Écho du Témoignage:Qu’est-ce que la mort
Pour l’incrédule, rien ne saurait être plus terrible que la mort. C’est avec raison, et selon l’Écriture, qu’on l’appelle « le roi des épouvantements ». Elle est la fin, par un effet judiciaire, de l’existence du premier Adam. Qu’est-elle encore ? Elle n’est pas cela seulement pour la nature animale, quoique cela soit vrai ; mais plus on la considère en rapport avec la nature morale de l’homme, et plus aussi elle devient terrible. Tout ce à quoi l’homme a mis sa vie, ses pensées, tout son être, est clos et a péri pour toujours. « Lorsque son esprit sort, tous ses desseins périssent ». L’homme trouve en elle la fin de toutes ses espérances, de tous ses projets, de toutes ses pensées, de tous ses plaisirs ; la source en est détruite. C’en est fait de l’existence dans laquelle il se mouvait ; il ne peut compter sur rien de plus. La scène affairée au sein de laquelle il a passé toute sa vie ne le connaît plus. Il tombe lui-même et s’éteint. Personne n’a plus à faire avec lui comme appartenant à cette scène. Sa nature s’est évanouie, impuissante à résister à ce maître auquel elle appartient, et qui maintenant revendique ses terribles droits.
Mais cela est bien loin d’être tout. À la vérité, en tant qu’homme vivant dans ce monde, l’homme est réduit à rien. Mais quoi ? Le péché est entré ; avec le péché, la conscience ; avec le péché, la puissance de Satan ; plus encore, avec le péché, le jugement de Dieu. La mort est l’expression et le témoignage de tout cela. Elle est les gages du péché, la terreur de la conscience, la puissance de Satan sur nous, car il a l’empire de la mort. Dieu peut-Il venir là à notre aide ? Hélas ! c’est Son propre jugement sur le péché. La mort ne semble que la preuve que le péché ne passe pas inaperçu, et elle est la terreur et la plaie de la conscience, comme témoin du jugement de Dieu, l’officier de justice pour le criminel, et la preuve de sa culpabilité en présence du jugement qui approche. Comment ne serait-elle pas terrible ? Elle est le sceau sur la chute, la ruine et la condamnation du premier Adam. Et il ne possède que cette vieille nature. Il ne peut pas subsister comme homme vivant devant Dieu. La mort est écrite sur lui, car il est pécheur, il ne peut se délivrer lui-même. Il est coupable d’ailleurs et condamné. Le jugement vient, mais Christ est intervenu. Il est entré dans la mort — ô vérité merveilleuse, Lui, le Prince de la vie ! Qu’est-ce que la mort est désormais pour le chrétien ?
Remarquez maintenant, cher lecteur, toute la portée de cette merveilleuse, ineffable, intervention de Dieu. La mort nous est apparue comme la faiblesse de l’homme, l’interruption de son existence, la puissance de Satan, le jugement de Dieu, les gages du péché. Mais tout cela est en connexion avec le premier Adam dont, à cause du péché, la mort et le jugement constituent la portion. Nous avons vu le double caractère de la mort : elle est la perte de la vie ou de la puissance de vie dans l’homme, et elle est témoin contre lui et le mène au jugement de Dieu. Or, Christ a été fait péché pour nous ; Il a affronté la mort, Il a passé par la mort envisagée comme puissance de Satan et comme jugement de Dieu. La mort avec ses causes a été subie par Christ dans chacun de ses caractères. Le jugement de Dieu a été entièrement porté par Lui, avant la venue du jour de jugement. La mort, comme salaire du péché, a été subie ; comme sujet de terreur pour l’âme, elle a en toute manière perdu complètement sa puissance à l’égard du croyant. Le fait physique lui-même est réduit à la condition de peut-être ; il est seulement possible, car Christ a mis de côté la puissance de la mort d’une manière si complète qu’il ne s’accomplit pas nécessairement. Nous ne mourrons pas tous, mais nous serons tous changés. Désirant, dit l’apôtre, non pas d’être dépouillés, mais d’être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie. Telle est la puissance de la vie en Christ.
Mais il y a beaucoup plus que le fait que la mort a passé. La mort est à nous, dit l’apôtre, comme sont toutes choses. Le bien-aimé Sauveur y étant entré pour moi, la mort et aussi le jugement sont devenus mon salut. Le péché, dont elle était les gages, a été ôté par la mort elle-même. En elle, le jugement a été porté pour moi. La mort n’est point épouvante pour mon âme, elle n’est pas le signe de la colère, mais bien la preuve la plus bénie et la plus parfaite de l’amour, parce que Christ y est venu. Je suis affranchi de la puissance même de la loi contre moi, car elle n’a puissance sur l’homme qu’aussi longtemps qu’il est en vie ; mais en Christ, déjà je suis mort à la loi. Par la mort, Dieu a déjà rencontré le péché et le jugement.
En un mot, Christ, l’Être sans péché, étant venu, dans la ressemblance de la chair de péché, et pour le péché, c’en est fini de toute ma condition comme homme dans le premier Adam ; c’en est fini avec elle, de telle sorte que toutes ses conséquences ont été subies conformément à la justice ; et que, par la mort, le vieil homme, la puissance de Satan, le péché, le jugement et la capacité de mourir elle-même, toutes choses qui se rattachent au vieil homme, à l’homme pécheur, sont entièrement passés, et que c’en est fait d’eux pour toujours. Désormais, je suis devant Dieu en Celui qui est ressuscité après avoir enduré pour moi tout ce qui appartenait au vieil homme. Dieu en a fini avec le vieil homme, et avec tous les fruits et toutes les conséquences qu’il entraînait pour moi, dans la personne de l’homme nouveau qui s’est chargé même des conséquences naturelles de la mort dont Il a subi la puissance comme puissance entre les mains de Satan. La mort m’a délivré pour toujours de tout ce qui appartenait au vieil homme, de tout ce qui lui était réservé comme vivant. D’abord, la condamnation et le jugement sont entièrement passés pour ce qui concerne l’acceptation de l’âme. La terrible épreuve est passée ; mais subie par un autre — de sorte que cela m’a délivré d’elle, selon la justice de Dieu.
Les flots qui détruisirent les Égyptiens furent, à droite et à gauche, un mur pour Israël, voie de sûreté hors d’Égypte. Le salut de Dieu était là : l’Égypte et son pouvoir oppresseur étaient laissés derrière. La mort était pour nous la délivrance et le salut.
En second lieu, qu’est-elle devenue en pratique ? Dans l’efficace de la résurrection de Christ, je suis vivifié. Christ est devenu ma vie ; je puis me passer, s’il m’est permis de tenir ce langage, de la vie du vieil homme, car je possède celle du nouveau. Mais Celui qui, ressuscité maintenant, est ma vie, a passé par la mort, et je me tiens moi-même pour mort. De là vient qu’il n’est jamais dit que nous devons mourir au péché. Le vieil homme ne le fait pas et ne le voudrait pas ; et l’homme nouveau n’a pas de péché pour avoir à y mourir. L’Écriture nous enseigne que nous sommes morts, et nous recommande de nous tenir nous-mêmes pour morts. (Rom. 6, 11) « Vous aussi, tout de même, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus ». (Col. 3, 3) « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu », et ensuite nous sommes engagés à mortifier nos membres qui sont sur la terre, dans la puissance de cette nouvelle vie et du Saint Esprit qui habite en nous. J’ai donc le droit de me tenir pour mort. À ce point de vue, quel gain la mort est pour moi, si les désirs du nouvel homme sont réellement dans mon cœur ! Oui, quelle délivrance et quelle puissance j’y trouve ! Pour la foi, ce qui est mort, c’est le vieil homme, l’homme qui entrave, qui harasse, l’homme pécheur, dans lequel, s’il s’agit de responsabilité envers Dieu, j’étais perdu et incapable de Le rencontrer. « Quand nous étions dans la chair, dit l’apôtre, les passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort » (Rom. 7, 5). Mais, Romains 8, 9 : « Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous ». La chair n’est point la place de notre position devant Dieu. Nous sommes reconnus nous-mêmes perdus et ruinés dans la chair. C’était là la position du premier Adam, et nous nous y trouvions. Mais je n’y suis pas maintenant : Je suis dans le second Adam.
Ainsi, pour ce qui est des ordonnances, l’apôtre dit : « Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi établissez-vous des ordonnances, comme si vous étiez encore en vie dans le monde ? ». Pour la foi, nous sommes morts, non pas vivants dans le monde. D’où il résulte aussi que tout ce qui nous fait pratiquement réaliser cette position, comme l’épreuve, la souffrance, la peine, est un gain pour nous. Cela rend moralement vrai et réel dans nos âmes le fait que nous sommes morts, et nous délivre ainsi du vieil homme : « En toutes ces choses est la vie de l’Esprit » ; elle consiste à être dégagé et délivré de l’influence ténébreuse et mortelle du vieil homme. Ces peines et ces brèches dans la vie sont moralement les détails de la mort. Mais de la mort de quoi ? Du vieil homme, et tout est gain.
Troisièmement, si la mort vient de fait, de quoi est-elle la mort ? De ce qui est mortel, du vieil homme. La nouvelle vie de résurrection peut-elle mourir ? Elle a, en Christ, passé par la mort, et c’est elle qui a été réalisée en nous. Elle ne saurait mourir. Elle est Christ. Aussi, dans le fait de la mort, s’il s’accomplit pour nous, cette vie ne fait-elle que laisser simplement la mort derrière : elle quitte ce qui est mortel. Nous sommes alors absents du corps et présents avec le Seigneur. Auparavant, elle était liée extérieurement à ce qui est mortel ; il n’en est plus ainsi. Nous sommes absents du corps et présents avec le Seigneur. Nous délogeons, et nous sommes avec Christ. Il est vrai que la foi attend un plus grand triomphe — nous serons revêtus — toutefois ceci est un effet de la puissance de Dieu. Le vieil homme, grâces à Dieu, ne revit jamais. Dieu, par Son Esprit qui habite en nous, vivifiera même nos corps mortels. La vie de Christ sera manifestée dans un corps glorieux. Nous serons rendus conformes à l’image du Fils de Dieu, afin qu’Il soit le premier-né entre plusieurs frères. C’est là le fruit de la puissance divine. Mais, en attendant, la mort elle-même est toujours délivrance, parce qu’elle nous débarrasse du vieil homme qui encombrait et cernait notre chemin, dans la poursuite et la pratique de la nouvelle vie que nous possédons. Par elle, nous réalisons le bonheur exprimé par ces mots bénis : « être avec Christ ». Quelle douce et rafraîchissante pensée !
Quand une fois nous aurons saisi la différence entre le vieil et le nouvel homme, la réalité de la vie nouvelle que nous possédons en Christ, nous connaîtrons et nous sentirons que la mort du vieil homme est véritablement et réellement un gain. Sans aucun doute, le temps de Dieu est ce qu’il y a de meilleur, parce qu’Il connaît seul ce qu’il faut à nos âmes, sous le rapport de la discipline et de l’exercice, en vue de les former pour Lui-même, et qu’Il peut nous conserver, afin que nous connaissions par expérience l’efficace de cette vie que nous avons en Christ pour absorber ce qu’il y a de mortel en nous sans que nous mourions.
Mais si la mort est la fin du vieil homme, elle n’est que la fin du péché, des entraves, de la peine. Nous en avons fini avec le vieil homme, en qui nous étions coupables devant Dieu ; fini avec lui selon la justice, parce que Christ est mort pour nous — fini pour toujours, parce que nous vivons dans la puissance de l’homme nouveau. Telle est la mort pour le croyant. « Déloger et être avec Christ, est de beaucoup le meilleur ». Envisagée comme jugement, Christ s’en est chargé ; quant à la puissance du péché, elle est la mort précisément de la nature dans laquelle il vit ; et pour ce qui regarde la nature mortelle présente, on en est délivré par elle pour être avec Christ dans l’homme nouveau qui jouit de Lui. Qui ne voudrait mourir, si on ne considère que le gain particulier qu’il y a dans la mort ?
Si nous vivons pour servir Christ, certes il vaut la peine d’expérimenter les souffrances de ce monde ; mais elles n’en sont pas moins des souffrances en elles-mêmes, quelle que soit la bénédiction dont nous pouvons être rafraîchis par leur moyen. Pour nous, vivre c’est Christ ; mourir est gain. Ce n’est que le vieil homme qui meurt ; notre misère d’abord, notre ennemi ensuite. Cela suppose naturellement la vie divine, et, dans la pratique, un cœur qui est à des choses toutes différentes de celles dans lesquelles le vieil homme vit.