Messager Évangélique:Morts avec Christ, ressuscités avec Christ

De mipe
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La vie de résurrection du chrétien se montre en deux choses : la mort à tout ce qui est sur la terre, et les affections célestes. « Si donc vous êtes morts avec Christ, quant aux éléments du monde », dit l’apôtre, « pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, êtes-vous assujettis aux ordonnances ? ».

Cette expression « éléments du monde » a un sens très étendu. Nous ne devons pas seulement être morts au péché, mais à toute la religion de la nature humaine. Un Juif avait cette religion, et en lui elle était selon Dieu, mais elle n’a produit que « des grappes sauvages » (És. 5, 1-7). Maintenant, si nous ne voyons pas que nous sommes ressuscités avec Christ, nous cultivons la nature humaine pour Dieu. Lui-même a déjà fait de cette manière l’épreuve de l’homme, et Il le dit, rien de plus n’aurait pu être fait pour sa vigne (v. 4). Cependant l’homme voudrait toujours tâcher de cultiver cette religion de la nature humaine, et introduire les pécheurs dans le ciel autrement que par la mort. Mais, nous chrétiens, nous sommes « morts » et « ressuscités », et maintenant tout est simplement céleste.

La puissance réelle pour vivre au-dessus du péché se trouve dans la connaissance de ces choses. — Cette puissance est fondée sur le principe que nous sommes « morts au péché » (Rom. 6). En nous voyant morts et en nous estimant comme tels, nous obtenons une liberté sainte et bénie ; nous avons une nouvelle vie. Au milieu de la mort de tout ce qui nous entoure, nous chrétiens, nous vivons. Christ a pris place là où la mort et la résurrection L’ont mis, et nous sommes avec Christ. C’est une vie tout à fait nouvelle, une vie qui a son monde à elle, sa sphère d’affections. Ceux qui sont selon la chair ont leurs pensées aux choses de la chair ; mais ceux qui sont selon l’Esprit, aux choses de l’Esprit (Rom. 8, 5).

La vie de résurrection se manifeste lorsque nous marchons à travers ce monde comme nous en étant retirés, séparés, et comme n’agissant point par les mêmes motifs que lui. Un chrétien a de nouveaux motifs. Si je vois un homme traverser ce monde sans être affecté par les choses d’ici-bas, je dis : « Ou il est fou, ou il est ressuscité avec Christ ». Hélas ! nous sommes moins conséquents que beaucoup d’insensés.

Aucun motif humain ne peut influencer la nouvelle nature. Pensez-vous qu’elle se souciera de l’amitié du monde (Jacq. 4, 4) ? Ou qu’elle recherchera les richesses, l’honneur, la puissance ? Les motifs qui nous faisaient agir auparavant n’ont donc point d’influence maintenant. La perplexité arrive lorsque nous avons un motif qui n’est pas tiré du ciel ; aussi toutes les fois que nous nous trouvons dans la difficulté, nous pouvons être sûrs de ne pas être dirigés par un motif céleste. « Si ton œil est simple, tout ton corps est éclairé » (Luc 11, 34). Il n’y a point de difficulté alors.

Le chrétien a une tendance constante à s’éloigner de cette simplicité de l’œil. — Lorsque nous recevons pour la première fois la connaissance de la vie en Christ, nous sommes complètement absorbés ; nous admettons avec joie que toutes les autres choses sont « comme du fumier » (Phil. 3). Mais aussitôt que le déclin arrive, nous laissons de nouveau agir les anciens motifs. Nous sommes de moins en moins absorbés, et une quantité de choses auxquelles nous ne faisions pas attention, qui n’avaient plus de puissance sur nous, commencent à redevenir des motifs. On dit : Quel mal y a-t-il là ? Lorsque je commence à demander : « Quel mal y a-t-il en ceci ou en cela ? » j’ai une tendance à décliner. Peut-être telle ou telle chose n’est-elle pas mauvaise ; mais le fait que j’y pense prouve que je ne suis pas préoccupé de ce qui est céleste. « Tu as abandonné ton premier amour » (Apoc. 2, 4).

Ce n’est point par de grands péchés que le déclin chez les enfants de Dieu se manifeste ; mais, quand le sentiment de la grâce diminue, nous déclinons dans la pratique. Nos motifs doivent être en Dieu. Quelquefois, lorsqu’on aperçoit du déclin chez quelqu’un, on fait des efforts pour agir sur sa conduite (sur ses œuvres, sur sa vie pratique). Parce que la pleine grâce a été prêchée auparavant, dit-on, à présent qu’il y a du déclin, il faut prêcher la pratique. Mais ceci est une méprise de notre nature. Ce qui doit plutôt être mis en avant, c’est la grâce, la grâce prêchée auparavant ; car la grâce, et non pas le légalisme, restaurera l’âme. La conscience peut être extraordinairement active là où le sentiment de la grâce est affaibli ; mais elle condamne le retour à cette grâce, et il en résulte le légalisme. Au contraire, lorsque la conscience a été mise en activité par la grâce, il n’y a point de légalisme, mais une vie sainte dans tous les détails.

Nous pouvons tomber dans l’une ou l’autre de ces deux fautes : prêcher les fruits, parce qu’il n’y en a point eu de produits, ou être à l’aise, lorsque certaines choses viennent à avoir de nouveau de l’influence sur nous, par la pensée que ce que nous approuvions auparavant était du légalisme.

Nous ne retrouverons pas notre première position, en nous occupant de la pratique. Christ est le grand motif pour toutes choses, en sorte que nous devons croître dans la connaissance de la résurrection en Christ, si nous voulons agir sur la vie. Il y a dans cette connaissance une merveilleuse vérité et une merveilleuse liberté.

Un autre point très important, c’est l’esprit dans lequel nous marchons. La confiance en Dieu et la douceur d’esprit sont les dispositions qui conviennent à un saint. Pour vivre dans ces choses, il faut savoir ce que c’est que de vivre près de Dieu et avec Dieu ; car cette vie en Christ, plaçant constamment le Seigneur devant nous, aura toujours pour effet de nous faire marcher avec révérence, humilité, adoration, tranquillité, repos et bonheur. Si je vais dans un endroit où je n’ai pas l’habitude d’être ; si, par exemple, j’entre dans une grande maison, peut-être y serai-je l’objet de beaucoup de bienveillance, mais, quand je sortirai, je me sentirai plus à l’aise ; je serai content d’être dehors. Si j’avais été élevé dans cette maison, mes sentiments seraient différents. Ce n’est pas seulement pour elle-même que l’âme est heureuse en Dieu, mais elle portera avec elle au-dehors le ton de la maison. La joie en Dieu fait disparaître les inquiétudes, en sorte que le chrétien se mouvra au milieu de mille choses qui inquiéteraient et tourmenteraient un homme du monde, sans être agité par elles. Tant que nous demeurerons auprès de Dieu, nous apporterons un esprit tranquille dans toutes les circonstances, quelles qu’elles puissent être, et nous manifesterons ainsi que nous sommes ressuscités avec Christ, et que nous réalisons cette position. Nous ne nous effrayerons pas des changements qui auront lieu autour de nous, et nous ne vivrons pas dans l’apathie et dans la paresse, mais dans l’exercice de l’énergie et des affections vivantes envers le Seigneur.