Messager Évangélique:Sur l’épître aux Romains/Partie 4
Chapitre 5
C’est une grâce merveilleuse pour nous que l’Écriture soit aussi claire qu’elle l’est ; car l’esprit de l’homme raisonne sur la vérité, mais le cœur se réjouit de l’admirable simplicité de l’Écriture. Ses profondeurs, il est vrai, sont infinies et insondables, mais tout ce qui constitue le fondement du salut de l’âme y est parfaitement simple. La parole de l’homme peut éblouir pour un temps, et peut sembler claire ; mais bientôt on découvre qu’elle est pleine d’absurdités et d’erreurs. Plus on étudie la Parole de Dieu, au contraire, plus on voit sa perfection.
Nous avons déjà fait remarquer que l’épître aux Romains ne nous occupe pas tant de l’Église que des relations individuelles des âmes avec Dieu. Comment Dieu et l’homme peuvent-ils se rencontrer ? — Telle est la question à laquelle elle vient répondre. En premier lieu le sang satisfait à la justice, et garantit du jugement, ainsi que nous l’enseigne déjà le sang mis sur les linteaux des portes lorsque Israël était en Égypte (voyez Ex. 12). Ensuite Christ est descendu du ciel, et a été fait péché pour nous, et après avoir porté la colère du jugement, le salaire du péché, Il est ressuscité des morts, et est monté au ciel, où Il a été reçu comme homme dans la présence de Dieu ; et tout ce qui Lui appartient de droit, nous est maintenant donné en Lui. — À la fin du chapitre 3, nous avons vu la valeur de l’effusion du sang de Christ posée comme fondement de l’acceptation devant Dieu, et c’est là le point de départ de tout ce qui suit dans l’épître. — Le chapitre 4 nous a montré la justice imputée par la foi : « Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté pour justice » ; seulement il y a cette différence entre la foi d’Abraham et la nôtre, que Abraham crut que Dieu était puissant pour accomplir Sa promesse, tandis que nous, nous croyons que Dieu a ressuscité Jésus d’entre les morts. Il ne s’agit pas autant dans ce chapitre de la foi en Christ et en Son sang que de la foi en Celui qui ressuscita Christ d’entre les morts. Nous y trouvons l’intervention de Dieu en puissance pour nous élever à Lui comme « acceptés » dans le Bien-aimé : Christ avait été amené sous le jugement, et Dieu en Le ressuscitant, nous a ressuscités avec Lui, « nous a ressuscités ensemble » (voyez Éph. 2, 6). La foi nous place, nous aussi, là où Lui est.
Le chapitre 5 qui nous occupe aujourd’hui, poursuit le développement du sujet général ; il est divisé en trois parties. La première traite de notre position devant Dieu, dont le fondement a été posé ; dans la seconde, l’apôtre raisonne sur les conséquences de cette position, quant à notre état actuel et à nos sentiments, et il nous montre ce que nous possédons, en développant devant nous, depuis le verset 2 jusqu’au verset 11, les voies de Dieu à notre égard et notre part en Christ ; la troisième partie, à partir du verset 12, met en relief le contraste qui existe entre le premier et le second Adam, et établit l’un, chef d’une descendance par la nature, l’autre, chef d’une famille par la foi.
Le dernier verset du chapitre 4 se relie au premier verset du chapitre 5, et à cette occasion je ferai remarquer qu’il ne faut pas lire ici : « ressuscité à cause de notre justification », comme quelques-uns l’ont avancé, mais : « lequel a été livré pour nos offenses, et a été ressuscité pour notre justification ». La raison en est évidente, puisque le chapitre 5 commence par ces mots : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, etc. ».
Ainsi, l’Écriture nous apprend que Dieu ne sépare jamais la justification de la foi, car nous ne pouvons pas être justifiés, sans que nos âmes aient été amenées dans une relation vivante avec Dieu, par l’exercice d’une foi individuelle.
Il y a trois choses à remarquer dans les premiers versets de ce chapitre : d’abord la paix avec Dieu : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ». Le passé tout entier, tout ce qui tient au vieil homme, non seulement nos péchés actuellement passés, mais tout ce qui peut mourir sous le jugement, tout cela est ôté et n’existe plus pour le croyant, et de là découle pour lui une paix parfaite. — En second lieu, la faveur divine dans laquelle nous avons été introduits et dans laquelle nous sommes, effectivement et personnellement : « par lequel nous avons eu accès aussi, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes ». Enfin, comme nous ne sommes pas encore dans la gloire, nous nous réjouissons dans l’espérance de cette gloire : « et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu ». Christ a porté tout ce qui méritait le jugement, et Il a entièrement laissé derrière Lui dans le sépulcre, toutes les choses sur lesquelles le jugement pouvait être exercé, et Il est assis maintenant à la droite de Dieu sans elles. Par conséquent, tout ce qui, pour les saints, regarde le jugement, a pris fin à la satisfaction de Dieu ; il reste naturellement le châtiment du Père pour le bien de ses enfants ; mais il est impossible que Dieu fasse tomber le jugement sur ceux qui sont « justice de Dieu en Christ », parce que ce serait mettre en question la valeur et la suffisance de Christ, et que Dieu ne peut pas punir deux fois le même péché, ou, pour mieux dire, l’effacer et puis le punir. Oui, Dieu ne peut pas entrer en jugement avec les péchés de ceux qui croient. Si l’entrée du ciel a dû être refusée à quelqu’un à cause de nos péchés, c’est à Christ, qui les a portés tous ; mais nous savons qu’Il est ressuscité et qu’Il est entré dans la gloire. Christ donc a porté mes péchés, ou bien je les porte moi-même, et dans ce cas, je suis perdu. Mais Christ les a portés, et Il a été accepté et reçu dans la gloire ; la question est ainsi vidée pour moi : si je crois ce qui est dit au chapitre 9 de l’épître aux Hébreux, versets 26-28 : « Puisque dans ce cas il aurait fallu qu’il souffrît plusieurs fois depuis la fondation du monde ; mais maintenant en la consommation des siècles, il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par le sacrifice de Lui-même. Et comme il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela d’être jugés, ainsi le Christ ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent ». — « Il a été manifesté pour l’abolition du péché par le sacrifice de lui-même ». Le péché, dans toute son horreur, a été placé sur Lui, comme au jour de l’expiation, quand le péché était placé sur la tête de la victime — et le jugement est tombé sur Lui, tout entier. Mais lorsqu’Il apparaîtra la seconde fois, Il apparaîtra sans péché, non seulement dans Sa personne, car il n’y eut jamais de péché en Lui, mais comme n’ayant plus rien absolument à faire avec le péché pour ce qui regarde ceux qui s’attendent à Lui, ayant pleinement satisfait à tout ce qui concerne le péché, lorsque Dieu entra en compte avec Lui sur la croix. Là, et alors, aucun péché, dans le Christ sans péché, n’a échappé à l’œil de Dieu ; tout a été pleinement manifesté, jugé et effacé, et Christ n’est plus sur la croix, la valeur positive de Son œuvre l’ayant fait monter dans le ciel. Le jugement de mes péchés a été vidé entre un Dieu qui voit tout et Son Fils sans péché, et par conséquent nous n’avons pas seulement une espérance, mais nous avons une paix solide et bien établie.
« Ayant fait par Lui-même la purification de nos péchés, il s’est assis ». — À moins que Christ n’ait failli dans Son œuvre, nous avons une paix parfaite, et nous savons qu’Il n’a pas failli. « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ». La foi ne se rapporte jamais à elle-même, à nos sentiments propres, à notre expérience, car ces sentiments et cette expérience pourraient nous égarer, et reporter en tout cas nos pensées sur notre condition et non sur l’œuvre de Christ. Ces premiers mots du chapitre que nous avons devant nous troublent souvent ceux qui font de leur foi l’objet même de celle-ci, et qui cherchent ainsi en eux-mêmes quelque chose qui leur donne la paix. La paix ne repose jamais sur aucune expérience de quoi que ce soit qui se trouve en nous-mêmes. Nous ferons des expériences, sans doute, mais la parfaite justification du pécheur [qui a cru] ne repose pas sur l’expérience, mais elle est la réponse de Dieu à tout ce qui nous exerce, et nous exerce justement au sujet de nous-mêmes. Lorsque nous recevons la paix de Dieu selon les voies de Dieu, nous recevons la réponse de Dieu pour notre âme. Nous pouvons avoir confiance dans le cœur de Dieu, car nous savons quel est ce cœur, ayant appris à le connaître par le don de Son Fils ; et c’est en croyant à ce que ce don est, par l’œuvre de Christ, que nous trouvons la paix pour notre âme. Plus nous devons attacher de valeur à la liberté dans laquelle nous sommes introduits ainsi, plus notre égoïsme et notre moi doivent être affreux aux yeux de Dieu, lorsque nous tentons d’introduire dans Son œuvre quelque chose de ce moi, ou de notre prétendue justice. « Des mouches mortes font puer et bouillonner les parfums du parfumeur » (Eccl. 10, 1) ; et plus le parfum sera précieux, plus tôt il sera gâté. Nous ne pouvons avoir confiance en notre propre cœur, ou en nos sentiments, car « ce cœur est rusé, et désespérément malin par-dessus toutes choses » (Jér. 17, 9) ; mais nous pouvons nous confier entièrement dans le cœur de Dieu, qui ne nous a jamais trompés, et qui nous gardera jusqu’à la fin.
La foi n’est pas l’expérience, quoique nous ayons à faire des expériences de ce que nous sommes ; mais nous ne sommes pas justifiés par l’expérience : c’est la réponse que Dieu fait aux expériences qui donne la paix. — La paix n’est pas la joie ; ceux-là, souvent, qui sont joyeux n’ont pas une paix bien établie ; car ici il s’agit de quelque chose qui dépend du sentiment. Lorsqu’on a la bonté de Dieu devant soi et que l’on s’oublie soi-même, il peut y avoir de la joie, tandis que la conscience peut ne pas être purifiée. Mais la paix repose sur quelque chose qui est réglé et qui demeure. La foi regarde à son objet et non à elle-même, et l’âme a la paix avec Dieu et non avec elle-même.
Je ne vous demande pas d’avoir la paix avec vous-mêmes. Nous ne sommes pas appelés à croire que nous croyons, mais à croire que Jésus est le Fils de Dieu, « par lequel nous avons accès à cette faveur dans laquelle nous sommes » (Rom. 5, 2). Tout ce qui aurait pu nous cacher l’amour de Dieu, a été ôté, et nous pouvons nous réjouir dans l’espérance de la gloire de Dieu. La faveur de Dieu vaut mieux que la vie ; c’est pourquoi nous pouvons louer Dieu pendant que nous vivons et ainsi, au milieu des fatigues du désert, nous pouvons nous réjouir.
« Et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire ». — Comment, moi, un homme, puis-je songer à être dans la gloire de Dieu, si ce n’est par une grâce parfaite ? — Dieu ne nous a pas seulement accordé des bénédictions, mais Il nous a associés à Celui qui bénit. « La gloire que tu m’as donnée, je la leur ai donnée » (Jean 17, 22).
Les deux premiers versets de notre chapitre, nous présentent donc la position du chrétien comme tel : le passé, le présent, l’avenir, tout est ferme et réglé, tout a été expié pour le vieil homme, et l’homme nouveau est devant Dieu en Christ. Quant au passé — pour tout ce qui concerne le vieil homme — il y a paix parfaite ; pour le présent, la faveur divine, et pour l’avenir, la gloire. — Que nous faut-il de plus ? — Que pouvons-nous obtenir encore ? Oui — il y a plus encore ! « Et non seulement cela, mais nous nous glorifions aussi dans les tribulations ». — Il y a des réalités présentes que le saint est appelé à traverser dans le désert : ce sont les tribulations ! — Plus le chrétien est fidèle, plus il aura de difficultés ; plus il est béni, plus il aura d’épreuves, car il y a bien des choses à ôter qui entraveraient la bénédiction donnée. Comme homme, je ne trouve pas l’épreuve agréable : il n’y a pas de joie à réaliser que l’on est dans la fournaise pour être purifié ; mais, pendant tout le cours de la tribulation, il est de la plus haute importance pour moi de savoir que ma paix est faite, que ma justification est une affaire terminée ; autrement lorsque l’épreuve arrive, comment pourrai-je supposer que je possède actuellement la faveur de Dieu, alors que toutes choses paraissent tournées contre moi ? — Si le croyant n’est pas parfaitement établi dans la faveur de Dieu, il ne peut pas « se glorifier dans les tribulations ». — Par contre, lorsque je sais quelle est ma position devant Dieu, je suis en état de comprendre ce qui m’arrive, et j’apprends le résultat de la tribulation, qui est la patience, « car la tribulation produit la patience ».
Je trouve en moi toutes sortes d’entraves ; je trouve ma volonté, qui doit être brisée ; j’espère peut-être obtenir une chose, et je m’attends à avoir ce que je n’aurai jamais ; j’aurai peut-être à crier à Dieu, pendant trois semaines entières comme fit Daniel, sans recevoir de réponse, afin d’apprendre la patience, et de reconnaître la précipitation de mon cœur, qui voudrait tout recevoir immédiatement. Et ainsi la patience produit l’expérience. — Le saint a la conscience du travail qui se fait en lui, mais il n’en voit pas l’effet en lui-même ; d’autres sont appelés à voir cet effet, et ils le voient. Le saint est enseigné ainsi à ne pas se confier en lui-même, et à ne pas être impatient, mais à s’attendre à Dieu. Un homme peut avoir pris l’évangile au sérieux, mais tant se hâter, qu’il sera complètement accablé, parce qu’il n’aura pas placé sa confiance en Dieu. « Celui qui croira, ne se hâtera point » (És. 28, 16). Voyez Moïse et son zèle : il s’en va plein d’un dévouement véritable, mais dans l’énergie de la chair [qu’il a apprise dans le palais du roi], et il tue un Égyptien sans que Dieu le lui ait commandé. Pharaon l’apprend — et Moïse s’enfuit — et il s’en va habiter le désert pendant quarante ans, afin que sa volonté soit brisée, car là où ce n’est pas la foi qui est l’énergie, la force n’est pas de Dieu. Plus tard, lorsque Dieu veut envoyer Moïse pour délivrer Israël et le faire sortir d’Égypte, Moïse dit : « Qui suis-je moi, pour retirer d’Égypte les enfants d’Israël ? » (Ex. 3, 11). Ici nous ne voyons pas chez Moïse autant d’énergie que lorsqu’il tua l’Égyptien, et cela nous montre que lorsque l’énergie de la chair n’est pas vivifiée par l’Esprit, l’homme n’est pas capable d’obéir.
Moïse quitte la cour de Pharaon, où il avait été élevé, et aime mieux se joindre à une poignée d’esclaves parce qu’ils étaient le peuple de Dieu, que d’être appelé le fils de la fille de Pharaon ; mais tout en étant sincère et dévoué, et tout en ayant l’intention louable et juste d’abandonner la position où la providence l’avait placé — (car le Saint Esprit, dans le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, fait ressortir l’abandon qu’il a ainsi fait de cette position providentielle comme un acte qui a été agréable à Dieu) — il faut qu’il soit mis de côté et compté pour rien, et alors seulement il acquiert cette « puissance qui s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12, 9). Mais il a fallu d’abord que sa chair fût crucifiée, et ceci eut lieu pendant quarante ans de tribulation dans le désert, Dieu lui faisant garder les brebis de Jéthro. Il apprenait l’expérience, et « l’expérience produit l’espérance », parce que dans ce genre d’expérience, on apprend ce que Dieu est, et étant détaché du monde et de ses promesses trompeuses, on a son espérance en haut. Aussi lorsque Moïse fut envoyé à Pharaon de la part de Dieu, il savait mieux de quoi le peuple de Dieu devait être délivré, que lorsqu’il frappa l’Égyptien, car alors il ne connaissait rien de ce pays de Canaan où il devait conduire Israël.
« L’espérance ne rend point honteux ». En apprenant l’expérience, on luttera peut-être avec Dieu, mais on trouvera qu’il ne sert de rien de lutter contre Dieu dans la tribulation, car Dieu nous tiendra sous Sa main jusqu’à ce que nous nous soumettions. À la fin, cependant, nous serons amenés à espérer, parce que « l’amour de Dieu est répandu dans notre cœur ». Non seulement Dieu a donné Son Fils pour nous, mais Dieu qui est amour est en nous, le sentiment même de l’amour de Dieu se répand dans notre âme. Mais comment pouvons-nous en arriver là ? C’est par le Saint Esprit qui est en nous. L’amour de Dieu est répandu dans notre âme par le Saint Esprit, et ceci nous conduit à une puissance d’espérance que rien ne peut ébranler. Nous pouvons nous trouver au milieu de toutes sortes d’épreuves, mais en nous reposant sur Christ, et en ayant dans notre cœur ce témoignage que rend le Saint Esprit de l’amour de Dieu, afin que notre âme se repose sur lui, nous pouvons nous avancer sans crainte, quelle que soit l’épreuve dans laquelle nous nous trouvions. Remarquez en outre que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui intercède pour nous selon Dieu.
Mais en présence de ces vérités, quelqu’un dira peut-être qu’il n’en a pas le sentiment. — Cela prouverait que cette personne s’est retirée de la foi, qu’elle regarde à ses propres sentiments ; et du moment qu’on s’appuie sur sa propre expérience ou sur ses sentiments, ce n’est pas de la foi. — Mais comment donc savez-vous que vous êtes l’objet de l’amour de Dieu ? — Êtes-vous parfait ?… Non — mais la preuve de cet amour est en dehors de nous, mais la jouissance dans nos cœurs.
Je sais que je suis l’objet de l’amour de Dieu, parce que je sais que « Christ est mort pour des impies », et si on me demande raison du fondement de mon espérance, je ne suis qu’un impie, et je n’ai en moi aucun sentiment, aucune force absolument. Mais la puissance de Dieu s’accomplit dans l’infirmité, et Christ est mort lorsque je n’avais aucun sentiment, Christ est mort lorsque je ne pouvais rien faire du tout. Quelle preuve plus forte pourrions-nous avoir, que Dieu a donné l’objet le plus précieux qu’il y ait dans le ciel, pour ce qu’il y a de plus mauvais sur la terre, un pécheur ? — Je suis un pécheur, par conséquent Christ mourut pour moi. « Car à peine quelqu’un mourra-t-il pour un juste (car pour l’homme de bien, peut-être, quelqu’un se résoudrait même à mourir), mais Dieu a constaté son amour à Lui envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous ». — Voilà ce qui distingue l’amour de Dieu de l’amour des hommes. Tandis que l’homme a besoin d’un motif pour agir et de quelque chose qui provoque son amour, l’amour de Dieu, au contraire, a sa source en Lui-même. Dieu ne pouvait trouver en nous aucun motif de nous aimer, car nous étions haïssables et nous haïssant les uns les autres.
Remarquez ici le merveilleux caractère des raisonnements du Saint Esprit. Ces raisonnements sont exactement le contraire de ceux de l’homme naturel, et même de l’âme vivifiée. Que de peine et de confusion quand on raisonne en allant de l’homme à Dieu ! Quand l’homme raisonne, il juge de ce que Dieu sera envers lui, d’après ce que lui-même est envers Dieu. Le Saint Esprit dit : « Quand nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous ». Il part de ce que Dieu est, et de ce qu’Il a fait, pour nous annoncer ce qu’Il sera et ce qu’Il fera. Si notre âme a été vivifiée, et que nous jugions de Dieu d’après nous-mêmes, nous devrions nous dire que Dieu doit nous condamner, car nous savons que nous méritons la condamnation ; mais cela n’est pas la grâce, car « Dieu a constaté son amour à Lui envers nous, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous ». « Beaucoup plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par Lui ». Le Saint Esprit, dans Son raisonnement, part d’en haut et de ce que Dieu est ; Il ne part pas d’en bas et de ce qu’est l’homme, comme l’homme fait toujours. Le Saint Esprit développe ce que Dieu est afin de satisfaire aux besoins de l’homme. Il est bien vrai que le pécheur mérite la condamnation ; — sans aucun espoir, cependant, qu’il puisse devenir meilleur, car donner la paix à une âme chargée de son passé, et coupable devant Dieu, et y joindre la loi, cela ne fait que démontrer à l’homme qu’il est perdu, comme l’apôtre le déclare dans le chapitre 7 de l’épître qui nous occupe, où, après de vains efforts pour satisfaire aux exigences de la loi, en présence d’une chair de péché, nous voyons l’âme amenée à reconnaître qu’elle a besoin de quelqu’un qui la délivre, car elle ne peut pas se délivrer elle-même. — L’homme a besoin d’un Sauveur, et jusqu’à ce que nous l’ayons trouvé, et que nous voyant entièrement perdus, nous soyons forcés de nous abandonner à sa merci, Dieu nous fera passer par les expériences dont nous venons de parler. Il nous est bien plus difficile d’accepter que nous sommes sans force, que de croire que nous sommes des impies.
Si un Christ mort peut sauver un ennemi, il est certain qu’un Christ vivant sauvera un ami. Les arguments de Dieu sont d’une beauté divine, car Il sait que nos cœurs sont si mauvais, que de toutes choses la plus difficile pour nous, c’est de croire en Lui. Satan cherche de toute manière à dérober à nos yeux le jugement de Dieu contre le péché, disant : « Vous ne mourrez nullement » (Gen. 3, 4) ; et puis s’il n’a pas réussi, il tâche de nous cacher la grâce de Dieu, afin que l’homme ne vienne pas à Dieu. — Si un Christ mort est devenu un Sauveur, un Christ vivant sera pour vous un ami dans tous vos besoins. Vous avez été sauvé par un Christ mourant, cet objet si faible en apparence, quoique ce fût la force de Dieu, et maintenant que Christ vit, ne vous donnera-t-Il pas dans Sa vie tout ce dont vous pourriez avoir besoin ? — S’Il est mort pour vous lorsque votre péché était sur vous, combien plutôt prendra-t-Il soin de vous maintenant que votre péché a été ôté ? Si un Christ mourant vous a sauvé, le Christ vivant vous détruirait-Il ? Remarquez non pas seulement la puissance, mais aussi la grâce de cette argumentation divine qui ôte du cœur tout tourment, car « la crainte porte avec elle du tourment » (1 Jean 4, 18).
Verset 11. « Et non seulement cela, mais nous nous glorifions même en Dieu ». Le salut, au point de vue qui vient de nous occuper, étant bien établi, et l’âme pouvant ainsi se réjouir dans ce qu’elle possédera dans la gloire, peut encore se glorifier en Dieu même, car notre sujet de gloire ne sera pas seulement notre joie et notre bonheur, mais, mieux que cela, nous nous glorifierons en Dieu. Nous nous réjouissons d’abord des choses qui nous sont données, mais nous n’en restons pas là : nous nous réjouissons en Lui qui nous donna toutes ces choses, et nous faisons nos délices de ce que Dieu est en Lui-même. Nous sommes dans la lumière comme Dieu est dans la lumière, là où jamais ne peuvent entrer ni tache ni nuage : la sainteté même de Dieu, qui naturellement nous inspire de la terreur — cette sainteté fait notre joie, et tout ce en quoi Dieu s’est révélé devient notre part, car Il est notre Dieu, et ce qu’Il est fait nos délices : nous pouvons désormais nous glorifier en Dieu Lui-même. Après avoir parlé de la paix, de la jouissance de la grâce et de l’espérance du chrétien, l’apôtre nous montre que nous pouvons nous reposer et nous glorifier en Celui qui est la source de toutes ces bénédictions. Seulement si notre volonté n’est pas brisée, nous ne pouvons pas nous réjouir en Dieu, car il faut alors que Dieu agisse envers nous de manière à briser cette volonté, et il n’est pas besoin de dire que nous n’aimons jamais cette opération. Ainsi, quand nous nous égarons dans notre conduite nous ne doutons pas de notre salut, mais nous ne pouvons nous glorifier en Dieu. Ce n’est qu’en marchant avec Dieu que nous pouvons nous réjouir en Lui. Lorsque nous nous écartons du droit chemin, nous pouvons bien penser à la joie, mais avant de pouvoir de nouveau nous réjouir en Dieu, nous avons à faire un double pas en revenant en arrière, d’abord en retournant au jugement du péché sur la croix, et puis à la grâce invariable de Dieu.
Verset 12. Le Saint Esprit, ayant développé ces résultats bienheureux des voies de Dieu et de la justification, poursuit son instruction en faisant voir en qui nous avons cette justification, et quel en est le fondement inébranlable et par excellence, et Il fait ressortir le contraste qu’il y a entre notre position dans le premier Adam et celle que nous avons dans le second, posant ainsi la base fondamentale des principes qu’Il va faire connaître.
Les versets 13 à 17 forment une parenthèse ; et le lecteur s’en assure facilement en lisant les versets 12 et 18 à la suite l’un de l’autre : cette observation rend le passage parfaitement clair.
Depuis les versets 12 à 18, les Juifs et les Gentils, les uns comme les autres, sont rangés sous deux chefs : l’homme obéissant et l’homme désobéissant. La mort est venue sur tous les hommes, et la grâce réunit les hommes nouveaux et vivifiés sous un chef (tête) en Christ, tandis que les incrédules demeurent dans le premier Adam. Il ne s’agit pas ici de l’Épouse, mais des enfants de Dieu considérés comme étant en Christ. Nous avons donc ici, dans les versets 12 et 18, la doctrine qui concerne ces deux hommes, le premier et le second Adam, dans leurs relations avec nous. Toutefois avant de nous occuper plus particulièrement de cette doctrine, nous allons jeter un coup d’œil sur le contraste qui existe entre la grâce et la loi, contraste qui fait l’objet de toute la parenthèse.
Nous lisons dans Amos, chapitre 3, 2 : « Je vous ai connus vous seuls d’entre toutes les familles de la terre, c’est pourquoi je visiterai sur vous toutes vos iniquités ». Or, jusqu’à la loi, le péché était dans le monde, etc. (v. 13), mais comme nous le voyons ailleurs, Dieu passa par-dessus le temps de l’ignorance (Act. 17, 30) ; Il passa par-dessus le mal chez les autres peuples en ne les traitant pas comme violateurs de la loi, là où il n’y avait point de loi. Mais lorsque la loi fut venue, les Juifs furent gouvernés par la loi ; c’est pourquoi le châtiment fut tenu suspendu sur eux et les attendait, parce qu’ils violaient la loi ; et nous savons que ce fut pour cette raison que plus tard ils furent emmenés en captivité. Mais en parlant des Gentils qui avaient péché sans loi, Dieu dit qu’il jugera les secrets des hommes, par Jésus Christ (Rom. 2, 16). La loi ne produisit jamais le péché, mais elle produisit la transgression, qui est une désobéissance à une loi établie. Le péché a régné depuis Adam jusqu’à Moïse ; le signe de sa domination était là, alors qu’il n’y avait point de loi, car la mort était là. — Il se peut que mon enfant ait l’habitude de courir les rues et que cette habitude soit mauvaise et ne puisse pas être tolérée ; mais si je lui défends de courir ainsi sur la voie publique et qu’il continue à le faire, sa conduite ne sera plus seulement mauvaise, mais elle devient une désobéissance, et ce n’est plus seulement pour sa mauvaise habitude que je le châtie, mais pour sa désobéissance à mes ordres. Avant que je lui eusse fait la défense, ce n’était chez lui qu’une mauvaise habitude pour laquelle il devait être puni, mais après la défense, il y avait désobéissance et transgression.
Comme l’Écriture est simple lorsque nous la comprenons ! Dans quelles absurdes erreurs n’est-on pas tombé faute de l’étudier ! Que de volumes n’a-t-on pas écrits sur ce passage qui nous occupe, et duquel on a même voulu tirer le salut des enfants et toutes sortes de fausses conjectures. Et cependant combien il devient clair lorsqu’on voit qu’il n’est qu’une citation d’Osée 6, 4, 7 : « Que te ferai-je, Éphraïm ? Que te ferai-je, Juda ? — Mais comme Adam, ils ont transgressé l’alliance ». — Quelques-uns n’ont pas transgressé comme Adam, mais ils sont pourtant des pécheurs, quoiqu’ils n’aient pas enfreint une loi donnée. Le péché est toujours, c’est pourquoi la mort aussi est toujours, mais la loi n’est pas toujours (comp. Gal. 3, 17 à 4, 7). L’enseignement du passage que nous avons ici devant nous, c’est que Dieu n’est pas seulement Dieu pour les Juifs. Il y a eu beaucoup d’hommes qui péchèrent avant que vînt Moïse, mais le péché n’est pas plus grand que Dieu. Si le péché et la mort sont entrés, Dieu aussi est venu. Christ n’est pas venu seulement pour ceux qui avaient péché sous la loi, mais aussi pour ceux qui avaient péché sans loi, car le péché et la mort régnèrent depuis Adam jusqu’à Moïse, et la grâce abonde par-dessus tout. « La loi est intervenue afin que l’offense abondât ». — Vous, Juifs, vous avez accumulé transgression sur transgression, de sorte que vous avez d’autant plus besoin de justification et de grâce que vous avez la loi, car vous vous êtes rendus coupables de transgressions positives.
Quel beau contraste que celui que nous trouvons au verset 17, où le Saint Esprit nous présente Dieu surpassant toujours dans Ses voies les justes conséquences du péché. Ce n’est pas seulement que la vie règne, mais « vous régnerez en vie ». Une couronne royale de gloire vous sera donnée avec le Christ Jésus — une couronne qui montrera ainsi que le cœur de Dieu est plus grand que le mal qui est survenu.
Au verset 18, nous voyons que le point de vue de la Parole n’embrasse pas seulement les Juifs, mais s’étend à tous : « envers tous les hommes », « envers tous en condamnation » ; une condamnation accomplie non en résultat, mais dans son effet propre et naturel : la grâce intervient pour délivrer. Ainsi, par la justice d’un seul, le don libre et gratuit fut à l’adresse de tous, « envers tous », non dans le sens d’application, mais dans celui de direction « envers tous » et non sur tous (ειϛ πανταϛ). De même que le péché d’Adam ne demeura pas sur Adam seul, mais passa de lui à plusieurs, de même la justice de Christ ne finit pas en Lui, mais abonda envers un grand nombre. « À moins que le grain de froment ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt il porte beaucoup de fruit » (Jean 12, 24).
Dans le verset 19, au contraire, où il s’agit d’application, l’Écriture se sert du mot « plusieurs », et non du mot « tous », comme dans le verset précédent. Le verset 18 donne la pensée dans son sens abstrait, de façon que nous pouvons aller prêcher l’évangile à toute créature, en disant au pécheur : « Le sang est sur le trône de grâce, venez à Dieu » ; mais à celui qui croit, nous disons : « Vous êtes justes en Christ ». — « Par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes ». — On dira peut-être qu’il est dangereux de parler ainsi — mais c’est la Parole de Dieu ; et quelle consolation n’y a-t-il pas dans la simplicité de l’Écriture !
Le chapitre suivant traite de la nouveauté de vie comme du résultat certain de ce qui précède. Il est possible que vous ayez saisi le principe de la résurrection et que vous ayez ainsi de nouvelles affections et de nouveaux désirs, mais si vous ne sentez pas le besoin que vous avez de la justice de Christ, vous ne vous connaissez pas vous-même. Si vous ne connaissez pas la sainteté du cœur de Dieu, vous ne connaissez pas l’impiété de votre propre cœur.
On peut envisager la mort de Christ en elle-même comme glorifiant Dieu, et en dehors de ses fruits on peut la considérer aussi comme la substitution efficace de Christ pour porter les péchés de plusieurs ; et ce double aspect de la mort de Christ nous est présenté au chapitre 16 du Lévitique sous la figure des deux boucs dont l’un était la part du Seigneur, tandis que l’autre emportait au loin dans l’oubli le péché du peuple. Le premier bouc était pour la gloire de Dieu, le second pour la conscience du pécheur. Tous deux étaient également nécessaires. Le croyant vivifié dit : « Je suis un pécheur ! » — Oui, mais tous vos péchés ont été placés sur Christ.
Verset 20. La loi fut donnée afin que l’offense abondât. Pourquoi donc la loi ? — Elle n’a pas été donnée pour faire abonder le péché, mais pour faire abonder la transgression, afin que le péché fût rendu excessivement pécheur ; mais « où le péché abondait, la grâce a surabondé », oui, elle a réellement surabondé ! Que les voies de Dieu sont merveilleuses ! Dieu donna à l’homme une volonté à lui et Il permit que le péché s’élevât à toute sa hauteur en toute iniquité, même jusqu’à la mise à mort de Christ ; et alors, pour montrer toute l’impuissance du péché — devant l’étendue de la grâce de Dieu — la chose même dans laquelle le péché de l’homme arriva à son comble, abolit le péché. Dieu a ainsi glorieusement manifesté la totale impuissance du péché en présence de Sa grâce. Si la justice avait régné, Dieu aurait dû faire venir la perdition sur nous, mais c’est la grâce qui règne, quoique ce soit par la justice. Ce n’est pas la justice qui a surabondé, c’est la grâce (par la justice, sans doute). La grâce, c’est l’amour qui agit là où est le mal ; la justice, c’est ce qui est en rapport avec ce que Dieu est. « Par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes ». Par conséquent, si la grâce règne dans le cœur, il doit y avoir une sainteté pratique — une justice en accord avec cette sainteté. Si l’amour de Dieu agit dans le cœur, il doit produire quelque chose de semblable à lui-même. L’amour de Dieu, comme tel, n’a jamais auparavant été connu sur la terre ni dans le ciel. Cet amour parfait, cette grâce, cette justice, témoignent d’une manière merveilleuse de ce que Dieu est. Et c’est la grâce qui règne, parce que c’est Dieu qui a la haute main même quant à nos péchés, et qu’Il les a effacés.