Écho du Témoignage:Remarques sur Ésaïe/Partie 7
Chapitre 32. — L’œuvre entière une fois terminée à Jérusalem, le Seigneur nous apparaît dans Son règne, car c’est Lui et nul autre que représente le personnage dont il est ici parlé. « Puis, voici, un roi régnera selon la justice », etc. C’est ici un état de choses totalement différent de ce qui se passe au temps actuel, car c’est la grâce qui présentement règne par la justice en vie éternelle, et non point, si je puis ainsi parler, la justice par la gloire dans le gouvernement du monde. Au jour que ce chapitre envisage, le Seigneur Jésus prendra justement en main le sceptre de la terre, et principalement du pays d’Israël. Toutes les nations seront indirectement placées sous Son règne, car il y aura un seul roi sur toute la terre, non par la mise de côté des autres rois, comme nous le savons, mais par le maintien d’un gouvernement central suprême. Les autres rois seront obligés de se soumettre à l’autorité du Seigneur, laquelle subsistera sans interruption durant toute la période milléniale. C’est pour cela qu’elle est appelée « le royaume éternel », car il ne sera pas transmis à un autre et durera aussi longtemps que la terre. À la fin des mille ans, il sera prouvé d’une manière terrible que la condition de l’homme n’a pas changé dans son essence ; car les nations se rassembleront alors contre « la cité bien-aimée », la Jérusalem terrestre, et environneront le camp des saints. Ceci sera permis afin de prouver cette vérité solennelle que la gloire n’améliore pas plus le cœur que la patience et la longanimité actuelles de Dieu. Lorsque les jugements de Dieu contre les mauvaises œuvres ne sont pas exécutés, les cœurs des hommes s’endurcissent dans la méchanceté ; quand ils frappent la terre, le monde apprend la justice, mais hélas ! la leçon est vite oubliée.
Le Seigneur régnera en justice, et Il exercera un empire bienfaisant jusqu’à la fin ; mais il sera démontré une fois de plus que le cœur n’est pas plus changé par ce moyen-là que sous l’influence de l’évangile aujourd’hui, à moins qu’il n’ait été reçu dans la conscience par la puissance du Saint Esprit. La possession d’une nouvelle nature est nécessaire. Il faut que l’homme soit né de nouveau pour voir le royaume de Dieu ou pour y entrer. Il sera alors évident que la nouvelle naissance est requise non seulement pour avoir part à l’héritage céleste, mais aussi pour les choses terrestres de ce royaume (Jean 3). C’est en rapport avec la partie terrestre qu’il est question d’un roi régnant selon la justice. Le chapitre 20 de l’Apocalypse montre combien ce déploiement de gloire est totalement impuissant à rendre tant soit peu meilleur le cœur de l’homme. À un point de vue plus élevé, loin de demeurer sans effet, il y aura pendant ce temps une manifestation surprenante de ce qui amènera à louer Dieu, et c’est à cela qu’il est fait allusion ici. Et quelle preuve de l’égoïsme de nos cœurs que nous ne pensions pas davantage à ce temps béni qui vient ! Ce qui ne vient pas pourtant de ce que l’on n’y croit pas. Mais que Dieu nous donne de penser encore plus non seulement à un monde mis en liberté, mais à ce que c’est de voir Christ là où Il est dans la bénédiction céleste. C’est de l’aveuglement aussi. Car, pour l’amour, qu’y a-t-il qui soit autant notre portion que ce qui est à Lui ? Nous sommes en outre trop enclins à faire peu de cas de la délivrance de la création, qui est maintenant en travail, pendant les mille ans, et cela parce que nous nous identifions si peu avec les intérêts de Christ. Tout ce qui Le glorifie devrait nous être extrêmement cher. De plus, nous serons en relation avec la terre, quoique notre chez-nous doive être le ciel. Nous régnerons avec Christ sur elle. Dieu fera des saints ressuscités les intermédiaires de Sa gloire, et les canaux féconds de Sa bonté en ce jour glorieux. Ceci ne montre-t-il pas le fol égoïsme de nos cœurs, que nous soyons si peu remplis des pensées et des sentiments qui conviennent à de telles perspectives ? Il nous est abondamment révélé qu’il y a une espérance infiniment plus douce, à savoir que nous serons avec Christ Lui-même dans la maison du Père. Voir Sa gloire là est de beaucoup plus précieux qu’aucun héritage auquel nous pussions avoir part. Mais si nous regardons autour de nous et que nous considérions tous les péchés, toutes les misères, toutes les souffrances, toutes les afflictions d’un monde éloigné de Dieu, quelle joie ne trouvons-nous pas dans cette vérité que le jour est près où il nous sera donné de dire même des Juifs encore incrédules : « Leurs iniquités sont pardonnées, et leur péché est couvert ». Dieu ne sera-t-Il pas magnifié ? Un résidu d’Israël ne suffit pas : tous seront sauvés. Enfin les miracles de Christ sont appelés les puissances du siècle à venir parce qu’ils étaient une manifestation de l’énergie divine dans l’homme, énergie dont l’exercice a pu être suspendu, mais qui ne lui sera jamais enlevée. Mais elle est toujours en Christ, quoique l’Église puisse ne pas savoir comment compter sur Lui pour l’exercer, ou comment l’appliquer à une création dans le besoin. Mais nous devrions savoir qu’elle se trouve en Christ, pour qu’on la tire de Lui par la foi, et que Dieu nous a punis de notre basse condition chrétienne en retirant la manifestation de ces ornements extérieurs, dont Il nous avait doués. Il est bon cependant de se rappeler qu’elles existent toujours en Christ, et qu’Il vient, et que la fin de la présente économie verra s’exercer le glorieux pouvoir de cet homme exalté, l’Église aussi étant unie à Lui et toute bénédiction ayant libre cours à l’exclusion de tout mal. Voilà ce que décrit à l’avance le chapitre qui nous occupe.
Aussi longtemps que Dieu ne réprime pas le mal, la grâce règne, et actuellement, c’est la grâce seule qui peut délivrer. Mais quand le pouvoir du mal sera frappé (et le Seigneur le frappera avant le millénium), c’est le roi qui gouvernera. Ce sera le royaume de Dieu administré par l’homme exalté, Christ, et une pensée bénie, c’est que Dieu a toujours eu en vue Son exaltation. Le péché d’Adam ne fut pas la chute de l’homme seulement, mais celle aussi de toute la création inférieure, car tout l’ensemble fut ruiné du moment où l’homme se séparait de Dieu. Adam n’était pas un simple individu, mais un chef de race. En conséquence, tout dépend désormais de la venue d’un autre homme, le Seigneur Jésus, qui a obtenu un titre, non pour se créer des droits dont Il n’avait pas besoin, mais pour que nous en eussions en vertu de Son sang, de Sa mort et de Sa résurrection. Il en résulte que pour le croyant la gloire de Christ est salutaire et non destructive. Mais ils perdent beaucoup de sa splendeur, ceux qui n’appuient pas sur cette scène de gloire. La marque distinctive c’est le Seigneur régnant selon la justice ; et de plus, Celui qui règne ainsi sur la terre c’est un homme, et pas seulement une personne divine. Dieu mettra toutes choses sous l’homme qui est mort et ressuscité en puissance rédemptrice, aussi véritablement qu’Adam entraîna dans sa chute l’humanité et la création. Si le monde devint un désert de ronces et d’épines, ce fut par suite de la chute de l’homme. Le croyez-vous ? Croyez donc aussi que le second Adam serait frustré d’une grande partie de Son héritage, s’Il ne délivrait pas non seulement les croyants, mais aussi la création, et s’Il ne la gouvernait pas avec puissance et gloire. Ce règne futur est nécessaire pour justifier la fidélité de Dieu, faire ressortir la valeur de Christ et les résultats de Son œuvre, et montrer à Ses côtés Son Épouse. Il est donc utile de considérer la scène où cet homme béni régnera ainsi selon la justice. Ceci serait vrai en dehors de notre portion avec Lui, pour laquelle nous devons retourner au Nouveau Testament. Le sujet du prophète est la terre ; nous appartenons au ciel. Il s’ensuit que c’est au Nouveau Testament à révéler la maison du Père et le ciel, qui n’est plus fermé, mais ouvert d’abord à Christ, puis par conséquent à nous, afin que nous puissions nous tenir dans la paix et la joie en la présence de Dieu. Quel thème différent de celui de l’Ancien Testament qui met toujours en avant la terre comme scène du règne selon la justice ! Sur la terre, c’est la puissance judiciaire qui gouverne. Une verge de fer, un sceptre de justice, voilà ce dont le Seigneur se sert pour briser l’orgueil du monde.
Mais le prophète fait aussi pressentir la paix et la consolation. Le Seigneur apparaît ici « comme un abri contre le vent et un couvert contre l’orage, comme des ruisseaux dans la sécheresse, comme l’ombre d’un grand rocher dans une contrée aride » (v. 2). Le monde avait longtemps souffert des effets du péché, sinon du péché lui-même. Maintenant vient la bénédiction. « Et les yeux des voyants ne seront plus aveugles, et les oreilles des auditeurs seront attentives ; et le cœur des hommes légers sera avisé pour comprendre, et la langue des bègues habile à parler nettement. L’impie ne sera plus appelé noble, ni le fourbe nommé magnanime ; car l’impie profère l’impiété et son cœur pratique le mal pour commettre l’impiété, et pour tenir contre l’Éternel le langage de l’erreur, pour laisser à vide l’âme de l’affamé, et manquer de breuvage celui qui est altéré ; et les armes du fourbe sont funestes, il médite la fraude pour perdre le misérable par des discours menteurs, quand bien même l’indigent expose son droit. Mais le noble pense à ce qui est noble, et dans ce qui est noble il se maintient » (v. 3-8). Ce ne sont pas, comme nous le voyons maintenant, les hommes qui semblent posséder toutes les belles qualités et qui, mis à l’épreuve, n’ont point de cœur pour les choses divines, point d’amour pour le nom de Jésus, point de souci de Sa gloire. Ici, il n’en sera pas de même. La bénédiction coulera à flots, le mal sera jugé, tout ce qui est honteux disparaîtra. Personnes et choses seront manifestées et revêtues de leur vrai caractère. L’homme réalisera pour la première fois sur la terre la destination en vue de laquelle il avait été créé. Ceci est en contraste avec toutes les déceptions de l’injustice qui s’est étalée et s’étale encore ici-bas. Nous connaissons l’incertitude des jugements humains, nous savons comment les hommes s’attachent aux apparences et les gardent. Il n’y aura plus alors de vaine parade. Les ressources inépuisables de la miséricorde divine produiront de bons fruits, et à la lumière resplendissante de Dieu, tout ce qui est faux sera mis à découvert. Si le mal apparaît, le Seigneur le jugera. Pendant le millénium il y aura des cas demandant vengeance, Dieu ne manquera pas de frapper le mal d’une manière sommaire. Là, les hommes auront constamment sous les yeux le spectacle solennel de Sa colère (Ésaïe 66), d’autant plus terrible alors qu’il n’y aura aucune tentation au mal. En conséquence, ceux qui sont les objets de la malédiction de Dieu seront frappés immédiatement afin de maintenir dans les cœurs une salutaire horreur pour le mal.
Ceci conduit l’Esprit de Dieu à donner un avertissement qui sera nécessaire surtout parce que la bénédiction d’Israël ne s’opérera pas en un seul jour. Il y aura un temps destiné à cribler. De même que nous savons que ce sera le cas pour Israël dans le désert, de même aussi il y aura à Jérusalem un autre mode d’action à l’égard des Juifs proprement dits. Même quand le Seigneur apparaît pour leur délivrance, c’est une erreur de supposer que tout soit fini du coup. Le Seigneur détruira successivement les ennemis qui environnent la terre sainte, et se servira d’Israël comme d’un instrument pour exécuter Ses jugements (És. 11 ; 63 ; Mich. 5 ; Zach. 9 ; 10). Il enverra Ses armées et traitera les nations de diverses manières. À Son apparition des cieux, Il opère par Sa propre puissance. Les Juifs n’auront rien à faire avec le jugement de la bête et du faux prophète ; mais Dieu se servira des Israélites pour renverser les peuples qui représenteront alors leurs anciens voisins, et que l’envie poussera une fois encore contre eux. Il se souviendra de ce que firent leurs ancêtres, et il les frappera définitivement, en voyant qu’ils conservent et montrent le même esprit jusqu’à la fin. Ainsi le Seigneur agira entièrement en justice, et Israël aura besoin d’un avertissement préalable, c’est, je pense, la portée de ceci : « Femmes insouciantes, debout ! Entendez ma voix ! Filles qui vous rassurez, écoutez mes discours ! Dans un an et quelques jours vous tremblerez, vous qui vous rassurez ; car c’en est fait de la vendange, et la récolte des fruits n’arrivera pas. Ayez de l’effroi, insouciantes ! Tremblez, vous qui vous rassurez ! Déshabille-toi, ôte tes vêtements et ceins tes reins du cilice ! On gémit, en se frappant le sein, sur les campagnes délicieuses et sur la vigne féconde. Sur le sol de mon peuple poussent les ronces et les épines, oui, dans toutes les maisons où est la joie, dans la ville où est la gaîté, car le palais est abandonné et la cité bruyante est solitaire ; la colline et la tour seront pour longtemps parmi les cavernes, la joie des onagres, le pacage des troupeaux, jusqu’à ce que sur nous l’Esprit soit répandu d’en haut, et que le désert devienne un verger, et que le verger soit estimé à l’égal de la forêt. Alors, dans le désert habitera la justice, et l’équité dans le verger aura son séjour » (v. 9-16). C’est une allusion à ce qui précède la prise de possession par le Seigneur de Sa place et de Son règne dans le pays. Il doit y avoir des afflictions jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu (v. 15). Alors s’opère le grand changement en Israël. Ce n’est pas sans doute une habitation du Saint Esprit dans le cœur des croyants comme maintenant, car c’est chose évidente qu’Il habite actuellement dans l’Église d’une manière toute spéciale. Mais en ce jour-là il y aura une effusion du Saint Esprit aussi réelle qu’au temps présent. C’est une erreur de s’imaginer que le règne du Seigneur est incompatible avec telle manifestation de l’Esprit. Il sera à cette époque répandu en grande abondance. Maintenant, s’il est permis de parler ainsi d’une personne divine, c’est plutôt Sa période de profondeur que d’étendue. L’action qui ne s’exerce pas actuellement en étendue, s’exerce en profondeur. Alors au contraire ce qui n’apparaîtra pas en profondeur se répandra en étendue. Ce sera l’époque d’une large effusion sur toute chair ; présentement, cela est vrai en principe seulement, et c’est dans ce sens qu’en Actes 2 est rappelé le passage de Joël 2, et non comme si le résultat entier avait été obtenu.
Le temps actuel sur la terre est l’opposé d’une manifestation de justice. Le Juste a été rejeté des hommes. La justice de Dieu L’a mis ressuscité à Sa droite et a justifié ceux qui croient en Lui. Alors, ce sera le roi ; venant et s’asseyant sur Son propre trône (non pas un roi rejeté exalté sur le trône de Son Père) ; tout sera juste. Dans Ses pensées de grâce, notre Seigneur Jésus laisse de côté pour le moment Ses droits terrestres juifs, et les conseils célestes sont accomplis et révélés pendant qu’Il est en haut. Le Père L’a fait asseoir à Sa droite, et Lui a dit, pour ainsi parler : « Tu régneras ; seulement, en attendant que tu sois assis sur ton propre trône, viens et siège à côté de moi sur le mien ». Avant que Christ ne vienne des cieux, les Juifs (tout au moins un résidu d’entre eux) L’auront accueilli dans leurs cœurs. Alors Il viendra, là ou ils sont, pour les bénir sur la terre, les gouverner, et accomplir dans les enfants les promesses faites à leurs pères. En conséquence, lorsque les chrétiens seront enlevés de ce monde à la venue de Christ, les Juifs seront convertis au temps voulu, de manière à être le peuple terrestre du Seigneur, qui accomplira au milieu d’eux en leur faveur les promesses de leur gloire terrestre que leur fait la prophétie, et non seulement cela, mais le Saint Esprit sera également répandu sur eux. Ce grand changement terrestre résulte de l’effusion de l’Esprit d’en haut. Ésaïe parle de ronces et d’épines jusqu’à ce que l’Esprit soit répandu sur eux (v. 15). Au lieu d’être dans l’ordre qui lui convient, tout aura besoin d’être restauré autour du seul centre véritable. Tout ce qui concerne la terre et les Juifs est maintenant dans la confusion et le désordre, mais l’Esprit sera répandu d’en haut, et alors quel changement ! Ainsi deux choses sont nécessaires pour qu’arrive ce temps de bénédiction : le roi régnant en justice, et l’effusion d’une puissance spirituelle spécialement et parmi les Juifs, mais aussi sur les Gentils. Dieu ne fera défaut en rien. Alors « le désert deviendra un verger, et le verger sera estimé à l’égal d’une forêt » ; alors « dans le désert habitera la justice » ; oui, au lieu d’être le recours des voleurs, justice habitera. Au lieu de la convoitise soupirant avec nous une envie après le champ fertile, il y aura la droiture. Ainsi l’œuvre de la justice sera la paix, et ses effets le repos et la sécurité pour toujours. Les intentions et les voies seront droites : tout est gouverné avec bénédiction. « Et mon peuple habitera une demeure de paix, et des domiciles assurés, et des lieux tranquilles et sûrs. Mais il grêlera à la chute de la forêt, et la ville ennemie s’abîmant croulera. Heureux vous qui semez dans un sol arrosé et laissez sans entraves le pied du bœuf et de l’âne ! » (v. 18-20). Le peuple de Dieu sera protégé et prospérera en paix, quoi qu’il arrive de ses ennemis. Pour lui une bénédiction assurée prend la place de la frayeur et du mal.
Chapitre 33. — L’Esprit de Dieu, après nous avoir présenté un tableau béni du Roi-Messie régnant en justice, met ici en contraste un spoliateur que notre prophète ne nomme pas expressément. Mais il n’est pas difficile de le reconnaître, si l’on se reporte à la dernière prophétie d’Ézéchiel qui décrit une puissance gentile ennemie. Il est remarquable qu’Il parle là de Gog, comme de quelqu’un qui avait été auparavant annoncé. D’où il est certain que cette puissance pillarde n’est pas particulière à ce dernier prophète qui nous dit dans son chapitre 38, 8-13 : « Pendant un long temps tu seras visité… Dans ce temps-là des pensées s’élèveront dans ton cœur, et tu formeras de funestes projets et tu diras : J’envahirai le pays ouvert, je fondrai sur ces hommes paisibles, vivant tous dans la sécurité, habitant sans murailles, et n’ayant ni verrous, ni portes, pour enlever du butin et emporter des dépouilles, pour porter la main sur des ruines de nouveau habitées, sur un peuple recueilli du milieu des peuples, qui s’est remis au soin des troupeaux et au négoce et habite les hauteurs du pays. Sheba et Dedan, et les marchands de Tarsis, et tous leurs hommes puissants le diront : Est-ce pour enlever du butin que tu arrives ? pour emporter des dépouilles que tu as réuni les troupes ? pour prendre de l’argent et de l’or, des troupeaux et des biens, pour faire un grand butin ? ». Le chapitre suivant montre en détail que s’il y a quelque chose qui puisse paraître incompatible avec leur sécurité, si Dieu permet qu’il se forme un noir nuage au-dessus de la Palestine, ce nuage à la fin crèvera sur leurs ennemis, non sur Israël. Il semble qu’il s’agisse du même ennemi dont il est question ici. C’est le suprême effort de la coalition formée contre Israël, coalition qui amène la destruction terrible des nations assemblées, et surtout de l’Orient, où Israël n’aura qu’à s’emparer de leurs armes, et où les vainqueurs ne seront occupés qu’à ensevelir les morts, et à piller les armes et le butin de leurs envahisseurs détruits.
Je ne doute pas que l’Assyrien ou le roi du Nord, qui doit paraître à la fin, ne soit décrit dans ce passage. Gog, je pense, aura alors exécuté ses projets depuis longtemps formés contre Constantinople et l’empire turc avec ses principales dépendances. Maintenant « l’Assyrien » est un sujet familier à la prophétie ; ce fait peut servir à faire comprendre la déclaration qu’ils étaient connus auparavant. Il doit évidemment avoir existé à son endroit des prédictions antérieures à l’époque d’Ézéchiel, quoique quelques-unes puissent avoir annoncé des événements qui n’ont point été mis en écrit. C’est ainsi, pour le dire en passant, que quelques-uns se sont trop préoccupés d’établir que les apôtres n’ont jamais écrit autre chose que ce que nous avons d’eux. Il suffit de savoir que tout ce qui était destiné à servir d’une manière permanente à l’Église et à glorifier Dieu nous a été conservé. Il est certain que les apôtres enseignaient (2 Thess. 2), et peuvent fort bien avoir écrit des choses qu’il n’était pas dans les vues de Dieu de nous laisser parvenir comme faisant partie de l’Écriture. Mais ce que nous possédons porte un cachet de perfection qui, à mon avis, exclut une addition quelconque. Que ce ne soit pas une idée du tout exorbitante, c’est évident par le fait que les apôtres ont prononcé une foule de discours qui ne sont pas rapportés au livre des Actes. Sans doute nous avons une très faible partie de leurs prédications, de même que les évangélistes furent conduits à faire un choix parmi tout ce que le Seigneur avait fait. Y ajouter autre chose aurait été plutôt encombrer l’Écriture. Des communications plus nombreuses de la part des apôtres eux-mêmes auraient nui à la perfection de la Parole écrite. Nous devons avoir confiance en Dieu. Il a manifesté Sa volonté en ceci, que tout ce qu’Il avait destiné à servir à l’instruction permanente de l’Église a été gardé par Sa puissance contre les attaques de milliers et de milliers d’adversaires, qui se seraient fait un plaisir de détruire les Écritures, s’ils l’avaient pu. Jamais plus la chrétienté n’avait manifesté un tel éloignement de la Parole de Dieu comme de nos jours. Mais les efforts de l’ennemi n’aboutissent qu’à mettre en lumière la puissance du Seigneur, Sa sagesse et Sa bonté pour tous ceux qui L’aiment, comme aussi ils amèneront la ruine de ceux qui Le haïssent et Le méprisent.
Reprenons notre sujet : Le chapitre 33 d’Ésaïe est le seul qui se rapporte à la lettre du chef du Nord d’Ézéchiel, à moins que nous n’identifions aussi l’Assyrien avec cette puissance, ce qui me semble dans certaines limites être vrai à la fin. Quoi qu’il en soit, les traits moraux de cet ennemi sont assez nettement décrits : « Malheur à toi, dévastateur, qui n’as pas encore été dévasté, et spoliateur qu’on n’a pas dépouillé ! Quand tu auras achevé tes ravages, tu seras ravagé ; quand tu auras fini de dépouiller, on te dépouillera » (v. 1). Cet ennemi cupide paraît être le dernier qui vient, et ainsi est très distinct du « roi du Nord », titre qui n’est pas limité à la fin. Mais assurément c’est un chef de même espèce, insatiable et perfide. L’Esprit maintenant amène le prophète comme personnifiant les Israélites fidèles à crier au Seigneur : « Éternel, sois-nous propice, nous nous attendons à toi ! Sois notre bras chaque matin et notre aide au temps de la détresse ! À ta voix tonnante, les peuples fuient, à ton lever les nations se dissipent. On ramasse votre butin, comme ramasse la sauterelle : on s’y précipite, comme la locuste se précipite » (v. 2-4). Qu’il est précieux d’avoir pour appui le bras du Seigneur qui combat vaillamment pour nous. Mais quelle terrible destruction quand de fiers et innombrables ennemis ramassent leur butin, comme ramassent les sauterelles et les locustes. C’est le Seigneur qui agit, aussi Son œuvre peut bien être merveilleuse devant nos yeux : « L’Éternel est élevé, car il habite les lieux très hauts, il remplit Sion de justice et d’équité. Et ce sera la sécurité de tes jours ; la sagesse et la science sont une riche source de salut ; et la crainte de l’Éternel, c’est là son trésor » (v. 5, 6). Ainsi Jéhovah Lui-même les a pris par la main, tout devient ruine pour Israël, et ses orgueilleuses espérances sont à jamais détruites. Notez qu’à cette même époque, Sion sera remplie de justice et de jugement. La sentence qui a frappé la bête et le faux prophète, et la chevalerie d’Europe est une leçon entendue en vain. Aveuglé par la superstition aussi bien que par l’ardent désir d’un empire universel, Gog rêve de détruire Israël, ne croyant pas à la présence de Christ, ou Le prenant pour un simple roi humain. Ainsi ils marcheront également vers leur propre ruine.
Les versets suivants retracent les détresses du peuple de Dieu et son désespoir avant que la délivrance apparaisse. Le danger ne se fait jamais autant sentir que lorsque la bénédiction, de laquelle nous nous croyions sur le point d’être mis en possession, est de nouveau compromise : « Voici, leurs guerriers poussent des cris au-dehors ; les messagers de paix pleurent amèrement. Les chemins sont désolés : on cesse de pratiquer les sentiers. Il rompt l’alliance, méprise les villes, et ne fait aucun cas des hommes. Le pays est en deuil et languit ; le Liban est confus, dans la douleur ; Saron ressemble au désert, Basan et le Carmel perdent leurs feuilles » (v. 7-9). Mais, comme on dit, l’extrémité de l’homme est l’opportunité de Dieu ; ainsi l’éprouveront les Juifs. « Maintenant je vais me lever, dit l’Éternel, maintenant me dresser, maintenant m’élever ». Avait-Il châtié rudement Son peuple, et l’ennemi insolent demeurerait-il impuni ? « Dans vos flancs vous portez du foin et vous enfanterez de la balle ; votre souffle est un feu qui vous consumera. Et les peuples seront embrasés, calcinés ; ronces coupées, ils brûleront au feu » (v. 10-12). C’est le Seigneur qui se charge de leurs ennemis et qui leur parle de la sorte. La chaux peut être dure, mais le feu finit bien par la réduire en poudre ; les épines peuvent embarrasser ceux dont elles entravent la marche, mais chacun sait qu’une fois coupées, elles brûlent en un clin d’œil.
Au verset 13, l’attention est attirée sur le remarquable déploiement des voies de Dieu, aussi bien que sur les effets de ces épreuves qui font ressortir le vrai caractère des hommes, même en Sion : « Écoutez, peuples lointains, ce que j’ai fait, et vous qui êtes près, connaissez ma puissance ». Vient aussitôt la description la plus animée de l’alarme des impies, et des divines assurances de ceux qui craignent le nom du Seigneur et marchent selon la justice : « En Sion les pécheurs tremblent, le frisson saisit les impies : — Qui de nous tiendra devant le feu consumant ? Qui de nous tiendra devant les flammes éternelles ? — Celui qui est dans la voie de la justice, et qui parle selon la droiture, qui méprise les gains extorqués, qui secoue sa main pour ne point recevoir de dons corrupteurs, qui se bouche les oreilles pour n’être point complice de meurtres et qui ferme ses yeux pour ne point voir le mal, celui-là habitera un séjour éminent, des rochers fortifiés seront sa citadelle, son pain lui sera donné et son eau ne tarira pas » (v. 14-16).
Suit (v. 17-19) une sublime description d’Israël dans son état conscient de bénédiction. Ils contempleront le Roi dans Sa beauté, non plus enfermés dans une ville assiégée, mais libres de regarder jusqu’aux parties les plus éloignées du pays ou de la terre. Leurs cœurs songeront à la terreur, désormais heureusement et à jamais dissipée ; il leur sera particulièrement doux de jeter un regard en arrière, de penser à la délivrance qu’on n’aurait jamais dû oublier, alors que les plus sages étaient en faute — en faute en comptant sur les moyens humains, comme s’ils pouvaient être de quelque utilité — en faute en oubliant le seul vrai Rédempteur, bien qu’il ne soit pas loin de chacun de nous. D’un autre côté ils ne verront, ni n’entendront plus l’ennemi étranger, mais ils regarderont à Sion, à la montagne de Sion que l’Éternel aimait : « Contemple Sion, la ville de nos fêtes ! Tes yeux verront Jérusalem, un séjour tranquille, une tente qu’on ne lève plus, dont les pieux ne sont plus arrachés, dont nulle corde n’est détachée. Car là l’Éternel dans sa magnificence nous tient lieu de rivières, de larges fleuves ; un vaisseau à rames n’oserait y passer, un navire puissant n’oserait y voguer. Car l’Éternel notre juge, l’Éternel notre législateur, l’Éternel notre Roi est celui qui nous sauve » (v. 20-22).
N’est-ce pas chose entièrement vaine d’appliquer des paroles comme celles-ci aux jours d’Ézéchias avec quelques anciens interprètes, ou à ceux des Macchabées avec d’autres, ou bien aux temps évangéliques avec de modernes commentateurs irréfléchis ? Même à supposer qu’à aucune de ces époques les circonstances par lesquelles a passé le peuple juif aient eu le moindre rapport avec ce langage énergique du prophète, ce qui n’est pas du tout admis, qui, à l’approche de la captivité, en présence d’un continuel asservissement aux puissances gentiles, d’une dispersion encore plus calamiteuse sous les Romains, dispersion dont les effets se font sentir encore de nos jours, qui, dis-je, oserait affirmer que Jérusalem a pu être considérée comme un séjour tranquille, comme une tente qu’on ne lève plus ? Comment donc est-il possible d’appliquer à cette cité, que les Gentils foulent encore aux pieds, cette déclaration précise et extrêmement bénie : « Ses pieux ne sont plus arrachés, nulle corde n’est détachée » ? Transportez au contraire cette situation dans l’avenir, et tout change ; la difficulté disparaît, et il n’y a rien d’étonnant, « car là l’Éternel dans sa magnificence nous tient lieu de rivières, de larges fleuves ». De cette manière, il n’est pas nécessaire de briser les liens qui unissent la prophétie à sa base historique, ni de détourner les consolations de ceux dont elle est destinée à adoucir et dissiper les tristesses, en proportion de la simplicité et de la force de leur foi. Non, quelque soulagement que nous puissions y trouver, quelques espérances d’un triomphe futur que nous puissions recueillir des riches jouissances qu’elle nous offre par anticipation, réjouissons-nous de ce qu’ici Dieu parle d’Israël affligé, battu de la tempête, d’Israël qui en ce jour-là trouvera en Jésus de Nazareth son Seigneur longtemps méconnu, l’Éternel des armées, lequel se manifestera comme une sauvegarde meilleure que ces larges fleuves dont Babylone et Ninive pouvaient se glorifier au mépris de Jérusalem. Un fleuve a ses dangers aussi bien que sa beauté, ses avantages et ses moyens de protection ; ces deux cités l’ont bien prouvé, chacune à sa manière, à leurs dépens. Jérusalem possède tous ces privilèges sans les périls qui s’y rattachent, et elle a incomparablement plus en Jéhovah. Que si nul vaisseau à rames ne peut y passer, que si nul navire puissant ne peut y voguer, Jéhovah n’est-Il pas son juge, son législateur, son roi, et ne met-Il pas ainsi Israël au-dessus de toutes les nations de la terre ? Et pourquoi irions-nous porter atteinte à Ses droits pour faire valoir les nôtres, nous qui sommes appelés à prendre place dans la gloire des lieux célestes, et qui sommes l’objet de l’amour du Sauveur comme Son Épouse, en haut ?
Pour Jérusalem, le roi, alors, sera ses délices, sa gloire et sa forteresse. Le plus puissant d’autrefois n’a-t-il pas été renversé lorsqu’un simple fils typique de David a été là, regardant à celui qui sûrement y régnera avant qu’il soit longtemps ? Et que sera-ce quand l’Assyrien, dans sa dernière phase, quand Gog essaiera de s’emparer de Sion, à la fin de cet âge ? « Tes cordes sont lâches, ne tiennent point leur mat ferme, ni les voiles tendues. Alors le butin et les dépouilles en abondance sont partagés, même les boiteux prennent part au pillage ». Le triomphe d’Israël est complet, et d’autant plus complet, que la main du Seigneur combat pour eux, et non la leur. « Et aucun habitant ne dit : Je suis malade ! Au peuple qui y habite, le péché est pardonné ». Heureux le peuple qui se trouve dans un cas semblable ; oui, heureux ce peuple dont l’Éternel est le Dieu. Trois fois heureux ceux qui maintenant peuvent se réjouir dans l’espérance d’Israël, sachant qu’ils ont eux-mêmes une meilleure portion en Christ, et dans un pays meilleur, à savoir, le ciel.