Livre:Montre-moi ta foi/La vie chrétienne — preuve de la foi
L’un des grands buts de l’épître est d’insister sur la vie chrétienne pratique et de préserver ainsi le croyant du danger de séparer la foi de la pratique. Dans le premier chapitre, la vie pratique de piété, développée dans une nouvelle nature, a été placée devant nous. Dans le deuxième, cette même vie est présentée comme la preuve d’une foi véritable.
La vie de foi fera toujours contraste avec la vie du monde ; elle est, en outre, caractérisée par des œuvres de foi. Voilà donc les deux grands thèmes du chapitre 2. D’abord, mettre en garde ceux qui font profession de foi chrétienne contre la conformité à ce monde (v. 1-13) ; secondement, signaler le risque d’une simple profession de foi sans les œuvres qui sont le fruit de la foi (v. 14-26).
Incompatibilité de la vie de foi avec la vie du monde
(v. 1-3) D’une manière générale, le monde estime les hommes non pas en fonction de leur valeur morale, mais d’après leur position sociale et leur apparence extérieure. Ceux qui ont la foi de notre Seigneur Jésus Christ, Seigneur de gloire, ne doivent pas porter ainsi des appréciations sur les uns et sur les autres. L’homme du monde aura du respect pour celui qui a de la fortune et une bonne situation sociale ; mais la foi nous met en contact avec le Seigneur de gloire. En Sa présence, tous les hommes, aussi élevée que soit leur position dans le monde, deviennent très petits.
(v. 4) Les croyants sont avertis de ne pas faire entre eux de telles distinctions mondaines, et de ne pas nourrir par là de mauvaises pensées en jugeant selon les apparences, en méprisant un pauvre à cause de sa pauvreté, ou en flattant un riche à cause de sa richesse.
(v. 5-7) Un contraste est ensuite établi entre la manière d’agir de Dieu et celle de plusieurs qui prétendent être des croyants. Dieu a choisi ceux qui sont pauvres quant au monde, mais riches en foi. Bien qu’ils soient pauvres aujourd’hui dans ce monde, ils sont héritiers des richesses du royaume à venir promis à ceux qui aiment Dieu. La grande religion formaliste est ainsi mise à l’épreuve. Comment considère-t-elle le monde ? Comment traite-t-elle les croyants ? Avant tout, quelle valeur attribue-t-elle au nom de Christ ? Hélas ! le système religieux est mis à nu ici, avec toute sa vanité : il respecte le riche, méprise le pauvre, opprime le croyant et blasphème le précieux nom de Christ.
(v. 8, 9) L’apôtre écrit à ceux qui, tout en faisant profession de christianisme, étaient zélés pour la loi (Act. 21, 20). Qu’en est-il donc de leur profession chrétienne relativement à l’essence de la loi — la loi royale — telle qu’elle est présentée par le Seigneur ? Aujourd’hui, la chrétienté s’est placée sous la loi et, par conséquent, elle peut aussi être mise à l’épreuve par la loi. La loi royale est celle de l’amour. Le Seigneur pouvait dire qu’aimer le Seigneur son Dieu de tout son cœur et de toute son âme, et de toute sa pensée, est le grand et premier commandement, et le second lui est semblable, ajoutait-Il : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Aimer Dieu et aimer son prochain, c’est accomplir la loi tout entière. Si ces deux commandements étaient gardés, il serait impossible d’en transgresser aucun autre. La loi de l’amour est la loi royale qui résume toutes les autres. Accomplir cette loi, c’est faire bien. Celui qui faisait acception de personnes n’aimait manifestement pas son prochain comme lui-même. Au contraire, il estimait davantage son prochain riche que son frère pauvre. Il était ainsi convaincu d’être un transgresseur.
(v. 10, 11) À quoi bon prétendre que tous les autres commandements ont été gardés, si celui-ci est transgressé ? Faillir en un seul point, c’est être coupable sur tous, de même que la rupture d’un seul anneau dans une chaîne entraîne la chute du poids suspendu.
(v. 12, 13) La foi au Seigneur Jésus Christ que nous prétendons avoir suppose une nature qui se plaît à faire ce que Dieu désire que nous fassions. Voilà la liberté. Il s’ensuit que nos paroles et nos actions devraient être en accord avec cette loi de la liberté.
Dieu se plaît à manifester la miséricorde. Si nous professons la foi en notre Seigneur Jésus Christ et que nous n’usions pas de miséricorde, nous n’agissons pas selon les préceptes de la nouvelle nature qui aime à exercer celle-ci plutôt que le jugement. Manquer de miséricorde peut attirer sur nous la discipline gouvernementale de Dieu.
La réalité de la foi prouvée par les œuvres de foi
(v. 14) Ce qu’un homme dit est vérifié par ce qu’il fait. Quelqu’un peut dire qu’il a la foi, mais le dire simplement ne sera d’aucun profit s’il n’y a pas d’œuvres venant en prouver la réalité.
(v. 15-17) Qui oserait prétendre qu’il y a le moindre bien dans le seul fait de dire à des pauvres : « Allez en paix, chauffez-vous et rassasiez-vous », sans rien faire pour répondre au besoin ? Les paroles, aussi belles soient-elles, ne seraient d’aucun profit si elles n’étaient pas accompagnées d’actes. « De même aussi la foi, si elle n’a pas d’œuvres, est morte par elle-même ».
(v. 18) Les œuvres de foi sont donc la preuve de celle-ci devant les hommes. Nous ne pouvons pas voir la foi ; aussi, pour en prouver l’existence, avons-nous besoin de quelque chose de visible. Dire à quelqu’un : « Tu as la foi, et moi j’ai des œuvres » revient à dire : « Tu te vantes de ta foi et tu es indifférent aux œuvres ; mais si tu as la foi, montre-la moi ; et comment peux-tu sans œuvres me montrer ta foi ? Moi, je peux te montrer ma foi par des œuvres ».
(v. 19, 20) Le Juif croyait que Dieu est un. C’est exact ; les démons aussi le croient et cela les fait trembler, mais ne les met pas en relation avec Dieu. Ainsi l’homme peut croire ce qui est vrai quant à Dieu, et pourtant ne pas avoir la foi en Dieu. La foi est le fruit d’une nouvelle nature qui croit en Dieu et qui prouve son existence par ses œuvres. Aussi celui qui dit qu’il a la foi et qui néanmoins est « sans œuvre » est un homme vain et sa foi n’est qu’une profession morte. Voilà la condition de la vaste chrétienté professante qui adhère bien aux vérités et qui fait des « œuvres », mais sans la foi qui met l’âme en contact personnel avec Christ.
(v. 21) L’apôtre présente deux cas tirés de l’Ancien Testament pour montrer, premièrement, que la foi qui a Dieu pour objet produit des œuvres et, secondement, que les œuvres produites par la foi ont un caractère distinct. Ce sont des œuvres de foi, et non pas seulement des bonnes œuvres, comme les hommes les appellent.
L’apôtre parle d’abord d’Abraham et montre qu’il avait été justifié par des œuvres lorsqu’il avait offert son fils Isaac sur l’autel. Le patriarche a prouvé par cette œuvre l’authenticité de sa foi, une foi si absolue qu’il croyait Dieu capable d’agir d’une manière contraire à tout ce qui s’était jamais vu dans l’histoire de l’homme.
(v. 22) Nous voyons donc ici non seulement les œuvres d’Abraham, mais la foi agissant avec ses œuvres. Il s’ensuit d’une manière évidente que lorsque l’apôtre parle d’œuvres prouvant notre foi, il entend non pas simplement de bonnes œuvres telles que la nature aimable de l’homme est capable d’en produire, mais les œuvres que la foi seule peut opérer. Ce sont des œuvres de foi ; et par de telles œuvres la foi est rendue parfaite. Si, d’une part, l’apôtre insiste sur les œuvres comme étant le critère de la foi devant les hommes, d’autre part, il insiste sur la foi comme étant le critère des œuvres.
(v. 23) Ainsi, d’une manière pratique, l’Écriture a été accomplie qui dit : « Et Abraham crut Dieu ». Il a prouvé d’une manière bienheureuse sa confiance en Dieu avec, pour résultat, que Dieu l’a reconnu et s’est fié à lui, l’appelant « ami de Dieu ».
(v. 24) Il est ainsi évident « qu’un homme est justifié par les œuvres et non par la foi seulement ». Il est également clair que l’apôtre ne parle pas de la justification devant Dieu, par l’expiation des péchés, mais de la justification visible par les hommes. L’apôtre Paul parle de la première et déclare : « Si Abraham a été justifié sur le principe des œuvres, il a de quoi se glorifier, mais non pas relativement à Dieu ». Jacques parle de la seconde et demande : « Abraham, notre père, n’a-t-il pas été justifié par des œuvres ? ». En conséquence, il a été appelé « ami de Dieu », et n’était-ce pas là un tire de gloire ?
(v. 25, 26) L’histoire de Rahab nous offre un autre exemple remarquable de ce qu’est une œuvre de foi. C’était une femme de mauvaise réputation et qui plus est, coupable aux yeux de tous de trahison envers sa patrie. Or ce qu’elle fait prouve qu’en dépit de toutes les apparences contraires, sa foi reconnaissait les Israélites comme étant le peuple choisi de Dieu et Jéricho comme étant condamnée.
Les deux récits montrent qu’une simple profession de foi n’est pas suffisante. Il doit y avoir la réalité, attestée par les œuvres de foi. « Comme le corps sans esprit est mort, ainsi aussi la foi sans les œuvres est morte ».
Dans les deux cas, les œuvres prouvent l’existence de la foi en Dieu, mais elles la prouvent en vertu de leur caractère spécial, car ce ne sont nullement des œuvres que l’homme naturel pourrait approuver. Abraham va égorger son fils, et Rahab trahir son pays. Ce ne sont pas là des « bonnes œuvres » selon l’appréciation des hommes. La vie pratique du chrétien doit certes être caractérisée par des « bonnes œuvres », comme l’apôtre l’a déjà montré par son exhortation adressée aux croyants de « visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction ». Mais les œuvres qui prouvent la foi sont parfois tellement contraires à la nature que, séparées de la foi, elles seraient condamnées par tout homme bien-pensant. Ainsi, sur la base de la volonté de Dieu et dans la soumission à celle-ci, la foi produit des œuvres spéciales, et les œuvres prouvent la foi.
Dans ce chapitre, la foi qu’une personne prétend avoir dans le Seigneur Jésus Christ est mise à l’épreuve par les questions suivantes :
comment se comporte-t-elle avec les pauvres (v. 1-6) ;
comment se comporte-t-elle envers les croyants (v. 6) ;
comment traite-t-elle le beau nom de Christ (v. 7) ;
où en est-elle relativement à la loi royale (v. 8-11) ;
où en est-elle relativement à la loi de la liberté (v. 12-13) ;
enfin, quelle est sa position quant aux œuvres (v. 14-26) ?