Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Éphésiens/Partie 9

De mipe
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« Et Lui, a donné les uns apôtres, les autres prophètes ». Je conçois que l’apostolat et la prophétie soient manifestement ce que l’on pourrait appeler les dons fondamentaux, tels que Dieu les a institués afin de jeter de larges et profondes assises sur lesquelles l’Église fût bâtie. Cette œuvre fut faite par ceux que Dieu avait revêtus de puissance d’une manière spéciale. Les apôtres et les prophètes furent les deux classes qui entrèrent les premières de toutes comme instruments dans l’appel de l’Église de Dieu. Les évangélistes furent à l’œuvre dès les premiers jours, les pasteurs aussi bientôt après ; mais les deux premières catégories, les apôtres et les prophètes, étaient tout particulièrement dans la plénitude de leur force à la fondation originale de l’Église de Dieu. Il n’y a pas de motif pour supposer que, dans le sens strict, il devait continuer d’y avoir des apôtres et des prophètes, ou que la chose a continué ainsi de fait, bien qu’il puisse être suscité en temps convenable quelque don analogue à celui d’apôtre. Prenez Luther, par exemple. Il y a eu de son temps et par son moyen, d’une manière générale, un rappel partiel des saints de Dieu à la vérité fondamentale qu’on avait négligée et comme perdue depuis longtemps. Cette œuvre correspond, dans une petite mesure, à ce que faisait un apôtre. Un prophète, à son tour, était un serviteur qui n’exposait pas les Écritures purement et simplement, mais qui faisait pénétrer la vérité d’une manière telle que l’âme en était directement rattachée à Dieu.

Dès le tout premier commencement, il apparut des hommes de Dieu qui n’étaient pas apôtres, ni des organes de la vérité nécessairement inspirés, tels que Marc et Luc, mais des prophètes comme Judas et Silas (Act. 15, 32). Les Écritures n’étaient pas écrites toutes lorsque l’Église commença, et les apôtres n’étaient pas partout. En conséquence, Dieu suscitait des prophètes qui, en certains cas du moins, étaient des moyens de révélation. Et si l’on demande pourquoi nous ne possédons pas aujourd’hui de tels canaux de bénédiction, nous répondons que c’est parce que la révélation est complète : nous avons la Parole de Dieu, et n’avons pas besoin d’une parole de plus. Supposer aujourd’hui quelque autre révélation, ce serait porter atteinte à celle que nous possédons ; de sorte que le besoin qu’il y avait de ces prophètes dans le sens le plus élevé a pris fin avec l’achèvement du canon des Écritures ; ce qui dans un sens secondaire répondrait à l’œuvre prophétique dont il s’agit, ce serait le réveil des saints en général, et une action puissante exercée sur eux, par un ministère qui mettrait de nouveau en lumière des vérités jadis révélées, mais complètement disparues. Prenez, par exemple, la grande vérité de la venue du Seigneur en tant que l’espérance de l’Église. Cette vérité a souffert une longue éclipse, une éclipse presque totale. De nos jours elle a brillé de nouveau avec une certaine mesure de puissance de la part de Dieu. Dans quel écrit, depuis les jours des apôtres, pourriez-vous trouver exposés la nature et l’appel de l’Église, ce qui constitue son espérance propre, et la venue du Seigneur pour la recevoir et lui donner une place céleste ? Ces vérités s’étaient évanouies devant les pensées des hommes, jusqu’à ce qu’elles aient été restaurées dans ces derniers quarante ou quarante-cinq ans. La justification par la foi avait été connue en partie par Augustin et Bernard. Les Vaudois possédaient une grande fidélité, mais non une doctrine pure ; mais ce qui concerne la nature de l’Église comme étant le corps de Christ et le caractère propre de l’espérance du chrétien, tout avait été, pour autant que je sache, complètement perdu de vue. Ces vérités avaient disparu de l’Église, et il me semble que leur rétablissement est assez analogue, dans ce point-là, à l’œuvre que faisaient les prophètes, bien qu’on pût hésiter à appeler apôtre ou prophète le serviteur qui y serait employé.

Quand nous en venons aux classes suivantes de dons, « évangélistes, pasteurs et docteurs », il est évident que nous les trouvons encore à l’œuvre, plus ou moins, dans l’état actuel de ruine, et que leur sphère n’est pas limitée à ces croyants-ci ou à ceux-là, mais qu’ils sont distribués partout selon qu’il plaît au Seigneur. On confond le ministère avec les charges locales. Peut-être dira-t-on que j’ai passé légèrement sur une partie de l’Écriture — l’imposition des mains des apôtres sur les anciens, etc. ; mais qu’on me permette de le dire avec le plus entier souvenir de tout ce que nous lisons à ce sujet dans la Parole de Dieu, les anciens ne sont pas la même chose que les ministres. Le ministère est l’exercice d’un don de Christ ; les anciens étaient établis par des hommes, mais jamais par d’autres que des apôtres ou des délégués d’apôtres comme Tite en était un. Quelle est notre position à l’égard de cette question maintenant ? Où sont les hommes dûment autorisés à établir des anciens aujourd’hui ? Savez-vous mieux que moi où on pourrait les trouver ? Il en est, sans doute, qui prétendent posséder ce pouvoir, mais leur prétention ne donne pas validité à ce qu’ils établissent. Dans les affaires civiles, si quelqu’un s’avisait de faire un autre magistrat sans en avoir la pleine autorité, il risquerait d’être puni sévèrement ; est-ce possible que dans les choses de Dieu on tienne pour peu important d’empiéter sur l’autorité du Seigneur ? Ce n’est pas que quelques sections de l’Église ont les apôtres, et que quelques-unes ne les ont pas, car aucune ne les a plus qu’une autre. Je ne vois pas ce que l’on gagne à prétendre faire l’œuvre d’un apôtre où il n’y a que présomption. N’y a-t-il pas plus d’humilité à ne pas prétendre à l’œuvre apostolique, si nous ne sommes pas apôtres ? Nous ne pouvons pas ordonner légitimement des anciens parce que nous manquons pour cela de l’autorité apostolique ; n’est-ce pas tout à fait en harmonie avec l’humilité qui nous convient de rester dans les limites de ce que nous pouvons ? Je n’admets pas qu’aucun homme vivant ait le droit de nommer des anciens, ou rien de semblable, parce qu’il n’y a ni apôtre ni délégué d’apôtre ayant reçu du Seigneur mission pour cela : si quelqu’un a la prétention d’établir des anciens, ou d’ordonner des ministres, comme on parle, il faut qu’il prouve son droit.

Mais le ministère et la charge d’ancien ne sont point la même chose, et bien qu’on les confonde presque toujours, ce sont des choses totalement différentes. Elles se trouvent toutes deux dans l’Écriture : des charges locales, dûment établies par des apôtres ou leurs délégués ; et des dons de ministère qui n’avaient pas besoin du visa humain. Dans l’Écriture jamais personne ne fut choisi pour être apôtre, ni appelé pour être prophète ou évangéliste, si ce n’est par Christ. Il en était précisément de même pour les pasteurs et les docteurs, comme nous le voyons dans notre chapitre ; et pourquoi n’en serait-il pas de même encore ? Christ n’a pas déserté Son office, et c’est Son office d’appeler et de donner des pasteurs, des évangélistes, des docteurs, etc. Mais il y a un autre principe tout à fait distinct de celui qui est impliqué dans ces dons, savoir que Christ donnait le droit aux apôtres d’agir en voie d’autorité : et c’est en vertu de cela qu’ils établissaient des personnes pour être anciens ou diacres comme le cas se présentait. Nous ne saurions faire ce que les apôtres faisaient, à moins que nous ne soyons revêtus de la même autorité ; mais Christ reste toujours comme Celui qui dispense immédiatement les dons de ministère : ceci demeure toujours vrai. Le ministère ne dépend pas et n’a jamais dépendu des apôtres ou de l’Église, mais uniquement de Christ ; et c’est pour cela qu’il ne saurait manquer. Mais comme l’établissement des anciens, selon l’Écriture, dépendait des apôtres et qu’il n’y a pas d’apôtre aujourd’hui, le pouvoir légitime d’établir des anciens a nécessairement et évidemment pris fin. L’Écriture peut bien donner à entendre que les dons continueront d’exister, mais elle ne donne à entendre rien de pareil quant au pouvoir d’établir. Il y a abondance d’anciens, ou plutôt de personnages officiels dans les diverses corporations religieuses ; mais quelle est la valeur, je ne dis pas de leurs dons, mais de leur établissement ? Je laisse à quiconque connaît la Bible le soin de dire si je traite loyalement cet important sujet conformément à la Parole de Dieu.

La question pour nous maintenant est donc de savoir si nous faisons la volonté de Dieu. Plusieurs ont idée qu’il y a quelque valeur spéciale dans un rite d’ordination humaine pour faire un homme ministre. Mais dans les jours des apôtres eux-mêmes, nul ne songea jamais à se faire établir pour prêcher l’évangile. Si quelqu’un pouvait prêcher, il était tenu de le faire ; s’il ne le faisait pas, il était semblable au serviteur paresseux qui cachait son talent. Si quelqu’un se présente comme ayant le droit de prêcher ou de parler dans l’assemblée, vous pouvez en toute sûreté nier son droit. Nul autre que Dieu n’a le droit de proclamer au monde la bonne nouvelle, ou de parler à Son Assemblée par qui bon lui semble. Lui seul peut donc appeler des hommes et les mettre en avant, l’un pour cette œuvre-ci, et l’autre pour celle-là. Et ici se pose la question solennelle : Le Seigneur doit-Il être reconnu honnêtement et entièrement comme la Tête sur Sa propre Église ? Dans le ministère proprement ainsi nommé, il ne s’agit pas d’hommes établissant des hommes, mais de savoir s’il est permis à Christ d’être la Tête de Sa propre Église. Ne reconnaissez donc pas que c’est l’affaire de l’Église d’établir des ministres dans la Parole. Ce n’est pas l’Église qui est mon Seigneur, mais Christ, et nous ne devons jamais mettre l’Église à la place de Christ. Ç’a été là une des sources principales du papisme et des plus funestes.

Il suit de là que nous devons reconnaître tout ce que le Seigneur établit. Si quelqu’un prêche la vérité dans ce corps-ci, ou dans ce corps-là, je dois, non pas ignorer, mais reconnaître les serviteurs de Christ où que ce soit. Il est possible qu’ils ne présentent pas complètement la vérité ; mais en tout cas, ce ne sont pas les frères qui ont donné les dons, c’est Christ. Mais s’ensuit-il que je dois aller à la messe, en admettant même qu’un prêtre romain prêche une certaine mesure de vérité ? Il faut que j’examine si celui qui peut toujours de cette manière être réellement un serviteur de Christ fait en cela la volonté de Dieu. Nous ne sommes point appelés à suivre tel ou tel serviteur, sauf en tant qu’ils suivent eux-mêmes Christ. Nous sommes sommés de faire la volonté de Dieu ; et « celui qui fait la volonté de Dieu, est-il écrit, demeure éternellement ». Rien ne saurait donc être plus simple que le sentier du chrétien. Qu’il apprécie les serviteurs de Christ à leur place, mais non pas nécessairement tout ce qu’ils font, à moins que ce ne soit conforme à la volonté de Dieu. Mais n’est-il pas dit que nous devons obéir à ceux qui ont autorité sur nous ? Oui, certainement, et cela est aussi vrai maintenant que ce le fut jamais. Mais en supposant que vous êtes converti à Dieu, et qu’il y a un prêtre de Rome vous disant que vous devez obéir à ceux qui ont autorité sur vous, et que lui et ses pareils ont cette autorité, ne faut-il pas lui demander ce qu’il veut dire par là et à l’appui de quoi il cite ce texte ? Est-ce pour m’amener à désobéir à Dieu ? Et s’il en est ainsi, ne dois-je pas dire que je dois « obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme » ? Il y a donc toujours un sentier pour le saint de Dieu qui désire faire Sa volonté ; et ce sentier est tout simplement l’obéissance. Il est possible que parfois cela prenne la forme de ce que les hommes égarés ou adonnés à leur volonté propre appelleront désobéissance ; mais ce sera certainement obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme. Rien ne peut nous dispenser du devoir positif, invariable, d’obéir à Dieu.

Cela fait voir que quelle que soit la valeur du ministère, il ne fut jamais destiné à obliger les enfants de Dieu et à être pour eux une question d’aveugle acquiescement. Le vrai ministère manifeste ce qu’est la volonté de Dieu, là où il y a un cœur simple ; il présente la vérité avec une puissance de conviction telle que la conscience est placée dans la lumière et sent la responsabilité où elle est de suivre cette lumière. Si vous faites quelque chose simplement parce qu’un ministre de Dieu le dit, c’est l’influence de l’homme qui est à l’œuvre, et non la puissance de l’Esprit de Dieu. Dans l’obéissance chrétienne, ce n’est pas plus l’aveugle conduit par le voyant que l’aveugle conduit par l’aveugle, c’est le voyant conduit par le voyant. Tout voyant a capacité dans l’Esprit de voir la pensée de Dieu pour lui-même ; et celui qui est appelé de Dieu à guider les autres sera, en général, rendu capable d’appliquer d’une manière si complète la pensée de Dieu à la conscience que tout cœur simple et sincère ne pourra que la voir. Mais souvenons-nous que c’est une affaire sérieuse que de reconnaître la vérité et ne pas la suivre. « Il y a du péché chez celui qui sait faire le bien et qui ne le fait pas ».

J’ai déjà expliqué que les deux premières classes des divers dons placés devant nous dans le verset 11 avaient pour but l’introduction d’une œuvre nouvelle et d’un nouveau témoignage. Elles étaient destinées et furent employées à poser le fondement de cet édifice auparavant inconnu, l’Assemblée, le rassemblement en un de Juifs et de Gentils dans la confession de Jésus, le Fils de Dieu. Il y a seulement cette différence entre les apôtres et les prophètes que tandis qu’ils étaient également employés comme organes inspirés de la pensée de Dieu qui n’avait pas été révélée jusque-là, les apôtres étaient en outre revêtus d’autorité au nom du Seigneur, ce qui n’était pas le cas pour les prophètes. Il y avait donc une autorité compétente pour gouverner, aussi bien qu’un moyen sûr de communication de la part de Dieu à l’homme. Les prophètes comme tels n’avaient rien à faire avec le gouvernement proprement dit. Ils ne visitaient pas les assemblées comme des agents revêtus d’autorité (1 Cor. 4 et 11 ; 2 Cor. 13, 3), et n’établissaient pas non plus ça et là des institutions pour régler les choses dans l’Église, comme faisaient les apôtres (voyez 1 Cor. 7, 17).

Toutefois c’est à une chose de la plus profonde importance qu’était employé le prophète, à faire connaître directement et immédiatement de la part de Dieu la vérité qui n’avait jamais été jusqu’alors connue ou même révélée. Ils étaient, par conséquent, rattachés d’une manière très spéciale avec la révélation de la vérité qui pouvait avoir lieu par la parole de la bouche ou par des écrits ; et tel est le sens de Romains 16, 26. Tout lecteur capable d’examiner la langue dont le Saint Esprit a fait usage verra que la portée de l’expression n’est pas strictement « les écrits des prophètes », mais bien « des écrits prophétiques ». Cela a trait exclusivement aux Écritures du Nouveau Testament, qui n’ont pas été toutes écrites par des apôtres. Deux des évangiles ne sont pas des ouvrages apostoliques, mais ils sont précisément autant inspirés que s’ils l’étaient. Cela est pareillement tout aussi vrai de l’enseignement oral qui était donné dans les jours apostoliques ; car l’Église commença avant qu’une portion quelconque du Nouveau Testament fût écrite. C’est même dans le mauvais usage de ce fait que consiste l’argument favori de ceux qui soutiennent qu’il y a une espèce d’inspiration dans l’Église, et que les Écritures ne sont pas aussi essentielles que nous le prétendons. Mais je réponds, que, si l’Église posséda au commencement la présence d’hommes inspirés, l’Église eut ensuite le saint dépôt des écrits des apôtres et des prophètes, sous la parfaite garde de l’Esprit de Dieu. Voici donc ce qui constitue l’unique règle de la vérité divine : l’Ancien Testament, la révélation originelle de Dieu en tant que donnée à Israël — le Nouveau Testament, comme ce supplément de Sa vérité qui est nécessaire à l’Église. Mais il est évident qu’avant que le canon de l’Écriture fût clos ou même commencé, il était nécessaire qu’il y eût une classe d’hommes ayant pour mission de faire connaître la pensée de Dieu dans les difficultés qui surgissaient au sein de l’Église. Il fut pourvu à cette nécessité dans la personne des apôtres et des prophètes. Il semble que parmi les saints de l’assemblée de Corinthe, il s’en trouvait qui étaient revêtus du caractère de prophète.

De là vient que nous avons en 1 Corinthiens 14 une parole remarquable que je voudrais considérer un moment. Le Saint Esprit posait là pour règle (v. 29-30) que dans le cas où une révélation serait accordée à quelqu’un dans l’assemblée pendant qu’un autre serait occupé à parler dans la voie ordinaire, celui-ci devrait interrompre son discours afin de laisser communiquer la révélation. Si on objecte qu’aujourd’hui une chose pareille serait de la confusion, ma réponse est que Dieu n’accorde plus de nouvelles révélations maintenant. Tout le temps que subsistait l’état de choses dans lequel la pleine révélation de la pensée de Dieu n’avait pas été donnée, et où il y avait sur la terre ces personnes inspirées, Dieu maintenait Son droit d’interrompre même quelqu’un qui parlait comme prophète par la communication de quelque vérité nouvelle de la part de Lui-même. Mais aujourd’hui si quelqu’un prétendait se prévaloir d’une nouvelle révélation de la part de Dieu, il ne ferait que prouver qu’il est séduit sinon un imposteur lui-même. Maintenant que ces personnes inspirées ont disparu, nous possédons la pleine communication et la pleine mesure de la pensée de Dieu. Aussi n’est-ce pas à des apôtres ou à des prophètes que l’Église est renvoyée, mais à la Parole écrite de Dieu comme critère et règle de la vérité. Naturellement il y a les dons plus ordinaires que l’Esprit de Dieu employait alors, et qu’Il emploie encore — aussi réellement dons que les apôtres et les prophètes, mais ne possédant pas le même caractère d’autorité dans l’action que les apôtres, non plus que le droit de communiquer des vérités nouvelles comme les prophètes. Aujourd’hui comparativement à ces dons-là tout est d’une nature subordonnée. Tout ce qu’il peut y avoir d’autorité à présent, dans quelque mesure que ce soit, doit se démontrer être de Dieu par son caractère et par son but ; sans la moindre prétention d’être quelque révélation nouvelle de la pensée divine, mais être tout simplement le véritable usage ou la juste application de ce qui a été déjà donné.

D’un autre côté, les dons que le Saint Esprit suscite encore pour le bien de l’Église sont appelés ici évangélistes, pasteurs et docteurs. Ce ne sont pas là les seuls dons qui demeurent, car l’Écriture n’en donne pas dans un seul passage la liste complète, comme les hommes le désireraient. Nous devons sonder toute l’Écriture ; et c’est pour nous une chose salutaire, précieuse, que nous ne puissions jamais recueillir quelque chose de complet de la Parole de Dieu, en n’en examinant simplement que quelque portion particulière. Dieu a voulu que nous sondassions Sa Parole en tous sens pour arriver à avoir Sa pensée d’une manière complète au moins en quelque mesure. S’il n’en était pas ainsi nous serions disposés à y faire un triage, et à nous en tenir à quelques portions favorites en laissant là le reste. Voilà pourquoi beaucoup de chrétiens négligent de fait une portion considérable de la Parole de Dieu comme si elle n’était plus d’application. Ce sujet du ministère est précisément un sujet sur lequel il existe, au moment actuel, beaucoup d’ignorance et d’infidélité. L’idée qui prévaut généralement à son égard est purement et simplement que l’intelligence a été sanctifiée. Or, j’admets que Dieu donne et forme la capacité intellectuelle : c’est ce qui est appelé dans l’Écriture « la capacité ». Mais examinez la parabole où notre Seigneur fait allusion précisément à cette chose-là, et vous verrez qu’Il distingue entre « le don » et « la capacité » — « Il donna à chacun selon sa propre capacité » (Matt. 25, 15).

En appelant les hommes à Le servir, même avant qu’ils soient convertis, Dieu façonne pour Ses desseins l’instrument qu’Il veut employer. Sa providence distingue une personne dès même sa naissance, et Il règle toutes les circonstances de sa vie qui doit suivre. Il se peut que cette personne soit élevée pour être prêtre, ou homme de loi. C’est ainsi que Paul avait une connaissance si complète des ressources de la propre justice qu’il put se replier sur la grâce et juger ce que c’est que la justice de l’homme aime, en qui elle vit, et à quoi elle mène. Sa propre expérience était la preuve que même avec le plus haut degré de culture, elle aboutit à être en antagonisme même direct avec le Seigneur de gloire. Cependant vous avez en Paul un caractère naturel très remarquable, aussi bien qu’une éducation et des connaissances non ordinaires. Tout cela avait été providentiellement ordonné en Saul de Tarse ; mais quand il fut appelé par la grâce de Dieu, il fut en outre revêtu d’un don qu’il ne possédait pas auparavant, de la capacité de par le Saint Esprit de se saisir de la vérité et d’en pénétrer puissamment les âmes. Dieu opéra par le moyen de son caractère naturel, de ses habitudes de langage et de sa manière particulière d’écrire ; mais tout cela, bien que coulant par le canal de sa capacité naturelle, employé dans cette nouvelle puissance du Saint Esprit communiquée à son âme. C’est ainsi qu’il y a ces deux choses, la capacité qui est le vaisseau du don, et le don lui-même qui est, sous la dépendance du Seigneur, l’énergie directrice de la capacité. Le don ne se trouve pas séparément du vaisseau dans lequel le don agit.

Maintenant une autre remarque. Dans cette épître les dons ne sont pas considérés simplement comme des énergies spirituelles. Ils sont considérés sous cet aspect-là dans les épîtres aux Romains et aux Corinthiens, mais dans l’épître aux Éphésiens ce sont toujours des personnes. Il a donné des apôtres — non pas tout simplement les dons apostoliques. Je trouve le don d’enseignement dans l’épître aux Romains, et le don d’un docteur dans l’épître aux Éphésiens. Les deux vérités sont en parfaite harmonie. Voici, ce me semble, la raison de la différence. Dans les Éphésiens c’est l’amour de Christ pour l’Église qui donne son ton à toute l’épître — la plénitude de bénédiction qui appartient au corps de Christ, l’Église, en vertu de son union avec la Tête. Ce qui agit sur les affections de l’Église n’est pas simplement de la puissance ; c’est une personne, et non de la puissance, qui peut être l’objet de votre amour ; et une personne de laquelle découle le don, agit évidemment sur les affections de ceux pour le bien desquels le don est employé. Tout le long de l’épître c’est de Christ qu’il s’agit, et non de l’Esprit, si ce n’est exceptionnellement. Dans les Corinthiens, au contraire, c’est le Saint Esprit qui est en toute première ligne. Ici c’est Christ, et en harmonie avec cela nous trouvons les personnes qui agissent de la part de Christ pour le bien de Son corps. C’est là un bel exemple de l’harmonie qui règne dans la vérité de Dieu. L’amour actif de Christ est représenté dans cette épître comme la source de toute la bénédiction de l’Église ; et il en est de même pour les dons personnels de Christ, qu’Il aime Lui-même et qu’Il emploie à entretenir Son amour dans les autres.

La différence entre les évangélistes et les pasteurs et docteurs est évidente. L’évangéliste est le moyen ordinaire d’amener les âmes à Christ. On peut dire qu’il est par sa nature propre un don itinérant ; non pas limité à un seul lieu, mais appelé à aller çà et là partout où le Seigneur peut le conduire par l’Esprit pour les besoins des âmes. Timothée, qui a été par un tour de main clérical métamorphosé en archevêque, est appelé dans l’Écriture « évangéliste ». Il avait été signalé par prophétie pour une œuvre particulière, et il lui avait été accordé un certain don par le moyen de l’apôtre en compagnie des anciens. Il va par le commandement de l’apôtre en un certain lieu, et là il prend connaissance de l’état des choses. Mais ni lui ni Tite n’avaient de poste fixe, comme les évêques modernes. Encore moins n’y avait-il rien destiné à des successeurs. Timothée devait confier ce qu’il avait appris de l’apôtre à des hommes fidèles qui fussent en état de l’enseigner aussi à d’autres : c’est-à-dire qu’il s’agit de la transmission de la vérité, et nullement d’autorité ou de saints ordres, comme on le dit en pervertissant la Parole de Dieu.

Le fait est qu’il était établi plusieurs évêques dans toute église où il se trouvait un certain nombre de saints réunis ensemble — après un certain temps d’épreuve et d’expérience. Ils étaient choisis là par un apôtre, ou un délégué des apôtres. Comme pour les individus doués d’un don c’est une usurpation que de s’emparer des fonctions de l’Église, pareillement c’est une usurpation de la part de l’Église que de prétendre aux fonctions des dons individuels. Naturellement s’il y avait quelque chose d’immoral dans la conduite d’un serviteur de Christ, il est aussi responsable qu’un autre et il l’est même davantage. Les enfants de Dieu et lui-même sont tenus de veiller à cela avec une sainte jalousie, parce que son péché serait pour le nom de Christ la source d’un plus grand opprobre et d’un plus grand scandale que le péché d’un membre du corps moins en évidence. Mais sauf dans les choses d’une nature morale, nul ne doit intervenir dans l’exercice de son ministère entre lui et le Maître qui l’a appelé à Le servir. À cet égard les dissidents sont complètement et radicalement dans le faux, parce qu’ils supposent que l’Église établit les ministres et peut naturellement les démettre si elle le trouve bon. Cela fait du ministre le ministre de son église ; mais l’Écriture ne parle jamais, comme tout le monde fait aujourd’hui, du ministre d’une église particulière. On n’y trouve jamais rien qui ressemble à ces locutions « notre » ministre, « votre » ministre. Ce qu’elle nous apprend, c’est que tous les dons sont des dons dans l’unité du corps de Christ. Si quelqu’un est réellement pasteur ou docteur il est placé comme pasteur ou docteur dans l’Église tout entière. N’importe le lieu où il peut se trouver, où qu’il aille, il a un appel, s’il marche selon l’Écriture, non pas de la part d’une congrégation, mais de la part de Christ, pour exercer son ministère sans crainte, avec humilité naturellement, et sans prétendre à plus qu’il n’a reçu. Lorsque quelqu’un prétend à davantage, généralement il perd la confiance même pour le don qu’il possède ; et, en général, la tendance des enfants de Dieu est, non pas de rabaisser le ministère, mais de lui faire une place trop grande. Mais Satan qui travaille toujours à disloquer les moyens destinés à faire avancer le corps, pousse les saints à accorder leur confiance là où ils ne le devraient pas, et à être méticuleux et défiants quand ils devraient se montrer remplis de gratitude. Toutes ces choses ont besoin d’être réglées par la Parole. En général, c’est sur l’Ancien Testament et non sur le Nouveau que les hommes basent leurs idées : de là l’habitude de considérer le ministère comme une sorte de profession honorable, ou comme quelque chose donnant un titre dans le monde. Mais si nous prenons cette portion-ci de l’Écriture ou telle autre que ce soit dans les épîtres, on verra bientôt que ce n’est jamais comme titres reconnus dans le monde qu’elle fait mention d’apôtre, de pasteur, de docteur, etc. Le monde les méprisait. Pierre en son temps ne fut pas plus honoré dans le monde après qu’il fut devenu apôtre qu’il ne l’était avant. Le monde pouvait reconnaître qu’il opérait des miracles ; ce qui est tout autre chose. Bien des hommes charnels opéraient de grands miracles. Paul traite les Corinthiens de petits enfants en intelligence parce qu’ils étaient tant occupés de miracles et du déploiement de dons extérieurs : ils aimaient aussi à s’écouter parler ; et l’apôtre leur montre que prononcer seulement quelques paroles pour le bien de l’Église, c’était beaucoup plus élevé et bien meilleur que tous les signes et toutes les merveilles qu’ils opéraient. Il pouvait faire plus de miracles qu’eux tous, toutefois il déclare qu’il aimerait mieux prononcer cinq paroles avec son intelligence « afin que j’instruise aussi les autres, que dix mille paroles en langue ». Si donc l’Église est privée des pouvoirs miraculeux qui sont de nature à frapper les yeux des incrédules, il lui reste toutefois ce qui est même plus important, sauf les dons fondamentaux qui n’avaient pas besoin d’être continués.

Le fondement était si parfaitement posé que les apôtres et les prophètes n’étaient plus nécessaires. Cela est donné à entendre ici. L’Esprit de Dieu ne donne pas à entendre aux saints que les choses doivent continuer longtemps dans ce monde. Christ a donné « les uns apôtres, les autres prophètes, les autres évangélistes, les autres pasteurs et docteurs ; en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi, et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ». En ces jours-là les croyants ne pouvaient que penser que toute l’œuvre de l’Église devait se compléter dans cette même génération : notre passage n’enseigne nullement qu’il doive y avoir succession en elle, bien que nous puissions voir maintenant que cela y était impliqué. Le ministère est l’exercice d’un don spirituel ; et ces dons dépendent du fait béni que Christ demeure toujours la Tête de l’Église, et que jamais Son office ne prend fin, comme cela arrivait à un grand sacrificateur dont, pour cause de mort, l’office passait à un successeur. Mais Christ se trouve dans les cieux à la suite de Sa résurrection, et ces apôtres sont ce qu’Il a donné après qu’Il est monté en haut. Jusque-là nous sommes aujourd’hui sur le même terrain qu’on était le jour de la Pentecôte. Alors Christ avait quitté le monde, et c’est en conséquence de cela qu’Il donnait les dons énumérés ici. Le Saint Esprit demeure dans l’Église, et par le Saint Esprit, Christ donne capacité à des hommes sur la terre pour tout ce dont l’Église peut avoir besoin. Nous avons les évangélistes, les principaux agents que le Seigneur emploie pour recruter Son armée spirituelle ; nous avons ensuite les pasteurs et les docteurs que le Seigneur suscite et donne pour conduire, guider et gouverner ces saints de Dieu introduits par les travaux des évangélistes. Tous ces dons demeurent autant que jamais. Je ne parle pas de la mesure de puissance dans laquelle nous les possédons, car tout est certainement dans un état de faiblesse ; mais en tant qu’ils dépendent de Christ en haut et du Saint Esprit ici-bas, et comme Christ ne peut jamais cesser d’être Tête là-haut ni le Saint Esprit ici-bas laisser l’Église, ces dons demeurent aussi nécessairement. Aussi est-il ajouté : « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi ». Il n’y a pas de garantie divine pour la continuation des miracles, mais cette garantie est impliquée pour la continuation de ces dons d’édification pour le bien des âmes.

Notre Seigneur a donc donné ces dons « jusqu’à ce que nous parvenions tous ». L’apôtre ne dit pas qu’Il les donnera, parce que la primitive Église était placée dans la position d’attendre le retour du Seigneur. Paul et les autres apôtres dirigeaient constamment les saints à attendre Christ. Ce n’était pas l’idée que Christ devait venir, mais qu’on devait L’attendre constamment. De là vient qu’il n’y a rien absolument qui présente le ministère comme travaillant à une œuvre qui doit se poursuivre durant une longue suite de siècles. C’est simplement ceci : Christ est à la droite de Dieu, fournissant ce qui est nécessaire. «  Il a donné les uns… jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi ». Si la venue de Christ avait eu lieu aux jours de la génération apostolique, cela eût été vrai. Christ a différé ; mais cela demeure véritable, « jusqu’à ce que nous parvenions tous ». De sorte que, à la réserve des exceptions que nous avons déjà faites, nous sommes autorisés à attendre la continuation d’un ministère de même nature et découlant de la même source que celui que possédait l’église apostolique. Tout ce qui est nécessaire pour le rassemblement des âmes, et pour les soins qu’elles demandent lorsqu’elles sont rassemblées, demeure jusqu’à ce que Christ vienne et complète tout.

Quelle bénédiction de savoir que nous pouvons accepter de Dieu ce ministère qui, dans les mains de l’homme, a été si orgueilleux ou si servile ou l’un et l’autre à la fois — que nous pouvons l’attendre de Lui et le reconnaître comme une chose divine — que nous n’en sommes pas réduits à n’avoir qu’un ministère humain maintenant au lieu d’un ministère divin comme jadis, mais que nous avons la certitude que ces dons découlent de Christ qui ne saurait faillir à Sa Parole et à Son œuvre ! Mais de quelle manière pouvons-nous reconnaître un ministre, un évangéliste, un pasteur, un docteur ? Je répondrai par une question : De quelle manière reconnaissez-vous un chrétien ? Tout chrétien, qui est lié avec des chrétiens, en a une idée générale. Je ne dis pas qu’il y a à cet égard un discernement infaillible ; mais quoique personne ne puisse prononcer d’une manière infaillible, et que nous dépendions nécessairement pour notre mesure du secours actuel de Dieu, toutefois nous savons, en règle générale, qu’il y a dans un chrétien quelque chose qui le recommande par soi-même à ses frères en général. Il y a dans sa confession de Christ quelque chose qui est plus ou moins en harmonie avec la Parole de Dieu ; et puis il se peut que son esprit, son ton, le caractère général de sa vie et de ses habitudes, après qu’il s’est un peu trouvé aux prises avec les épreuves du chemin, fortifient ou affaiblissent la conviction qu’on a à son sujet. C’est ainsi précisément qu’on a à juger du ministère, et nous sommes tenus d’éprouver toute chose. Quelqu’un est employé de Dieu à remuer les âmes avec puissance et bénédiction, à les rassembler en Christ, et à les Lui amener : évidemment il y a en cette personne un évangéliste. D’un autre côté vous en voyez un autre dont le cœur n’est pas aussi ardent à présenter l’évangile aux âmes, mais qui jouit de la vérité de Dieu et aime à en faire jouir les autres — n’est-ce pas là un docteur ? D’autres connaissent aussi bien, peut-être, la vérité de Dieu, mais ils ne peuvent pas la présenter de manière à agir sur les autres avec la même puissance et les mêmes effets. Mais si une troisième personne entreprend de s’occuper pratiquement des âmes, et fait habituellement de graves méprises, puis-je dire que c’est un pasteur ? Dès qu’il se présente quelque difficulté, il est à bout de ressources, ne sachant que faire ni aviser. Il se peut qu’il soit capable d’expliquer la Bible, mais dès qu’il s’agit de l’appliquer à la vie pratique des chrétiens, ce ne sont que des fautes et des bévues. En outre, être pasteur ne suppose pas seulement la connaissance de la vérité, mais le pouvoir de la faire agir chaque jour avec force sur les individus : cela implique un exercice de la conscience et des affections que n’implique pas nécessairement au même degré et de la même manière l’activité du docteur. Un homme peut être docteur sans être pasteur (et vice versa), ou il peut être l’un et l’autre. Un apôtre pouvait être docteur et évangéliste et pasteur aussi. Vous trouverez un don particulier dans un homme, et dans un autre un don d’une nature toute différente. Puis encore, tel qui ne saurait présenter la vérité avec puissance, est en état d’exhorter ; il peut agir sur la conscience. C’est là un don inappréciable auquel il n’est pas fait allusion ici, mais nous le trouvons en Romains 12. Ici ce sont les dons les plus saillants pour bien ajuster les saints dans l’ordre et les fonctions qui leur conviennent. Mais tout en croyant que ce n’est que par la puissance du Saint Esprit demeurant en nous que nous pouvons discerner, dans la mesure de certitude qu’il plaît à Dieu d’accorder, si un homme est chrétien ou s’il ne l’est pas, et s’il a ou n’a pas un don, j’ajoute que naturellement le degré de discernement dépend de la spiritualité de nos cœurs et de la manière dont ils sont au-dessus de la chair et de son activité. Il faut de la spiritualité, et cela suppose le jugement du moi. L’Église tout entière est sous la responsabilité de juger. Un évangéliste peut se tromper en pensant que telle personne est réellement convertie, et en la présentant comme telle pour l’admission à la cène. Alors vient la responsabilité de l’Église d’examiner ce qu’il en est. Personne n’a le droit d’entrer : qui a des droits aujourd’hui, sauf Dieu seul ? Notre juste place c’est d’obéir et non de parler de droits. L’Église examine donc, et s’il y a communion d’une manière générale ou une mesure de satisfaction suffisante pour amener à penser que la personne en question a reçu Christ et que l’on ne serait pas fondé à repousser sa profession d’être un membre de Christ, elle est reçue dans l’assemblée, et alors vient l’épreuve — la dépendance de Dieu après que l’on est reçu. Christ est absolument nécessaire pour une bonne marche. Ceux même qui sont nés de Dieu ne seront pas gardés à moins qu’ils ne marchent réellement dans l’humilité et en regardant à Dieu.

L’Esprit de Dieu opère dans l’assemblée ; un frère manifeste de l’aptitude pour prêcher ; un autre pour enseigner ; quelques-uns pour servir le Seigneur dans la sphère privée, et d’autres dans une activité publique. Qui est capable de juger de ces choses ? Le même Esprit de Dieu. Et après tout, c’est une question plus simple que beaucoup ne le supposent. Absolument comme un être humain connaît la nourriture qui lui est bonne, que ce soit un petit enfant ou un homme fait ; de même c’est une chose tout à fait inséparable de la nature des saints qu’ils connaissent en général ce qui est pour leur bénédiction spirituelle. Si l’on est dans un pauvre état spirituel, si l’on est charnel, on sera charmé par des riens pompeux ; mais en général, c’est un jugement sain et droit qui se rencontre depuis le chrétien spirituel le plus mûri jusqu’au simple petit enfant. Bien que tous ne soient pas capables de faire ressortir le point précis, tous ceux qui sont guidés de Dieu en quelque mesure sont en état d’apprécier la valeur de ce qui leur est présenté. Pareillement quant à l’hérésie. Comment l’assemblée peut-elle juger de la fausseté d’une doctrine ? Christ est la mesure. Tout ce qui, en accord avec l’Écriture, exalte Christ est vrai ; tout ce qui rabaisse Christ est faux et procède du diable. Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu. Mais Dieu opère par des moyens, et s’il y a un faux docteur qui cherche à introduire le mal, il y a de vrais docteurs qui sont capables de le discerner ; et quoique le docteur de l’hérésie puisse s’efforcer de la produire sous des formes attrayantes, le Saint Esprit qui demeure dans l’Église n’en travaille pas moins contre Satan, et par des membres divers Il dévoile et manifeste le véritable caractère de la chose mauvaise devant l’assemblée de Dieu ; et tous ceux qui marchent avec Dieu sont en état, quand elle a été ainsi mise à découvert, de prononcer contre elle un jugement divin. Si nous avions à construire un chemin de fer, nous ne saurions pas de quelle manière commencer l’œuvre ; mais quand le chemin de fer est fait nous pouvons en dire parfaitement bien l’usage et la valeur et sommes assez capables au point de vue pratique de juger s’il est bon ou s’il ne l’est pas. Il en est de même de l’Église de Dieu. Bien que tous ne soient pas également capables de discerner et de signaler le mal, Dieu en donne qui peuvent le faire, et ensuite tous portent un jugement sur lui sans aucune difficulté. Ces dons sont indispensables à l’Église dans son ensemble, quoique je ne veuille pas dire que partout où il y a une assemblée de Dieu, ce soit absolument nécessaire pour la marche des saints en commun que des personnes douées de telle ou telle manière soient suscitées au milieu d’eux. Mais nous pouvons bénir Dieu pour Sa miséricordieuse grâce à pourvoir ainsi aux besoins de Son Église aussi longtemps qu’Il a une Église ici-bas. L’existence de l’Église et celle du ministère reposent sur le même fondement ; ils découlent tous les deux de l’amour de Christ, et aussi longtemps que nous aurons l’une nous posséderons aussi l’autre : c’est le même amour de Christ qui voit Son corps et qui communique à certains membres la puissance spirituelle que réclame le bien-être de ce corps. Tous ceux qui sont de Dieu, n’importe la marche ecclésiastique qu’ils suivent, reconnaissent qu’il faut qu’il y ait l’action de Dieu dans le ministère, et par conséquent, quand il met son vote dans l’urne, le dissident ne nie pas qu’il faut que le Saint Esprit donne la capacité d’être ministre. Si la personne était ministre avant, naturellement elle l’est aussi après ; mais ils disent qu’il était nécessaire qu’ils en fissent leur ministre. Ne vaudrait-il pas mieux abandonner cette forme non scripturaire, et reconnaître toujours le ministre de Christ ? De cette manière vous le laisseriez sur son propre et véritable terrain comme un homme qui est tenu de servir Dieu de toutes manières et coûte que coûte.

J’admets que la Parole de Dieu parle d’évêques et de diacres ; mais il n’y est pas fait allusion ici. Il n’est pas dit qu’il en a donné d’autres pour être évêques et diacres. Mais je maintiens que ces évêques et ces diacres devaient être établis par l’autorité apostolique ou quasi apostolique. Ne nous convient-il pas aujourd’hui de dire que, n’étant pas apôtres, nous ne prétendons pas en exercer les fonctions dans l’ordination pour certaines charges, bien que nous reconnaissions de grand cœur partout où nous les trouvons, ceux qui possèdent les qualifications requises pour ces charges locales ?

Mais le système régnant non seulement s’arroge une autorité qu’en réalité on ne possède pas, mais il introduit le plus grand désordre et la plus coupable confusion, si nous le jugeons par l’Écriture, ou même par ses résultats pratiques ; et cela aussi dans toutes les associations humaines — épiscopales, presbytériennes ou congrégationalistes. Que peut-il y avoir, en effet, de plus fatal à la bénédiction ou à la gloire du Seigneur — que de voir un évangéliste plein d’ardeur et de zèle enchaîné à un champ de travail limité et essayant en vain de satisfaire aux besoins d’un corps de chrétiens qui ont à être édifiés en Christ ? Ou que d’apprendre que juste dans le voisinage, un docteur précieusement doué est forcé d’abandonner son don particulier à cause que sa congrégation ne se compose presque exclusivement que d’inconvertis ? Que peut-il y avoir de plus tristement calculé pour faire obstacle à l’Esprit de Dieu que ce réseau de canons, de coutumes, de formalités ecclésiastiques, etc., qui dégrade le ministère, le met dans l’esclavage de l’homme, et dispose des âmes comme si elles étaient les serfs du sol sur lequel elles vivent ?

De l’autre côté, là où l’on s’est placé à cause de la conscience envers Dieu sur le principe scripturaire, il se peut qu’il y ait de la faiblesse ; toutefois il y a place pour que le Saint Esprit entre et opère par qui Il voudra. Sans doute, l’ennemi a ses artifices particuliers pour troubler, et, si c’est possible, pour corrompre ceux qui se sont établis sur ce terrain ; et nulle part il n’est plus nécessaire de veiller et de prier, pour ne pas dire de s’humilier ; mais grâce à Dieu, cette marche est l’arène de la foi ; elle honore la Parole de Dieu ; elle donne à l’Esprit la place qui Lui appartient ; et elle reconnaît la seigneurie de Christ en accueillant chaque membre du corps, selon que la Tête l’a placé. Et c’est pourquoi si on allègue qu’il faut qu’il y ait de l’ordre, je demande de quelle nature il doit être. Est-ce un ordre établi par vous, ou l’ordre selon Dieu que vous désirez réellement ? Si nous sommes soumis à l’Écriture nous ne laisserons pas, sous aucun prétexte, quelque spécieux qu’il puisse être, mettre de côté le seul ordre que Dieu sanctionne pour Ses enfants maintenant sur la terre, c’est-à-dire, Son Assemblée guidée par le Saint Esprit, présent au milieu d’elle pour maintenir la gloire de Christ et travailler souverainement par qui Il veut, quoique, cela va sans dire, uniquement pour l’édification et avec la grâce qui convient à la présence de Dieu. Quant à du désordre, il peut y en avoir par manque de spiritualité, et de la part de ceux qui ont des dons aussi bien que de la part de ceux qui n’en ont pas. Mais assurément l’Écriture est une règle plus sûre et plus efficace pour corriger tous les désordres que les plus sages règlements des hommes, quoique cependant rien ne profitera s’il n’y a pas une véritable dépendance actuelle du Saint Esprit.

Cependant l’apôtre Paul, tout en s’opposant aux abus charnels, suppose la plus complète liberté pour l’exercice de tous les dons du Seigneur dans le sein de l’assemblée chrétienne soumise uniquement à Ses propres expresses restrictions, à Lui, le Seigneur (voyez 1 Cor. 14). Si c’était là l’ordre de Dieu alors, quand est-ce qu’il a cessé ? Ou l’Église de Dieu n’a-t-elle plus de directions divines pour ses services publics ? Je ne saurais porter envie à ceux qui, abandonnant le système de Dieu pour celui qu’ils ont adopté ou inventé eux-mêmes, ne se font aucun scrupule pourtant de citer des fragments çà et là, comme les versets 33, 40, à l’appui d’arrangements humains directement contraires à la lettre et à l’esprit de la Parole inspirée de laquelle ils sont ainsi brusquement tirés. Ce que Dieu a établi pour le culte et le service de l’Église est et doit être aussi obligatoire pour la conscience que ce qu’Il a écrit pour notre marche et notre consolation habituelles. Il me semble même dans un certain sens, que la désobéissance publique de l’Église en corps est plus insultante pour Dieu qu’aucune chute individuelle, quelque gravité qu’elle puisse avoir. Et quel est l’état actuel de la chrétienté ? Les enfants de Dieu, confondus avec le monde auquel ils se sont joints, se sont écartés de la Parole de Dieu. Je ne parle pas d’eux comme hommes, ni de devoirs moraux ; mais on ne laisse pas à l’Esprit de Dieu dans l’assemblée, ni même individuellement dans ceux qui la composent, la place qui Lui appartient. Sa puissance n’est pas reconnue comme une personne divine descendue du ciel non pas simplement pour convertir des pécheurs, mais pour être le guide de l’assemblée chrétienne. Comment en est-il partout des réunions de l’Église (bien plus, se réunit-elle jamais comme telle ?) et de l’exercice des dons de Christ dans l’assemblée de Dieu, séparée du monde ? Lorsque les chrétiens se réunissent, n’est-ce pas d’après une méthode arrêtée qui n’a rien de scripturaire, tel système ici, tel autre là, au lieu de laisser l’assemblée de Dieu pleinement et saintement soumise au Saint Esprit et se confiant en Lui du soin d’opérer librement, abondamment et avec puissance par les membres qu’Il voudra employer, pour l’utilité de tous ? La Parole révélée de Dieu, concernant Son Assemblée, n’est-elle pas comme toute autre vérité, éternelle pour la conduite de l’Église ici-bas ? Je maintiens qu’elle l’est ; et je crois que ceux qui contestent la permanence de son autorité et leur propre responsabilité présente auront une sérieuse question à régler devant le tribunal de Christ ; tandis que ceux qui s’en tiennent à la volonté de Dieu exprimée dans Sa Parole, auront sûrement Sa bénédiction maintenant et Son approbation en ce jour solennel.

Mais ce n’est pas tout que de sortir de ce qui est manifestement mauvais. Ce doit être pour nous une chose pénible que de rompre avec ce qui, personnes et choses, a été jusqu’ici notre marche, et l’on ne doit jamais le faire sans croire que telle est bien la volonté manifeste de Dieu. Et quoique l’on ne doive pas repousser les plus faibles chrétiens qui viennent d’ailleurs, je ne pense pas qu’une personne doive être prompte à recevoir ce qui est nouveau pour elle, à moins qu’elle ne soit convaincue que c’est assurément de Dieu. Si on vient seulement à cause de certaines circonstances heureuses, cela ne tiendra pas si on dit : « il y a tant d’amour, de vérité, d’union, de simplicité, etc., parmi ces chrétiens, que nous devons aller avec eux » ; bientôt il survient quelque épreuve, et alors on est prêt à dire : « Il n’y a point du tout d’amour parmi eux — comme ils sont tout changés ! ». Ces effets spirituels peuvent bien agir sur les affections et attirer l’attention, mais ce n’est pas sur eux que le chrétien doit se baser pour sa marche en présence de la volonté révélée de Dieu. Plus encore ; supposé que vous puissiez former une assemblée d’heureux croyants, tous du même sentiment quant à l’Esprit, à l’Église et la venue du Seigneur, outre les vérités fondamentales, je ne voudrais pas m’y joindre, si on mettait pour condition d’adhérer à leur sentiment : c’est là ne pas avoir et méconnaître le fondement divin. Je dois m’attacher uniquement au nom de Christ, le seul centre de rassemblement et qui suffit parfaitement pour toute l’Église de Dieu ; et faire cela quelque peu nombreux et faibles que puissent être ceux qui se rassemblent de la sorte et quoi qu’il en puisse coûter. Il est possible que mon ami le plus cher ou moi-même nous venions à mal marcher. Naturellement c’est pénible et humiliant d’être jugé par les autres, parce qu’on a manqué à se juger soi-même. Mais je n’ai garde de me retirer parce que je sais que la volonté de Dieu est contre cela. Nous n’avons pas le droit de faire de l’Église de Dieu un club à notre convenance. C’est à Dieu à élire et à appeler comme Il le trouve bon pour la gloire de Son Fils ; c’est à nous à obéir de tout notre cœur. Dans la condition ruinée actuelle de la chrétienté, nous avons appris que les principes de Dieu obligent toujours les consciences, et nous nous sommes réunis pour être là où le Saint Esprit a liberté pour tout conduire selon Sa Parole. Si parmi nous quelqu’un tombe dans le péché, aussitôt nos adversaires s’écrient : Voyez, ils ne sont pas plus parfaits que leurs voisins. Mais qui a jamais parlé de supériorité personnelle ? Nous ne prétendons à rien pour nous-mêmes, n’ayant que le droit d’être conduits de Dieu pour marcher individuellement et collectivement comme Il veut que nous marchions.

Voulez-vous ressembler à ceux qui s’assemblèrent autour de David dans la caverne d’Adullam ? Bien qu’ils fussent dans la détresse et misérables lorsqu’ils vinrent, ils ne continuèrent pas de l’être. Celui qui les avait attirés à lui était le centre des conseils de Dieu, et Dieu travailla en eux et forma leurs cœurs ; Il mit de l’honneur sur eux, et le jour vint où ces hommes méprisés devinrent des héros et les champions de la cause du Seigneur quand tout était en ruine en Israël. Puisse-t-il être notre lot de Le servir fidèlement ! Je crois que nous sommes ecclésiastiquement là où nous devons être — là où le Saint Esprit a liberté pour enseigner, manier et appliquer cette vérité qui a pour but de nous séparer du monde pour Dieu et pour les dons qu’Il a en vue, soit quant aux affections du cœur, soit quant à la pratique journalière. À présent c’est uniquement notre faute si nous n’avançons pas. Si nous sommes délivrés de tout ce qui nous faisait obstacle jadis lorsque nous étions enveloppés dans le déshonneur systématique du Saint Esprit, puissions-nous avoir le sentiment profond de nos manquements personnels ! Notre principe n’est pas affaire simplement de rivalité humaine, mais bien un principe divin, car ce n’est ni plus ni moins que la réalisation dans la foi de la Parole de Dieu quant à Son Église, et cela selon qu’Il donne lumière et puissance. Si d’autres pouvaient nous montrer à faire plus parfaitement Sa volonté, nous devrions leur en être très reconnaissants et bénir Dieu pour ce secours. Puissions-nous retenir ferme la vérité dans la soumission à Son Esprit, ayant à cœur le bien de tous les croyants où qu’ils se trouvent, sans nous préoccuper de les faire sortir ou entrer un moment plus tôt que celui où Il leur donnera de connaître Sa pensée. Je n’admets pas qu’une société humaine quelconque, grande ou petite, ait le plus petit droit sur un seul enfant de Dieu. C’est uniquement de Sa volonté qu’il s’agit. Obéir à Sa Parole, insister là-dessus auprès des autres, n’est ni présomption ni manque de charité ; c’est foi en Dieu. Puissions-nous y abonder avec actions de grâces.

Quoique nous nous soyons déjà arrêtés sur les formes les plus remarquables sous lesquelles la grâce de Christ s’est déployée en fait de dons — apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs — nous n’avons encore rien dit du but que notre Seigneur avait en vue, c’est-à-dire du but général du ministère. Le verset 12 nous apprend que les dons sont accordés « en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps du Christ ». Or vous remarquerez comment dès les tout premiers mots de cette déclaration de l’Esprit de Dieu, est redressée l’une des fausses notions les plus répandues en ce moment dans la chrétienté : et non pas simplement dans la chrétienté sous ses formes les plus ténébreuses (car je ne parle pas tant de l’église latine ou de l’église grecque), mais dans les quartiers du protestantisme les plus réputés pour l’orthodoxie et même pour des sentiments évangéliques accentués. Pas un lecteur, tant soit peu au courant de la manière de voir si générale aujourd’hui, ne révoquera en doute que, même parmi les chrétiens, la notion qui prévaut quant au ministère c’est qu’il a pour but unique l’appel des âmes à la connaissance de leur propre salut en Christ.

Mais tel n’est point le dernier but du Seigneur dans le ministère. Gagner des pécheurs au Sauveur est une partie nécessaire de la bénédiction, mais n’en constitue qu’une partie. Les évangélistes, comme les autres, sont donnés « en vue de la perfection des saints », ce qui va beaucoup plus loin. Il est évident qu’il faut d’abord devenir des saints ; mais ce que le Saint Esprit signale comme la fin propre du ministère, c’est de former les saints selon Christ ; de les ajuster ensemble conformément à l’appel du Seigneur et à Sa volonté souveraine à leur égard ; de les mettre bien en état de trouver leur vraie place vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis les uns des autres. Voilà, ce semble, ce qu’implique l’expression, la perfection des saints. Ce qui suit présente plutôt les formes immédiates que revêt cette grande fin, « pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps de Christ ».

À l’égard de Ses saints, c’est toujours à ce qui les concerne considérés individuellement, à leur bonne condition devant Lui, à ce qu’ils soient complètement façonnés conformément à Son modèle, que Dieu attache le plus d’importance ; ce qui tient à leur réunion comme corps, à leur action comme assemblée, tout important que c’est, vient en seconde ligne. Aussi dans le chapitre 1, n’est-ce qu’à la fin du chapitre qu’apparaît le sujet du corps, de l’Église ; tandis que toute la première partie est remplie de tout ce qui est nécessaire pour la perfection des saints. Dieu Lui-même révèle Sa vérité précisément dans le même ordre, et pour la même fin majeure ; et ici encore les dons de Christ se trouvent être justement selon le modèle de Ses propres voies. La perfection des saints est l’objet le plus près de Son cœur ; puis viennent les moyens employés pour introduire dans la connaissance des privilèges qui nous sont communs, et l’opération de l’Esprit dans l’Assemblée qui est liée avec Sa gloire dans le ciel. Ainsi donc, quelles que soient la condition de l’Église et les précieuses voies de Dieu envers elle, quelles que soient les affections de Christ pour Son corps, après tout c’est de la manière la plus immédiate que Dieu s’occupe de Ses saints et Il fait de leur perfectionnement Son premier et principal objet. Et Il tient toujours à cela : quelles que soient les fluctuations de l’œuvre, et quelque caractère que revête Son témoignage à un moment donné sur la terre, le perfectionnement des saints est l’objet qu’Il ne cesse pas d’avoir devant Lui.

Il y a dans cette pensée quelque chose d’extrêmement doux. Quoi qu’il arrive, Dieu accomplira le perfectionnement de Ses saints, et changera en moyens de bénédiction pour eux, sinon toujours à leur honneur, les choses pénibles et affligeantes. Quand nous avons besoin d’être humiliés, il est évident que nous ne sommes pas humbles ; si nous ne sommes pas petits à nos propres yeux, il faut que Dieu nous rende tels. Cela n’est pas de nature à nous donner de l’importance, mais Dieu poursuit toujours Son précieux dessein à notre égard, et ne manque jamais de l’accomplir. De sorte que nous avons toujours lieu de L’adorer pour Sa bonté ; bien qu’il puisse y avoir pour le moment de la souffrance pour nous, toutefois le but que Dieu a en vue est toujours atteint. Il est décidé à effectuer la perfection des saints. Il est fidèle et Il le fera. Il signale cette œuvre à Ses saints comme étant l’objet pratique de Christ ; et le ministère prend dans notre passage ces diverses formes conformément à ce qu’Il a arrangé souverainement Lui-même.

Mais le ministère relève directement et immédiatement du Seigneur sans aucune intervention de la part de l’assemblée. Mais nulle trace dans l’Écriture d’un ministère procédant de l’Église, quoiqu’il y ait le ministère qui s’adresse à l’Église. Paul parle de lui-même comme d’un ministre de l’Église : c’est-à-dire non pas comme procédant d’elle en tant que la servant : car bien loin que le ministère découle de l’Église, c’est l’Église qui est formée par le ministère. Les dons sont accordés pour la perfection des saints. Le ministère peut faillir, mais le Seigneur ne manque jamais d’effectuer Son dessein. Ce sera peut-être par une voie plus lente, à travers une entière faiblesse, et beaucoup de choses pénibles, mais Il accomplira Ses desseins. Il accorde ces dons « en vue de la perfection des saints, pour l’œuvre du service, pour l’édification du corps des saints ». Ces deux dernières clauses viennent comme subordonnées à la première. C’est une chose très bénie de voir les saints agissant ensemble ; mais quoique l’œuvre du service puisse faillir ou se gâter entre les mains de l’homme, le grand dessein que le Seigneur poursuit Lui-même, et en vue duquel Il a donné ces dons, n’en marche pas moins vers sa pleine réalisation en dépit de tout. Et de plus, cela est vrai, « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi, et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ». L’expression, « l’état d’homme fait », n’a point trait ici à la résurrection, mais à notre entier accroissement dans la connaissance de Christ.

On peut observer cela dans saint Paul. Bien que son grand sujet, son œuvre capitale, fût de développer la rédemption de Christ et les conseils de la gloire de Dieu fondés sur la rédemption, il ne peut toutefois s’empêcher d’introduire ce plein accroissement des saints en connexion avec la connaissance approfondie du Fils de Dieu. C’est la personne de Christ qui se dresse devant l’âme ; et il y a là une preuve de spiritualité beaucoup plus que dans une mesure quelconque de connaissance de Son œuvre. La vérité que Dieu communique à nos âmes a pour effet de nous rendre de plus en plus intimes avec Christ Lui-même comme personne divine. C’est là ce qu’il place devant nous — « jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait ». La connaissance des voies de Dieu dans le passé ne suffirait pas aujourd’hui. Les saints de l’Ancien Testament regardaient au Messie comme objet d’espérance ; mais aujourd’hui, la forme sous laquelle l’Esprit de Dieu nous présente l’objet, c’est la connaissance de sa personne, comme le Fils désormais révélé pour notre joie, pour nos louanges et pour notre adoration. En sorte que ce que nous trouvons ici c’est le grand objet chrétien, la grande forme de connaissance que Dieu a en vue pour tous Ses saints maintenant. Comparant avec le verset 14 on a la force de l’expression, « l’état d’homme fait ». C’est en contraste avec le fait d’être des enfants, « à la mesure de la stature de la plénitude du Christ ; afin que nous ne soyons plus des enfants, ballottés et emportés çà et là par tous vents de doctrine ». Ce que Dieu a en vue pour nous, c’est que nous arrivions à notre pleine insistance, et cela « dans l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu à la pleine croissance d’homme, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ » : en contraste, je le répète avec cet état de faiblesse où l’on est exposé à toute la tromperie des hommes et à leur habileté à ourdir sans cesse de nouvelles trames d’erreur.

Puis vient l’opposé, la manière pratique selon laquelle notre accroissement a lieu. « Mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses jusqu’à lui qui est le chef, le Christ ». Être vrai dans l’amour exprime beaucoup plus que dire la vérité dans l’amour, quoique naturellement ceci soit une partie très importante de cela ; et nous savons tous qu’il est très possible de ne pas être vrai dans la pensée et le sentiment, lors même que les mots soient parfaitement exacts. « Être vrai dans l’amour » implique la vérité dans le cœur.

Nous trouvons ici les deux traits essentiels de la piété : naturellement ils se trouvèrent en Christ dans une perfection infinie. Il était la lumière. Quelque chose qu’Il dit, Il réfléchissait exactement la pleine vérité de la part de Dieu Lui-même ; bien plus, Il l’était. Il y a une expression remarquable en Jean 8, lorsque notre Seigneur discutait avec les Juifs et se présentait comme la lumière du monde. Ils Lui demandèrent ce qu’Il était, et Il répond : « Absolument ce qu’aussi je vous dis » (traduction exacte de l’original). Notre Seigneur est exactement et absolument ce qu’Il profère ; Ses paroles expriment avec une certitude infaillible ce qu’Il est. Il était certainement vrai dans l’amour. Les paroles de notre Seigneur reproduisaient si parfaitement l’homme intérieur, Il était si parfaitement transparent, que rien en Lui ne déviait de la vérité ; rien n’avait même l’apparence d’être si ce n’est exactement ce qu’Il était. Et cela parce qu’il n’y avait pas de péché en Lui, et qu’aucune fraude non plus ne se trouvait en Sa bouche. Il n’y avait pas d’autre objet que Dieu devant Son âme, selon qu’Il dit Lui-même : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent ». Et soyez bien assurés de ceci, que ce qui seul nous donne la puissance de la vérité, c’est d’avoir Christ devant nous comme l’objet de nos âmes en toute chose dans l’activité et la pratique de la vie. Du moment que nous avons quelque chose de nous-mêmes comme objet, nous nous dévoyons d’autant, et il y a ce qui n’est pas la pleine vérité, car Christ seul est la vérité et Il nous donne seul la vérité dans l’amour parfait ; et ce n’est que dans la proportion que nous sommes remplis de Lui, et que nous Le possédons à l’exclusion de tout notre propre mal, que nous marchons nous-mêmes dans la vérité. Que nos cœurs soient fixés sur une chose ou une personne quelconque à l’exception de Christ, et le mal se montre ; il nous est bon de savoir et de reconnaître cela. Il n’en fut jamais ainsi avec notre Seigneur. Il pouvait dire : « Je me suis toujours proposé l’Éternel devant moi », et Il s’est donné Lui-même à nous pour l’objet à avoir toujours devant nous.

La viande de notre Seigneur et Son breuvage étaient de faire la volonté de Son Père ; toutefois, Il avait à rencontrer Dieu relativement à nos péchés d’une manière selon laquelle nous ne sommes pas appelés à le faire. Notre point de départ est une rédemption accomplie par Christ, qui nous a amenés dans la présence de Dieu et qui nous appelle à marcher conformément à la grâce qui nous a amenés là et qui nous y garde. Nous ne pouvons pas tous réaliser cela, mais nous en avons fini avec nous-mêmes en vertu de l’œuvre de Christ ; nous sommes amenés près de Dieu, pour être à l’aise, en liberté, avec Dieu, et c’est de cette position que nous sommes appelés à entreprendre tout ce qui peut être convenable pour nous ici-bas ; et ici nous avons à juger ce qu’est la volonté de Dieu, car nous ne sommes absolument que faiblesse si nous ne faisons pas nettement Sa volonté. Ce n’est pas seulement que Dieu veut que nous soyons bientôt semblables à Christ, mais c’est ce qu’Il a encore pour nous maintenant. Et en dépit de tout, partout où le cœur est sincère et où Christ est devant l’âme, bien qu’il puisse y avoir des différences immenses, toutefois ce sont là les délices de Dieu avec Ses enfants. L’enfant ne reste pas toujours enfant, mais devient un homme : et il devrait en être ainsi dans la famille de Dieu. Il veut que Ses enfants croissent.

Tel est donc le but des dons de Christ. Il est décidé à bénir les âmes même à présent dans le monde, et c’est là l’objet de tout le ministère. Il ne nous est pas livré pour que nous en pensions et en disposions de la manière qu’il nous plaira : le Seigneur le garde absolument entre Ses mains. Il aime Ses saints : Il veut les bénir ; et ceux qu’Il daigne employer individuellement comme Ses serviteurs pour avoir à faire avec les saints, Il les tient en rapport immédiat avec Lui-même, et Il veut qu’ils aient toujours devant leurs yeux ceux qui sont ainsi les objets de Son cœur dans le service qu’ils ont à remplir pour Lui et non pas pour eux. Aussitôt, en effet, que l’Église devient le principal objet de l’âme, la bénédiction est d’un caractère tout à fait inférieur, inférieur dans tous ses traits spirituels. Nous pouvons éprouver les uns à l’égard des autres les sentiments convenables, mais il y a quelque chose de beaucoup plus élevé que l’amour des frères, quelque divin qu’il soit ; et si vous ne connaissez rien comme votre objet au-dessus de l’amour fraternel, vous ne marcherez pas dans l’amour. Dieu est plus élevé que l’amour, et c’est là précisément le grand point de différence si nécessaire dans ce moment. L’une des principales choses contre lesquelles nous avons à nous tenir en garde, c’est l’effort que fait Satan pour persuader les gens que, parce que Dieu est amour, l’amour est par conséquent Dieu. Mais il n’en est point ainsi. Lorsque je dis que Dieu est amour, j’exprime ce qu’Il est dans l’énergie active de Sa sainte nature. Mais ce n’est pas là tout ce que Dieu est. Il est lumière autant qu’Il est amour ; et je dois confesser Son amour sans nier Sa lumière. Aujourd’hui ce qui prévaut chez beaucoup, c’est de déifier l’amour afin de dépouiller Dieu de Sa lumière ; mais si nous comprenons bien, non pas que l’amour « est Dieu », mais que « Dieu est amour », l’amour n’en existera pas moins, et de fait il sera plus réel et plus pur. En même temps qu’il sera la source de l’activité de nos propres cœurs, il ne sera pas en opposition avec le caractère de Dieu, mais il laissera à Dieu place et liberté pour se manifester conformément à tout ce qu’Il est. Dieu est vrai dans l’amour. Considérez Ses voies envers mon âme quand Il me convertit. La foi est-elle la seule chose produite par le Saint Esprit ? Quel est le premier effet de Son opération en un pécheur sur lequel Il a fondu ? C’est qu’il ne fait aucun cas de lui-même : et n’est-ce pas là l’amour ? Oui certainement, mais c’est l’amour de Dieu qui en agit avec moi dans la vérité de ce qu’Il est, et de ce qu’est la terrible condition du pécheur. En sorte que l’effet produit sur le cœur de celui qui est renouvelé n’est pas seulement la foi en Christ, mais la repentance envers Dieu ; c’est le jugement de sa condition morale tout entière devant ses yeux. Et comme vous le voyez en rapport avec les voies de Dieu envers une âme dès le commencement, et dans l’effet moral produit dans l’âme du saint, cela est vrai constamment. Partout où un saint agira selon sa vraie position en la présence de Dieu, il n’y aura pas moins pleinement place pour l’amour divin, mais la sainteté et la majesté de Dieu seront maintenues. Nous ne voudrions pas nous épargner de la souffrance en vue d’échapper à des difficultés aux dépens de Dieu. Nous ne sommes jamais passés par une épreuve du cœur avec Dieu, sans en avoir reçu de la bénédiction. Nous pourrions obtenir la bénédiction dans une mesure encore plus riche, sans tant manquer ou tant faire voir ce que nous sommes ; mais si nous ne nous saisissons pas de Christ de manière à être élevés au-dessus de nous-mêmes, il faut alors que nous apprenions douloureusement ce que nous sommes. Toutefois Dieu fait concourir tout cela à notre bien.

C’est là la pensée capitale de ce chapitre. Dieu nous a amenés à cette position bénie. Avant tout nous sommes en Christ devant Dieu, et, ensuite, Dieu demeure en nous : l’une de ces choses est notre grand privilège, l’autre est notre solennelle responsabilité découlant du fait que Dieu a fait de nous la place de Son habitation.

Cette vérité de l’habitation de Dieu exclut aussitôt toutes les notions ecclésiastiques rétrécies. Si nous nous réunissons simplement comme une église, une relation pareille avec Dieu disparaît. Mais quand ce ne serait qu’au nombre de deux ou trois, il faut que nous nous réunissions sur le principe de l’Église ou cela n’a pas de vérité devant Dieu ; et deux ou trois chrétiens réunis de cette manière seraient avec Dieu et auraient Dieu demeurant en eux. Là se trouve Christ, et Dieu y demeure d’une manière spéciale. Dieu peut bénir même dans une position qu’Il ne sanctionne pas ; Il peut bénir dans le papisme. La grâce de Dieu est tellement riche, et tellement au-dessus des voies mauvaises de l’homme, qu’Il peut se servir du nom de Christ dans les circonstances les plus fâcheuses ; mais c’est une chose tout autre que de mettre Son sceau à ce que nous faisons. Pour qu’Il puisse s’associer à cela, il faut que nous soyons dans la vérité des choses et que nous agissions conformément à la pensée divine. Je crois que ce n’est que de nos jours que cette grande vérité a été mise en lumière par le Saint Esprit de manière à agir sur les âmes selon Dieu. Je ne sache pas que depuis la ruine de la chrétienté, il lui ait été rendu un plein et entier témoignage. Il y a eu abondance de tentatives et d’efforts pour améliorer le présent et imiter le passé ; mais ni l’une ni l’autre de ces choses ne sont la provision que Dieu a faite dans la Parole pour les saints dans une condition déchue. Quand vous voyez un homme s’efforcer pieusement et simplement, et toujours avec plus d’ardeur et de zèle, de se corriger, de devenir meilleur, vous dites avec raison qu’il est sous la loi et ne comprend pas l’évangile. De la même manière précisément lorsqu’un certain nombre de chrétiens tachent d’améliorer la chrétienté par de nouveaux plans et de nouveaux efforts, je me sens pressé de dire que s’ils comprenaient la nature de l’Église de Dieu et la relation du Saint Esprit avec elle, ils sentiraient que substituer l’union à l’unité, c’est remplacer celle-ci bien pauvrement ; ils s’humilieraient devant Dieu à cause de l’état de l’Église, et auraient recours à la Parole de Dieu pour voir s’il n’y a pas une voie réelle et humble, mais selon Dieu et de Sa part, en vue de l’état actuel des choses dans l’Église ; que Dieu daigne délivrer Ses saints de l’idée impie aussi bien qu’incrédule, mais bien généralement répandue que, par suite des circonstances présentes, nous sommes obligés de poursuivre dans le péché ! Pour les hommes d’un discernement spirituel, cette pensée revient à faire de Dieu un être pareil à nous-mêmes. Si je fais l’abandon de Sa sainteté en une chose, comment puis-je la maintenir ou me confier en Lui dans une autre ? Bien au contraire, maintenons fermement qu’il ne peut exister de cas où Dieu puisse abaisser le niveau de Sa sainteté ou sanctionner que nous y manquions ; et si Sa volonté est parfaite dans les autres choses, l’est-elle moins dans ce qui tient si profondément, et de si près que l’Église, à la gloire et au nom de Christ ? On argumente du fait que les choses ne sont pas aujourd’hui dans l’ordre et la beauté du commencement ; et on va jusqu’à nier la responsabilité des saints, comme si les chrétiens n’étaient pas responsables d’une manière ou de l’autre de ces voies si éloignées de la pensée et de la volonté de Dieu. Et si on prétend qu’on doit continuer de les suivre parce qu’on a été élevé de cette manière, alors voici sûrement pour nous la question à poser : Désirons-nous apprendre et faire la volonté de Dieu ? Est-ce là le grand but que nous poursuivons ? Ou bien s’agit-il simplement de savoir où je trouverai assez d’aise, assez de bénédiction, de manière à aller toujours sûrement ? Au reste de ceci aussi, suis-je pleinement assuré que c’est en faisant la volonté de Dieu que vous jouirez de la plus riche bénédiction ; mais la bénédiction n’est pas le vrai motif chrétien, ce ne serait pas un mobile sûr. On peut aller ici et trouver un peu de bénédiction, et puis aller là dans l’espérance d’y en trouver un peu plus. Mais, comme c’est dit dans notre passage, la croissance a lieu « afin que nous ne soyons plus des enfants ballottés et emportés çà et là par tous vents de doctrine ». Dieu veut que nous soyons gardés de toute la tromperie des hommes et de leur habileté à user de voies détournées pour égarer.

N’y a-t-il donc pas de moyens d’arriver à la certitude au milieu de la confusion qui règne ? Assurément il y en a ; et où l’âme est suffisamment humiliée pour sentir ce qui est dû à Dieu, Il saura bien rendre toute chose claire. Nous ne devons jamais, soit en particulier, soit en public, participer à quoi que ce soit que nous savons être mauvais. Naturellement il peut partout se dire ou se faire des choses que nous ne saurions approuver ; mais participer à des actes publics de culte dont on connaît d’avance l’ordre comme systématiquement antiscripturaire, est chose entièrement différente de ces manquements individuels. En le faisant je m’identifie avec le péché qu’il y a en une chose faite contrairement à la Parole de Dieu et établie ainsi par l’autorité de l’homme. Mais cela montre l’importance qu’il y a à ce que rien ne soit fait dans l’assemblée qui n’ait l’assentiment de l’assemblée tout entière, et combien par conséquent aussi il est évidemment désirable de garder loin de l’assemblée toutes les questions controversables. Nous pouvons en parler à un serviteur de Dieu, ou à un frère ; mais le fait que je puis jouir individuellement d’un sujet ne m’autorise pas à l’introduire dans l’assemblée de Dieu, à moins que je ne croie qu’Il veut que j’en parle spécialement, si je sais que cela donne lieu à un juste doute dans l’esprit du plus simple croyant. Les petites affaires de discipline ne doivent jamais être introduites dans l’assemblée ! S’il s’agit de quelque affaire de fausse doctrine touchant des vérités fondamentales ou d’immoralité grossière, quoi que ce puisse être, il est évident que sur des points pareils tous les saints doivent être supposés avoir le même jugement. Tous sentiront qu’ils ne sauraient avoir communion avec le blasphème ou l’ivrognerie, ou toute autre déplorable manifestation du mal de quelque nature que ce soit. Nous trouvons ensuite des cas qui réclament le jugement collectif de l’assemblée tout entière. Supposez qu’un saint fût, comme l’on dit, de l’église nationale, ou un dissident et peu versé dans ce qu’enseigne l’Écriture quant à l’idée et l’action ecclésiastiques, malgré cela s’il était réellement né de Dieu il ne pourrait y avoir de différence importante dans le jugement à porter en de pareilles matières. La puissance de l’Esprit est grande ; le Seigneur sait comment opérer ; et les instincts spirituels communs à tous les enfants de Dieu guidés par Sa Parole dans de telles matières, trouvent leur expression dans la répudiation et le jugement de tous ces maux. Mais la discipline publique dans l’Église est une affaire si sérieuse, qu’on ne doit jamais y recourir jusqu’à ce que le mal ait atteint un degré tel que tous les croyants d’un esprit impartial et sans prévention soient unis à son sujet. Il y a tendance chez les esprits justes et actifs à faire de toute différence qui surgit une question que l’Église doit prendre en main et décider. C’est là une grave erreur, grosse de maux pour tous ceux qui y sont impliqués, et contre laquelle il faut combattre avec toute l’énergie possible. Les saints eux-mêmes sont exposés à se laisser aller à des préjugés ou à des préventions dans ce qui les concerne les uns les autres, particulièrement dans les petites choses qui prêtent tant à l’esprit de parti. En outre ce serait pour bien des âmes une véritable torture, si toute affaire privée était susceptible d’être produite en public. Dieu soit béni, Il nous a donné Ses propres jalons pour diriger notre marche et nous a montré clairement qu’on ne doit jamais rien soulever comme sujet de discipline publique de l’Église avant d’avoir employé tous les moyens pour l’empêcher. Le désir de nos cœurs doit être la gloire de Dieu dans la bénédiction réciproque de nos âmes ; et nous savons tous qu’une publicité inutile doit ajouter largement à la honte, à la souffrance et aux difficultés. Mais lorsque c’est nécessaire, qu’on le fasse, de sorte que ce soit pour le Seigneur, avec la plus profonde gravité et un véritable amour. La ruine de la vraie idée de l’Église et de son action a tendu à la rabaisser au niveau d’un simple club.

Mais lorsque nous avons saisi la vérité que le Seigneur a sur la terre ce avec quoi Il lie Son nom, quoique peut-être il n’y en eût que deux ou trois qui se soient rassemblés autour de ce nom, répudiant leur connexion avec ce qui est du monde et de l’homme ; lorsque nous sommes arrivés à apprendre de Dieu que Celui qui a sauvé nos âmes est le seul qui soit capable de former, de garder et de diriger l’Église — si nous savons qu’Il nous a fait membres de Sa propre Église, tout ce que nous avons à faire est d’agir sur le principe de l’Église que Dieu a faite. Si nous appartenons réellement à Dieu, nous appartenons à Son Assemblée et nous sommes tenus de la réaliser d’une manière pratique. Si j’en connais qui agissent, en quelque petit nombre que ce puisse être, d’après la Parole de Dieu qui s’applique à cela, j’ai pleine liberté, bien plus, je suis tenu dans la liberté de Christ de me réunir avec eux. Ce serait, naturellement, un sujet d’actions de grâces s’il y en avait des centaines de milliers se réunissant ainsi, quoique cela pourrait bien d’une autre manière occasionner plus de souffrances et plus d’épreuves. Mais l’épreuve ne sera pas seulement le trouble de la chair ; elle sera, si nous marchons avec Dieu, l’exercice de la grâce et de la patience ; elle fera appel à l’amour réel pour Christ qui cherche le bien des autres et qui se traduit toujours en intercession sous l’effet de la pression du mal de tous les côtés.

En supposant donc que deux ou trois arrivent à ce point — de ne pouvoir pas plus reconnaître une église d’homme, qu’un salut d’homme, doivent-ils demeurer tranquilles, déshonorant Dieu et ruinant leur conscience en persistant dans un mal connu ? Ou plutôt ne doivent-ils pas, marchant dans la foi, se réunir au nom du Seigneur ? Très certainement ; qu’ils se réunissent décidés à suivre docilement la Parole et se confiant dans l’Esprit de Dieu. Ils rencontreront des épreuves, mais ils auront la vraie liberté et le Saint Esprit opérant au milieu d’eux. Il est donné pour demeurer avec eux éternellement ; qu’ils croient cela et qu’ils ne manquent pas d’y compter. Il se peut qu’ils soient très faibles, mais le Saint Esprit n’est pas faible. Quand ils se réuniront peut-être ne se trouvera-t-il personne pour leur parler un peu au long d’une manière profitable ; mais l’assemblée de Dieu ne se réunit pas pour des sermons. Qu’il y ait beaucoup ou peu de discours, le but des chrétiens en s’assemblant est de faire la volonté de Dieu, de se souvenir de Christ, d’agir conformément à l’Écriture sur la foi des vues de Dieu dans Sa propre Église. Et s’il y avait dans leurs environs vingt mille chrétiens se réunissant sur des principes humains, quel croyant pourrait maintenir que ces deux ou trois n’auraient pas la présence spéciale de Dieu parmi eux d’une manière dont les autres ne l’auraient point ? Plus nous avons le sentiment de la ruine de l’Église, plus aussi nous avons pleine confiance que les principes de Dieu demeurent toujours intacts et aussi obligatoires aujourd’hui qu’au jour de la Pentecôte ; plus l’âme est heureuse dans le Seigneur, et plus elle se répandra en amour pour tous les saints. Puisse-t-il nous être ainsi accordé par grâce « de croître en toutes choses jusqu’à lui qui est le Chef, le Christ » ! Cela ne dépend pas du nombre des communiants, ni de la forme et des moyens de l’action dans le ministère, mais bien davantage de la condition de nos propres âmes avec Dieu et de l’accomplissement de Sa volonté, non seulement dans notre service et notre vie comme individus, mais aussi comme Son assemblée qui doit se réunir conformément à Sa Parole.

Il y a donc ces trois choses : d’abord et prééminemment, la perfection des saints individuellement ; ensuite, d’une manière secondaire, l’œuvre du ministère dans laquelle d’autres personnes agissent sur moi ; et, enfin, l’édification du corps de Christ. La pleine portée et le résultat désiré de tout cela est la croissance jusqu’à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude de Christ ; « afin que nous ne soyons plus des enfants ballottés et emportés çà et là par tous vents de doctrine dans la tromperie des hommes, dans leur habileté à user de voies détournées pour égarer ; mais que, étant vrais dans l’amour, nous croissions en toutes choses, jusqu’à Lui qui est le chef, Christ ». Permettez-moi de vous en produire une preuve pratique. Vous savez que de bonne heure, surgirent de fausses doctrines et des hérésies de toutes sortes. Quelle fut en ces jours-là la ressource des hommes pieux ? On inventa des confessions et des symboles par lesquels on tâcha de mettre à l’épreuve les personnes suspectes. Mais où était l’autorité pour une pareille voie ? Ces remparts préservèrent-ils du mal ? En aucune manière, jamais, nulle part. Il n’y a qu’un seul pouvoir capable de maintenir la vérité et l’amour — Christ ; et là où Christ est réellement retenu et où l’on demeure attaché à Christ sans les arrangements des hommes, il est possible qu’il y ait d’abord de la faiblesse et de l’ignorance, mais en définitive la force de Christ sera accomplie dans leur faiblesse. La puissance de Christ reposera sur ceux qui, sentant leur propre faiblesse, s’attachent à Lui seul. De l’autre côté, tandis que souvent en imposant des symboles vous mettez en perplexité des consciences faibles chez les gens pieux, vous parvenez rarement, si même vous y arrivez quelquefois, à exclure par là les hommes méchants ; et les chrétiens spirituels qui ont leur sentiment de l’honneur dû à la Parole de Dieu et en état de voir le caractère non scripturaire de ces symboles, lors même qu’ils seraient pleinement corrects, n’estimeraient pas non plus convenable de les reconnaître. Par conséquent vous embarrassez et faites broncher les faibles parmi les enfants de Dieu et vous excluez les forts. Vous avez une multitude de signataires légers ou bigots ; et quant aux hommes dangereux, quel voleur se laisse arrêter par un credo ? Les barrières humaines sont capables de déshonorer l’œuvre de Dieu mais ne peuvent pas empêcher le mal de l’homme ou de Satan. Ce que vous trouvez dans l’Écriture, ce sont les saints conduits en avant, et le corps bien lié ensemble par les diverses jointures du fournissement et recevant ainsi la nourriture qu’il lui faut. Voilà l’exercice et le fruit du ministère exercé dans toute son étendue ; mais le Saint Esprit peut donner une parole par quelqu’un qui ne possède pas un don permanent. D’ordinaire Dieu fait d’un homme un évangéliste ou un docteur ; de sorte que c’est une vérité divine qu’il existe un ministère positif.

Mais le ministère exclusif, j’ose le dire, constitue une usurpation sur les droits de Christ et une entreprise sur l’action du Saint Esprit. Dieu a permis que la ruine de l’Église fût plus sentie dans ces derniers jours qu’à aucune autre époque que je sache de l’histoire de l’Église ; mais Il a fait aussi apprendre et sentir aux âmes qu’il n’y a pas de ruine de l’Église qui détruise un principe divin. Ce qui était la vérité pour l’Église est la vérité pour l’Église. Le principe originel du ministère demeure toujours le seul principe que Dieu sanctionne ou que nous devons suivre. Si aux temps apostoliques il n’y eut rien de pareil à la pratique moderne, c’est de nos jours une chose humaine, et pourquoi un saint devrait-il la retenir ou la justifier ? L’Église doit au Seigneur d’une manière absolue de ne se mêler en rien de ceux qui font Son œuvre conformément à l’Écriture[1] ; et aussi que tous Lui laissent place pour en susciter d’autres selon qu’il Lui plaît. Nul ouvrier, quelque habile ou béni qu’il soit, ne réunit tous les dons en sa personne. Il pourrait se trouver dans la congrégation quelque membre de Christ qualifié de Dieu pour édifier occasionnellement par une parole de sagesse, ou capable de prêcher l’évangile, d’exhorter, ou de servir de quelque manière et en quelque mesure, selon la Parole de Dieu. Ce que nous trouvons dans l’Écriture, c’est la porte tenue ouverte en principe et en pratique pour tout ce que Dieu donne. Sûrement ce n’est pas là déprécier le ministère ; c’est, au contraire, l’affirmer et les droits du Seigneur en lui. Mais le principe d’après lequel le ministère est exercé aujourd’hui, est si entièrement, certainement et manifestement humain, que l’effet en est inévitablement d’accréditer comme ministres bon nombre de personnes qui ne sont pas même chrétiennes, et de décréditer tous les vrais ministres qui, pour l’amour du Seigneur, rejettent leurs formes non scripturaires. C’est là un mal qu’aucun saint pieux ayant le désir d’être obéissant, ne doit tolérer, ou même considérer comme peu de chose, un instant. Pour ma propre part, c’est la raison pourquoi c’est mal de devenir ministre d’une dénomination qui suit (comme elles le font toutes) ces traditions sans fondement. Si vous êtes réellement ministre, vous êtes ministre de Christ, et pas de quelque autre corps. La Parole de Dieu fait cela aussi clair que le jour. L’action de l’assemblée, comme telle, est entièrement distincte. Tout en étant naturellement partie ou membre de l’assemblée, le ministre doit toutefois agir, s’il agit justement, de la part de Christ, et de Christ seul. Il peut chercher à édifier les croyants par des discours, des exhortations, qui s’adressent à eux ; il peut poursuivre avec zèle la conversion des non croyants ; mais qu’il y ait ou qu’il n’y ait pas de ministère (naturellement ce dernier cas serait une perte), l’assemblée n’en est pas moins en état et obligée de remplir ses propres fonctions en soumission au Seigneur. En outre, ce n’est pas le ministère, mais la présence et l’opération de l’Esprit qui constituent la puissance de l’assemblée. Il est aussi important pour l’assemblée de se mettre bien cela dans l’esprit, qu’il l’est pour les serviteurs de se souvenir qu’ils ont à faire directement avec Christ comme leur Seigneur. Il va sans dire que l’abus du ministère comme tout autre péché, amène nécessairement celui qui en est coupable sous le jugement de l’assemblée. Nul ne peut jamais être au-delà du jugement de l’Église là où il y donne occasion par quelque mal dans sa conduite. Mais l’intervention de l’Église ne doit jamais se montrer sauf dans le cas de quelque mal connu, doctrine ou pratique.

Cela peut aider à faire voir la portée pratique du passage. Ce que Dieu fait et ce que Christ donne, les services mutuels des divers membres du corps, jointures et liens — tout a pour but que nous « croissions jusqu’à Christ en toutes choses ; duquel tout le corps bien ajusté et lié ensemble par chaque jointure du fournissement, produit l’accroissement du corps pour l’édification de soi-même, en amour ». Nous avons là la théorie de l’Église, parce que Dieu, en posant ces principes bénis, n’introduit pas les simples accidents du mal ; pas l’ombre de l’idée qu’une vis soit trop lâche ici, ou que quelque autre chose aille mal là : tout est supposé se mouvoir harmonieusement en vue de la grande fin pour laquelle le Seigneur l’a établie. Il est une difficulté qu’on allègue souvent — vous ne sauriez, nous dit-on, avoir sur la terre une église parfaite. Qu’entendent-ils par là ? Si c’est une église où il ne se trouvera pas une âme qui ne fasse ou ne désire jamais rien qui ne soit selon Dieu, ils affirment sans aucun doute une vérité banale, si ce n’est pas plutôt une pauvre folie. Mais ce que l’on veut insinuer, c’est qu’il n’est pas possible sur la terre d’avoir quelque association de saints selon la volonté de Dieu. Je nie cela formellement et je crois que vous pouvez trouver aisément le sentier de Sa volonté, et que tout croyant doit trouver ce sentier. Vous êtes sous la responsabilité d’apprendre la volonté de Dieu concernant Son Église, si vous en êtes membre, et de ne rien faire d’autre. Si je connais dans une localité deux ou trois chrétiens cherchant à marcher conformément aux Écritures, là doit être mon lot. Il est possible que l’un soit un homme naturellement ardent, qu’un autre ait des idées et des manières étranges. Il pourrait y avoir quelque chose de blâmable dans chacun de ces individus. Tout cela ne doit pas m’arrêter un instant, parce que le principe d’après lequel je les reconnais comme étant cette partie de l’Église qui agit là où ils sont selon Dieu, ne dépend pas de quelque idéal sans tache en ceci ou en cela. La question est — font-ils la volonté de Dieu en se réunissant ainsi conformément à Sa Parole ? La volonté de Dieu au moins est parfaite, et celui qui la fait demeure éternellement. Sa volonté touchant Son Église n’est-elle pas aussi absolue qu’à l’égard de toute autre chose ? Si cela est admis, je dis que c’est là le principe pour agir. Ne devons-nous pas nous occuper de l’affaire de notre Père quant à ceci ? De sorte que, pour tous ceux qui désirent plaire à Dieu, l’unique question est : Qu’est Sa volonté ? Elle n’est pas sûrement que nous nous rassemblions comme le troupeau de M. tel ou de M. tel (car où trouvons-nous quelque chose de pareil dans l’Écriture ?) mais bien que nous nous réunissions comme des chrétiens qui sommes simplement attachés à Christ et qui comptons sur le Saint Esprit pour nous enseigner toute la volonté de Dieu. Cela et cela seul ne constitue-t-il pas la vraie base sur laquelle les chrétiens doivent agir comme corps ? Où, donc, trouverai-je des chrétiens se rassemblant de cette manière ? Y en a-t-il qui ont eu la foi pour sortir de tout ce qui est purement humain, afin de se placer sur le fondement posé dans la Parole de Dieu ? La même Écriture qui me dit comment je dois être sauvé, m’enseigne de quelle manière marcher dans Sa maison, l’Église de Dieu. Ni l’Assemblée, ni le ministère ne sont laissés à l’idée ou au caprice de l’homme ; pour l’un et pour l’autre il nous faut sonder la Parole de Dieu, et lui être soumis. Le système de Dieu (car il en a un tel qu’il est révélé dans l’Écriture), est ce que nous avons à découvrir pour ensuite agir d’après lui ; et bien que nous puissions rencontrer des épreuves et des difficultés très grandes et nous trouver nous-mêmes dans les mêmes embarras par lesquels eurent à passer les saints des premiers jours, toutefois, cela même nous confirme la vérité et nous aurons joie et force si nous nous tenons simplement dans la dépendance du Seigneur et si nous Lui sommes obéissants. Les épreuves mêmes deviendront le moyen d’une nouvelle bénédiction ; et nous ferons l’expérience combien véritablement Dieu nous donnera d’employer pour Sa propre gloire bien des choses de Sa Parole qui jadis étaient sans usage pour nous dans la pratique, et qui étaient supposées se rapporter simplement aux temps apostoliques. Nous commençons donc à trouver une application actuelle de la Parole de Dieu dans notre position comme corps, juste autant que dans la satisfaction des besoins de nos âmes au jour le jour. S’il en est ainsi, puissions-nous réaliser le bonheur non seulement de connaître ces choses, mais de les pratiquer avec constance jusqu’à la fin.



  1. Si on suppose que des dons à ceux qui travaillent et des secours pour les soutenir eux et leurs familles en cas des nécessités de la vie impliquent le droit d’intervenir, la source humaine et mauvaise de cette pensée apparaît aussitôt. Acquerrait-on le don de Dieu avec de l’argent, ou ferait-on d’un serviteur de Dieu le mercenaire des hommes ? De l’autre côté, prenons garde à l’esprit d’indépendance humaine, qui est simplement l’orgueil.