Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 7

De mipe
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… Il semble que la création tout entière soit en travail pour enfanter quelque grand événement, et que la pauvre Irlande soit montée en mémoire devant Dieu. Oh ! qui sommes-nous pour pouvoir considérer toutes les circonstances avec une assurance parfaite que chacune d’elles travaille, travaillera et doit travailler à notre bonheur éternel ! Si notre jugement était juste, c’est de cette manière que nous les envisagerions, et alors, dans chaque nouvelle manifestation de la puissance du Dieu qui est notre Dieu, nous aurions une consolation nouvelle. Lors même que la terre serait ébranlée jusque dans ses fondements ; lors même qu’extérieurement nous sentirions la malédiction que mérite le péché, nous ne considérerions aucune chose comme un mal réel ; nous serions simplement spectateurs et nous regarderions tout depuis l’ouverture de l’inébranlable rocher dans lequel nous nous serions réfugiés. De là nous pourrions défier avec hardiesse les détresses et les persécutions. Nous avons le Très-haut pour notre haute retraite. Faciles à être mis en mouvement comme le volant, nous pouvons être lancés depuis le moi jusqu’à Satan, et renvoyés de Satan au moi, jusqu’à ce que l’un et l’autre soient fatigués ; mais ni le péché, ni le moi, ni Satan ne pourront porter atteinte à notre vie, car elle est cachée avec Christ en Dieu.

Parce qu’Il vit, nous aussi nous vivrons. Que nous sommes heureux de posséder dans un monde tel que celui-ci une confiance aussi glorieuse, et de pouvoir dire, en portant nos regards en haut : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Le Prince de notre salut ne s’est-Il pas révélé à nous comme notre intime ami ? Tandis qu’Il appelle Son peuple du septentrion au midi, de l’orient à l’occident, Il n’oublie pas ceux qui sont déjà dans Sa bergerie, mais Il vient à eux, et Il leur fait entendre la douce voix de Sa Parole. Il me promet que, quelle que soit l’immensité de Ses œuvres, Il ne m’oubliera jamais ; Il me dit qu’Il ne peut jouir de la gloire et me laisser en arrière ; que l’ange ne peut proclamer qu’il n’y aura plus de temps, avant que le dernier de Ses élus ait le sceau sur son front ; que la Parole de vérité ne peut manquer. Je crois que nous courons actuellement le risque d’être poussés en avant par une certaine excitation qui pourrait nous empêcher de nous souvenir que, comme nous avons reçu Christ, nous devons aussi marcher en Lui, que nous devons être édifiés aussi bien qu’enracinés et fortifiés dans la foi, et que nous ne devons pas nous livrer au combat avec une ardeur qui nous fasse négliger notre armure. J’espère que vous ne nous oubliez pas, et que vous êtes souvent présent en esprit au milieu de nous. Demandez sans cesse que nous demeurions parfaits et accomplis en toute la volonté de Dieu, afin qu’Il puisse nous placer comme des fanaux sur les lieux élevés ; que par la splendeur de notre vie nous éclairions un grand nombre de ceux qui sont encore dans le royaume des ténèbres et que nous les conduisions dans le royaume du Fils de Son amour ! Oh ! qu’il nous soit donné de marcher en toute humilité d’une manière digne de notre céleste vocation, et de voir les choses comme Dieu les voit Lui-même, n’aspirant plus qu’à un seul but et ne nous occupant plus, pendant que nous attendons le retour de Christ, qu’à nous avancer vers le prix, en poursuivant constamment la course qui nous est proposée ! C’est ainsi que nous détacherons nos cœurs des désirs et des jouissances qui finissent avec le temps, et que, n’étant plus embarrassés par les soucis de la terre et fascinés par ses séductions, nous démontrerons par notre vie tout entière que notre royaume n’est pas de ce monde.

Priez pour que cela s’accomplisse en nous, et de mon côté je demanderai que la réponse du Seigneur soit aussi pour votre âme une rosée de bénédictions. …

Votre sincèrement affectionnée en Christ,

T.A. Powerscourt