Traité:Le culte

De mipe
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Traduit de l’anglais 1842

Le culte est une chose à laquelle on pense trop peu, et que l’on ne comprend guère. Par ce mot culte, employé dans sa signification la plus étendue, j’entends tout ce que la créature doit à son Créateur. C’est là un vaste sujet, car il embrasse tout ce qui est révélé concernant le Créateur et Sa créature. Dans un sens restreint, le culte est l’ensemble des actes par lequel nous entretenons en nous et exprimons à Dieu le sentiment que nous avons de nos rapports avec Lui. Pour comprendre tout ce qui se rattache à ce sujet (par exemple, quelle espèce de culte était celui de l’homme avant sa chute, ou sous les patriarches ; quel était celui du Juif et quel est celui du chrétien), il est nécessaire d’examiner les divers titres sous lesquels il a plu à Dieu de se faire connaître aux hommes ; ajoutons qu’on doit également faire attention à la manière progressive dont se sont manifestés le pouvoir de l’Esprit et la lumière de vérité dont Dieu a accompagné le développement graduel de Son plan de rédemption.

Comme le caractère et les voies de Dieu sont immuables, Sa conduite à l’égard du pécheur doit toujours être la même. L’unique fondement sur lequel, en qualité de Dieu juste et saint, Il peut recevoir un pécheur, c’est la grâce par le sang de Jésus. L’unique moyen aussi par lequel cette grâce peut devenir l’objet de la foi d’un pauvre pécheur, c’est l’efficace du Saint Esprit. Voilà ce qu’on ne doit jamais perdre de vue. En même temps, nous devons nous rappeler que la mesure de lumière que Dieu dispense a varié selon les époques, et qu’il en est de même de la présence sensible de l’Esprit. Ces deux états de choses ont continué, en effet, à se développer dès le commencement. En conséquence, et à cause de la variété des noms sous lesquels Dieu s’est révélé en différents temps, tels qu’Élohim, Jéhovah, El-Shaddaï, et aujourd’hui avec un sens plus profond, Père, Fils et Saint Esprit, le culte qu’Il a attendu du fidèle, et que par grâce Il l’a mis en état de Lui rendre, s’est considérablement diversifié selon les époques. J’indique simplement ce fait avant d’entrer dans le sujet du culte chrétien.

On ne saurait connaître ce qui caractérise et distingue le culte d’un homme chrétien, si l’on n’a pas quelque notion des différences qui existent entre les noms de Dieu. Tous les noms sous lesquels Dieu s’est fait connaître, quelque glorieux qu’ils fussent tous, ont été privés de la gloire de ce nom incommunicable par lequel Il s’est révélé : Père, Fils et Saint Esprit. Élohim fut le nom sous lequel Il se manifesta comme Créateur, et la création a démontré Son pouvoir et Sa divinité éternelle (Rom. 1, 20). Le nom de Jéhovah est introduit pour la première fois dans Genèse 2, 4, où Dieu est présenté comme étant le Dieu de providence, le bienfaiteur d’Adam dans le jardin d’Éden. C’est le même nom que celui qui est adopté dans l’Exode, lorsque Dieu prit Israël pour en faire Son peuple. Le nom de El-Shaddaï (Dieu puissant et terrible) fut celui sous lequel Il apparut à Abraham, à Isaac et à Jacob, mais Il ne fut pas connu d’eux par Son nom de Jéhovah (Ex. 6, 3). Les glorieux attributs désignés par chacun de ces noms étaient tout à fait distincts les uns des autres ; les bénédictions sensibles qu’ils signifiaient pour les créatures acceptées différaient selon chacun de ces attributs, et c’est pourquoi les résultats immédiats que Dieu en attendait étaient aussi différents. Mais tous ces noms me paraissent avoir eu plutôt rapport aux manifestations que Dieu a faites de Lui-même à Ses créatures, qu’aux joies qui étaient particulières à Dieu et qui Lui étaient propres indépendamment de toute manifestation, comme c’est le cas du nom de Père, Fils et Saint Esprit.

Ce nom : le Père, le Fils et le Saint Esprit, a révélé les perfections de la divinité elle-même — il a manifesté les rapports des trois bienheureuses personnes de la Trinité ; car ce sont les noms sous lesquels elles s’étaient toujours connues. Il est parfaitement clair que la Trinité dans l’unité et l’unité dans la Trinité (comme on dit) est révélée dans tout l’Ancien Testament. L’unique envoyé, le Messie — l’Esprit et Dieu, non pas trois, mais un Jéhovah, le Seigneur Dieu Tsebaôt, s’y montre également à chaque page. Mais alors, ces trois ont été présentés sous les caractères qu’ils ont eux relativement à ce qui leur était assujetti, ou relativement les uns aux autres en ce qui concerne l’œuvre de chacun d’eux. Jusqu’à l’incarnation, ils n’ont pas été présentés sous les caractères qu’ils ont eus en particulier, l’un par rapport à l’autre, dans leur union personnelle comme Père, Fils et Saint Esprit. Ces dernières appellations ont été, si l’on peut dire, les noms en usage dans l’intimité de la divinité, et c’est là la manifestation de Dieu à laquelle le chrétien a plus spécialement affaire. Voilà donc la première chose à remarquer comme intéressant le culte du chrétien. Cela montre le grand nombre de sujets qui s’y rattachent. Le champ ouvert devant nous embrasse non seulement toute la gloire du Fils dans Sa personne et dans Ses offices, comme révélant le Père, mais la relation de leurs personnes entre elles et la nature des communications qui en dérivent. Il comprend aussi toutes les diverses opérations du Saint Esprit par lesquelles la vérité qui nous est présentée en Jésus devient nôtre, et la nature des rapports et des communications que nous avons par le Saint Esprit qui demeure en nous avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ. S’il plaît à Dieu, nous pourrons plus tard considérer quelques-uns de ces sujets avec plus de détail, mais pour le moment nous nous bornerons à quelques points qui nous touchent de plus près : je désire vous rendre attentifs à la différence qu’il y a entre ce qui rend un homme chrétien et ce qui entretient et manifeste sa vie de chrétien. On perd trop souvent cela de vue, et l’on se contente de prouver qu’on a cru, sans vivre de la vie de la foi, ou jouir de ses privilèges.

Tout ce que Dieu a révélé de Lui-même en invitant l’homme à y donner actuellement une attention particulière, tout cela, Il l’a fait voir dans l’œuvre et dans la personne de Jésus. Or, il n’y a que trois états dans lesquels l’homme peut se trouver à l’égard de Dieu quant à son âme. Tout individu sur cette terre est, 1° ou dans la condition de pécheur irréconcilié ; ou, 2° dans celle de pécheur réconcilié jouissant des bénédictions de la réconciliation ; ou, 3° dans celle de pécheur réconcilié, incapable, par infidélité, de jouir de ces bénédictions. Eh bien, il y a dans le Seigneur Jésus trois caractères différents appropriés à ces trois différentes situations, trois caractères qui, chacun, ont leurs symboles corrélatifs dans les offrandes de l’économie mosaïque. Tous les sacrifices, en effet, peuvent être rangés sous trois chefs.

Il y avait premièrement le grand jour des expiations, où l’on arrosait de sang, et seulement de sang, l’intérieur du lieu très saint, devant le propitiatoire et sur le propitiatoire. C’était une ordonnance de Dieu, par laquelle Il voulait rendre tout le camp des Israélites agréable à Ses yeux en tant qu’adorateur de l’Éternel, et qui répond au sacrifice unique du Seigneur Jésus Christ, par lequel Il a rendu parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés.

Il y avait deuxièmement l’holocauste, le gâteau et le sacrifice de prospérité, qui sont appelés des sacrifices de suave odeur, agréables à l’Éternel. Voilà ce que Dieu avait établi pour ceux qu’Il avait fait Ses adorateurs, voilà ce qui constituait leur culte proprement dit, et qui correspond à ce que le Saint Esprit nous a révélé des choses de Jésus, dont il est question dans Jean 16, 13-15 : Quand l’Esprit de vérité sera venu, Il vous conduira en toute vérité, car Il ne parlera pas de Lui-même, mais c’est ce qu’Il aura entendu qu’Il dira, et Il vous montrera les choses à venir : Il me glorifiera, car Il prendra du mien, et vous le montrera. Tout ce que le Père a, est à moi ; c’est pourquoi je vous ai dit qu’Il prendra de ce qui est à moi, et vous le manifestera.

Et il y avait troisièmement les sacrifices pour les fautes et ceux pour le péché, sacrifices que Dieu avait établis pour ceux de Ses serviteurs qui venaient à se rendre coupables, afin qu’ils ne fussent pas tenus éloignés du culte ; ce qui répond à la promesse que si nous (chrétiens), nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité.

Il y a donc trois classes d’objets à remarquer tout à fait distincts les uns des autres, et qui ne doivent point se confondre : 1° Dieu a pourvu au moyen d’avoir des adorateurs ; 2° au culte que ces adorateurs doivent Lui rendre ; et 3° à leur relèvement lorsqu’ils sont tombés en faute.

Je prie le lecteur de faire bien attention à ces trois choses, je le répète, distinctes l’une de l’autre, et qui ne doivent pas être confondues. J’insiste là-dessus, parce que je trouve que les chrétiens passent presque généralement sur la deuxième, et envisagent que leurs privilèges et leur responsabilité ne consistent que dans l’emploi des deux autres. On voit des chrétiens qui trop souvent se glorifient en Christ comme Celui qui est la voie par laquelle le pauvre pécheur peut aller à Dieu, et la seule par laquelle la conscience du pécheur pardonné puisse être maintenue pure, sans s’apercevoir que Dieu veut que ces deux usages qu’on fait de Christ, tout importants qu’ils sont, soient seulement des moyens de conduire au but, qui est que Christ soit l’objet de l’adoration. Et un tel culte, ou bien ils le négligent totalement, ou ils le font consister dans l’acte d’exprimer à Dieu qu’ils jouissent par le Saint Esprit de ce que Christ a fait et de ce qu’Il est devant Dieu pour eux, mais simplement dans ce qu’Il a fait pour eux en leur pardonnant leurs péchés. La distinction entre ce que nous recevons de Dieu comme pécheurs, et ce que nous recevons comme ayant été sauvés par grâce, est très claire dans Éphésiens 1, 3-12 : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, selon qu’il nous avait choisis en lui avant la fondation du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui en amour, nous ayant prédestinés à nous adopter comme ses enfants par Jésus Christ, suivant le bon plaisir de sa volonté à la louange de la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a rendus agréables dans le Bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang — le pardon des péchés — suivant les richesses de sa grâce qu’il a fait abonder envers nous par toute sagesse et intelligence, nous ayant fait connaître le mystère de sa volonté, suivant son bon plaisir qu’il avait décrété en lui-même : que, dans l’économie de la plénitude des temps, il réunirait en un toutes choses en Christ, tant celles qui sont au ciel que celles qui sont sur la terre, en lui, en qui nous avons obtenu un héritage, étant prédestinés, suivant le dessein de Celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté, afin que nous fussions à la louange de sa gloire, nous qui les premiers avons mis notre confiance en Christ ».

Je voudrais seulement faire une observation sur ces paroles. Ce qui manque au mondain, « la rédemption par le sang de Christ, le pardon des péchés », est dit, verset 7, être « selon les richesses de sa grâce » ; mais la portion donnée à ceux qui ont cette grâce, est dite, verset 5, être « selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce ». Le pardon donné au pécheur est à la louange de la grâce de Dieu, mais la bénédiction dont le pécheur pardonné est l’objet, est à la louange de la gloire de sa grâce.

Notre expérience passée ou nos entretiens de chaque jour avec nos frères confirment pleinement la distinction des trois objets que nous venons de signaler.

1° Quand un homme vient d’être réveillé, de mort qu’il était dans ses fautes et dans ses péchés, ce qui seul peut lui donner la paix, c’est le témoignage de Dieu touchant la personne de Jésus, comme étant le chemin qui conduit à Dieu, et touchant la personne de Jésus comme sacrifice agréé. Cela est démontré, Hébreux 10, 12-22 : « Jésus, après avoir souffert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu… car par une seule oblation, il a rendu parfaits pour toujours ceux qui sont sanctifiés… C’est pourquoi, frères, puisque nous pouvons hardiment entrer dans le lieu très saint par le sang de Jésus, par un chemin nouveau et vivant qu’il a consacré pour nous, par le voile, c’est-à-dire sa chair, et puisque nous avons un grand sacrificateur sur la maison de Dieu, approchons-nous avec un cœur vrai, avec une pleine assurance de foi, ayant nos cœurs purifiés d’une mauvaise conscience ». Un pauvre pécheur, que ce soit moi, ou vous, ou quelque autre, ne peut trouver de repos qu’en connaissant Jésus comme le chemin qui conduit à Dieu, et Jésus comme le sacrifice agréé de Dieu pour tous ceux qui croient en Lui. Le pécheur entre en jouissance de la bénédiction par la foi, et par la foi seule.

Vous savez si bien cela, chers amis, que si vous m’entendiez dire à quelque pauvre homme du monde que seulement en confessant tous ses péchés, il sera sauvé — vous diriez aussitôt : « Ce n’est pas là l’évangile ». Ou, si vous demandiez à une pauvre créature, si ses péchés ont été pardonnés, et qu’elle dît : « Je n’ai aucune crainte de ne les avoir pas confessés », vous diriez aussitôt : Vous ne connaissez pas l’évangile. L’évangile n’est pas : Celui qui confesse ses péchés sera sauvé, mais : Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle. Puis vous montreriez comment Christ, ayant été accepté comme un sacrifice, quiconque croit en Lui est déjà sauvé. De plus, ne seriez-vous pas peiné d’entendre inviter le monde méchant à venir et à goûter les joies et les plaisirs qu’il y a à adorer Dieu et Son Christ, au lieu de lui présenter l’œuvre accomplie de Jésus et la sûre déclaration de Dieu que quiconque reçoit cette œuvre a la vie éternelle et ne viendra pas en condamnation, mais est passé de la mort à la vie ? Maintenant remarquez, chers amis, qu’il n’y a que la grande vérité, figurée par le sang devant le propitiatoire et le sang sur le propitiatoire, qui pût convenir à la position du pauvre mondain. La grande question pour le pauvre pécheur n’est pas : Comment puis-je purifier ma conscience ? mais : Comment un Dieu juste et saint peut-Il agréer un pécheur tel que moi ? Comment puis-je rencontrer Dieu, et vivre ? — L’unique réponse à cette question est celle-ci : « Comme les tables de la loi, qui, étant brisées, allumèrent la colère de Dieu contre les Juifs, furent couvertes dans l’arche par le propitiatoire, où Dieu se manifestait, et que le sang de l’expiation était là sur le propitiatoire, il en est ainsi maintenant. La sainte justice de Dieu qui était contre moi est maintenant pour moi, car le trône du Dieu saint et juste est devenu le trône de l’Agneau qui est mort pour porter mes péchés. Comment en ai-je la certitude ? Dieu m’a donné, à moi, pauvre pécheur, la foi en Jésus, et a déclaré que cette révélation qui m’est faite de la mort de Jésus, est un gage qu’Il est mort et ressuscité pour moi ». Et alors le pauvre pécheur peut dire : « Si j’étais appelé à quitter ce corps à quelque heure que ce fût, il n’y a rien en la présence de Dieu qui dût m’effrayer. Son trône est le trône de l’Agneau qui a porté mes péchés en Son corps sur le bois — je suis, moi, accepté de Dieu. C’est Dieu qui justifie ; qui est-ce qui condamnera ? Christ ? Lui qui est mort ! bien plus, qui est ressuscité ! bien plus, qui est à la droite de Dieu ! bien plus, qui prie pour nous ! » (Rom. 8, 33, 34). Voilà la seule manière dont un pauvre pécheur peut devenir un adorateur de Dieu.

Mais ensuite, quand il est ainsi devenu adorateur de Dieu, il a des privilèges et des actes religieux à accomplir, il a des joies et des devoirs qui lui sont propres en cette qualité. Il est maintenant enfant de Dieu, et s’il est enfant de Dieu, il est héritier de Dieu et cohéritier de Christ (Rom. 8, 16, 17). Il est sacrificateur du tabernacle céleste, ayant accès dans le lieu très saint (Héb. 10, 19), et il doit offrir continuellement le sacrifice de louange à Dieu, c’est-à-dire le fruit des lèvres par lesquelles nous bénissons Son nom (Héb. 13, 15), etc. Il a communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ (1 Jean 1, 3). Le culte qu’il rend au Père, comme adorateur en esprit et en vérité, est un mot « l’acte par lequel le Saint Esprit déploie devant lui, en lui et par lui, toute la bénédiction qu’il y a dans cette proximité de Dieu dont Christ voulait parler quand Il disait : Va vers mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et leur Père, vers mon Dieu et leur Dieu ». Le culte du chrétien n’est pas « de croire à la vie éternelle », ce qui a déjà été fait, et a précédé son entrée en jouissance de cette bienheureuse vie, sa joie et son adoration. La confession directe de sa foi ne constitue pas non plus la partie principale de son culte — et quoique dans tout son culte, il y ait une confession indirecte, ce ne sont pas ses péchés, c’est la grâce qui a abondé envers lui, malgré ce qu’il était par nature, qui est la chose essentielle. Ce n’est pas que la confession de la foi ne soit pas dans le culte, mais je veux dire que ce n’est pas la chose principale, l’élément essentiel. Pour le chrétien, comme sauvé simplement par grâce, la confession sera toujours présente indirectement, mais l’essence du culte est de saisir ce que Dieu est et ce qu’Il a fait. Pour le chrétien, cela renferme naturellement ce que Dieu est à l’égard d’un pécheur et ce qu’Il a fait pour ce pécheur. Mais alors Dieu et Son Christ, voilà les objets qui sont sur le premier plan, tout le reste, quoique présent, est dans le fond du tableau. Le culte de la pauvre adultère samaritaine était la personne de Jésus comme Messie : « Venez voir », dit-elle, « un homme qui m’a dit toutes les choses que j’ai faites » (Jean 4). Et dans Apocalypse 5, 8-10[1], vous verrez le tableau d’un véritable culte céleste, spirituel — le modèle du culte pour les chrétiens : « Les quatre êtres vivants et les vingt-quatre anciens se prosternèrent devant l’Agneau, ayant chacun d’eux des harpes et des fioles d’or pleines de parfums, qui sont les prières des saints. Et ils chantaient un cantique nouveau, disant : Tu es digne de prendre le livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu as été mis à mort, et tu nous as rachetés pour Dieu par ton sang, de toute tribu, langue, peuple et nation ; et tu nous as faits rois et sacrificateurs de notre Dieu ; et nous régnerons sur la terre ». Il n’y a pas là de confession directe, il y en a une indirecte ; car (comme la pauvre adultère), ils emploient tout ce qui est par-devers eux pour glorifier Jésus ; bien plus, l’expression de leur culte est la reconnaissance de ce qu’Il a été et de ce qu’Il a fait pour eux, pauvres pécheurs qu’ils étaient. Voyez encore pour le culte un tableau à peu près semblable, Apocalypse 7, 9-17 : « Après cela je regardai, et voici qu’une grande multitude qu’on ne pouvait compter, de toutes nations, tribus, peuples et langues, était debout devant le trône et devant l’Agneau, revêtus de robes blanches, avec des palmes en leurs mains, et ils criaient à haute voix, disant : Le salut vient de notre Dieu, qui est assis sur le trône, et de l’Agneau. Tous les anges étaient debout autour des quatre êtres vivants ; ils se prosternaient devant le trône et adorèrent Dieu, disant : Amen ! Louange, gloire, sagesse, actions de grâce, honneur, puissance et force à notre Dieu, aux siècles des siècles ! Amen ! Et l’un des anciens, prenant la parole, me dit : Qui sont ceux-ci qui sont vêtus de robes blanches, et d’où viennent-ils ? — Et je lui dis : Seigneur, tu le sais. — Et il me dit : Ce sont ceux qui ont passé par la grande tribulation, et qui ont lavé et blanchi leurs robes dans le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et ils Le servent jour et nuit dans Son temple, et Celui qui est assis sur le trône demeurera au milieu d’eux. Ils n’auront plus ni faim ni soif, et le soleil, ni aucune autre chaleur, ne les incommodera plus, parce que l’Agneau qui est au milieu du trône les paîtra et les conduira aux fontaines d’eaux vives, et Dieu essuiera toutes les larmes de leurs yeux ».

Voilà le culte. Maintenant, les chrétiens négligeront-ils de tels privilèges ? Leur suffira-t-il tout juste d’être sauvés, tout juste de garder une conscience nette de péché ? Ne peuvent-ils pas jouir des joies de la maison du Père et du sein du Père ? Pauvres enfants prodigues qu’ils sont, est-ce que le visage radieux de leur Père qui leur sourit, est-ce que cette joie que partagent tous ceux qui ont communion avec Lui, n’éveillera pas dans leur cœur la louange ? Quoi ! le cœur de Jésus, le Fils et l’héritier, débordera de joie en voyant le bon plaisir de Son Père en moi, comme fruit de Son amour rédempteur, et aucune corde ne vibrera dans mon cœur ! Le Père me regardera avec complaisance, en Jésus, se réjouira de moi en Lui, et moi, qui le sais, je n’en serai pas touché ? Le Saint Esprit habitera en moi, attestant la joie et l’allégresse du Fils et du Père, bien plus, me rendant capable de ressentir leur joie, et pas un écho d’adoration ne retentira du fond de mon âme ! Cela est impossible, oui, Dieu en soit béni, cela est impossible ! Ouvre donc nos cœurs, ô Dieu, et donne-nous l’intelligence pour comprendre et partager la joie que tu as dans ta pauvre indigne épouse, que tu as formée de ce que tu as pris de ton Christ pour qu’elle fût une épouse semblable à toi, participante de toute la gloire de Son règne et aussi de Sa demeure dans ton sein de Père !

Ce qui correspondait à ce culte dans l’Ancien Testament, c’était l’usage, 1° de l’holocauste, représentant Christ dans Son humiliation volontaire et dans Son abnégation de Lui-même comme Fils de Dieu, comme serviteur de Jéhovah, et comme homme — s’assujettissant à la volonté de Dieu dans chacun de ces caractères ; 2° l’oblation, c’est-à-dire Christ dans l’obéissance active, faisant la volonté de Dieu dans toutes les relations où Il se trouvait ; et 3° le sacrifice de prospérité, c’est-à-dire Christ comme le lien qui unit Dieu et l’Église. C’étaient des sacrifices offerts par le feu, d’une suave odeur à l’Éternel. Et quand Christ se présenta à Dieu dans le caractère correspondant à ces types, bien qu’Il fût scruté, sondé par le regard pénétrant de la divinité, Il fut trouvé véritablement un sacrifice de suave odeur à l’Éternel. Et quand nous, chers frères, nous nous entretenons avec Dieu par le Saint Esprit de ce qu’était Christ et de ce qu’Il est devant Dieu dans les qualités dont nous venons de parler, nous offrons alors une oblation de suave odeur ; et assurément, en agissant ainsi, nous respirons un doux parfum de vie pour nous-mêmes, et nous nous sentons délicieusement assimilés à la beauté que nous admirons.

Chers amis ! vous connaissez quelque chose de cette joie et de cette adoration, et vous savez que ce n’est pas confesser simplement ses péchés, ou présenter nos besoins à Dieu[2], ou rappeler le souvenir de Jésus comme Celui qui est le chemin par lequel vous avez commencé à venir à Dieu. Vous savez aussi que vous ne pouvez ni présenter ce culte au pauvre mondain comme sa part, ni convier à la fête le disciple infidèle et non purifié. Le mondain, tant qu’il est incrédule, n’a ni part ni portion dans cette affaire, et l’efficace de ce culte dépend de l’obéissance, comme il est écrit : « Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et je l’aimerai, et je me manifesterai à lui » (Jean 14, 21). Par conséquent, le disciple qui a été infidèle doit confesser ses péchés avant que sa joie soit renouvelée.

Mais, 3° si vous rencontriez un chrétien qui eût pris part à un tel culte, et qui eût perdu sa paix et sa joie, vous diriez aussitôt : « Il y a du mal, quelque chose qui ne va pas : vous étiez ordinairement plein de joie, et maintenant vous êtes tout triste ; comment avez-vous ainsi éteint l’Esprit ? ». S’il répondait : « J’avais reçu la paix par la foi, et c’est la foi qui est le seul moyen que je connaisse pour avoir cette paix ; si j’ai péché, je ne confesserai ma faute ni à Dieu ni à l’homme, mais je tâcherai de recouvrer ma joie par la foi » — ne lui diriez-vous pas tout de suite : « Vous vous trompez, cela sera impossible. Si vous avez contristé l’Esprit et souillé votre conscience, vous devez confesser votre péché avant d’être raffermi ».

Chers frères, il y a plus d’un jeune chrétien qui perd sa paix et sa joie par la désobéissance, et qui, ne sachant pas que Dieu a établi la confession des péchés pour sa réintégration, fait tous ses efforts, soit pour croire l’évangile tout de nouveau, soit pour imposer en quelque sorte à son âme par la méditation la joie qu’il avait connue ; mais tous ces efforts sont vains. Et pourquoi ? C’est qu’il y a un défaut d’intelligence. Être soi, personnellement, reçu de Dieu, par le sang de l’Agneau, est une chose qui demeure la portion de celui qui croit et que j’ai ici en vue, lequel, bien qu’il ait perdu sa joie et sa paix, est néanmoins un croyant accepté, et a encore en cette qualité le Saint Esprit demeurant en lui. Mais comme un enfant, il a fait quelque chose qui déplaît à son Père et a contristé l’Esprit, et puisque l’Esprit non contristé était ce qui faisait toute sa joie, il va sans dire qu’il ne peut pas maintenant se la rendre lui-même. « Comment deux marcheront-ils ensemble s’ils ne sont pas d’accord ? ». Le Père a prédestiné le croyant « à être rendu conforme à l’image de son Fils, afin qu’il soit premier-né entre plusieurs frères ». Et l’enfant insensé a fait quelque chose par où il s’est attiré le déplaisir de ce premier-né, et le Père est contristé. Mais ce Père ne veut ni abandonner son enfant, ni le laisser marcher dans des voies qui ne conviennent pas à la famille à laquelle il appartient. Son enfant s’est séparé de la source même de la joie et de la paix, et si le mal qui résulte pour lui, d’avoir contristé le Saint Esprit, ne le fait pas se retourner, le Père prendra la verge et le châtiera, afin qu’il ne soit pas condamné avec le monde. Cet enfant, ayant appris directement du Père ce qu’était le péché, l’a confessé et a dit : Cela n’était pas de l’Esprit, mais de l’ennemi, ou de la chair ; c’était donc ce qui a fait mourir Christ, et non pas ce qui venait de Son sang qui donne la paix, ce n’était pas le fruit de Son Esprit ; — alors il est réhabilité, selon qu’il est écrit : « Si nous confessons nos péchés, Dieu est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1, 9). « Mes petits enfants, je vous écris ceci, afin que vous ne péchiez point ; cependant, si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, savoir Jésus Christ le juste » (1 Jean 2, 1). Maintenant, la situation, dans laquelle ce coupable a besoin du sang de l’Agneau, est tout à fait différente de celle où ce sang est nécessaire au pauvre mondain. Le disciple qui pèche, s’il est jugé de Dieu, est châtié, afin de n’être pas condamné avec le monde, et tout ce qui lui est nécessaire, c’est d’avoir le sang de Jésus sur sa conscience pour en effacer les taches, et c’est là comme un aveu qu’il a mal fait et qu’il a contristé l’Esprit. Si vous lui présentiez, soit la foi à l’évangile, soit la méditation, comme moyen de raffermissement, vous l’induiriez en erreur. L’Esprit agit différemment dans les trois cas suivants :

1° Au pauvre mondain, Il lui montre l’expiation dans l’Agneau, et ainsi Il le rend par la foi un adorateur de Dieu.

2° À l’adorateur de Dieu, Il lui montre toute la vérité dans la personne de Jésus concernant le Père et Lui-même, dans les choses présentes et dans celles à venir.

Et, 3° au disciple coupable, Il lui représente sa faute, afin qu’elle soit confessée.

« Que Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, donne par l’Esprit à chacun de ses enfants de connaître que l’heure est venue où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car ce sont de tels adorateurs que le Père demande » (Jean 4, 23).


Aphorismes

1. Obéissance à Dieu et bénédiction pour la créature sont deux choses inséparables.

2. La Bible est la règle unique et suffisante pour distinguer le bien du mal.

3. Le Saint Esprit est l’unique interprète et le seul qui l’applique à l’âme.

4. La Parole de Dieu s’adresse à l’homme, comme ayant une conscience qui a besoin d’être vivifiée par l’Esprit et purifiée par le sang de Jésus.

5. Tout homme est tenu comme individu de servir Dieu et de Lui obéir, soit que d’autres veuillent le faire ou non.

6. La vérité n’a ni à gagner d’être reçue des gens de bien, ni à perdre de n’être pas crue des méchants.

7. L’obéissance du chrétien ne consiste pas à suivre une ligne de conduite extérieure d’accord avec la Parole écrite, mais elle suppose que le cœur est mu par des motifs purs, et que l’esprit est sous l’influence d’objets légitimes.

« Or, à Celui qui a le pouvoir de vous établir selon mon évangile, et selon la prédication de Jésus Christ, conformément à la révélation du mystère, qui a été tenu caché depuis le commencement du monde, mais qui est révélé, et qui, par les écrits des prophètes, selon le commandement du Dieu éternel, est porté à la connaissance de toutes les nations, pour qu’elles obéissent à la foi — à Dieu seul sage soit la gloire par Jésus Christ à jamais. Amen » (Rom. 16, 25-27).



  1. Remarquez que dans les chapitres 4 et 5 de l’Apocalypse, le culte nous est présenté dans des circonstances diverses ; mais ce que Dieu est et ce qu’Il a fait, voilà l’idée qui règne dans chacune d’elles. Ce n’est donc pas la pauvreté de la créature qui fait l’objet du culte, mais la bénédiction du Créateur.
  2. Pour ce qui est de la confession des péchés, de la prière et de la supplication unies au culte, nous y reviendrons.