Écho du Témoignage:Joël

De mipe
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L’époque de ce prophète ne nous est pas indiquée. Nous pourrions en conclure qu’il importe peu à quel temps il florissait, mais nous pouvons le déduire du caractère de sa prophétie, et ainsi le silence de l’Esprit sur ce point est plus qu’expliqué : il est justifié.

Le prophète fut chargé du message de la parole du Seigneur en un jour de pénible calamité nationale, alors que le pays était continuellement désolé, soit par les invasions incessantes de l’ennemi tout occupé de ravager et détruire, soit par la famine qui, d’année en année, reparaissait dans le pays comme conséquence des plaies qui y régnaient.

Mais à travers ces calamités du moment, les grandes tribulations qui doivent clore l’histoire d’Israël sont envisagées par le regard à portée lointaine de Celui qui connaît la fin dès le commencement, et qui, dans Sa grâce, voudrait sonner l’alarme aux oreilles de Son peuple afin qu’il puisse se préparer pour un jour de visitation.

Rien n’est plus commun que cela chez les prophètes. Ils considèrent les circonstances présentes comme les gages de temps encore futurs. Et c’est ce que le Seigneur fait aussi Lui-même. En Luc 13, ayant parlé de la cruauté de Pilate envers les Galiléens et de la ruine de la tour de Siloé, Jésus prenant, si je puis m’exprimer ainsi, le style des prophètes, dit à cette génération : « Si vous ne vous repentez, vous périrez tous de la même manière ».

Au jour de Joël, la vigne et le figuier, le palmier, le grenadier et le pommier ont séché. Le vin doux est tari, l’huile manque, et la moisson est périe. Les sacrificateurs et les ministres sont convoqués pour mener deuil, et un jeûne solennel est proclamé afin que les anciens et tous les habitants du pays se rassemblent. Le service de la maison de Dieu est suspendu ; le gâteau et l’aspersion sont retranchés, et la joie et l’allégresse qui appartiennent à la maison ne sont plus. Dans les champs, les grains sont pourris, et dans les villes les greniers sont vides ; les troupeaux partagent aussi la misère de ces temps. Sous le poids de telles angoisses, le prophète lui-même commence à crier à Dieu. Il entre, pour ainsi dire, le premier dans la voie de l’humiliation et de la confession, choses qui conviennent si bien à un tel moment de l’histoire du peuple.

Dans le second chapitre, nous avons encore le détail de misères nationales, mais considérées comme plus étroitement liées à ce grand et dernier jour où le jugement sera exercé, et qui terminera par une visitation de justice et de colère l’histoire d’Israël apostat. L’appel à la repentance est répété dans l’espérance qu’un retour à Dieu dissipera Son indignation. Et quoique ces appels du prophète aient été parfaitement appropriés à la calamité de cette époque, nous savons que c’est le même esprit d’humiliation et de confession qui reparaîtra dans les jours à venir de sa nation, la veille de sa délivrance. Un esprit de grâce sera alors répandu et chacun mènera deuil à part. Le peuple reconnaîtra son péché et en acceptera le châtiment. Si la trompette a sonné « l’alarme » pour avertir de l’approche de l’ennemi, elle sonnera de nouveau, non pas cette fois pour faire entendre un cri d’alarme, mais pour convoquer le peuple à une assemblée de deuil. De sorte que, dans ce trait caractéristique du jour de notre prophète, nous pouvons retracer encore les circonstances morales du dernier jour de l’histoire d’Israël. La calamité apparaît comme le jugement du Seigneur en justice ; la repentance arrive comme le fruit de l’Esprit en grâce. Et alors, comme fruit de cette repentance, le système israélite tout entier est vivifié de nouveau, une pleine fertilité est garantie à ce pays maintenant aride et désolé, les temps de rafraîchissement et le rétablissement de toutes choses sont anticipés, et « mon peuple ne sera point confus à toujours », répète plusieurs fois le Seigneur. La promesse de l’Esprit est donnée, et nous voyons les temps du « jour du Seigneur » se terminer par la destruction des ennemis et la délivrance de l’Israël de Dieu. Tout cela est la combinaison du chapitre 24 de Matthieu et du chapitre 2 des Actes : l’un de ces chapitres nous fournissant un exemple de la réalisation de la promesse ; l’autre détaillant les terreurs de ce jour qui mettra fin aux ennemis confédérés d’Israël, afin de délivrer le résidu de Dieu qui a invoqué sur lui le nom du Seigneur, et d’introduire les élus pour l’amour desquels ces jours de terreur doivent être abrégés.

Tous les grands traits caractéristiques de ce jour à venir sont réellement groupés ici. La descente de l’Esprit — la délivrance des élus qui ont été amenés à crier au Seigneur — le jugement de la nation apostate opéré par la main de son grand adversaire, de même qu’au temps de « la grande tribulation » — la destruction de cet ennemi, la confédération gentile, par le Seigneur Lui-même, après que le soleil, la lune, et les étoiles ont été bouleversés — et ensuite le règne paisible et glorieux du roi de Sion succédant à tout cela : ces choses que nous voyons éparpillées, si je puis parler ainsi, dans tous les prophètes, se trouvent réunies ici ; elles sont vraiment groupées ensemble. Nous pouvons manquer de discernement pour les placer dans leur ordre, ou pour établir les rapports qui doivent exister entre elles et en faire un tableau vivant ; mais elles n’en contiennent pas moins de riches principes de vérité dont la connaissance peut nous édifier, et par lesquels nous pouvons justifier les voies de cette sagesse qui a ordonné de telles choses, qui les révèle maintenant, et qui les accomplira en leur temps.

Il faut que nous nous arrêtions ici un moment pour remarquer que le don de l’Esprit le jour dont parle le chapitre 2 des Actes et selon que cette prophétie l’avait annoncé, ne fut pas suivi des jugements que doivent accompagner, et auxquels doivent rendre témoignage, l’obscurcissement du soleil et de la lune et la chute des étoiles. Ce n’est pas là ce qui arriva après la descente du Saint Esprit. Et pour quelle raison ? Parce qu’Israël ne fut point alors obéissant. Et c’est en faveur d’Israël que ces jugements s’exécuteront ; ils s’appesantiront sur la tête de ses oppresseurs et cloront ainsi le jour de la tribulation d’Israël. Mais ils ne suivirent pas le don de l’Esprit dont il est parlé en Actes 2, tels qu’ils nous sont dépeints en Joël 2. Et, de nouveau, je répète que c’est parce qu’Israël ne fut alors ni repentant, ni obéissant. « Si vous ne croyez ceci, certainement vous ne serez point affermis » (És. 7, 9). C’est là une vérité qui demeure dans le cas des nations. Israël étant alors incrédule, rejetant (jusque dans le meurtre d’Étienne) le témoignage de l’Esprit, la nation ne fut ni délivrée, ni affermie.

C’est pour cela que l’Esprit, donné au jour de la Pentecôte, mena, si je puis parler de la sorte, dans une tout autre direction. Il baptisa en un corps des élus d’entre les Juifs et d’entre les Gentils, pour en former un peuple destiné pour le ciel et devant être l’Épouse de l’Agneau, dans le jour de gloire où l’Esprit sera donné de nouveau. Le résidu d’Israël ayant reçu ce don sera tellement ramené à la foi, à la repentance, et à l’obéissance, que toute cette prophétie de Joël pourra s’exécuter sur les nations.

Mais il faut que j’ajoute encore quelques mots sur ce qui est dit dans le chapitre 2 de Joël et dans le chapitre 2 des Actes.

De quelle manière profonde et intéressante l’Esprit complète par un apôtre la parole de l’Esprit prononcée par un prophète ! Comme nous le savons, on pourrait en fournir beaucoup d’exemples, mais pour le moment je ne m’occupe que du commentaire de Pierre sur Joël, c’est-à-dire, de la parole prononcée par Pierre en Actes 2 au sujet de la parole de Joël au second chapitre.

Joël nous parle de l’Esprit, ou du fleuve de Dieu, comme nous l’appellerons. Il en suit la marche ou plutôt le courant parmi les fils et les filles, les vieillards et les jeunes gens, les serviteurs et les servantes en Israël ; il mentionne son flux riche et abondant, et nous parle de la fertilité qu’il produit.

Pierre admet tout cela. Au jour de la Pentecôte, comme il prêchait à Jérusalem, il contemple ce même fleuve de Dieu, tout émerveillé, pour ainsi dire, de la prospérité et de la fertilité qu’il apporte, et qui se présentent aux yeux de l’apôtre en ce moment-là, quand il prend son cours à travers l’Assemblée de Dieu. Mais Pierre fait plus que cela et plus encore que n’avait fait Joël. Il retrace le cours de ce fleuve en arrière et en avant : — en arrière depuis sa source, et en avant jusqu’à son embouchure.

Il le prend à sa source, et il fait cela avec le plus grand soin. C’est là ce qui l’occupe dans le discours qu’il prononça à cette grande occasion. Il nous parle de Jésus accomplissant Son service dans ce monde, puis crucifié, ressuscité et monté en haut ; il dit comment le Fils de Dieu a servi ici-bas, en grâce et en puissance, comment les hommes L’ont crucifié par des mains iniques, comment Dieu L’a ressuscité des morts, et enfin comment Il est maintenant élevé à la droite de Dieu dans les cieux. Il démontre soigneusement ces choses par les Écritures. Et ayant suivi le Seigneur Jésus dans la vie, la mort et Sa résurrection, jusque dans les cieux ; c’est là qu’en Lui — l’homme ressuscité et glorifié — il découvre la source de ce fleuve puissant.

Il le suit de même en avant jusqu’à la fin ou au terme de son cours. L’apôtre nous annonce qu’il doit atteindre les enfants de cette génération, et tous ceux qui sont loin autant que le Seigneur en appellera.

Quel commentaire nous est ici fourni par un apôtre sur un prophète ! Combien nos cœurs et notre intelligence des voies de Dieu sont élargis par ce moyen ! De quelle manière vraiment touchante et à la fois étonnante et glorieuse, le Seigneur Jésus est introduit ici comme étant en rapport avec ce fleuve de Dieu ! Il en devient la source aussitôt que Lui, qui avait été le serviteur crucifié et rejeté, est devenu l’homme ressuscité et glorifié[1].

Nous atteignons maintenant le troisième chapitre. Le Seigneur vient avec une récompense. D’autres passages des Écritures parlent de cela — de la rétribution du Seigneur au sujet de Son procès avec Sion, et aussi de la récompense de Son temple. Mais la même pensée remplit l’esprit quand on lit ce chapitre. Maintenant que la fin est envisagée, les choses changent. Les derniers sont les premiers, le captif devient le spoliateur, Israël est à la tête et non à la queue, comme la nation en avait déjà reçu l’assurance et le gage à l’époque patriarcale de la nation, alors qu’Abraham fut recherché par le Gentil, et qu’en présence du roi de Guérar, l’homme le plus puissant de la terre, il prépara, lui, le sacrifice, traita l’alliance et fit les présents (Gen. 21).

Dieu s’est chargé de tous les intérêts de Son peuple. Il convoque à la bataille toutes les armées des nations comme Il avait autrefois convoqué ou attiré au torrent de Kison, Sisera, chef de l’armée de Jabin, avec ses chariots et la multitude de ses gens, afin qu’ils y rencontrassent leur fatal arrêt. Les hoyaux doivent être transformés en épées et les serpes en javelines, jusqu’à ce que les Gentils, enflés d’orgueil et pleins de confiance en leurs propres ressources, comme les Égyptiens à la mer Rouge, rencontrent le jour du Seigneur — le jugement de Dieu dans la vallée de Josaphat[2] de la main de Ses vaillantes armées qui descendent du ciel. Le soleil, la lune et les étoiles seront dans les ténèbres — non dans la clarté, quoiqu’ils aient été créés pour cela, et qu’ils en aient, pour ainsi dire, été remplis ; les cieux et la terre seront alors ébranlés au lieu de continuer la marche tranquille et régulière qu’ils ont suivie durant des milliers d’années, et tout cela afin de témoigner des terreurs de ce jour.

Car la fin est venue, et il faut que le jugement purifie la scène pour que la gloire la remplisse. Le Seigneur doit habiter en Sion, et Juda et Jérusalem doivent être en repos et en sûreté. Les jours paisibles de Salomon vont être réalisés dans leur plénitude milléniale, et la terre elle-même va être une habitation tranquille et heureuse.



  1. Précisément comme nous l’apprend Jean 7. Là ce même fleuve est suivi dans son cours à travers les entrailles des saints. Mais il est déclaré qu’il ne pouvait commencer de couler alors, parce que Jésus n’était pas alors glorifié. Ici, en Actes 2, il a commencé son cours, parce que maintenant Jésus est glorifié.
  2. Josaphat signifie jugement de Dieu.