Traité:Caïn, son monde, son culte

De mipe
Révision datée du 15 juillet 2019 à 19:34 par Éditeur (discussion | contributions) (Traité)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

(Genèse 4)J.N. Darby

Ce chapitre est l’histoire terrible qui manifeste l’état désespéré de l’homme. Dans Sa Parole, Dieu nous retrace cette histoire — je dis histoire parce que nous avons le récit des péchés de l’homme et de ses manquements depuis le commencement — mais, ensuite, la grâce bénie de Dieu est mise en évidence, nous parlant de Christ.

Non seulement le cœur de l’homme est mauvais, cela est évident, mais encore il se montre méchant en présence de tout ce qui pourrait le garder du mal. Dieu nous a donné l’histoire des voies de l’homme et de ses rapports avec Lui — non simplement certains dogmes — afin que nous puissions constater ceci : Quelle que soit la manière dont Dieu s’occupe de l’homme, le mal ressort toujours du cœur humain et il poursuit son cours en dépit de tout.

Ayant péché contre Dieu, l’homme est chassé du paradis (Gen. 3). Après cela est manifestée la méchanceté atroce de l’homme envers son frère : Caïn, le premier-né d’Adam, tue Abel (Gen. 4). Ensuite vient le déluge, détruisant toute une génération de méchants (Gen. 7). La miséricorde fut accordée à Noé et à sa maison (ils furent sauvés du jugement) et, immédiatement après, nous trouvons Noé ivre dans sa tente et Cham, son fils, se moquant de lui et le déshonorant (Gen. 9). Dieu parle à Israël, à Sinaï, prononçant d’une voix de tonnerre Ses justes revendications sur l’homme ; cependant, quelque terrible qu’ait été la présence de Dieu (Moïse lui-même était épouvanté et tout tremblant), avant que Moïse soit descendu de la montagne, le peuple avait fait le veau d’or et brisé le premier lien qui le rattachait au service de l’Éternel (Ex. 32).

Dans le ministère du Seigneur Jésus Christ, nous voyons Dieu visitant les Juifs et s’occupant, en grâce, des pécheurs, dans la personne de Son Fils qu’ils tuèrent et pendirent au bois (Act. 5, 30). L’histoire d’Israël, dans les circonstances les plus favorables à l’homme, est tout au long une scène de violence et de mal, de sorte qu’Étienne, un témoin après le rejet de Christ et la descente du Saint Esprit, dit : « Vous résistez toujours l’Esprit Saint, comme vous pères, vous aussi » (Act. 7, 51).

Malgré toutes les attentions de Dieu envers l’homme — Sa voix et Ses jugements — l’homme est si désespérément mauvais que, plus il est cultivé et amené près de Dieu, plus le péché et la méchanceté de son cœur opèrent en dépit de tout et même en vue des jugements de Dieu. Dans le jardin d’Éden, le péché exprime la méchanceté de l’homme contre Dieu ; le péché de Caïn est le péché contre le prochain (Luc 10, 26-27). Il est évident que les deux sont des péchés contre Dieu, mais chez Caïn il y a quelque chose de plus, c’est le péché manifesté contre le prochain. En réalité, l’homme est un pécheur chassé du paradis, éloigné de la présence de Dieu ; il doit avoir conscience de cet éloignement et se rendre compte qu’il ne peut retourner à Dieu que par Son Fils. Nous ne sommes pas dans le paradis, nous en avons été chassés ; nous sommes dans un monde qui est sous le jugement, en face de la mort. Adam venait d’être chassé du paradis et Caïn aurait dû avoir le souvenir d’un temps où l’homme pouvait entendre la voix de Dieu, sans crainte, dans le jardin, parce qu’il n’avait pas une mauvaise conscience, un temps où il n’avait aucune peine. Saints ou pécheurs à nos propres yeux, nous avons été chassés d’Éden, nous sommes dans le désert, entièrement exclus de la présence de Dieu. Nous devons avoir le sentiment d’être dehors et la conviction de notre misérable condition. Hélas ! nous avons perdu tout souvenir du lieu dans lequel nous étions autrefois et nous sommes devenus familiers avec la ruine et la désolation résultant du péché. Cependant, nous ne pouvons pas nier cette vérité. Nous pouvons essayer d’organiser le monde, mais nous devons tous sentir que quelque chose est intervenu qui a introduit la mort et le jugement. Le bonheur ne peut pas être associé au péché, pas plus que le péché ne peut être associé à Dieu. Bien que l’homme cherche à s’élever au-dessus de ses péchés et à s’illusionner avec le mensonge de Satan, il doit, tôt ou tard, sombrer sous la puissance du péché et de la mort. Il ne dépense son énergie que pour se faire un monde agréable sans Dieu, vivre lui-même riche et dans le confort, pour mourir laissant tout. Il ne peut garder le monde ; il peut se construire une ville, comme fit Caïn, et l’appeler de son propre nom (Caïn l’appela du nom de son fils), mais il en sera de lui comme le dit David : « Leur pensée intérieure est que leurs maisons durent à toujours, et leurs demeures de génération en génération ; ils appellent les terres de leur propre nom. Pourtant, l’homme qui est en honneur ne dure pas ; il est semblable aux bêtes qui périssent. Ce chemin qu’ils tiennent est leur folie ; mais ceux qui viennent après eux prennent plaisir aux propos de leur bouche. Sélah. Ils gisent dans le shéol comme des brebis : la mort se repaît d’eux » (Ps. 49, 11-14).

Caïn ne pouvait supporter le sentiment de la colère de Dieu qui pesait sur lui. Sorti de la présence de l’Éternel, il devint si grand sur la terre qu’il pût bâtir une ville. L’homme n’aime pas à se trouver dans sa vraie condition. Caïn, qui ne désirait pas être « errant et vagabond », essaie de construire une ville, s’efforçant de rendre le monde aussi agréable qu’il pouvait le faire sans Dieu. On peut dire : Quel mal y a-t-il à construire une ville ? En premier lieu, il n’y en aurait jamais eu besoin dans le paradis. Ensuite, c’est une preuve d’insensibilité quant au péché contre Dieu ; cela montre un tranquille contentement sous l’effet d’une punition ; punition que Caïn avait d’abord sentie trop grande pour en porter le poids ; c’était envers Dieu la dernière expression d’une complète aliénation de cœur et d’affection.

Conduit hors de la présence de Dieu, il cherche à s’établir. Il recherche pour lui une habitation, non avec Dieu dans le ciel, mais sur la terre que Dieu a maudite. Il se fait le maître d’une ville alors que Dieu avait fait de lui un vagabond.

Et remarquez plus loin la faculté qu’a l’homme de se rendre heureux dans son éloignement de Dieu. Parmi les familles de Caïn nous ne trouvons pas seulement le « père de ceux qui habitent sous des tentes et ont du bétail » (v. 20), mais le « père de tous ceux qui manient la harpe et la flûte » (v. 21) et le maître de tous ceux qui travaillent l’airain et le fer (v. 22). Il n’y a rien de mauvais à travailler l’airain et le fer, rien de mauvais dans les doux accords (il est parlé, en Apocalypse, de harpes dans le ciel) ; mais ce que Caïn faisait c’était d’organiser un monde agréable sans Dieu.

Tels sont les efforts de l’homme qui s’établit dans un monde où le jugement l’a placé et qui essaie de se rendre heureux lui-même et de rendre le monde aussi plaisant qu’il peut le faire sans Dieu, jusqu’à ce que la mort et le jugement le surprennent. Si je voyais un homme qui a commis quelque crime contre son père jouer le jour suivant sur des instruments de musique, dirais-je qu’il n’y a aucun mal à faire ainsi ?

Tel était le monde de Caïn. En est-il ainsi de votre monde ? Y a-t-il une différence entre votre âme et celle de Caïn ? Le monde est-il meilleur parce que le Fils de Dieu y a été crucifié ? Cet acte de la part de l’homme le rend-il acceptable pour Dieu ? (puisque cela est arrivé après les jours de Caïn), où est la différence ? Les hommes ont leurs harpes et leurs flûtes, vous avez aussi les vôtres. Ils ont leurs outils d’airain et de fer, vous les avez aussi. C’était alors le monde de Caïn, loin de Dieu, et c’est encore le monde de Caïn. Le même arbre produit les mêmes fruits. L’homme s’occupe de ce monde lui-même et pour lui-même, s’efforçant de maintenir Dieu hors de vue, afin d’agir autant que possible sans Lui, de peur qu’Il gagne sa conscience et le rende malheureux.

Pouvez-vous trouver une différence entre le monde de Caïn sans Dieu et le vôtre sans Dieu ?

Vous pouvez objecter que vous n’êtes pas sans Dieu, que vous portez le nom de Christ, vous êtes chrétiens et avez une religion. Caïn aussi avait une religion. Il était un homme religieux, autant qu’Abel. Mais il n’avait pas d’amour pour Dieu, il n’avait pas de foi. Il était un homme religieux, mais non pieux.

Dans un tel tableau, que penser de la position de Caïn comme adorateur, et surtout adorateur du vrai Dieu ? Nous lisons : « Et Abel paissait le menu bétail, et Caïn labourait la terre. Et il arriva, au bout de quelque temps, que Caïn apporta, du fruit du sol, une offrande à l’Éternel » (v. 2, 3). Il n’est fait aucune mention de faux dieux avant le déluge. Caïn était un adorateur du Dieu vivant et vrai. Peu après le déluge, il y eut des idolâtres, et Dieu appela un peuple séparé comme témoin de Son caractère pour faire valoir Son nom et Sa grâce. Il n’est pas fait mention de faux dieux avant Josué 24 : « Vos pères… ont servi d’autres dieux », un crime nouveau, un nouveau piège de l’ennemi qui réclament de nouvelles mesures de la part de Dieu. Satan est intervenu et s’est glissé entre l’homme et Dieu, se faisant adorer sous le nom des dieux. L’appel d’Abram fut l’appel et le témoignage du « Dieu Tout-puissant ».

Caïn adorait le vrai Dieu, il prit de la peine, il offrit ce qu’il avait gagné à la sueur de son front. Il était cultivateur et « apporta du fruit du sol, une offrande à l’Éternel ». Il n’offrit pas ce qui ne lui coûtait rien (2 Sam. 24, 24). Non, son offrande lui coûtait plus que celle d’Abel, c’était le fruit de son travail, de son labeur ; vous avez fait de même. Ceci caractérise le faux culte. Caïn prétend être religieux ; et, dans cette voie, vous avancez avec le caractère dont Dieu a marqué Caïn.

Je ne vous accuse pas d’être hypocrites, je ne dis pas que Caïn ne fut pas sincère. Il n’y a aucun doute au sujet de sa sincérité, mais sa sincérité ne rend qu’évidente l’aveugle dureté de son cœur. La sincérité humaine ne signifie rien, elle n’est souvent que la plus grande preuve des ténèbres désespérantes dans lesquelles l’homme se trouve.

Ils étaient sincères, ceux de qui Christ disait : « Quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu ». Saul de Tarse était sincère quand il pensait « qu’il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus le Nazaréen ». Il consultait les souverains sacrificateurs et les anciens, les autorités religieuses du jour. Il était zélé pour sa religion, mais complètement aveuglé sur ce qui touchait à Dieu et aux choses de Christ, il pensait rendre service à Dieu en combattant contre Ses saints et en les tuant. Dans sa sincérité, Caïn apportait à l’Éternel le fruit de son travail. Il vint à Dieu comme un adorateur offrant honnêtement ce qu’il apportait, mais c’était la preuve de l’ignorance de son état de pécheur. Que peut donc espérer l’homme ? direz-vous. Il n’a rien à espérer. Ne fut-il pas chassé du paradis à cause du péché ? Sur quel fondement peut-il donc, en tant que pécheur, espérer gagner le ciel ? Sur quoi se basait Caïn pour espérer que Dieu l’accepterait lui-même ou agréerait son offrande ? Puisque Dieu a chassé l’homme du paradis à cause du péché, ce dernier peut-il espérer, par les œuvres de ses mains, pouvoir revenir dans la présence de Dieu ? Vous pouvez dire : Ce ne sont pas les œuvres de ses mains, mais les fruits de la création de Dieu. Mais que penseriez-vous de l’homme qui espérerait gagner le ciel en offrant son blé et son vin à Dieu, supposant, comme Simon le magicien (Act. 8), que le don de Dieu peut être acheté ? Ce fait montre que la conscience de Caïn était aussi dure qu’une pierre de meule, insensible à la condition dans laquelle il était, autant qu’il était ignorant du caractère de Dieu. Le culte même de Caïn prouvait combien son cœur était indifférent au jugement de Dieu contre le péché et aux conditions qui en résultaient, conditions dont il expérimentait maintenant les effets et les conséquences.

Pourquoi l’homme est-il obligé de travailler à la sueur de son front ? Le travail même vous rappelle le fait de la malédiction. L’homme a été chassé d’Éden parce qu’il a péché. En Caïn nous voyons la complète insouciance du jugement de Dieu. Il avait oublié la nature et l’existence de l’homme parfaitement heureux que Dieu avait placé au commencement, dans le jardin, pour le garder et jouir de ses fruits (fruits mis dans sa main sans peine ni labeur). Il supposait que par son travail, juste conséquence du péché, il pouvait produire quelque chose que Dieu accepterait. Quelle déconcertante indifférence devant le jugement de Dieu !

Le culte que rendait Caïn fut sa plus mauvaise action ; c’était en réalité nier qu’il avait péché. Quel aveuglement quant à son état ! Quelle dureté de conscience de supposer qu’il pouvait entrer dans la présence de Dieu avec ses péchés comme si rien ne s’était passé ! Quelle pitoyable prétention de croire que parce qu’il était laboureur, travailler la terre suffisait ! Dieu a maudit la terre et Caïn, pécheur souillé et chassé du paradis, apporte « du fruit du sol » que Dieu a maudit, « une offrande à l’Éternel », c’est-à-dire qu’il amène en présence de Dieu la preuve et le sceau du péché qui l’avait chassé de devant Dieu. Comment un homme peut-il aller dimanche après dimanche pour adorer Dieu, comme il le dit ? Pourquoi cet effort ? Pour faire la paix avec Dieu ? Dieu est le Dieu de paix. Il prêche la paix, une paix faite par le sang de la croix. Cependant l’homme cherche à apporter quelque chose dans la présence de Dieu, comme un devoir, pour faire la paix, sans s’inquiéter des moyens de paix que Dieu accorde.

Caïn fut un adorateur de Dieu, mais il n’y avait en lui aucune foi pour reconnaître sa propre ruine et son péché, aucune foi pour comprendre le jugement de Dieu contre le péché ; il n’avait aucun moyen d’être accepté dans la présence de Dieu tel qu’il était, aucun titre pour être un adorateur. Il n’avait pas la moindre parcelle de foi pour sentir sa propre condition d’homme chassé du paradis et éloigné de Dieu ; or, le sang (la mort) était nécessaire pour qu’il puisse s’approcher de Dieu.

Tel est le culte du monde ; est-ce le vôtre ? Êtes-vous plus près de Dieu ? Dites-moi, chers amis, qu’en sera-t-il si Dieu ne reçoit pas votre offrande ? Supposez que Dieu rejette vos bonnes actions et votre travail pour Lui, car c’est ce qui arriva pour Caïn : « À Caïn et à son offrande il n’eut pas égard » (v. 5), seriez-vous contents ? « Caïn fut très irrité, et son visage fut abattu ». Il en est toujours ainsi. Dès que Dieu place l’homme sur le vrai terrain de sa condition devant Lui, la haine du cœur naturel éclate contre Dieu. Caïn fut très irrité, excessivement en colère. Pourquoi ? Parce que son cœur était opposé à la grâce. Il n’avait pas reconnu le premier principe du péché en présence de Dieu.

Et vous, quand la grâce souveraine de l’évangile vient à vous, êtes-vous très irrités ? Quoi ! un homme fait de son mieux, dites-vous, et il n’est pas accepté ! Ainsi pensait Caïn et ainsi pense tout homme naturellement, il pense que Dieu doit l’accepter tout comme lui accepte Dieu, rabaissant Dieu à sa propre mesure de sainteté. Alors, la colère de l’homme éclate et il rejette la justice que Dieu lui offre, il ne veut pas de Son Fils.

Il n’y a pas de principe en Caïn qui ne soit trouvé en vous. Il n’y a aucun mal dans l’airain et le fer, ni dans les sons mélodieux. Mais le mal et le péché consistent en ce que les hommes emploient ces choses pour leur cacher Dieu. Vous pouvez mettre un nom terrible sur ce que vous voyez en Caïn et cependant approuver en vous-mêmes ces mêmes choses. La lumière nous dit ce qui était péché pour Caïn, et l’égoïsme nous fait dire que cette même chose n’est pas péché lorsque nous sommes en cause.

Quelle différence y a-t-il entre vous et Caïn ? Prenez la Bible et voyez si vous pouvez faire quelque différence ? La seule différence consiste en ce que vous avez une connaissance plus développée de « la semence de la femme » (Christ) et qu’ainsi des deux vous êtes le plus coupable.

Ayant péché contre Dieu, abusé de Sa bonté et refusé Son Fils, l’homme se détourne pour se satisfaire lui-même comme si rien n’était arrivé. C’est plus terrible pour un œil spirituel de voir l’insensibilité après que le péché a été commis que de commettre le péché. Le retour d’une âme à Dieu est caractérisé par le réveil de l’être au sentiment de l’horreur de son état.

Il y a un autre trait dans le caractère de Caïn, l’hostilité ouverte à l’égard de ceux qui connaissent le principe divin de la grâce, ceux que Dieu accepte. Voyez ce qui suit : « Et Caïn parla à Abel, son frère ; et il arriva, comme ils étaient aux champs, que Caïn se leva contre Abel, son frère, et le tua » (v. 8). Abel, homme faible, aurait dû avoir la sympathie de Caïn, mais Caïn hait celui en qui Dieu se réjouit.

Il en est de même aujourd’hui. Pourquoi êtes-vous si irrités pour une faute commise par un chrétien alors que vous l’excusez facilement chez un homme du monde ? N’est-ce pas par haine du nom qu’il porte ? Si le fait d’être chrétien doit produire chez un homme de meilleurs fruits, pourquoi ne pas être chrétien vous-mêmes ?

Si vous attendez d’un chrétien mieux que d’un homme du monde, pourquoi ne pas aspirer à être comme lui ? Non seulement vous haïssez le nom de Christ, mais vous êtes coupables de haïr ce que Dieu a établi en Christ, et il y a là le principe qui amena la crucifixion de Christ : le désespérant mépris du péché.

Vous ne pouvez pas nier que le monde a crucifié Christ. Le Fils de Dieu n’est pas maintenant dans le monde. Il y a été, Il y est devenu un homme parmi les hommes : « La Parole devint chair et habita au milieu de nous » (Jean 1, 14), comme notre prochain. L’homme L’a vu et L’a haï et a démontré sa méchanceté en Le tuant. Je vous demande donc : Dieu n’a-t-Il pas pour vous la même question qu’Il eut pour Caïn ? « Où est Abel, ton frère ? » (v. 9). Christ est devenu comme le frère de l’homme (il ne s’agit ici ni du propos, ni du conseil de Dieu) et Dieu ne peut-Il pas demander au monde : Où est Christ ? Or, Caïn répondit : « Je ne sais. Suis-je, moi, le gardien de mon frère ? ».

Le caractère de ce péché est pire que celui d’Adam. C’est l’arrogance et l’insouciance quant au péché. Il n’y a pas seulement le péché contre Dieu qui a placé l’homme loin de Lui, mais il y a le péché qui a conduit à la haine et à la destruction d’un frère béni et parfait dans ses voies. Nier cela montre et prouve l’indifférence de vos cœurs. Jésus a dit : « Si je n’étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché, mais maintenant ils n’ont pas de prétexte pour leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon Père. Si je n’avais pas fait parmi eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient pas eu de péché ; mais maintenant ils ont, et vu et haï et moi et mon Père. Mais c’est afin que fût accomplie la parole qui est écrite dans leur loi : Ils m’ont haï sans cause » (Jean 15, 22-25). La venue du Fils de Dieu dans le monde a montré l’état réel dans lequel le monde se trouve.

Pourquoi Christ fut-Il rejeté par l’homme, sinon parce que l’homme haïssait Dieu ? Ce fut la seule raison pour laquelle Christ fut mis à mort dans ce monde. Les hommes qui haïssaient Dieu Le haïssaient aussi. Ils haïssaient la lumière : « Quiconque fait des choses mauvaises hait la lumière, et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises ; mais celui qui pratique la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, qu’elles sont faites en Dieu » (Jean 3, 20-21). « Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises », et ils ont péché en chassant la lumière hors du monde : Comme Caïn, ils étaient du méchant et ont tué leur frère (1 Jean 3, 12), et le motif est le même ; pourquoi Caïn tua-t-il ? « Parce que ses œuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes ». « Qui d’entre vous me convainc de péché ? » (Jean 8, 46). Pilate même a dit : « Je ne trouve aucun crime en lui » (Jean 18, 38 et 19, 4, 6).

Le monde a péché contre Dieu en crucifiant et en mettant à mort Jésus. Les hommes ont haï Dieu et rejeté Son Fils quand Il fut envoyé ici-bas en amour. Mais il y a encore une autre question. Il s’agit non seulement du meurtre du Seigneur Jésus Christ, mais aussi de la résistance au Saint Esprit, résistance de laquelle le monde doit maintenant répondre. « Vous résistez toujours à l’Esprit Saint ». Le Saint Esprit, présent dans le monde comme témoin de la gloire de Christ, doit convaincre le monde de péché (Jean 16, 8). Il a été envoyé ici-bas parce que Christ a été mis à mort. Ce qui rend Sa présence nécessaire dans le monde est le meurtre de Christ, sans cela Il n’aurait pas eu à venir sur la terre. Il est venu témoigner de la condamnation du monde entier devant Dieu. Il semble dire : Je suis venu parce que vous avez tué votre Abel. Il n’est pas question de péchés particuliers ; vous avez tué le Fils de Dieu, vous êtes pécheurs parce que vous n’avez pas cru en Lui. Alors, chers amis, êtes-vous les compagnons journaliers de ceux qui ont rejeté Christ, de ceux qui L’ont mis à mort ? Êtes-vous de ce monde-là ? Êtes-vous trouvés au milieu de ses plaisirs et de ses profits, de sa religion, de ses convoitises ? Le monde est encore contre Dieu et contre Son Christ. Essayez-vous de vous y complaire sans Dieu ? Ou bien avez-vous pris position avec ceux qui sont « de Dieu », ceux qui ont Dieu avec eux et pour eux, bien que le monde qui gît dans le méchant soit contre eux ? Les efforts qui sont faits pour améliorer le monde ne sont que le signe d’un insensibilité comme celle de Caïn. L’Esprit de Dieu est venu pour nous réveiller, nous rappeler ce qui est arrivé dans le monde et quelle est notre condition comme hommes.

Comment Abel fut-il agréé ? « Et l’Éternel eut égard à Abel et à son offrande » (v. 4). Ce fut par le sang. Il y avait dans son offrande ce témoignage : Je ne puis pas aller à Dieu tel que je suis, je suis chassé du paradis, le péché s’est interposé entre moi et Dieu, et la mort « gage du péché » doit intervenir entre moi et Dieu ; sans cela, je ne puis pas aller à Dieu. Il prit la place d’un pécheur et mit avec foi entre lui et Dieu le sang d’une victime qui avait été égorgée. Il avait reconnu qu’il ne pouvait pas entrer dans la présence de Dieu sans le sang. Il n’aurait pas plus été accepté que Caïn, mais il était un homme de foi et la foi discerne toujours que « sans effusion de sang, il n’y a pas de rémission » (Héb. 9, 22). Ayant mis la mort, une mort infligée judiciairement (en tuant la victime) entre lui et Dieu, il entre alors dans la présence de Dieu comme un adorateur agréé (Héb. 11, 4).

Abel souffrit ainsi que Christ. Ayant reconnu qu’il ne pouvait entrer dans la présence de Dieu que par le sang de l’agneau immolé, il prit sa place et sa part dans le rejet de Christ. Il souffrit de la méchanceté du monde. C’est ainsi que tout doit finir. C’est tout ce que le chrétien peut attendre d’un monde éloigné de Dieu. « Ne vous étonnez pas, frères, si le monde vous hait » (1 Jean 3, 13). « Ayant donc, frères, une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair, et ayant un grand sacrificateur [établi] sur la maison de Dieu, approchons-nous » (Héb. 10, 19, 22). Tous ceux qui ne viennent pas par Lui sont rejetés, parce qu’ils ne connaissent pas qu’ils sont tellement pécheurs qu’ils ne peuvent entrer dans la présence de Dieu que par le sang de Son Fils. D’autre part, ceux qui disent : Je ne peux entrer que par le sang, voient en cela la perfection de l’amour, l’amour même de Dieu, parfait et béni qui, pour faire face au besoin de l’homme, n’épargna rien, pas même Son Fils unique. « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui » (2 Cor. 5, 21).

Voilà le langage de la foi. Il est le seul Dieu qui, bien que je sois le premier des pécheurs, donna Son Fils afin qu’Il mourût pour moi ; je ne connais aucun Dieu autre que le Dieu de l’amour parfait qui me retire de toute mon iniquité, se jette à mon cou malgré mon avilissement, comme fit le père pour le fils prodigue de retour (Luc 15) et m’introduit dans Sa maison pour que je me réjouisse avec Lui dans les immenses richesses de Sa grâce.

Le sang de Christ apporte une paix bénie et parfaite, sans aucun remords de conscience, « sans aucune conscience de péchés » (Héb. 10). L’apôtre ne dit pas qu’il n’est pas un pécheur, qu’il n’est pas vil ; il dit que Dieu a tant aimé les pécheurs qu’Il a donné Son Fils afin que, par Sa mort, nos péchés soient effacés.


La venue du Seigneur est notre espérance, nous désirons que ce qui est mortel soit absorbé par la vie ; mais il est bon pour nous d’éprouver que la mort est entrée dans ce monde, que tout passe ici-bas et que tout finit avec notre dernier souffle, exceptée la responsabilité qui nous a accompagné tout le long du chemin. Grâces soient rendues à Dieu pour ce qui touche au péché !

La croix est la réponse parfaite à l’imputation du péché ; mais en ce qui concerne notre responsabilité, notre cœur doit s’exercer afin de tout régler dans la présence de Dieu.