Livre:Christ dans la gloire/Chapitre 2

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Les deux premiers chapitres ont placé devant nous les gloires de la personne de Christ. Ils nous préparent ainsi à saisir la bénédiction que nous apporte l’office de notre grand souverain sacrificateur. Dans cette nouvelle division de l’épître, nous apprenons d’abord dans quelle sphère le service sacerdotal de Christ s’exerce — la maison de Dieu (3, 1-6) ; deuxièmement, nous voyons les circonstances du désert qui rendent ce service sacerdotal nécessaire (3, 7-19) ; troisièmement, il nous est parlé du repos auquel le désert conduit (4, 1-11) ; enfin, nous découvrons les moyens pleins de grâce auxquels Dieu a pourvu pour nous garder dans le désert (4, 12-16).

La sphère du service sacerdotal de Christ (3, 1-6)

La dernière partie du chapitre 2 a montré le chemin plein de grâce que le Seigneur a suivi pour pouvoir exercer Sa sympathie de souverain sacrificateur envers les siens éprouvés par la souffrance. Dans les premiers versets de ce chapitre, la maison de Dieu est introduite pour montrer la sphère dans laquelle la sacrificature s’exerce.

v. 1 — Dans ce verset introductif, les croyants juifs sont appelés « frères saints » et « participants à l’appel céleste ». En tant que Juifs, ils avaient été habitués à être appelés « frères », et ils étaient participants à l’appel terrestre. Comme chrétiens, ils sont des « frères saints » et, avec tous les autres chrétiens, ils sont les objets de « l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus ».

Les gloires de Christ ayant été placées devant nous dans les chapitres 1 et 2, nous sommes maintenant exhortés à considérer « l’apôtre et le souverain sacrificateur de notre confession, Jésus ». Le titre d’« apôtre » est particulièrement lié à la vérité du Fils de Dieu présentée dans le premier chapitre, dans lequel nous voyons le Fils venir sur la terre et parler aux hommes de la part de Dieu. Le titre de « souverain sacrificateur » est rattaché au deuxième chapitre, dans lequel le Fils de l’homme est présenté comme allant de la terre au ciel pour servir devant Dieu en faveur des hommes. Le vrai but de tout ministère est, non pas simplement d’occuper les auditeurs de la vérité présentée, mais de les amener à contempler Jésus.

Il est à remarquer qu’ici c’est Jésus, non pas comme ailleurs le Christ Jésus. Tout Juif était prêt à recevoir le Messie ; mais seul le chrétien reconnaissait que le Christ était venu dans la personne de Jésus.

v. 2-6 — L’Esprit de Dieu fait allusion à Moïse et au tabernacle dans le désert, pour montrer que Moïse est surpassé par Christ et que le tabernacle n’était qu’une image des choses qui seraient révélées plus tard. Moïse n’a jamais été sacrificateur ; son service avait davantage un caractère apostolique. Il va vers le peuple de la part de Dieu ; Aaron, le sacrificateur, va vers Dieu de la part du peuple. Moïse, sous la direction de Dieu, bâtit le tabernacle dans le désert. Jésus, le vrai apôtre, est Celui qui a bâti tout l’univers, dont le tabernacle était une figure. De plus, si Dieu habite les cieux des cieux, il est également vrai qu’Il habite au milieu des siens qui aujourd’hui forment Sa maison. La « maison », dans sa forme spirituelle actuelle, est une des choses dont le tabernacle matériel était une image.

Moïse a été fidèle dans la maison de Dieu, dans le désert, comme serviteur. Christ l’est sur la maison de Dieu — composée des enfants de Dieu — comme Fils. Ainsi l’introduction des enfants de Dieu comme constituant la maison de Dieu montre la sphère dans laquelle Christ exerce Sa sacrificature ; et c’est pourquoi un peu plus loin nous lisons que nous avons « un grand souverain sacrificateur établi sur la maison de Dieu » (10, 21).

Le désert qui rend nécessaire le service sacerdotal de Christ (3, 7-19)

v. 6 — L’allusion à Moïse et au tabernacle conduit tout naturellement à la pensée de la traversée du désert par le peuple de Dieu. Si le tabernacle est un type du peuple de Dieu, la traversée du désert par Israël est un type du passage des enfants de Dieu dans le présent siècle mauvais, avec tous ses dangers. Cette traversée du désert devient l’occasion qui rend nécessaire cette grâce sacerdotale.

En outre, dans le désert, la réalité de notre confession est mise à l’épreuve par les dangers que nous avons à rencontrer. Ces Hébreux avaient fait publiquement profession de christianisme. Avec la profession, il y a toujours la possibilité d’un défaut de réalité, d’où l’introduction des « si ». Ainsi, l’auteur dit que nous sommes la maison de Dieu « si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout la confiance et la gloire de l’espérance » (v. 6). Ce n’est pas une mise en garde contre une trop grande confiance en Christ et dans la sécurité éternelle qu’Il assure au croyant, car il a été très justement dit : « Il n’y a aucun si, ni quant à l’œuvre de Christ, ni quant à la bonne nouvelle de la grâce de Dieu. Là, tout est grâce inconditionnelle pour la foi » (W.K.). L’avertissement suppose que ceux auxquels il est adressé ont cette assurance, et ils sont exhortés à ne pas l’abandonner. Que le vrai croyant tiendra ferme, ou plutôt que Dieu, par la grâce sacerdotale de Christ, le maintiendra ferme jusqu’à la fin malgré de nombreux manquements, cela est certain. La réalité chez le croyant est prouvée par le fait qu’il endure l’épreuve jusqu’au bout. Le désert, qui met à l’épreuve le vrai croyant, met à nu le défaut de réalité chez le simple professant.

v. 7-11 — Pour nous encourager à tenir ferme, une citation du psaume 95 nous rappelle les avertissements donnés par l’Esprit de Dieu à Israël, en relation avec la venue de Christ en gloire et en puissance dans le monde, pour introduire le peuple dans le repos. Aujourd’hui est un jour de grâce et de salut, dans la perspective de partager la gloire de Christ dans le monde à venir. Dans un tel jour de bénédiction, les Hébreux sont exhortés à ne pas agir comme leurs pères dans le désert. Israël avait fait profession de quitter l’Égypte et de suivre l’Éternel au travers d’un désert où les dangers abondaient, et dans lequel seule la confiance en Dieu pouvait les soutenir jusqu’au but. Pendant quarante ans, ils ont vu les œuvres de puissance et de miséricorde de Dieu répondant à leurs besoins et les gardant de tout danger. Néanmoins, malgré tous les signes de Sa présence, ils tentèrent Dieu et Le mirent à l’épreuve en disant : « L’Éternel est-il au milieu de nous, ou n’y est-il pas ? ». Ils manifestèrent ainsi la dureté de leurs cœurs insensibles à la bonté de Dieu. Ne recherchant que leurs propres convoitises et ignorant les voies de Dieu, ils montrèrent clairement que, quelle que soit la profession qu’ils avaient faite, ils n’avaient pas de confiance réelle en Dieu. Au sujet de telles personnes, Dieu dit qu’elles n’entreront pas dans Son repos.

v. 12, 13 — Dans ces versets, les avertissements du psaume 95 sont appliqués aux chrétiens professants. Nous devons « prendre garde » de peur qu’un méchant cœur d’incrédulité ne nous fasse abandonner le Dieu vivant pour placer à nouveau notre confiance dans des formes mortes. Nous montrerions par là qu’en dépit de la profession qui a pu être faire, l’âme n’a pas confiance en Christ, ni dans la grâce qui, par Son œuvre accomplie, assure au croyant le salut et le pardon. Toutefois, ce qui est dénoncé ici, ce n’est pas tant l’adjonction de formes judaïques à la vie chrétienne — quelque mauvais que cela soit — que l’abandon total de Christ et le retour au judaïsme, ce qui est l’apostasie.

De plus, nous ne sommes pas exhortés à prendre garde seulement à nous-mêmes, mais l’un à l’autre chaque jour, aussi longtemps que c’est encore un jour de grâce et de salut, de peur que quelqu’un ne s’endurcisse par la séduction d’un chemin de propre volonté. Il ne s’agit pas ici de commettre des péchés, aussi solennel que cela soit, car un péché conduit à un autre : c’est du principe du péché que l’auteur parle ; c’est l’iniquité. Nous réalisons peu combien nous endurcissons nos cœurs en faisant notre propre volonté. Aussi, nous avons à prendre garde à nous-mêmes et à veiller l’un sur l’autre. L’amour ne devrait pas être indifférent envers un frère en train de s’écarter en faisant sa propre volonté.

v. 14-19 — Les croyants ne sont pas seulement la maison de Dieu ; ils sont aussi les compagnons du Christ. Ici de nouveau, ce n’est pas le corps de Christ et les membres de Son corps, comme unis à la Tête par le Saint Esprit, où il ne peut rien y avoir qui ne soit réel. La profession est toujours en vue, et il est supposé qu’elle corresponde à la réalité, mais il est possible que ce ne soit pas le cas. Aussi est-il de nouveau précisé : « Si du moins nous retenons ferme jusqu’au bout le commencement de notre assurance ». Non pas une assurance fondée sur quoi que ce soit en nous-mêmes, ce qui ne serait que de la propre justice. L’assurance sur laquelle il est insisté se fonde sur le Seigneur Jésus, sur Son sacrifice propitiatoire et sur l’efficacité acceptée de Son œuvre. Nous ne sommes pas blâmés d’avoir une telle assurance ; au contraire nous sommes exhortés à la retenir ferme.

Puis, se référant de nouveau à Israël dans le désert, l’auteur pose trois questions pénétrantes pour manifester la dureté, le péché et l’incrédulité d’Israël. D’abord, qui sont ceux qui, ayant entendu la parole de Dieu relative à un repos à venir, L’irritèrent ? S’agissait-il seulement de quelques-uns d’entre le peuple ? Hélas ! c’était la grande masse, « tous ceux qui sont sortis d’Égypte ». Deuxièmement : Contre qui Dieu fut-Il indigné durant quarante ans ? Ce fut contre ceux qui, en raison de la dureté de leurs cœurs, avaient choisi leurs propres péchés. Troisièmement : À qui Dieu jura-t-Il qu’ils n’entreraient pas dans Son repos ? Ce fut à ceux qui n’avaient pas cru. Nous apprenons ainsi que la racine du péché, c’était l’incrédulité. L’incrédulité les laissa exposés à leurs péchés et les péchés endurcirent leurs cœurs.

Le repos auquel conduit le désert (4, 1-11)

La traversée du désert par les enfants d’Israël, dont l’auteur a parlé dans le chapitre 3 (v. 7-19), avait en vue le repos de Canaan. C’est dans ce repos que ceux qui sortirent d’Égypte ne purent entrer, à cause de la dureté de leurs cœurs, de leur péché et de leur incrédulité (3, 15, 17, 19).

Comme Israël autrefois, les croyants aujourd’hui traversent un monde qui est un désert, et se dirigent vers le repos de la gloire à venir. Ce repos est le grand sujet des onze premiers versets du chapitre 4. Remarquons que c’est du repos de Dieu que parle l’auteur. Il est appelé « son repos » et, dans les citations tirées de l’Ancien Testament, « mon repos » (3, 18 ; 4, 1, 3, 5).

Ce repos — le repos de Dieu — est entièrement futur. Ce n’est pas le repos de la conscience actuel, que la foi en Christ et en Son œuvre donne au croyant, selon les paroles du Seigneur : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi, je vous donnerai du repos ». Ce n’est pas non plus le repos du cœur, qui est la part journalière de celui qui marche dans l’obéissance à Christ, se soumettant à Sa volonté, selon la suite du passage : « Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes » (Matt. 11, 28, 29). Et ce n’est pas davantage le repos momentané d’un serviteur fatigué, dont il est parlé dans les évangiles lorsque le Seigneur dit : « Venez à l’écart vous-mêmes dans un lieu désert, et reposez-vous un peu » ; paroles qui impliquent qu’il nous faudra travailler de nouveau (Marc 6, 31).

Dieu ne peut se reposer que là où Son amour et Sa sainteté sont satisfaits. Le repos de Dieu sera atteint lorsque Son amour aura accompli tout Son propos envers ceux qu’Il aime. Quand la justice sera établie, que les peines et les soupirs auront disparu, Dieu « se reposera dans son amour » (Soph. 3, 17). « La sainteté ne peut trouver son repos là où est le péché ; l’amour ne peut trouver son repos là où sont les peines » (J.N.D.).

Le chrétien est appelé hors de ce monde fébrile pour avoir part au repos du ciel. Pour le moment il est dans le désert ; il n’est ni du monde qu’il a quitté, ni dans le ciel où il se rend. La foi considère le repos céleste vers lequel nous nous dirigeons, que Christ nous a assuré et où Il se trouve ; comme nous le lisons plus loin : Christ est entré « dans le ciel même, afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (9, 24).

v. 1, 2 — Ayant cette promesse bénie, nous sommes mis en garde de paraître ne pas atteindre ce repos de Dieu. Le simple professant, qui abandonne sa profession chrétienne et retourne au judaïsme, ne paraîtrait pas seulement ne pas l’atteindre ; il ne l’atteindrait pas en fait et périrait dans le désert. Mais le vrai croyant peut sembler ne pas l’atteindre en retournant au monde et en s’installant sur la terre. Autrefois, Israël avait entendu parler d’un pays ruisselant de lait et de miel, mais hélas ! ils ne crurent pas la parole (comp. 3, 18 avec Deut. 1, 22-26).

Les bonnes nouvelles annoncées au chrétien sont encore plus glorieuses ; elles parlent d’une félicité encore plus grande dans le repos éternel du ciel. Ces gloires à venir sont des réalités pour la foi. Si la Parole n’est pas mêlée avec de la foi, elle ne servira pas plus aujourd’hui qu’autrefois à celui qui l’entend.

v. 3, 4 — Toutefois, bien que quelques-uns autrefois n’aient pas cru la bonne nouvelle du repos de Canaan, et bien que la grande masse professante aujourd’hui ne croie pas à la bonne nouvelle du repos céleste, le fait demeure avec toute sa valeur : Dieu a un repos futur et les croyants y entreront. Chaque pas les rapproche de ce repos de Dieu. Le simple professant, sans foi personnelle en Christ, tombera irrémédiablement dans le désert. Le serment de Dieu : « S’ils entrent dans mon repos ! » (citation du psaume 95, verset 11) signifie en fait : « Ils n’entreront pas dans mon repos ».

L’auteur fait allusion à la création pour montrer que dès le commencement, Dieu a eu le « repos » devant Lui. Après la formation du monde et la création de l’homme à l’image et selon la ressemblance de Dieu, les œuvres de Dieu en création étaient terminées. Cela conduisit au repos de la création, avec ses deux caractères distinctifs : d’abord la satisfaction de Dieu en tout ce qu’Il avait fait, comme nous lisons : « Et Dieu vit tout ce qu’il avait fait, et voici, cela était très bon » ; ensuite l’arrêt de toute Son œuvre en création, selon qu’il est écrit : Dieu « se reposa au septième jour de toute son œuvre » (Gen. 1, 31 ; 2, 2).

v. 5 — Le repos de la création est une préfiguration du repos éternel. Ce repos de la création a été interrompu par le péché. Toutefois, Dieu ne renonce pas au propos de Son cœur d’avoir un repos — un repos éternel — qu’aucun péché ne viendra jamais troubler. Ainsi, aux jours de Josué, le repos de Dieu est de nouveau placé devant nous, car une fois encore la bonne nouvelle en est annoncée, même si Israël fut empêché d’en jouir en raison de son incrédulité ; de sorte que Dieu dut déclarer : « S’ils entrent dans mon repos ! » (Ps. 95, 11).

v. 6 — En dépit du fait que le péché avait interrompu le repos de la création et que l’incrédulité avait gâté le repos de Canaan, Dieu nous assure qu’Il a encore un repos devant Lui, qu’Il appelle « mon repos ». Et il y en a quelques-uns qui entreront dans ce repos, même si ceux à qui il avait été d’abord annoncé n’ont pu l’atteindre à cause de leur incrédulité. Le propos de Dieu ne peut être annulé par le péché ou par l’incrédulité de l’homme.

v. 7, 8 — Si le repos de la création est troublé et le repos de Canaan perdu, quel est le repos de Dieu dans lequel ceux qui croient doivent entrer ? Josué n’avait pu introduit le peuple dans le repos de Canaan ; aussi David, longtemps après, parle d’un autre repos en « un certain jour ». Pour présenter ce repos, l’auteur cite les versets 7 et 8 du psaume 95. Ce psaume invite Israël à se tourner vers l’Éternel avec reconnaissance en raison de la venue future de Christ sur la terre pour introduire la nation dans le repos. En vue de la bonne nouvelle de ce nouveau jour de grâce, Israël est averti de ne pas endurcir son cœur comme aux jours de Josué. Refuser ce nouvel appel serait se priver du repos terrestre sous le règne de Christ.

v. 9, 10 — L’auteur conclut son argumentation en disant : « Il reste donc un repos sabbatique pour le peuple de Dieu », et le principal caractère de ce repos sera la fin du labeur, car « celui qui est entré dans son repos, lui aussi s’est reposé de ses œuvres ». Cette grande vérité est ainsi établie : qu’il s’agisse du repos céleste de Dieu pour un peuple céleste, ou du repos terrestre de Dieu pour Son peuple terrestre, le repos est encore à venir. C’est un repos vers lequel la foi tend. En outre, ce n’est pas le repos à l’égard du péché, mais le repos à l’égard du labeur, et non pas parce que l’ouvrier est fatigué, mais parce que son œuvre est achevée. Comme l’a dit un autre : « Nul repos actuel n’est le repos de Dieu ; et le caractère futur de ce repos est une précieuse sauvegarde contre le piège qui guette tout chrétien, et plus que tout autre un chrétien d’entre les Juifs, de le chercher maintenant ici-bas. De même que Dieu ne peut se reposer là où règnent le péché et la misère, nous ne le devrions pas davantage : ne pas même désirer nous reposer, encore moins nous installer ici-bas. Aujourd’hui c’est le temps du travail d’amour, si nous connaissons Son amour ; aujourd’hui c’est le temps de chercher de vrais adorateurs pour le Père, comme Lui-même en cherche » (W.K.).

v. 11 — Le repos étant futur, avec la félicité qu’il apporte, nous sommes exhortés à travailler ou à nous appliquer à entrer dans le repos qui est devant nous. Plus loin dans l’épître, nous sommes de nouveau exhortés à l’œuvre et au travail d’amour, à montrer de la diligence, à ne pas devenir paresseux, mais « imitateurs de ceux qui, par la foi et par la patience, héritent ce qui avait été promis » (6, 10-12).

Il y a pour nous le danger soit de mépriser le repos de Dieu qui est placé au bout de la course soit de nous lasser du travail d’amour en chemin. Israël a failli des deux côtés. Appliquons-nous donc à entrer dans ce repos-là, afin que personne ne tombe en imitant une semblable désobéissance. Les deux grandes exhortations sont : « Craignons donc » afin que nous ne méprisions pas la promesse de repos (v. 1) et « appliquons-nous donc » sur le chemin menant au repos (v. 11).

Les ressources de Dieu pour nous garder pendant la traversée du désert (4, 12-16)

Les derniers versets du chapitre 4 placent devant nous les deux grands moyens par lesquels les croyants sont préservés pendant leur marche dans le désert jusqu’au repos de Dieu. D’abord la Parole de Dieu (v. 12, 13) ; ensuite, le service sacerdotal de Christ (v. 14-16).

v. 12, 13 — Il nous est rappelé que la Parole de Dieu n’est pas une lettre morte ; elle est vivante et agit en pénétrant le cœur de l’homme. Pour celui dont le cœur et le conscience viennent sous son influence, le résultat est double. D’abord, elle discerne les pensées et les intentions du cœur ; puis, elle amène l’homme dans la présence de Dieu à qui nous avons affaire.

La Parole nous découvre les convoitises cachées de « l’âme », de même que les raisonnements et l’incrédulité de « l’esprit ». Elle nous révèle ainsi le vrai caractère de la chair, en sondant les pensées et les intentions secrètes du cœur. Il n’est pas question ici de péchés extérieurs, mais plutôt des motifs cachés et des ressorts du mal. La Parole nous découvre les profondeurs insoupçonnées du cœur, manifestant combien le « moi » est le motif secret de la vie. En outre, étant la Parole de Dieu, elle nous introduit dans la présence de Dieu. C’est Dieu qui me parle, qui met mon cœur à nu dans Sa présence, pour que je confesse là tout ce que la Parole détecte. Pourquoi Israël tomba-t-il dans le désert ? N’est-ce pas parce que la parole prêchée ne leur profita de rien ? S’ils avaient, par la foi, donné à cette Parole sa place dans leurs cœurs, elle les aurait amenés à découvrir et à juger les racines secrètes d’incrédulité qui les empêchèrent d’entrer dans le repos.

Ainsi tout ce qui pourrait nous empêcher de tendre vers le repos de Dieu, tout ce qui nous inciterait à nous installer dans ce monde, est détecté et jugé par la Parole, dans la présence de Dieu, afin que l’âme soit libérée pour poursuivre le pèlerinage, et l’œuvre d’amour, ayant le repos de Dieu devant elle.

v. 14 — De plus, en nous amenant à juger les agissements secrets de notre volonté, la Parole de Dieu nous prépare à profiter du secours et de la sympathie de Christ notre souverain sacrificateur. Nous n’avons pas seulement à lutter contre les racines cachées du mal dans notre cœur, mais nous sommes environnés d’infirmités et confrontés à des tentations. Pour agir contre le mal secret de nos cœurs, nous avons besoin de la Parole ; pour nous aider en présence des infirmités et des tentations, il nous faut une personne vivante. Il nous faut quelqu’un qui nous représente, qui, à tout instant, connaît toutes nos difficultés et nos faiblesses et s’y intéresse, et qui peut sympathiser avec nous parce qu’il a lui-même connu les tentations et les difficultés que nous avons à rencontrer.

Nous avons un tel souverain sacrificateur, « Jésus, le Fils de Dieu » ; Il a été devant nous dans le chemin qui conduit au repos de Dieu. Il a passé par toutes les étapes du chemin ; Il a traversé les cieux ; Il a atteint le repos de Dieu. Dans toutes nos faiblesses, Il peut nous aider pendant la traversée du désert jusqu’à ce que nous nous reposions là où Lui se repose, au-dessus et au-delà de toute épreuve et de toute tentation, là où le labeur a cessé pour toujours.

Ayant un tel souverain sacrificateur, nous sommes exhortés à tenir ferme notre confession. Ce n’est pas simplement tenir ferme la confession que Jésus est notre Seigneur et Sauveur, aussi important et béni que cela soit, mais plutôt la confession que nous sommes participants à l’appel céleste. Notre confession, c’est que, comme participants à l’appel céleste, nous entrerons dans le repos de Dieu. Le danger est qu’en présence de la tentation, en raison de nos infirmités, nous abandonnions cette confession et que nous nous installions dans une routine de service fébrile, ou même dans le monde lui-même.

v. 15 — Nous avons besoin du secours et de la sympathie de notre grand souverain sacrificateur, d’abord à cause de nos infirmités et ensuite à cause des tentations que nous rencontrons. Les infirmités sont les faiblesses qui s’attachent à nous comme étant dans le corps, ce corps qui éprouve divers besoins et qui est sujet aux maladies et aux accidents. L’infirmité n’est pas le péché, bien qu’elle puisse y conduire. La faim est une infirmité ; murmurer à cause de la faim serait un péché. Paul, apprenant la suffisance de la grâce de Christ en présence de ses infirmités, peut même dire : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes infirmités » et encore : « Je prends plaisir dans les infirmités » (2 Cor. 12, 9, 10). Il ne serait pas glorifié dans des péchés, ni n’aurait pris plaisir à pécher.

Quant aux tentations, souvenons-nous que le croyant est soumis à deux formes de tentations, celles qui viennent des épreuves extérieures et celles qui viennent du péché intérieur. Ces deux formes de tentations sont placées devant nous par Jacques. Il dit d’abord : « Estimez-le comme une parfaite joie, mes frères, quand vous serez en butte à diverses tentations ». Il y a différentes tentations extérieures par lesquelles l’Ennemi cherche à nous détourner de l’appel céleste et à nous empêcher de tendre vers le repos de Dieu. Puis Jacques parle d’une tentation de caractère très différent, quand il dit : « mais chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise ». C’est la tentation du péché de l’intérieur (Jacq. 1, 2, 14).

Dans ce passage des Hébreux, c’est la première forme de tentation qui nous est présentée — la tentation de se détourner du sentier de l’obéissance à la Parole de Dieu, qui mène au repos de Dieu. En outre, le diable cherchera à se servir des infirmités du corps pour nous tenter et nous détourner, exactement comme il a cherché à se servir de la faim pour détourner le Seigneur du chemin de l’obéissance à Dieu. Dans cette forme de tentation, nous avons la sympathie du Seigneur, car Lui-même a été tenté « en toutes choses comme nous », mais il est ajouté « à part le péché ». Il n’a rien connu de la seconde forme de tentation.

v. 16 — Nous avons une ressource en présence de ces infirmités et de ces tentations. Quelles que soient les difficultés que nous ayons à rencontrer, quelle que soit l’intensité de nos épreuves et de nos tentations, quoi qu’il puisse arriver, la grâce est là pour nous aider à faire face à l’épreuve. Nous avons accès au trône de la grâce. Nous sommes ainsi exhortés à nous en approcher, c’est-à-dire à nous approcher de Dieu Lui-même. Il ne nous est pas dit de nous approcher du souverain sacrificateur, mais de Dieu, et nous pouvons le faire avec hardiesse, car le souverain sacrificateur nous représente au trône de la grâce. Si nous nous approchons, nous trouvons miséricorde ; non pas parce que nous sommes tombés, mais pour que, dans l’épreuve, nous ne tombions pas. Le moment opportun n’est pas ici le moment de la chute, mais le moment où nous sommes soumis à des épreuve et à des tentations qui pourraient entraîner la chute.