestes deviendra la garantie, et non pas l’empêchement ou l’instrument forcé des bienfaits de Dieu. L’Église glorifiée, témoin pour tous, par son état même, de l’étendue de l’amour du Père, et de cette fidélité qui a accompli toutes ses promesses, et a plus que comblé les espérances de nos faibles cœurs, remplira de sa joie les lieux célestes, et fera par son service le bonheur du monde, pour lequel elle sera l’instrument des grâces dont son cœur jouira. Telle sera la Jérusalem céleste, témoin en gloire de la grâce qui l’aura placée si haut. Du milieu d’elle, coulera ce fleuve de vie où se trouve l’arbre de vie, dont les feuilles sont pour la guérison des Gentils ; car, dans la gloire même, l’Église conservera ce doux caractère de grâce. En même temps, sur la terre, la Jérusalem terrestre sera le centre du gouvernement et du règne de la justice de l’Éternel. Témoin, par sa position et sa gloire ici-bas, de la fidélité de l’Éternel son Dieu, comme elle l’a été, dans ses misères, de sa justice, elle deviendra comme le lieu de Son trône, le centre de l’exercice de cette justice ; « la nation et le peuple qui ne te serviront pas, périront ». Car, dans cet état de gloire terrestre, bien que placée là par la grâce de la nouvelle alliance, cette ville conservera aussi son caractère normal, afin qu’elle soit témoin du caractère de l’Éternel, comme l’Église l’est de celui du Père. Aussi, Dieu réalisera-t-Il le sens de ce nom de « Dieu Tout-puissant, possesseur des cieux et de la terre » ; et Christ remplira, dans leur plénitude, les fonctions de sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, qui, après la victoire remportée sur les ennemis du peuple de Dieu, bénira Dieu de la part du peuple, et le peuple de la part de Dieu (voir Gen. 14, 18 et suivants).

Chers amis, je désire que vous compreniez qu’il y a une infinité de détails dans lesquels je ne suis pas entré ; par exemple, les circonstances des Juifs qui seront persécutés dans la Judée. Il y a des passages qui nous en instruisent, mais cette esquisse générale vous engagera à considérer par vous-mêmes la Parole de Dieu sur ce sujet. J’attache, quant à moi, plus d’importance aux grands traits de la prophétie, et voici pourquoi. Comme je l’ai dit, il y a, d’un côté, la distinction des économies, qui deviennent, par la considération de ces vérités, extrêmement claires ; et, de l’autre, le caractère de Dieu, qui est de cette manière pleinement dévoilé. Quoi qu’il en soit, rien n’empêche d’étudier la prophétie dans ses menus détails. Si l’on examine ainsi les œuvres des hommes, on trouve bientôt, il est vrai, quantité d’imperfections ; mais c’est le contraire dans les œuvres de Dieu : plus on entre dans leurs moindres détails, plus on en voit la perfection.

Que Dieu accomplisse en nous, et en tous Ses enfants, ce détachement du monde qui doit être, devant Dieu, le fruit de l’attente de l’Église, à la vue des bénédictions célestes, et aussi des jugements terribles dont sera frappé tout ce qui tient le cœur de l’homme lié à ce monde ! Car le jugement viendra sur tous ces objets terrestres. Que Dieu accomplisse aussi les désirs de mon cœur, et le témoignage du Saint Esprit !



  1. La délivrance de la terre se trouve ailleurs.