Écho du Témoignage:Notes sur l’épître aux Éphésiens/Partie 6
« C’est pour cela que je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ, duquel toute famille dans les cieux et sur la terre est nommée ; afin que, selon les richesses de Sa gloire, Il vous donne d’être fortifiés en puissance par Son Esprit dans l’homme intérieur » (v. 14-16). Ici nous sommes sur un terrain sensiblement différent, et je puis dire, un terrain plus élevé que celui du chapitre 1. C’est une des deux grandes relations dans lesquelles Dieu est placé envers Christ, et par conséquent envers nous. Car Dieu agit maintenant envers Christ, non seulement en vue de Sa personne, mais aussi en vue de Son œuvre. La conséquence en est que l’œuvre nous met efficacement, devant Dieu, dans la place qui appartient à Christ comme homme ; oui, à Christ comme homme ressuscité d’entre les morts et glorifié dans le ciel. Je me garde soigneusement de dire que nous sommes tout ce que Christ est, car cela ne serait pas vrai. Nous ne pouvons pas partager ce qui Lui appartient comme le Fils du Père, de toute éternité. Ce serait impossible ; la conception même d’une telle chose serait irrévérente. Nulle créature ne peut dépasser les bornes qui la séparent de Dieu ; et une créature renouvelée ne le désirerait même pas. Car en vérité, c’est la joie de la créature la plus élevée de rendre l’hommage le plus humble à Celui qui est au-dessus d’elle. C’est pourquoi je ne doute point que, dans le ciel, parmi les anges de Dieu, le plus élevé est celui qui montre la révérence la plus profonde. De même, dans les choses terrestres, c’est clairement le devoir de chacun de porter du respect au souverain ; mais celui qui a la place la plus rapprochée du souverain, a la plus fréquente occasion et la plus forte obligation de montrer ce que le souverain est à ses yeux. Il en est ainsi de nous maintenant dans les choses spirituelles.
Dans cette portion donc, nous avons le second des deux grands titres de Dieu en relation avec Christ et avec nous. Ce n’est pas ici, comme dans le chapitre 1, « le Dieu », mais « le Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Le Dieu de Christ présente davantage Christ comme l’homme glorieux, comme Il l’est, l’homme glorifié dans la présence de Dieu, le centre de tous les conseils de la puissance de Dieu, qui est dès maintenant élevé à la place la plus haute dans le ciel, et toutes choses sont assujetties sous Ses pieds — mais il est clair que Christ a ce qu’Il estime plus que tout ce qui est assujetti à Sa domination — l’amour de Son Père, et la satisfaction de Son Père en Lui. Nos cœurs mêmes sont capables de comprendre cela, et d’en jouir dans le Saint Esprit. Et même le temps arrive dans l’histoire de la plupart des hommes, même lorsque le monde les a regardés comme arrivés à un haut degré de grandeur et de bonheur, qu’ils trouvent un vide que rien ne peut satisfaire. Mais dans le cas de Christ, la gloire ne sera pas la plante prête à se faner que la main de l’homme l’a rendue. Nous savons que dans Ses mains elle sera également éclatante et sainte, parce que Dieu en sera entièrement l’objet ; et tout contribuera conséquemment à Sa louange ; comme il est dit, que tout genou se ploie… « et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père ». Mais alors aucune possession de l’univers, aucune expression du mal, ni jugements justes, ni le gouvernement béni de toute la création pour la gloire de Dieu, ne pourraient jamais satisfaire le cœur. Il y aura le sel de l’alliance éternelle de Dieu : le maintien continuel de la volonté et de la gloire de Dieu sera senti. Mais il y a quelque chose de plus doux que toute la puissance, quelque glorieuse qu’elle soit, et de quelque manière qu’elle soit administrée ; et c’est ce que nous avons ici. C’est l’amour du Père qui est au-dessus de tout. L’effet de la première prière est, que vous abaissez vos regards sur la scène immense qui est assujettie à Christ ; et Dieu veut que vous le fassiez. Mais l’effet de la seconde est plutôt que vous regardiez en haut, dans la jouissance de l’amour qui est le secret de la gloire ; la gloire étant l’effet et le fruit de l’amour, et ce qui prouve ce que l’amour a dû être pour avoir donné une telle gloire. Mais quelque bénie que soit la gloire, l’amour qui donne la gloire est encore meilleur et plus profond. C’est ainsi, quand notre Seigneur (dans Jean 17) prie pour les saints, quand Il dit : « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée », quel est Son but ? « Afin… que le monde connaisse que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ». C’est là le but de Sa demande. Tous sont consommés en un dans cette gloire ; mais le but de cette manifestation de gloire c’est afin que le monde connaisse combien le Père les a aimés. Ainsi la gloire qui est vue, quelque bénie qu’elle doive être, n’est pas ce qui couronne tout. L’amour existait avant qu’il y eût de la gloire. Et quoique je ne voudrais pas affirmer que l’amour existera après qu’il y aura eu gloire, néanmoins je dis que, ce qui produit, donne, et maintient la gloire, est meilleur que la gloire elle-même. De plus, il n’y a rien dans les pensées de Dieu de plus étonnant que ceci, que Dieu puisse aimer de telles créatures, que nous soyons aimés du même amour dont Il aime Son Fils. Et c’est en effet ainsi qu’Il nous aime ; je le sais pour moi-même, et je déshonore Sa Parole si je ne le sais pas. S’Il le dit, n’est-ce pas pour que je le croie, que je le reçoive dans mon cœur, et que j’en jouisse maintenant dans ce monde ? — pour que je m’en serve comme de mon bouclier constant contre tout ce que la chair, le monde et Satan peuvent insinuer contre moi ? Il nous aime comme Il L’a aimé. Ne dites pas que c’est là une pensée trop élevé. Je ne connais rien de si humiliant — rien qui nous convainque si fortement que nous ne sommes rien — que ce fait, qu’étant tellement aimés, nous le sentions si peu ; qu’étant tellement aimés, notre retour soit si faible ; qu’étant tellement aimés, nous cédions aux soucis, aux vanités, aux pensées, aux occupations, en un mot, à une chose quelconque, qui n’est pas selon un tel amour. C’est la satisfaction, et, si nous pouvons ainsi dire, le désir de Dieu, que ceux qui sont à Lui, entrent dans la grandeur de Son amour ; car nulle gloire, ni aucun sentiment de cette gloire, ni confiance en elle, ni l’attente de cette gloire, ne devrait même suffire pour des cœurs comme les nôtres. C’est une chose étonnante, de penser que nous devons partager la gloire de Christ ; mais il est encore plus étonnant que nous ayons le même amour. Le même Dieu qui nous donne la gloire de Christ, veut que nos âmes entrent même maintenant, par le Saint Esprit, dans la communion du même amour — et telle est la grande pensée centrale de cette prière. « C’est pour cela que je fléchis mes genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ ».
L’expression le Père de Christ indique cette relation qui manifeste l’amour, précisément comme le royaume de Christ se lie avec Sa gloire conférée ou humaine. Dans un cas, c’est ce qu’Il va faire pour nous. Si nous considérons ce que Dieu fit pour Adam, quel était Son dessein à l’égard de l’homme, que ne fera-t-Il pas pour le dernier Adam, savoir Christ ? Et tout ce qu’Il fait pour Lui, comme étant cet homme béni et glorieux, Il veut nous le faire partager. Mais plus que cela. L’amour que le Père de notre Seigneur Jésus Christ Lui porte, Il nous le porte aussi. Nous savons comment Il l’exprima lorsque Son Fils était ici-bas — dans quels moments frappants Il manifesta Son amour — combien Il prenait soin que l’homme ne pût s’imaginer qu’Il était indifférent à l’égard de Son Fils bien-aimé. Que la souffrance soit permise, ce n’est point une preuve qu’Il n’aime pas, mais c’est plutôt le contraire : cela prouve non seulement combien Il se fie à notre amour, mais combien aussi Il veut que nous nous fiions au sien, ayant cette confiance en Lui, que, en dépit de toutes les apparences, Il nous aime comme Il aime Son Fils. Nous pouvons être exposés à tout ce que Satan peut déployer contre nous ; mais nous sommes seulement dans la même scène que le Fils de Son amour a traversée avant nous. Mais quand les hommes auraient pu penser, à cause de ceci ou de cela, que Jésus n’était pas plus qu’aucun autre homme, voyez comment Dieu Le justifie. Ainsi, ce n’était pas seulement que Jean le baptiseur cherchait à empêcher le Seigneur Jésus d’être baptisé, comme s’il avait quelque chose à confesser — car ce baptême-là était une confession de péchés ; et pour cette raison même, Jean montrait son étonnement qu’il pût y avoir même l’apparence d’une confession de la part d’un être tel que Jésus. Mais Dieu avait des pensées plus profondes, et Il permet qu’il y ait ce que l’incrédulité peut tordre jusqu’à y trouver l’insinuation du mal, mais ce que la foi saisit, et ce qui nous fait adorer encore plus et Dieu et l’Agneau. Ce fut ainsi que le Père, lorsque Son Fils bien-aimé sortit du Jourdain où tous les autres confessaient leur iniquité — où Il accomplissait toute justice — où Lui, qui n’avait aucune iniquité à confesser, ne voulait pas être séparé de ceux qui faisaient ce qui était en rapport avec leur iniquité, qui reconnaissaient le Dieu dont les droits avaient été oubliés — lorsque, sympathisant avec le sentiment de sainteté qui les y conduisait, Il voulait y être avec eux ; ce fut alors que le Père déclara : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». C’était justement au moment convenable, et avec la sagesse la plus parfaite ; mais avec quel amour le Père prononça ces mots !… Celui qui Le servit comme Il n’avait jamais été servi auparavant — Celui qui Le glorifia comme Dieu n’avait jamais été glorifié sur cette terre — Celui qui acheva l’œuvre que Dieu Lui avait donnée à faire… était-il probable que Dieu manifestât quelque chose qui supposât qu’Il détournait en aucune façon Son cœur de Lui ? Mais pourtant, nous savons qu’au moment même où Il en avait le plus besoin, quand tout le reste était contre Lui, alors, pour couronner tout, Dieu L’abandonna. Si le péché devait être jugé, châtié pour toujours, il fallait qu’il fût jugé dans toute sa réalité. Il fallait qu’il n’y eût rien qui tendît à empêcher ou atténuer la colère de Dieu à l’égard du péché. Tout le jugement de Dieu tomba sur Lui. L’œuvre était accomplie ; le péché avait été ôté par le sacrifice de Lui-même.
Et maintenant, tout l’amour que le Père avait pour ce Sauveur béni, peut découler jusqu’à nous, à cause de cette œuvre. C’est là que l’apôtre nous place, introduits dans la position de fils avec le Père : et il fléchit les genoux devant « le Père de notre Seigneur Jésus Christ, duquel toute famille dans les cieux et sur la terre est nommée ». L’expression « toute famille », est souvent changée en « toute la famille », et mêlée avec les notions de bien des personnes à l’égard de l’Église, comme si une partie était regardée comme étant dans les cieux, et une partie sur la terre. Mais la vraie force est « toute famille ». Il n’y a pas d’allusion ici à l’unité de l’Église. Au contraire, il veut dire que, quand nous regardons au Père de notre Seigneur Jésus Christ, nous nous élevons assez haut pour embrasser toutes les classes des créatures que Dieu a faites. Supposons que vous considériez Dieu comme Il se faisait connaître anciennement ; c’était comme Jéhovah envers Israël. « Toute famille dans les cieux et sur la terre », est-elle comprise sous ce titre ? Pas une seule famille dans les cieux, et une famille seulement sur la terre. Sous ce titre de Jéhovah, il y a une relation spéciale dans laquelle Dieu se révèle aux Juifs. Il était leur Dieu dans un sens où Il n’était pas le Dieu d’aucun autre peuple. Comme Créateur, Il est le Dieu de tous : et ainsi, dans quelques parties de 1’Écriture, c’est le terme « Dieu », qui est employé, et non « Jéhovah », à cause de certaines voies de Dieu envers les Gentils. Mais lorsqu’il s’agit de l’ancien peuple de Dieu, Il emploie le terme Jéhovah. Il y a plus : dans le second livre des Psaumes, lorsque le Saint Esprit contemple le Juif pieux s’attachant à Dieu loin de Son temple, nous ne voyons pas que « Jéhovah » soit le mot saillant, mais « Dieu », car ils ne pouvaient jouir de ce qui est spécialement donné à Israël. Il ne cessera jamais d’être Dieu ; et ils y trouvent leur bénédiction — quoiqu’il arrive — Dieu ne peut se renier Lui-même. Ils sont en dehors de la place spéciale dans laquelle Il avait promis de les bénir ; mais Dieu était Dieu partout. De sorte que, s’ils étaient chassés hors de la terre sainte et ne pouvaient aller au temple pour adorer selon la loi, Dieu ne pouvait jamais cesser d’être Dieu. C’est le même principe de grâce, auquel Christ voulut abaisser la pauvre femme syrophénicienne : car il nous faut toujours en venir à notre vraie position ; et la même chose, en substance, se vérifie dans toute vraie conversion. Il me faut toujours être abaissé jusqu’à la vérité de ce que je suis, aussi bien que recevoir la vérité de ce que Dieu est : et alors il n’y a pas de limite à la bénédiction.
J’ai seulement fait allusion à ceci, en passant, pour expliquer par le contraste la phrase, « toute famille dans les cieux et sur la terre ». Lorsque Dieu se révélait dans une relation spéciale avec Israël, c’était comme Jéhovah. En Daniel, nous n’entendons pas parler de Jéhovah, mais du Dieu des cieux, évidemment par opposition à Dieu se révélant sur la terre à un peuple particulier auquel Il donna une terre et des privilèges particuliers, qu’aucune autre nation ne partageait avec eux. Ils s’en vont après de faux dieux : Il prend Sa place dans les cieux, et se prévaut de ce qui ne pouvait jamais être nié ; et comme « le Dieu des cieux », Il dit : Je choisirai maintenant ceux que je veux ; je prendrai le peuple qui est le pire dans le monde entier, et je lui donnerai l’empire de la terre. Ainsi Il choisit l’ennemi des Juifs — les Babyloniens. Si Dieu agit ainsi souverainement comme le Dieu des cieux, les plus vils peuvent posséder le pouvoir ici-bas. Mais « il y a un Dieu qui juge en la terre » ; et lorsque arrivera le jour pour démontrer cela, c’est au milieu de Son peuple qu’Il agira comme Jéhovah. Quand on envisage la chose de cette manière, Dieu n’a qu’une seule famille, qui est placée en vertu de Son alliance dans une relation avec Lui-même (Amos 3, 2). « Je vous ai connus, vous seuls, d’entre toutes les familles de la terre ». Mais ici nous avons le contraste. Il n’est pas révélé seulement comme Jéhovah, ayant Israël, Son peuple, sur la terre, mais comme « le Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Du moment qu’Il parle selon une relation telle que celle-ci, c’est expressément en association avec Celui qui a fait toutes choses, comme il est dit auparavant : « Qui a créé toutes choses par Jésus Christ ». En conséquence, toutes les créatures sont présentées et trouvent leur vraie place avec Lui comme le Père, parce que le Seigneur Jésus est Celui qui a créé toutes choses, et pour la gloire duquel tout fut créé. Ainsi, « toute famille dans les cieux et sur la terre », qu’il s’agisse de principautés et d’autorités, d’anges, de Juifs ou de Gentils, aussi bien que de l’Église de Dieu, toutes sont placées sous « le Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Le titre de Jéhovah est limité à une race particulière ; celui de Père de notre Seigneur Jésus Christ est un titre illimité dans sa portée, et embrasse toutes les classes d’êtres que Dieu a faites.
Cela donne à l’Église une position bien remarquable, nous séparant de tout ce qui est local ou temporaire. Nous pouvons, nous-mêmes, avoir la place la plus spéciale dans ce déploiement de la gloire divine, mais pourtant nous avons affaire à un Dieu et Père qui est proclamé comme la source suprême d’autres choses aussi. Nous pouvons être, et nous sommes, si nous comprenons la vocation de l’Église, près de Lui, dans une place que nul autre ne peut partager, dans une proximité dont nul ange ne jouit. J’entends par « nous », tous les membres de l’Église de Dieu. Nous avons, par la grâce, une place devant Dieu dans laquelle nul autre n’entre. Mais comme Il se révèle en connexion avec Christ comme le Père de notre Seigneur Jésus Christ, de même Il introduit d’autres classes d’êtres qu’Il a créés, dans le dessein de leur donner des bénédictions dans la mesure qui leur est convenable. Il a manifesté l’héritier et le centre de tous Ses desseins, et il n’y a pas une seule classe d’êtres qu’Il a faits pour Sa louange, qui ne soient mis dans leur propre place devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ. C’est en contraste avec la portion spéciale des Juifs, comme seuls possesseurs des privilèges que Dieu leur donna comme Jéhovah. Le Père est Jéhovah, et Jésus l’est aussi ; mais ce n’est pas ainsi que nous avons affaire à Lui ; et même ce n’est pas ce qui caractérise la manière dont nous nous adressons à Lui, si nous en avons l’intelligence. C’est devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ que l’apôtre ici fléchit les genoux. Et nous devrions avoir le sentiment que nous nous approchons de Lui dans toute la proximité qu’un tel titre implique. Il embrasse sous Son œil et dans Son cœur toute la création, comme ce qu’Il se propose de bénir avec Christ. Mais il y a ceux qui ont rejeté Christ ; et souvenez-vous que ce même amour de Dieu envers Christ, qui se propose de bénir la création par Christ, maintiendra Sa gloire contre ceux qui Le méprisent. C’est là une vérité solennelle. Il n’y a rien de plus intolérant quant au mal que l’amour, et l’évangile de Dieu présente, comme fond du tableau, la condamnation éternelle de toute âme qui méprise Jésus le Fils de Dieu. Il doit en être ainsi. Le même disciple à qui Dieu accorda le privilège de présenter l’amour comme nul autre ne le fit, est le même qui présente la mort éternelle de ceux qui refusent Son amour. Ainsi, la révélation de la ruine sans fin de ceux qui méprisent Christ, est liée de la manière la plus étroite possible avec l’amour qui présente la bénédiction éternelle de ceux qui s’attachent à Lui. C’est ainsi que nous voyons cette universalité introduite : « Duquel toute famille dans les cieux et sur la terre est nommée ».
Mais il y a, par la grâce, ceux qui auront ce qui est le plus spécial, ce qui est le plus près de Son cœur, au milieu de cette scène d’amour et de gloire. Pour eux, la prière est, « que selon les richesses de sa gloire, il vous donne d’être fortifiés en puissance par son Esprit dans l’homme intérieur ; de sorte que le Christ habite dans vos cœurs par la foi, [et que vous soyez] enracinés et fondés dans l’amour, afin que vous soyez capables de comprendre, avec tous les saints, quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur ! ». La prière, dans le chapitre 1, était en vue d’une intelligence profonde et vraie de leur position devant Dieu ; ici c’est plutôt en vue d’une puissance pratique et intérieure par le Saint Esprit. La première était, pour qu’ils puissent connaître mieux leur place en Christ, quant à la vocation de la grâce et l’héritage de la gloire. La seconde, que Christ eut Sa place dans leur cœur par la foi. En un mot, il est ici question d’un état actuel, des affections occupées de Christ au-dedans, d’être enracinés et fondés dans l’amour, afin qu’ils soient parfaitement capables (car il veut dire cela) de comprendre ce qui est en réalité sans mesure. L’apôtre ne dit pas à quoi la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur se rapportent ; il vous laisse là sans finir la sentence. Il vous conduit jusque dans l’infini. Je ne crois pas que cela veuille dire, la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l’amour de Christ. Le passage est souvent cité ainsi ; et plus souvent encore il est ainsi compris. Mais le « et » du verset suivant indique distinctement un autre sens : — « et de connaître l’amour du Christ, lequel surpasse toute connaissance ».
L’amour du Christ est évidemment une pensée additionnelle. Quel est donc le sens ? S’il n’y avait pas trop de hardiesse à remplir une esquisse que l’apôtre a ainsi laissée dans le vague, je pourrais hasarder la pensée que ce qu’il met ici devant nous, avec des marques si spéciales de grandeur indéfinie, c’est le mystère dont il venait de parler, et non pas assurément l’amour du Christ, qu’il ajoute aussitôt après. Il avait montré comment toute famille dans les cieux et sur la terre est rangée sous Celui qui est le Père de notre Seigneur Jésus Christ : en connexion avec cela, il prie qu’ils soient capables de comprendre avec tous les saints, « quelle est la largeur et la longueur, et la profondeur et la hauteur ». C’est en relation avec le conseil céleste de Dieu le Père, autrefois un secret, mais maintenant dévoilé. Toutes choses étaient pour la gloire de Son Fils — toute la création, céleste et terrestre ; et les saints auront la place la plus élevée avec Lui au-dessus de tout cela.
Mais il y avait encore quelque chose de plus profond que cela, et qui devait nécessairement être connu en même temps. C’est pourquoi il ajoute : « Et de connaître l’amour du Christ, lequel surpasse toute connaissance ; afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu ». Quelque glorieux que soit tout cet avenir, que peut-on comparer à Son amour ? Le meilleur vin est gardé jusqu’à la fin. « De connaître l’amour du Christ, lequel surpasse toute connaissance ». Il peut sembler un paradoxe de le dire, mais un paradoxe béni. Il ne veut pas dire que nous le connaîtrons jamais parfaitement. Mais ce qu’il peut y avoir, c’est la connaissance de plus en plus grande de ce qui surpasse toute connaissance. Il suppose que nous sommes lancés sur cette mer où il n’y a pas de rivage : nous ne pouvons jamais atteindre jusqu’à la fin de Son amour. Cependant il parle de « connaître l’amour de Christ, lequel surpasse toute connaissance » ; « afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu ». Vous ne pourriez pas plus arriver à la fin de l’amour, que vous ne pourriez arriver à la fin de Dieu Lui-même. Rien ne peut être plus merveilleux qu’un tel désir à notre égard, faibles créatures que nous sommes, « afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu ». Et cependant, c’est pour les saints maintenant, que l’apôtre a ainsi prié ; ce n’est pas afin que nous puissions savoir que nous sommes le corps de Christ, « la plénitude de celui qui remplit tout en tous », mais pratiquement une pleine entrée par la puissance de l’Esprit, dans la plénitude de Dieu. C’est la condition du cœur, et le vrai progrès dans la communion avec Dieu, qui sont ici devant nous ; et cela se présente de la manière la mieux appropriée, après qu’il a été question de la position, et avant les exhortations quant à la marche et quant à la conduite.
Ainsi encore : « Or à celui qui, selon la puissance qui opère en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons » ; il ne dit pas plus que nous pouvons demander et penser. Le Saint Esprit a particulièrement soin de ne pas le dire. Il y a quelque différence à remarquer entre ce que nous demandons et pensons, et ce que nous pouvons demander et penser. Il n’y a pas de limite à ce que nous pouvons demander, sinon que Dieu est au-dessus de tout ce qui peut Lui être demandé ; cependant Il aime à nous entendre demander toujours plus. Il voudrait nous habituer à demander plus abondamment.
Ainsi il y a une dépendance à l’égard de Dieu, « selon la puissance qui opère en nous ». De qui cette puissance est-elle ? Celle de Dieu, qui Lui-même demeure en chaque chrétien. C’est Dieu Lui-même qui fait maintenant que tout saint, tout chrétien devient Son temple. Ainsi quelque faible et pauvre que soit le croyant, envisagé comme il est, cependant quel est l’état dans lequel Dieu ne puisse pas l’amener ? Il est le temple de Dieu. Dieu sera toujours au-dessus de lui, élevé au-dessus de tout ce que l’homme, quel qu’il soit, peut attendre, à l’égard de Son amour ; mais il est tenu compte de ceci, savoir, qu’il y a une puissance qui opère en nous maintenant, aussi bien qu’une puissance qui a opéré pour nous, puissance à laquelle nous ne pouvons mettre aucune limite. Quant à la puissance qui a opéré pour nous, nous la trouvons dans le chapitre 1. C’est la puissance qui ressuscita Christ d’entre les morts. Oui, c’est la même puissance qui a opéré à notre égard, qui nous a ressuscités de notre état de mort, et qui ressuscita Christ d’entre les morts. Mais maintenant il va plus loin, et il signale la puissance qui opère en nous pour nous donner entrée dans Son amour et dans la plénitude de Dieu. Nous souvenons-nous que c’est précisément la chose dans laquelle nous manquons le plus ? Car il y a bien des âmes qui prouvent constamment, combien elles pensent peu à cette puissance ; combien elles sont sujettes à murmurer et à être éprouvées par les choses mêmes pour lesquelles, si elles avaient seulement eu le sentiment de Son amour, elles Le béniraient. « Or à celui qui selon la puissance qui opère en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons, à lui soit gloire dans l’assemblée, dans [le] Christ Jésus, pour tous les âges du siècle des siècles ! Amen ! ». Sous quel aspect spécial l’Église paraît ici ! Il donne à entendre qu’il n’y aura jamais aucun temps où l’Église n’aura pas sa place particulière. Mais il n’est pas seulement vrai, que les saints devraient avoir une introduction merveilleuse dans l’amour de Christ et la plénitude de Dieu, par Sa puissance qui opère maintenant en nous : mais il paraît aussi, qu’il n’y aura jamais aucun temps, dans tous les siècles à venir, où il n’y aura pas un caractère de relation unique et bénie, entre l’Église comme Église, et Dieu Lui-même — « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Et cela est confirmé par la belle scène dans Apocalypse 21, où nous n’avons plus ni nations, ni rois, mais Dieu avec les hommes. Il n’y est pas simplement dit : « Voici, Dieu est venu habiter avec les hommes », mais Son habitation. Ce n’est pas seulement que Dieu daignera alors demeurer avec les hommes, mais : « l’habitation de Dieu est avec les hommes ». Il semble que c’est exactement la même chose que ce qui est ici appelé l’Église. Dieu habitant dans l’Église, prendra Sa place avec les hommes ; de sorte que l’habitation particulière de Dieu dans l’Église continuera, même quand la scène sera éternelle. Ainsi, lorsque les cieux et la terre s’en seront allés, après le grand trône blanc, et lorsque tous les saints seront dans leurs corps ressuscités, alors non seulement Dieu sera en face des hommes, mais « l’habitation de Dieu » descendra pour être avec les hommes — Dieu demeurant avec eux dans Sa propre habitation, laquelle ne peut guère être autre chose que ce qui est ici appelé l’Église. De sorte que l’Église, même dans l’éternité, quand tous les ennemis et toutes les choses seront assujettis, jouira du doux et merveilleux privilège d’être l’habitation ou la demeure de Dieu. Quelles gens devrions-nous donc être en sainte conduite et piété !
Ainsi il y a dépendance à l’égard de Dieu, mais il s’agit de Celui qui peut nous bénir d’une manière illimitée, « selon la puissance qui opère en nous ».