Livre:Christ dans la gloire/Chapitre 1
Le nom de l’auteur de l’épître n’étant pas mentionné, nous pouvons en déduire qu’il importe peu pour nous de savoir qui l’a écrite. L’allusion faite par l’apôtre Pierre à une épître que Paul a écrite aux Juifs, qu’il classe parmi « les autres écritures », est une des raisons pour supposer que ce dernier en est l’auteur (2 Pier. 3, 15, 16).
Le caractère spécial de l’épître peut bien expliquer l’omission du nom de l’auteur ; car, entre autres buts, elle a été écrite pour montrer que Dieu ne parle plus par des messagers, mais que, dans Sa grâce magnifique, Il s’est mis en contact direct avec les hommes dans la personne du Fils. De plus, dans cette épître, Christ Lui-même est présenté comme l’apôtre par lequel Dieu a parlé à l’homme. Par conséquent, Il éclipse tous ceux qui peuvent porter ce titre d’apôtre.
Le grand but de l’épître est d’établir les croyants dans le caractère céleste du christianisme et de les délivrer d’une religion terrestre de formes extérieures. Tout dans le christianisme — tant la gloire qu’il rend à Dieu que la bénédiction qu’il assure aux croyants — dépend de la personne et de l’œuvre de Christ. L’épître commence donc en présentant les gloires de Sa personne. La gloire divine de Christ comme Fils est développée dans le chapitre 1 ; l’autorité de Sa parole, dans les versets 1 à 4 du chapitre 2, et la gloire de Son humanité dans les versets 5 à 18 du chapitre 2.
La gloire du Fils (chap. 1)
v. 1-3 — Dieu a autrefois, à plusieurs reprises et en plusieurs manières, parlé aux pères en Israël. Dieu avait parlé par Moïse, revendiquant dans la loi Ses droits sur l’homme. D’autres fois, Dieu avait parlé par des anges, dans Ses voies providentielles envers Son peuple. Plus tard, Dieu avait parlé par les prophètes pour ramener à Lui un peuple rebelle. Les prophètes sont expressément mentionnés comme précédant la venue du Fils.
Le Fils est venu « à la fin de ces jours-là » — à la fin des jours des prophètes. Le témoignage que Dieu a rendu dans le passé s’est continué dans la personne du Fils. Les prophètes ont parlé comme instruments utilisés par l’Esprit de Dieu. Quand le Fils est venu, c’était Dieu Lui-même qui parlait. Dans le Fils, Dieu s’approchait des hommes et l’homme pouvait s’approcher de Dieu sans l’intermédiaire d’un prophète ou d’un sacrificateur.
L’importance de quelque message que ce soit dépend, dans une large mesure, de la grandeur et de la gloire de la personne qui parle. Dieu nous a parlé dans la personne la plus glorieuse qui soit — le Fils éternel. Pour que nous découvrions la grandeur de Celui qui parle et, par conséquent, l’importance de ce qui est dit, l’Esprit de Dieu place devant nous sept aspects de la gloire du Fils.
D’abord, le Fils a été établi héritier de toutes choses. Les qualités de Fils et d’héritier sont toujours liées dans l’Écriture. Les hommes s’efforcent de posséder la terre, de régner sur la mer, de conquérir l’espace. Ils luttent pour acquérir puissance, et richesses, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction. Christ, comme Fils, héritera de tout cela, car Il est l’héritier établi de tout, et Lui seul en est digne. La longue histoire du monde ne fait que prouver que l’homme est parfaitement indigne d’hériter de ces choses. Quelle que soit la mesure dans laquelle il parvient à s’en emparer, il s’en sert pour s’exalter lui-même et exclure Dieu. Il se sert de la puissance pour affirmer sa propre volonté ; de la richesse pour essayer d’être heureux sans Dieu ; de la sagesse pour exclure Dieu de Sa propre création ; de la force pour agir dans l’indépendance de Dieu ; de l’honneur pour s’exalter ; de la gloire pour se mettre en avant et de la bénédiction pour l’employer pour lui-même. Quant à l’héritier établi de toutes choses, l’homme L’a entièrement rejeté et L’a cloué sur une croix. Et pourtant, le ciel se plaît à proclamer : « Digne est l’Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction ». Lorsque Christ prendra possession de toutes choses, Il les emploiera toutes pour la gloire de Dieu et la bénédiction de l’homme. Dans le christianisme, nous sommes identifiés avec l’héritier de toutes choses. Quelle consolation pour ceux qui, comme ces croyants hébreux, sont dépouillés de leurs biens !
Deuxièmement, le Fils est celui par qui tout l’univers a été créé : « Il a fait les mondes ». Non pas seulement ce monde-ci, mais aussi tous ces vastes systèmes qui suivent leur cours dans les étendues sans mesure de l’espace. Nous regardons en avant et voyons qu’Il est l’héritier établi de toutes choses ; nous regardons en arrière et voyons qu’Il est le créateur de toutes choses, grandes et petites. L’empreinte du Fils est sur toute la création.
Troisièmement, le Fils est « le resplendissement de sa gloire » — l’éclat de la gloire de Dieu. Le Fils devenu chair présente la gloire de Dieu dans sa plénitude. Cette gloire de Dieu est la manifestation de l’ensemble de tous les attributs de Dieu. Le Fils s’est approché de nous d’une manière qui nous permet de voir Dieu manifesté dans tous Ses attributs.
Quatrièmement, le Fils est « l’empreinte de sa substance ». C’est davantage que le resplendissement de Sa gloire ; c’est la manifestation de Dieu Lui-même : l’expression de Son Être. Le Fils devenu homme était le représentant visible de Celui qui est invisible. Il est possible de porter les attributs d’une personne sans être son représentant. Non seulement les attributs de Dieu resplendissaient dans le Fils, mais Il était le représentant de Dieu dans la création. Tous Ses actes montraient que Dieu était présent au milieu de nous.
Cinquièmement, le Fils est celui qui soutient toutes choses par la parole de Sa puissance. Même si les hommes admettent qu’il doit y avoir une cause première, ils cherchent à exclure Dieu de toute activité présente dans la création. Ils imaginent une création, comme a dit quelqu’un, « suffisante en elle-même, une machine parfaite conçue pour marcher éternellement sans la main qui l’a créée ». La vérité est que, non seulement l’univers a été amené à l’existence par le Fils, mais il est aussi soutenu par le Fils. Aucune étoile ne peut maintenir son cours, aucun passereau ne peut tomber en terre sans Lui.
Sixièmement, le Fils a fait la purification des péchés. Il n’est pas seulement le Créateur du monde, Il est aussi le Rédempteur d’un monde déchu. Il a « par lui-même » accompli une œuvre par laquelle les péchés du croyant peuvent être pardonnés et ôtés de devant Dieu.
Septièmement, la gloire du Fils est encore soulignée par la place d’exaltation qu’Il occupe maintenant à la droite de la majesté dans les hauts lieux. Plusieurs fois dans le cours de l’épître, nous trouvons la mention qu’Il s’est assis à la droite de Dieu. Ici, c’est en raison de Sa gloire personnelle. Au chapitre 8, c’est en relation avec Son office actuel de grand souverain sacrificateur pour nous. Au chapitre 10, Sa position à la droite de Dieu est le résultat de l’œuvre qu’Il a achevée à la croix ; et au chapitre 12, c’est comme étant arrivé au terme du sentier de la foi.
Après avoir revendiqué les gloires du Fils dans Son passage dans le temps et dans Sa position actuelle à la droite de Dieu, l’Esprit de Dieu place maintenant devant nous toute l’excellence du nom dont Christ hérite quand Il est manifesté en chair. Le nom, dans l’Écriture, présente la gloire qui distingue une personne des autres. Sept passages de l’Ancien Testament sont cités pour montrer que Christ a un nom plus excellent que tout être ou chose créés.
v. 4, 5 — D’abord, Christ a une place et un nom beaucoup plus excellents que les anges. Le psaume 2 est cité pour prouver que, venant dans le monde, Christ prend une place de beaucoup supérieure à celle des êtres créés les plus élevés. Toute bénie que soit leur position, les anges ne sont que des serviteurs ; mais Christ est le Fils. Jamais il n’a été dit à un être angélique : « Tu es mon Fils, moi je t’ai aujourd’hui engendré ». Christ est présenté dans l’Écriture comme étant Fils de toute éternité ; ici, Il est salué comme Fils parce qu’Il est né dans le temps. Quelqu’un a dit à juste titre : « Il a toujours été le Fils et Il sera toujours le Fils. Il était le Fils ici-bas comme homme et Il ne sera pas moins le Fils dans l’éternité… Il ne pourrait y avoir la moindre différence entre le Fils éternel et le Fils né dans le temps, sinon quant à la condition ».
Pour souligner encore que la gloire de Christ surpasse celles des anges, un verset du second livre de Samuel est cité (7, 14), nous déclarant que Christ non seulement était dans la relation de Fils de Dieu, mais que, lors de Sa marche dans ce monde, Il a toujours joui des privilèges caractéristiques de cette relation, selon qu’il est écrit : « Moi, je lui serai pour père, et lui me sera pour fils ».
v. 6 — Un autre passage est encore cité pour montrer que la place que le Fils prend est bien au-dessus de celle des anges ; à Son entrée dans le monde, il est dit de Lui : « Et que tous les anges de Dieu lui rendent hommage » (Ps. 97, 7). Non seulement Il était l’objet de la louange et de l’adoration dans le ciel, mais, entrant dans le monde, que ce soit dans l’humiliation passée ou dans la gloire millénaire à venir, Il est l’objet de l’adoration des armées angéliques. Cet hommage révèle Sa gloire, car s’Il n’était pas une personne divine, une telle adoration serait absolument déplacée.
v. 7, 8 — Deuxièmement, le trône qu’Il occupe en entrant dans le monde est au-dessus de tout trône. Les anges sont faits des esprits : le Fils n’est pas fait quoi que ce soit, mais Il est reconnu comme Dieu ; et, en contraste avec les trônes des rois de ce monde, Son trône est aux siècles des siècles. La citation est tirée du psaume 45 qui, nous le savons, est « au sujet du roi ». Par l’épître, nous apprenons que ce Roi qui va régner sur Israël n’est nul autre que le Fils — une personne divine. Les trônes des hommes disparaissent, car ils n’ont pas de fondement juste ; mais le trône du Fils est un trône qui demeure, car Son gouvernement sera en justice.
v. 9 — Troisièmement, dans Sa grâce, Il associe à Lui-même des compagnons ; mais, même alors, la citation du psaume 45 nous rappelle qu’Il a une place au-dessus de Ses compagnons. Personne divine, Il est appelé Dieu par Celui qui Lui parle ; mais en même temps, Il est vu comme l’homme parfait sur la terre, duquel il peut être dit : « Ton Dieu t’a oint ». En raison de Sa perfection morale — Son amour de la justice et Sa haine de l’iniquité — Il est exalté au-dessus de tous ceux qu’en grâce Il s’associe.
v. 10, 11 — Quatrièmement, toute la création s’efface devant cette glorieuse personne qui est appelée le Créateur. Le psaume 102 est cité pour prouver que Celui qui s’est abaissé jusqu’à devenir l’homme de douleurs et de larmes, n’est nul autre que le Maître de la création par qui la terre et les cieux ont été créés ; et Lui subsiste tandis que la création vieillira et périra.
v. 12 — Cinquièmement, le temps amène ses changements et prendra fin, mais nous apprenons, par le psaume 102, que cette personne glorieuse ne change pas et que Ses « années ne finiront pas ».
v. 13 — Sixièmement, aucun ennemi ne peut subsister devant Lui. Le psaume 110 est cité pour nous rappeler que tous Ses ennemis seront mis sous Ses pieds. Dans les jours de Sa chair, Ses ennemis l’ont cloué sur une croix ; dans les jours de Sa gloire, ils seront mis pour le marchepied de Ses pieds.
v. 14 — Septièmement, Christ, tout en prenant Sa place comme homme, est plus grand que tous les anges en ce que, selon le psaume 110, Il est placé sur un trône pour gouverner, tandis qu’ils sont envoyés pour servir, comme esprits administrateurs, en faveur de ceux qui vont hériter du salut.
Si donc le Fils devient chair, Sa gloire est soigneusement maintenue. L’excellence de Son nom est vue dans cet ensemble de gloires. Il est plus excellent que les anges ; Son trône est au-dessus de tout trône. La création périra, mais Lui demeure ; le temps peut prendre fin, mais Ses années ne cesseront point. Ses ennemis sont faits le marchepied de Ses pieds ; et Il est assis à la droite de Dieu pour diriger, tandis que les autres servent. S’Il entre dans le monde, toutes les créatures de l’univers s’effacent devant Lui.
L’autorité de la parole du Fils (chap. 2, 1-4)
Le premier chapitre a établi la gloire du Fils quand Il est introduit dans le monde. Reconnaissant la suprématie de Celui qui parle, il convient aux auditeurs de prêter une sérieuse attention à ce qui est dit. Faire profession d’écouter et négliger ensuite le grand salut annoncé par le Seigneur, en retournant au judaïsme, avait des conséquences fatales. Il n’y avait pas seulement danger de laisser glisser loin les choses entendues ; mais, ce qui est beaucoup plus grave, les professants eux-mêmes risquaient de s’écarter du terrain chrétien pour retourner au judaïsme. Ce faisant, ils seraient des apostats.
Tout au long de l’épître, l’auteur s’adresse à des Juifs qui avaient fait profession de christianisme, et il prend place parmi eux. Dans le premier chapitre, il dit : Dieu « nous a parlé », et ici, « nous devons porter une plus grande attention ». D’autres ont relevé que dans cette épître il n’est pas parlé à l’Église comme telle, mais plutôt aux croyants individuellement. Ils sont considérés comme ayant fait une profession qui est présumée réelle, sauf si, par le fait qu’ils se détournent de Christ, elle est prouvée n’être qu’extérieure.
Dieu a maintenu l’autorité de la parole communiquée par les anges en attachant un juste châtiment à toute transgression et désobéissance à cette parole. Combien plus Dieu maintiendra-t-Il l’autorité de la parole du Fils ! S’il n’y avait aucun moyen d’échapper aux conséquences de la désobéissance à la loi donnée par la disposition des anges, il y en aura encore moins pour celui qui, après avoir fait extérieurement profession de christianisme, traite la parole de Christ avec indifférence et l’abandonne pour retourner au judaïsme.
Dans son sens strict, le salut dont l’auteur parle n’est pas l’évangile de la grâce de Dieu tel qu’il est présenté aujourd’hui ; il ne s’agit pas non plus exactement de l’indifférence d’un pécheur à l’évangile. Néanmoins on peut certainement faire une application dans ce sens, car il demeure toujours vrai qu’il ne peut y avoir aucune échappatoire pour celui qui néglige définitivement l’évangile. Ici, c’est le salut qui a été prêché par le Seigneur aux Juifs, par lequel une porte était ouverte au résidu croyant pour échapper au jugement qui allait tomber sur la nation. Ce salut a ensuite été prêché par Pierre et les autres apôtres, dans les premiers chapitres des Actes, lorsqu’ils disaient : « Sauvez-vous de cette génération perverse ». Dieu appuyait ce témoignage par « des signes et des prodigues » et par « divers miracles ». Cet évangile du royaume sera de nouveau prêché après que l’Église aura été enlevée.
Avoir transgressé la loi était sérieux ; se détourner de la prédication de la grâce est pire ; mais il est plus grave encore de professer croire la Parole pour ensuite la traiter avec mépris, en l’abandonnant et en retournant au judaïsme ou à quelque autre religion. C’est de l’apostasie ; et pour les apostats, l’Écriture ne laisse aucun espoir.
La gloire du Fils de l’homme (chap. 2, 5-18)
Après avoir revendiqué l’autorité de la parole du Fils et nous avoir mis en garde contre le mépris de Sa parole, l’auteur continue à déployer devant nous les gloires de Christ. Il a déjà placé devant nous Ses gloires de Fils de Dieu dans l’éternité, puis manifesté en chair ; nous avons maintenant à découvrir Ses gloires de Fils de l’homme.
v. 5 — Sa gloire comme Fils de l’homme sera manifestée dans le monde à venir, bien que maintenant déjà la foi puisse voir Jésus couronné de gloire et d’honneur.
Il ne semble pas que « le monde habité à venir » puisse être le ciel. Nous ne pouvons pas parler du ciel comme étant « à venir ». Il nous reste à y parvenir, mais il existe et a toujours existé ; l’Écriture parle de trois mondes : le monde avant le déluge, que Pierre appelle : « le monde d’alors », le monde actuel : « les cieux et la terre de maintenant » (2 Pier. 3, 7) ; et dans ce passage : « le monde habité à venir ».
« Le monde habité à venir » désigne la terre millénaire, introduisant un ordre de bénédiction qui n’existe pas encore. Ce monde nouveau de bénédiction sera soumis au Fils de l’homme et sera, par conséquent, la scène de la manifestation de Sa gloire. Dans un sens, le monde actuel est soumis aux anges, qui sont employés comme instruments dans la main de Dieu pour exécuter Son gouvernement providentiel en faveur de ceux qui vont hériter du salut, tandis qu’ils cheminent vers la gloire. Dans le monde à venir, les anges cèderont la place au gouvernement du Fils de l’homme.
v. 6-9 — Pour présenter cette gloire excellente de Christ, l’auteur cite le psaume 8, dans lequel David pose la question : « Qu’est-ce que l’homme que tu te souviennes de lui ? ». La question fait ressortir la petitesse de l’homme ; la réponse, la grandeur de Christ, le Fils de l’homme. David, contemplant la lune et les étoiles, sent sa propre insignifiance devant leur immensité et s’écrie : « Qu’est-ce que l’homme ? ». L’homme déchu est en vérité très petit ; l’homme selon les conseils de Dieu manifestés en Christ, le Fils de l’homme, est très grand. Conduit par l’Esprit de Dieu, l’auteur de l’épître aux Hébreux voit Christ dans le Fils de l’homme du psaume 8 et peut dire : « Nous voyons Jésus ».
David dit : « Tu as assujetti toutes choses sous ses pieds ». L’Esprit de Dieu nous dit qu’il s’agit de Jésus régnant sur le monde habité à venir, et que les mots « toutes choses » se réfèrent non seulement aux choses qui sont sur la terre, mais à l’univers créé tout entier et à tout être créé, car « il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti ».
David dit : « Tu l’as fait un peu moindre que les anges ». L’Esprit de Dieu dit que Jésus « a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort ». Dans un monde où Dieu a été déshonoré, le Fils de l’homme a parfaitement glorifié Dieu et a revendiqué Son caractère de sainteté en souffrant la mort. L’homme goûte la mort comme résultat du péché ; le Fils de l’homme goûte la mort par la grâce de Dieu. Il goûte la mort pour tous afin que la grâce puisse se déverser envers tous.
David dit : « Tu l’as couronné de gloire et d’honneur ». L’Esprit de Dieu conduit la foi à dire qu’il s’agit de « Jésus » et que nous Le voyons « couronné de gloire et d’honneur ». Dieu avait ainsi décrété dans Son conseil que, dans la personne de Christ, l’homme serait seigneur de tout. Celui qui a tout créé et qui soutient toutes choses, étant devenu homme, sera le centre et le chef de ce vaste univers. C’est là une gloire qui éclipse la gloire des anges ; aucun ange n’a ni n’aura jamais la place de domination universelle.
Ainsi, les gloires passées, présentes et futures du Fils de l’homme sont placées devant nous. Dans le passé, Il a goûté la mort pour tout ; dans le présent, Il est couronné de gloire et d’honneur ; dans l’avenir, tout l’univers Lui sera assujetti.
v. 10 — Les versets 5 à 9 ont développé les gloires de Christ en relation avec le monde à venir. À partir du verset 10 et jusqu’à la fin du chapitre, nous découvrons une autre gloire de Christ en relation avec « plusieurs fils » qui sont amenés à la gloire.
La citation du psaume 45 dans le premier chapitre nous a déjà dit que le propos de Dieu est que Christ ait des compagnons pour partager Sa gloire à venir. La fin de ce chapitre parle de ces compagnons comme étant les « fils » de Dieu et les « frères » de Christ. Nous apprenons en outre tout ce que Christ a traversé pour délivrer Ses frères de la mort, du diable et des péchés, et aussi quel est Son service actuel pour les secourir et les soutenir tandis qu’Il les conduit à la gloire.
Mais si plusieurs fils doivent être amenés à la gloire, ce doit être d’une manière qui réponde au caractère de sainteté de Dieu. Aussi nous lisons qu’« il convenait pour lui » — pour Dieu — « à cause de qui sont toutes choses et par qui sont toutes choses », que Christ non seulement goûte la mort, mais, pour qu’Il puisse être le chef des siens, qu’Il entre dans leurs circonstances et leurs souffrances, et que, par ces souffrances, Il soit rendu parfait. Toujours parfait dans Sa personne, Il a été rendu tout à fait propre à prendre la position de chef des siens, pour les conduire à travers le désert et toutes ses souffrances. Il devient ainsi le « chef de leur salut ». Il est à même de les sauver de tout danger sur leur chemin vers la gloire.
v. 11 — À partir du verset 11, nous découvrons les résultats bénis découlant pour les croyants du fait que Christ est entré dans leur position, a porté les conséquences de cette position et, en elle, a maintenu la gloire de Dieu.
Premièrement, celui qui sanctifie (Christ) et ceux qui sont sanctifiés (les croyants) sont vus comme tous d’un. Cette magnifique expression semblerait indiquer que Christ, étant entré dans notre position et en ayant porté les conséquences, nous a si véritablement introduits dans Sa position devant Dieu, comme homme, que Lui et les siens — Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés — sont vus comme formant un tout devant Dieu. Il convient néanmoins de remarquer que jamais la Parole de Dieu ne dit de Jésus et des hommes qu’ils sont tous un, mais « Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés sont tous d’un ». Pour cette raison, à cause de la position dans laquelle Il les a introduits par Son œuvre de sanctification, Il n’a pas honte de les appeler « frères ».
Les croyants sont sanctifiés ; étant sanctifiés, ils sont amenés dans la même position devant Dieu que Christ — tous d’un ; et étant tous d’un, Il n’a pas honte de les appeler frères. Nous savons par les évangiles que ce n’est pas avant Sa résurrection que Christ a appelé Ses disciples « frères ». Le Seigneur Lui-même a toujours marché en relation avec Dieu comme Son Père. Jamais, dans Sa marche, nous ne L’entendons s’adresser à Dieu comme « mon Dieu » ; c’est toujours « mon Père ». Sur la croix seulement, lorsqu’Il a été fait péché, Il dit « mon Dieu ». Mais nous, nous sommes introduits dans cette relation, non pas par l’incarnation, mais par la rédemption. Aussi, ce n’est pas avant Sa résurrection que le Seigneur peut dire : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu », et aussitôt Il parle de Ses disciples comme « mes frères ».
v. 12, 13 — Trois citations de l’Ancien Testament sont données pour prouver de quelle manière bénie Celui qui sanctifie associe à Lui-même ceux qui sont sanctifiés — Ses frères. D’abord, dans le psaume 22, 22, le Seigneur ressuscité déclare : « J’annoncerai ton nom à mes frères ; au milieu de l’assemblée je chanterai tes louanges ». Ici le Seigneur s’identifie à Ses frères, du côté de Dieu, pour annoncer le nom du Père ; de notre côté, pour conduire la louange des siens au Père. Ce qui avait été prédit au psaume 22 trouve son expression en Jean 20 et est exposé en Hébreux 2.
Deuxièmement, en Ésaïe 8, 17 (dans la version des Septante), nous lisons : « Moi, je me confierai en lui ». Prenant une position d’homme, le Seigneur s’identifie aux siens dans la seule manière de vivre qui convient à l’homme — une vie de dépendance de Dieu.
Troisièmement, en Ésaïe 8, nous lisons : « Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés » (v. 18). Ici de nouveau nous voyons l’identification de Christ avec les excellents de la terre — non pas avec les fils des hommes — mais avec les enfants que Dieu Lui avait donnés.
v. 14, 15 — Les versets 12 et 13 ont montré de quelle manière bénie Christ nous a identifiés avec Lui dans Sa position devant Dieu. Maintenant, nous devons apprendre cette autre vérité qu’Il s’est identifié avec nous dans notre position de faiblesse et de mort devant Dieu. Si les enfants ont part au sang et à la chair, Lui aussi semblablement y a participé. S’ils sont sous la domination de la mort et du diable, Lui, ayant pris la chair et le sang, a pu entrer dans la mort, pour rendre impuissant le diable qui avait le pouvoir de la mort, et délivrer tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude. Le diable sait que les gages du péché, c’est la mort, et il ne manque pas de se servir de cette solennelle vérité pour maintenir le pécheur pendant toute sa vie dans la crainte de la mort et de ses conséquences. Le Seigneur, sur lequel la mort n’a aucun droit, entre dans la mort et subit le châtiment de la mort suspendu sur nous, et ainsi Il ôte au diable le pouvoir qu’il a de terrifier le croyant par la mort. Nous aurons peut-être à passer par la mort, non pas comme le châtiment du péché conduisant au jugement, mais seulement comme ce qui nous délivre de toutes les souffrances et nous introduit dans une plénitude de bénédictions.
v. 16-18 — Ce n’a pas été pour secourir les anges que le Seigneur est venu, mais pour prendre la cause de la semence d’Abraham. Pour ce faire, Il dut, en toutes choses être rendu semblable à Ses frères. Ainsi Il est entré pleinement dans leur position, mais pas dans leur état. Ici, pour la première fois dans l’épître, nous entendons parler de Son œuvre de grâce envers nous comme miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur. Pour pouvoir exercer ce service nécessaire, Il dut, par Sa vie d’humiliation et d’épreuves, entrer dans toutes nos difficultés et nos tentations. Puis, quand Sa vie de perfection fut achevée, Il entra dans la mort pour faire propitiation pour nos péchés, afin qu’ils puissent être pardonnés. Cette grande œuvre étant accomplie, Il peut, de la place qu’Il occupe en gloire, exercer Sa grâce sacerdotale et, en miséricorde et fidélité, secourir ceux qui sont tentés, car Il a Lui-même souffert, étant tenté.
La souffrance résulte du combat qu’il faut livrer pour ne pas succomber à la tentation. Si nous cédons, la chair ne souffre pas ; au contraire, elle se complaît dans la tentation, trouvant son plaisir dans la chose par laquelle elle est tentée. Elle jouit pour un temps des délices du péché, même si, pour ce péché, elle aura finalement à souffrir. Le Seigneur a été tenté seulement pour que Sa perfection soit mise en évidence, Lui qui, pas un instant, n’a succombé à la tentation. Cela a entraîné de la souffrance. Il a souffert la faim plutôt que de céder à la suggestion du diable. Ayant ainsi souffert, Il est à même de secourir les siens et de les rendre capables de tenir ferme face à la tentation. Avec un cœur débordant de tendresse, Il entre dans nos tentations et nous secourt avec miséricorde et fidélité. Trop souvent il nous arrive de manifester de la miséricorde aux dépens de la fidélité ou d’agir avec fidélité aux dépens de la miséricorde. Lui, dans la perfection de Sa marche, peut manifester la miséricorde sans compromettre la fidélité.