Écho du Témoignage:Sophonie

De mipe
Sauter à la navigation Sauter à la recherche

Souvent, dans les prophètes, la gloire et le jugement se touchent. Ce sont là les sujets qui les occupent d’ordinaire, avec l’iniquité qui amène le jugement et les caractères de la gloire qui doit suivre.

Mais ce jugement qui fond sur l’iniquité, et cette gloire qui vient ensuite, sont des choses que la partie historique de l’Écriture a montrées mainte et mainte fois, comme aussi c’est mainte et mainte fois que la prophétie les présente.

Tel fut le jour de Noé — un jour où le jugement introduisit la gloire, ou un monde nouveau. De même, le jugement qui frappa l’Égypte fut accompagné ou suivi immédiatement de la délivrance des Israélites, de leur chant de victoire, de la présence de la gloire au milieu d’eux et de leur marche vers le pays de la promesse.

Ainsi, les jugements qui atteignirent les Cananéens et les Amoréens furent immédiatement suivis de la prise de possession, par Israël, de son héritage.

Le jour de Nebucadnetsar fut un jour semblable de jugement. L’Esprit de prophétie s’y arrête longtemps. Non seulement il anticipe cette époque par la prédication de prophètes, tels que Ésaïe et Michée, mais dans le temps même, ou à peu près en ce temps, il est abondamment répandu, comme Jérémie, Ézéchiel, Daniel, Habakuk et Sophonie en témoignent.

Ce jour, le jour de l’invasion et du triomphe des Chaldéens, fut assurément un temps de crise remarquable. L’iniquité du royaume de Juda était alors venue à son comble, comme celle des Amoréens au temps de Josué. Chose déplorable en vérité, que l’iniquité des Juifs fût arrivée à un point tel que les Gentils durent intervenir pour le jugement, comme jadis aussi l’iniquité des Gentils, ayant atteint sa mesure, le Juif, l’homme de Dieu, fut appelé pour la juger.

Mais le Chaldéen n’était pas seulement un personnage réel : il était encore un personnage mystérieux et typique. Dans les prophètes, il préfigure les derniers jugements. Son épée ne s’abattit pas uniquement sur Juda et Jérusalem, mais elle vint frapper aussi les nations d’alentour. En ce temps, le Dieu de toute la terre se levait, et le monde devait rester dans le silence. C’était le tableau en petit, le commencement, du jugement de toutes les nations ; c’était « le jour du Seigneur », en esprit ou en principe. L’épée avait été aiguisée pour la tuerie, et la domination enlevée à « la fille de Jérusalem » ; car la maison de David était réprouvée, et c’est, aidés de Dieu, si l’on peut parler ainsi, que les Chaldéens s’emparèrent du trône.

Cependant ce n’est jamais sur le jugement que se clôt la scène. Comme nous l’avons dit, la gloire et le jugement se touchent dans les voies de Dieu. Le jugement nettoie le vaisseau, ensuite la gloire le remplit. Tout ce qui empêche la présence du Seigneur est enlevé par le jugement, et alors le royaume est établi comme Sophonie nous le fait voir, aussi bien que tous les autres prophètes. L’Apocalypse est le dernier grand témoignage rendu à cette vérité. Là encore le jugement prépare le chemin à la gloire, et cela d’une manière définitive ; en d’autres termes, tous les scandales, ceux qui commettent l’iniquité, les puissances apostates et réprouvées, sont jugées et ôtées, et le jour glorieux du millénium commence son cours.

Les jugements sont continuellement répétés parce qu’aucun serviteur de Dieu n’a été trouvé fidèle, ou n’a pu rendre compte de son administration. Adam, puis les Juifs, les Gentils, et enfin les chandeliers (les sept églises), ont tous, en tout temps, été infidèles à Celui qui les avait établis. « Dieu assiste dans l’assemblée des forts ; il juge au milieu des juges ». Le jardin d’Éden fut perdu par Adam ; le pays donné aux pères le fut par les enfants, ou la terre de Canaan par les Israélites ; les Gentils, aussi bien qu’eux, manquèrent de fidélité, et la puissance fut enlevée à la tète d’or, et donnée à la poitrine et aux bras d’argent, de là au ventre et aux hanches d’airain, puis aux jambes de fer, et enfin aux pieds qui étaient en partie de fer et en partie de terre. Rien ne fut remis à Dieu des choses qu’on avait reçues de Lui. Les économes furent retranchés l’un après l’autre, et leur administration retirée, au lieu qu’ils auraient dû la remettre ou en rendre un compte fidèle. C’est ainsi qu’il en a toujours été et qu’il en est encore actuellement ; nous ne trouvons d’exception qu’en regardant à Jésus. Pour Lui, Il rend compte de toute administration qui Lui est confiée, et en temps convenable Il la remet, et elle ne Lui est point reprise.

Quel volume, on peut dire, est contenu sur les gloires de Christ dans ces paroles de 1 Corinthiens 15, écrites pour nous : « Ensuite la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu ». Cela Le signale devant le monde entier, et en un frappant contraste avec toutes les générations des enfants des hommes, du commencement à la fin. Toute administration confiée à d’autres est retirée à cause de l’infidélité avec laquelle ils s’y sont comportés ; mais Jésus remet la sienne, comme ayant accompli tout le dessein de Celui qui L’en avait chargé. En Christ, mais en Christ seulement, toutes les promesses de Dieu sont oui et amen. Il prendra le royaume ; mais à la fin, ou au temps convenable, Il le remettra. Précieuses paroles ! Nous voyons le royaume retiré à Saül, puis à la maison de David, et après avoir été donné aux Gentils leur être enlevé aussi, toujours à travers des jugements et des bouleversements, jusqu’à ce que vienne Celui à qui il appartient de droit. Alors, pour la première fois, un économe rend compte de son administration, et le royaume est remis.

En ce jour du Chaldéen, jour sur lequel nous arrêtons maintenant nos regards avec Sophonie, tout, pour ainsi dire, est jugé. De même qu’au temps apocalyptique, ou devant le grand trône blanc, tout est jugé personnellement ou individuellement ; ainsi maintenant, le jugement s’exerce d’une manière nationale par l’épée de Nebucadnetsar. Juda et Jérusalem, aussi bien que les peuples d’alentour, les Édomites, les Philistins, les Ammonites, les Éthiopiens et les Assyriens, le Nord, le Midi, l’Occident et l’Orient, tous doivent venir à cette exposition commune et complète, et y venir aussi avec leurs traits distinctifs les plus minutieux. Le reste de Baal, les noms des prêtres des faux dieux, les sacrificateurs, les idolâtres, ceux qui juraient à la fois par l’Éternel et par Malcam, les apostats et les indifférents, et ceux qui s’habillent de vêtements étrangers, tous sont jugés séparément. La lumière du Seigneur scrute ceux qui sont demeurés sur leur lie et ceux qui méprisent la crainte du jugement. Rien n’échappe ! Tout est nu et à découvert aux yeux de Celui à qui nous avons affaire. Le juge de tout le monde agit avec équité ; ceux qui ont mérité le plus de coups les reçoivent, tandis que d’autres sont moins battus. Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes, Il rend à chacun selon ses œuvres.

Mais « le résidu, selon l’élection de la grâce », est reconnu ici, en Sophonie, comme partout ailleurs. Ceux qui en font partie sont appelés « les débonnaires du pays », et ils sont exhortés à chercher l’Éternel et à s’attendre à Lui dans l’espérance d’être mis en sûreté au jour de la colère de l’Éternel (chap. 2, 3 ; 3, 8).

Puis, comme nous l’avons dit, la gloire apparaît après le jugement. Quelques traits de la bénédiction milléniale nous sont présentés. Il nous est dit que, d’un même esprit et d’un même langage, les nations de ce royaume, « le monde à venir », adoreront l’Éternel, le Dieu d’Israël. La confusion de Babel aura pris fin, chose dont on eut déjà un exemple à la Pentecôte, en Actes 2. Les habitants des pays éloignés, ceux qui seront au-delà des fleuves de Cush, reconnaîtront le Dieu Sauveur d’Israël. Israël sera purifié et garanti à toujours de la crainte du mal, et aura le cœur plein de joie, parce que l’Éternel, son Dieu, sera au milieu de lui.

Tels sont les jours du royaume. Les jugements ont purifié la scène ; le résidu les a traversés ; la terre est témoin du salut de Dieu, et le nom de l’Éternel est reconnu dans la joie et le service de Son peuple restauré.

Ceux qui menaient deuil en Sion, ont changé en manteau de louange leur esprit d’accablement. On n’entend plus les lamentations de Jérémie, car la fille de Sion a été ramenée de captivité et toutes ses chaînes sont brisées ; celle qui avait été emmenée captive et dont il était dit : « C’est Sion, personne ne la recherche », a reçu un nom et des louanges au-dessus de tous les peuples de la terre.

Voilà les choses qui nous sont présentées dans le troisième chapitre de notre prophète, et qui forment aussi, en général, le thème de tous les prophètes dans l’anticipation du règne du Seigneur, précédé de Son jour.

Cependant la gloire resplendit ici sous un caractère attrayant. La harpe de Sophonie possède une note d’une douceur toute particulière. Les délices que le Seigneur Lui-même prend en Son peuple nous sont rapportées dans un langage semblable au cantique de Salomon, avec son enthousiasme et son affection : « L’Éternel, ton Dieu », est-il dit à Sion, « se réjouira à cause de toi d’une grande joie ; il se taira à cause de son amour, et il s’égaiera à cause de toi avec chant de triomphe ». C’est là « la joie qu’un époux a de son épouse », comme l’avait dit Ésaïe longtemps avant Sophonie (voyez És. 62, 5).

L’Éternel semble prendre la place que lui donne le ravissant cantique du roi d’Israël dans ces paroles : « Que tu es belle et que tu es agréable, amour délicieuse ! » (7, 6).

C’est la joie personnelle du Seigneur dans Son peuple qui est anticipée par Sophonie — la plus brillante, la plus précieuse circonstance de toute son histoire. Elle peut nous faire souvenir d’un court passage de la nôtre propre en 1 Thessaloniciens 4 : « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ».

Voilà tout ce que ce passage dit de nous, après notre transmutation. On aurait pu parler en détail de la gloire et des joies variées de l’Église dans le ciel ; mais ce n’est que ceci : « Et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur ». C’est aussi personnel que le passage de Sophonie ; et si nous avions de l’affection, nous devrions dire que c’est la principale dans la longue liste de nos bénédictions.

Je voudrais signaler une autre chose encore. Dans le chapitre 19 de l’Apocalypse, il nous est parlé de deux soupers — « le banquet de l’Agneau » et le « grand souper de Dieu ». Le banquet de l’Agneau est une scène de joie dans le ciel. « Bienheureux sont ceux qui (y) sont conviés », c’est un banquet de noces. Mais le grand souper de Dieu est le fruit du jugement solennel et terrible qui clôt l’histoire de la terre, telle qu’elle est aujourd’hui ; c’est le jugement du présent monde apostat, lorsque les corps des ennemis confédérés du Seigneur deviennent la nourriture des oiseaux de l’air.

Ézéchiel fait mention du dernier de ces deux soupers, et nous en donne une description aussi complète que Jean, dans l’Apocalypse. Sophonie y jette seulement un regard, en énumérant les actes du Seigneur au jour de Sa colère (Éz. 39 ; Soph. 1, 7).

« La journée de l’Éternel est proche », dit Sophonie ; « l’Éternel a préparé le sacrifice, il a invité ses conviés ». Ce prophète ne pénètre pourtant pas dans la scène, comme le font Ézéchiel et Jean, et nous n’apprenons pas par lui ce qu’est le sacrifice ou le festin, ni quels sont les conviés.

Certaines vérités ou certains mystères qui forment dans tel ou tel endroit le principal sujet, sont ailleurs présentés avec peu de développement ou même peut-être introduits comme accidentellement. Mais tout cela n’est pour nous qu’une manifestation de plus de l’harmonie délicieuse et sans apprêt qui respire dans toutes les parties du Livre, témoignant que c’est la même main qui fait vibrer toutes les cordes de cette merveilleuse harpe qui, pour le moment, est la « harpe de Dieu », en attendant que d’autres harpes soient formées par la même main pour célébrer à jamais la gloire de Son nom et les fruits de Son œuvre (Apoc. 15, 2).