Traité:Pèlerinage et repos/Première méditation

De mipe
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Première méditation : Jean 13

Mes chers amis, je vous parlerai de deux sujets, et je vous les présenterai en suivant l’ordre où ils nous sont rapportés dans la partie de l’Écriture que nous venons de lire. Voici quels sont ces sujets : 1° la purification pratique et positive par laquelle nous devons passer pour avoir une part avec Christ ; 2° le repos qui en est la conséquence.

Celui qui observe soigneusement l’état du peuple de Dieu dans ces temps-ci ne peut manquer de reconnaître que le vrai repos de l’âme est une chose rare parmi les croyants. Je ne nie pas qu’il y ait du sérieux, de l’activité, du zèle, de la connaissance et de l’intelligence, mais on peut posséder toutes ces choses, ou l’une ou l’autre d’entre elles, et cependant être dépourvu d’une paix positive, d’un repos réel. Peu de chrétiens ont une paix permanente. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il en est ainsi et comment il se fait que le contraste entre les saints et ce qui les entoure soit, à cet égard, si peu apparent ? Je voudrais vous donner aujourd'hui une réponse à cette question.

Deux principes sont à l’œuvre parmi ceux qui font profession de christianisme, et par eux les âmes cherchent à se procurer le repos. L’un de ces principes, c’est l’activité, une activité sérieuse, incessante : le cœur est occupé de ce qui est parfaitement bon et juste en soi, mais qui ne lui donne, ni ne peut lui donner le repos. Mais, chers amis, vous découvrirez que, de fait, la somme de cette activité est souvent précisément en proportion du manque de repos dans l’âme. Fréquemment une personne inquiète de cœur et d’esprit est poussée à l’activité, afin de se sortir d’elle-même. L’autre principe, que l’on rencontre très communément, est celui qui veut améliorer la chair, pour arriver au repos par ce moyen. Des chrétiens ont dit, et de vrais enfants de Dieu ont reçu et accepté, que la soumission de la volonté propre par la force de cette volonté donne le repos. L’absurdité d’une pareille assertion saute aux yeux, et cependant, je le répète, on affirme que, du moment que la volonté se rend, se met elle-même à mort pour ainsi dire, l’acte qu’elle accomplit ainsi lui procure le repos. Je voudrais donc établir, d’après l’Écriture, ce qui empêche l’âme de jouir de ce parfait repos, dont Jean, qui repose sa tête sur le sein de Jésus, nous fournit l’exemple dans le chapitre qui nous occupe ; et puis je désire montrer en quoi consiste ce repos et quelles en sont les conséquences.

Mes chers amis, je crois trouver la raison de cette absence de paix chez les saints dans le fait que leurs pieds ne sont pas lavés. Il y a ainsi chez eux une incapacité pratique d’être en communion avec Christ là où Il est ; car, remarquez-le bien, c’est la grande vérité que Jean 13 met en évidence. Non seulement le Seigneur ôte les souillures qui s’attachent, jour après jour, à notre marche, ce qui est parfaitement vrai ; mais il y a ici, je le crois, quelque chose de beaucoup plus profond : le cœur rendu propre à demeurer avec le Seigneur là où Il est ; une purification qui rend capable d’avoir communion avec Christ, une part avec Lui dans la gloire. Telle est, en effet, la grande pensée de Jean 13. Le Seigneur, « pendant le souper », c’est-à-dire associé avec les siens dans ce monde, au lieu de demeurer associé ainsi avec eux, rompt cette association : Il « se lève du souper » et leur montre comment Il peut les rendre capables d’entrer dans une autre et bien meilleure relation. Par cet acte, Il semble vouloir leur dire : Jusqu’ici, j’ai été associé à vous sur votre terrain ; mais à présent je vais vous montrer comment je vous rendrai propres pour être mes associés sur mon terrain ; je vais vous rendre tels que vous puissiez être en communion avec moi dans la sphère nouvelle et dans la place nouvelle que je vais occuper. Là-dessus Il prend le « bassin », « l’eau » et le « linge », et dans la pleine conscience qu’Il « était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu » (c’était le côté de Dieu et le sien propre aussi), Il s’abaisse pour accomplir cet acte de service envers ceux qu’Il aimait. L’amour qu’Il porte aux siens est la source et le ressort de tout le service que nous Le voyons accomplir ici en leur faveur. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin ». Quel précieux amour que le tien, Seigneur Jésus ! Quelle grâce merveilleuse ! L’affection et l’amour qu’Il a pour les siens subsistent à travers le changement des temps et des circonstances. Qu’il est précieux de pénétrer ainsi jusqu’à la source même des actes du Seigneur, et combien nos cœurs comprennent peu que les motifs de ces actes sont tous en Lui-même. Ce simple fait montre clairement que les ressorts qui mettent en action chacun des mouvements de Sa grâce envers nous se trouvent dans Son propre cœur. C’est là ce qui L’amène à rendre les siens moralement propres pour Sa présence et pour avoir communion avec Lui dans la nouvelle sphère où Il allait entrer. Rien de moindre ne répondait au cœur de Christ. Avons-nous, vous et moi, ce sentiment que rien ne répond mieux au cœur de ce précieux Sauveur que de nous rendre propres pour Sa présence ? Sentez-vous qu’il y avait dans Son cœur le désir de rendre un pauvre misérable, tel que vous ou moi, capable d’être en communion avec Lui dans la place nouvelle où Il est entré ? Ce ne sont plus seulement mes besoins et mes misères, mais ce sont les affections de Son cœur qui deviennent le motif qui Le fait agir, afin de me rendre propre pour être avec Lui là où Il est. C’est à cet effet qu’Il prend le bassin et l’eau, et qu’Il se met à laver les pieds de Ses disciples et à les essuyer avec le linge dont Il était ceint.

Je vous demande, mes chers amis, si vous savez ce que signifie cet acte de Christ à votre égard ? Je parle de choses fort simples, de choses que plusieurs d’entre vous connaissent très bien peut-être ; mais les choses anciennes ont souvent besoin d’être ravivées dans les cœurs ; par cela même qu’elles sont connues depuis longtemps elles tendent à s’effacer, et cela d’autant plus aisément que la scène qui nous entoure est plus animée. Savez-vous, sentez-vous comme une chose actuelle, que le Seigneur Jésus tient vos pieds dans Sa main ? Savez-vous ce que c’est que d’être l’objet d’un tel acte de Sa part, acte destiné à ôter toute parcelle de souillure qui pourrait vous rendre impropres à avoir communion avec Lui ; afin que Son cœur goûte plus de joie en ayant communion avec vous, que vous n’en ressentez dans votre communion avec Lui ? Avez-vous la conscience que le Seigneur s’occupe ainsi de vous ? Vous soumettez-vous à ce que vos pieds soient lavés ? Permettez-vous au Seigneur de le faire ? Trouvez-vous bon qu’Il se ceigne pour vous et qu’Il éloigne, en vous lavant les pieds, tout ce qui vous rend impropres pour Lui-même aussi bien que pour Sa communion ? Si je pose ces questions, c’est que, dans ce service d’amour, Christ n’épargne rien. C’est là une chose solennelle et que, dans le moment actuel, tout particulièrement, il importe que nous pesions bien. Je ne crois pas, et je le dis hautement, que nous soyons, en général, soumis à la puissance pénétrante et sanctifiante de la Parole, de sorte que la moindre chose qui ne convient pas à Christ soit jugée et ôtée. Nous connaissons tous un passage (Héb. 4, 12) qui dit clairement ce que je désirerais imprimer dans vos cœurs : « Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire ».

Ce passage nous donne l’explication divine de la manière dont le Seigneur ôte tout ce qui est un empêchement à notre communion avec Lui : Il emploie pour cela la Parole de Dieu. La Parole de Dieu est l’eau ; vous trouverez cela presque partout dans l’Écriture. L’eau est la puissance purifiante qui ôte tout ce qui n’est pas convenable pour la présence du Seigneur. Lorsque la Parole vivante atteint et sonde la conscience et l’âme, elle nous amène en la présence de Dieu ; et, par elle, le jugement de Dieu est appliqué à tout ce qui se trouve en nous. Je cite ici ce passage de l’épître aux Hébreux pour une autre raison encore : afin que vous voyiez comment la Parole faite chair et la Parole écrite y sont identifiées l’une avec l’autre. Remarquez ceci : « La parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants,… et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant Lui, mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons affaire ». Aux yeux de qui ? Devant quels yeux ? Les yeux de Dieu ! Ce qui est vrai de Dieu est donc vrai de Sa Parole ; et les perfections de Dieu, la puissance opérante, pénétrante du Dieu qui lit les pensées et les intentions du cœur, sont attribuées aussi à Sa Parole. J’insiste sur ce point de la manière la plus pressante, chers amis, parce que je crains que nous n’ayons pas dans nos âmes le sentiment de l’importance si solennelle de la Parole, ni de la manière dont elle agirait sur nos consciences, si nous consentions à nous laisser atteindre par elle. La Parole de Dieu tient-elle réellement dans nos âmes la place qu’elle avait chez les saints des temps passés ? Je conviens qu’il y a aujourd’hui, même à un degré remarquable, un accroissement d’intelligence et plus de sérieux chez les chrétiens, mais je demande si la puissance que la Parole de Dieu exerçait sur les âmes il y a cinquante ans, cette Parole l’exerce encore au même degré sur ceux qui moissonnent ce que d’autres ont semé. Je doute fort que l’on sente à quel point il est précieux de soumettre chaque pensée, chaque motif, chaque acte de la vie, à la puissance pénétrante de cette Parole vivante.

S’il en est ainsi, doit-on s’étonner que tant d’âmes n’aient pas de repos ? S’il n’y a pas cette eau, qui purifie de tout ce qui est incompatible avec la présence du Seigneur, je comprends que le repos fasse défaut, et c’est une bonté de Dieu qu’Il ne permette pas que nous ayons du repos tant que nous ne sommes pas dans l’état propre à pouvoir en jouir devant Lui.

Puisque je parle ici du lavage des pieds, j’ajouterai que nous n’entrons pas suffisamment dans la signification de cet acte, si nous n’y voyons le Seigneur occupé que des choses qui sont positivement incompatibles avec Sa présence ; car notre précieux Sauveur voit d’avance et prévient beaucoup de choses qui, si elles s’introduisaient et étaient tolérées, troubleraient la communion. J’ai été frappé de cela dernièrement en lisant à ce point de vue une autre partie de l’Écriture. Nous admettons le fait, que le Seigneur restaure en grâce ; nous admettons qu’Il lave les pieds ; mais il y a nombre de cas, dans notre histoire, que nous considérerions sous un autre jour si nos cœurs voyaient avec intelligence, comment le Seigneur prévient l’action de principes qui produiraient entre Lui et nous une distance morale. Il anticipe aussi bien qu’Il ôte. Paul ne nous dit-il pas (2 Cor. 12) : « Et afin que je ne m’enorgueillisse pas, à cause de l’extraordinaire des révélations, il m’a été donné une écharde pour la chair, un ange de Satan pour me souffleter » ? Rien n’avait donné lieu à une scission morale entre Paul et Christ. La chair n’avait pas agi en Paul ; mais elle était présente en lui pour agir ; le fondement existait, sur lequel cette scission aurait pu se produire. Les matériaux qui pouvaient mettre la chair en activité étaient là dans l’homme, lors même qu’il eût été ravi dans le troisième ciel. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Afin que je ne m’enorgueillisse pas, il m’a été donné une écharde pour la chair ».

Cette pensée, je le crains, ne se présente pas à nos cœurs avec la force qu’elle devrait avoir. Nous nous bornons à désirer que la distance soit ôtée, lorsque la chair, par son action, a déjà produit la distance, et nous ne désirons pas assez que le Seigneur emploie des moyens préventifs pour empêcher que la distance ne se produise. Si nous réfléchissions davantage à cela, quelle lumière se ferait sur mainte circonstance de notre vie, sur plus d’un des sentiers dans lesquels nous sommes engagés, sur bien des peines, des inquiétudes, des angoisses, des détresses, des chagrins, des circonstances fâcheuses que nous aurions voulu voir autres. Nous verrions plus clair, si nous avions dans le cœur le sentiment divin que Celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, nous aime d’un amour éternel, et pense à nous, et qu’Il sait qu’il y a en nous une nature qui peut être influencée et mise en activité de manière à nous éloigner de Lui, et qu’Il sait exactement quand il faut qu’Il intervienne. Quelle lumière cela nous donnerait dans plus d’un de nos jours sombres ! Quel amour précieux que celui qui non seulement s’abaisse pour laver la souillure quand elle existe, mais prévient l’activité de la mauvaise nature en moi, cette activité qui m’éloignerait de Lui ! Il y met obstacle et me donne le privilège d’apprendre ce qu’est la chair, en communion avec Dieu, au lieu de l’apprendre dans la compagnie du diable ; car il faut que nous l’apprenions de l’une de ces manières ou de l’autre. Si vous n’apprenez pas ce que vous êtes, avec Dieu, comme Paul dans le chapitre 12 de la deuxième épître aux Corinthiens, vous l’apprendrez avec le diable, comme Pierre. Combien cela est solennel ! Mais pour Paul c’était l’amour préventif du Seigneur : « Il m’a été donné une écharde en la chair ». Ô Sauveur précieux, berger fidèle, ami constant de pauvres misérables tels que nous, mais qui avons de la valeur pour toi comme don de ton Père et comme fruit de ton fidèle amour !

Savez-vous maintenant ce que c’est que d’être propre pour la communion avec le Seigneur ? Avez-vous compris quelque chose touchant cette communion avec Dieu ? Nous ne connaissons que faiblement, je le crains, la vraie communion, et il est extraordinaire que cela semble nous affecter si peu. Vos pensées, vos intérêts, sont-ils ceux de Christ dans la gloire ? Ou plutôt ne devez-vous pas avouer que vos cœurs sont bien peu à la hauteur de ces choses ? Quelqu’un dira : « Je suis toujours heureux » ; cela peut être parfaitement vrai, mais ce n’est pas ce qui nous est présenté dans Jean 13, où ce dont il s’agit, c’est d’être, par le lavage des pieds, propre pour la présence de Dieu, de telle sorte que tout ce qui ne convient pas à cette présence et qui pourrait produire du malaise soit parfaitement ôté. Dès lors, il n’y a plus d’empêchement à ce que je sois dans une pleine communion avec Lui, là où Il est, et à ce que je jouisse du repos qui en est la conséquence.

Dans ma pensée la cause du manque de repos parmi les saints, tient à ce qu’ils ne sont pas lavés de manière à avoir part avec Christ. Leurs pieds ne sont pas lavés ; il y a une distance, une séparation morale entre eux et Christ. En est-il ainsi de vous aujourd’hui ? Votre cœur se trouve-t-il moralement à distance de Christ ? Y a-t-il de la gêne entre vous et Lui ? Il faut très peu de chose pour produire cette distance.

Remarquez, et c’est là une chose bien sérieuse, que je puis retirer mes pieds d’entre les mains du Seigneur, L’empêcher pour un temps de me les laver, empêcher ainsi que la Parole ne me soit appliquée, car ce dont il s’agit ici, c’est de ce qui est la part de Christ et non la nôtre. Je ne nie pas cette dernière, car nous devons être vigilants et nous juger nous-mêmes, mais je parle maintenant de ce qui est la part de Christ. Vous pouvez retirer vos pieds d’entre Ses mains, contrarier l’activité de Son amour, si bien que la distance entre vous et Lui demeure ; alors il faudra qu’Il vous enseigne par une autre voie. Mais quel acte merveilleux en faveur de pauvres créatures, quelle grâce que celle qui s’abaisse jusqu’à laver nos pieds de tout ce qui n’est pas en accord avec Lui-même ! Aucune chose, même la plus infime, qui serait en désaccord avec Lui, qu’Il ne prenne soin d’ôter ! Son amour parfait se montre, en ce qu’Il ne laisse rien passer. Notre égoïsme se fait voir en ceci que nous laissons passer maintes choses ; mais Son amour n’en laisse échapper aucune. L’égoïsme se meut dans son propre cercle, l’amour s’occupe d’un objet et s’y dévoue ; il pense à cet objet pour son bien et ne permet pas qu’il y demeure la plus petite chose qui ne soit pas en rapport avec son affection. Et pourquoi ? C’est afin d’avoir la joie de voir son objet tel qu’il a voulu qu’il fût. Qui peut parler de la joie du cœur de Jésus ? Qui connaît cette joie même dans une faible mesure, Sa joie de nous avoir près de Lui, et tels que nous ayons communion avec Lui ? Avez-vous compris que le Seigneur a une joie plus grande et plus profonde à vous placer là où Il peut avoir communion avec vous, que ne saurait l’être votre joie, à vous, en vous trouvant là avec Lui ? C’est là ce que l’on trouve au fond de cet acte si simple rapporté dans ce chapitre 13 de Jean.

J’insiste sur ce point, parce que, de nos jours, avec toute l’activité extérieure qui règne, on est en grand danger d’oublier ce qui est dû au Seigneur Jésus Christ : et pourtant c’est à cela que Son cœur regarde. Je suis convaincu que ce que Christ désire, comme témoignage de la part des siens, dans ces jours-ci, c’est de les trouver sur la terre, non pas un peuple qui se signale par de grandes choses et qui accomplit des exploits, mais un peuple que Son Dieu et Père peut regarder et signaler en disant : Il y a là des cœurs qui rendent témoignage à la suffisance et à la puissance de mon Fils pour accomplir toute chose pour eux. Oui, Dieu cherche des témoins de la grâce et de la puissance de Jésus, afin de pouvoir les montrer à d’autres cœurs fatigués et chargés, disant : « Mon Fils peut faire pour vous ce qu’Il a fait pour eux ». Avez-vous, chers frères, au-dedans de vous, cette conviction divine, que Dieu vous laisse dans ce monde pour y être des exemples de ce que Christ peut faire pour de pauvres créatures telles que nous sommes ? Êtes-vous convaincus qu’Il peut prendre possession de nos cœurs, les remplir jusqu’à les faire déborder, et les rendre capables de jouir de Lui dans ce lieu de gloire où Il est, Lui, leur éternelle joie et leur repos ? Que le Seigneur nous garde de nous soustraire à Sa main, en sorte que nous soyons constamment devant Lui avec Sa précieuse Parole, sondant par elle les mobiles secrets de nos âmes, afin de jouir ainsi du repos parfait qui en découle. Que notre conscience ne cherche pas à échapper au tranchant de la Parole. Ne craignez pas de soumettre chaque pensée de votre cœur, chaque mouvement de votre âme à cette puissance pénétrante ! Ne craignez pas de vous laisser transpercer par cette Parole ! Craignez plutôt ce qui tend à la tenir loin de vous, ce qui pourrait vous soustraire à son action scrutatrice ; ne redoutez jamais la Parole de Dieu. Non, ne craignez jamais l’amour qui s’occupe à faire ce qu’il y a de meilleur pour vous. C’est l’amour de Jésus. Les pensées de Son cœur sont de vous bénir. Nous sommes les objets de Son amour ; Il désire nous rendre tels que Sa joie puisse demeurer en nous, et que notre joie soit parfaite. Vous ferez l’expérience qu’ainsi vous aurez du repos : car, tout ce qui serait un empêchement ou une entrave, aura été mis de côté. Il y aura du repos. Je prends le fait simplement, tel qu’il nous est rapporté : Jean était penché sur le sein de Jésus. Avez-vous jamais appuyé votre tête sur le sein de Jésus ? Avez-vous la conscience qu’Il a pris vos pieds et les a lavés, afin que vous puissiez vous reposer sur Son sein ? Il faut nécessairement que l’un précède l’autre. Quelle place bienheureuse pour une âme fatiguée ! Bien plus, la sympathie de Christ est assez grande pour qu’il y ait place, auprès de Lui, pour chacun de Ses saints.

Ces choses sont des figures, sans doute ; mais, en me reportant au simple récit de l’Écriture, voici ce que j’entends par placer notre tête sur le sein de Jésus : c’est être si près de Lui, si intime avec Lui, qu’Il devienne le parfait repos de mon cœur. Ce n’est pas ce que je reçois de Lui, mais c’est Lui-même qui est mon repos. Si quelque chose s’est placé entre vous et Christ, vous ne pouvez avoir de repos tant que cette chose subsistera ; dans cet état, votre cœur redoute la présence du Seigneur, puisqu’elle donnerait nécessairement lieu à une explication. C’est pourquoi, chers amis, nous voyons que très peu de personnes, hélas ! supportent d’être seules avec Jésus et avec Dieu. Il faut, pour ne pas craindre d’être seul avec Dieu, que tout soit bien en règle entre nous et Lui. Lorsque Jacob fut laissé seul, un homme lutta avec lui jusqu’au point du jour ; lorsque Joseph, ayant fait sortir tout le monde, demeura seul avec ses frères, il se fit connaître à eux, personne n’étant présent. Je ne doute pas que ce ne soit ce qui fait que tant de gens cherchent des distractions dans les mille choses dont ils s’entourent : ils veulent éviter une heure de solitude avec Christ ou avec Dieu. Quand il n’y a rien entre nous et Christ, nous pouvons être seuls, et nous pouvons trouver notre repos dans la compagnie de Christ ; Sa présence alors est le repos de notre cœur. Combien en est-il d’entre vous, chers amis, qui puissent dire : Je sais ce que c’est que de poser ma tête sur le sein de Jésus ?

On reconnaît une âme sincère à deux choses que vous trouvez en Luc 7. La première : « Il faut que je le trouve et que je sois près de Lui » ; l’autre : « Il faut qu’il soit mon tout ». Si je parle ici d’être près de Christ, j’entends être près de Lui là où Il est. Ce n’est pas Le faire descendre ici-bas, comme s’Il était de ce monde qui nous entoure ; ce n’est pas amener Christ sur la terre dans nos circonstances, pour que nous puissions vivre plus confortablement dans le monde. Cela, hélas ! nous le voyons partout autour de nous : des saints et des pécheurs faisant servir le soulagement qu’ils ont trouvé pour leur conscience, pour marcher à leur aise dans le monde. Oh ! ce qu’il faut, ce n’est pas de faire entrer Christ dans nos circonstances terrestres pour que nous nous y trouvions heureux ; mais ce dont j’ai besoin, c’est d’un Christ qui me lave les pieds, qui me nettoie de tout ce qui serait impropre à la présence de Dieu, afin qu’il n’y ait aucun empêchement à ce que j’entre dans les circonstances de Christ. Si votre cœur a jamais goûté la bénédiction de la communion avec Christ là où Il est, dans Ses circonstances, vous pouvez jeter un regard en arrière et dire : « Je suis indépendant des choses de la terre ». La possession de ce qui est là-haut détourne votre cœur de ce qui vous entoure et n’est que la contrefaçon de ces biens. Les hommes se trouvent engagés dans les choses de la terre, parce qu’ils ne possèdent pas le vrai bien. S’ils le possédaient, ils auraient aussi la mesure de tout ce qui lui est contraire et ne désireraient pas ces choses. Personne ne peut connaître ce qui, selon Dieu, est faux, à moins qu’il ne sache ce qui est vrai. Il vous faut un modèle d’après lequel vous puissiez juger, car on ne connaît jamais rien véritablement d’une manière abstraite. Si vous ne connaissez pas la vérité, vous ne pouvez savoir ce qui ne l’est pas, et vous ne serez jamais affermi contre l’erreur ; tandis que, ayant ce qui est excellent, vous savez ce qui est mauvais et n’en avez que faire.

Lorsque je suis en communion d’intérêts avec Christ, je me tiens dans Sa compagnie ; Sa présence est le repos de mon âme ; mon cœur connaît le repos qui se trouve là, selon le psaume 23 : et ce psaume ne décrit pas quelque lieu sur la terre, car, dans ce monde, on ne trouve pas « de verts pâturages ». Où seraient-ils ? C’est au ciel qu’on les trouve ; et quant aux « eaux paisibles », elles ne coulent pas ici-bas. Non, il n’y a point de repos au milieu de l’agitation et des orages des choses d’ici-bas. Il n’y a ni verdure, ni tranquillité ; rien qu’agitation et que vanité. Mais, du moment que mon cœur connaît la compagnie de Jésus et que rien ne m’empêche d’en jouir, je puis tourner le dos aux choses de la terre, aux meilleures, à tous les biens de ce pauvre monde, et je vois à découvert tous les déguisements et toutes les intrigues de Satan. Comment cela ? Parce que je possède le souverain bien qui affermit mon cœur contre tout ce qui est incompatible avec lui ; et aucune autre chose que lui ne peut me satisfaire.

De plus, quand vous êtes près de Christ, votre tête appuyée sur Son sein, quand vous jouissez de ce repos, vous êtes bien placés pour recevoir Ses communications. Savez-vous ce que c’est que de recevoir les communications de ce précieux Sauveur, d’être assez affranchi et délivré de soi-même et de ce qui nous entoure, du monde et de son agitation, et d’être dans la présence de Jésus, de manière à ce qu’Il puisse vous communiquer Ses pensées ? Arrêtons-nous un moment sur ce sujet en regard des versets 21-25 : « Jésus, ayant dit ces choses, fut troublé dans son esprit, et rendit témoignage et dit : En vérité, en vérité, je vous dis, que l’un d’entre vous me livrera. Les disciples se regardaient donc les uns les autres, étant en perplexité, ne sachant de qui il parlait. Or l’un d’entre ses disciples, que Jésus aimait, était à table dans le sein de Jésus. Simon Pierre donc lui fait signe de demander lequel était celui dont il parlait. Et lui, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, lequel est-ce ? ». Il y avait là confiance, et repos pour recevoir la réponse de la confiance. Que peut-il y avoir de plus simple et de plus heureux ? C’est à celui qui est le plus près de Jésus, que les autres reconnaissent le droit d’intimité comme ami. Pierre, à distance, se sert de la proximité dans laquelle est Jean, non seulement pour calmer les doutes de son propre esprit et ceux des autres disciples, mais encore pour obtenir les secrets du cœur de Christ. Pierre savait que celui qui était dans le sein de Jésus apprendrait les secrets de Son cœur, en recevrait la communication. Chers amis, cela est très important : le Seigneur ne vous fera pas Ses communications à distance. Si vous êtes loin de Christ, vous ne pouvez connaître ni Ses secrets, ni Ses désirs. Je ne dis pas qu’Il ne vous aime pas ; mais ce qui occupe Son cœur par rapport à vous, si vous êtes à distance, c’est de vous amener pratiquement près de Lui, afin qu’Il ait la joie de communiquer avec vous ; Il aime à le faire. Les autres disciples n’étaient pas assez proches pour apprendre les secrets de Christ. Jean était près ; il avait de plus assez de confiance pour demander : « Seigneur, lequel est-ce ? ». Et il était assez en repos pour pouvoir entendre Jésus donner la réponse. Il y avait proximité, confiance et repos. Connaissez-vous ces choses ? Je sais, par mon propre cœur, que nous faisons souvent des communications au Seigneur ; mais il est rare que nous soyons assez en paix, assez près de Lui et tranquilles, pour qu’Il puisse nous faire des communications. Hélas ! que cela est rare, et combien peu nous paraissons savoir qu’Il aime nous avoir près de Lui, afin que Son cœur ait la joie de pouvoir nous montrer tout ce qu’il renferme d’amour pour nous, sans en rien réserver. Que le Seigneur nous donne cette paix de l’âme devant Lui et ce repos du cœur, cette oreille ouverte, pour recevoir les communications que Son cœur prend plaisir à faire à ceux qui sont près de Lui.

Comme nous avons trouvé un exemple de ce qui précède, au chapitre 13, voyons maintenant ce qui est dit au chapitre 21 de ce même évangile : « Le disciple donc que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur ». Un autre effet de la proximité du Seigneur, c’est que l’on est capable de comprendre Ses actes, parce que l’on connaît la personne qui agit ; la connaissance de Celui qui est l’auteur de l’acte, lie l’acte à Sa personne même.

Je ferai encore remarquer à ce propos, que ce n’est pas dans le but d’obtenir des communications de la part de Christ, ou pour dire « ceci est Christ », ou « cela est Christ », que nous devons rechercher la présence du Seigneur, mais pour Lui-même, sans autre motif ; il faut poser notre tête sur le sein de Celui qui prend plaisir à l’y voir, sans autre motif que celui de l’amour pour Sa personne.

Je parle faiblement, bien plus faiblement même que je ne le sens ; mais que le Seigneur veuille ôter de nos cœurs jusqu’à la plus légère entrave à notre libre communion avec Lui ; qu’Il nous soumette à Lui, afin qu’Il puisse prendre entre Ses mains bénies nos pieds souillés, et les laver par Sa Parole de tout ce qui nous rendrait moralement impropres pour Sa présence là où Il est, impropres à avoir communion avec Lui dans le lieu glorieux où Il est entré. Qu’il n’y ait rien entre Lui et nous et que, près de Lui, nous reposions notre tête là où Il aime à la voir. Souvenez-vous qu’il n’y a pas d’enfant préféré dans la famille de Dieu : point de privilégiés qui aient une place au-dessus ou au-dessous des autres ; le lieu est ouvert à tous, il y a place pour tous. Le sein de Jésus, le cœur et les affections de Christ sont pour tous les siens, tous sont invités à appuyer leur tête là où Jean reposait la sienne. Que le Seigneur nous accorde, dans ces jours de fiévreuse agitation et d’activité, où l’esprit de l’homme est occupé de la quantité plus que de la qualité, qu’il nous accorde de penser à ce qui répond au cœur de Christ, à Ses affections ; qu’il nous rende capables de nous élever à la hauteur de notre appel, de goûter la douceur de pouvoir travailler dans notre petite mesure, et d’être gardés dans un sentier peut-être solitaire, et ignoré, avec cette simple pensée : Ma joie est de servir les affections, les compassions, les désirs du cœur de Celui qui s’est donné Lui-même pour moi !