Études Scripturaires:Pécher et ne pas pécher

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P. Nippel

« Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est point en nous »
« Quiconque a été engendré de Dieu ne pratique point de péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui et il ne peut pécher parce qu’il a été engendré de Dieu »

La nécessité de justice pour pouvoir subsister devant Dieu est une pensée toute naturelle, que même les païens expriment assez clairement dans leurs sacrifices cruels, mais que Satan a détournée en mal. Comme toujours il a travaillé à faire confondre le Créateur avec la créature, à changer la vérité de Dieu en fausseté. Ce qu’il a fait chez les païens, il le répète sous une forme plus subtile chez les chrétiens et il a, hélas ! trop souvent réussi. Combien de fois ne rencontre-t-on pas des personnes qui, tout en professant de croire en Christ, n’ont pas l’assurance que la justice leur est imputée ; qui, au lieu de s’attendre à Dieu, s’attendent à elles-mêmes, en confondant l’œuvre de Dieu avec l’ouvrage de leurs propres mains ! Pour vivre heureux dans la présence de Dieu, il ne suffit pas d’avoir la justice de l’homme, il faut la justice de Dieu, justice qui est le résultat du travail substitutif de Jésus, car Il a été fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui.

Si l’on se contente de ce que l’homme peut faire, on se contente de très peu de choses ou plutôt de rien du tout, car tout ce que l’homme fait est entaché de péché et par cela même porte l’empreinte du néant. On a beau pendre des fruits à un sapin, jamais on n’en fera un arbre fruitier ; l’homme peut se parer autant qu’il est possible, il n’en reste pas moins l’homme, qui n’a jamais porté des fruits, qui, même béni et soigné de Dieu (cf. Matt. 21, 33-41), finit par rejeter Celui qui vient chercher des fruits. Cette impossibilité de produire des fruits valables devant Dieu provient de la mort qui règne dans les membres de l’homme ; or comment pourrait-on demander des fruits à un arbre mort ? Si l’on en veut, il faut d’abord chercher la vie et c’est cette vie, dont l’Esprit de Dieu nous parle dans l’épître de Jean, cette vie qui est en Jésus et qui se communique du cep (Jésus) aux sarments (Jean 15). Il est impossible que les branches ne portent pas de fruit, si elles demeurent attachées à l’arbre, qui a une source intarissable de vie, comme aussi il est impossible qu’elles en portent, si elles en sont séparées.

La première épître de Jean nous présente la nature de Dieu dans un chrétien par le moyen de l’amour de Dieu, manifesté en Jésus et répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous a été donné. C’est le Saint Esprit qui vivifie, entretient la vie, et qui fait porter des fruits à la gloire et à la louange de Dieu. Remarquons-le bien, tout est envisagé dans sa réalité devant Dieu et non comme nous l’entendons. C’est précisément pourquoi bien des âmes se trouvent embarrassées en lisant cette épître, car l’homme est toujours prêt à juger les choses selon ses propres pensées, au lieu de se soumettre au jugement de Dieu et de s’y arrêter. Christ a tout fait, à Lui seul appartient l’honneur d’avoir glorifié le Père, en toute chose ; voilà le premier principe, qu’on ne doit pas perdre de vue, pour comprendre ce que Dieu nous fait dire dans Sa Parole. Christ nous a apporté la vie, non pour nous la montrer seulement, mais comme étant la vie elle-même et se présentant à la foi comme un don de la grâce, de sorte que celui qui possède Jésus, possède la vie éternelle, car il possède Dieu ; il est en communion directe avec le Père et avec le Fils. Sans doute, c’est la foi seule qui nous met en possession d’un bien si précieux ; la foi qui scelle la vérité du témoignage de Dieu en Jésus. « Or voici le témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n’a point le Fils de Dieu, n’a point la vie. Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, afin que vous sachiez, que vous avez la vie éternelle, et afin que vous croyiez au nom du Fils de Dieu ». Quelle assurance, quelle certitude ! Il n’y a point de doute, la vie est en Jésus ! Vous qui ne le croyez pas encore, croyez-le et vous aurez la vie, et vous qui le croyez, vous avez la vie éternelle.

Tout ce qui était dès le commencement, tous les conseils de Dieu se sont manifestés comme réalisés dans la personne de Jésus, de sorte que quiconque veut connaître Celui qui est dès le commencement et désire être père, n’a qu’à chercher la connaissance de Jésus. — Dieu a travaillé en tout temps à mettre les hommes en communion avec Lui-même, afin qu’ils affectionnent ce que Son cœur affectionne et Jésus est le moyen parfait et infaillible, par lequel nous entrons dans cette précieuse communion avec Dieu (cf. 1 Cor. 1, 9) ; en conséquence, il importe avant tout d’avoir Jésus, car sans Lui nous ne pouvons rien faire. Jésus est la lumière, de sorte que, si quelqu’un veut voir clair, s’il veut pouvoir distinguer entre le bien et le mal selon les pensées de Dieu, il n’a qu’à se tenir près de Jésus, car par Lui nous entrons dans la vraie connaissance de ce que Dieu est et en même temps de ce que nous ne sommes pas. Sans Lui nous sommes aveugles et il vaut pourtant la peine de voir clair, ce qui ne sera jamais le cas si nous ne sommes pas dans la lumière et si la lumière n’est pas en nous. En effet il nous est impossible de marcher dans la lumière sans voir clair.

S’agit-il de l’amour ? La Parole nous renvoie encore à Jésus : « À ceci nous avons connu l’amour ; c’est qu’il a exposé sa vie pour nous ». — « En ceci est l’amour, non en ce que nous ayons aimé Dieu, mais en ce qu’Il nous a aimés et qu’Il a envoyé son Fils pour être la propitiation pour nos péchés ». Désirons-nous de demeurer en Dieu et que Dieu demeure en nous ? Nous sommes assurés d’être dans cette position bénie, si nous sommes les témoins du Fils de Dieu (cf. 4, 15) ; tandis que quiconque nie le Fils est déclaré menteur (2, 22) et par cela même livré à Satan qui est le père du mensonge.

En un mot toute la plénitude de Dieu est en Jésus : Dieu n’a-t-il pas déclaré hautement, que Son bon plaisir est en Son Fils bien-aimé ; n’a-t-Il pas dit : « Écoutez-le » ?

Vous me direz : Mais le chrétien ? Si vous entendez sous ce nom l’homme selon la chair, je vous répondrai qu’il est péché, et qu’il sera péché jusqu’à la mort, qui en est la preuve irréfragable : le corps est mort à cause du péché ; la chair affectionnera toujours les choses de la chair et cette affection est la mort ; la chair est inimitié contre Dieu. — Mais faites-y attention, mes chers amis ; qui est-ce qui en juge ainsi ? Est-ce la chair, qui se juge elle-même ? Oh ! ne confondez pas l’action de l’Esprit de Dieu avec l’action de la chair. Celle-ci est jugée du haut en bas ; celui-là est le juge, qui nous fait comprendre ce que nous sommes, et plus nous vivrons selon l’Esprit, plus nous connaîtrons la ruse de la chair. Si nous marchons dans la lumière, nous ne dirons pas que nous sommes sans péché. C’est justement ce que la Parole de Dieu nous présente en 1 Jean 1, 8. Si nous nous contentons de la vertu de l’homme, si nous ne cherchons que la marche de l’homme dans la lumière, nous nous flattons peut-être de l’idée d’être sans péché, mais si nous cherchons la marche de Dieu dans la lumière, ayant compris que nous sommes la sacrificature royale, afin que nous annoncions les vertus de Celui qui nous a appelés des ténèbres à Sa merveilleuse lumière, nous ne dirons certainement pas que nous sommes sans péché, nous nous sentirons plutôt poussés à chercher la réalisation de la résurrection de Jésus et à poursuivre le but pour lequel nous avons été pris par Jésus Christ, non que nous l’ayons déjà atteint, mais nous y tendons.

Il y a trois points de vue, sous lesquels on peut considérer le péché :

1° le péché comme principe régnant dans la chair ;

2° les péchés comme manifestation du péché avant la conversion ;

3° les péchés après la conversion, ou les chutes.

Le péché est une mauvaise herbe, qui porte comme fruits les péchés, et le terrain où se trouve cette mauvaise herbe est le cœur de l’homme, duquel sortent toutes ces mauvaises choses, dont Jésus nous énumère quelques-unes (Matt. 15, 19). L’homme sans Dieu reste dans ce mauvais état, la mauvaise herbe y croît librement, pendant que le cœur d’un homme converti à Dieu est travaillé par la main de Dieu. Celui-ci coupe la mauvaise herbe, Il laboure le terrain, Il travaille le sol, pour y jeter la bonne semence qui porte des fruits à la gloire et à la louange de Dieu. Ce travail, qui est un travail continuel, nous explique aisément pourquoi les enfants de Dieu sont exposés à tant d’épreuves, qui ne sont que des témoignages d’amour de la part du Père envers Ses enfants, pour les détacher du monde et pour attacher leur cœur à Lui. Que nous y soyons toujours attentifs ! Il faut cependant se garder de croire que la chair soit changée, elle reste ce qu’elle est, c’est-à-dire péché. C’est pourquoi elle est jugée en Christ, car Dieu, en ayant envoyé Son propre Fils en ressemblance de chair de péché et pour le péché, a condamné le péché en la chair (Rom. 8, 3). Voilà ce qui est vrai quant au péché, comme principe naturel de la chair. Dieu a fait Celui qui n’a point connu de péché, péché pour nous (2 Cor. 5, 21). Dieu a condamné le péché dans la chair, le vieil homme est crucifié avec Jésus (Rom. 6, 6), de sorte que les membres de Christ ne sont plus sous cet empire funeste qui caractérise l’homme naturel. Non, l’homme de Dieu n’est nullement péché, il est justice de Dieu.

Les péchés ne sont que la manifestation de ce que l’homme est. L’enfant de Dieu comprend facilement que ces actes positifs contre Dieu étaient tout naturels, lorsqu’il n’était qu’un homme du monde. De ces péchés commis avant sa conversion il s’est humilié, il en a honte, mais il n’en est plus angoissé, parce qu’il sait que Christ n’est mort que pour les pécheurs et pour des pécheurs tels que lui. Paul, puissant instrument de la grâce de Dieu, n’a pas peur de se rappeler ce qu’il avait été, parce que cela lui rappelle en même temps, qu’il a obtenu miséricorde et il ajoute, 1 Timothée 1, 15 : « Cette parole est certaine et digne d’être entièrement reçue, que Jésus Christ est venu au monde, pour sauver les pécheurs ». Sa conscience n’est plus chargée de ces péchés, car le sang de Christ l’en a purifiée. Il en est de même pour chaque chrétien, car comment être chrétien, sans avoir le pardon de ses péchés ? C’est ce qui caractérise les petits enfants (1 Jean 2, 12).

Mais si les chrétiens font des chutes, s’ils commettent des péchés après leur conversion ? C’est là une toute autre chose. Il le paraît seulement, car au fond c’est toujours la même chose ; par nature, nous sommes pécheurs, mais Christ nous délivre. Il arrive néanmoins très souvent que les chrétiens, effrayés en découvrant qu’ils pèchent encore, commencent à être troublés dans leur conscience et finissent par douter de leur conversion. Mais qu’est-ce qui nous autorise à croire que l’homme converti ne puisse pas tomber ? Est-ce qu’il y a, dans la Parole de Dieu, un seul cas où l’homme régénéré nous soit présenté comme ne péchant plus ? Ou, quand est-ce que Paul écrivit ces paroles si pleines du sentiment du péché : « Qui me délivrera du corps de cette mort » ? Quand est-ce que Pierre mérita d’être repris de son hypocrisie pour avoir renié la communion avec les frères gentils ? Certes ce fut après leur conversion ! Et nous ne trouvons pourtant nulle part que Pierre ou Paul doutassent de leur conversion. Bien au contraire, Paul ajoute : « Je rends grâce à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ». Voilà ce qui délivre, ce qui relève le chrétien tombé. Si après la conversion nous étions laissés à nous-mêmes, oh ! tout serait aussi vite perdu, que lorsque l’homme s’est chargé de la responsabilité de garder la loi. Mais Christ n’est pas seulement mort pour nous comme sacrifice pour le péché ; Il a aussi vécu, Il est mort aussi à notre place comme un sacrifice de bonne odeur devant Dieu ; Il est ressuscité et, de plus, Il est notre avocat auprès du Père (1 Jean 2, 1). C’est à ce dernier caractère de Jésus que nous devons la pleine certitude d’arriver, à la fin de notre pèlerinage, malgré nos chutes, dans les bras d’un Père qui nous assure de Son amour en Jésus. Celui-ci a une sacrificature perpétuelle ; c’est pourquoi aussi Il peut sauver pour toujours ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux (Héb. 7, 25). « Qui sera celui qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et, qui plus est, qui est ressuscité, qui aussi est à la droite de Dieu et qui même intervient pour nous » (Rom. 8, 34). Notre avocat auprès du Père est Jésus Christ, sans défaut, sans tache, la justice accomplie. Celle-ci n’est jamais ôtée de devant Dieu, ne perd jamais sa valeur ; elle réclame, au contraire, notre salut. Oui, Jésus est notre avocat et peut seul, après une chute, rétablir notre communion avec le Père ; Jésus ne cesse pas de nous laver les pieds. Dans Son adorable amour, et même dans Sa gloire auprès du Père Il nous rend ce service. Oh ! que nous ne soyons pas assez ingrats, pour nous défier de l’efficace de Son intercession ; et si le vieil homme reprend le dessus, si Satan réussit à nous éloigner de Dieu, ne restons pas dans cet éloignement, courons aux pieds de Jésus, tenons-nous là jusqu’à ce qu’Il nous relève ; Il le peut et Il le veut. Christ pourvoit donc à tout, Il nous met en communion avec le Père, et Il nous y maintient. Quel bonheur, quelle joie et quelle assurance !

Bénissons l’amour, qui nous a donné un tel Jésus. Prosternés devant Lui, adorons-Le, portons tout à Ses pieds. C’est à Lui que nous devons tout, c’est Lui qui nous a aimés et qui nous aime, qui nous a lavés de nos péchés dans Son sang et nous a faits rois et sacrificateurs à Dieu, son Père : à Lui soit la gloire et la force aux siècles des siècles ! Oh ! mon âme, n’oublie pas un de Ses bienfaits ! C’est Lui qui te pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes infirmités, qui garantit ta vie de la fosse, qui te couronne de gratuité et de compassion. Amen, oui, amen pour l’éternité !

Maintenant nous comprendrons aussi ce que l’Esprit de Dieu nous dit en 1 Jean 3, 9 : « Quiconque a été engendré de Dieu ne pratique point de péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher, parce qu’il a été engendré de Dieu ». Il est clair qu’il n’est pas question ici de la chair que le chrétien traîne après lui contre sa volonté, mais de ce qui a été engendré de Dieu, savoir de cette nature divine, à laquelle nous participons par l’Esprit de Dieu (cf. 1 Jean 4, 13 ; 2 Pierre 1, 4). C’est l’homme nouveau, produit par la semence incorruptible de la Parole de Dieu, vivante et permanente à jamais ; c’est l’homme né de l’Esprit, né de Dieu, c’est l’enfant de Dieu. Ce qui est né de la chair est chair et la chair ne profite de rien ; ce qui est né de l’Esprit est Esprit et c’est l’Esprit qui vivifie. La définition que la Parole de Dieu nous donne d’un enfant de Dieu, est celle-ci : « Il n’est point né de sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme ; mais il est né de Dieu ». Impossible que le péché y soit, impossible que la corruption touche à ce qui est incorruptible. Non, ce qui est né de Dieu ne peut pas pécher, par la simple raison qu’il est né de Dieu[1].

Cependant, vivre par l’Esprit ou se conduire et marcher par l’Esprit sont deux choses différentes. Ce n’est pas assez de savoir que nous sommes des enfants de lumière, il faut aussi marcher dans cette lumière ; il faut suivre la règle que la Parole de Dieu nous trace sans la rabaisser dans la moindre chose, et cette règle, c’est de vivre comme Jésus Christ Lui-même a vécu. Il n’est pas dit que nous puisions faire ce que Jésus a fait ; non, la chair ne le permet pas ; nous le ferons plus tard, lorsque, semblables à Lui, nous serons réunis auprès de Lui pour chanter l’éternel alléluia ; — mais il nous faut toujours manifester quelque chose de Jésus sur cette terre, où personne ne peut Le glorifier que les siens. Quelque faibles que nous soyons, Il nous soutient et reste avec nous jusqu’à la fin. Dieu est lumière, vivons en communion avec Lui, marchons dans la lumière et nous connaîtrons toujours plus que nous sommes sans péché par la grâce en Jésus, mais que nous avons besoin de la miséricorde pour arriver au bout. Ne nous arrêtons pas sur le chemin comme le vieux prophète ; c’est le commencement de la chute ; allons en avant et soyons persuadés que personne ne nous ravira de la main de Jésus et de celle de son Père.

Jésus s’est donné à nous tel qu’Il est, donnons-nous à Lui tels que nous sommes ; or nous savons que lorsqu’Il apparaîtra nous Lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’Il est. Amen !



  1. Ne pourrait-on pas dire aussi que, dans cette précieuse épître, il s’agit, dans un sens abstrait et général, des traits de la famille de Dieu, du développement de la nature divine dans les enfants de Dieu, en contraste avec la mauvaise nature ? (Éditeur)