Écho du Témoignage:Réflexions pratiques sur les Psaumes/Partie 9
Psaumes 44-48
Psaume 44. Le second livre des Psaumes présente à coup sûr un développement d’exercices moraux plus complet, plus profond que le premier livre. L’âme a à faire à Dieu. Mais l’application de ces psaumes au christianisme n’en est pas plus facile, par la raison simple que ce livre ne s’occupe pas des exercices produits par la relation avec Dieu lorsqu’on est sous le poids de l’épreuve, mais d’exercices de l’âme avec Dieu après qu’elle a perdu la jouissance de sa relation. Pour appliquer au chrétien le contenu du premier livre, il suffisait de saisir la différence entre la relation de Jéhovah et celle de Père. Mais la relation du chrétien avec Dieu étant fondée sur la destruction de tout ce qui est dans la chair, quiconque a cette relation, a, par cela même, dépassé la position exprimée dans le second livre des Psaumes. L’état du chrétien et les exercices qui s’y rapportent, sont célestes. En revanche, la relation d’une âme exercée avec Dieu est mise en relief dans ce psaume. Les fidèles reconnaissent que c’est par la grâce seule et la puissance divine qu’ils ont joui des bénédictions, des signes de la faveur de Dieu, dont ils sont privés. Le gouvernement direct de Dieu est reconnu : « C’est toi qui es mon roi, ô Dieu ! ». Ce langage d’Israël est toujours vrai, quoique l’autorité de Dieu, sans être moins absolue, soit infiniment plus douce pour nous ; Il est notre Seigneur par la rédemption. Nous ne renions pas le Seigneur qui nous a rachetés. Telle est aussi la confiance des fidèles dans ce psaume : ils se vantent de Jéhovah et célèbrent sans cesse Son nom. Quoique délaissés et opprimés par leurs ennemis, ils tiennent bon, n’oublient pas Dieu et restent fidèles à l’alliance.
Deux grands principes sont en jeu ici : rester fidèle à la volonté et à l’autorité de Dieu, quelle que soit la détresse, et ne pas chercher d’autre secours que Dieu Lui-même, quoiqu’Il ait l’air d’avoir abandonné les siens. L’intégrité et la foi personnelle sont ainsi mises à l’épreuve ; or c’est là ce dont l’âme a besoin pour pouvoir être ramenée dans la jouissance et la joie des bénédictions positives. Le fait que Dieu sonde ainsi Son peuple, est d’une haute importance ; aujourd’hui, Il l’éprouve spirituellement avant de lui accorder la paix. L’épreuve produit cette confiance absolue en Dieu qui caractérise le second livre des Psaumes ; elle montre aussi que le cœur préfère la droiture avec Dieu à toute espèce d’aise ou de confort ; car, même s’ils n’en ont rien, les fidèles tiennent à Dieu pour Lui-même, Il est Lui-même moralement l’objet de leur désir, et Il l’est aussi dans Ses droits sur eux. Par conséquent, le cœur ne peut se tourner vers autre chose, parce que ce ne serait pas vers Dieu, ni chercher de secours qui le délivrerait des voies de Dieu. Cette réflexion nous conduit à un autre point contenu dans ce psaume : les épreuves qui accompagnent cet abandon apparent de Dieu, sont attribuées à Sa main : « Tu nous as repoussés, tu nous couvres d’ignominie… tu nous livres comme la brebis qu’on mange, etc. ».
Outre l’application individuelle, je voudrais faire encore une observation qui se rattache ici. Lorsque, dans l’exercice de Son gouvernement, Dieu livre Son peuple à la puissance du mal, et qu’Il permet que celle-ci ait le dessus, c’est là une épreuve immense, non pas seulement à cause de l’affliction en elle-même, mais parce que le nom de Dieu est déshonoré. Quoique l’ennemi triomphe, le gouvernement de Dieu est évident. Nous voyons, dans ce psaume, les réflexions de l’âme juste au milieu de ces circonstances douloureuses ; quoique écrasée et couverte de l’ombre de la mort, elle n’avait pas oublié Dieu, ni forfait à Son alliance ; au contraire, malgré que ses souffrances pussent être nécessaires, selon le gouvernement public de Dieu par rapport à la profession de Son nom et afin de séparer les fidèles qui peuvent se trouver au milieu de ceux qui font profession d’être Son peuple, malgré cela, dis-je, ces fidèles eux-mêmes souffraient réellement pour le nom de Dieu. Je crois qu’il faut distinguer entre le nom de Dieu et le nom de Jéhovah ; c’est clair que Dieu était Jéhovah, comme Il est pour nous le Père, mais il s’agit ici de ce que Dieu est comme tel. Non seulement il y avait de la fidélité à ne point renier le nom révélé, mais encore les souffrances avaient lieu pour ce que Dieu est ; on ne se tournait pas, dans son cœur, vers les idoles, on préférait souffrir tout au monde plutôt que renier le vrai Dieu. Les fidèles agissaient ainsi pour l’amour de Lui, pour ce qu’Il était quand les bénédictions faisaient défaut, parce que le Dieu qui était en alliance avec Son peuple était le vrai Dieu. Ils ne voulaient pas être éprouvés seulement pour les bénédictions de l’alliance, mais pour l’attachement de leur cœur à ce que Dieu était dans Sa nature. En principe, il en est de même quant à nous. C’est de la joie, parce que l’amour de l’intégrité, la participation à la nature divine, par laquelle nous nous réjouissons en ce qui est bien, en ce qui est de Dieu, donne la conscience d’elle-même, c’est-à-dire la joie propre à cette nature en tant qu’elle se réjouit de ce qui est juste et bien. Ce n’est pas de la propre justice, mais la joie de la nature divine dans ce qui est juste, joie consciente, joie vraiment divine quant à sa nature. Seulement, pour ce qui nous concerne, il faut que cette joie ait un objet, Dieu Lui-même ; nous le prouvons en souffrant pour Lui. Ainsi, il est dit ici, puisque les ennemis haïssaient Dieu : « pour l’amour de toi nous sommes mis à mort chaque jour, nous sommes estimés comme des brebis de boucherie ». Pour que l’épreuve soit complète et que les souffrances soient réellement à cause de Dieu, il faut que les bénédictions manquent qui appartiennent à Sa puissance. Les fidèles sont donc abandonnés, pour un temps, à l’oppression de l’ennemi ; cela sonde leur cœur et fait aussi qu’ils souffrent pour ce que Dieu est. Puis Sa réponse à leurs cris arrive tôt ou tard, car Il ne peut pas laisser au pouvoir du mal ce qui correspond à Sa nature, l’intégrité envers Lui. C’est là une règle générale ; Dieu délivre conformément à Son alliance, quoique notre joie puisse être dans un autre monde. Par rapport à la terre, le cri des fidèles amène le Messie
Je crois voir un progrès dans le psaume 44, comparé aux deux psaumes précédents. Ceux-ci représentent le fidèle délaissé, il recherche la lumière de la face de Dieu, et tout est en ordre. Le dernier nous montre le fidèle se tenant, dans l’intégrité de son cœur, à Dieu, en dépit de tout. Les trois psaumes présentent la même chose, en principe, mais le 44 d’une manière plus absolue. Or c’est précisément cet attachement à Dieu même qu’il faut apprendre ; le cœur est éprouvé jusqu’au bout.
Le psaume 45 célèbre le Messie roi. Lorsque Christ est devant l’âme, Il la vivifie, Il la réveille. Ici, comme roi victorieux, Il apparaît plutôt dans Son triomphe terrestre, que sous l’aspect sous lequel le chrétien l’envisage. La puissance du mal sera alors terrassée et le cœur s’en réjouira. Maintenant, la joie est plus profonde, plus divine.
Collectivement, nous attendons l’époux, individuellement le Sauveur qui n’a pas honte de nous appeler frères. En pensant à Lui comme à un être divin, nous sentons la profondeur de cette œuvre divine, insondable, dans laquelle Dieu a rencontré le péché et l’a aboli pour nous ; nous réfléchissons à la gloire dans laquelle Christ est entré, et dont Il est digne tant par Sa personne que par Son œuvre. Toutefois, nous pouvons comprendre la joie triomphante des Juifs délivrés, ou du moins celle que produit l’anticipation de la délivrance par le moyen du Messie. Mais à côté de cette joie juive, le psaume 45 contient un principe d’une grande importance : il est dit à la fille d’oublier son peuple et la maison de son père et que le roi tournera ses désirs vers elle ; au lieu d’être bénie en ses pères, elle sera bénie en ses fils. L’association avec Christ brise les anciens liens naturels et en forme de tout nouveaux. Ce principe est évidemment général et absolu ; le verset 11 est décisif : « et le roi tournera ses désirs vers ta beauté ! ». Quant au chrétien, il faut donc qu’il brise les liens de toutes les choses auxquelles la nature est attachée, afin de pouvoir marcher de manière à faire les délices du Seigneur. Les doctrines qui forment la base de ce principe ne sont pas exposées ici, cela ne regarde pas les Psaumes. Il s’agit ici de l’état de l’âme ; elle doit oublier toutes les choses auxquelles elle est attachée par nature, et c’est l’arrivée de Christ qui rend cela nécessaire. Christ Lui-même en a fini avec le monde par la mort, et Il est entré par la résurrection dans un monde nouveau. Son droit est absolu, en contraste avec tous les autres. La nature n’a point de liaison avec les bénédictions qu’Il apporte, c’est un ordre de choses tout différent. Christ fonde des relations nouvelles dont Il est le centre et sur lesquelles Il a des droits divins ; on y entre par la rédemption qui délivre des anciennes. Il faut que Christ possède le cœur tout entier, Lui qui, en se donnant pour nous et en nous, nous a introduits dans une toute nouvelle relation avec Lui. Lui seul peut prétendre à notre cœur ; accepter d’autres prétendants, c’est abandonner notre nature et notre place, c’est retourner aux choses anciennes. Être à Lui, voilà notre existence, exprimée par ces mots : « Christ est tout ». Nous renions cette vérité si nous acceptons d’autres droits sur nous que ceux de Christ. Ceci peut se dire de la religion comme d’autre chose. Lors du règne de Christ, il faudra que le Juif cesse de se glorifier dans ses pères pour se glorifier en Lui. Quant à nous, quelque religion légale ou charnelle que nous ayons eue, il faut l’abandonner, car les choses anciennes sont passées, tout ce qui était gain est devenu perte ; Christ et l’avenir qu’Il donne sont notre tout. Christ peut nous imposer des devoirs en rapport avec des relations terrestres ; mais quiconque regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. Auparavant rien de stable ; Christ est la joie, le bonheur, en puissance et pour toujours. On trouvera cette vérité pleinement établie comme doctrine et comme expérience en 2 Corinthiens 5 : « En sorte que pour nous, nous ne connaissons désormais personne selon la chair, et si même nous avons connu Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Si donc quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création ; les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles ».
Le psaume 46 contient une vérité simple, mais solennelle et importante pour les chrétiens lorsqu’au milieu des souffrances de ce monde, ils sont portés à chercher du secours dans leurs propres efforts. « Soyez tranquilles et apprenez que c’est moi qui suis Dieu ». Voilà l’exhortation ; l’encouragement précède : « Dieu est pour nous le refuge et la force ; dans les détresses on trouve en Lui tout secours ». Si tel est le caractère de Dieu, « nous n’avons point à craindre quand la terre se bouleverserait et que les montagnes seraient ébranlées au cœur de la mer ». Mais il faut attendre qu’Il intervienne et c’est là l’épreuve de la foi, soit comme exercice de patience, soit en résistant à l’envie de se délivrer par des efforts humains. La vérité que nous trouvons dans ce psaume est un encouragement précieux et béni qu’aucune adversité ne saurait diminuer, puisque l’adversité vient des hommes et que Dieu reste Dieu ; mais, pour cela, il ne faut chercher refuge qu’auprès de Lui, il faut que la confiance soit complète, le cas même prévu où tout serait contre nous.
Remarquez que c’est Dieu comme tel qui est notre refuge et notre force. Il n’est pas dit : « l’Éternel », sauf aux versets 7, 8, 11, lorsqu’il est question de l’alliance. Il s’agit de Dieu dans Sa nature, en contraste avec l’homme et en général avec toute puissance quelconque ; car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? La foi saisit cette vérité. Il est un refuge où nous trouvons notre abri et Il est la force, de sorte qu’aucune puissance adverse ne peut réussir contre nous. Que l’angoisse soit à son comble, Il est notre secours, notre garantie infaillible ; mais ce secours n’est pas toujours matériel, apparent. L’essentiel, c’est de regarder à Dieu, et le fait que nous sommes abandonnés à Lui, que nous n’avons pas d’autre ressource que Lui, a pour conséquence d’annuler à nos yeux le pouvoir du mal, puisqu’il ne peut absolument rien contre Dieu. Le roi d’Assyrie demandait à Ézéchias sur qui il se confiait. S’il s’agissait d’autre secours, nous pourrions les comparer ensemble, en peser la valeur ; pour celui-ci, il ne faut que la foi. « Vous croyez en Dieu ». Contre un tel secours, toute force est faiblesse ; mais il faut l’attendre ; les efforts humains l’excluent, car alors on cherche une autre ressource qui n’est pas la foi. Dieu peut nous demander d’agir, alors la foi le fait avec confiance ; mais ce n’est jamais selon les voies humaines.
Quand l’affaire est entre les mains de Dieu, dès qu’il ne s’agit point d’un devoir, notre rôle est d’être tranquilles et nous apprendrons bientôt qu’Il est Dieu. Les efforts de l’homme gâtent tout, ses plans humains ne sauraient réussir. Dieu interviendra à Sa manière et à Son heure. Il existe certes des devoirs à accomplir ; en avez-vous, vous ne devez pas vous y soustraire ; mais dans le cas contraire et si vous êtes dans l’adversité, votre rôle est d’attendre ; ou bien vous manquez de foi ; tout effort, toute tentative de votre part ne serait qu’un effet de la chair.
Nous avons vu ailleurs que l’intégrité est nécessaire pour se confier en Dieu, parce que c’est en la sainte nature de Dieu qu’on se confie. Cette confiance absolue est requise lorsque la puissance du mal est excessive ; le sentier du saint se caractérise par le support jusqu’au moment de la délivrance. Mais ici il y a une autre pensée. Dieu, haut élevé sur la terre, a une demeure où les rivières de Sa grâce rafraîchissent ; cette demeure, alors Sion et le temple, la cité de Dieu, est maintenant l’Église. C’est dans cette demeure que coulent les fleuves rafraîchissants, Il la préservera (l’Église d’une manière encore meilleure que Sion, la cité de Ses solennités), et c’est là qu’Il entre dans le caractère réel de Sa propre relation. C’est là qu’Il donne la paix, ayant détruit toute la puissance de l’ennemi. Alors quiconque aura attendu apprendra que c’est Lui qui est Dieu ; nous l’apprendrons au milieu de scènes encore plus saintes et plus radieuses.
Psaume 47. — J’ai peu de choses à dire sur ce psaume. C’est le chant de triomphe du peuple de Dieu quand la délivrance arrivera. Il est utile d’observer comment le gouvernement du monde est en rapport étroit avec Israël. L’Éternel, le Très-haut, est grand roi sur toute la terre. Peuples et nations sont soumis à Israël, Dieu choisit l’héritage pour le résidu de Son peuple, Jacob, lequel Il aime. Tout cela aboutit à la louange de Dieu, et fait éclater les acclamations de Son peuple. Quelles que soient les bénédictions et la gloire du peuple de Dieu, sa joie principale est dans la gloire de Dieu Lui-même. D’abord Sa puissance est célébrée et les peuples alors en relation avec Israël sont appelés à chanter des hymnes de triomphe, parce que cette puissance est aussi leur délivrance et leur bénédiction ; Israël sait cela et l’annonce. Là ce peuple trouve enfin sa place ; il en résulte que Dieu domine dans sa pensée. C’est ce qui arrive toujours quand l’âme connaît réellement la bénédiction ; elle se tourne vers Celui qui bénit, non seulement au moyen d’actions de grâce, mais en célébrant tout ce qu’elle connaît de Dieu par Ses bénédictions. Sa propre gloire est la joie de Son peuple, car l’âme ne Le connaît pas simplement dans Ses bénédictions, mais aussi dans Sa gloire qui éclate par leur moyen. Ainsi les versets 5-8 célèbrent ce que Dieu est, manifesté et connu de cette manière. De même en Romains 5, 11, non seulement le salut est constaté, mais il est dit : « Nous nous glorifions en Dieu par lequel nous avons reçu la réconciliation ».
Les louanges doivent être faites avec intelligence. Un point que nous négligeons, c’est de vivre et de louer Dieu conformément aux rapports de Dieu avec nous. Il est notre Père, Christ, notre Seigneur. Là, dans le royaume (v. 8), Il siège sur le trône de Sa sainteté et règne sur les nations. Les princes des nations se réunissent à un peuple particulier, celui de la promesse, le peuple du Dieu d’Abraham. Les boucliers de la terre sont à Dieu. Il est souverainement élevé : telle doit être la pensée prédominante qui remplisse le cœur du saint.
J’ajoute, en terminant, que cette fin du psaume annonce le règne de Dieu à son point de vue le plus général, l’exaltation divine y étant mise en rapport avec Israël qui la célèbre. Le psaume suivant contient des détails locaux et les jugements par lesquels le trône de Dieu est établi en Sion.