Livre:La sympathie chrétienne/Lettre 37
- Ma chère amie,
Je serais vraiment peinée si vous pouviez croire que je n’ai pas été de tout mon cœur avec vous dans votre dernière épreuve, la plus douloureuse de toutes celles que vous ayez connues. J’ai prié Dieu pour vous, ce en quoi seulement je pouvais vous être utile, et je ne doute pas que vous n’ayez reçu du fidèle messager quelques gouttes de Son cordial. J’ai confiance qu’à présent, comme précédemment, vous pouvez dire que cela a été bon. Vous avez fait de Sa tendresse une expérience dont vous n’auriez pas voulu être privée. Ce sont les parties les plus favorisées de Son Église sur la terre qui Le glorifient au milieu du feu. Voyez comme Il nous aime ! Combien les promesses nous deviennent précieuses quand c’est dans la fournaise que nous en apprenons la réalité ! Que de peine Il se donne pour votre éducation ! De quel éclat Il veut vous faire briller ! J’ai bien des remerciements à vous faire pour la peine que vous avez prise en m’écrivant une lettre pleine d’instruction et d’intérêt. J’ai considéré attentivement votre nouvelle épreuve, et j’y ai vu la main du Seigneur. Oh ! ne nous est-il pas bon que la coupe des consolations ne soit pas entre nos mains ? Il y en a un qui la tient pour vous ; et quoiqu’Il la mixtionne de maladies et d’épreuves, les gouttes de la fontaine de l’éternel amour l’adoucissent toujours. Elle a été douce en effet pour vous, et j’espère vous l’entendre confirmer de bouche dans peu de jours, si le Seigneur nous ramène heureusement. Notre Dieu « fait bien toutes choses ». Nous ne pouvons ni le voir, ni le sentir de nos sens, mais notre foi le verra et le sentira. « Si vous endurez la correction, Dieu se présente à vous comme à des enfants ». M. Howels dit qu’on ne peut vraiment connaître le cœur d’un père que lorsqu’on le voit pleurer en prenant la verge. Dieu sait où Il doit frapper et quels sont les coups que le cœur sentira. Quelquefois la verge dont Il nous frappe nous paraît légère, tandis qu’elle serait pour d’autres comme un fouet de scorpions. Il sait aussi quand Il doit frapper ; Il choisit la meilleure occasion pour que la correction ait tout son effet. Souvent Il nous arrête au bord du précipice pour nous montrer dans quel abîme Il aurait pu précipiter nos cœurs et les briser en pièces, et c’est souvent pendant que nous nous plaignons de quelque circonstance que Sa providence a dispensée. Il nous montre alors ce qu’Il peut faire pour humilier et châtier au moment où cela est nécessaire. Il ne peut se méprendre relativement au sujet, à la manière, au temps ou au lieu de la correction ; tout est décidé par Sa sagesse infinie. Oh ! « Il fait bien toutes choses ». Un amour infini préside à tout cet ensemble, où il n’y a qu’amour, compassion, vigilance, tendresse, sollicitude, sympathie et sagesse ; la tête, l’œil et le cœur d’un père y sont tout entiers à l’œuvre. Nul autre que le père ne peut dire quels sont les sentiments d’un père, quand il châtie, non point pour satisfaire à sa passion, mais uniquement pour le bien de l’enfant qu’il aime. Et qui pourrait dire la délicatesse, l’élévation et la perfection des sentiments paternels qui remplissent le cœur de Celui « qui a tellement aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique » ? Et s’Il n’a point épargné Son propre Fils, mais L’a livré pour nous tous, comment avec Lui ne nous donnera-t-Il pas aussi toutes choses ? Qu’il doit être insondable l’amour de Dieu pour des vermisseaux misérables et indignes, puisqu’en frappant Jésus Il a (si l’on ose ainsi parler) sacrifié Ses sentiments paternels au salut du peuple qu’Il voulait délivrer de la mort ! Oh ! nous qui savons combien la verge nous est nécessaire, pourrions-nous négliger encore la correction du Seigneur, ou nous laisser abattre lorsqu’Il nous reprend ! Qu’au moins la foi la reçoive comme une chose douce, si elle est amère pour les sens ! Dans l’attente du moment où j’aurai le plaisir de vous voir, je vous prie de croire à la sincère affection de votre amie en Christ
T.A. Powerscourt