Livre:Études sur la Parole — Apocalypse/Chapitre 2

De mipe
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Passons maintenant aux « choses qui sont ». Les étoiles sont dans la main de Christ ; Il parle d’elles d’abord ; Il marche au milieu des assemblées. Ces dernières sont des lampes ou porte-lumières, c’est-à-dire qu’elles représentent les assemblées ou l’Assemblée dans une position donnée, et vues comme telles devant Dieu ; ce n’est pas ce que l’ensemble est devenu, mais ce que l’Assemblée est devant Ses yeux, précisément comme Israël était Son peuple, quoiqu’il en fût des Israélites. Les étoiles sont ce que Christ regarde comme devant donner la lumière et comme ayant autorité ; comme ce qu’Il tient pour responsable, devant Lui dans ce but. Dans un certain sens, ce sont tous ceux qui composent l’assemblée, et c’est ainsi qu’il en est souvent parlé dans ces lettres aux assemblées ; mais ce sont plus spécialement ceux qui se trouvent dans une position de responsabilité à cause de leur relation avec Lui : « les sept étoiles qui sont dans sa main droite ». Elles devaient briller, avoir de l’influence, et Le représenter, chacune à sa place, durant la nuit. Que le clergé ait graduellement pris cette place, et que, dans ce sens, il soit responsable, c’est tout à fait vrai ; mais c’est son affaire de répondre pour lui-même devant le Seigneur. Toutefois l’Esprit ne présente pas ici la chose de cette manière. Le clergé prétend à cette position comme à un honneur, il aura à en répondre ; si jamais, parmi ceux qui le composent, il en est qui ont été appelés « anges », c’est précisément cette prétention, et le nom qu’ils ont pris a été tiré de ce passage. On ne peut douter non plus que les conducteurs, les anciens ou autres personnages, en supposant qu’ils fussent réellement tels, n’occupassent une place spéciale de responsabilité, comme on le voit au chapitre 20 des Actes ; mais, dans le passage qui nous occupe, l’Esprit ne les reconnaît pas ainsi. Christ ne s’adresse pas à des anciens, ni à des évêques, selon l’acception moderne de ce mot, car, en fait, il n’en existait pas alors de tels. Ces épîtres ne renferment pas non plus la pensée d’un diocèse[1]. Il n’est pas parlé, dans l’Écriture, d’anciens comme d’autorités ; ils étaient toujours plusieurs, et l’expression « ange » ne peut s’appliquer à des arrangements humains existant alors.

Qu’est-ce donc que l’ange ? À proprement parler, ce n’est pas un symbole. L’étoile est le symbole, et elle est vue ici dans la main de Christ. L’ange est le représentant mystique de quelqu’un qui n’est pas en scène présentement. C’est ainsi que ce mot est toujours employé lorsqu’il ne s’agit pas, d’une manière positive, d’un messager céleste ou terrestre. Nous le voyons dans les expressions : l’Ange de l’Éternel, leurs anges (en parlant des petits enfants), l’ange de Pierre. D’après leur position, les anciens peuvent avoir été pratiquement responsables ; mais l’ange représente l’assemblée, et surtout ceux que Christ a devant les yeux quand Il regarde à l’état de l’assemblée devant Lui, à cause de leur proximité de Lui et de leur communion avec Lui, ou à cause de leur responsabilité d’être tels par l’opération de Son Esprit en eux, pour Son service. Nul doute que l’assemblée ne soit responsable, et par conséquent la lampe est ôtée, quand le manque de fidélité est devenu son état, mais Christ, en rapport avec cet état, est en relation immédiate avec ceux dont nous avons parlé — pensée solennelle pour tous ceux qui ont à cœur le bien de l’assemblée.

La manière dont les anges et les assemblées sont identifiés, et certaines distinctions dans le degré ou la manière dont ils le sont, demandent quelques détails de plus. Qu’en s’adressant aux anges, le Seigneur parle aux assemblées dans leur responsabilité générale, c’est une chose évidente, car il est dit : « Ce que l’Esprit dit aux assemblées ». Ce n’est pas une communication particulière faite à quelqu’un qui a autorité, afin de le diriger, comme c’était le cas quand Paul s’adressait à un Timothée ou à un Tite, mais c’est aux assemblées que l’Esprit parle, c’est-à-dire que l’ange représente leur responsabilité. Nous trouvons cela clairement indiqué dans ces passages : « Le diable va jeter quelques-uns d’entre vous en prison » ; « ne crains en aucune manière les choses que tu vas souffrir ». Puis : « Mais j’ai quelques choses contre toi : c’est que tu as là… » ; « mon fidèle témoin, qui a été mis à mort parmi vous ». Ensuite : Mais je vous dis à vous, savoir « aux autres qui sont à Thyatire ». Cependant l’ange et l’assemblée sont distingués : « J’ôterai ta lampe de son lieu » ; « tu laisses faire la femme Jésabel ».

Mais cette distinction entre l’ange et l’assemblée ne se trouve pas dans les trois dernières assemblées. C’est à l’ange que tout est adressé. Il est aussi simplement dit à Sardes, que Christ a les sept étoiles, et non plus comme à Éphèse, qu’Il les tient dans Sa main droite. À Smyrne et à Philadelphie, il n’y a pas de jugement ; les saints étaient éprouvés comme fidèles, et Christ les encourage. Quant aux jugements ou plutôt quant aux menaces adressées comme avertissements, dans le cas d’Éphèse qui présente le fait général du premier déclin de l’assemblée, il est dit à l’ange que, s’il ne se repent, sa lampe sera ôtée. L’assemblée ne s’est pas repentie ; nous le savons par l’Écriture et par le fait même, et aussi en considérant les sept assemblées comme présentant historiquement les phases successives de l’Église. À Pergame et à Thyatire, ce sont ceux qui causent le mal qui sont spécialement jugés ; dans le cas de Thyatire, de terribles jugements doivent tomber sur Jésabel et ceux qui sont en rapport avec elle ; elle avait eu du temps pour se repentir et ne l’avait pas fait. Mais, pour changer l’ordre des choses, il faut attendre la venue du Seigneur. D’après tout ce que nous venons de faire remarquer, les anges sont moralement les représentants de l’assemblée ; l’avertissement de Christ est adressé à ceux à qui Il confie cette position, et nous pouvons aisément comprendre que tel est le cas pour quiconque a à cœur l’intérêt de l’assemblée ; mais de plus, nous voyons que l’ange est identifié avec l’assemblée, quand il s’agit de tous ceux qui la composent, tandis que des jugements particuliers sont annoncés aux parties coupables.

Nous pouvons entrer maintenant dans l’examen de ce qui est dit plus particulièrement à chaque assemblée, mais nous le ferons brièvement, en rapport avec l’ensemble du livre, sans entrer dans les détails.

Le premier grand fait est que l’Assemblée, dans ce monde, est sujette au jugement, et que, comme lampe ou porte-lumière ici-bas, son existence et sa position devant Dieu peuvent être entièrement mises de côté ; en second lieu, nous apprenons que Dieu le fera si elle abandonne sa première énergie spirituelle. C’est un principe d’une immense portée. Dieu a établi l’Assemblée pour être un témoin fidèle de ce qu’Il a manifesté en Jésus, et de ce qu’Il est maintenant que Jésus est en haut. Si l’Assemblée ne le réalise pas, elle est un faux témoin et sera mise de côté. Dieu peut avoir patience envers elle, et, béni soit-Il, Il l’a montré. Il peut l’exhorter à revenir à son premier amour, et Il l’a fait ; mais, si cela n’a pas lieu, la lampe doit être ôtée, et l’assemblée cesser d’être le porte-lumière de Dieu dans le monde. Le premier état doit être maintenu, sans cela la gloire de Dieu est ternie et la vérité faussée, et dans ce cas, la créature responsable doit être mise de côté. Mais aucune créature, comme telle, ne peut, sans être soutenue, persévérer dans son premier état ; elle manque dans tout ce qui lui est confié et tout est jugé, sauf ce qui est dans le Fils de Dieu, le second homme, ou est maintenu par Lui. Éphèse avait bien persévéré dans sa constance, mais elle n’avait plus cet oubli de soi et cette pensée fixée uniquement sur Christ, qui sont les premiers fruits de la grâce. Comme on l’a fait remarquer, il y avait des œuvres, du travail et de la patience, mais la foi, l’espérance et l’amour, dans leur réelle énergie, avaient disparu. Les Éphésiens avaient rejeté les prétentions des faux docteurs, ils avaient supporté des afflictions et ne s’étaient point lassés. Tout ce que Christ peut dire d’eux pour montrer Son amour, Il le dit ; Il fait voir qu’Il ne les oublie pas, ni le bien qui est manifesté en eux. Toutefois, ils avaient perdu leur premier amour, et à moins qu’ils ne se repentissent et ne fissent leurs premières œuvres, le jugement devait être exécuté — « j’ôterai ta lampe de son lieu ».

Nous trouvons ici un autre principe important : c’est que, lorsque l’assemblée s’est départie de la fidélité, lorsque, collectivement, elle a cessé d’être l’expression de l’amour dans lequel Dieu a visité le monde, Dieu renvoie les individus à Sa Parole qu’ils ont à prendre pour eux-mêmes : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ». L’assemblée est jugée, et ainsi ne peut être une sécurité pour la foi ; alors l’individu est appelé à écouter ce que l’Esprit dit. L’avertissement donné ici, savoir que la lampe serait ôtée de son lieu, est particulièrement digne d’être remarqué, parce qu’il y avait beaucoup de choses que le Seigneur approuvait, et qu’Il les encourageait en les leur montrant ; mais, malgré tout cela, la lampe devait être ôtée, si le premier amour était abandonné.

Dans cette épître, le caractère de Christ est général, ainsi que la promesse faite au vainqueur, parce que l’assemblée d’Éphèse caractérise le principe entier sur lequel l’Église repose. Christ a les sept étoiles dans Sa main droite et marche au milieu des lampes d’or. Ce n’est pas un caractère spécial applicable à un état particulier, mais cela exprime toute la portée de Sa position au milieu des assemblées. Rien n’est jamais promis à l’assemblée envisagée comme ayant abandonné son premier amour. Elle ne peut pas diriger un croyant, quand elle-même tombe sous le coup de la répréhension et du jugement. La promesse est donc faite au vainqueur comme individu ; principe très important. La promesse est générale ; elle est en contraste avec la ruine amenée sur l’homme par Adam ; mais ce qui est promis est plus excellent et plus élevé que le bien dont Adam jouissait et qu’il perdit. Celui qui vaincra mangera de l’arbre de vie ; non pas de l’arbre du paradis de l’homme dans ce monde, mais du paradis de Dieu Lui-même. Il faut aussi remarquer qu’il n’en est pas maintenant comme du premier Adam, qui avait à garder comme individu son premier état ; actuellement, il s’agit de vaincre. Et ce n’est pas seulement le monde et son hostilité que nous avons à vaincre, bien que cela puisse être, mais c’est ce qui se trouve dans la sphère même de l’assemblée, puisque c’est l’invitation à écouter ce que l’Esprit dit aux assemblées qui donne occasion de parler de vaincre. C’est une chose d’une immense importance en rapport avec la prétention assumée par l’Église, d’être entendue comme autorité. Le message est adressé à l’assemblée, et non par elle aux individus, et elle est reprise pour son manque de fidélité, tandis qu’individuellement le saint est appelé à vaincre.

La parole adressée à Smyrne est brève. Quelles que fussent la malice et la puissance de Satan, le plus qu’il pouvait faire c’était, s’il lui était permis, d’exercer le pouvoir de la mort. Christ est le premier et le dernier, au-delà de la mort comme avant la mort, car Il est Dieu Lui-même ; mais bien plus, Il a rencontré la mort et l’a traversée en puissance. Les saints n’avaient pas à craindre. Satan pouvait agir, les cribler, les jeter en prison. Que les saints fussent fidèles jusqu’au point extrême de son pouvoir : la mort, tout ce qui est au-delà est en dehors de lui, et appartient à Christ, et le fidèle recevra de Christ la couronne de vie. Tribulation, pauvreté, mépris de ceux qui prétendaient avoir un droit légitime et héréditaire à être le peuple de Dieu — mais persécuteurs, toujours, qu’ils soient Juifs ou chrétiens — tout cela était la part de l’assemblée ici-bas, et Dieu le permettait. En réalité, c’était une grâce, de Sa part, envers l’assemblée à son déclin. L’espérance des saints était placée au-delà de toutes ces choses, quand Christ leur promettait la couronne de vie. L’Assemblée qui, par l’abandon de son premier amour, glissait ou était sur le point de glisser dans le monde, devait comprendre que le monde était dans les mains de Satan et n’était pas le repos des saints. Mais si le Seigneur permettait la tribulation, d’un autre côté, Il la limitait. Tout était entre Ses mains. Non seulement il y avait une couronne pour ceux qui souffraient, mais la portion du vainqueur était assurée, la seconde mort, la mort du jugement, ne pouvait le toucher.

À Pergame, un jugement plus direct devenait nécessaire. Christ apparaît comme Celui qui a l’épée aiguë à deux tranchants de la Parole, sortant de Sa bouche. On remarquera qu’à Pergame, comme à Smyrne, un caractère spécial de Christ s’applique à un état spécial. Il n’y a rien de général quant à l’assemblée. À Éphèse, nous voyons Christ dans Sa position de juge, au milieu des chandeliers, et l’assemblée menacée de se voir retirer sa position de témoignage sur la terre. À Thyatire, Il prend Sa place comme Fils de Dieu, Fils sur Sa propre maison, et les choses étant au pire quant à l’Assemblée, Il est présenté comme ayant la pénétration parfaite et la fermeté immuable pour exécuter le jugement ; ensuite, la pleine bénédiction du nouvel état de choses est promise au vainqueur. À Pergame, nous retrouvons chez les saints la fidélité qui avait déjà été vue à Smyrne ; le nom de Christ et la foi retenus fermement en dépit de la persécution. Il y a là une différence d’avec Philadelphie, en ce qu’il n’est pas dit que Sa parole est tenue ferme, comme étant celle de la « patience » de Christ ; l’assemblée, dans l’état où elle est à Pergame, ne le faisait pas, mais retenait la confession de Christ au milieu de la persécution. Mais un genre de mal, différent de ce qui se trouvait à Éphèse, s’était introduit — l’entraînement dans les voies du monde, par un mauvais enseignement dans le sein de l’assemblée. C’était la doctrine de Balaam, amenant avec elle l’idolâtrie. Il y avait aussi au-dedans de l’Église des sectes qui enseignaient de mauvaises pratiques sous le voile d’une prétendue sainteté. Le Seigneur jugerait toutes ces choses.

À Pergame, il n’est pas question, comme vérité générale, d’ôter la lampe de son lieu, comme c’était le cas lorsque l’assemblée était appelée à garder son premier amour ; ni non plus de jugement inexorable, parce que l’assemblée s’était entièrement dévoyée, mais il y avait des corrupteurs par lesquels les serviteurs de Christ étaient entraînés dans l’idolâtrie et le mal. L’approbation individuelle de Christ, la communion avec Lui-même dans une bénédiction encore à venir (mais en esprit maintenant), communion avec Lui comme ayant été autrefois humilié et rejeté (ce que l’assemblée n’était plus) ; un nom donné par Christ, un nom de tendresse de Sa part ; un lien avec Lui, connu seulement de celui qui l’avait ; en un mot, une association individuelle avec Lui et une bénédiction individuelle dans la jouissance d’un bonheur secret, telle était la promesse faite au vainqueur alors que la corruption faisait des progrès, mais ne régnait pas encore sans entrave dans l’assemblée.

Avec Thyatire, l’assemblée va jusqu’à la fin. Dans ce que Christ reconnaissait au milieu de l’état de choses qui caractérise Thyatire, on trouve un dévouement croissant. Mais Jésabel était tolérée, et avec elle, dans l’assemblée elle-même, l’union avec le monde, l’idolâtrie, et des enfants engendrés par elle. Tout devait être jugé ; une grande tribulation tomberait sur Jésabel, et ses enfants seraient tués. Christ sondait les cœurs et les reins, et appliquait le jugement avec une justice rigoureuse. Les fidèles de cette époque, « vous », les « autres », ainsi qu’ils sont désignés, ceux auxquels Christ s’adresse spécialement, ne sont qu’un « reste », un résidu dévoué d’une manière particulière et croissante. Ce qui est spécialement en vue, nous pouvons le remarquer ici, c’est ce que sont les assemblées envers Christ. La manière dont Jésabel agit envers les fidèles n’est pas relevée. La venue du Seigneur est le temps vers lequel les regards sont dirigés, et toute la bénédiction millénaire est promise à celui qui vaincra : le règne avec Christ, ainsi que Christ Lui-même, l’étoile du matin. L’avertissement : « Que celui qui a des oreilles écoute », est placé, maintenant, après la promesse faite au vainqueur ; il n’est pas donné en rapport avec l’assemblée, mais avec ceux qui, dans l’assemblée, vaincront. C’est là ce qui caractérise cet état. Thyatire peut aller jusqu’à la fin, mais ne caractérise pas le témoignage de Dieu jusqu’à la fin, d’autres états doivent être introduits dans ce but. Dans Thyatire nous avons, je n’en doute pas, la papauté au Moyen-Âge, disons jusqu’à la Réformation ; mais le romanisme lui-même va jusqu’à la fin. Le jugement porté sur Jésabel est final. Le Seigneur lui a donné du temps pour se repentir, mais elle ne s’est pas repentie. Elle sera forcément associée avec ceux qu’elle a séduits pour leur ruine commune. Le jugement est ici entièrement caractérisé par une pénétration qui sonde tout selon la propre nature et les exigences de Dieu ; la tribulation et le jugement ont une portée particulière, mais non pas la bénédiction ; c’est la pleine portion des saints dans tout ce qu’ils ont avec Christ, de même que la chute et le jugement sont aussi complets, car c’est l’adultère et non pas seulement l’abandon du premier amour.



  1. Sauf en Amérique, ceux qui sont appelés évêques le sont toujours d’une ville ; cela montre historiquement que les diocèses sont un arrangement subséquent. Les anges ne sont pas non plus les principaux officiants dans la synagogue.