Écho du Témoignage:Genèse 1-2, 3 considéré au point de vue typique

De mipe
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Le premier chapitre de la Genèse forme évidemment, avec les trois premiers versets du second, une section particulière du livre. Elle représente la création comme l’œuvre de Dieu et le repos qui suivit l’accomplissement de l’œuvre. Rien d’autre ne vient se mêler à cela. C’est l’œuvre de Dieu et le repos de Dieu que nous trouvons ici.

Je crois qu’il faut aussi y voir un type de la nouvelle création, en entendant par là l’œuvre restauratrice de Dieu après la chute de la création, pour le rétablissement, soit individuellement de l’homme déchu, soit du monde en général, depuis le moment où le premier rayon de lumière jaillit de la promesse sur les ténèbres, jusqu’à celui où la gloire de Dieu brille sur une « terre nouvelle où la justice habite ».

En conséquence, je trouve à ce chapitre deux applications distinctes et pourtant étroitement unies l’une avec l’autre : l’une d’un caractère dispensationnel, l’autre morale et relative à l’individu.

Prenons d’abord la première.

Dès l’entrée, ce que nous voyons ressortir, c’est la nécessité de l’action de Dieu : « La terre était sans forme et vide, et les ténèbres étaient sur la face de l’abîme ». Le langage employé semble donner à entendre que ce n’était point là sa condition primitive, mais qu’elle y était tombée postérieurement à sa création par la main de Dieu. Quoiqu’il en soit, elle avait besoin (la chose est certaine) de l’intervention de Dieu. Il n’existait pas de sein de la nature, comme on s’exprime, d’où pût sortir le magnifique ordre actuel des cieux et de la terre, magnifique encore, même sous les tristes marques de souillure qu’il porte. Il fallait que Dieu intervînt pour le produire. Combien cela est vrai d’un monde en ruine !

La nouvelle création a pour agents la Parole et l’Esprit de Dieu : l’Esprit donnant efficace à la Parole ; et : « l’entrée de tes paroles illumine ». Il en est de même ici : « Dieu dit que la lumière soit ; et la lumière fut ». Et nous trouvons pareillement au chapitre 3 : « La semence de la femme brisera la tête du serpent ». La lumière brilla alors sur les ténèbres du monde, et le cœur d’Adam la recevant avec joie, « il appela sa femme (celle par laquelle la mort est venue) Ève, parce qu’elle a été la mère de tous les vivants ».

Cependant c’était longtemps avant que parut le soleil, Celui dont les rayons avaient commencé d’éclairer la terre dès le commencement. Jours après jours s’écoulèrent, et alors Il vint. C’est après « le troisième jour » — après la résurrection — que les luminaires (Christ et l’Église) furent placés dans le ciel. La lumière de Christ est une lumière toujours dans son plein, non dérivée, n’éprouvant jamais de changement ; celle de l’Église, une lumière réfléchie et inconstante. Il est dit néanmoins : « la lune pour dominer sur la nuit », absolument comme « le soleil pour dominer sur le jour ». — « Vous êtes la lumière du monde », précisément comme « Je suis la lumière du monde ». Mais Christ est absent, et maintenant c’est la nuit ; quoique, béni soit Dieu, « la nuit est fort avancée, et le jour s’est approché ». Quelle chose étrange serait pour le monde un jour sans le soleil ! — Et pourtant c’est un tel jour que bien des gens attendent.

Je trouve donc dans le quatrième jour, un type de la période actuelle ou de la période de l’Église. Mais au sixième jour, l’homme est créé à l’image de Dieu et établi sur la création inférieure, la femme lui étant unie dans cette gloire ; précisément de la même manière que, dans le royaume qui vient, l’Église règne avec Celui qui est « l’image du Dieu invisible » — le second Adam. Les limites que, dans les derniers versets du chapitre, Dieu met à ce qui doit faire la nourriture de l’homme et des animaux, présentent un ravissant petit tableau des jours du millénium, de ces jours où il n’y aura plus d’effusion de sang, mais où, sous le règne du vrai Salomon, « une nation ne lèvera plus l’épée contre l’autre, et ils ne s’adonneront plus à la guerre », où « le loup demeurera avec l’agneau, et le léopard gîtera avec le chevreau ; le veau et le lionceau, et le bétail qu’on engraisse seront ensemble ; la jeune vache paîtra avec l’ours, les petits gîteront ensemble, et le lion mangera du fourrage comme le bœuf ».

Les trois versets du chapitre second qui appartiennent plutôt à celui-ci, présentent le repos absolu, un jour qui n’est suivi d’aucun « soir », et en lui Dieu seulement. Le travail est arrivé à son terme, car la création est finie : suit le repos absolu et sans interruption, mais on n’y voit point la créature ; Dieu s’y trouve seul. C’est ainsi que, le siècle millénial accompli, après le dernier éclat de l’inimitié de Satan, toute trace du péché ayant disparu, et la mort, le dernier ennemi, détruite, nous portons nos regards sur le parfait repos qui demeure, sur lequel ne s’étend jamais aucune ombre, dont l’ineffable paix n’est jamais troublée par un désaccord, pour contempler l’œuvre de la rédemption complètement achevée, et la riche moisson de joie et d’allégresse recueillie tout entière. « Et quand toutes choses lui auront été assujetties, alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous ».

Maintenant, revenons en arrière pour considérer la seconde application que je trouve à notre chapitre, son application individuelle. L’homme est un être tombé, tellement tombé qu’il a besoin, juste autant qu’en a pu jamais avoir besoin « la terre sans forme et vide », de l’intervention de la puissance divine. « Nous sommes son ouvrage, étant créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres ».

Dans ce cas aussi, l’entrée de la Parole illumine, et l’Esprit de Dieu est l’agent. Nous sommes « nés de la Parole » — « nés de l’Esprit ». C’est là la vivification de l’homme — la régénération. Mais ici aussi, quoiqu’il y ait lumière dès le commencement, Christ ne brille pas nécessairement sur l’âme dans Sa plénitude tout d’abord. Pour que cela puisse être, il faut que le jour de la résurrection se soit levé pour elle : et souvent il s’écoule auparavant un long intervalle. Et lorsque la lumière brille pour la première fois, elle ne bannit pas définitivement les ténèbres ; seulement elle leur met des bornes, mais les ténèbres reviennent encore et ont leurs moments de domination. En outre, la lumière ne manifeste rien d’attrayant : — une immense étendue d’eau agitée était tout ce qui s’offrait aux regards le premier jour ; cependant Dieu bénit la lumière et la sépara d’avec les ténèbres ; « et le soir et le matin furent le premier jour ». Pour nous aussi, béni soit Dieu, c’est d’abord le soir, et puis le matin. Et quand le jour sera complètement arrivé, les ombres et les peines de la nuit auront fui pour toujours. Il est dit de la Jérusalem nouvelle : « Il n’y a point là de nuit ».

Le jour suivant sont faits les cieux, quoique le doigt de Dieu ne les ait pas encore revêtus de splendeur. De même, aussitôt que la lumière a brillé sur l’âme, nous voyons le ciel et les choses célestes prendre en elle la place qui leur revient. La foi, « la démonstration des choses qu’on ne voit point », est venue, alors même que tout soit aussi agité, et en apparence aussi stérile que jamais.

Mais maintenant, il faut que les eaux se retirent et que le sec paraisse. C’est le troisième jour, le jour de la résurrection, que cela s’accomplit ; car la connaissance de « la puissance de la résurrection » donne à l’âme la fermeté et la fertilité. Il en est à présent des eaux comme il en a été précédemment des ténèbres : elles ne sont pas complètement éloignées, mais elles sont maîtrisées, et il leur est assigné des limites. Nous pourrons en dire autant de tout ce qui est pour l’âme une cause d’incertitude, d’agitation et de stérilité ; cela n’a pas disparu, mais Dieu lui a imposé des limites qui ne sauraient être franchies, et les eaux « ne retourneront plus à couvrir la terre », et le temps approche où il sera dit : « Il n’y a plus de mer », aussi bien qu’« il n’y a point là de nuit ».

Et en même temps la terre devient fertile. Elle porte du fruit « ayant sa semence en lui-même ». Cela est vrai de tous les fruits chrétiens ; ils se reproduisent. Si vous « faites luire votre lumière devant les hommes, ils glorifieront votre Père qui est aux cieux ».

Et maintenant, lorsque la puissance de la résurrection est pleinement connue, que le troisième jour a fini, Christ est vu dans le ciel dans le plein éclat de Sa gloire ; et avec le soleil, la lune ; avec Christ, l’Église. La grâce constitue leur relation : d’un côté, Christ qui ne fait que donner, et de l’autre, l’Église qui ne fait que recevoir. « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? ».

Une fois l’âme établie dans la grâce, des fruits de vie plus excellents apparaîtront. La terre, qui jusque-là n’avait produit que l’herbe et les arbres, produit même l’animal. Et les eaux elles-mêmes — par un effet de l’amour de celui qui fait que toutes choses travaillent ensemble pour notre bien — deviennent fertiles : la tristesse même que produit en nous notre expérience que le mal est inné dans l’âme, nous faisant penser à la paix et à la joie de la maison — à sa sainteté constante, éternelle.

En conséquence, à la fin du sixième jour, la joie et la perfection après lesquelles nos cœurs soupirent, sont arrivées dans le {« royaume qui ne peut pas être ébranlé ». L’homme est à l’image de Dieu ; le combat est fini pour toujours, et la victoire est venue : lui aussi « ne s’adonnera plus à la guerre ».

Que reste-t-il, sinon la joie de Celui dont nous sommes l’ouvrage — de Celui qui nous appelle Ses enfants et que nous appelons Père, et dont le repos, Son œuvre achevée, ne sera plus troublé à jamais ?