Livre:Montre-moi ta foi/La vie chrétienne pratique

De mipe
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Le premier chapitre présente le grand sujet de l’épître — le développement d’un caractère chrétien complet au sein d’un système religieux sans vie.

(v. 2-4) L’apôtre commence par nous encourager à nous réjouir dans les épreuves, celles-ci devenant l’occasion de développer la vie pratique de piété. D’abord, il nous dit qu’elles constituent comme un test de la réalité de notre foi. Deuxièmement, elles sont le moyen dont Dieu se sert pour produire la patience. Troisièmement, si la patience a son œuvre parfaite, elle aboutira à une vie chrétienne bien équilibrée, dans laquelle notre volonté sera bridée, et celle de Dieu accomplie. Pour cela, il faut que la patience puisse avoir son œuvre parfaite. L’œuvre de la patience consiste à briser la confiance en soi et la volonté propre et à nous enseigner que, séparés de Dieu, nous ne pouvons rien faire. Lorsque la patience aura eu son œuvre parfaite, l’âme manifestera sa soumission à Dieu dans l’épreuve en s’inclinant devant ce qu’Il permet et en s’attendant au Seigneur. « C’est une chose bonne qu’on attende, et dans le silence, le salut de l’Éternel » (Lam. 3, 26).

L’apôtre commence donc par présenter de quelle manière Dieu développe dans les siens une vie accomplie, ne manquant d’aucun caractère chrétien. Cette vie a été parfaitement manifestée en Christ sur la terre au milieu des épreuves et des souffrances ; elle l’est dans les croyants par l’épreuve et la souffrance.

(v. 5) Toutefois, même si la volonté est soumise et même si nous désirons vraiment faire la volonté de Dieu, il peut nous arriver souvent, dans nos épreuves, de manquer de sagesse pour agir selon Sa volonté. Si l’un d’entre nous se trouve dans ce cas, « qu’il demande à Dieu », dit l’apôtre. Dieu est notre ressource. Nous pourrions appréhender de nous adresser aux hommes, non seulement parce que leur conseil risquerait de ne pas être bon, mais parce qu’ils pourraient le donner à contrecœur, blâmer notre ignorance ou trahir notre confiance. Avec Dieu, nous n’avons rien à craindre. Il donne libéralement, sans nous reprocher nos inconséquences et notre faiblesse.

(v. 6-8) Le besoin qui nous conduit à Dieu devient une occasion de développer notre foi. Aussi sommes-nous exhortés non seulement à demander à Dieu, mais encore à le faire « avec foi, ne doutant nullement ». En nous adressant à Dieu, nous devons compter sur une réponse à nos prières. Douter que Dieu répondra, en Son propre temps et à Sa propre manière, prouverait que notre esprit est « semblable au flot de la mer, agité par le vent et jeté çà et là ». La vague est le jouet des vents venant de quelque direction que ce soit. Ne nous laissons pas influencer dans nos prières par la difficulté des circonstances ou par la puissance de mal qui est contre nous. Avec une foi simple, regardons à Celui qui est au-dessus de toutes les influences contraires — à Celui qui peut marcher sur les vagues et apaiser la tempête. Lui seul est en mesure de nous donner la sagesse d’agir selon Sa volonté. Les prières que nous adressons à Dieu sont peut-être souvent arrêtées par l’incrédulité qui regarde aux circonstances. Si nous sommes incertains dans nos pensées, nous serons inconstants dans toutes nos voies, et nous nous laisserons entraîner dans un sens ou dans l’autre selon que les circonstances nous paraîtront favorables ou non.

(v. 9-11) Nous pourrions aussi chercher une échappatoire aux épreuves dans notre situation sociale ou de fortune. Comme croyants nous devrions nous réjouir de ce que notre position devant Dieu ne dépend en aucune façon de notre rang social dans ce monde. Le frère de basse condition a de quoi se réjouir de ce que le christianisme l’a élevé à une nouvelle position spirituelle infiniment supérieure à toute la gloire que ce monde peut offrir. Il a part avec Christ et les siens dans le temps présent ; il aura part à la gloire de Christ dans le monde à venir. Souvenons-nous que Dieu a choisi « les pauvres quant au monde, riches en foi et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ».

Les riches de leur côté ont de quoi se réjouir dans leur abaissement. Leurs possessions terrestres et les honneurs humains ont cessé d’avoir de l’emprise sur eux maintenant qu’ils ont part aux richesses insondables du Christ. Comparées à Christ et à Sa gloire, les distinctions et les richesses de ce monde ne sont que des fleurs qui se fanent et périssent. L’apôtre Paul, après avoir trouvé Christ dans la gloire, regarde tous ces avantages terrestres comme une perte ; plus encore, il les estime comme des ordures. Le chrétien qui se glorifie dans sa naissance et sa position sociale se glorifie dans ce que l’apôtre, pour ce qui le concernait, couvre de mépris. Quelqu’un a dit : « Le monde passera, et l’esprit de ce monde a déjà passé du cœur du chrétien spirituel. Celui qui prend la place la plus basse sera grand dans le royaume de Dieu » (J.N.D.).

Unis par les liens de l’amour divin, le pauvre et le riche peuvent laisser en arrière tout ce qui touche à la position dans le monde et aux possessions terrestres, pour jouir ensemble des choses qui se rattachent à cette précieuse communion à laquelle ils sont l’un et l’autre appelés, « la communion de son Fils Jésus Christ, notre Seigneur » (1 Cor. 1, 9).

(v. 12) Bienheureux l’homme, riche ou pauvre, qui évite ces pièges et endure l’épreuve, ne regardant qu’au Seigneur pour connaître Sa pensée et marcher dans l’obéissance à Sa volonté. Il réalise la vie chrétienne pratique et lorsque le sentier de la foi, avec ses épreuves, sera terminé, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment. Souvent nous nous rebellons dans les épreuves, parce que nous sommes égoïstes et voulons nous défendre et nous justifier, mais si nous L’aimions Lui davantage, nous serions prêts à souffrir pour Lui.

(v. 13-15) L’apôtre nous met ensuite en garde contre un autre caractère de l’épreuve. Il a parlé de l’épreuve de la foi, due aux circonstances extérieures (v. 2, 3) ; maintenant il nous invite à ne pas confondre cette forme de tentation avec celles qui proviennent de la chair qui est en nous. Dieu peut nous éprouver par les circonstances extérieures, mais Lui ne peut être tenté par le mal, ni non plus induire un homme à faire le mal. Nous pouvons, nous, par la convoitise qui est en nous, être tentés par le mal, et être ainsi entraînés à le faire. C’est parce qu’il a été séduit par la convoitise de l’argent dans son cœur que Judas est tombé dans la tentation du diable qui l’a amené à satisfaire son désir en trahissant le Seigneur. La convoitise en lui a conduit au péché de la trahison et le péché de la trahison a produit la mort.

(v. 16-18) En contraste avec le mal venant de la chair, « tout ce qui nous est donné de bon » et « tout don parfait » ne peut venir que de Dieu. Le mot grec traduit par « ce qui est donné de bon » se réfère au fait de donner ; tandis que « don parfait » se rapporte à la chose donnée. Tout ce qui est bon, tant dans la manière de donner que dans la chose elle-même, vient de Dieu. Il est aussi le « Père des lumières ». Dans le monde physique, c’est Lui qui a placé les luminaires « dans l’étendue des cieux pour donner de la lumière sur la terre ». Il est également la source de toute lumière spirituelle. Aucunes ténèbres ne viennent de Lui. Il est non seulement bon et lumière pure, mais toute bonté et toute lumière viennent de Lui ; et en Lui il n’y a pas de variation ou d’ombre de changement. Il ne change pas avec nos circonstances instables ou nos dispositions variables.

Nous avons une expression magnifique de la bonté de Dieu dans le don qu’Il nous a fait d’une nouvelle nature pour que nous soyons une sorte de prémices de Ses créatures. Ayant cette nouvelle nature produite en nous par la parole de la vérité, nous devenons les prémices de la nouvelle création.

(v. 19-21) Ainsi le chrétien est appelé à être un témoin de la nouvelle création, en vivant dans la puissance qui opère par la nouvelle nature, au lieu d’agir selon les désirs corrompus de l’ancienne. Nous sommes appelés à nous comporter d’une manière pratique conséquente avec cette nouvelle nature. Nous devons être prompts à écouter, lents à parler et lents à la colère. Écouter correspond à une attitude de dépendance, attentive à ce que Dieu dit. Parler, c’est exprimer nos propres pensées. Nous devons donc être prompts à écouter les paroles de Dieu, expression de Sa pensée et de Sa volonté, et être lents à exprimer ce qui trop souvent ne fait que manifester notre nature et notre volonté. En outre il nous faut non seulement être lents à donner expression aux pensées de notre esprit, mais aussi lents à la colère qui traduit les sentiments de notre cœur. La colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu et n’est pas compatible avec la piété. Aussi sommes-nous exhortés à rejeter toute saleté de la chair et tout débordement de malice du cœur, qui se manifeste par des paroles vives et une colère injuste. Nous devons juger le mal qui se cache derrière les paroles malicieuses et les explosions de colère. Cela, non pas en cherchant à obéir à une loi extérieure, propre seulement à exciter la chair, mais en rejetant chacune de ses phases et en recevant avec douceur la Parole de Dieu implantée. C’est la Parole reçue dans l’âme, non pas avec des raisonnements et des questions, mais dans la douceur qui se soumet à ce que Dieu a à dire. La Parole ainsi implantée dans l’âme agira pour nous délivrer de tout le mal de la chair et du monde. Nous sommes ainsi non seulement engendrés par la Parole, mais nous sommes transformés dans notre caractère et nous croissons dans la grâce par la même Parole.

(v. 22-24) Nous avons été exhortés à être prompts à écouter ce que Dieu nous dit dans Sa Parole ; maintenant nous sommes engagés à mettre en pratique ce que nous entendons. Nous devons être des « faiseurs » de la Parole, et non pas seulement des auditeurs. Qu’est-ce sinon l’écho des paroles mêmes du Seigneur : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13, 17). Quelqu’un a dit que cette « déclaration pourrait être considérée comme une évidence et même une banalité ; dans la pratique rien ne saurait être plus nécessaire, tant nous sommes enclins à nous contenter d’approuver ou d’admirer une belle action ou une bonne habitude, comme si nous l’avions accomplie nous-mêmes. Retenons bien cette exhortation ». Celui qui se vante de connaître la Parole sans la mettre lui-même en pratique ne fait que s’abuser sur sa vraie condition devant Dieu. Il ne se sert de la Parole que comme d’un miroir dans lequel il se considère un moment, puis il oublie tout. Ses voies ne sont pas gouvernées par la Parole.

(v. 25) Celui qui possède la nouvelle nature et qui est conduit par la Parole découvrira que celle-ci est la « loi parfaite, celle de la liberté ». La loi de Sinaï était écrite sur des tables de pierre ; elle n’inscrivait rien sur le cœur. Elle disait aux hommes ce qu’ils devaient faire, mais ne leur donnait ni le désir ni la capacité d’obéir. Recevoir l’ordre de faire ce que je ne désire pas du tout faire n’est rien d’autre que de l’esclavage, même si j’obéis. Maintenant, par la Parole de Dieu, non seulement une révélation parfaite de la volonté de Dieu nous a été donnée, mais aussi, par la même Parole, une nouvelle nature a été engendrée en nous, laquelle se plaît à agir selon la Parole. Recevoir le commandement de faire ce que je désire faire, c’est la liberté. La Parole de Dieu devient ainsi une loi de la liberté et celui qui est conduit par cette loi-là sera « bienheureux dans son faire ».

(v. 26, 27) Les derniers versets du chapitre nous invitent à la piété pratique selon la Parole de Dieu qui porte avec elle la bénédiction de Dieu. La langue trahit vite la simple prétention d’être religieux. La langue débridée démasquera bientôt un cœur dans lequel la convoitise et la méchanceté ne sont pas jugées. La religion pure se manifestera non pas dans des paroles, mais en pratique. Elle conduira à la sympathie envers les affligés et à la séparation du monde.

Certains essayeront peut-être d’agir conformément à une partie du verset et oublieront l’autre. On peut accomplir beaucoup de bonnes œuvres et marcher cependant la main dans la main avec le monde. Ou au contraire, on réalisera la séparation du monde mais on négligera les bonnes œuvres pratiques. Le service religieux pur et sans tache réclame l’obéissance aux deux exhortations. Celui qui va au-devant des besoins du monde doit veiller à ne pas être souillé par sa méchanceté. Avec quelle perfection ce service religieux pur et sans tache n’a-t-il pas été accompli par Christ ! Quelqu’un a dit : « Sa sainteté a fait de lui un parfait étranger dans un monde si souillé ; sa grâce a fait de lui un parfait serviteur dans un monde si misérable et affligé… Bien que contraint à la solitude morale par la scène de péché qu’Il traversait, Il était poussé à l’activité d’amour par la misère et les besoins qu’Il y rencontrait » (J.G.B.).

Ainsi, dans ce premier chapitre, l’apôtre place devant nous la vie chrétienne pratique,

fortifiée par les épreuves et la dépendance de Dieu,

vécue dans la puissance d’une nouvelle nature qui se plaît à écouter la Parole de Dieu et à lui obéir,

se manifestant dans l’amour qui va au-devant des pauvres dans ce monde,

mais dans la sainteté qui marche dans la séparation de ce dernier.