Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Éphésiens/Partie 8
Nous sommes maintenant arrivés à la fin de l’exposé que l’apôtre nous a donné de l’unité de l’Esprit, de la position commune qui appartient à tous les enfants de Dieu qui sont appelés par Sa grâce par le Saint Esprit envoyé du ciel. Nous entrons maintenant dans les manières spéciales dont le Seigneur appelle les divers membres de Son corps à Le servir — non pas tant la position commune qu’ont nécessairement tous ceux qui Lui appartiennent, mais les privilèges et la responsabilité propres à chaque membre de Christ individuellement. C’est ainsi que le septième verset ouvre le sujet : « Mais la grâce a été donnée à chacun de nous, selon la mesure du don de Christ ». Telle est la base. Christ, selon Son propre bon plaisir, comme Tête et Seigneur, donne certains dons. Il est important de remarquer que c’est sous ce point de vue que l’Esprit Saint présente le ministère dans les Éphésiens. Il n’y a personne, je n’ai guère besoin de le dire, qui soit présenté sous un caractère aussi positivement proéminent que Christ. Dans les Corinthiens, au contraire, l’Esprit Saint est plus proéminent que Christ. Les deux aspects sont nécessaires pour la gloire de Dieu, et également parfaits à leur place ; mais ils ne sont pas la même chose. Il y a dans chaque épître la sagesse de Dieu adaptée à l’objet spécial que Dieu Lui-même a en vue.
Il est impossible pour une âme spirituelle de reporter ses regards sur l’épître aux Éphésiens, sans s’apercevoir que la grande vérité qu’elle présente, c’est la plénitude de bénédiction qui appartient à l’Église en vertu de son union avec Christ. Cela, par conséquent, place Christ en relief. D’un autre côté, nous ne pouvons étudier l’épître aux Corinthiens, et particulièrement la partie de cette épître où le sujet des manifestations spirituelles est traité, sans voir qu’il ne s’agit pas tant de Christ haut élevé à la droite de Dieu, que de l’Esprit Saint envoyé ici-bas. La conséquence en est que, dans les Corinthiens, nous avons plutôt l’Assemblée sur la terre et la personne divine à qui il a plu d’y habiter et d’y opérer. Ainsi l’Esprit Saint y est mis en vue ; tandis que dans les Éphésiens, c’est Christ, comme la Tête de l’Église, qui est toujours regardé comme Celui qui donne ces dons. Et même il n’y a aucune partie de l’Écriture où l’Esprit Saint soit représenté, à proprement parler, comme Celui qui donne ; et je doute beaucoup, avec un autre, que l’expression : les dons de l’Esprit, soit une phrase exacte. Vous pourrez trouver dans Hébreux 2, 4, un texte qui semble l’impliquer, mais c’est : « les distributions de l’Esprit Saint ». Partout où il est parlé simplement et distinctement de donner, c’est Christ qui est regardé comme Celui qui donne. C’est ainsi que notre Seigneur Lui-même dit de ce qui est à la source de tout : « L’eau que je lui donnerai sera en lui une fontaine d’eau », etc. L’eau ici représente l’Esprit Saint. Ainsi dans cet endroit, l’Esprit est envisagé comme le don, et Christ est Celui qui donne. Et de même que la chose est vraie à l’égard de cette grande vérité fondamentale, savoir, la présence de l’Esprit Saint Lui-même, elle l’est aussi de tous les détails. Christ, la Tête de l’Église, agit dans les membres individuellement selon Sa propre affection pleine de bonté ; car c’est là le côté béni de la vérité, qui est présenté ici. « La grâce a été donnée à chacun de nous, selon la mesure du don de Christ ». L’apôtre parle de dons pour le ministère ; mais cela est appelé « grâce » ici, parce que ce qui est envisagé l’est moins comme une position d’autorité (bien que quelques-uns de ces dons l’impliquent), que comme la position de Celui qui aime l’Église et qui a soin de chacun de ses membres ; et Il ne peut manquer de fournir tout ce qui est convenable, et digne de Lui-même et de Son amour. « La grâce a été donnée à chacun de nous, selon la mesure du don de Christ ».
Or ceci conduit à une autre remarque d’une nature générale. L’épître aux Corinthiens vous a donné un champ plus vaste dans lequel l’Esprit Saint est présenté comme opérant ; vous avez des miracles — des langues — des dons de guérison — les manières remarquables dont l’Esprit Saint opère par une puissance extérieure. Tout cela est omis ici. À quel principe devons nous l’attribuer ? Car Dieu ne fait rien arbitrairement, mais toujours avec un amour et une sagesse dignes de Lui-même, et avec l’intention assurément que nous en profitions. Quant à ce qu’Il n’a pas révélé, il ne nous convient pas de le sonder ; mais ce qu’Il a fait connaître dans Sa Parole, nous sommes évidemment libres, tenus même de chercher à l’apprendre simplement et avec reconnaissance. Pourquoi donc avons-nous aussi les opérations plus permanentes de l’Esprit dans les Corinthiens ? Et pourquoi, en écrivant aux Éphésiens, l’apôtre omet-il les manifestations extérieures pour ne parler que de celles qui concernent le progrès de l’âme, la fondation de l’Église et la continuation de l’œuvre, le maintien, dans la sainteté, du progrès et de la communion, et de l’ordre selon Dieu, parmi les enfants de Dieu ? Car c’est à cela seul que les déclarations du chapitre s’appliquent. La clef se trouve, je crois, dans ce que nous avons déjà indiqué. Dans les Corinthiens, la pensée saillante, c’est l’Esprit Saint présent dans l’Église, et tout ce qu’Il fait est mis devant nous. Et comme l’Esprit Saint peut opérer d’une manière extraordinaire, et qu’Il est la puissance qui produit ce qui est sensiblement surnaturel aussi bien que ce qui répond aux besoins de l’âme, il en résulte que tout nous y est présenté. Mais dans Éphésiens, où Christ est envisagé dans une relation immédiate à l’Église, et où il s’agit de Son amour, et du soin pour les membres de Son corps qui découle de cet amour, il est clair que tout ce qui a seulement trait au monde et constitue un témoignage pour les non-croyants, ne serait pas nécessaire, mais superflu : il n’y a que ce qui concerne les membres de Christ, qui soit à sa place et de saison. Oh ! si nous avions seulement plus de patience et plus de confiance en Dieu et en Sa Parole, nous trouverions la réponse à toutes les difficultés dans le temps convenable. Dieu reconnaît la confiance du cœur qui compte sur Lui. En examinant une portion spéciale à la lumière du livre entier où elle se trouve, combien souvent nous discernons ce qui nous donne le vrai fil pour en trouver la signification.
Mais avant de considérer les dons eux-mêmes, je désire d’abord attirer l’attention sur ce qui est d’une importance et d’un intérêt encore plus profonds, la base sur laquelle repose le fait que Christ confère ces dons. Car nous avons tous immensément souffert de vues purement traditionnelles sur le ministère, le regardant en général comme une profession honorable parmi les hommes, ou comme une position à laquelle se rattache un certain caractère. Ces choses faussent entièrement la nature du ministère ; et la conséquence en est que la pleine bénédiction, comme le sens complet du mot, est perdue d’autant pour l’âme. Comprenez-moi bien. Je ne nie pas que Dieu agisse là où il y a beaucoup de ce qui est antiscripturaire. Il fait tout bien, et la chute de l’Église, ou de nous-mêmes individuellement, ne peut porter atteinte à la bonté souveraine de Celui qui veille, en vue de bénir, sur tous les membres de Christ et sur chacun d’eux. Mais alors Il permet que les manquements se montrent, et Il permet que nous en souffrions les conséquences afin de nous humilier et de nous faire sentir que tout le bien vient de Lui et que tout le mal vient de nous-mêmes. Dans toute l’histoire de la chrétienté, ces deux choses se montrent : — l’homme corrompant sa voie sur la terre, et Dieu se manifestant au-dessus du mal que Sa lumière juge. Cela est vrai du ministère comme de toute autre chose.
Dès lors si nous considérons l’Écriture, et que nous voyions la base sur laquelle le ministère repose, nous trouverons que rien ne peut être plus glorieux ; mais, hélas ! rien de plus contraire à ce qui en prend ordinairement la forme parmi les hommes. Car sa base n’est rien moins que la rédemption que Christ a accomplie par Son sang, et Son ascension au ciel. Le ministère chrétien dérive de Christ à la droite de Dieu ; il n’existait pas auparavant. Je ne nie pas que Dieu eut Sa manière d’agir en Israël. Mais là Ses voies revêtaient plus le caractère de sacrificature ; or le ministère, en son caractère, diffère totalement de la sacrificature. La sacrificature terrestre était une caste d’hommes qui avaient affaire à Dieu, en faveur de ceux pour qui ils étaient sacrificateurs : c’est-à-dire qu’ils étaient chargés des affaires spirituelles de personnes qui étaient, pour une raison ou une autre, incapables de les régler avec Dieu directement, et dépendaient par conséquent de ces médiateurs entre Dieu et elles. Le sacrificateur entrait où le peuple ne pouvait entrer ; il entrait dans le lieu saint, il présentait le sang, il brûlait le parfum, il avait affaire à Dieu, en un mot, pour tous les besoins spirituels de ceux qu’il représentait. Le ministère part d’une base tout à fait différente, étant une action, par le moyen de l’homme, de la part de Dieu envers l’homme, et non de la part de l’homme envers Dieu. Les deux choses sont le contraste complet l’une de l’autre. Quant au serviteur de Dieu, s’il s’agit vraiment de quelqu’un que Dieu suscite, qui a un message de Sa part et une œuvre à faire pour Lui, ce message ou cette œuvre est en vertu de l’autorité de Dieu pour la bénédiction des hommes. Ainsi donc, si vous prenez un évangéliste, qu’est-il ? Quelqu’un qui est lui-même enseigné de Dieu pour les besoins de sa propre âme, qui non seulement connaît la voie du salut, mais possède une puissance qu’il n’avait pas auparavant et qui lui est donnée par Christ pour agir sur les âmes des autres. Tout chrétien devrait pouvoir confesser la vérité, confesser Christ ; toutefois cela ne suffit pas pour en faire un évangéliste ; mais il s’agit de proclamer l’évangile de manière à agir puissamment sur les âmes, spécialement sur celle des inconvertis, et ainsi à réveiller, à éclairer, ou à établir dans la grâce de Dieu. L’action spirituelle est par l’Esprit Saint ; mais elle vient de la part de Dieu et de Son Fils bien-aimé, Christ notre Seigneur, et s’adresse à l’homme. Ainsi le don, sous la main du Seigneur, est exercé en amour pour les âmes pour chercher leur bien, et il implique une puissance venant d’en haut pour agir sur elles, ou plutôt il est cette puissance.
Prenez encore le don d’enseigner. Là vous avez une autre forme de la puissance de Dieu. Il en est beaucoup qui comprennent la vérité pour la jouissance de leur propre âme, mais ils ne peuvent aider les autres : ils sont incapables de placer la vérité par des paroles convaincantes devant ceux qui croient, ou d’agir sur les affections, de manière à faire pénétrer dans l’âme la vérité dans sa force. Lorsque cela se fait, c’est le don d’enseigner. Mais j’y ai seulement fait allusion dans le but de présenter le contraste entre la nature de la sacrificature et le ministère, et de montrer que la confusion de ces deux choses est une conséquence lamentable de l’état de l’Église. Si les gens vont entendre un sermon, ils disent qu’ils vont au culte. Les hommes sont tellement habitués à confondre l’enseignement avec le culte, que l’on suppose que ces deux choses sont comprises l’une dans l’autre.
J’admets qu’il y a une telle chose que la sacrificature chrétienne : néanmoins le ministère en est totalement distinct. Tous les chrétiens, sans exception — hommes, femmes et enfants — sont sacrificateurs ; car le sacrificateur est celui qui a une vocation et un titre venant de Dieu, qui lui donnent accès à la présence de Dieu. La sacrificature, en un mot, donne à l’âme le droit de s’approcher de Dieu. C’est là toujours son caractère distinctif. De l’autre côté, le ministère dans la Parole est un service varié ; mais ce n’est que par des membres particuliers du corps que Christ agit ainsi pour le bien de tous. Dès lors, tandis que la sacrificature est universelle, et que nul ne peut être chrétien sans être sacrificateur, ce n’est que quelques-uns parmi la masse, qui sont ce que l’Écriture appelle ministres de la Parole, ou serviteurs publics de Christ. Je ne parle pas ici du sens vague dans lequel tous devraient être occupés à servir Christ tous les jours de leur vie ; mais il s’agit maintenant du ministère de la Parole proprement dit ; et il est clair que tous n’ont pas la puissance pour prêcher la Parole de Dieu profitablement pour l’âme des autres. La grande masse des enfants de Dieu ont besoin que le sentier que Dieu trace leur soit signalé, et que leurs difficultés soient levées ; or traiter ces choses comme il convient, dépend du ministère, ou plutôt constitue le ministère, sous une forme ou une autre.
Le ministère donc, comme nous l’avons déjà dit, s’adresse à l’homme de la part de Dieu ; la sacrificature s’adresse à Dieu de la part de l’homme. Quand nous sommes réunis pour adorer Dieu, ce n’est pas l’exercice du ministère, mais de la sacrificature. Il se peut qu’un ou plusieurs de ceux qui y prennent part soient ministres ; mais pour le moment ils n’exercent pas leur ministère, mais adorent. Le culte est l’exercice de la sacrificature chrétienne, l’acte d’offrir des louanges et des actions de grâces. Il s’adresse à Dieu de la part de l’homme — c’est la direction de la sacrificature. Dès lors, quand il y a un élan de louanges et d’actions de grâces, vous avez le caractère le plus élevé de la sacrificature. L’intercession et la prière sont une forme moins élevée, quoique l’intercession soit une chose vraiment bénie, parce qu’elle s’occupe des besoins d’autrui. Mais, pour parler strictement, le culte consiste plutôt en louanges et actions de grâces ; c’est pour cela que la cène du Seigneur, l’eucharistie, forme une partie si centrale du culte chrétien. C’est là ce qui appelle si puissamment nos âmes, dans une joie solennelle, à se souvenir de Jésus, et à rendre grâces à Dieu. De là vient aussi, quoique la participation au pain et au vin ne puisse sans doute pas être regardée en elle-même comme le culte, que c’est là néanmoins ce qui agit sur l’âme et attire le cœur, par l’Esprit Saint, dans le culte rendu à Dieu. Lorsque la cène du Seigneur est regardée comme un moyen de grâce, les personnes y ont recours pour leur consolation, ou du moins dans l’espérance de la trouver. Elle n’est jamais ainsi présentée dans la Parole de Dieu. Au contraire, elle montre que si les communiants n’entraient pas dans la pensée de Dieu dans la cène (c’est-à-dire s’ils ne distinguaient pas le corps du Seigneur), elle devenait pour eux un moyen de jugement. « Celui qui mange et qui boit indignement, mange et boit un jugement contre lui-même, ne distinguant pas le corps du Seigneur ». Ceci indique, non de faux chrétiens, mais des chrétiens, quelque réels qu’ils fussent, qui prenaient la cène du Seigneur dans un esprit de légèreté et sans se juger soi-même. Lors donc qu’une âme marche dans un péché connu, et vient à la table du Seigneur, l’effet en est que la main du Seigneur est étendue d’une manière ou d’une autre ; et il est impossible d’échapper quand on agit ainsi légèrement avec Dieu. De plus, si quelqu’un se plaçait en dehors pour éviter cela, il proclamerait son propre péché, et pratiquement il s’excommunierait. Ainsi une âme n’a rien à faire, sinon de se porter franchement et de regarder à Dieu pour la grâce dont elle a besoin pour veiller contre le péché, même contre les moindres mouvements du péché, et, en se jugeant soi-même, de s’appuyer sur le Seigneur, qui seul peut nous fortifier pour marcher d’une manière digne de Lui. À une telle âme s’adresse cette parole : « Qu’ainsi il mange ». Ce n’est pas : Qu’il s’abstienne ; mais : Qu’il se juge soi-même et qu’il vienne.
Ainsi donc, ces deux choses, le culte et le ministère, ne devraient jamais être mêlées l’une avec l’autre. Une parole peut être prononcée à la table du Seigneur, qui aide à la communion des saints ; mais on ne pourrait guère appeler cela l’exercice ordinaire du ministère. Un discours régulier y serait, selon moi, bien irrégulier : il détournerait de l’objet principal qui est dans l’intention du Seigneur. Un certain développement des affections de Christ peut y trouver place, ou même il peut y avoir plus encore dans des circonstances particulières, telles que le cas de la visite de quelqu’un pour un temps limité, comme celui où Paul prolongea son discours jusqu’à minuit. Mais comme la cène du Seigneur n’a pas de connexion avec le ministère, mais plutôt avec le fait que les saints se souviennent de leur Seigneur, et avec leur culte quand ils se réunissent pour Le louer, il est clair que l’exercice formel du ministère, proprement parlant, trouve sa place non à la table du Seigneur, mais ailleurs. Quelques paroles propres à réveiller les affections de l’âme et à les concentrer sur Christ dont nous nous souvenons, sont tout à fait convenables et de saison, si le Seigneur dirige ainsi les choses ; mais il est important de voir la place, et l’ordre, et le but de ces deux choses d’après la Parole. Dans le ministère, vous avez le Seigneur qui pourvoit à la provision spirituelle pour les besoins de Son peuple. Et sur quoi cela est-il fondé ? Sur le fait que Christ est monté en haut comme Tête, ayant d’abord aboli le péché et glorifié Dieu sur la terre ; et depuis Sa place actuelle dans la gloire céleste Il communique les dons nécessaires. À quel titre Christ a-t-Il pris Sa place ? Ce n’est pas comme Dieu, ni simplement comme homme. Ce n’est pas non plus que Christ soit entré en la présence de Dieu, parce que Satan n’avait pas pu Le toucher lorsqu’Il fut tenté en toutes choses. Il y eut une scène plus solennelle encore — la grande heure pour laquelle Il était venu — l’acte de porter le péché — la croix, où Il prit sur Lui la charge de tous les manquements, de mes péchés et de vos péchés. C’est ce qu’Il a fait. Christ a uniquement pris Sa place à la droite de Dieu sur ce fondement qu’Il a aboli le péché par le sacrifice de Lui-même. C’est sur cette base que le ministère est fondé. Le juste jugement de Dieu a été porté et maintenu ; le péché et Satan sont complètement vaincus pour nous par Christ. Le témoignage de la grâce divine, sa plénitude même, peut maintenant, sans empêchement, être la portion du croyant. La victoire pour Dieu en faveur des pécheurs les plus coupables est gagnée. Et Christ a pris Sa position dans la place la plus élevée dans le ciel comme l’homme victorieux. Comme tel Il a porté l’humanité jusqu’au trône de Dieu, et Il est là, comme homme, assis bien au-dessus des anges, des principautés, et des puissances. C’est de là qu’Il donne ces dons.
Ainsi donc, le ministère chrétien doit son origine même à ceci — la pleine rémission des péchés de la part de Dieu et la glorification céleste de l’homme en la personne de Christ. Ce sont les fruits et les témoins d’une victoire complète. Néanmoins tout cela est donné à connaître à la foi, et uniquement à la foi, sinon en tant que les miracles autrefois étaient un signe aux incrédules. Quelle en est la conséquence ? L’homme continue dans le péché. Satan rôde encore ça et là comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer. Le jugement de Dieu est suspendu sur le monde. Quelle est donc la valeur de la mort de Christ et de Sa victoire ? Elle est immense, mais immense seulement pour ceux qui croient en Christ ; et par conséquent, au milieu de ce monde ruiné, et pendant que le péché et Satan sont là, le jugement de Dieu suspendu sur le monde, il y a ce merveilleux lien entre Celui qui est assis à la droite de Dieu et ceux qui étaient autrefois de pauvres pécheurs perdus aux yeux de Dieu. Il envoie des dons ici-bas ; Il appelle celui-ci et celui-là, et en fait les témoins de Sa puissance, de la puissance de Celui qui a conquis tout cela et plus encore ; qui n’a, en un mot, rien laissé inaccompli de ce qui est nécessaire pour la gloire de Dieu et la bénédiction de l’homme. Le monde n’entend le son que pour mépriser la bonne nouvelle, et même l’enfant de Dieu voit la chose obscurément s’il raisonne sur elle ; mais si je crois ce que Dieu me dit avoir été fait par Son Fils bien-aimé, je devrais savoir que toutes ces choses sont ôtées, en tant qu’elles étaient entre mon âme et Dieu, avec une certitude aussi simple que si elles n’avaient jamais existé du tout. Je devrais être aussi sûr que le péché a été effacé, que si je n’avais été coupable d’aucun péché — que Satan est aussi complètement jugé, que s’il était dans l’étang de feu — que le juste jugement de Dieu est complètement arrêté, et qu’il ne reste plus rien pour moi que Sa grâce. Cela est vrai de tous Ses enfants. C’est la seule chose qui soit convenable pour un chrétien, parce que c’est ce dont Dieu fait provision pour lui. Dieu n’avoue pas les personnes chrétiennes dans leur trouble et leur hésitation sur la question si tout est accompli pour eux. Douter que tout ce que Christ a entrepris soit réglé en leur faveur, c’est pratiquement nier la rédemption ; et si tout cela est accompli et accepté, que me faut-il de plus ? Christ ne savait-Il pas beaucoup mieux que moi-même ce qu’il fallait ? Dieu ne sentait-Il pas ce qui était dû à Sa sainteté plus que vous ou moi ? Et pourtant Celui qui était et qui est Dieu, a dit : « C’est accompli ». Qui suis-je ou que suis-je pour en douter ? Je dois donc à Christ de rendre ce témoignage.
Le ministère est fondé sur l’œuvre et l’exaltation de Christ. Sans doute les douze et les soixante-dix furent envoyés avant que Christ fût élevé à la droite de Dieu, mais leur mission durant les jours de la chair de Christ, se trouve exclue dans Éphésiens 4. Sans doute les apôtres sont mentionnés, mais non en vertu de leur appel pendant qu’Il était le Messie sur la terre. Au contraire, « étant monté en haut, il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes ». Ce n’est pas que ceux qui avaient été établis apôtres quand Christ était ici-bas, n’aient pas été introduits aussi dans cette nouvelle place, à l’exception de Judas ; mais le fait qu’ils sont apôtres de l’Église est fondé sur ceci, qu’ils ont reçu ce don de Christ après qu’Il fut monté en haut. C’est pourquoi il est dit ici : « Et lui, a donné les uns apôtres ». Pourquoi y en avait-il eu douze ? Par rapport aux douze tribus d’Israël ; et dès lors, quand notre Seigneur les envoya, Il leur défendit d’entrer dans aucune ville des Gentils. Mais quant aux apôtres de l’Église, ne sont-ils envoyés que vers les Juifs ? Tout le monde sait qu’il n’en est pas ainsi. Après que Christ eut été crucifié, les liens avec Israël furent rompus. Le Fils de l’homme, après avoir été rejeté et avoir souffert, monte au ciel, et depuis Sa gloire céleste, Il envoie ici-bas l’Esprit Saint, et appelle des âmes hors du monde dans la souveraineté de la grâce, les constitue membres de Son corps, et les revêt de puissance pour Le servir, de quelque manière qu’il Lui semble bon, à Lui-même.
D’après cela, ce qu’on appelle succession, se trouve complètement écarté. Dans la sacrificature judaïque il y avait un ordre de succession, et tout ministère terrestre se forme sur ce modèle. Mais le ministère chrétien n’est pas d’institution humaine, mais divine dans le sens le plus complet ; et par conséquent toute la source des pensées de l’homme sur ce sujet est une illusion manifeste et totale. Devons-nous abandonner la Parole de Dieu qui est claire, pour les opinions passagères des hommes ? S’il en est ainsi, je ne connaîtrai jamais aucune certitude que ce soit. Le dissident dira qu’une église doit appeler un homme pour être son ministre. Il peut avoir un don de ministère de la part de Christ, et être ce don ; mais ce qui fait d’un homme le ministre d’une congrégation, c’est l’appel de la congrégation elle-même. Ainsi cela est fondé sur l’élection par une église particulière de celui qu’elle veut avoir comme son ministre. Il est de leur choix, et par conséquent leur ministre. Mais que dire, s’il n’y a pas une telle chose dans l’Écriture ? Que dire, si une telle idée est étrangère à la Parole de Dieu ? Il n’y a pas même une allusion à cela, que l’on puisse y trouver. Nous voyons la nomination d’hommes pour avoir soin des fonds et des pauvres, et cela avec le concours de l’assemblée. Personne ne devrait entreprendre une telle œuvre à moins qu’il n’eût le juste sentiment de la satisfaction de toute l’assemblée chrétienne. L’Église donne ce qu’elle peut, et par conséquent Dieu lui donne le droit de désigner les personnes à qui elle veut confier le soin des choses, c’est-à-dire à ceux qui administreront les affaires extérieures de l’Église. Mais dans les dons spirituels, dans l’enseignement, la prédication, l’exhortation, le gouvernement, l’Église peut-elle donner ? Évidemment non. La Parole de Dieu ne renferme nulle part une telle notion que l’Église choisissant ou nommant, excepté à l’égard de dons comme ceux que l’Église peut donner. L’Église donne de l’argent, et elle peut nommer des personnes pour l’administrer. L’Église ne donne pas des dons de ministère, et n’a ni droit ni qualité pour intervenir. Qui les possède ? C’est Christ seul qui donne, comme nous lisons ici : « Selon la mesure du don de Christ ». « Étant monté en haut, Il… a donné des dons aux hommes… les uns apôtres, les autres prophètes ». Cela exclut, même de la part de la vraie Église de Dieu, toute prétention à nommer ; et si la chose est examinée, vous verrez comme l’histoire scripturaire s’accorde avec le principe et le confirme. Qui choisit Matthias, sinon le Seigneur ? Qui nomma Pierre et les autres ? Qui s’adressa à la multitude au jour de la Pentecôte ? Ce ne pouvait être l’Église, car l’Église ne fut formée que ce jour-là. Pierre prêcha, et par sa prédication l’Église fut rassemblée. Ce fut le Seigneur qui amena ainsi ceux qui devaient être sauvés ; de sorte que le ministère précède l’Église, comme l’expiation et l’ascension de Christ précédèrent le ministère. Le Seigneur, depuis Sa place en haut, appelle les vaisseaux de Sa grâce, communique la puissance, conduit en avant par la direction de Son Esprit, agissant par toutes les circonstances et les réglant, de manière que Ses serviteurs puissent — plus ou moins fidèlement — être occupés à faire Son œuvre. La conséquence en est que des âmes sont rassemblées et que l’Église est formée. Ainsi le ministère dans la Parole ne dérive jamais de l’Église, mais de Christ, et l’Église en est le résultat. Le ministère est par conséquent antérieur à l’Église, au lieu d’être fondé sur son autorité. C’est ainsi que vous voyez mis de côté, non seulement le principe dissident de l’élection populaire, mais toutes les autres inventions humaines. Ce ne furent pas les apôtres, mais ce fut Christ qui donna les dons. Or a-t-Il cessé de les donner ? Est-Il encore à la droite de Dieu ? Alors, je le demande, est-Il là comme la Tête de l’Église ? Ne demeure-t-Il pas maintenant aussi parfaitement et efficacement la Tête de l’Église qu’avant le jour de la Pentecôte ? Il était là alors, amenant l’Église à l’existence ; et maintenant Il y est pour perpétuer l’Église et fournir à tous ses besoins. Il est aussi impossible, par conséquent, que le ministère vienne à manquer, qu’il l’est que Christ quitte la droite de Dieu avant que le corps soit complet. Mais Il est là comme Celui qui donne tous les dons nécessaires ; et l’exercice de ces dons est ce que nous appelons ministère.
Mais si nous regardons plus loin, il y a une bien magnifique parenthèse de l’apôtre sur ce sujet. « C’est pourquoi il dit : Étant monté en haut, Il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes ». C’est-à-dire qu’Il a emmené captifs ceux qui avaient emmené 1’Église captive. Nous étions emmenés captifs par le diable, et Christ en montant en haut a passé d’une manière triomphante au-dessus de la puissance de Satan. Les esprits déchus furent complètement défaits, et cela par Christ comme homme. L’homme a vaincu Satan en la personne de Christ, et nous pouvons regarder en haut comme ceux qui sont un avec Celui qui a défait Satan. Nous ne devrions jamais traiter avec Satan comme s’il avait du pouvoir sur nous. Nous avons toujours le droit de dire à Satan, quand nous le découvrons, de s’éloigner de nous. Nous pouvons et nous devrions toujours lui résister ; et il nous est dit que, si nous le faisons, il s’enfuira de nous ; non parce que nous sommes forts, mais parce que Celui auquel nous appartenons s’est acquis la victoire par la mort et nous l’a donnée. « Or qu’il soit monté, qu’est-ce, sinon qu’il est aussi descendu dans les parties inférieures de la terre ? ». Cela suppose la gloire de Sa personne. Celui qui est monté est Celui qui est premièrement descendu.
C’est même là le principe constant de Dieu ; Il est toujours le premier à descendre. Nous avons besoin d’être élevés, et nous n’avons rien qui soit à nous, d’où nous ayons à descendre : Christ, étant Dieu, était le seul homme qui eût une gloire propre à Lui-même et au-dessus de tout ce qui est créature. Il descendit premièrement dans les parties inférieures de la terre. Son humiliation même est la preuve de Sa propre dignité personnelle. Depuis Sa suprématie naturelle, pour ainsi dire, Il descend premièrement pour faire Son œuvre ici-bas. « Celui qui est descendu est le même que celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses ». Nous avons donc ici une vue magnifique de notre Sauveur. L’Esprit Saint nous donne, dans deux courts versets, la vaste étendue de la gloire et du triomphe de Celui qui condescendit à devenir un homme et un serviteur. Celui qui est monté maintenant est le même que Celui qui premièrement descendit, et qui ne voulut remonter dans la gloire qu’après qu’Il eut complètement aboli tout ce qui nous aurait nécessairement tenus pour toujours loin de Lui. Mais Il descendit pour l’abolir, et ne voulut pas remonter en haut avant de l’avoir accompli. Il nous a tant aimés, d’un amour qui est selon les glorieux conseils de Dieu, que nos péchés, tout grossiers et funestes qu’ils étaient, ne firent que Lui donner l’occasion de montrer ce que Dieu est, et ce qu’Il est pour nous, en Sa propre personne. Et maintenant il s’agit de la justice de Dieu, non seulement envers Lui, mais envers nous, à cause de Lui. Quelle différence ! Il pourrait descendre en Son amour, mais ce fait en soi ne nous eût pas donné une place en la présence de Dieu ; mais Il est monté en justice ; et c’est là la raison pour laquelle notre Seigneur dit, que quand l’Esprit serait venu, Il convaincrait le monde de justice, « parce que je m’en vais à mon Père ». Vous avez la pleine manifestation de justice maintenant en Christ assis à la droite de Dieu. Justice envers Lui dans ce monde, c’est ce qu’on ne trouva nulle part, mais au contraire l’injustice et l’iniquité les plus iniques. Où me faut-il chercher cette justice ? À la droite de Dieu. J’y vois Celui envers lequel Dieu, pour parler avec révérence, est redevable pour la manifestation et le maintien de Sa gloire morale, auquel Il doit la seule expression adéquate de tout ce qui manifestait et maintenait Son caractère devant les hommes — savoir, dans l’homme Christ Jésus. Dieu n’eut jamais Son caractère justifié d’une manière vraiment complète depuis que le péché était entré dans le monde, jusqu’au moment où Christ mourut sur la croix. Lorsque Son sang fut répandu pour la gloire de Dieu et la délivrance de l’homme, Dieu fut manifesté sous un nouveau jour devant le monde. Dieu n’était plus regardé comme étant un maître dur, ainsi que le mensonge de Satan L’avait faussement représenté. Le voile était déchiré ; la vérité ne pouvait plus être cachée, qu’il n’y avait aucune preuve d’amour que la créature aurait pu demander de Dieu, que Dieu n’eût surpassée en Son Fils, mort, ressuscité, et glorifié dans le ciel. Jusqu’à la mort de Christ, la justice de Dieu devait nécessairement détruire toute créature qui avait sur elle un seul péché. Maintenant, au contraire, c’est la justice de Dieu, de me justifier, moi croyant, bien que j’aie été un vil pécheur ; et voici pour quelle raison, c’est que, quoique mes péchés dans un plateau de la balance dussent me plonger, à moi seul, jusques dans l’enfer, toutefois il y avait, dans l’autre plateau, Christ et Son sang, l’emportant de beaucoup sur tout cela, et m’élevant jusque dans le ciel. Quelle en est la conséquence ? Mes péchés ont complètement disparu devant ce sang précieux, et le plateau de Christ se manifeste comme étant le seul qui conserve son poids devant Dieu. C’est de là que dépend la justice même de Dieu. Il n’est plus question de justice légale ; mais maintenant Dieu a Christ, et il s’agit de ce que Dieu doit à l’obéissance de Christ jusqu’à la mort, la mort même de la croix ; en vertu de quoi Dieu avec justice décharge le coupable, ce qu’Il ne pourrait faire en aucune manière s’Il agissait à son égard selon la loi. Comme nous lisons : « De tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit, est justifié par lui ». Ce qui était connu de Dieu dans la création ne renfermait aucun remède pour le péché ; ce qui était connu de lui sous la loi, n’aurait fait que détruire le plus faible espoir du pécheur. Maintenant, au contraire, plus je vois ce que Dieu est en la croix de Christ, plus j’ai de confiance et de paix. « C’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ ».
Nous voyons donc dans ces versets la source céleste du ministère. Ce n’est pas une position qui, dans la pensée de Dieu, donne de l’importance dans le monde. L’ouvrier, nous le savons tous, est digne de son salaire. Mais ne voyez-vous pas que l’apôtre Paul ne voulait point user du droit que l’évangile lui donnait d’être soutenu dans ses besoins ? Il ne voulait pas voir quelqu’un anéantir ce qu’il appelle sa gloire ; car quoiqu’il eût ce droit, il préférait travailler de ses propres mains, plutôt que d’être à charge à personne. Et c’est là la merveilleuse liberté de la grâce : sous la grâce il n’y a rien que nous ne puissions faire, sinon pécher. Mais quoique toutes choses soient permises, elles ne sont pas toutes avantageuses ; et ce fut sans doute selon la sagesse de Dieu que le grand apôtre fit ce que bien des serviteurs de Christ auraient honte de faire. Quel terrible déclin il y a aussi bien quant à tout l’esprit du christianisme, que quant à la lettre ! Quel changement complet quant au caractère de l’évangile, que les hommes — protestants ou catholiques, nationaux ou dissidents, presbytériens ou wesleyens — considèrent également comme une tache ou un sujet de censure ce qui faisait la gloire de l’apôtre ! Il y avait un principe important impliqué dans sa conduite. Il reçut un don des Philippiens ; des secours lui furent envoyés en prison aussi bien que hors de prison. Il recherchait du fruit qui abondât pour le compte des saints. Si l’apôtre n’avait pas, dans certaines occasions, reçu quelque chose d’eux, c’eût été une perte pour leurs âmes. Le christianisme n’entend pas que les saints emploient pour eux-mêmes ce qu’ils doivent à Dieu, et ce que la grâce aime à faire pour tous et pour quelqu’un en particulier. Mais l’apôtre n’agissait jamais de manière que l’on pût dire, soit qu’il se servait lui-même par le moyen de l’évangile, ou qu’il était indifférent à l’égard des saints. Dieu eut soin qu’il en fût ainsi dans le cas de Paul. Il y aurait eu le danger de mépriser les dons qui étaient moindres. Mais les efforts de l’apôtre, dans un esprit de grâce, tendaient à maintenir les dons qui étaient moindres ; ceux qui étaient plus grands avaient moins besoin de son ample égide. Mais quand il s’agissait de ceux qui s’étaient voués au service de l’évangile, l’apôtre prend le plus grand soin d’affirmer leur droit de vivre de l’évangile. Que ceux qui vivent ainsi aient soin qu’en cela ils servent Christ le Seigneur !