Livre:Montre-moi ta foi/La méchanceté de la nature humaine

De mipe
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Dans le chapitre 2, l’apôtre a placé devant nous divers critères par lesquels nous pouvons éprouver la réalité de la foi chez ceux qui prétendent l’avoir.

Dans les chapitres 3 et 4, nous sommes mis en garde contre sept formes différentes de mal qui caractérisent la profession chrétienne et dans lesquelles tout croyant, sans la grâce, est capable de tomber.

1. La langue indomptée (3, 1-12).

2. La jalousie et l’esprit de querelle (3, 13-18).

3. Les passions non contrôlées (4, 1-3).

4. L’amitié du monde (4, 4).

5. L’orgueil de la chair (4, 5-10).

6. La médisance (4, 11, 12).

7. La volonté propre et la confiance en soi (4, 13-17).

1. La langue indomptée (3, 1-12)

(v. 1) L’apôtre introduit ses avertissements au sujet des méfaits de la langue en nous exhortant à ne pas être beaucoup de docteurs. Il ne parle pas du bon usage du don d’enseigner (Rom. 12, 7), mais de la tendance de la nature humaine à vouloir enseigner les autres, et de son désir d’avoir un rôle dans le ministère. Ce penchant peut se trouver en chacun, doué ou non. Même là où le don d’enseigner existe, la chair, en celui qui la laisse agir, peut s’en servir pour nourrir sa propre vanité. Mais, indépendamment de la possession d’un don, nous sommes tous en danger de vouloir enseigner aux autres ce qui est bon, et d’oublier que nous-mêmes sommes capables de faillir dans les choses mêmes contre lesquelles nous les mettons en garde. On a dit : « Il est plus facile d’enseigner les autres que de se gouverner soi-même », et encore : « L’humilité dans le cœur rend lent à parler ». Enseigner les autres tout en manquant soi-même, ne fait qu’augmenter notre culpabilité.

(v. 2) Souvenons-nous donc qu’en reprenant les autres, nous pouvons être nous-mêmes coupables, car « nous faillissons tous à plusieurs égards », même si parfois nous le faisons sans en avoir conscience. C’est en paroles que nous manquons le plus facilement. Celui qui sait dompter sa langue sera un chrétien accompli — un homme parfait, capable de tenir aussi tout autre membre de son corps en bride.

(v. 3-5) Cela conduit Jacques à nous mettre en garde au sujet de l’usage immodéré de la langue. Le mors dans la bouche du cheval est un petit objet, mais par lui nous pouvons contraindre la bête à obéir. Un gouvernail est de faible dimension, mais par lui de grands navires peuvent être contrôlés malgré « des vents violents ». De même la langue est un petit membre qui peut gouverner tout le corps, pourvu que l’homme parvienne, comme un pilote, à en assurer la maîtrise. Mais si elle n’est pas tenue en bride, elle peut devenir le moyen d’exprimer la vanité de notre cœur, en condamnant les autres et en nous exaltant nous-mêmes, car elle se vante de « grandes choses ». Elle peut ainsi devenir la source de beaucoup de mal, car bien qu’étant un « petit membre » seulement, elle est semblable à une allumette capable de détruire une forêt entière.

La main et le pied peuvent, hélas ! devenir des instruments pour exécuter la volonté de la chair ; mais il n’est aucun de nos membres qui soit plus rapide que la langue pour manifester notre volonté, découvrir notre faiblesse et révéler l’état véritable de notre cœur. Un rien suffit pour qu’elle soit excitée par la méchanceté du cœur, et qu’elle enflamme d’autres, produisant un mal infini par une seule parole vaine et méchante.

(v. 6) L’apôtre décrit la langue comme un feu qui, non seulement engendre du trouble, mais encore l’alimente. Elle est capable de produire toute forme d’injustice et devient ainsi un monde d’iniquité. Par ses mauvaises suggestions, elle peut entraîner la souillure de chaque membre du corps, et mettre en mouvement tout le cours de la nature déchue. Les mauvais esprits de l’enfer trouvent dans la langue un instrument tout prêt pour leur œuvre destructrice, de sorte qu’il peut être dit qu’elle est « enflammée par la géhenne ».

(v. 7, 8) La langue ne peut être domptée par la nature. Toute espèce de créature a été domptée par l’espèce humaine, mais personne ne peut dompter la langue. C’est un mal désordonné, dit Jacques, plein d’un venin mortel. Non seulement il souille le corps, mais il peut empoisonner l’esprit. On a dit très justement : « La plupart de ceux qui auraient honte de frapper quelqu’un, ne peuvent retenir une parole passionnée ou dure contre leur prochain ». Il n’est rien de plus facile que d’empoisonner l’esprit d’un frère contre un autre par une critique irréfléchie et méchante.

(v. 9-12) De plus, la langue peut être très inconséquente, car tout en étant capable de bénir Dieu, elle peut aussi maudire l’homme fait à la ressemblance de Dieu. De la même bouche procède la bénédiction et la malédiction. C’est contraire à la nature, car aucune fontaine ne peut faire jaillir de l’eau douce et de l’eau amère par une même ouverture, pas plus qu’un figuier ne produit des olives ou une vigne des figues. L’ordre divin exige qu’un objet d’une certaine nature produise toujours des fruits de la même nature. Les chrétiens, en tant que nés de Dieu et moralement participants de la nature divine, doivent dans leurs paroles et dans leurs actes être conséquents avec l’ordre selon Dieu.

L’apôtre ne parle pas de la langue lorsqu’il en est fait usage par la grâce et sous le contrôle de l’Esprit, mais de la langue employée sous l’influence de la chair et activée par le diable. Rien sinon la puissance de l’Esprit remplissant le cœur de la grâce de Christ ne peut retenir la langue. Lorsque le cœur jouit de la grâce et de l’amour de Christ, la langue s’exprime en grâce, de l’abondance du cœur.

2. La jalousie et l’esprit de querelle (3, 13-18)

Après avoir exposé en termes incisifs les méfaits d’une langue indomptée, l’apôtre met en garde contre la jalousie et l’esprit de querelle. Dans ce contexte, il établit un contraste frappant entre l’homme sage et ceux qui nourrissent dans leur cœur la jalousie et les querelles.

(v. 13) Celui qui est sage, ayant l’intelligence de la pensée de Dieu, le manifestera, non par de la vanterie, ni même nécessairement par des paroles, mais par une bonne conduite et des bonnes œuvres faites dans la douceur qui est le résultat de la vraie sagesse. Trop souvent la chair cherche à se mettre en avant par la vanterie et par des œuvres accomplies avec ostentation. L’homme sage n’agit pas ainsi.

(v. 14, 15) En contraste avec celui qui est sage, il y a ceux qui nourrissent une jalousie amère et un esprit de querelle dans leur cœur. Le mal, comme toujours, commence dans le cœur ; la jalousie dans le cœur conduit à la vanterie, et cette dernière au mensonge contre la vérité. Que de fois l’envieux cherchera à cacher sa jalousie en protestant qu’il n’a pas de rancune dans son cœur, mais qu’il ne fait que résister au mal et défendre la vérité. Si, sous le prétexte de découvrir un mal et de dire à un frère toute la vérité pour son bien, nous exprimons délibérément des choses blessantes, nous pouvons être bien certains que la méchanceté dans le cœur est derrière nos paroles offensantes. Que de fois n’a-t-on pas excusé les paroles les plus méchantes en citant : « Mieux vaut une réprimande ouverte qu’un amour caché. Les blessures faites par un ami sont fidèles ». Mais saurions-nous citer les paroles qui précèdent immédiatement celles-ci ? Elles nous rendraient attentifs à ne pas user légèrement de ces versets, car la question y est posée : « Qui subsistera devant la jalousie ? » (Prov. 27, 4-6).

Hélas ! qu’il est facile de nous tromper nous-mêmes dans notre effort pour nous excuser ! Qu’il est facile de justifier notre méchanceté en prétextant que nous agissons avec fidélité ! La méchanceté est une mauvaise herbe qui prolifère dans notre cœur ; mais combien il est rare d’entendre quelqu’un confesser qu’il nourrit de méchants sentiments dans son cœur, ou que les paroles qu’il prononce sont méchantes.

La jalousie amère et l’esprit de querelle ne sont pas le produit de la sagesse d’en haut. Ce sont des manifestations terrestres, non pas célestes ; ils expriment les sentiments du vieil homme, non pas ceux du nouvel homme. Ils sont du diable, non de Dieu.

En outre, souvenons-nous que la jalousie est toujours un aveu d’infériorité. Envier un homme qui a un revenu élevé, c’est reconnaître que le mien est plus petit. De même, être jaloux d’un homme possédant un don, c’est confesser que celui que j’ai est inférieur.

(v. 16) Si la jalousie et l’esprit de querelle dans le cœur mènent à des paroles de vanterie et de mensonge pour tenter d’excuser ou de couvrir l’envie, à leur tour la vantardise et l’hypocrisie produiront désordre et confusion, ouvrant la porte à « toute espèce de mauvaises actions ». Ici donc, la cause première de toute scène de désordre qui pourrait se passer parmi les enfants de Dieu est exposée en termes clairs et exerçants. La jalousie amère et l’esprit de querelle dans le cœur, s’exprimant en paroles de vanterie et de tromperie, conduisent à « du désordre et toute espèce de mauvaises actions ».

(v. 17, 18) En contraste frappant avec les activités du vieil homme marqué par la jalousie et l’esprit de querelle, l’apôtre place devant nous, dans les derniers versets, une belle image du nouvel homme, caractérisé par « la sagesse qui descend d’en haut ». Nous savons que Christ est en haut, assis dans la gloire, et qu’Il « nous a été fait sagesse de la part de Dieu ». Christ est la Tête du corps et toute la sagesse de la Tête est à notre disposition. On a dit très justement : « Il se plaît autant à être « Tête » au croyant le plus simple qu’à l’apôtre Paul. Il a été Tête et sagesse à l’apôtre, mais il est prêt à être Tête et sagesse au chrétien le moins intelligent ». Combien ces paroles sont vraies ! Le passage qui nous dit que « Dieu a choisi les choses folles du monde » ajoute en effet immédiatement : « Vous êtes de lui dans le Christ Jésus, qui nous a été fait sagesse de la part de Dieu » (1 Cor. 1, 27, 30). Hélas ! ce que nous imaginons être notre propre sagesse nous empêche souvent de bénéficier de la sagesse d’en haut — la sagesse de notre « Tête ». Quelle chose heureuse pour nous de reconnaître notre folie, et de nous rejeter sur la sagesse qui est en Christ notre Tête, pour découvrir qu’aussi peu intelligents que nous soyons par nature, nous recevrons une sagesse donnée pour chaque détail de notre vie et de notre service.

Si nous sommes caractérisés par la sagesse d’en haut, nous ressemblerons à Christ. « La sagesse d’en haut est premièrement pure, ensuite paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits, sans partialité, sans hypocrisie ». Qu’est-ce sinon une belle description de Christ quand Il a traversé ce monde ?

La sagesse de la Tête s’occupe d’abord de notre cœur. Elle nous amène à juger le mal secret, afin que nous soyons purs de cœur. Puis, dans nos relations avec les autres, elle nous enseignera à être paisibles. Elle mettra à un frein à notre langue et à notre propension à la dispute, nous conduisant ainsi à chercher la paix. En recherchant celle-ci, nous nous exprimerons avec modération plutôt que selon la manière violente de la chair. Au lieu de l’agressivité de la chair qui veut toujours s’affirmer, nous céderons aux autres, étant prêts à écouter ce qu’ils ont à dire. En outre, la sagesse d’en haut est disposée à manifester de la miséricorde plutôt que de condamner hâtivement. Elle est « sans partialité » et « sans hypocrisie ». Elle ne cherche pas à faire étalage d’une grande sagesse en soulevant des questions sans fin. Elle est caractérisée par la simplicité et la sincérité. La sagesse d’en haut produit ainsi le fruit de la justice, semé dans un esprit de paix par ceux qui cherchent à procurer la paix. La sagesse de la Tête ne produira jamais ni désordre ni querelle. Celui qui est caractérisé par cette sagesse procurera la paix et, dans la condition paisible ainsi créée, il moissonnera les fruits de la justice.

3. Les passions non contrôlées (4, 1-3)

(v. 1-3) L’apôtre vient de parler de désordre et de querelle parmi ceux qui portent le nom de peuple de Dieu. Il demande maintenant : « D’où viennent les guerres, et d’où les batailles parmi vous ? ». Il fait remonter les conflits parmi le peuple de Dieu aux convoitises du cœur trouvant expression dans les membres du corps. Pour satisfaire ses passions, la chair est prête à tuer et à se battre. Dans un sens littéral, c’est vrai du monde et de ses guerres. Dans un sens moral, si nous sommes résolus à exécuter notre propre volonté, la triste nature humaine rabaissera et écrasera tout ce qui se mettra en travers de l’accomplissement de nos désirs.

Si ces désirs sont légitimes, il n’est pas nécessaire de nous battre entre nous pour les obtenir ; nous pouvons demander à Dieu de nous les accorder. Trop souvent, hélas ! nous n’obtenons pas de réponse à nos prières, parce que peut-être nous demandons avec le mauvais motif de satisfaire quelque volupté.

4. L’amitié du monde (4, 4)

Ces considérations sur la convoitise de la chair conduisent l’apôtre à nous mettre en garde contre l’amitié du monde, lequel offre toutes les occasions de satisfaire ses désirs. Le monde est caractérisé par la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Il a manifesté son inimitié à l’égard de Dieu en rejetant et en crucifiant le Fils de Dieu. Pour quelqu’un qui professe avoir la foi dans le Seigneur Jésus, entrer en amitié avec le monde qui a crucifié le Fils de Dieu, équivaut à commettre spirituellement adultère. « L’amitié du monde est inimitié contre Dieu ». Notre attitude vis-à-vis du monde déclare notre attitude vis-à-vis de Dieu. « Celle qui vit dans le plaisir est morte en vivant », dit l’apôtre Paul (1 Tim. 5, 6). Cultiver la complaisance mondaine produit une rupture entre l’âme et Dieu. « Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui », dit l’apôtre Jean (1 Jean 2, 15). « Quiconque donc voudra être ami du monde, se constitue ennemi de Dieu », déclare l’apôtre Jacques.

5. L’orgueil de la chair (4, 5-10)

(v. 5, 6) L’apôtre montre maintenant que derrière l’amitié du monde se cache l’orgueil de notre vieille nature. Désirant être quelque chose, la chair se tourne naturellement vers le monde pour essayer de trouver dans ses richesses, sa position sociale et ses honneurs ce qui satisfera son besoin impérieux de se distinguer. Toutefois, ce n’est pas en vain que l’Écriture nous met en garde contre le monde ; et l’Esprit qui demeure dans les chrétiens ne nous conduira pas à convoiter les choses du monde. Au contraire, Il leur donnera la grâce nécessaire pour résister au monde et à la chair, suivant cette promesse : « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles ». Si nous nous contentons d’être petits et même de n’être rien dans ce monde, la puissance et la grâce pour résister à la chair et au monde nous seront accordées.

(v. 7) Sept exhortations sont données maintenant pour répondre à l’orgueil de la chair. Elles sont toutes si contraires à l’orgueil naturel de nos cœurs que rien, sinon la grâce administrée par l’Esprit, ne nous permettra d’y répondre dans quelque mesure.

D’abord, l’apôtre dit : « Soumettez-vous donc à Dieu ». La grâce seule conduira à la soumission. Le sentiment de la grâce et de la bonté de Dieu donnera une telle confiance en Dieu, que l’âme renonce avec bonheur à sa volonté propre et se soumet à Dieu. Au lieu de chercher à être quelqu’un et quelque chose dans le monde, le chrétien accepte avec joie les circonstances ordonnées par Dieu. Le Seigneur Jésus est l’exemple parfait de Celui que Sa confiance en Dieu a amené à se soumettre parfaitement à Lui. Dans les circonstances les plus douloureuses, quand par exemple Il était rejeté par les villes dans lesquelles Il avait opéré Ses miracles d’amour, Il dit : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matt. 11, 26).

Deuxièmement, Jacques nous dit : « Résistez au diable, et il s’enfuira de vous ». Nous soumettre à Dieu et être content de ce que nous avons nous permettra de résister à Satan qui nous tente et nous provoque par les choses de ce monde. Comme lors des tentations de notre Seigneur, le diable cherchera à nous séduire pour satisfaire les besoins de la vie courante, nos aspirations religieuses, ou tout ce que nos regards pourraient convoiter. Mais si les tentations qu’il présente se heurtent à l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu, ses artifices seront découverts et il ne pourra pas se maintenir contre la grâce de l’Esprit qui demeure en nous. Le Seigneur a vaincu Satan et, dans Sa grâce, nous a donné le moyen de résister au diable qui doit alors s’enfuir.

(v. 8) Troisièmement, il nous est dit : « Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous ». Si l’on résiste au diable, il est contraint de fuir, laissant l’âme libre de s’approcher de Dieu et de découvrir qu’Il est tout près de nous. Si, comme le Seigneur dans sa marche parfaite, nous nous proposons toujours le Seigneur devant nous, nous expérimenterons, comme Lui l’a fait, que l’Éternel est à notre droite et que, du fait qu’Il est près de nous, nous ne serons pas ébranlés (Ps. 16, 8). S’approcher de Dieu est l’expression de la confiance active en Lui et de la dépendance de Lui, provenant d’un cœur amené par la grâce à découvrir que Son trône est un trône de grâce.

Quatrièmement, Jacques dit : « Nettoyez vos mains ». Pour nous approcher de Dieu, nous devons juger tout acte qui ne convient pas à Sa sainte présence, ne mettant pas les mains à quoi que ce soit qui risque de nous souiller.

Cinquièmement, « Purifiez vos cœurs, vous qui êtes doubles de cœur ». Il ne suffit pas de se nettoyer les mains ; nous devons aussi juger le mal dans notre cœur. Les pharisiens pouvaient faire grand étalage de purification extérieure en se lavant les mains, mais le Seigneur doit dire : « Leur cœur est fort éloigné de moi » (Marc 7, 3, 6). Celui qui monte en la montagne de l’Éternel et qui se tient dans le lieu de sa sainteté doit avoir « les mains innocentes et le cœur pur » (Ps. 24, 3, 4). Le cœur est le siège des affections chrétiennes. Celles-ci doivent être purifiées de tout objet incompatible avec la volonté de Dieu.

(v. 9) Sixièmement, « Menez deuil et pleurez ». Si nous sommes conduits par la grâce de l’Esprit de Dieu, nous ne pourrons pas être indifférents à la condition solennelle de ce qui prétend être le peuple de Dieu, et nous ne trouverons aucun motif de nous réjouir dans son triste état. Le chrétien a des joies que personne ne peut lui ravir, et il peut se réjouir dans la grâce de Dieu qui opère au milieu du mal des derniers jours. Mais, le rire vain du monde religieux professant et les fausses joies par lesquelles il ne fait que se tromper lui-même en croyant soulager ses misères, conduiront le cœur touché par la grâce de Dieu à mener deuil et à pleurer.

(v. 10) Septièmement, l’apôtre dit : « Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera ». Nous avons bien de quoi être confus en pensant à la condition dans laquelle se trouve ce qui se prétend le peuple de Dieu, mais par-dessus tout nous avons à nous humilier à cause de ce que nous découvrons dans notre propre cœur. L’humiliation doit avoir lieu dans la présence du Seigneur. C’est une œuvre intérieure par laquelle l’âme est rendue consciente de sa propre insignifiance face à la grandeur de Dieu. Notre tendance naturelle est de chercher à nous élever les uns par rapport aux autres ; seule la grâce nous amènera à nous humilier devant le Seigneur. Si nous le faisons, c’est Lui qui nous élèvera au moment qu’Il choisira. Au contraire si nous cherchons à nous élever, nous serons abaissés et humiliés.

On remarquera que ces sept exhortations impliquent que nous nous trouvons au milieu d’une vaste profession religieuse caractérisée par les maux contre lesquels nous sommes mis en garde. Bien loin de se soumettre à Dieu et de résister au diable, la chrétienté se rebelle de plus en plus contre Dieu et se soumet toujours davantage au diable. Insouciance et autosatisfaction la caractérisent. Elle poursuit gaiement son chemin au lieu de mener deuil et de pleurer ; et elle est fière de ses succès, au lieu d’être humiliée de son état. De toute manière, il n’est possible de répondre à ces exhortations que dans la puissance et la grâce de l’Esprit qui demeure en nous (v. 5). En réalisant la condition dans laquelle se trouve la chrétienté professante, ceux qui sont conduits par l’Esprit seront gardés de s’enorgueillir. Ils seront amenés à s’humilier devant Dieu, afin de trouver grâce au milieu de toute la ruine, et gloire dans le jour à venir où ceux qui s’humilient maintenant seront élevés, car « plusieurs qui sont les premiers seront les derniers ; et les derniers seront les premiers » (Marc 10, 31).

6. La médisance (4, 11, 12)

(v. 11, 12) L’apôtre nous a mis en garde contre l’orgueil de la chair qui cherche à s’élever. Maintenant, il nous avertit contre la tendance à rabaisser les autres en parlant mal contre eux. Médire des autres est une tentative indirecte pour s’élever soi-même. Aussi la médisance n’est que la triste conséquence de l’importance que l’on s’attribue à soi-même. L’amour ne voudrait, ni ne pourrait, parler mal. De l’abondance du cœur la bouche parle. Mal parler indique donc infailliblement que l’orgueil et la méchanceté, plutôt que l’amour, ont trouvé place dans le cœur.

En outre, celui qui médit de son frère a oublié la loi royale qui nous exhorte à aimer notre prochain comme nous-mêmes. Et la loi du Sinaï dit aussi clairement : « Tu ne diras point de faux témoignage contre ton prochain ». Déjà selon la loi, notre frère ne doit pas être déprécié, mais doit être un objet d’amour, et sa réputation doit être sauvegardée par la bouche de ses frères. Lorsque ce n’est pas le cas, cela signifie que nous ne vivons pas même au niveau de la loi. Il est alors évident que parler contre notre frère, c’est parler contre la loi ; au lieu d’accomplir la loi, nous agissons comme si nous étions au-dessus d’elle. Nous jugeons la loi plutôt que de laisser la loi nous juger. De plus, transgresser la loi, c’est mépriser le Législateur et usurper Sa place. Si notre frère a mal agi, le Législateur peut Lui-même absoudre ou condamner selon Sa sagesse parfaite. Qui sommes-nous pour nous juger les uns les autres ?

Devons-nous alors être indifférents au mal que nous pouvons constater chez les autres ? Loin de là ! D’autres passages nous instruisent quant à la manière de le traiter, lorsque la triste nécessité s’en présente. Mais ce verset nous met en garde contre le fait de parler l’un contre l’autre. Celui qui médit de son frère ne s’occupe pas du mal et n’a pas l’intention de le faire. Il parle simplement contre son frère pour le déprécier. Puissions-nous nous souvenir, lorsque nous sommes tentés de satisfaire un peu notre malveillance vindicative en disant du mal de notre frère, que non seulement nous nous abaissons au-dessous du niveau chrétien, mais que nous n’accomplissons même pas la justice de la loi.

7. La volonté propre et la confiance en soi (4, 13-17)

Finalement, l’apôtre nous avertit à l’égard de deux formes de mal qui vont souvent ensemble — la volonté propre qui laisse Dieu en dehors de nos circonstances (v. 13, 14) et la confiance en soi qui nous amène à nous vanter de nos activités (v. 15-17).

(v. 13, 14) Sans s’inquiéter de Dieu ni de nos frères, la chair peut annoncer : « nous irons dans telle ou telle ville, et nous y passerons une année, et nous trafiquerons et nous gagnerons ». La volonté propre décide où aller, combien de temps rester et ce qui sera fait. Ces projets ne sont pas nécessairement mauvais. Ce qui l’est, c’est le fait que Dieu n’a aucune place dans nos pensées. La vie de volonté propre est une vie sans Dieu. Nous en disposons comme si nos jours nous appartenaient. Nous oublions d’abord que nous ne savons pas ce qui arrivera demain, ensuite que notre vie n’est qu’une vapeur.

(v. 15-17) Vu l’incertitude de nos circonstances et le caractère transitoire de la vie, notre sagesse consiste à marcher dans une humble dépendance du Seigneur et à subordonner tous les projets que nous faisons à la réserve : « Si le Seigneur le veut ». Hélas ! la chair non seulement se vante de faire sa propre volonté, mais elle se glorifie dans ses vanteries. Aussi sommes-nous prévenus que si nous savons faire le bien et que néanmoins nous refusions de le faire par volonté propre, nous péchons. L’apôtre ne dit même pas que faire le mal est pécher, mais que ne pas faire le bien, quand nous savons ce qui est juste, c’est pécher.