Messager Évangélique:Correspondance (janvier 1862)

De mipe
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À …, le 23 janvier 1862

J’ai lu, dans le Messager n° 22, qu’un frère désirait qu’on répondît aux questions suivantes :

« Quelles sont les capacités que la Parole de Dieu accorde à l’homme naturel, et en quoi consiste sa responsabilité ? Est-ce que la Parole distingue entre la responsabilité de l’homme naturel et celle de la chrétienté ? ».

Après avoir lu ces questions, j’ai d’abord eu le désir d’y répondre, par la raison qu’il me semblait assez facile de le faire. Mais je me suis laissé arrêter par la pensée qu’un frère plus capable que moi pourrait le faire avec plus d’édification, et j’espère encore être devancé, et que les quelques réflexions que je vais essayer de vous soumettre sur le sujet, seront mises de côté.

En lisant et relisant ces questions, j’ai cherché à découvrir la pensée du frère qui les fait, et je crois l’avoir trouvée : il a probablement voulu provoquer une réponse qui fermât la bouche à l’homme naturel qui demande toujours : Que dois-je faire ? Mais ne puis-je rien faire ? Serait-ce vrai que je sois sans force, comme on l’entend souvent dire ? D’où vient ce langage chez l’homme naturel ? De sa propre justice et de son incrédulité, qui n’ont rien à faire avec la Parole de Dieu, laquelle seule éclaire toutes les questions. La foi, au contraire, ouvre avec révérence la Parole de Dieu pour savoir ce que Dieu a dit et pour le croire. C’est donc avec la foi que j’ouvre la Bible pour avoir le jugement de Dieu sur l’homme naturel. Je me bornerai à indiquer les passages que le lecteur voudra bien lire dans sa Bible. Dans les psaumes 14, 1-3 et 53, 1-3, nous avons l’appréciation de Dieu, après qu’Il a eu regardé des cieux sur les fils des hommes, pour voir s’il y en a quelqu’un qui soit intelligent, et qui cherche Dieu. Ce même jugement sur l’homme naturel est rappelé par le Saint Esprit dans le Nouveau Testament : Romains 1, 18-32 ; 3, 9-18 ; 1 Corinthiens 2, 14. L’apôtre Paul savait parce qu’il le croyait, « qu’en lui, c’est-à-dire en sa chair, il n’habitait point de bien » (Rom. 7, 18), ni même aucune capacité pour penser le bien (2 Cor. 3, 5). L’homme naturel nous est représenté dans Éphésiens 2, comme un être mort pour le bien, mais vivant pour le mal. À ces citations qu’on pourrait multiplier, j’en ajouterai encore deux de l’Ancien Testament, en soulignant les deux derniers mots de la première : Genèse 6, 5 ; Jérémie 17, 9.

Qui que vous soyez qui lirez ces lignes, chrétiens ou autres, croyez-vous cela ? Si vous le croyez, cessez donc de chercher quelque chose de bon en vous, ou d’attribuer quelque capacité pour le bien à l’homme naturel. C’est là, sans aucun doute, le premier pas, ou ce qui est à la base du renoncement à soi-même et du véritable affranchissement. L’auteur de l’hymne 78 du recueil des frères, l’avait bien compris, quand il dit :

En n’ayant rien en nous, nous avons tout en toi.

Néanmoins, l’homme naturel est responsable envers Dieu du mépris de Ses œuvres, de Sa lumière et de Sa grâce, etc. (Rom. 1, 18-32 ; Jean 3, 19 ; 5, 40, 42, 43 ; 12, 48). Dieu s’est assez manifesté à l’homme pour qu’il soit inexcusable, pour que toute bouche soit fermée et que tout le monde soit coupable devant Lui, Romains 3, 19. — Mais comme l’homme a cherché beaucoup de raisonnements, il dira encore ici : Comment allier l’incapacité complète de l’homme avec sa responsabilité ? Nous lui dirons : Qu’as-tu besoin de rallier ces choses et de vouloir les comprendre ? Crois-les parce que Dieu les a dites ainsi, et sois content et reconnaissant que Dieu veuille te recevoir tel que tu es, pauvre pécheur, perdu et incapable de faire le bien. Et si tu veux continuer à raisonner, écoute encore ce que Dieu te dit dans Romains 9, 20.

Quant à la responsabilité de la chrétienté, je crois qu’elle est la même que celle de tout homme, avec ce degré de culpabilité de plus, que celui qui aura connu la volonté du maître et qui ne l’aura pas faite, sera battu de plus de coups (Luc 12, 47, 48). Nous pourrions ajouter : Hébreux 10, 29, et peut-être le sérieux avertissement de Proverbes 1, 23-33.

L’état de Laodicée ne peut-il pas être celui de la chrétienté ? Ni froid ni bouillant, un état de tiédeur que le Seigneur va vomir de Sa bouche.

Que le Seigneur donne aux frères le sentiment toujours plus vrai de leur incapacité, mais aussi de leur responsabilité comme Ses témoins ! Amen !