Traité:Pèlerinage et repos

De mipe
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Traduit de l’anglais

Première méditation : Jean 13

Mes chers amis, je vous parlerai de deux sujets, et je vous les présenterai en suivant l’ordre où ils nous sont rapportés dans la partie de l’Écriture que nous venons de lire. Voici quels sont ces sujets : 1° la purification pratique et positive par laquelle nous devons passer pour avoir une part avec Christ ; 2° le repos qui en est la conséquence.

Celui qui observe soigneusement l’état du peuple de Dieu dans ces temps-ci ne peut manquer de reconnaître que le vrai repos de l’âme est une chose rare parmi les croyants. Je ne nie pas qu’il y ait du sérieux, de l’activité, du zèle, de la connaissance et de l’intelligence, mais on peut posséder toutes ces choses, ou l’une ou l’autre d’entre elles, et cependant être dépourvu d’une paix positive, d’un repos réel. Peu de chrétiens ont une paix permanente. Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi il en est ainsi et comment il se fait que le contraste entre les saints et ce qui les entoure soit, à cet égard, si peu apparent ? Je voudrais vous donner aujourd'hui une réponse à cette question.

Deux principes sont à l’œuvre parmi ceux qui font profession de christianisme, et par eux les âmes cherchent à se procurer le repos. L’un de ces principes, c’est l’activité, une activité sérieuse, incessante : le cœur est occupé de ce qui est parfaitement bon et juste en soi, mais qui ne lui donne, ni ne peut lui donner le repos. Mais, chers amis, vous découvrirez que, de fait, la somme de cette activité est souvent précisément en proportion du manque de repos dans l’âme. Fréquemment une personne inquiète de cœur et d’esprit est poussée à l’activité, afin de se sortir d’elle-même. L’autre principe, que l’on rencontre très communément, est celui qui veut améliorer la chair, pour arriver au repos par ce moyen. Des chrétiens ont dit, et de vrais enfants de Dieu ont reçu et accepté, que la soumission de la volonté propre par la force de cette volonté donne le repos. L’absurdité d’une pareille assertion saute aux yeux, et cependant, je le répète, on affirme que, du moment que la volonté se rend, se met elle-même à mort pour ainsi dire, l’acte qu’elle accomplit ainsi lui procure le repos. Je voudrais donc établir, d’après l’Écriture, ce qui empêche l’âme de jouir de ce parfait repos, dont Jean, qui repose sa tête sur le sein de Jésus, nous fournit l’exemple dans le chapitre qui nous occupe ; et puis je désire montrer en quoi consiste ce repos et quelles en sont les conséquences.

Mes chers amis, je crois trouver la raison de cette absence de paix chez les saints dans le fait que leurs pieds ne sont pas lavés. Il y a ainsi chez eux une incapacité pratique d’être en communion avec Christ là où Il est ; car, remarquez-le bien, c’est la grande vérité que Jean 13 met en évidence. Non seulement le Seigneur ôte les souillures qui s’attachent, jour après jour, à notre marche, ce qui est parfaitement vrai ; mais il y a ici, je le crois, quelque chose de beaucoup plus profond : le cœur rendu propre à demeurer avec le Seigneur là où Il est ; une purification qui rend capable d’avoir communion avec Christ, une part avec Lui dans la gloire. Telle est, en effet, la grande pensée de Jean 13. Le Seigneur, « pendant le souper », c’est-à-dire associé avec les siens dans ce monde, au lieu de demeurer associé ainsi avec eux, rompt cette association : Il « se lève du souper » et leur montre comment Il peut les rendre capables d’entrer dans une autre et bien meilleure relation. Par cet acte, Il semble vouloir leur dire : Jusqu’ici, j’ai été associé à vous sur votre terrain ; mais à présent je vais vous montrer comment je vous rendrai propres pour être mes associés sur mon terrain ; je vais vous rendre tels que vous puissiez être en communion avec moi dans la sphère nouvelle et dans la place nouvelle que je vais occuper. Là-dessus Il prend le « bassin », « l’eau » et le « linge », et dans la pleine conscience qu’Il « était venu de Dieu, et s’en allait à Dieu » (c’était le côté de Dieu et le sien propre aussi), Il s’abaisse pour accomplir cet acte de service envers ceux qu’Il aimait. L’amour qu’Il porte aux siens est la source et le ressort de tout le service que nous Le voyons accomplir ici en leur faveur. « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin ». Quel précieux amour que le tien, Seigneur Jésus ! Quelle grâce merveilleuse ! L’affection et l’amour qu’Il a pour les siens subsistent à travers le changement des temps et des circonstances. Qu’il est précieux de pénétrer ainsi jusqu’à la source même des actes du Seigneur, et combien nos cœurs comprennent peu que les motifs de ces actes sont tous en Lui-même. Ce simple fait montre clairement que les ressorts qui mettent en action chacun des mouvements de Sa grâce envers nous se trouvent dans Son propre cœur. C’est là ce qui L’amène à rendre les siens moralement propres pour Sa présence et pour avoir communion avec Lui dans la nouvelle sphère où Il allait entrer. Rien de moindre ne répondait au cœur de Christ. Avons-nous, vous et moi, ce sentiment que rien ne répond mieux au cœur de ce précieux Sauveur que de nous rendre propres pour Sa présence ? Sentez-vous qu’il y avait dans Son cœur le désir de rendre un pauvre misérable, tel que vous ou moi, capable d’être en communion avec Lui dans la place nouvelle où Il est entré ? Ce ne sont plus seulement mes besoins et mes misères, mais ce sont les affections de Son cœur qui deviennent le motif qui Le fait agir, afin de me rendre propre pour être avec Lui là où Il est. C’est à cet effet qu’Il prend le bassin et l’eau, et qu’Il se met à laver les pieds de Ses disciples et à les essuyer avec le linge dont Il était ceint.

Je vous demande, mes chers amis, si vous savez ce que signifie cet acte de Christ à votre égard ? Je parle de choses fort simples, de choses que plusieurs d’entre vous connaissent très bien peut-être ; mais les choses anciennes ont souvent besoin d’être ravivées dans les cœurs ; par cela même qu’elles sont connues depuis longtemps elles tendent à s’effacer, et cela d’autant plus aisément que la scène qui nous entoure est plus animée. Savez-vous, sentez-vous comme une chose actuelle, que le Seigneur Jésus tient vos pieds dans Sa main ? Savez-vous ce que c’est que d’être l’objet d’un tel acte de Sa part, acte destiné à ôter toute parcelle de souillure qui pourrait vous rendre impropres à avoir communion avec Lui ; afin que Son cœur goûte plus de joie en ayant communion avec vous, que vous n’en ressentez dans votre communion avec Lui ? Avez-vous la conscience que le Seigneur s’occupe ainsi de vous ? Vous soumettez-vous à ce que vos pieds soient lavés ? Permettez-vous au Seigneur de le faire ? Trouvez-vous bon qu’Il se ceigne pour vous et qu’Il éloigne, en vous lavant les pieds, tout ce qui vous rend impropres pour Lui-même aussi bien que pour Sa communion ? Si je pose ces questions, c’est que, dans ce service d’amour, Christ n’épargne rien. C’est là une chose solennelle et que, dans le moment actuel, tout particulièrement, il importe que nous pesions bien. Je ne crois pas, et je le dis hautement, que nous soyons, en général, soumis à la puissance pénétrante et sanctifiante de la Parole, de sorte que la moindre chose qui ne convient pas à Christ soit jugée et ôtée. Nous connaissons tous un passage (Héb. 4, 12) qui dit clairement ce que je désirerais imprimer dans vos cœurs : « Car la parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire ».

Ce passage nous donne l’explication divine de la manière dont le Seigneur ôte tout ce qui est un empêchement à notre communion avec Lui : Il emploie pour cela la Parole de Dieu. La Parole de Dieu est l’eau ; vous trouverez cela presque partout dans l’Écriture. L’eau est la puissance purifiante qui ôte tout ce qui n’est pas convenable pour la présence du Seigneur. Lorsque la Parole vivante atteint et sonde la conscience et l’âme, elle nous amène en la présence de Dieu ; et, par elle, le jugement de Dieu est appliqué à tout ce qui se trouve en nous. Je cite ici ce passage de l’épître aux Hébreux pour une autre raison encore : afin que vous voyiez comment la Parole faite chair et la Parole écrite y sont identifiées l’une avec l’autre. Remarquez ceci : « La parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants,… et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant Lui, mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de Celui à qui nous avons affaire ». Aux yeux de qui ? Devant quels yeux ? Les yeux de Dieu ! Ce qui est vrai de Dieu est donc vrai de Sa Parole ; et les perfections de Dieu, la puissance opérante, pénétrante du Dieu qui lit les pensées et les intentions du cœur, sont attribuées aussi à Sa Parole. J’insiste sur ce point de la manière la plus pressante, chers amis, parce que je crains que nous n’ayons pas dans nos âmes le sentiment de l’importance si solennelle de la Parole, ni de la manière dont elle agirait sur nos consciences, si nous consentions à nous laisser atteindre par elle. La Parole de Dieu tient-elle réellement dans nos âmes la place qu’elle avait chez les saints des temps passés ? Je conviens qu’il y a aujourd’hui, même à un degré remarquable, un accroissement d’intelligence et plus de sérieux chez les chrétiens, mais je demande si la puissance que la Parole de Dieu exerçait sur les âmes il y a cinquante ans, cette Parole l’exerce encore au même degré sur ceux qui moissonnent ce que d’autres ont semé. Je doute fort que l’on sente à quel point il est précieux de soumettre chaque pensée, chaque motif, chaque acte de la vie, à la puissance pénétrante de cette Parole vivante.

S’il en est ainsi, doit-on s’étonner que tant d’âmes n’aient pas de repos ? S’il n’y a pas cette eau, qui purifie de tout ce qui est incompatible avec la présence du Seigneur, je comprends que le repos fasse défaut, et c’est une bonté de Dieu qu’Il ne permette pas que nous ayons du repos tant que nous ne sommes pas dans l’état propre à pouvoir en jouir devant Lui.

Puisque je parle ici du lavage des pieds, j’ajouterai que nous n’entrons pas suffisamment dans la signification de cet acte, si nous n’y voyons le Seigneur occupé que des choses qui sont positivement incompatibles avec Sa présence ; car notre précieux Sauveur voit d’avance et prévient beaucoup de choses qui, si elles s’introduisaient et étaient tolérées, troubleraient la communion. J’ai été frappé de cela dernièrement en lisant à ce point de vue une autre partie de l’Écriture. Nous admettons le fait, que le Seigneur restaure en grâce ; nous admettons qu’Il lave les pieds ; mais il y a nombre de cas, dans notre histoire, que nous considérerions sous un autre jour si nos cœurs voyaient avec intelligence, comment le Seigneur prévient l’action de principes qui produiraient entre Lui et nous une distance morale. Il anticipe aussi bien qu’Il ôte. Paul ne nous dit-il pas (2 Cor. 12) : « Et afin que je ne m’enorgueillisse pas, à cause de l’extraordinaire des révélations, il m’a été donné une écharde pour la chair, un ange de Satan pour me souffleter » ? Rien n’avait donné lieu à une scission morale entre Paul et Christ. La chair n’avait pas agi en Paul ; mais elle était présente en lui pour agir ; le fondement existait, sur lequel cette scission aurait pu se produire. Les matériaux qui pouvaient mettre la chair en activité étaient là dans l’homme, lors même qu’il eût été ravi dans le troisième ciel. C’est pourquoi l’apôtre dit : « Afin que je ne m’enorgueillisse pas, il m’a été donné une écharde pour la chair ».

Cette pensée, je le crains, ne se présente pas à nos cœurs avec la force qu’elle devrait avoir. Nous nous bornons à désirer que la distance soit ôtée, lorsque la chair, par son action, a déjà produit la distance, et nous ne désirons pas assez que le Seigneur emploie des moyens préventifs pour empêcher que la distance ne se produise. Si nous réfléchissions davantage à cela, quelle lumière se ferait sur mainte circonstance de notre vie, sur plus d’un des sentiers dans lesquels nous sommes engagés, sur bien des peines, des inquiétudes, des angoisses, des détresses, des chagrins, des circonstances fâcheuses que nous aurions voulu voir autres. Nous verrions plus clair, si nous avions dans le cœur le sentiment divin que Celui qui est monté au-dessus de tous les cieux, nous aime d’un amour éternel, et pense à nous, et qu’Il sait qu’il y a en nous une nature qui peut être influencée et mise en activité de manière à nous éloigner de Lui, et qu’Il sait exactement quand il faut qu’Il intervienne. Quelle lumière cela nous donnerait dans plus d’un de nos jours sombres ! Quel amour précieux que celui qui non seulement s’abaisse pour laver la souillure quand elle existe, mais prévient l’activité de la mauvaise nature en moi, cette activité qui m’éloignerait de Lui ! Il y met obstacle et me donne le privilège d’apprendre ce qu’est la chair, en communion avec Dieu, au lieu de l’apprendre dans la compagnie du diable ; car il faut que nous l’apprenions de l’une de ces manières ou de l’autre. Si vous n’apprenez pas ce que vous êtes, avec Dieu, comme Paul dans le chapitre 12 de la deuxième épître aux Corinthiens, vous l’apprendrez avec le diable, comme Pierre. Combien cela est solennel ! Mais pour Paul c’était l’amour préventif du Seigneur : « Il m’a été donné une écharde en la chair ». Ô Sauveur précieux, berger fidèle, ami constant de pauvres misérables tels que nous, mais qui avons de la valeur pour toi comme don de ton Père et comme fruit de ton fidèle amour !

Savez-vous maintenant ce que c’est que d’être propre pour la communion avec le Seigneur ? Avez-vous compris quelque chose touchant cette communion avec Dieu ? Nous ne connaissons que faiblement, je le crains, la vraie communion, et il est extraordinaire que cela semble nous affecter si peu. Vos pensées, vos intérêts, sont-ils ceux de Christ dans la gloire ? Ou plutôt ne devez-vous pas avouer que vos cœurs sont bien peu à la hauteur de ces choses ? Quelqu’un dira : « Je suis toujours heureux » ; cela peut être parfaitement vrai, mais ce n’est pas ce qui nous est présenté dans Jean 13, où ce dont il s’agit, c’est d’être, par le lavage des pieds, propre pour la présence de Dieu, de telle sorte que tout ce qui ne convient pas à cette présence et qui pourrait produire du malaise soit parfaitement ôté. Dès lors, il n’y a plus d’empêchement à ce que je sois dans une pleine communion avec Lui, là où Il est, et à ce que je jouisse du repos qui en est la conséquence.

Dans ma pensée la cause du manque de repos parmi les saints, tient à ce qu’ils ne sont pas lavés de manière à avoir part avec Christ. Leurs pieds ne sont pas lavés ; il y a une distance, une séparation morale entre eux et Christ. En est-il ainsi de vous aujourd’hui ? Votre cœur se trouve-t-il moralement à distance de Christ ? Y a-t-il de la gêne entre vous et Lui ? Il faut très peu de chose pour produire cette distance.

Remarquez, et c’est là une chose bien sérieuse, que je puis retirer mes pieds d’entre les mains du Seigneur, L’empêcher pour un temps de me les laver, empêcher ainsi que la Parole ne me soit appliquée, car ce dont il s’agit ici, c’est de ce qui est la part de Christ et non la nôtre. Je ne nie pas cette dernière, car nous devons être vigilants et nous juger nous-mêmes, mais je parle maintenant de ce qui est la part de Christ. Vous pouvez retirer vos pieds d’entre Ses mains, contrarier l’activité de Son amour, si bien que la distance entre vous et Lui demeure ; alors il faudra qu’Il vous enseigne par une autre voie. Mais quel acte merveilleux en faveur de pauvres créatures, quelle grâce que celle qui s’abaisse jusqu’à laver nos pieds de tout ce qui n’est pas en accord avec Lui-même ! Aucune chose, même la plus infime, qui serait en désaccord avec Lui, qu’Il ne prenne soin d’ôter ! Son amour parfait se montre, en ce qu’Il ne laisse rien passer. Notre égoïsme se fait voir en ceci que nous laissons passer maintes choses ; mais Son amour n’en laisse échapper aucune. L’égoïsme se meut dans son propre cercle, l’amour s’occupe d’un objet et s’y dévoue ; il pense à cet objet pour son bien et ne permet pas qu’il y demeure la plus petite chose qui ne soit pas en rapport avec son affection. Et pourquoi ? C’est afin d’avoir la joie de voir son objet tel qu’il a voulu qu’il fût. Qui peut parler de la joie du cœur de Jésus ? Qui connaît cette joie même dans une faible mesure, Sa joie de nous avoir près de Lui, et tels que nous ayons communion avec Lui ? Avez-vous compris que le Seigneur a une joie plus grande et plus profonde à vous placer là où Il peut avoir communion avec vous, que ne saurait l’être votre joie, à vous, en vous trouvant là avec Lui ? C’est là ce que l’on trouve au fond de cet acte si simple rapporté dans ce chapitre 13 de Jean.

J’insiste sur ce point, parce que, de nos jours, avec toute l’activité extérieure qui règne, on est en grand danger d’oublier ce qui est dû au Seigneur Jésus Christ : et pourtant c’est à cela que Son cœur regarde. Je suis convaincu que ce que Christ désire, comme témoignage de la part des siens, dans ces jours-ci, c’est de les trouver sur la terre, non pas un peuple qui se signale par de grandes choses et qui accomplit des exploits, mais un peuple que Son Dieu et Père peut regarder et signaler en disant : Il y a là des cœurs qui rendent témoignage à la suffisance et à la puissance de mon Fils pour accomplir toute chose pour eux. Oui, Dieu cherche des témoins de la grâce et de la puissance de Jésus, afin de pouvoir les montrer à d’autres cœurs fatigués et chargés, disant : « Mon Fils peut faire pour vous ce qu’Il a fait pour eux ». Avez-vous, chers frères, au-dedans de vous, cette conviction divine, que Dieu vous laisse dans ce monde pour y être des exemples de ce que Christ peut faire pour de pauvres créatures telles que nous sommes ? Êtes-vous convaincus qu’Il peut prendre possession de nos cœurs, les remplir jusqu’à les faire déborder, et les rendre capables de jouir de Lui dans ce lieu de gloire où Il est, Lui, leur éternelle joie et leur repos ? Que le Seigneur nous garde de nous soustraire à Sa main, en sorte que nous soyons constamment devant Lui avec Sa précieuse Parole, sondant par elle les mobiles secrets de nos âmes, afin de jouir ainsi du repos parfait qui en découle. Que notre conscience ne cherche pas à échapper au tranchant de la Parole. Ne craignez pas de soumettre chaque pensée de votre cœur, chaque mouvement de votre âme à cette puissance pénétrante ! Ne craignez pas de vous laisser transpercer par cette Parole ! Craignez plutôt ce qui tend à la tenir loin de vous, ce qui pourrait vous soustraire à son action scrutatrice ; ne redoutez jamais la Parole de Dieu. Non, ne craignez jamais l’amour qui s’occupe à faire ce qu’il y a de meilleur pour vous. C’est l’amour de Jésus. Les pensées de Son cœur sont de vous bénir. Nous sommes les objets de Son amour ; Il désire nous rendre tels que Sa joie puisse demeurer en nous, et que notre joie soit parfaite. Vous ferez l’expérience qu’ainsi vous aurez du repos : car, tout ce qui serait un empêchement ou une entrave, aura été mis de côté. Il y aura du repos. Je prends le fait simplement, tel qu’il nous est rapporté : Jean était penché sur le sein de Jésus. Avez-vous jamais appuyé votre tête sur le sein de Jésus ? Avez-vous la conscience qu’Il a pris vos pieds et les a lavés, afin que vous puissiez vous reposer sur Son sein ? Il faut nécessairement que l’un précède l’autre. Quelle place bienheureuse pour une âme fatiguée ! Bien plus, la sympathie de Christ est assez grande pour qu’il y ait place, auprès de Lui, pour chacun de Ses saints.

Ces choses sont des figures, sans doute ; mais, en me reportant au simple récit de l’Écriture, voici ce que j’entends par placer notre tête sur le sein de Jésus : c’est être si près de Lui, si intime avec Lui, qu’Il devienne le parfait repos de mon cœur. Ce n’est pas ce que je reçois de Lui, mais c’est Lui-même qui est mon repos. Si quelque chose s’est placé entre vous et Christ, vous ne pouvez avoir de repos tant que cette chose subsistera ; dans cet état, votre cœur redoute la présence du Seigneur, puisqu’elle donnerait nécessairement lieu à une explication. C’est pourquoi, chers amis, nous voyons que très peu de personnes, hélas ! supportent d’être seules avec Jésus et avec Dieu. Il faut, pour ne pas craindre d’être seul avec Dieu, que tout soit bien en règle entre nous et Lui. Lorsque Jacob fut laissé seul, un homme lutta avec lui jusqu’au point du jour ; lorsque Joseph, ayant fait sortir tout le monde, demeura seul avec ses frères, il se fit connaître à eux, personne n’étant présent. Je ne doute pas que ce ne soit ce qui fait que tant de gens cherchent des distractions dans les mille choses dont ils s’entourent : ils veulent éviter une heure de solitude avec Christ ou avec Dieu. Quand il n’y a rien entre nous et Christ, nous pouvons être seuls, et nous pouvons trouver notre repos dans la compagnie de Christ ; Sa présence alors est le repos de notre cœur. Combien en est-il d’entre vous, chers amis, qui puissent dire : Je sais ce que c’est que de poser ma tête sur le sein de Jésus ?

On reconnaît une âme sincère à deux choses que vous trouvez en Luc 7. La première : « Il faut que je le trouve et que je sois près de Lui » ; l’autre : « Il faut qu’il soit mon tout ». Si je parle ici d’être près de Christ, j’entends être près de Lui là où Il est. Ce n’est pas Le faire descendre ici-bas, comme s’Il était de ce monde qui nous entoure ; ce n’est pas amener Christ sur la terre dans nos circonstances, pour que nous puissions vivre plus confortablement dans le monde. Cela, hélas ! nous le voyons partout autour de nous : des saints et des pécheurs faisant servir le soulagement qu’ils ont trouvé pour leur conscience, pour marcher à leur aise dans le monde. Oh ! ce qu’il faut, ce n’est pas de faire entrer Christ dans nos circonstances terrestres pour que nous nous y trouvions heureux ; mais ce dont j’ai besoin, c’est d’un Christ qui me lave les pieds, qui me nettoie de tout ce qui serait impropre à la présence de Dieu, afin qu’il n’y ait aucun empêchement à ce que j’entre dans les circonstances de Christ. Si votre cœur a jamais goûté la bénédiction de la communion avec Christ là où Il est, dans Ses circonstances, vous pouvez jeter un regard en arrière et dire : « Je suis indépendant des choses de la terre ». La possession de ce qui est là-haut détourne votre cœur de ce qui vous entoure et n’est que la contrefaçon de ces biens. Les hommes se trouvent engagés dans les choses de la terre, parce qu’ils ne possèdent pas le vrai bien. S’ils le possédaient, ils auraient aussi la mesure de tout ce qui lui est contraire et ne désireraient pas ces choses. Personne ne peut connaître ce qui, selon Dieu, est faux, à moins qu’il ne sache ce qui est vrai. Il vous faut un modèle d’après lequel vous puissiez juger, car on ne connaît jamais rien véritablement d’une manière abstraite. Si vous ne connaissez pas la vérité, vous ne pouvez savoir ce qui ne l’est pas, et vous ne serez jamais affermi contre l’erreur ; tandis que, ayant ce qui est excellent, vous savez ce qui est mauvais et n’en avez que faire.

Lorsque je suis en communion d’intérêts avec Christ, je me tiens dans Sa compagnie ; Sa présence est le repos de mon âme ; mon cœur connaît le repos qui se trouve là, selon le psaume 23 : et ce psaume ne décrit pas quelque lieu sur la terre, car, dans ce monde, on ne trouve pas « de verts pâturages ». Où seraient-ils ? C’est au ciel qu’on les trouve ; et quant aux « eaux paisibles », elles ne coulent pas ici-bas. Non, il n’y a point de repos au milieu de l’agitation et des orages des choses d’ici-bas. Il n’y a ni verdure, ni tranquillité ; rien qu’agitation et que vanité. Mais, du moment que mon cœur connaît la compagnie de Jésus et que rien ne m’empêche d’en jouir, je puis tourner le dos aux choses de la terre, aux meilleures, à tous les biens de ce pauvre monde, et je vois à découvert tous les déguisements et toutes les intrigues de Satan. Comment cela ? Parce que je possède le souverain bien qui affermit mon cœur contre tout ce qui est incompatible avec lui ; et aucune autre chose que lui ne peut me satisfaire.

De plus, quand vous êtes près de Christ, votre tête appuyée sur Son sein, quand vous jouissez de ce repos, vous êtes bien placés pour recevoir Ses communications. Savez-vous ce que c’est que de recevoir les communications de ce précieux Sauveur, d’être assez affranchi et délivré de soi-même et de ce qui nous entoure, du monde et de son agitation, et d’être dans la présence de Jésus, de manière à ce qu’Il puisse vous communiquer Ses pensées ? Arrêtons-nous un moment sur ce sujet en regard des versets 21-25 : « Jésus, ayant dit ces choses, fut troublé dans son esprit, et rendit témoignage et dit : En vérité, en vérité, je vous dis, que l’un d’entre vous me livrera. Les disciples se regardaient donc les uns les autres, étant en perplexité, ne sachant de qui il parlait. Or l’un d’entre ses disciples, que Jésus aimait, était à table dans le sein de Jésus. Simon Pierre donc lui fait signe de demander lequel était celui dont il parlait. Et lui, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, lequel est-ce ? ». Il y avait là confiance, et repos pour recevoir la réponse de la confiance. Que peut-il y avoir de plus simple et de plus heureux ? C’est à celui qui est le plus près de Jésus, que les autres reconnaissent le droit d’intimité comme ami. Pierre, à distance, se sert de la proximité dans laquelle est Jean, non seulement pour calmer les doutes de son propre esprit et ceux des autres disciples, mais encore pour obtenir les secrets du cœur de Christ. Pierre savait que celui qui était dans le sein de Jésus apprendrait les secrets de Son cœur, en recevrait la communication. Chers amis, cela est très important : le Seigneur ne vous fera pas Ses communications à distance. Si vous êtes loin de Christ, vous ne pouvez connaître ni Ses secrets, ni Ses désirs. Je ne dis pas qu’Il ne vous aime pas ; mais ce qui occupe Son cœur par rapport à vous, si vous êtes à distance, c’est de vous amener pratiquement près de Lui, afin qu’Il ait la joie de communiquer avec vous ; Il aime à le faire. Les autres disciples n’étaient pas assez proches pour apprendre les secrets de Christ. Jean était près ; il avait de plus assez de confiance pour demander : « Seigneur, lequel est-ce ? ». Et il était assez en repos pour pouvoir entendre Jésus donner la réponse. Il y avait proximité, confiance et repos. Connaissez-vous ces choses ? Je sais, par mon propre cœur, que nous faisons souvent des communications au Seigneur ; mais il est rare que nous soyons assez en paix, assez près de Lui et tranquilles, pour qu’Il puisse nous faire des communications. Hélas ! que cela est rare, et combien peu nous paraissons savoir qu’Il aime nous avoir près de Lui, afin que Son cœur ait la joie de pouvoir nous montrer tout ce qu’il renferme d’amour pour nous, sans en rien réserver. Que le Seigneur nous donne cette paix de l’âme devant Lui et ce repos du cœur, cette oreille ouverte, pour recevoir les communications que Son cœur prend plaisir à faire à ceux qui sont près de Lui.

Comme nous avons trouvé un exemple de ce qui précède, au chapitre 13, voyons maintenant ce qui est dit au chapitre 21 de ce même évangile : « Le disciple donc que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur ». Un autre effet de la proximité du Seigneur, c’est que l’on est capable de comprendre Ses actes, parce que l’on connaît la personne qui agit ; la connaissance de Celui qui est l’auteur de l’acte, lie l’acte à Sa personne même.

Je ferai encore remarquer à ce propos, que ce n’est pas dans le but d’obtenir des communications de la part de Christ, ou pour dire « ceci est Christ », ou « cela est Christ », que nous devons rechercher la présence du Seigneur, mais pour Lui-même, sans autre motif ; il faut poser notre tête sur le sein de Celui qui prend plaisir à l’y voir, sans autre motif que celui de l’amour pour Sa personne.

Je parle faiblement, bien plus faiblement même que je ne le sens ; mais que le Seigneur veuille ôter de nos cœurs jusqu’à la plus légère entrave à notre libre communion avec Lui ; qu’Il nous soumette à Lui, afin qu’Il puisse prendre entre Ses mains bénies nos pieds souillés, et les laver par Sa Parole de tout ce qui nous rendrait moralement impropres pour Sa présence là où Il est, impropres à avoir communion avec Lui dans le lieu glorieux où Il est entré. Qu’il n’y ait rien entre Lui et nous et que, près de Lui, nous reposions notre tête là où Il aime à la voir. Souvenez-vous qu’il n’y a pas d’enfant préféré dans la famille de Dieu : point de privilégiés qui aient une place au-dessus ou au-dessous des autres ; le lieu est ouvert à tous, il y a place pour tous. Le sein de Jésus, le cœur et les affections de Christ sont pour tous les siens, tous sont invités à appuyer leur tête là où Jean reposait la sienne. Que le Seigneur nous accorde, dans ces jours de fiévreuse agitation et d’activité, où l’esprit de l’homme est occupé de la quantité plus que de la qualité, qu’il nous accorde de penser à ce qui répond au cœur de Christ, à Ses affections ; qu’il nous rende capables de nous élever à la hauteur de notre appel, de goûter la douceur de pouvoir travailler dans notre petite mesure, et d’être gardés dans un sentier peut-être solitaire, et ignoré, avec cette simple pensée : Ma joie est de servir les affections, les compassions, les désirs du cœur de Celui qui s’est donné Lui-même pour moi !

Deuxième méditation : Deutéronome 8 ; 11

L’habitation céleste et le pèlerinage terrestre, tels sont les deux sujets importants dont je désire vous entretenir aujourd’hui avec l’aide du Seigneur.

L’un des traits caractéristiques du chrétien, c’est qu’il fait pendant le cours de sa vie sur la terre, à la fois les expériences du désert et les expériences de Canaan, tandis que le Juif, l’Israélite, faisait ces expériences séparément, à des époques différentes de son histoire. Il est donc bien important pour nous, que chacune de ces choses soit mise à sa vraie place, parce que notre tendance est toujours de restreindre les pensées de Dieu et de prendre le moins possible de ce que Dieu nous donne. Il en est ainsi de chaque vérité, quelle qu’elle soit, et de là vient, permettez-moi de le dire, que chacun a sa vérité favorite, sa doctrine de prédilection ; tandis que, si nous marchions vraiment avec Dieu, nous n’aurions rien moins que tout ce qu’il a plu à Dieu de donner. Nous trouverions que chaque vérité a sa place, que chacune d’elles est appropriée à nos circonstances ; et, remarquez-le bien, nous retiendrions alors aussi ces vérités dans l’ordre d’importance qu’elles occupent dans les pensées de Dieu. Il est extrêmement précieux de posséder la vérité de Dieu comme un tout, et de l’apprécier ainsi, tout en lui donnant en même temps dans nos cœurs la place relative qui lui appartient.

Je parlerai d’abord du pèlerinage terrestre, du côté inférieur ou plutôt généralement mieux saisi et compris de notre sujet. Si vous lisez au chapitre 8 du Deutéronome, vous trouverez que les versets 2 à 6 de ce chapitre présentent ce que j’ai appelé le pèlerinage terrestre : le passage à travers le monde qui est devenu pour moi le désert. Du moment que j’ai été acquis pour Dieu et pour Sa vérité, je me trouve dans le désert et je dois le traverser comme un pèlerin. C’est là notre propre histoire et notre propre chemin à travers les tristes scènes de la vie d’ici-bas.

Remarquez deux choses dans ce chapitre : du verset 2 au verset 5, Dieu nous apprend ces deux grands faits, d’abord que l’histoire du désert était nécessaire pour nous ; ensuite (je le dis avec toute révérence), qu’elle était nécessaire pour Dieu, c’est-à-dire qu’elle Lui fournissait l’occasion de manifester ce qu’il y avait dans Son cœur pour nous, au milieu des circonstances mêmes dans lesquelles nous nous trouvons dans ce monde.

Considérons d’abord ce qui nous concerne : Nous apprenons deux choses importantes dans notre voyage à travers le désert, deux choses qui n’appartinrent jamais à l’homme naturel ; savoir la dépendance et la soumission. Au contraire, ce qui est propre à l’homme naturel, c’est l’indépendance et l’insoumission : ce sont là les deux grands traits qui caractérisent l’homme déchu comme tel, deux traits dont l’origine remonte jusqu’au jardin d’Éden. Mais, une fois que Dieu nous a amenés à Lui et nous a faits participants de Sa nature, les traits, les caractères, les qualités saillantes de cette nouvelle nature que nous possédons comme un don de Sa grâce, sont la dépendance et la soumission ; et les circonstances par lesquelles nous passons dans ce monde, les difficultés, les épreuves et les tentations de la route, sont autant d’occasions où ces qualités sont mises à l’épreuve et peuvent se montrer et s’exercer. La traversée du désert, ses joies et ses peines, toutes les choses qui nous arrivent pendant que nous le parcourons, tournent ainsi pour nous en bénédiction. Si le cœur est réellement exercé devant Dieu et si nous marchons dans la puissance de la vie nouvelle, dans l’énergie du Saint Esprit, chaque circonstance, chaque portion de notre vie, les épreuves, les angoisses, les difficultés, les chagrins que nous rencontrons, nous fournissent l’occasion de pratiquer la dépendance et l’obéissance. Ces deux grands traits, remarquez-le, sont merveilleusement mis en évidence dans l’histoire de Celui qui condescendit à devenir homme, qui fut l’homme parfait — le Seigneur Jésus Christ. Si vous vous rappelez la tentation dans le désert (Luc 4), vous savez que la première chose que le Seigneur oppose à Satan dans cette tentation, c’est la fermeté de l’homme dépendant. « Il est écrit que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu ». Notez que le Seigneur cite ce même passage du Deutéronome qui nous occupe. Il le fait à dessein, car cette partie de l’Écriture rappelle l’histoire des Israélites dans le désert, le but de Dieu étant de leur apprendre dans ce pèlerinage la dépendance et la soumission ; et Dieu nous en présente le modèle dans Son propre Fils, l’homme parfait. Ce fait jette une grande lumière sur un autre passage qui offre quelque difficulté ; le voici : « Afin que fût accompli ce que le Seigneur avait dit par le prophète, disant : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte » (Matt. 2, 15). Que signifie cela ? Que le Christ recommence, dans Sa propre personne, l’histoire morale d’Israël. Israël, le peuple de Dieu, a failli, comme tel, dans chaque épreuve, dans chaque circonstance où il a été placé : il a failli partout, au désert, dans le pays, et plus tard dans les diverses positions successives dans lesquelles il se trouvait placé. Eh bien, Jésus, dans Sa propre personne, recommence cette histoire, et dans chaque position où ce peuple a manqué, Lui est trouvé parfait. Il a été parfait dans le désert, parfait en dépendance, parfait en obéissance, et, je n’ai pas besoin de le dire, parfait en tout point. Il est infiniment précieux pour nous de voir que Dieu présente dans un homme, Celui qui était à la fois et homme et Dieu, l’homme parfait. Dieu montre, dans la personne de Christ, les traits caractéristiques qui sont le propre d’un homme devant Dieu. Il les montre en Jésus. N’oubliez jamais cela. Christ a montré dans ce monde ce que Dieu était envers l’homme, mais Il a été en même temps l’homme parfait devant Dieu.

La dépendance est le premier trait de l’homme parfait. C’est pourquoi il y a du profit à être à l’étroit, à être dans les difficultés. Il y a de la bénédiction dans l’épreuve ; si vous êtes dépendants, la tribulation devient l’occasion d’exercices bénis. Là est la raison pour laquelle bien des enfants de Dieu ne savent pas ce que c’est que cette dépendance : ils n’ont jamais encore été mis à l’étroit. Je plains celui qui ne l’a jamais été. Je sais, chers amis, que vous passerez certainement par ce chemin, parce que Dieu est trop fidèle envers nous, selon les pensées de Son cœur, pour ne pas nous fournir une occasion de connaître la bénédiction de n’avoir pas autre chose que le Dieu vivant : car ce qui est profitable, c’est d’être amené dans une situation où je n’ai devant moi aucune autre ressource que le Dieu vivant, Lui seul. Dieu se fait alors connaître à mon âme comme je ne L’avais jamais connu auparavant ; je sais maintenant ce que c’est que d’être exercé dans la dépendance. Vous avez vu peut-être un frêne croissant sur le versant d’un coteau ; plus le vent et la tempête soufflent sur cette frêle plante, plus ses racines s’enfoncent dans la terre, si toutefois elles sont franches et saines. La tempête est une bénédiction, car elle enracine plus profondément la plante dans le sol. Remarquez que je parle ici d’un cœur véritablement exercé devant Dieu, d’un homme qui marche avec Dieu, car l’effet des difficultés sur celui qui ne marche pas avec Dieu est de placer la difficulté entre l’âme et Dieu, et il en résulte nécessairement un affaissement spirituel. Aux chapitres 13 et 14 des Nombres, lorsque les enfants d’Israël étaient sur le point d’entrer dans le pays, les difficultés se trouvèrent placées entre eux et Dieu ; et quel en fut le résultat ? Ils perdirent le sentiment de l’obéissance. Ils dirent : « Établissons un chef, et retournons en Égypte ». Ils murmurèrent, ils pleurèrent, et furent désobéissants. Mais lorsque le cœur est réellement exercé, et que l’on marche avec l’œil fixé sur Dieu, la difficulté a pour résultat de faire connaître Dieu d’une manière particulière, et il y a un secret entre l’âme et Dieu, une secrète entente qu’aucun autre ne connaît. Connaissez-vous ce secret-là ? Je crois que l’apôtre y fait allusion quand il dit (Phil. 4) : « Mon Dieu suppléera à tous vos besoins ». Il ne dit pas : « Votre Dieu ». Pourquoi ? Sans aucun doute, Dieu était aussi bien le Dieu des Philippiens que celui de Paul, mais l’apôtre parlait de Lui comme il Le connaissait pour lui-même. Il est vrai que Jésus dit : « Mon Dieu et votre Dieu » ; mais, si je parle de Dieu comme je Le connais pour moi-même, je puis dire : Il y a des secrets entre Dieu et moi ; « mon Dieu suppléera à tous vos besoins ». C’est là un des précieux bienfaits du désert. Nous rencontrons des difficultés qui nous exercent dans la dépendance du Dieu vivant.

Considérons maintenant la seconde leçon que le désert enseigne et qui est la soumission ou l’obéissance. Nous lisons en Matthieu 11, 25 : « En ce temps-là, Jésus répondit et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants » ; et puis nous trouvons la parole la plus merveilleuse qui nous soit rapportée dans toute l’Écriture : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » ! Quelles paroles extraordinaires sorties de Ses lèvres, des lèvres du Fils éternel du Père ! Relisez ce chapitre. Tout, dans les circonstances extérieures de Christ, était propre à désoler Son cœur. Jean doutait de Lui ; les villes qui avaient vu Ses œuvres de puissance ne se repentaient pas ; Israël était semblable aux enfants auxquels on avait joué de la flûte et qui n’avaient pas dansé, auxquels on avait chanté des airs lugubres et ils ne s’étaient pas lamentés ; Capernaüm, élevée jusqu’au ciel, allait être abaissée jusque dans le hadès. « Dans cette même heure », lorsqu’il n’y avait pas une étoile solitaire pour dissiper les ténèbres dont il était entouré, en quoi le cœur du Sauveur trouvait-il de la consolation ? N’était-ce pas dans une soumission parfaite à la volonté de Son Père ? « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi ». Il se retire, se réfugie dans la soumission parfaite de l’homme parfait, et y trouve Sa satisfaction.

Et Dieu nous présente tout cela dans un homme : la parfaite dépendance, la parfaite obéissance ! Quelle grâce ineffable que ces deux choses nous soient présentées ainsi, dans un homme ! Non seulement elles nous sont révélées comme il convenait pour Dieu, mais elles sont manifestées dans la personne, dans les voies, dans la marche et dans les circonstances de ce Sauveur précieux — Dieu manifesté en chair. Il descendit dans ce monde, ne l’oublions jamais, non seulement pour révéler à nos pauvres cœurs ce qui était dans le cœur de Dieu pour nous, mais pour manifester devant Dieu et devant les hommes, sous ces deux traits caractéristiques, la dépendance et l’obéissance, ce que c’est qu’un homme parfait devant Dieu.

Remarquez ici ce que nous lisons, Deutéronome 8 : « Et tu te souviendras de tout le chemin par lequel l’Éternel, ton Dieu, t’a fait marcher ces quarante ans ». Il en a coûté à Israël un pèlerinage de quarante années. Quarante ans ils ont voyagé dans le désert, sans être dépendants et obéissants. Avez-vous appris ce que cela doit nous dire ? Plusieurs d’entre vous ne sont-ils pas depuis trente, quarante, soixante, peut-être quatre-vingts ans en chemin, et la leçon n’est pas encore apprise ? Vous pouvez voir, au contraire, que Christ a commencé Son histoire comme homme parfait dans la dépendance et l’obéissance. En ceci gît la différence entre Lui et nous. Nous avons besoin de quarante, cinquante, quatre-vingts années, suivant le cas, et nous ne sommes pas rendus parfaits. Pour Christ, c’est le point de départ. Il devient homme par un acte d’obéissance ; Il commence ainsi, l’homme parfait, Dieu sur toutes choses béni éternellement. Il a condescendu à devenir vrai homme aussi bien qu’Il était véritablement Dieu, parfait dans toutes les choses dans lesquelles nous ne faisons que faillir. Il y a une grande bénédiction à l’avoir toujours ainsi devant nous. Je sens le bonheur qu’il y a pour le cœur à se détourner de toute autre chose pour ne plus regarder qu’à Lui.

La distance de Lui à nous est immense, sans doute ; mais c’est un précieux soulagement de voir que Dieu a trouvé et manifesté en perfection dans un homme, dans Son propre Fils éternel, tout ce que Son cœur désirait, et tout ce que nous avons manqué de présenter à Dieu. Cet être béni, objet des délices éternelles de Son Dieu et Père, dans toute la perfection de Sa voie, dans la dépendance et l’obéissance parfaites, dans lesquelles Il faisait toujours ce qui plaisait à Son Père, est placé devant nous comme le modèle, le simple modèle de ce que, par Sa grâce et par Son Esprit, Dieu voudrait que nous soyons pratiquement. Je parle du fait, non de la puissance par laquelle la chose est accomplie. Que le Seigneur nous donne d’employer le désert à cet effet ; le désert n’est pas seulement le lieu où la grâce et la puissance d’un Dieu Sauveur font face et pourvoient à tous nos besoins, à travers toutes nos difficultés et nos épreuves, mais il est l’école où Dieu, selon les richesses infinies de Sa grâce, nous forme pratiquement, continuant au-dedans de nous Son œuvre et se servant des circonstances adverses, des épines, des ronces, des peines, des difficultés du chemin, afin d’accomplir pour l’amour de Son nom, Ses desseins de grâce en nous.

Avant d’aborder la seconde partie de mon sujet qui me paraît plus précieuse encore que la première, je rappellerai que j’ai présenté le désert comme une chose nécessaire pour Dieu dans Ses voies envers nous. Cela peut paraître étrange, mais c’est un fait, que les affections de Dieu ont besoin du chemin dans le désert, pour manifester leur réalité. Le désert est, en effet, le seul lieu qui donne à Dieu l’occasion d’exercer Son amour immuable et les affections de Son cœur. Dans le ciel, nous n’aurons ni soucis, ni afflictions, ni larmes, ni détresses, ni peines, ni épreuves : toutes ces choses appartiennent à la scène d’ici-bas, et il les faut à Dieu pour s’y manifester Lui-même. Pensée merveilleuse ! la puissance divine au service de la faiblesse humaine ; la misère humaine, objet de la compassion et de la tendresse divines ! En vérité, il fallait un monde tel que celui-ci, pour que Dieu y montrât toute la tendresse qui remplit Son cœur envers Ses pauvres saints éprouvés. Il s’approche d’eux ; Il prend soin d’eux ; Il les console et « les apaise, comme une mère apaise son enfant ». Ne pensez-vous pas que si l’âme de Paul a été fortifiée, Dieu, de Son côté, et Christ, avaient une joie particulière à venir vers l’apôtre Paul pour lui dire : « Aie bon courage, Paul » ? Si cette circonstance avait manqué dans l’histoire de l’apôtre, j’affirme hardiment que Dieu en aurait créé une autre, non pas seulement à cause de Paul, mais aussi pour montrer de quelle manière Christ aimait à s’approcher de Son serviteur ; Il aurait suscité l’occasion de soutenir le cœur de Son fidèle disciple dans sa persévérance à tenir ferme pour Lui et à souffrir pour Son nom. Les circonstances que nous traversons sont l’occasion pour Dieu de se manifester à nous ; ces choses ne sont pas la source des actions de Dieu. Il n’existe pas un motif dans le cœur de Dieu qui n’ait sa source en Lui-même. Ce n’est pas en nous qu’Il trouve Ses motifs d’action, mais nos misères Lui fournissent l’occasion de montrer Sa miséricorde ; en elles Il trouve le temps opportun pour manifester la tendresse de Son cœur : dans nos afflictions, Il déploie Ses consolations ; dans nos difficultés, Sa sagesse insondable qui peut nous les faire traverser ; mais les motifs sont tous dans Son cœur. Quelle bénédiction ! Toutes les sources sont en Dieu Lui-même ; mais les circonstances où nous sommes placés, deviennent pour Lui l’occasion de révéler ce qui est déjà dans Son cœur. Quelle grâce infinie que celle qui peut s’abaisser si profondément ! Vos cœurs en ont-ils le sentiment dans ce moment ? Se trouve-t-il ici quelqu’un qui soit dans la tristesse, dans l’épreuve ou dans la tentation ? Dieu veille sur nous ; Ses précieuses ressources sont là pour nos circonstances. Puissions-nous en avoir le sentiment, bien assurés que Son cœur prend plaisir à venir à nous pour nous servir, non pas selon nos pensées, mais selon Son infinie sagesse et Sa profonde affection, car c’est Son propre cœur qui guide Sa main.

Je sais que je ne comprends pas toujours Ses voies comme je le devrais, et le pourrais, mais je vois de tous côtés que rien ne rend pratiquement plus incrédule que de vouloir juger Dieu par Ses voies. Des multitudes, de nos jours, sont entraînées et atteintes par l’incrédulité ; c’est un mal grandissant. J’en connais plusieurs qui sont tombés, parce qu’ils ont regardé à leurs circonstances, aux voies par lesquelles ils étaient conduits : ils connaissaient Dieu suffisamment pour ne pas Le séparer de leurs circonstances, ils ne croyaient pas l’affreuse doctrine que tout arrive par hasard, mais ils jugeaient de Dieu par Ses voies envers eux ; et ainsi ils ont perdu l’équilibre spirituel ; ils ont fait naufrage quant à la foi. Non, ce n’est pas ainsi que Dieu donne à connaître le secret de Ses voies ; mais je veux vous dire ce qu’Il a fait connaître. Il n’y a pas une seule des chambres secrètes de Son cœur qu’Il n’ait ouverte et manifestée ; le Fils bien-aimé a manifesté toutes les affections du Père. Je le connais, Lui ; je connais Son cœur ; et combien il est précieux pour nous de pouvoir y revenir toujours !

Quant à Ses voies, elles peuvent être entourées de nuages et d’obscurité ; je peux n’en pas discerner la fin dès le commencement, et Dieu peut-être me cache cette fin à dessein ; mais lorsque j’ai pour point de départ l’amour qui remplit Son cœur, Sa bonté infinie, alors je sais, je crois, et je dis sans crainte : « Dieu, le Très-haut, le Tout-puissant, m’aime à toujours » ; alors je mesure Ses voies d’après Son cœur, et non Son cœur d’après Ses voies. Il me souvient d’avoir entendu quelqu’un repousser énergiquement l’évangile de la grâce de Dieu et le seul chemin par lequel un pécheur puisse être amené à Lui. « Je ne comprends pas, disait-il, votre éternelle prédication : le sang, le sang, toujours le sang ! Quel Dieu est donc votre Dieu ? Je ne vous entends parler que de sang et de mort ! ». Quelle eût été votre réponse à cet homme ? Elle lui fut présentée sous forme d’une question nouvelle : Quelle était, lui dit-on, la relation entre le Dieu dont vous parlez en ces termes, et la victime que vous méprisez ainsi et que Lui avait préparée ? Grâce merveilleuse ! La victime était le Fils de Sa dilection ! C’est la connaissance de l’amour divin qui résout toutes les questions. D’un côté elle répond aux moqueries de l’incrédule ; de l’autre elle affermit le faible cœur, disposé à se laisser ébranler. Dieu a donné Son Fils unique, Son propre Fils, le Fils de Son amour, le Fils qui était de toute éternité dans le sein du Père, Celui que, même ici-bas, sur la terre, nous trouvons être « le Fils unique, qui est dans le sein du Père » (Jean 1, 18). Dieu L’a donné, dans la grandeur infinie, insondable, merveilleuse de Son amour, pour nous prouver à tous qu’Il a un cœur ! Il a ainsi constaté Son amour. Il a donné l’objet le plus cher de Ses propres affections, pour nous prouver que le diable nous avait dit un mensonge, en niant que Dieu prenait intérêt à Ses créatures. Mes chers amis, quel point de départ pour nous ! Nous mesurons alors les voies de Dieu par Ses affections, par ce qu’Il est ; nous savons que Son amour est parfait. Cette pensée me console dans les jours d’affliction, dans les heures de difficultés, dans les moments de détresse. L’âme se retire auprès du seul cœur qui ne change pas, où elle trouve l’affection éternelle, inaltérable du Dieu auquel il faut ces épreuves pour manifester qu’Il est réellement tout ce qu’Il prend plaisir à être pour nous.

J’ai fait remarquer déjà que ce n’est pas tout que Dieu vienne nous rencontrer dans les circonstances où nous sommes : j’ajoute ici qu’il n’est rien de plus précieux que ce petit mot du chapitre 12 de Luc : « Votre Père sait ». Jésus ne dit pas : Votre Père viendra vous aider ou fournir à vos besoins ; la chose est vraie ; mais Il reporte leurs cœurs sur la connaissance qu’Il a : « Il sait ». Cela vous suffit-il ? Vous suffit-il, en toute circonstance, que votre Père sache, que votre Père ait un œil qui ne s’endorme jamais, une oreille qui soit toujours ouverte, un amour qui ne change jamais ? « Il sait » ! Merveilleuse bénédiction ! Cette réalité suffit-elle pour vous garder ? Vous reposez-vous sur ce : « Il sait » ? Que le Seigneur nous fasse trouver les consolations et tous les fruits précieux de la vie du désert ; car il faut d’une part que nous y soyons exercés à la dépendance et à l’obéissance ; et, d’autre part, Dieu y trouve l’occasion de déployer les affections de Son cœur, de montrer qu’Il a sympathisé avec nous dans notre faiblesse et nos difficultés, et qu’Il veut s’approcher de nous. Qui peut s’approcher en de pareils moments si ce n’est Dieu ? La sympathie de l’homme n’est, dans le cas le plus favorable, que l’expression de sa propre faiblesse ; je l’ai souvent éprouvé ; mais quand Dieu s’approche, quelle bénédiction ! « Le Seigneur s’est tenu près de moi », dit l’apôtre. « Un ange du Dieu à qui je suis et que je sers, est venu à moi cette nuit ». Que le Seigneur nous donne, par Son Esprit, de goûter la douceur de ces choses en traversant le désert aride de ce monde.

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Mais considérons maintenant l’autre côté de mon sujet, ce domicile céleste dont je disais précédemment qu’il n’est pas assez compris. Je crois, en effet, qu’il est bien moins connu comme chose présente, actuelle, reçue et goûtée par l’âme, que le pèlerinage terrestre dont je viens de parler. Nous avons besoin de les connaître tous deux ; que le Seigneur nous y conduise.

Les exercices du désert seront sans fruit pour votre cœur si vous ne connaissez pas ce que je vais mettre devant vos yeux. Lisons le chapitre 11 du Deutéronome. Nous y trouvons la description divine du pays, c’est-à-dire le lieu d’habitation et son caractère. Remarquez les versets 10 à 12 de ce chapitre, qui mettent en contraste l’Égypte et le pays de Canaan. Le monde est pour nous à la fois l’Égypte et le désert — l’Égypte, moralement, et le désert, au point de vue des expériences. « Car le pays où tu entres pour le posséder n’est pas comme le pays d’Égypte d’où vous êtes sortis, où tu semais ta semence et où tu arrosais avec ton pied comme un jardin à légumes. Mais le pays dans lequel vous allez entrer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées, il boit l’eau de la pluie des cieux — un pays dont l’Éternel, ton Dieu, a soin, sur lequel l’Éternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année ». Que signifie cela ? La première partie du passage nous dit, je pense, que tout dans le désert de ce monde, est accompagné de peines ; on n’y trouve pas un seul jour sans nuage. Voyez par exemple, les semailles ou la moisson, et quels soucis les accompagnent. L’agriculteur vous dira qu’il a, en toute saison, de l’inquiétude quant à ses récoltes ; c’est avec peine qu’il prépare le terrain, qu’il sème le grain ; il a une suite ininterrompue de craintes et d’appréhensions jusqu’à ce que vienne la moisson. Il en était doublement ainsi en Égypte, dont le Nil était la seule source de fertilité ; il fallait établir des canaux pour que le fleuve arrosât le sol, lorsqu’il déborderait de son lit. Cette irrigation se faisait avec le pied. Que de travail et de peine cela ne demandait-il pas ! Où est l’enfant de Dieu qui ne l’ait éprouvé lui-même, et qui n’ait pas fait l’expérience qu’aucune des choses d’ici-bas, même la meilleure, celle dont le cœur jouit le plus, n’est exempte de peines ? Toutes les relations de la vie ne sont-elles pas des sujets continuels de chagrin ? « Élargissez le cercle de vos relations », a dit quelqu’un, « vous ne faites qu’élargir la cible sur laquelle la mort va faire tomber ses traits ». L’objet le plus cher à votre cœur n’est pas exempt du sort commun réservé aux hommes dans un monde où la mort et l’affliction trouvent leur demeure naturelle. Tel est le premier caractère de l’Égypte en contraste avec Canaan. Le second, c’est que les meilleures choses d’ici-bas sont entachées de défauts, de faiblesse, de pauvreté ; tandis que, parlant du pays (chap. 8), Dieu dit : « Un pays où tu ne mangeras pas ton pain dans la pauvreté, où tu ne manqueras de rien ». Il en est ici comme aux noces de Cana : il y a fête, et le vin manque ! Partout dans ce monde il y a disette : tout y est besoin.

Chers amis, nos cœurs ont-ils éprouvé ces choses ? On admet bien, sans doute, que les peines et les difficultés s’attachent aux meilleures choses de la terre ; mais ce sentiment, en lui-même, ne délivre pas le cœur de ces choses. J’ai vu des hommes qui étaient semblables à des arbres frappés de la foudre, atteints jusqu’à la racine ; j’en ai vu, auxquels il ne reste pas même un semblant de verdure : ils n’ont rien ici-bas, et cependant ils ne jouissent de rien de ce qui se trouve ailleurs ; ils sont dévorés par le feu de l’épreuve, mais leur cœur n’est pas fortifié et affermi ailleurs, dans une scène autre que celle qu’ils traversent. Je pense que Dieu agit de ces deux manières envers nous : Il fait passer la mort sur nous, pour ce qui est de nos circonstances et de notre histoire ; Il rend trop dure pour nous cette terre où nos cœurs prendraient si volontiers racine ; Il la fait devenir le correctif d’elle-même. Mais si, d’une part, Il fait cela, de l’autre Il nous montre un objet propre à nous attirer puissamment. Alors, quand ces deux choses vont ensemble : un cœur sevré, parce qu’il a trouvé un objet en dehors de la scène qu’il traverse, et la mort attachée aux meilleures choses de ce monde, ces deux choses concourent ensemble merveilleusement pour produire un résultat béni. En effet, lorsque nous avons un objet en dehors de la scène qu’il traverse, et la mort attachée aux meilleures choses de ce monde, ces deux choses concourent ensemble merveilleusement pour produire un résultat béni. En effet, lorsque nous avons un objet en dehors de ce monde aride et désolé, et qu’en même temps nous sommes dans l’affliction, nos cœurs sont préservés de regarder ailleurs qu’au seul objet capable de les satisfaire. L’effet de la mort agissante en nous, c’est que la vie est manifestée par nous pour agir dans les autres ; c’est le sens de la parole de l’apôtre : « La mort opère en nous, mais la vie en vous ».

N’oublions jamais qu’un homme peut mourir, peut voir tout se flétrir autour de lui, pour deux causes bien différentes : parce que cela est bon pour lui, ou bien pour l’amour de Christ.

La certitude que nous possédons toutes choses en Christ, ne nous met pas à l’abri du souffle de la mort ici-bas ; mais si nos cœurs habitent dans notre demeure céleste, ayant un objet infiniment plus précieux que tout ce qui est dans ce monde, alors Dieu nous soumet à l’épreuve ici-bas pour l’amour de Lui, de Christ, de l’évangile, afin de montrer en nous, à d’autres, ce qu’Il a fait, ce qu’Il peut faire pour nous, et ce qu’Il est pour nous. Dans ce cas, nous mourrons pour mettre en lumière l’excellence des choses du ciel, au lieu de mourir pour que nous découvrions la vanité de tout ce qui est sur la terre. Quelle différence ! Les uns doivent mourir, afin d’apprendre à connaître l’excellence de ce pays où la mort n’entre jamais ; mais, d’autre part, ils peuvent commencer par la connaissance des biens du pays, et descendre ensuite sur la scène de ce monde, pour y être comme des échantillons que Dieu puisse montrer, et comme la toile sur laquelle Il puisse représenter les délices de ce lieu sur lequel Ses yeux reposent continuellement.

Remarquez encore, au chapitre 11, la différence qui y est faite entre le désert et le pays. « Le pays dans lequel vous allez entrer pour le posséder est un pays de montagnes et de vallées, il boit l’eau de la pluie des cieux ». Ses propres sources lui suffisent. Il n’est aucunement dépendant des choses d’ici-bas ; ses sources sont en lui. « Il boit l’eau de la pluie des cieux ». C’est « un pays dont l’Éternel, ton Dieu, a soin, sur lequel l’Éternel, ton Dieu, a continuellement les yeux, depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin de l’année ».

Quel est donc ce lieu sur lequel Dieu a constamment les yeux ? Où est-il ? N’est-ce pas le lieu où est Jésus ? Je n’en sais pas d’autre sur lequel l’œil de Dieu repose continuellement. Et c’est le lieu qu’Il nous donne, à vous et à moi, pour demeure ! Il veut que nos cœurs y habitent. Il en a soin, parce que Ses propres affections y trouvent leurs délices et leur satisfaction.

Méditons un instant sur ces choses, et considérons ce lieu bienheureux dans lequel le Dieu de toute grâce nous a donné entrée pour que nous y ayons notre repos. Entrons dans cette sphère, où Ses affections ont trouvé leurs délices parfaites et où Ses yeux reposent avec une éternelle satisfaction. « L’Éternel a continuellement les yeux sur lui ». Mes chers amis, quel privilège que de goûter maintenant même un peu, les biens d’en haut ! En jouissez-vous en quelque mesure ? J’accorde que, pour tous, cette mesure est petite et faible ; mais que le Seigneur, par Son Esprit, éveille en nous le désir de goûter maintenant le bonheur de demeurer là, d’y demeurer, parce que nous y avons trouvé non seulement un refuge au milieu de la tempête et de l’épreuve, mais aussi un chez-nous. Quel bonheur d’avoir un chez-soi ! Il y a une grande différence entre un abri et un chez-soi. Un abri est l’endroit où vous courez vous cacher devant la tempête, mais dont vous sortez dès que l’orage est passé ; le chez-soi, c’est le lieu dans lequel vos affections demeurent. Si Christ est pour vous un abri seulement, Il n’est pas nécessairement encore votre demeure. Présenter Christ seulement comme un abri, c’est un pauvre évangile qui n’implique pas l’habitation permanente du cœur avec Lui. Mais si Christ est une demeure, si j’ai trouvé le bonheur, les joies, le repos, la communion, les affections de la maison, je dis alors : « Demeurons ici ; c’est ici ma demeure ; c’est ici que je suis restauré, rassasié, consolé ; c’est ici le lieu du bonheur. Je puis avoir à traverser la scène changeante de ce monde, mais c’est ici ma demeure ». Un exemple expliquera ma pensée. Plusieurs d’entre vous ont visité les contrées où se trouvent des mines, et ont pu voir où et comment les mineurs gagnent leur pain quotidien. Ils descendent de bon matin dans la mine et travaillent tout le long du jour, mais leur habitation n’est pas là-bas : leur travail, leur exercice est bien là, mais non pas leur repos. Celui-ci, tout homme le possède dans ce qu’il appelle son chez-lui ; il en sort chaque jour pour travailler à la tâche qui lui est départie dans le travail de la vie, et le soir il y revient. Nous aussi, vous et moi, nous avons à traverser ce monde avec le bienheureux sentiment que nous avons un chez-nous. On objectera que nous sommes en route seulement pour nous y rendre ; sans doute, le moment où nous y serons corporellement est encore à venir, mais il nous est donné d’y avoir place maintenant par la foi : c’est la sphère où nos cœurs se reposent. C’est aussi ce qui imprime sur nous un caractère céleste. Traverser le monde, le cœur plein du bonheur du ciel, imprime sur nous un caractère particulier. Il est aussi facile de reconnaître celui qui a trouvé sa demeure et son repos dans le ciel, que de distinguer celui qui ne l’y a pas trouvé. Jamais l’activité ne vous procurera le repos du cœur. Tout ce que vous faites sera toujours le reflet de ce que vous êtes. Si votre cœur n’a pas trouvé son repos avec Christ dans le ciel, votre activité sera toujours inquiète, votre service, votre travail seront inquiets. Mais être dans la compagnie de Christ nous rend semblables à Lui. La compagnie, les associations dans lesquelles nous vivons, se manifestent dans toutes les choses auxquelles nous mettons la main.

Si vous n’avez pas, par Jésus, le repos du ciel, la paix du cœur, votre activité, quelque laborieuse qu’elle soit, sera toujours inquiète et agitée et portera le cachet de cette agitation. Dieu cherche des cœurs satisfaits qui soient tranquilles, en repos, ayant trouvé un fond sûr pour y jeter l’ancre — une ferme assurance en Celui sur lequel l’œil du Père repose avec d’ineffables délices. Que le Seigneur nous enseigne à jouir de cette place et à nous trouver maintenant dans la compagnie de Son Bien-aimé !

Mais on demande ce qui nous occupe là, s’il s’y trouve quelque chose qui remplisse, qui absorbe le cœur ? Lisez le chapitre 26 du Deutéronome. Tout dans ce chapitre, les premiers fruits, le lieu, le sacrificateur, nous représente Christ et se rattache à Lui, le grand antitype de toutes ces choses. C’est donc Christ qui m’occupe ; c’est Christ qui attire, qui absorbe, qui fixe mes affections, qui dispose de moi, de mes forces, de ma langue, de tout ce que je possède. Tout ce qui est en relation avec ce lieu est en relation avec Christ ; c’est sur Lui que mes yeux sont fixés avec adoration ; c’est de Lui que mon cœur est à toujours occupé. Quelle bénédiction !

Souvenez-vous toutefois, que vous ne pouvez être occupés ainsi de Lui, que lorsque vous êtes entrés dans le pays. Remarquez ces mots : « Quand tu seras entré dans le pays » (Deut. 26, 1). Alors seulement, dans le pays, vous pouvez être occupés de Celui qui vous y a introduits, de Celui qui bénit ; de Lui-même, et non de votre bénédiction. C’est Lui qui a acquis ce pays pour vous par Son propre sang et qui y est entré pour que vous le possédiez et y habitiez, votre cœur y ayant trouvé sa demeure ; et Celui qui l’a rendu tel pour vous est l’objet qui y rassasie vos cœurs.

Vous souvient-il de ce beau chapitre 3 de l’épître aux Colossiens ? Au chapitre 2, l’apôtre nous sort entièrement de notre premier état, du premier homme ; au chapitre 3, il nous associe au second Adam, ressuscité d’entre les morts. Il faut que vous soyez quelque part. Au chapitre 2, vous êtes morts avec Christ : Sa mort a clos toute votre histoire dans le premier Adam, et vous êtes associé avec Christ ressuscité. « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut ».

Mes chers amis, il est précieux de se demander pourquoi l’apôtre ne définit pas ce que sont ces « choses ». Il ne les énumère pas, parce que c’est la personne de Christ qui leur donne leur caractère ; c’est la personne dont elles sont l’entourage qui en fait des objets dignes d’acquisition. Si vous rencontrez quelqu’un qui aime Christ, et que vous lui disiez : « Christ est là », ce mot lui suffit. Le seul fait de Sa présence est une garantie parfaite et explique toutes choses au cœur qui Lui est dévoué. Il n’est pas besoin d’entrer dans des détails, si vous avez Christ pour objet, car Il fait que vous êtes chez vous, à l’aise, satisfait, là où Il est, au milieu de tout ce qui L’entoure. « Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison ; ils te loueront incessamment ». Ils sont remplis, occupés exclusivement d’une chose, de Sa louange.

Mes bien-aimés, que le Seigneur nous fasse apprécier dans nos âmes les vérités que je vous ai présentées ; qu’Il nous donne de les goûter dans leur ordre divin, pour être fortifiés et encouragés, afin de marcher en avant selon la dignité de notre appel, dans la paix, sereins, présentant la vie de Christ au milieu de ce pauvre monde plein d’agitation et de fiévreuse activité. Oui, que le Seigneur nous donne des cœurs capables de demeurer en paix au milieu du tumulte et de tous les orages d’ici-bas, des cœurs qui montrent à tous les yeux ce que c’est que d’avoir été amenés à Lui, et d’avoir trouvé là le lieu de notre habitation.

Avez-vous vu les grands vapeurs transatlantiques revenir au port, blancs d’écume jusqu’au sommet de leur cheminée, tant la mer a été violente et orageuse ; mais ils étaient si bien commandés, si habilement dirigés, que tous ceux qui les voient sont obligés de dire : Voici un vaisseau bien équipé et bien conduit, car il a résisté à tous les vents. Qu’il en soit ainsi de nous ! Conduits par Lui, nulle vague ne sera trop forte, nulle tempête trop violente ; et nous ne souhaiterons pas une épreuve, pas une affliction de moins, car nous pourrons dire : « Tu es avec moi ».

Troisième méditation : Jean 14

Ce chapitre de l’évangile de Jean nous est familier à tous ; nous l’avons, sans doute, lu et relu, mais la Parole de Dieu a toujours une nouvelle fraîcheur pour l’âme qui s’en approche. Mon intention n’est pas d’aborder ici l’exposition de tout le chapitre, mais je chercherai à en faire ressortir trois points, présentés par le Seigneur à ses disciples pour leur consolation.

Le premier, c’est la vérité précieuse que la terre n’offre plus désormais aucun lieu de repos aux disciples du Seigneur. Ce fait devrait être plus familier aux chrétiens, à ceux surtout qui, par la grâce et par la puissance du Saint Esprit, ont compris en quelque mesure les vérités que Dieu a mises en lumière dans ces derniers temps.

Nous comprenons et nous saisissons bien plus facilement cet autre côté de la vérité, que l’homme, considéré comme homme dans la chair, n’a pas de place devant Dieu, et que son histoire est close à la croix de Christ. S’il se trouvait cependant ici quelqu’un pour qui ces termes fussent nouveaux ou étranges, je vais chercher à lui expliquer ce qu’ils signifient. L’homme, envisagé dans sa condition naturelle devant Dieu, a été mis à l’épreuve de diverses manières par Dieu Lui-même, et le résultat de cette épreuve, c’est que l’homme, en tant qu’homme né d’Adam, a été mis entièrement de côté, qu’il n’a plus, comme tel, aucune place devant Dieu. Du moment qu’un homme devient chrétien, qu’il croit au Seigneur Jésus Christ, sa position n’est plus en aucune manière liée à celle du premier homme : Dieu ne le considère pas comme étant en relation avec le premier Adam, mais comme occupant une toute nouvelle position en Christ ressuscité d’entre les morts. Grâce à Dieu, chers amis, cette vérité est maintenant connue et enseignée, quelque faibles et peu visibles que puissent être ses effets sur nous. Plût à Dieu que nos consciences la connussent davantage ! Quel fait extraordinaire, en effet : devant Dieu, je n’ai point ma place en Adam, mais j’ai une position tout à fait nouvelle en Christ ! « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles ». Ne dites pas : « Je voudrais pouvoir saisir cette vérité » ; laissez-vous plutôt saisir par elle. Si elle avait réellement pris possession de votre âme, vous ne pourriez retourner à aucune des choses du premier Adam sans faire violence à votre conscience et à la vérité ; et dans la mesure selon laquelle vous marcheriez avec une bonne conscience devant Dieu, votre conscience serait gardée en activité et serait prompte à vous montrer où et comment vous vous êtes écarté du chemin.

On commet ici souvent une grande méprise. On s’agite beaucoup pour arriver à saisir des vérités, et l’on ne se trouve pas assez dans le calme de la présence de Dieu pour que la vérité puisse nous saisir et prendre possession de nous. Il faut que ce soit la vérité qui opère et non pas nous. Naturellement, nous n’aimons pas cela, et nous nous en trouvons humiliés, parce que nous préférons faire quelque chose. Nous aimons à faire de la vérité un objet de notre travail et de notre activité ; mais Dieu nous prend et nous place dans le repos de Sa présence, de manière à assurer à l’action de la vérité toute son efficace par l’Esprit sur nos consciences. Je vous en donnerai un exemple. Lorsque Moïse monta pour la seconde fois sur la montagne pour y recevoir les tables de la loi, travailla-t-il sur quelque chose qui était déjà là, pour obtenir le reflet de la gloire sur son visage ? Non ; Moïse se tint tranquille devant Jéhovah, et la gloire de Dieu laissa son empreinte et son reflet sur la face de Moïse ; puis, lorsqu’il descendit de la montagne, le seul homme dans toute l’assemblée du peuple qui ne s’aperçut pas de la gloire qui brillait sur sa face, ce fut Moïse lui-même. Tous les autres voyaient que Moïse avait été en présence de Dieu, car ils pouvaient constater les effets de cette présence. Je sens que, de nos jours tout particulièrement, nous avons un besoin extrême de cette tranquillité d’âme devant Dieu, de ce repos du cœur qui permet à la vérité de nous former et de nous façonner selon elle-même. Du moment que votre esprit s’occupe de la vérité, comme d’un objet de votre travail, vous introduisez l’un des plus grands obstacles à sa réception. Il y a une immense différence entre la vérité de Dieu, maniée par le Saint Esprit et produisant certains effets sur notre conscience, et le travail de notre esprit sur cette vérité. Votre intelligence peut être occupée de la vérité, et cependant, par le fait même de votre travail, le diable prendra avantage sur vous, et finira par s’emparer de vous, votre conscience n’ayant pas été assez exercée devant Dieu pour que la vérité agisse sur elle.

Du moment que j’accepte ma vraie position devant Dieu, en dehors du premier Adam et en Christ ressuscité d’entre les morts, du moment que cette pensée a prise sur ma conscience, il faut nécessairement que tout ce qui me concerne soit mis en accord avec cette position. Chercher à adapter la vérité à nos circonstances, c’est tout autre chose que d’être façonnés par la vérité, afin d’être rendus propres pour la présence de Dieu. Il prend plaisir à nous rendre tels, que nous répondions à la place glorieuse dans laquelle Il nous introduit. Il ne nous appartient pas d’arranger les choses à notre convenance et selon nos circonstances ; nous sommes placés devant Dieu dans la position la plus merveilleuse et qui dépasse tout ce qu’un cœur d’homme peut concevoir ; et puis Dieu s’occupe à mettre tout ce qui nous concerne parfaitement d’accord avec la position qu’Il nous a faite, il faut donc qu’Il ôte tout ce qui n’y appartient pas. Plus je connaîtrai tout ce que je possède en Christ, plus mon cœur jouira des affections de mon Dieu, plus aussi je serai prêt à faire la perte de tout ce qui n’est pas Christ.

Le second point que je désire mettre bien en évidence, c’est que non seulement je n’appartiens plus du tout au premier homme, mais que je n’appartiens pas davantage à la terre. Cette vérité ne vous plaît pas peut-être ? Chacun est heureux de pouvoir dire : « Dieu merci ! étant chrétien, je n’appartiens plus au premier homme ; je suis placé dans une position nouvelle en Christ ressuscité d’entre les morts ; j’appartiens à la gloire, à Christ ». Mais êtes-vous prêt à dire aussi : « Je n’appartiens pas à cette terre ; mon chez-moi est ailleurs » ? Le chrétien n’est pas de ce monde. Vous trouverez ces deux choses dans les deux premiers chapitres de l’épître aux Éphésiens : c’est qu’un chrétien n’est pas en Adam, et qu’il n’est pas de la terre. Nous n’appartenons pas au premier homme quant à notre position, et nous ne sommes pas de ce monde quant à notre place. Nous sommes ici-bas dans le corps, je ne le nie pas ; mais c’est une chose immense que de savoir que nous n’avons pas de place sur la terre. La terre nous est fermée ; si Christ n’y a pas eu de place, nous n’en avons pas non plus. Quelle chose précieuse et solennelle à la fois ! Et quelle puissance elle exerce sur un cœur qui demande en soupirant : Où est ma place ? Où est mon chez-moi ? Où suis-je libre d’entrer et de sortir ? C’est cette vérité qui nous est présentée en premier lieu au chapitre 14 de l’évangile de Jean. Jésus dit aux siens : J’ai une place pour vous, en dehors de cette terre de péché et de misère. « Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s’il en était autrement, je vous l’eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi ». Il y a quelque chose de bien précis dans ces mots : « auprès de moi ». Il en est de même au chapitre 3 de l’épître aux Colossiens : « Si donc vous avez été ressuscités avec le Christ, cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu ». Dieu ne nous montre-t-Il pas là un lieu bien défini, pour que le cœur du croyant sache et goûte qu’il y est chez lui ?

Avant d’aller plus loin, remarquez comment la vérité de Colossiens 3 et celle de Jean 14 se rencontrent. L’apôtre, après avoir montré aux Colossiens, au chapitre 2, qu’ils n’étaient pas en Adam, étant morts avec Christ, mais qu’ils avaient une place toute nouvelle, étant ressuscités avec Christ, ajoute au verset 1 du chapitre 3 : « Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis ». Bien-aimés, ces cinq petits mots correspondent exactement pour l’étendue et la signification à ce précieux : « là où moi je suis » de Jean 14. Ils fournissent tout ce qui est nécessaire à un cœur qui a Christ pour objet. Les définitions et les descriptions plus ou moins poétiques du ciel, que j’ai entendu faire, n’ont aucun attrait pour moi ; je n’y crois pas, et ce qui me frappe, c’est le silence de l’Écriture sur ce sujet. L’Écriture, en effet, parle fort peu du ciel ; l’imagination de l’homme s’en occupe beaucoup ; mais ce que la Parole nous assure, c’est que nous serons là où est Jésusle lieu est caractérisé par la personne. Ce qui est précieux, c’est que le Seigneur veut nous avoir avec Lui, là où Lui est ; et cela suffit au cœur qui a Christ pour objet. Christ est là : Sa présence est la définition du lieu ; elle répond à tout. « Nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thess. 4).

Remarquez que c’est la position de Christ, quelle qu’elle soit, qui détermine la nôtre. Il veut que là où Il est, nous aussi nous y soyons avec Lui. Quelle chose merveilleuse ! Son amour l’a voulu ; Son cœur autrement, ne serait pas satisfait !

Le chapitre 13 de l’épître aux Hébreux nous présente un autre côté de cette même vérité. Nous lisons au verset 12 : « C’est pourquoi aussi Jésus, afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre ». Remarquez-le bien. Le Seigneur vous dit, comme nous venons de le voir, qu’Il a une place pour vous là-haut dans les cieux ; des demeures — la meilleure place que l’on puisse concevoir ou que le cœur puisse souhaiter ; et que c’est Sa présence qui caractérise cette place et qui la distingue : là où Il est, Il veut nous avoir avec Lui ! N’y a-t-il pas là de quoi faire les délices de nos cœurs ? Mais le passage d’Hébreux 13 présente un autre côté pratique de la vérité ; il dit : « Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre ». Remarquez la sagesse de l’Esprit de Dieu : si vous demeurez dans le camp, vous échappez à l’opprobre ; si vous sortez du camp vers Jésus, vous trouvez l’opprobre. Qu’y a-t-il donc pour nous amener dehors et pour adoucir l’opprobre ? Ah ! c’est que nous sortons vers Lui ! Ce n’est pas tout de sortir seulement et de protester ainsi contre toutes les choses qui sont dedans ; il y a davantage : je sors par affection pour Christ. Je sors, il est vrai, parce que ma conscience, exercée devant Dieu, ne me permet pas de rester dedans ; mais je sors, attiré par une personne vivante qui est dehors ! Je lève les yeux au ciel et je demande : Où est Jésus ? Il est là-haut dans le sanctuaire ! J’y entre donc, moi aussi ! Et sur la terre ? Il est dehors, Il a souffert hors de la porte (comp. Lév. 4, 12, 21 ; Nomb. 19, 3) ; et moi, je n’ai pas autre chose à faire qu’à sortir, à sortir vers Lui ! Ce sont les deux parties de mon histoire : j’entre pour jouir des délices de la maison ; je sors pour être en compagnie de Celui qui m’a préparé là-haut une demeure, « portant son opprobre ». Bien-aimés, cette vérité parle-t-elle à vos consciences ? L’aimez-vous ? Sans doute, elle est comme un couteau affilé qui tranche dans le vif et qui pénètre jusqu’au fond, atteignant ce qui nous est le plus sensible. Quelques-uns de ceux qui sont ici présents pourraient nous dire comment, quand et ils ont senti le tranchant de la lame. Mais où est la douleur, du moment que le Saint Esprit nous a montré Jésus dans les demeures situées en dehors des ruines de ce monde, et que notre cœur, attiré vers ce lieu, a compris qu’il y a préparé une place pour nous ? Alors nous pouvons supporter l’enlèvement de nos biens, le vent desséchant de l’affliction, les vagues impétueuses de l’épreuve !

Nous pouvons nous tenir debout devant l’épée de la mort, qui n’épargne personne ici-bas sur la terre. Tout tombe sous ses coups dans ce triste monde ! Mais Jésus monte au ciel et dit : « Je vais vous préparer une place. Et si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai ». Non seulement Il tient la place en réserve pour nous ; Sa présence même nous la prépare (car c’est là la force du passage) ; mais encore, Il reviendra Lui-même nous prendre et nous y introduire.

Je ne crois pas que l’activité de Jésus soit en exercice pour nous préparer cette place : c’est Sa présence là-haut qui la prépare. Son activité dans le ciel s’exerce envers nous, envers nos personnes, ici-bas, pour nous garder propres pour Sa présence, Son sang nous ayant déjà rendus tels. Son sang est le fondement sur lequel nous sommes devant Lui ; Sa grâce est le principe qui nous y maintient propres pour Sa présence ; mais c’est Sa présence qui prépare la place et qui fait qu’elle est prête. Une seule chose nous manque encore : la personne qui nous y introduira. Je ne vais pas seulement, dit le Seigneur, vous préparer une place ; je ne veux pas seulement vous garder purs, vous préserver de toute séparation morale d’avec moi pendant que vous êtes ici-bas et moi là-haut, mais il faut que la première parole de bienvenue qui vous accueille dans ce lieu de ma présence sorte de ma propre bouche. « Si je m’en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi ». « Auprès de moi », ce n’est ni le ciel, ni la gloire, c’est Sa personne. « Afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi ». Quelle joie !

Avant d’aller plus loin, mes chers amis, je vous demanderai quelle influence tout cela exerce sur vos cœurs ? La tendance du jour, il faut le dire, c’est de profiter de Christ autant que possible, puis de L’oublier, et trop souvent nous sommes entraînés par elle. Il en est de ce qui nous entoure exactement comme de cet homme qui, dans sa prison, était heureux d’avoir Joseph pour être réconforté par lui, par la perspective de sa prospérité et de son bonheur futurs, et qui ensuite l’oublia. Chacun cherche du soulagement, du soulagement pour sa conscience, ou du soulagement pour son cœur, car nous avons une conscience et nous avons un cœur, bien que plusieurs semblent n’en point avoir. Un homme qui n’aurait que la conscience et point de cœur, ou vice versa, ne serait pas un homme. Eh bien, nous avons une conscience qui a besoin d’être purifiée, et nous avons un cœur qui veut être satisfait. Le sang de Christ met notre conscience en parfaite liberté, la personne de Christ satisfait aux affections du cœur. Or je dis que souvent nous nous servons de Christ pour nos besoins, quitte à l’oublier ensuite. Ce fait même, que Christ a une place pour nous en dehors de cette terre, et que nos cœurs peuvent se réfugier là quand le souffle de la mort passe sur les choses d’ici-bas, qu’en faisons-nous, lorsque la tempête s’est calmée ? Hélas ! le plus souvent cette place n’est pour nous qu’un lieu de refuge pendant l’orage : nous en sortons dès que l’orage est passé.

Mais Christ nous parle d’une demeure. Sans doute, ce lieu est un soulagement, un refuge, un abri, le seul ombrage contre les atteintes de la chaleur du désert ; mais nous en sortirons bien vite, si nous n’y avons pas trouvé notre « home », les attractions, les joies, la bénédiction de la maison du Père dans la compagnie de Celui qui sait mettre le cœur parfaitement à l’aise. Or, le monde qui nous entoure ne pense pas à une demeure avec Christ en dehors de cette scène ; les hommes estiment que le monde est une demeure particulièrement agréable ; on y fait descendre la grâce de Christ, l’amour de Christ, Son secours, Sa rédemption, afin de s’y trouver bien à l’aise.

Dieu veut autre chose : Il veut que l’œuvre de la rédemption en Christ, le sang et la grâce de Christ aient pour effet de briser les liens qui nous attachent à ce monde, de nous ébranler pour ce qui est de la terre, mais de nous établir fermement là-haut. Du moment que nous avons fait notre demeure de cette place merveilleuse où Christ est entré, nous ne songeons plus à faire d’ici-bas un lieu de repos. Supposez qu’un homme soit tout à coup transporté dans une contrée étrangère : il n’aura nul besoin de s’y faire étranger, d’y prendre l’esprit ou les sentiments d’un étranger : il l’est. Qu’est-ce qui le rend tel ? Le simple fait qu’il vient d’un endroit où il est chez lui. Il n’est pas étranger dans son pays : là son cœur est resté, là sont ses joies, ses intérêts, ses désirs ; mais il se trouve ailleurs, dans un lieu qui n’est pas cela pour lui. La marque la plus sûre que l’on n’est pas réellement un pèlerin, c’est l’effort pour le devenir. On cherche toujours à être ce qu’on n’est pas. Mais celui qui est véritablement un pèlerin, n’a besoin d’aucun effort : son caractère est l’effet de sa vie et de sa nature. La plante, l’herbe, l’arbre, ne font pas d’efforts pour croître. Tout ce qu’il leur faut, c’est la chaleur du soleil et la lumière du soleil ; et ainsi elles grandissent et leur nature s’affirme. Il y a deux choses que vous ne pourrez jamais faire. Vous ne pouvez ni acquérir la qualité d’étranger, ni, en tant que pécheurs, vous rendre propres pour la présence de Dieu ; mais du moment que votre cœur a trouvé le repos auprès de Christ, là où Il est, vous êtes hors du courant des choses d’ici-bas ; elles vous deviennent étrangères ; elles cessent d’être l’objet de votre intérêt ou de votre poursuite.

Il n’est pas un d’entre nous qui ne doive confesser devant Dieu combien peu il se trouve encore réellement déplacé dans ce monde, combien peu son esprit mène deuil et s’afflige de l’état de tout ce qui nous entoure. Si nous vivions là-haut, comme une plante transportée hors de sa zone, nous sentirions que l’atmosphère d’ici-bas ne convient pas à notre nature. Mais, hélas ! nous nous sommes acclimatés, endurcis, à force de vivre dans l’esprit des choses qui nous environnent. Nous affrontons le monde, parce que nous nous sommes accoutumés à ses frimas et à ses ténèbres ; nous préférons y habiter que d’y être en voyage. Mais le dessein de Dieu, c’est que nous demeurions en haut, afin que, trouvant les joies de la maison auprès de la personne de Christ et en communion avec Lui, nous ne soyons plus ici-bas que comme des étrangers en passage, visiteurs qui apportent avec eux toute la grâce, toute la perfection, la débonnaireté, la force et la puissance du Seigneur Jésus.

On retrouve le même esprit dont je viens de parler dans la manière dont on cherche à affronter les choses d’ici-bas. On prévoit la difficulté, on l’examine, on la mesure, et l’on tache de s’y préparer. Mais la chose est impossible. Le moment venu, vous éprouvez une amère déception. Pourquoi ? Parce que Dieu donne, selon les richesses de Sa gloire, une force nouvelle quand le besoin est là. Ce n’est pas une force qui se puisse accumuler. Dieu ne donne jamais de provision. Il nous donne selon nos besoins de chaque instant. Quelle bonté et quelle sagesse ! Il sait très bien que nous emploierions les provisions qu’Il nous donnerait, à devenir indépendants. Il garde les choses en main, dans Son infinie miséricorde, et Il tient ainsi nos cœurs dans Sa dépendance pour tout ce dont nous avons besoin. Nous n’avons rien à faire que d’aller à Dieu chaque jour pour les besoins de chaque jour. Plus nos cœurs demeurent avec Christ, là où Il est, plus ils jouissent des joies de la maison, plus nous affrontons simplement, naturellement, sans effort — sans chercher à nous fortifier à l’avance — les difficultés de chaque jour. Oh ! marchons ainsi journellement dans la patience, la tranquillité, la joie de Christ, et lorsque les difficultés surviendront, nous les traverserons avec Sa grâce et Sa puissance. Dans la proportion où nous jouirons de la place où le Seigneur se trouve, nous serons capables de supporter l’adversité et de tout surmonter. Nous ne pouvons affronter les difficultés qu’autant que nous les rencontrerons en sortant de ce lieu-là. Que ce soit donc en sortant du sanctuaire, avec tout le sérieux, le calme, la paix, et la puissance de Christ, que nous affrontions toutes les choses d’ici-bas, où nous ne sommes que des visiteurs célestes. Habitons davantage notre patrie, et n’en sortons que pour combattre dans un pays ennemi. La grâce de Christ qui a été manifestée en nous donnant une place avec Lui, n’est pas moins glorifiée maintenant en nous rendant capables de surmonter les difficultés qui nous environnent.

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Je désire maintenant attirer votre attention sur un second point contenu dans ce chapitre 14 de l’évangile de Jean. Le Seigneur dit, au verset 23 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui ». Êtes-vous prêts à témoigner de cette manière votre affection pour Christ ? Le Seigneur ne parle pas d’œuvres à accomplir ; Il ne dit pas : « Si quelqu’un m’aime, il travaillera ».

Dans ces temps de fiévreuse activité, où l’évangélisation même prend si souvent ce caractère, les hommes préféreraient, sans doute, que Jésus se fût exprimé ainsi. Loin de moi la pensée de médire de ce que Dieu, dans Sa souveraineté et Sa miséricorde, trouve bon de faire par le moyen d’instruments quelconques pour accomplir Ses desseins, mais ce n’est pas tout de rendre témoignage : il faut garder la parole de Jésus. Le faites-vous ? « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ».

Il est très solennel de penser qu’il peut y avoir une activité incessante, du zèle, du travail, sans qu’il y ait, au fond de tout cela, une seule parcelle de vraie affection pour Christ. Vous pensez peut-être que j’exagère ? Mais lisez au second chapitre de l’Apocalypse : Jésus, avec des yeux comme une flamme de feu, marche au milieu des lampes d’or ; il entend tout, voit tout, juge tout ; et il dit : « À l’ange de l’assemblée qui est à Éphèse, écris… Je connais tes œuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants ; et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs ; et tu as patience, et tu as supporté des afflictions pour mon nom, et tu ne t’es pas lassé ». Où trouver aujourd’hui, dites-le-moi, un état de choses plus favorable que celui-là, sous le regard pénétrant du Seigneur ? Lui-même, avant tout, Il mentionne tout ce travail, comme Il fait toujours pour tout ce qu’Il peut reconnaître ; mais Il ajoute : « J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour ! ». Je ne sais si nous tenons assez compte de la possibilité solennelle, très solennelle, de faire les œuvres quand l’amour fait défaut. Il est évident que le Seigneur apprécie l’amour bien plus que les œuvres, et, d’autre part, il est possible qu’il y ait du travail, un travail reconnu même de Lui, sans que le cœur Lui soit vraiment et sincèrement attaché. Prenons bien garde de ne pas faire des œuvres lorsque l’amour, qui est leur mobile, fait défaut. J’éprouve tout ce qui se passe autour de nous par cette simple parole du Seigneur Jésus : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ». Avez-vous de l’affection pour Christ ? Je vous parle au nom du Seigneur ? L’aimez-vous ? Votre cœur est-il avec Lui ? Avez-vous exprimé votre affection pour Lui ? Dites-vous : Oui, je L’aime ? Nous vivons dans des jours où chacun dit librement ses sentiments. Eh bien ! « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ». Et si vous ne gardez pas Sa parole, Son conseil, Sa volonté révélée, n’est-il pas faux de dire que vous L’aimez ? Vous vous rappelez ce que Delila dit à Samson. Cette femme misérable, coupable, dépravée, comprenait quelque chose de la nature d’une sincère affection ; elle disait : « Comment dis-tu : Je t’aime — et ton cœur n’est pas avec moi ? ». — « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ».

Maintenant, en contraste avec l’église d’Éphèse, considérons ce que le Seigneur dit à Philadelphie. « Je connais tes œuvres » ; mais rien de plus sur ce point : pas un mot des œuvres, sinon qu’Il les connaît. C’est que, je n’en doute pas, personne d’autre ne les reconnaissait. Les œuvres de Philadelphie étaient de telle nature, qu’il fallait l’œil de Jésus pour les discerner ou pour comprendre leur caractère. Elles étaient trop insignifiantes, trop cachées aux yeux du monde ; elles avaient un caractère, un motif, un objet trop particulier, pour être appréciées par un œil autre que celui de Christ. « Je connais tes œuvres ». Puis le Seigneur ajoute : « Tu as peu de force, et tu as gardé ma parole ». C’est la même pensée qu’Il avait exprimée en Jean 14 : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ». Et voici la récompense : « Mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui ». C’est exactement le même mot qu’au verset 2 du même chapitre. Le Fils de Dieu a une demeure pour moi là-haut ; c’est merveilleux ! Mais il est plus merveilleux encore de penser qu’en attendant qu’Il m’y introduise, Il veut descendre et faire Sa demeure — Lui et le Père — ici-bas dans mon pauvre cœur ! Combien peu on y pense aujourd’hui ! Où sont les cœurs qui souhaitent ardemment Sa présence, qui font leurs délices d’être la demeure de Jésus ? Mes amis, jouissez-vous d’une chose si merveilleuse ? Ce pauvre cœur petit, faible, inconstant, devenu la demeure du Père et du Fils ! Après la meilleure place, nous trouvons ici la meilleure compagnie. Le Père et le Fils ! Pensez-vous que l’on puisse se sentir seul si l’on a conscience d’une telle compagnie ? Le Père et le Fils venant, non pas nous rendre visite, mais demeurer ici-bas, dans des cœurs où le monde, la chair, le diable ont régné auparavant. Que le Seigneur nous exerce par Son Esprit, et que nous nous posions cette question : Désires-tu qu’ils fassent chez toi leur demeure — le Père et le Fils ? — Alors, garde la parole de Jésus !

Avez-vous été ainsi exercés ? Avez-vous jamais passé une nuit d’angoisses ou de méditation en face de ce fait, que partout la parole de Jésus est mise de côté ? Nous parlons de notre amour pour Christ, de nos désirs et de notre affection pour la parole de Jésus ; eh bien, je vous le demande, nos cœurs sont-ils affligés, brisés, de voir que tous, de propos délibéré, systématiquement, cherchent leur propre intérêt, et non pas les intérêts de Jésus Christ, et que Sa Parole n’est pas gardée ?

Nous parlons de notre amour, de notre affection — quelle chose chétive, misérable, souillée, égoïste ! Si nos cœurs et nos pensées étaient sincèrement, réellement occupés des affections de Christ, pourrions-nous prendre si facilement notre parti de tant d’indifférence à Ses désirs ? Ne serions-nous pas affligés de voir combien peu on estime le désir de Son cœur ? « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous », et combien on oublie le but pour lequel Il mourut et qui était de « rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 17, 21 ; 11, 52). La chrétienté professante a-t-elle égard à ce dessein, à cette prière de Jésus, ou plutôt n’est-il pas vrai qu’elle n’en fait aucun cas ? « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ».

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Mon troisième point est contenu dans les versets 26-28 de notre chapitre. Nous avons parlé de la meilleure place, et puis de la meilleure compagnie ; parlons maintenant des meilleures circonstances. La meilleure place est dans les cieux avec Christ ; la meilleure compagnie, c’est d’être ici-bas, « hors du camp » avec Lui, et de l’avoir, Lui — et le Père — faisant Sa demeure chez nous. Et les meilleures circonstances ? C’est d’abord une double paix, la paix qu’Il a faite par le sang de Sa croix, et puis la paix dont Il a joui comme homme obéissant et dépendant, comme Fils avec Son Père. Il nous laisse la première, Il nous donne la seconde. Quelqu’un de vous possède-t-il cette double paix ? Chose affligeante à constater, il est très commun de trouver parmi ceux qui font profession d’être le peuple de Dieu, des personnes qui n’ont pas même la première. Cette paix signifie simplement ceci, qu’il n’y a plus d’ennemis : aucun ennemi ne lève plus la tête. Si vous voyez que tous les ennemis sont vaincus, vous avez trouvé la paix que Jésus a faite par le sang de Sa croix. Y a-t-il un seul ennemi que Christ n’ait pas vaincu ? Le péché ? « Il a été manifesté une fois pour l’abolition du péché par son sacrifice ». Satan ? « Il a rendu impuissant celui qui avait la puissance de la mort, c’est-à-dire le diable ». La mort ? « Ô mort, où est ton aiguillon ? où est, ô mort, ta victoire ? ». Il n’y a plus d’ennemis ! Si votre cœur se soumet à Celui qui a tout accompli sur la croix, et si vous mettez votre confiance en Lui, vous avez cette paix ; et, avec elle, aucun ennemi ne peut lever la tête contre vous.

La seconde paix est celle qui provient de la simple soumission du cœur à Jésus ; la dépendance et l’obéissance. Cette paix est ma part quand je prends Son joug sur moi et que j’apprends de Lui. On met généralement le joug en rapport avec le travail ; le joug de Christ se prend pour trouver le repos « Prenez mon joug sur vous,… et vous trouverez le repos de vos âmes ». Aussitôt que je prends simplement ma place devant Dieu, me reconnaissant comme mis entièrement de côté quant à tout ce que j’étais dans la chair, aussitôt que je reconnais être ce que je suis devant Dieu, me reconnaissant comme mis entièrement de côté quant à tout ce que j’étais dans la chair, aussitôt que je reconnais être ce que je suis devant Dieu, un homme mort, la volonté n’étant plus en exercice ; aussitôt que, par la puissance de la vie en Christ, je me tiens pour mort, que par la foi je reconnais ce fait, alors j’ai cette seconde paix. Ce qui trouble si souvent, c’est qu’on ne fait pas son compte avec Dieu. La foi fait son compte, et ce dont elle fait son compte, elle le réalise. Si vous ne vous tenez pas pour morts, c’est votre volonté qui vous gouverne, et si elle n’est pas gouvernée, vous ne pouvez avoir cette seconde paix dont je parle ; mais si vous avez fait votre compte avec Dieu, vous avez placé la croix sur votre volonté, et vous avez la paix d’un homme dépendant et soumis. C’est notre volonté qui nous tient en dehors de la dépendance et de la soumission ; et nous ne pouvons pas, je le dis hautement, abdiquer la volonté par la propre force de la volonté. Des souverains ont pu abdiquer, mais la volonté n’a jamais abdiqué et ne le fera jamais. Une seule chose peut nous mettre de côté entièrement : c’est la croix ! J’ai à faire mon compte avec Dieu ; Dieu a crucifié mon vieil homme avec Christ ; Dieu a mis fin dans la mort à tout ce que j’étais ; et je n’ai qu’une seule chose à faire, c’est de « me tenir moi-même pour mort au péché ».

Je trouve encore, dans ce chapitre 14 de Jean, une autre chose très précieuse qui se rapporte aux circonstances. « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père ». Il semble que nous entrons bien peu dans cette pensée, mes chers amis. C’est comme si le Seigneur avait dit : « Je vous ai si parfaitement associés avec moi, je vous ai établis dans une position si extraordinairement bénie en moi-même, que je compte sur vous pour partager ma propre joie. Je vous donne d’avoir part avec moi, à ma joie. Est-ce beaucoup d’oublier votre tristesse à cause de ma joie ? ». « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père ». Combien peu ils entrent dans Sa joie, ces pauvres cœurs égoïstes, qui se meuvent toujours dans le cercle étroit du moi ! Combien peu Christ nous occupe exclusivement, nous qui trouvons si peu notre joie dans Sa joie ! « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père, car mon Père est plus grand que moi ».

Chers amis, les vérités dont nous venons de parler sont capitales. Dieu les place devant nous pour les jours que nous traversons. Je sais qu’il y a, parmi les enfants de Dieu, de l’énergie pour le service, mais y a-t-il assez de repos pour la communion ? Je suis persuadé que personne ne peut prendre sa place dans le témoignage que Dieu a suscité pour ces derniers temps, s’il ne connaît le repos pour avoir communion avec le Seigneur ; nous ne pouvons avoir cette communion si notre cœur n’est pas en repos. Si je n’ai pas le repos, celui du cœur aussi bien que celui de la conscience, je ne suis pas affranchi. Je crois aussi, comme je l’ai dit précédemment, que l’état dans lequel se trouvent aujourd’hui beaucoup d’enfants de Dieu les porte à faire l’épreuve des mille choses qui les entourent, afin de combler, si possible, le vide affreux qui provient de ce qu’ils n’ont pas le repos du cœur devant Dieu.

Que le Seigneur nous donne quand il n’y a que faiblesse au-dedans, ruines au-dehors, de connaître si bien la place où Jésus est entré, qu’elle soit dès maintenant la demeure de nos âmes et que, jouissant de Sa présence et de Sa compagnie dans les circonstances qu’Il trouve bon de nous faire traverser, nous savourions la paix et la joie qu’Il donne, jusqu’au moment où nous entendrons Sa voix et où nous serons enlevés à Sa rencontre pour être toujours avec Lui !



  1. Publié dans le Messager Évangélique de 1876.