Écho du Témoignage:La grande ordonnance de Dieu

De mipe
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Nous avons pu remarquer, dans l’évangile de Jean, le zèle et la décision avec lesquels le Seigneur Jésus repousse tout honneur qui Lui viendrait de la part de l’homme, afin d’établir la grâce de Dieu, ou l’amour du Père pour les pauvres pécheurs. Dans cet évangile, la gloire dans laquelle Il brille est celle du Fils unique du Père, comme pleine de grâce. Il n’en veut aucune autre. Que les hommes se montrent disposés à L’honorer comme un docteur des secrets célestes, comme un opérateur de prodiges, comme un Être fait pour être grand dans le monde, comme un juge ou comme un roi, Il repousse tout cela aussitôt avec une indignation marquée, et veut être reçu seulement comme le témoin du Père, le ministre de la grâce pour les pécheurs.

C’est là ce qui caractérise la manière dont se présente le Seigneur dans l’évangile de Jean.

En parfaite analogie avec cette conduite du Sauveur, et comme en formant le pendant pour ainsi dire, nous pouvons remarquer le soin avec lequel, dans toute l’Écriture, Dieu repousse et met de côté tout ce qui prétendrait marcher de pair avec Christ, entrer en partage avec Lui dans Sa position (et combien plus encore tout ce qui oserait chercher à Le déplacer) afin de Le présenter, de L’établir, Lui, Christ, comme Sa grande ordonnance. Il y a, entre ce zèle du Fils pour la gloire de Son Père, et ce zèle de Dieu pour la gloire de Christ, une correspondance, bénie et très précieuse. Dans l’évangile de Jean, ou durant Son ministère ici-bas parmi nous, Christ, le Fils, est jaloux de s’effacer, de se cacher, afin que la grâce de Dieu, le secret du sein du Père, puisse apparaître pleinement ; et dans tous les âges, dans les diverses dispensations, Dieu met Ses soins les plus jaloux à ce que Christ, et Christ seul, soit accepté et honoré comme Sa propre grande ordonnance.

Voici quelques témoignages frappants, recueillis dans l’Écriture, à l’appui de cette dernière vérité.

Nadab et Abihu, avec la hardiesse et l’audace de l’incrédulité, mirent de côté le feu qui était descendu du ciel. Ce feu, dans sa signification symbolique, rendait témoignage, de la part de Dieu, à l’acceptation du service d’Aaron, et était ainsi le sceau que Dieu mettait sur Christ et sur Son œuvre : car c’est Lui qui est le véritable Aaron et la vraie victime, le sacrificateur et le sacrifice pour Dieu.

Aussitôt, la main de Dieu juge solennellement ce péché en en faisant mourir, sur place, les coupables auteurs. La peine du feu fit vengeance du feu étranger qui avait déplacé celui qui rendait témoignage à Christ. Quelle portée ! Quelle signification il y a dans ce fait (voyez Lévitique 10) !

Moïse et Aaron s’exposèrent à un danger semblable quoique pourtant pas au même degré. Ils péchèrent contre le rocher qui les suivait, et ce rocher était Christ. Ce ne fut pas, comme l’avaient fait Nadab et Abihu, dans un esprit d’audacieuse incrédulité. Non, certes ; l’esprit était tout autre. Ils péchèrent par une tentation soudaine, sous l’effet de la provocation du peuple. Mais, néanmoins, ils déshonorèrent la grande ordonnance de Dieu aux eaux de Meriba. Ils ne sanctifièrent point Dieu en se servant de la verge, vis-à-vis du rocher, selon ce que Dieu avait dit. Moïse parla légèrement de ses lèvres. Il pécha contre le rocher qui suivait Israël, et ce rocher était Christ. Cela suffisait. Lui et Aaron sont jugés pour ce péché. Il leur est déclaré qu’ils n’introduiront pas le peuple dans le pays — jugement qui n’a jamais été retiré. Dieu ne saurait être détourné de venger les injures faites à Christ, même sur les serviteurs d’élite quels qu’ils puissent être, fussent-ils un Moïse et un Aaron. Le jugement fut prononcé sur l’heure, et maintenu jusqu’à complète exécution au pied de la lettre. Il y avait moralement, je le sais et je l’ai déjà dit, une grande différence entre l’offense faite à Christ par Nadab et son frère, et celle commise par Moïse et Aaron. La précipitation et la légèreté, qui caractérisent cette dernière, ne doivent certainement pas être frappées de la même condamnation que mérite ce qu’il y a d’incrédulité insultante et hardie dans l’autre. Cependant, Dieu vengea la cause de Christ sur les uns comme sur les autres.

Si nous en venons au Nouveau Testament, nous trouverons en Dieu le même soin jaloux de la gloire de Christ. Sur la sainte montagne, Pierre, dans son ignorance, ne sachant pas ce qu’il disait ou n’en connaissant pas davantage, proposa de donner une même et égale place à Moïse, à Élie, et à Jésus. Mais alors « la gloire magnifique » ne put garder le silence. La main de qui que ce soit ne saurait porter atteinte à l’honneur de Christ. Il est possible que ce ne soit qu’ignorance et non pas légèreté ainsi que dans le cas de Moïse, ni présomptueuse incrédulité comme chez Nadab ; il peut n’y avoir ni mépris, ni humeur, mais simplement défaut de connaissance meilleure : néanmoins, la main, ou la voix de Dieu, sera prompte à venger le déshonneur fait à Christ. La voix qui retentit du sein de la gloire magnifique, apprend à Pierre que « le Fils bien-aimé seul, doit être écouté » (Luc 9).

Ce que Dieu a commencé de faire ainsi, sur ce sujet, de Sa main ou de Sa voix, le Saint Esprit continue à le faire en ceux qui sont Ses vaisseaux. Dieu dans la gloire magnifique, le Saint Esprit dans Ses vaisseaux, et je puis ajouter, chacun des saints, ne font qu’un dans ce zèle et cette jalousie pour Christ.

Les disciples de Jean-Baptiste s’émurent un peu de voir que la multitude semblait quitter leur maître, pour aller à Jésus qui était plus jeune que lui. Ils ressentirent ce qu’avait ressenti Josué, des siècles auparavant, au sujet de son maître Moïse, quand Eldad et Médad s’étaient mis à prophétiser. Mais Jean, avec une parfaite douceur, et aussi d’une manière tout à fait décidée, répond à ce qu’on peut bien nommer leur plainte. Au nom, en quelque sorte, de tous les prophètes, et comme venant le dernier, et exprimant leur sentiment, il s’efface afin qu’on ne voie et qu’on n’entende que Christ seul. « Un homme ne peut rien recevoir à moins qu’il ne lui soit donné du ciel ». — « Il faut que Lui croisse, et que moi je diminue », dit-il, en répondant aux paroles de ses disciples. Quoiqu’il ne soit qu’un vase de l’Esprit, quoiqu’il ne soit qu’un Élie, il parle le langage de la gloire magnifique sur la sainte montagne. Là, Dieu faisait entendre Sa voix, pour faire disparaître Moïse et les prophètes, du regard et de l’ouïe de Pierre ; de même ici, la parole de Jean le fait disparaître lui-même et tous ses compagnons de service, les amis de l’époux, du regard et de l’ouïe de ses disciples (et, certes, de partout ailleurs), afin que le même « Fils bien-aimé » soit seul connu, et soit seul l’objet des pensées. Jean, « et la gloire magnifique », ont ainsi une même pensée relativement à Jésus, le Christ, la grande ordonnance de Dieu (Jean 3). Tout cela est en parfaite harmonie, et extrêmement béni. La gloire en haut, et, ici-bas, l’Esprit, dans Ses humbles vaisseaux, sont d’accord pour donner tout honneur au Fils.

Après Jean, écoutons les épîtres : chacune d’elles, à sa manière, remplit le même service ; chacune est jalouse pour Christ, et prend soin de Lui garder Sa place, et de réclamer l’honneur pour Lui seul. Mais l’épître aux Hébreux a, sous ce rapport, quelque chose de particulier encore. La gloire de Christ y est, dans tout son cours, la pensée prédominante du Saint Esprit ; et on peut dire qu’elle donne à l’épître son caractère.

Cette épître consiste, pour ainsi dire, en une revue de tout ce qui a été successivement introduit dans les voies de Dieu, dans le but de mettre de côté tout cela, une chose après l’autre, pour ne laisser devant nous que le Seigneur Jésus, le Christ, la grande ordonnance de Dieu. Elle substitue Christ à chaque chose, et Le garde là. Et cette mise de côté de chaque chose, à mesure qu’elle se présente, est faite avec autant de force et de décision que dans les temps anciens, aux jours de Nadab et d’Abihu, ou à ceux de Moïse et d’Aaron.

D’abord, ce sont les anges qui disparaissent de nos regards, et à leur place est introduit Celui qui a reçu un nom plus excellent que le leur ; et tout cela sur l’autorité de l’Écriture, comme le prouvent de nombreux passages (chap. 1 ; 2).

Vient ensuite Moïse : il est mis de côté comme serviteur dans la maison d’un autre, et à sa place nous avons Jésus, le Christ, le Fils, introduit comme Seigneur dans Sa propre maison (chap. 3).

Josué, à son tour, se retire comme quelqu’un qui n’a pas donné le repos à Israël ; tandis que Jésus, le vrai Josué, est révélé comme nous donnant le repos même de Dieu.

Ensuite c’est Aaron, le sacrificateur, qui nous apparaît cédant la place à Christ, le véritable Melchisédec, le sacrificateur dans la puissance d’une vie impérissable (chap. 5-7).

L’ancienne alliance s’évanouit devant l’alliance dont Christ est le médiateur, et qui demeure à toujours (chap. 8).

Le sanctuaire selon la loi est renversé, et, à sa place, s’élève le meilleur et le plus parfait tabernacle où c’est Christ Lui-même qui sert (chap. 9).

La victime destinée à l’autel par la loi n’est plus égorgée, et l’unique sacrifice de Christ est établi dans son efficace éternelle (chap. 10).

De cette manière, la grande ordonnance de Dieu est mise à la place qui lui appartient. Christ est introduit, et tout doit s’en aller, une chose après l’autre. Les anges, Moïse, Josué, Aaron, l’ancienne alliance, le premier tabernacle, les sacrifices institués par la loi, doivent se retirer de la scène pour que Christ et Christ seul la remplisse, et qu’étant ainsi introduit par le Saint Esprit, Il demeure devant nous à jamais — selon ce que nous lisons précisément à la fin de l’épître, « Jésus Christ, le même, hier, aujourd’hui et éternellement ».

La gloire de Jésus est donc pour tous depuis le commencement jusqu’à la fin, un objet constant de vive et ardente jalousie. La main de Dieu tire vengeance de tout mépris fait de Lui, le Christ de Dieu, la grande ordonnance de Dieu ; la voix du Père est prompte à le reprendre, et le Saint Esprit le renie, soit dans Ses vases vivants, soit dans Ses oracles écrits.

Et, ce qu’ont fait ainsi la main et la voix divines, et le Saint Esprit dans Ses ministres agissant avec autorité, tous les élus, tous les pécheurs rachetés, le font encore chaque jour sur toute la terre. Dans cette sainte jalousie, la foi des saints ne fait qu’un avec tout le reste.

Paul, simple croyant, dira, comme Paul, docteur inspiré, enseignera : « Qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ » ! Et encore : « Christ est tout ».

Jean dira, dans la jalousie ardente avec laquelle il veille sur le nom de Jésus : « Si quelqu’un vient à vous, et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas ». Cette jalousie à l’égard de Christ, ce soin de ne se glorifier qu’en Lui, est la propriété naturelle, commune, de tout esprit renouvelé ; c’est le sentiment intime et, par conséquent, naturel, et le jugement, de toute âme sauvée.

Quelles harmonies tout cela renferme ! Harmonies des cieux et de la terre, harmonies de tous les âges et de toutes les dispensations, harmonies de la gloire magnifique et des pauvres vases de terre ! Et les harmonies qui disent le cantique, ou forment la mélodie, ont pour sujet un thème de la conception la plus sublime et de la signification la plus précieuse et la plus ravissante — la gloire et le mérite du Seigneur Jésus, le Christ de Dieu, qui ne connaîtra pas de rival dans tous les âges de l’éternité.