Messager Évangélique:Extrait d’une lettre (octobre 1862)

De mipe
Révision datée du 16 décembre 2017 à 11:18 par Éditeur (discussion | contributions) (Article du Messager Évangélique)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Les principes de Hébreux 13, 17, et je peux ajouter ceux de 1 Thessaloniciens 5, 12, 13 ; 1 Corinthiens 16, 15, 16, sont plus importants de nos jours que jamais, parce que l’autorité régulière, établie par l’apôtre et munie de sa sanction, n’existe plus. Il n’y a qu’une chose qui en modifie l’application, c’est que les soins, dont il est question dans ces versets, sont si développés en général dans la pratique, qu’ils n’ont pas la même prise sur la conscience ; et d’un autre côté Dieu permet la jalousie du clergé, qui est, hélas ! le malheur de l’Église, la grande barrière au progrès des âmes. Il s’oppose à un progrès nécessaire aux âmes, à leur délivrance des influences de ce présent siècle, et des principes qui entraînent l’Église extérieure à la perdition qui s’accomplira aux derniers jours. En quelque cas que ce soit, examinez l’effet d’une position cléricale, et vous trouverez les âmes rabougries, presque point de développement spirituel, ni d’intelligence des voies de Dieu.

Je crois que quant à l’état moral des individus, on trouve, en bien des cas, le mépris de l’influence que Dieu donne au service rendu à Son Église par la puissance de l’Esprit. Mais aussitôt qu’on place cette influence entre l’action de la conscience et Dieu, le principe clérical est établi et la déchéance morale de la conscience commence. La relation de la conscience individuelle avec Dieu est le grand principe vrai du protestantisme, bien enseveli en ce qui lui est arrivé, sans doute.

Ce n’est pas le droit de juger pour soi-même, ainsi qu’on le dit, mais la relation directe de la conscience avec Dieu. Il faut obéir à Dieu plutôt qu’à l’homme.

L’homme n’a pas le droit de juger, mais il n’a pas le droit d’intervenir entre Dieu et l’homme, de manière à intercepter l’action directe de Dieu sur la conscience. L’interprétation ordinaire de ce principe est la racine du rationalisme ; la dénégation de ce principe dans son vrai sens est le papisme. Des rapports directs entre Dieu et l’âme garantissent le chrétien de chacun de ces égarements. Lorsqu’il n’y a que l’homme, il ne peut y avoir que l’une des deux choses : il n’y a que l’une ou l’autre parce qu’il n’y a que l’homme. Si Dieu entre en scène, il ne peut y avoir ni l’une, ni l’autre, parce qu’Il est là. Mais pour qu’il en soit ainsi en pratique, il faut qu’on se tienne devant Lui. Quand la conscience est devant Dieu, on est individuellement humble, et on reconnaît Dieu dans les autres par là même. Quand la volonté agit, on rejette Dieu en soi et chez les autres, et c’est là ce qui est mauvais, et c’est ce que l’apôtre a en vue dans ses exhortations. Quand cette influence s’exerce, elle est d’un grand prix ; elle est douce comme la relation d’une nourrice avec un enfant, comme le dit Paul, d’autant plus que la puissance spirituelle, agissant dans le dévouement personnel, n’est guère manifestée comme dans les cas indiqués par l’apôtre. Aussi elle suppose une personne manifestée à Dieu, et par conséquent manifestée aux consciences de ceux au milieu desquels elle agit. Je n’ai pas remarqué, que lorsqu’il y a un homme qui agit, et que son action découle de beaucoup de communion avec Dieu, cette influence et cette autorité morale ne soient pas reconnues aussi. Elle n’est pas poussée dans ce cas-là au-delà de ce qu’elle a de Dieu, de sorte qu’elle se légitime sans être sentie dans les cœurs, sauf qu’il y a des cas où les choses vont mal, et où elle est mise à l’épreuve. En pareil cas elle doit se tenir devant Dieu et agir pour Lui ; elle doit être au service de Christ, et laisser le résultat à Lui seul. Il tiendra toujours la haute main, et en définitive, si la patience a son œuvre parfaite, la sagesse et la justesse du jugement de la personne qui a agi se fera jour ; son autorité n’en sera que beaucoup augmentée sans qu’elle l’ait cherché, et quand en apparence elle l’a perdue peut-être tout entière ; mais il faut savoir agir avec Dieu pour cela. Je parle de ce qui arrive et des principes qui se rattachent à cette question. Je trouve que, dans ces temps-ci, le principe en soi de ces passages les rend d’un grand prix, parce que c’est un genre d’autorité qu’aucun état de l’Église n’affaiblit. Toute autre autorité serait perdue, celle-ci n’en brille que davantage. Elle s’exerce par l’action directe de l’Esprit de Dieu en service. Au reste, celui qui cherche cette autorité ne l’aura pas, tandis que celui qui, de cœur et par l’amour du Christ, agissant en Lui, se fait serviteur de tous, comme Christ l’a été, l’aura. C’est ce que Christ est essentiellement en grâce, c’est ce que l’amour est toujours.

Il y a un autre genre d’autorité. Christ élevé en haut peut établir des apôtres pour le représenter officiellement, et ceux-ci d’autres pour exercer une autorité subordonnée, chacun dans sa sphère. Cela a eu lieu. Dans ces passages l’apôtre parle d’un autre genre d’autorité. Il ne parle pas de celle qui représente Christ élevé sur le trône, réglant l’ordre officiel de Sa maison, mais Christ serviteur en amour. Que ce soit ma portion !

Or dans l’état actuel de ruine et de dispersion de l’Église, cette dernière autorité, qui s’augmente par le service dans l’amour, est d’un grand prix ; mais il est évident qu’elle s’exerce dans des conditions de service dévoué, d’humilité, et d’une proximité de Christ telle qu’elle exclut toutes les autres influences et nous fait agir de Sa part. Quant à la mesure de la confiance, il s’agit, comme en tout autre cas, de spiritualité. La chair se confie par paresse dans la chair. L’âme n’est point alors devant Dieu. Marchant selon l’Esprit, je suis devant Dieu, et j’ai la conscience qu’il y a plus de spiritualité, plus de l’action de Dieu ailleurs et je les reconnais. Cela n’étouffe jamais la spiritualité et ne peut l’étouffer, car c’est le même Esprit qui produit les deux choses, mais Il élève sa capacité spirituelle, quant au fait qui se réalise, à la hauteur de celle de celui qui en a davantage. Un degré inférieur d’intelligence et d’affection spirituelles peut discerner ce qui est plus excellent, et l’accepter là où la volonté n’agit pas, quoiqu’il n’eût pas pu faire la découverte de la marche proposée, par une spiritualité plus grande et un amour plus grand, comme je l’ai dit dans le temps. Les rouliers savent qu’une route est bonne et bien tracée, mais il n’y a que les ingénieurs qui aient pu la tracer et la faire. Or la présence de Dieu dans l’Église vient en aide, lorsque la difficulté ne se vide pas sans cela. Dieu y est pour accomplir l’œuvre. Si l’assemblée est trop peu spirituelle, si la volonté agit avec une si grande force, qu’on ne puisse suivre ce que l’on sent, par l’intelligence divine, être la volonté de Dieu, on n’a qu’à remettre la chose à Dieu, et attendre qu’Il manifeste Sa volonté, ou qu’Il se manifeste pour mettre les autres dans la bonne voie.

Je ne parle pas de ce qui exige une séparation absolue, lorsque l’assemblée accepte positivement un mal que l’Esprit de Dieu ne saurait souffrir. Dieu fera valoir Ses droits en faveur de ce qu’Il a donné. Il faut s’en remettre à Lui pour cela. Je crois que la confiance d’une âme simple et sa soumission, par conscience, non pas à l’homme comme homme, mais à la manifestation de Dieu dans l’homme, est une des choses les plus douces et les plus utiles possibles. La différence entre l’influence du vrai ministère et celle du clergé qui en a emprunté le nom, est aussi simple que possible. Le ministère présente Dieu à l’âme, et la place dans Sa présence. Il désire le faire, il cherche à le faire, et s’efface lui-même en le faisant.

Le clergé se place entre Dieu et l’âme, et cherche à tenir sa place à l’égard de l’âme. L’âme spirituelle discerne clairement sa place. Elle trouve Dieu dans l’un des cas. Dans l’autre elle Le voit méprisé et renvoyé à distance, pour que l’influence individuelle usurpe Sa place.