Écho du Témoignage:Les captifs de retour à Jérusalem

De mipe
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Esdras 1-4

Dès l’entrée du livre d’Esdras commence l’histoire des captifs revenus de Babylone ; nous les voyons dans les circonstances où ils se trouvent, et dans la conduite qu’ils tiennent, et nous retirons de l’instruction des unes aussi bien que de l’autre.

Une grande partie de leur condition nous présente un tableau de la nôtre propre, et leur conduite nous enseigne, nous encourage, ou nous avertit. Leur histoire nous frappera tellement par sa ressemblance avec la nôtre que nous pouvons les appeler nos frères dans un sens un peu particulier, en vertu de la parenté morale de notre condition respective.

Au terme de leur voyage de Babylone à Jérusalem, nous les trouvons immédiatement dans un état moral extrêmement beau ; ils font usage de ce qu’ils possèdent, ils font tout ce qu’ils peuvent, mais ils n’élèvent pas de prétention à l’égard de ce qu’ils n’ont pas, et de ce qu’ils ne peuvent pas. Ils ont la Parole, et ils s’en servent. Ils tirent le meilleur parti possible des généalogies, de manière à maintenir la pureté de la sacrificature et du sanctuaire ; mais ils ne prétendent pas faire ce dont l’urim et le thummim les rendraient capables, car ils ne les ont pas.

Cela est de toute beauté ; ils ne refusent pas de faire ce qui leur est possible, sous prétexte qu’ils ne peuvent pas faire tout ce qu’ils voudraient. Ils veulent agir dans leur mesure, et non lui chercher dispute par la raison qu’elle est petite. Et néanmoins ils ne cherchent pas à s’étendre au-delà de ses limites, mais ils attendent qu’il en vienne un autre avec une mesure plus grande et plus parfaite.

Ils se montrent prompts à élever un autel au Dieu d’Israël. Ils n’éprouvent pas le besoin de bâtir premièrement leur temple. Un autel servira pour les holocaustes et pour la fête des tabernacles ; et, comme un peuple revenu à la vie, comme un peuple qui a conscience d’être de nouveau sur un saint fondement, ils dressent leur autel et commencent leur culte, le jour mystique, le premier jour du septième mois.

C’est là quelque chose de fort beau ! Ce fut comme le sentiment instinctif qui poussa Noé aussitôt qu’il fut sorti de l’arche à offrir les sacrifices, ou comme celui qui porta David, dès qu’il fût arrivé au trône, à rechercher l’arche de Dieu.

Israël n’éleva pas d’autel en Égypte : il fallut qu’il pénétrât dans le désert avant de pouvoir offrir un sacrifice, ou célébrer une fête à l’Éternel. L’Égypte était le lieu de la chair et du jugement ; et il fallait qu’il en fût délivré et sorti, avant que Dieu pût recevoir convenablement culte de sa main. De même à Babylone. Israël n’y éleva pas d’autel. On pouvait bien ouvrir sa fenêtre et prier tourné du côté de Jérusalem ; trois ou quatre captifs pouvaient bien faire monter en commun leur prière vers Dieu pour implorer sa miséricorde et demander l’esprit de sagesse ; en un jour de perplexité ils peuvent bien, tous ensemble, suspendre leurs harpes aux saules, en refusant de chanter sur la terre les cantiques de Sion — mais ils ne dressèrent pas d’autel dans ce pays des incirconcis. Mais à présent que les voilà de nouveau à Jérusalem, l’autel est édifié, et les sacrifices sont offerts : Israël est revenu à la vie, et le culte est rétabli. On remarque tout de suite chez les captifs de retour, les deux choses que Dieu a liées l’une à l’autre : la gloire de son nom et la bénédiction de son peuple.

Ce n’est pas tout. Aussitôt que le fondement du temple est posé, on entend une chose étrange — qui ne pouvait être, pour les oreilles naturelles, qu’un bruit de sons discordants, mais qui était une mélodieuse harmonie de voix saintes pour l’oreille de Dieu et de la foi. Ce sont des pleurs et des cris d’affliction, et aussi des cris de joies. Mais, pesé aux balances du sanctuaire, tout cela était de l’harmonie, car tout était vrai, tout était « à cause du Seigneur ».

De même aujourd’hui ; il se peut que quelques-uns observent un jour et que d’autres refusent de le faire : et cela peut paraître du désordre. Mais chacun faisant ce qu’il fait « à cause du Seigneur », l’ordre le plus élevé est maintenu (voir Rom. 14). C’est ainsi que l’Esprit en juge.

Il y a cependant plus que cela. Il y a véritablement, et en abondance, de la confusion, aussi bien que l’apparente discordance accidentelle que nous venons de signaler. Tout l’état de choses est incurablement embrouillé et confus. Que doit avoir éprouvé un Juif pieux, quand il s’est trouvé de nouveau dans le pays où David avait vaincu, où Salomon avait régné, où avait habité la gloire, où les sacrificateurs de Jéhovah s’étaient acquittés de leur service !

C’est sur lui-même, qu’en ce moment-là, un Israélite semblable aura porté ses premiers regards ; et quel effet étrange ne se sera-t-il pas fait à lui-même, en se voyant dans le pays où il se retrouve alors, sujet d’une puissance gentile ! Puis, portant son attention sur ses frères, il aura eu à se dire que quelques-uns d’entre eux étaient là avec lui, mais que d’autres se trouvaient encore au loin au milieu des incirconcis ; et ensuite, considérant de plus près et plus à fond le peuple du pays, il aura eu à apercevoir une race corrompue, moitié pieuse, moitié païenne, au lieu qui avait été donné jadis en partage à la postérité d’Abraham et à elle seule !

Quel spectacle de telles choses ne durent-elles pas être pour les Juifs pieux ! Combien ils avaient besoin de lumière et d’énergie pour se diriger et pour se conduire à l’égard de cette masse étrange de difficultés et de contradictions ! Mais cette lumière et cette énergie se montrent magnifiquement parmi eux. Ils avaient gardé leur nazaréat à Babylone, et ils sont décidés à le garder en Judée, si c’est nécessaire. Ils n’ont pas voulu manger de la viande du roi là où ils étaient captifs, et ils ne voudront point avoir ici alliance avec les Samaritains dans la construction du temple. Ils savent discerner les choses qui diffèrent ; ils connaissent le Perse et ils connaissent le Samaritain ; ils s’inclinent devant l’épée et l’autorité de l’un, en tant qu’établi sur eux par la volonté expresse de Dieu ; et ils refusent l’aide que l’autre leur offre, parce qu’il est infidèle lui-même au Dieu de leurs pères.

C’est là comme une anticipation du propre jugement du Seigneur aux captifs de retour qui vivaient de Son temps : « Rendez à César les choses de César, et à Dieu les choses de Dieu ». Et leur conduite en cette occasion me rappelle celle de leurs pères dans le désert, quand ils reconnurent les Édomites et les Amoréens dans leurs relations respectives avec eux, de la même manière que leurs descendants reconnaissent ici les Samaritains et les Perses. Ils ne font rien dans un esprit de rébellion. Ils veulent être soumis aux « puissances qui existent » comme les sachant « ordonnées de Dieu ». Mais pour ce qui est de l’impureté religieuse, ils la répudient. Tout cela est plein d’instruction et parfaitement approprié à l’état actuel des choses parmi nous, car ces circonstances ou les principes qu’elles impliquent reparaissent au milieu des saints d’aujourd’hui.

La foi reconnaît encore que « le salut » est le fondement du « culte » (Jean 4). C’est-à-dire, que tout le temps que nous sommes dans la chair, Dieu n’obtient rien de nous, et que, une condition de discipline, telle que Babylone fut pour Israël, témoigne seulement que tout ce qui tient au service et au son des harpes est suspendu aux saules.

La foi fait néanmoins usage de la Parole écrite en toutes choses ; elle ne prétend à rien au-delà de sa mesure, tout en faisant ce dont elle est capable conformément à sa mesure. Elle ne rejette pas ce qu’elle a, sous prétexte qu’elle n’a pas davantage. Elle ne dit pas : « Il n’y a point d’espérance », et ne s’assied pas paresseusement, à cause que la puissance sous certaines formes glorieuses ne nous appartient plus maintenant ; mais elle ne voudra pas faire une imitation de la puissance, ou façonner une vaine ressemblance de ce qui maintenant est parti. Elle attend le jour où tout sera établi dans l’ordre éternel et dans une beauté parfaite, par la présence de Celui qui est la véritable lumière et la véritable perfection, et qui arrangera dans le royaume toutes choses selon Dieu.

Pareillement, la foi écoute encore d’une oreille bien différente de celle de la nature. Ainsi que j’y ai déjà fait allusion, je puis dire encore ici que Romains 14, comme Esdras 3, nous montrent que ce qui n’est que discordance pour l’oreille de la chair et du sang, est harmonie pour celle de Dieu.

Et sûrement je puis ajouter que la foi reconnaît encore la confusion. Si nous la remarquons en Israël aux jours d’Esdras, nous la voyons aussi parmi les saints et les églises au temps de la seconde épître à Timothée ; et ce temps-là n’était que le commencement de la longue période actuelle de la chrétienté ou de « la grande maison ». Nous sommes environnés d’éléments étranges, contradictoires, comme le furent les captifs revenus de Babylone. La souveraineté gentile, dans le pays ; l’offre de l’aide et ensuite l’amère inimitié des Samaritains ; quelques membres de l’Israël de Dieu restés encore à Babylone, tandis que d’autres sont revenus à Jérusalem ; tout cela ne leur présentait pas des matériaux plus étranges, plus singuliers ou plus irréguliers à distinguer, d’après lesquels ils avaient à agir, que ne nous en présente actuellement la grande maison de la chrétienté avec ses vaisseaux purs et ses vaisseaux impurs, les uns à honneur et les autres à déshonneur.

L’histoire de ces captifs n’est pas moins propre à nous encourager qu’à nous instruire : car, pendant qu’on ne voit plus au milieu d’eux l’ancienne gloire et l’ancienne puissance, que l’urim et le thummim ont disparu, que c’en est fait de l’arche de l’alliance, qu’on ne connaît plus la verge mystique ni la colonne de nuée, il se trouvait cependant plus d’énergie et de lumière, et un plus profond exercice d’âme dans les captifs revenus de Babylone que dans ceux qui avaient été rachetés d’Égypte.

Esdras 5-6

C’est bien en vérité comme nous venons de le voir. Nous trouvons bientôt, cependant, qu’il y a davantage à dire, et que si nous retirons instruction et encouragement de l’histoire des captifs revenus à Jérusalem, il est aussi certain qu’elle est bien de nature à nous donner de sérieux avertissements. Quoique de retour désormais à Jérusalem, ils ont besoin d’un réveil comme ils en avaient eu besoin lorsqu’ils se trouvaient encore à Babylone.

Le décret d’Artaxerxès avait arrêté la construction du temple. La nature ou la chair en prend avantage ; et les captifs se mettent à embellir leurs propres demeures, aussitôt qu’ils ont du loisir et qu’ils sont déchargés de leur travail dans la construction de la maison du Seigneur.

Quel avertissement il y a là ! On a dit qu’il est plus facile de gagner une victoire que d’en profiter. Nous pouvons être vainqueurs dans le combat, mais être défaits par la victoire. Les Juifs revenus au pays avaient remporté une victoire lorsqu’ils repoussèrent les offres et l’alliance des Samaritains. Ils eurent raison d’être affectés de toute aide qui aurait compromis leur sainteté. Mais maintenant ils abusent de la victoire. Les Samaritains avaient obtenu du roi des Perses un décret pour arrêter la construction du temple ; et le loisir ainsi amené devient un piège pour le résidu. Ils l’emploient à lambrisser et à embellir leurs propres maisons. Chose très naturelle, mais bien humiliante à voir. Abraham avait bien mieux agi. Avec ses serviteurs nés dans sa maison, il remporte la victoire dans sa rencontre avec les rois confédérés ; mais alors une victoire ne fait que conduire à une autre, car immédiatement après il refuse les offres de roi de Sodome. Ici, au contraire, le loisir triomphe de ceux qui avaient tout dernièrement vaincu les Samaritains. En cela, ils ressemblèrent davantage à David, s’ils furent différents d’Abraham. David fit noblement son chemin depuis le jour du lion et de l’ours jusqu’à celui du trône ; mais il trahit un cœur insouciant et relâché dès la première occasion qui l’occupe comme roi. Il place l’arche de Dieu sur un chariot neuf traîné par des bœufs !

« Est-il temps pour vous d’habiter dans vos maisons lambrissées pendant que cette maison demeure désolée ? », dit l’Esprit par la bouche du prophète Aggée, dans ses avertissements et ses reproches.

Avertissement humiliant et toutefois salutaire ! Nos cœurs savent bien comment la nature est prompte et ardente à tirer avantage de ces occasions qui lui sont fournies. Mais quoique les captifs soient laissés sous la domination des Perses, l’Esprit de Dieu, néanmoins, n’est point lié et peut ranimer Son ancienne grâce en leur envoyant Ses prophètes. Car c’était là Son ancienne grâce. Telle avait été constamment Son ancienne voie dès avant l’époque du roi Saül jusqu’aux jours de Sédécias ; c’est-à-dire, depuis le premier roi d’Israël jusqu’au dernier, depuis 1 Samuel jusqu’à 2 Chroniques 36. Tout le long de cette période, génération après génération, des prophètes avaient été envoyés maintes et maintes fois, pour reprendre, instruire, ou encourager les rois et leur peuple. Samuel et Nathan, et Gad, Shemahia, Akhija, et Azaria, Élie et Élisée, avec plusieurs autres, avaient été employés à ce service pendant qu’Israël formait une nation ; et maintenant Aggée et Zacharie sont envoyés aux captifs de retour, comme des prophètes de la même famille : témoignage plein de douceur que la grâce de Dieu allait encore prendre envers Son peuple la même voie qu’elle avait prise jadis, afin qu’ils sussent bien, dans tous les âges et dans toutes les conditions, qu’ils n’étaient point à l’étroit dans Son cœur.

Dieu ne voulut pas les établir sur le même pied qu’au commencement. « Il n’eût pas été moralement convenable de le faire, soit eu égard à la position dans laquelle le peuple se trouvait avec Dieu, soit à cause de la puissance qu’Il avait établie parmi les Gentils, soit enfin par rapport à l’instruction de Son peuple, dans tous les âges, relativement au gouvernement de Dieu ». Cette observation est fort juste. Les choses demeurent, pour ce qui est du gouvernement, comme la main de Dieu les avait placées. Le Gentil garde sa position de suprématie sur la terre, et la gloire ne retourne pas en Israël. Le trône de David ne se relève pas de la poussière, l’urim et le thummim ne sont point rendus, non plus que l’arche de l’alliance — mais l’Esprit n’abandonne point Son service. Il suscite des prophètes et les envoie pour faire l’œuvre de prophètes comme jadis, lorsque le trône de David se trouvait à Jérusalem, et que le temple et sa sacrificature étaient dans toute leur gloire et toute leur beauté.

Il y aurait du profit à observer la manière dont ces prophètes s’y prirent dans leur ministère pour ranimer les captifs de retour. Mais ce n’est pas ce que je fais ici. Cependant sous l’effet de leur parole, la maison est de nouveau l’objet de l’attention et de la sollicitude générales, le zèle du peuple se ranime, la foi est de nouveau vivante, et partout se déploie l’activité du service ; et pendant quatre années environ, depuis la seconde année de Darius où Aggée et Zacharie commencèrent de prophétiser, jusqu’à la sixième où la maison fut achevée, on travaille avec une ardeur toujours nouvelle.

La dédicace de la maison a lieu alors, et on y trouve un beau témoignage de l’état moral de ce résidu. Ce qu’il peut faire n’est que peu de chose — bien peu, certes — mais il le fait. Salomon, à la dédicace de la première maison, avait offert un sacrifice de vingt-deux mille bœufs et cent vingt mille brebis, tandis que les captifs ne peuvent offrir que quelques centaines de veaux, de béliers et d’agneaux. Mais ils font ce qu’ils peuvent — et qui osera dire que la pite de cette autre veuve des premiers temps, n’était pas plus considérable que toutes les offrandes de leurs ancêtres plus riches ? Ils faisaient ce qui était en leur pouvoir sans rougir de leur pauvreté. « Je n’ai ni argent, ni or, mais ce que j’ai je te le donne ». Une faiblesse semblable a du prix, de tels sacrifices sont particulièrement agréables lorsque « dans une grande suite d’afflictions, l’abondance de la joie et la profonde pauvreté abondent dans les richesses de la libéralité ».

Et ensuite ils célèbrent leur pâque. Ils peuvent faire cela et ils le feront. Il leur est possible de faire la dédicace de la maison et de célébrer la fête, et ils veulent le faire. Les sacrificateurs et les Lévites sont également purifiés maintenant comme ils ne l’avaient pas été au temps du roi Ézéchias (2 Chron. 29, 34 et Esdr. 6, 20). En sorte que, nous pouvons bien le dire, quoiqu’on puisse remarquer ici un défaut absolu de toute manifestation de gloire comme celle qui brilla aux jours de Salomon, on y respire à un plus haut degré le charme de la grâce et de la puissance morale, précisément comme le contraste déjà signalé entre l’exode de Babylone, qui avait eu lieu environ vingt ans auparavant, et l’exode d’Égypte. Dans le deuxième exode d’Israël et dans la seconde dédicace se font remarquer des traits de beauté personnelle qui n’avaient pas apparu dans la même mesure aux jours bien plus brillants de l’Égypte et de Salomon.

Esdras 7-10

En arrivant à ces chapitres nous avons franchi un espace de soixante ans environ, et nous nous trouvons dans la compagnie d’une nouvelle génération de captifs, et nous allons assister à un second exode de Babylone. Cette portion du livre nous présente l’histoire d’Esdras lui-même. Elle se compose de deux parties : son voyage depuis Babylone (chap. 7 ; 8) ; son œuvre à Jérusalem (chap. 9 ; 10).

Dans l’une et dans l’autre, nous le trouvons éminemment un homme de Dieu. Les circonstances dans lesquelles on le voit sont tout à fait ordinaires : l’action ne se distingue par aucun miracle, et aucun déploiement de gloire ou de puissance ne l’accompagne ; nous ne rencontrons pas non plus l’inspiration qui, dans le dernier réveil, remplissait les prophètes Aggée et Zacharie, ainsi que nous l’avons vu dans les chapitres 5 et 6. Tout est ordinaire : les ressources d’Esdras sont uniquement ce que les nôtres sont aujourd’hui — la Parole et la présence de Dieu. Mais il en fit usage constamment, et bon et fidèle usage. Avant de commencer à agir, il disposa son cœur à rechercher l’Éternel, et il profita dans l’étude et la méditation de Ses statuts à un point que nous pouvons tous remarquer. Dès le premier moment, nous le voyons en grande communion avec le Seigneur et dans Son secret, et il en est ainsi dans tout le cours de son activité jusqu’à son terme. Il ne cessera pas de poursuivre l’application de la Parole de Dieu à travers toutes les difficultés et tous les obstacles.

Il ramène de Babylone à Jérusalem un résidu relativement petit ; mais il manifeste et développe un esprit de foi et d’obéissance dans une mesure remarquable.

Au début du voyage, il a soin de sauvegarder la pureté des choses saintes. C’est dans le même esprit qu’avait agi le sacrificateur Jehoïada lorsqu’il ramenait Joas au trône ; il ne voulut point sacrifier la pureté de la maison de Dieu à aucune nécessité des temps (2 Chron. 23). Ainsi, maintenant, en ramenant son résidu à Jérusalem, Esdras ne veut pas sacrifier la sainteté des vaisseaux de la maison à un obstacle ou à une difficulté quelconque de son temps ; il attendra que des Lévites arrivent pour les porter, quoiqu’il puisse en résulter pour lui un retard de douze jours sur les bords de la rivière d’Ahava. En tout cela, il est bien au-dessus du roi David. À un moment où il pouvait disposer des ressources d’un royaume, David ne garda pas le livre de Dieu ouvert devant lui, et plaça, avec précipitation, l’arche de Dieu sur un chariot neuf. Mais Esdras se comporte comme quelqu’un qui a toujours devant lui la Parole de Dieu ; et tout en étant animé du zèle de David, il prend garde à sa promptitude et à son inattention (1 Chron. 13).

Combien il y a de douceur à voir un saint ainsi placé dans des circonstances où tout respire la faiblesse, ne disposant que de ressources ordinaires, se comporter de cette manière devant Dieu dans l’accomplissement de son service et de ses devoirs !

De plus, Esdras est un homme qui ne fera pas un pas en arrière, comme nous le voyons ensuite. Il s’était glorifié du Dieu d’Israël auprès du roi de Perse, et il ne veut pas, en commençant un périlleux voyage, lui demander assistance, pour ne pas contredire par ses actes la confession de ses lèvres. Il obtiendra de Dieu, par un jeûne, la force qui lui est nécessaire, plutôt que du roi au moyen d’une demande.

Ce sont des bien beaux traits que tout ce que nous venons de voir de ce cher Israélite nous révèle dans son caractère. Il fit usage de la Parole de Dieu et de la présence de Dieu. Richement instruit comme scribe, il était fort avancé dans la secrète communion du Seigneur. Au-dedans, il était diligent à l’étude et à la méditation, mais au-dehors c’était un homme d’action, plein d’énergie et de dévouement. Il n’aurait pas voulu aller au-delà de sa conscience, ou sacrifier la Parole de Dieu à une difficulté ou à un obstacle quelconques — et si la confession qu’il avait faite dépassait pour un moment la mesure de sa foi et qu’il ne se trouvât pas tout à fait à la hauteur de la position qu’elle lui avait fait prendre, il s’attendra à Dieu pour que son cœur soit fortifié, et il ne se comportera pas timidement ou avec lâcheté de peur que sa confession n’en reçoive de l’opprobre.

Et cependant, toutes les circonstances au milieu desquelles il se trouvait, étaient d’une nature aussi ordinaire que celles où nous nous trouvons nous-mêmes. En ce temps il possédait, comme je l’ai dit, la Parole de Dieu et la présence de Dieu, et nous les avons aussi ; mais cela était tout — il n’avait pas même l’inspiration d’un Aggée ou d’un Zacharie pour l’encourager. C’était tout simplement la grâce de Dieu dans la puissance du Saint Esprit, appelant un saint à un nouveau service par la Parole.

Si nous avons été instruits, encouragés et avertis par d’autres portions de l’histoire du résidu retourné de la captivité, nous avons bien lieu de dire maintenant que celle-ci est bien propre à nous humilier. Dans la même condition qu’Esdras, avec quelle froideur et quelle faiblesse nos âmes entrent dans son esprit de service fervent et de secrète communion.

Le voyage s’accomplit, le second exode de Babylone est effectué, et Esdras et ses compagnons atteignent Jérusalem sans avoir éprouvé aucun dommage en chemin. La bonne main de leur Dieu était avec eux et s’était montrée suffisante sans assistance de la part du roi. Les trésors furent tous délivrés dans le temple, selon qu’ils avaient été pesés et comptés à la rivière d’Ahava. Aux jours de Noé, tout ce qui était entré dans l’arche, en sortit sain et sauf et en bon état. En quelque temps que ce soit, il ne tombe pas à terre un grain de semblables trésors, et ici tout ce qui avait quitté la Chaldée arrive à Jérusalem.

Le moment arrivé, Esdras a à considérer ce qui se passe autour de lui dans Jérusalem. Ses regards rencontrent des choses auxquelles il s’attendait peu et dont la vue est accablante. Le déclin s’était vite établi parmi les captifs, et la corruption avait prodigieusement travaillé. Quel spectacle pour le cœur d’un tel homme ! En lui nous retrouvons un nouvel et heureux exemple de ce pieux sentiment qui fait pleurer pour les péchés d’autrui — précieuse ressemblance avec Christ et, certainement qui, vue dans cet homme de Dieu, est bien propre en outre à en humilier plusieurs parmi nous.

Israël avait épousé de nouveau la fille d’un dieu étranger. La semence sainte s’était mêlée au peuple du pays. Le Juif avait contracté alliance avec le Gentil.

Pour maintenir un peu de pureté dans la marche d’une dispensation, il est indispensable que l’énergie vivifiante soit fréquemment à l’œuvre, et que, sous l’effet de cette puissance de vie, les âmes réalisent une nouvelle séparation pour Dieu et Sa vérité. Il en est ainsi maintenant avec Esdras à Jérusalem. Mais nous nous arrêterons ici un moment à considérer quelques principes divins. Lorsque le péché fut entré et que la créature et la création furent devenues souillées, l’Éternel Dieu dut établir un témoignage pour Lui-même, que désormais il y avait rupture entre Lui et ce qui avait l’œuvre de Ses mains et le représentant de Ses gloires. L’ordonnance de ce qui est net et de ce qui est souillé remplit ce service au commencement (Gen. 8, 20).

Dans le développement des voies de Dieu, nous trouvons deux autres de Ses opérations revêtues d’un caractère semblable. Je veux dire Ses jugements et Son appel. À l’époque du déluge, Il sépara la souillure de Lui et de Sa création par le jugement, en vue de faire de la terre la scène de Sa présence et de Son gouvernement dans le monde nouveau ou monde post-diluvien. Mais quand ce monde-là se fut souillé comme l’ancien monde, Il distingua entre ce qui est net et ce qui est souillé, en appelant Abraham pour Lui, pour qu’il Le connût et qu’il marchât avec Lui séparé du monde. Ce sont là des exemples de ce que Dieu a toujours fait depuis, de ce qu’Il fait encore et de ce qu’Il continuera de faire.

Au fond, la séparation d’avec le mal est le principe de la communion avec Dieu. Sans doute, la vérité, la connaissance de Dieu, la vie en Christ constituent le principe positif ou secret de la communion ; mais cela doit être accompagné de la séparation d’avec le mal. Car si nous nous trouvons avec le Dieu bienheureux Lui-même, il faut que ce soit dans des conditions convenables à Sa présence.

Esdras découvre bientôt que les captifs revenus ont dans la pratique oublié tout cela. Ils s’étaient mêlés avec les peuples du pays. Ils s’étaient plongés de nouveau dans ce mal dont l’appel de Dieu les avait séparés. Ils étaient souillés. Car c’est « par la vérité qu’a lieu la sanctification » ; c’est « par la parole » que se fait le lavage d’eau ; et si la sainteté n’est pas selon la Parole de Dieu, et selon la Parole de Dieu comme Il l’applique alors, dans la dispensation du moment, elle ne possède pas de qualité divine : il n’y a point en elle de nazaréat, de séparation pour Dieu. Les enfants de la captivité avaient pris et donné en mariage, avec les Gentils. Esdras se met à l’œuvre de la réformation, et il s’y met dans le même esprit dans lequel il s’était déclaré pour Dieu avant et pendant son voyage. C’est là ce que nous devons remarquer tout particulièrement dans Esdras. Il était personnellement le saint de Dieu, un homme séparé pour Dieu, aussi bien qu’un vaisseau doué et rempli. Ce caractère apparaît en Esdras plus qu’en aucun de ceux qui avaient servi avant lui parmi les captifs. C’était un vaisseau qui s’était véritablement purifié pour l’usage du maître ; et la réformation est accomplie à Jérusalem dans le même esprit et avec le même zèle dans lesquels s’était fait le voyage depuis Babylone ; aussi la bénédiction de Dieu repose-t-elle sur elle. Il n’y a point de miracle, point de manifestation de gloire, pas de puissante énergie annonçant une présence extraordinaire de Dieu ; on n’aperçoit rien qui sorte de la mesure commune, ou qui dépasse les ressources ordinaires ; et le service est accompli conformément à la Parole écrite, pour la gloire du Dieu d’Israël, et dans l’esprit de culte et de communion. C’est-à-dire que nous avons là tout simplement un exemple de ce que le service pourrait, et, comme nous pouvons l’ajouter, devrait être aujourd’hui parmi nous. Dans tout le cours de son service, Esdras ne prête jamais l’oreille à ce qui est expédient, il ne cède pas aux difficultés, ni ne se refuse à ce qui demande des soins et de la peine ; il maintient les principes et poursuit à travers tous les obstacles l’application de la Parole de Dieu.

Ma conviction profonde est que les saints de Dieu de notre époque peuvent tirer beaucoup de profit pour leur édification de l’histoire du résidu qui revint de la captivité, et qu’ils trouveront en abondance dans son étude de quoi les instruire, les encourager, les avertir et les humilier.